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jeudi 4 avril 2024

Marine Le Pen est grand-mère. Et ce n’est pas si anecdotique


C'est une information exclusive de BV : Marine Le Pen est grand-mère. Sa deuxième fille, Mathilde, a donné naissance, la semaine dernière, à un petit garçon. L’information n’a pas rencontré beaucoup d’écho, et pourtant, elle n’est pas si anecdotique. Il ne s’agit pas seulement d’un « carnet rose » dans la rubrique people, on peut y voir une dimension politique.

En novembre, la journaliste du Point Nathalie Schuck, annonçant l’arrivée future de ce bébé, disait y voir une façon de « parachever la stratégie de normalisation […] entamée depuis des mois pour apparaître comme la "maman des Français" ». La démonstration, développée dans une vidéo, prêtait à sourire car elle laissait imaginer que cette naissance faisait partie d’un plan, comme si Marine Le Pen avait secrètement téléguidé la grossesse, intimé l’ordre à sa fille d’être enceinte pour servir son implacable projet d’accession au pouvoir. Jusqu’où va l’abnégation et la soumission de sa progéniture ! Avec les bêtes immondes, il faut s’attendre à tout.

Un procès de mauvaise foi, car s’il est un politique que l’on ne peut soupçonner de s’être servi de ses enfants pour attendrir, c’est bien Marine Le Pen. Ses enfants, dont elle dit pourtant qu’il sont « sa plus grand fierté », sont très peu médiatisés. « Mes enfants ont le droit de vivre tranquillement, dit-elle dans Gala. Je l'ai été, moi [médiatisée]. J'aurais été plus heureuse si je ne l'avais pas été. Il n'est pas question que j'impose ça aux miens. » Mais l’intuition de Nathalie Schuck n’est pas fausse : dans sa démonstration, elle émettait l’idée qu’ainsi, Marine Le Pen deviendrait la rassurante « Mutti » des Français, comme on appelait Angela Merkel, ou pourquoi pas, donc, la « mamie ». À une petite différence près : Angela Merkel n’avait pas d’enfant. Son généreux et très accueillant « Wir schaffen das! », les bras grand ouverts, au moment de la crise migratoire syrienne sonnait comme un après-moi-le-déluge.

La famille France contre la start-up nation

La maternité, et a fortiori la « grand-maternité », qui vous projette immédiatement un siècle plus tard, eu égard au prolongement de la durée de vie, n’est pas neutre dans votre vision politique. Exit le court-termisme et le « horsolisme » : c’est de la chair de votre chair qu'il s’agit. Et le prosaïsme du quotidien (inflation, harcèlement scolaire, état de l’hôpital…) n’est pas qu’une note dans un dossier : vous l’avez expérimenté. Emmanuel Macron a parlé de réarmement démographique, Marine Le Pen l'a - indirectement - fait.

Notons qu'en la matière, Emmanuel Macron, fidèle à lui-même, a donné une brillante démonstration d'« en même temps », lors de l’émission Au tableau !, au printemps 2017, sur C8 : il a convenu, répondant à la question d’une fillette, qu’il n’avait pas d’enfant… mais il a rajouté aussitôt qu’il avait sept petits-enfants. Être grand-père sans être père, c’est ce qu’on appelle l’acmé du progressisme sociétal. Chapeau, l’artiste !

Quelle importance, direz-vous ? Il n’est pas besoin d’être parent pour être compétent. Chacun a, bien sûr, des raisons qui lui sont propres, un parcours personnel, pas toujours choisi : on se souvient que l’ancienne Première ministre écossaise Nicola Sturgeon avait révélé avoir fait une douloureuse fausse-couche. Mais, alors que l’horizon est si chaotique, savoir que les politiques qui décident de l’avenir du pays ont aussi leur progéniture embarquée dans le rafiot aux allures de radeau de la Méduse a quelque chose de rassérénant.

On le sait, l’expression « bon père de famille » a disparu du Code civil. Pour satisfaire ces dames dans un esprit de parité, il eût mieux valu la conserver et lui adjoindre celle de « mère de famille ». Qui, soucieuse des siens, vérifie par exemple que la porte de sa maison est bien fermée à double tour. De fait, lors de la campagne de la dernière présidentielle, à Saint-Rémy-sur-Avre, en Eure-et-Loir, Marine Le Pen avait promis de diriger la France comme une « mère de famille ». La famille France contre la start-up nation, en somme. La deuxième étant en liquidation, nombre de Français, si l'on en croit les sondages, semblent avoir envie de tenter la première.

Par Gabrielle Cluzel le 4 avril 2024

Boulevard Voltaire

mardi 2 avril 2024

Affaire Mahaut Drama : appeler à l’insurrection armée contre le RN, pas grave du tout ?



Ce que l’on appelle « l’affaire Mahaut Drama » aurait pu n’être qu’une saillie de mauvais goût, mais elle est devenue un fait grave et symbolique. Il faut commencer par reconnaître que personne ne connaissait, jusqu’à présent, cette trentenaire, d’abord journaliste à LCI puis humoriste, dont les thèmes de prédilection sont, entre autres, le féminisme et les LBGTQI+. Elle a su joindre ses deux passions (l’exposition médiatique et l’humour de gauche) en étant, depuis 2023, chroniqueuse sur France Inter, avec nos impôts évidemment. Avec une telle collection de brevets en respectabilité, il était bien normal que la caste médiatique s’intéresse d’un peu plus près à Mahaut Drama (le nom de scène de Mahaut di Sciullo, emprunté à l’expression américaine drama queen pour désigner quelqu’un qui en fait des tonnes et prend tout au tragique d’une manière exubérante).

Cibles habituelles et ton subversif

Dès lors, qu’y avait-il de plus respectable que d’inviter cette humoriste tellement postmoderne sur une estrade de Mediapart, le 16 mars dernier ? Pas pour du stand-up, cette fois : pour réfléchir aux dangers de la montée de l’extrême droite. C’est ça, qui est bien, avec les humoristes de gauche : ils ont un côté rigolo, pour dégommer les cibles habituelles en se donnant un genre subversif, et un côté sérieux, pour s’ériger en procureurs. Pile, la dérision ; face, le catéchisme : l’un répond à l’autre, dans un mouvement perpétuel qu’un Guy Bedos hier, un Yann Barthès aujourd’hui, ont très bien compris. Et alors, donc, elle en pense quoi, Mahaut, de la montée de l’extrême droite ? Écoutons ce verbatim, tiré de la captation vidéo de l’événement, en ligne sur le site de Mediapart depuis le 28 mars : « Comment faire pour lutter contre l’extrême droite ? Est-ce que, nous aussi, on a des factions armées, on se prépare à leur répondre ? Est-ce qu'on doit être radicaux jusqu'à ce point-là ? Est-ce qu'on doit faire la Révolution ? Encore une fois, je ne pose que des questions, mais je pense qu'elles se posent vraiment […] Dans trois ans, s'il y a l'accession au pouvoir de Marine Le Pen, c’est sûr qu’on ne pourra plus juste continuer à mettre des affiches "Patriarcaca". Il faudra qu'on leur réponde autrement. […] Moi, je ne sais pas me battre, je ne suis pas courageuse à ce point-là, mais si des gens le sont, je ne peux que les encourager. » OK. Alors reprenons, parce qu’il y a pas mal d’éléments intéressants.

« Nous aussi, on a des factions armées ? » : on est directement dans le fantasme des hordes de SS. « Radicaux jusqu’à ce point-là » : on l’est déjà beaucoup, mais là, on franchit un cap… On ajoute l’encouragement à se battre, le sous-entendu d’une réponse par les armes, avec le champ sémantique de la « Révolution »… Bref, on a compris : si le peuple vote mal, si les gens donnent un avis de fachos, la seule solution, pour défendre la liberté, c’est l’insurrection armée. Ces gens n’en sont pas à une contradiction près.

Légalement répréhensible

Pour l’instant, malgré une plainte déposée par le RN et malgré - c’est à souligner - une condamnation par Aurore Bergé, on attend encore la dépêche de l’AFP qui résumera ces propos et osera peut-être dire, dans un improbable souvenir de l’objectivité journalistique, que ces propos sont a minima polémiques, et même légalement répréhensibles. 

Imaginez que Zemmour ou Le Pen suggèrent de prendre le maquis et de sortir les kalachnikov de la paille en cas de victoire de La France insoumise. On hurlerait, à raison. Décidément, la gauche n’en finit pas de mourir, et elle a l’agonie bruyante. Mais gardons espoir…

Par Arnaud Florac le 1er avril 2024

Boulevard Voltaire

mercredi 27 mars 2024

Nicolas Dupont-Aignan interrogé sur Boulevard Voltaire le 26 mars 2024

 



Ce mardi matin, le président de Debout la France a annoncé ne pas se présenter aux européennes. Il nous explique pourquoi.

Gabriel Decroix. Vous avez annoncé, ce matin, sur CNews, renoncer à présenter une liste pour les européennes après avoir laissé entendre qu’elle était en préparation. Pourquoi ce choix ?

Nicolas Dupont-Aignan. Tout simplement parce que la gravité de la situation française sur le plan économique et financier, comme sur le plan diplomatique et militaire, m’oblige à rester à l’Assemblée nationale. Cela aurait été hypocrite de mener une campagne européenne alors que je ne souhaite qu’une chose : rester à l’Assemblée, où est l’enjeu des échéances futures, que ce soit les législatives anticipées, s'il y a enfin une motion de censure votée à l’automne, ou les élections présidentielles. On ne peut courir deux lièvres à la fois.

La situation française m’impose de rester à Paris. De surcroît, j’ai été le seul à voter contre, à droite, sur l’accord militaire avec l’Ukraine, et j’ai été l'un des seuls à voter contre certaines mesures liberticides. Après mûre réflexion, j’ai jugé que ma place était à Paris.

G. D. Vous expliquez, ce matin, que les échéances suivant les européennes sont beaucoup plus importantes. Vous aviez pourtant montré dans de nombreuses publications et déclarations que vous vous inquiétiez de la politique européenne en dénonçant ses multiples dérives. Et vous avez donné rendez-vous au 9 juin. C’est donc l’actualité militaire, des affaires étrangères qui vous ont fait changer d’avis ?

N. D.-A. Première raison, je ne souhaite pas siéger dans ce Parlement qui est un alibi d’une organisation autoritaire. Deuxièmement, je crois fondamentalement que même si c’est important de renforcer la voix des souverainistes là-bas, et que je ne sous-estime pas l’importance de ce qu’il se passera au Parlement européen, mon combat pour l’indépendance de la France se fera en France, à travers la présidentielle. Il me fallait choisir. En attendant, j’ose espérer des élections législatives anticipées pour arrêter le naufrage du pays, au plus vite. Nous ne pouvons supporter ainsi trois ans de plus. Pour ma part, je pense être plus utile à Paris qu’à Bruxelles, ce qui n’enlève rien au rôle que pourront jouer les députés français européens. C’est un combat important, mais pour moi, l’indépendance de la France vis-à-vis de cette organisation dangereuse viendra par le combat français.

J’en conviens qu’il aurait été possible, parmi mes scénarios, d’envoyer une liste de Debout la France sans que je sois tête de liste. Mais nous avons été confrontés à une autre difficulté matérielle. En étant tête de liste, je pouvais obtenir le financement, autrement, nous avions beaucoup plus de mal à financer la liste. Il aurait fallu emprunter, mais je ne souhaitais pas avoir de dette. J’estime que l’on doit gérer son parti comme son ménage et comme la France devrait être gérée, c’est-à-dire sans dette. Je ne souhaitais pas courir de risques financiers dans le cas où un autre candidat se présentait à ma place. Troisième raison, il y a l’embarras du choix avec cinq listes, sans parler de Jean Lassalle. Est-ce qu’il y a besoin de six listes ?

G. D. Nous pouvons facilement imaginer votre stratégie de report de voix. Est-ce qu’en cas de victoire des souverainistes au Parlement, puisque c’est envisagé pour la première fois, vous croyez en leur capacité à faire infléchir le cours des choses dans la politique européenne, dans ses directives et ses règlements ?

N. D.-A. Je pense que plus il y aura de souverainistes à Strasbourg, mieux ce sera, et je pense que la Commission de Bruxelles constitue le ver dans le fruit qu'est l'Union européenne. Maintenant, je ne pense pas que le Grand Soir viendra de Strasbourg. Ce n’est pas parce que je n’irai pas que je vais cracher dans la soupe. Tous ceux qui mèneront le combat à Strasbourg seront les bienvenus. Il y a l’embarras du choix avec des plus ou moins souverainistes, des plus ou moins hypocrites, des plus ou moins sincères, et l’électeur fera son choix. Il faut, de toute façon, que Mme Hayer et M. Glucksmann aient le moins de voix possible, car ce sont des assassins de la France.

Ce n’est pas parce que je ne participe pas et que je n’ai pas de liste que je ne serai pas bon joueur ou que je me lave les mains du scrutin… Si on me le demande, j’apporterai ma contribution dans cette campagne, sur le plan intellectuel.

Par Gabriel Decroix le 26 mars 2024

Boulevard Voltaire


dimanche 24 mars 2024

Braun-Pivet veut introduire la proportionnelle pour 2027 : nouvelle manœuvre anti-RN ?



La dernière fois qu'une majorité, élue au scrutin majoritaire, avait voulu introduire de la proportionnelle aux législatives suivantes et y était parvenue, c'était en 1986. La manœuvre voulue par un François Mitterrand en mauvaise posture était destinée à affaiblir la vague RPR-UDF attendue en permettant au FN de Jean-Marie Le Pen, qui avait fait irruption aux européennes de 1984, d'avoir un groupe et de priver Chirac de majorité absolue. Le coup avait failli réussir sur toute la ligne : le FN rentra à l'Assemblée avec 35 députés, le PS sauva 200 sièges, mais la droite RPR-UDF, avec 45 % des voix, réussit à décrocher - de justesse à cause de cette proportionnelle - la majorité absolue. Quelque quarante ans plus tard, un autre pouvoir affaibli, conduit lui aussi par un nouveau plus jeune Premier ministre, ressort la même idée. Vendredi, c'est la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qui a lancé ce nouveau coup politique dans une interview au Figaro.

Entre-t-il dans la stratégie d'un Emmanuel Macron acculé à sortir de son chapeau un nouveau coup de com' par jour pour faire diversion et semer la zizanie chez ses adversaires, comme le dénonçait Marc Baudriller ? Certainement, vu le précédent mitterrandien. Certes, Braun-Pivet pave sa démarche des meilleures intentions du monde : « Avec la proportionnelle, l'Assemblée ressemblerait davantage aux Français. Si l'Assemblée ne ressemble pas aux Français, comment peuvent-ils lui faire confiance ? » Certes, c'était l'une des promesses du Macron de 2017. Tout comme Mitterrand avait justifié son coup à partir de la 47e de ses 110 propositions. La ficelle paraît bien grosse, surtout une semaine après ce sondage indiquant une majorité pour le RN... Et Braun-Pivet met à la disposition de la majorité et des oppositions qu'elle veut piéger un kit tout ficelé. Pas de redécoupage électoral, non, seulement l'introduction de la proportionnelle pour les onze départements comprenant plus de onze députés : ceux d’Île-de-France sauf l’Essonne et le Val-d’Oise, ainsi que le Nord, le Pas-de-Calais, le Rhône, la Gironde, les Bouches-du-Rhône, ce qui ferait 152 députés élus à la proportionnelle sur 577 (soit 26 %), les autres restant élus au scrutin majoritaire à deux tours.

Sur le fond, la proposition pourrait paraître raisonnable et acceptable par tous. Mais c'est bien un nouveau piège tendu à la droite, à toutes les droites, et destiné à semer la division en leur sein. LR, l'avatar déchu de cette majorité RPR-UDF attachée au scrutin majoritaire hérité du gaullisme, pourrait en effet être tenté de se renier (une fois de plus...), vu son étiage actuel. Reconquête, qui se veut plus gaulliste que tous, pourrait aussi trouver un moyen d'entrer à l'Assemblée. Pour le RN devenu hégémonique, le risque est triple. D'abord, échouer à être vraiment majoritaire aux prochaines législatives si le projet aboutissait. Ensuite, être accusé d'inconstance s'il venait à s'opposer à ce qui fut l'une de ses revendications historiques. Enfin, s'il acceptait, offrir, après l'IVG dans la Constitution, une nouvelle victoire à un Emmanuel Macron qui en manque singulièrement, comme le dénonçait Gabrielle Cluzel. Verra-t-on le RN faire campagne pour un « oui », s'il prenait à Emmanuel Macron d'organiser un référendum sur la question, comme le souhaite François Bayrou ? Le piège est grossier. Le RN s'honorerait à s'opposer à cette nouvelle manœuvre. Et quelle plus belle normalisation républicaine que celle qui consisterait à défendre l'un des piliers de l'héritage constitutionnel du gaullisme ?

À l'heure où les chiffres désastreux des finances publiques, de l'immigration, de l'insécurité devraient mobiliser un gouvernement digne de ce nom, on voit en tout cas quels calculs habitent les cerveaux de la Macronie : sauver des sièges dans les départements urbains où ils sont les plus puissants.

Par Frédéric Sirgant le 23 mars 2024

Boulevard Voltaire

mardi 19 mars 2024

La Courneuve : récit d’une instrumentalisation menée par l’extrême gauche



Le drame a été rapidement instrumentalisé. Mercredi 13 mars, Wanys R., un jeune homme de 18 ans, décède après un refus d’obtempérer et une course-poursuite avec les forces de l’ordre à Aubervilliers. Dans les heures qui suivent, l’extrême gauche, élus insoumis en tête, se saisissent de cette affaire pour mettre le feu aux poudres. Récit de quatre jours d’agitation sur les réseaux sociaux qui ont mené à l’attaque du commissariat de La Courneuve (Seine-Saint-Denis), ce 17 mars.

Une attaque « préméditée »

Ce dimanche 17 mars, aux alentours de 23 heures, le commissariat de La Courneuve est pris pour cible par une « cinquantaine d’individus » alors même que des policiers se trouvent encore à l’intérieur du bâtiment. Tirs de mortiers, cocktails Molotov, incendies de poubelles… Pendant quinze longues minutes de vive tension, les fonctionnaires de police essuient les tirs des émeutiers. L’arrivée des renforts permet finalement de rétablir le calme. Lors de l’attaque, deux policiers sont légèrement blessés, annonce la préfecture. Neuf individus, dont sept âgés de 18 à 21 ans et deux mineurs, ont été interpellés pour « participation à groupement en vue de la préparation de violences et/ou de dégradations, jets de projectile et tirs de mortiers en direction du commissariat, et violences volontaires commises en réunion à l’encontre des policiers ». D’autres interpellations sont attendues dans les prochains jours et un important dispositif de sécurité a été mis en place autour du commissariat et aux abords de certains points sensibles.

Selon Reda Belhadj, porte-parole SGP Police FO d’Île-de-France, interrogé par BFM TV, cette attaque aurait été annoncée par des tags « anti-flics ». « Ils clamaient une vendetta pour donner suite aux événements d’Aubervilliers. [Tout cela était] prémédité », assure le fonctionnaire de police. Un sentiment partagé par Laurent Nuñez, le préfet de police de Paris, selon qui l’attaque serait « manifestement » liée au décès de Wanys, originaire de La Courneuve. Laurent Nuñez accuse par ailleurs l’extrême gauche « d’inciter à l’émeute ».

Quand l’extrême gauche souffle sur les braises

En effet, depuis la mort de Wanys, annoncée le 13 mars dernier vers 23 heures, élus et influenceurs d’extrême gauche s’activent pour instrumentaliser cette affaire. Rapidement, alors que deux enquêtes ont été ouvertes, l’une pour refus d’obtempérer, l’autre confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) pour homicide et blessures involontaires, ces militants imposent leur version des faits. À les écouter, alors que l’enquête débute seulement et n’a pas encore éclairci la responsabilité de chacun, l’équipage de police de la BAC lancé à la poursuite de Wanys aurait « volontairement » percuté le scooter du jeune homme, selon l’avocat spécialiste des « violences policières » qui assiste les proches de Wanys, maître Yassine Bouzrou. Une version qui ne prend pas en compte les premières constations du parquet : les policiers auraient « été contraints de faire une embardée pour éviter un véhicule qui ne respectait pas une priorité », comme semblent le montrer les premières images de vidéosurveillance diffusées dans les médias.

Malgré ces contradictions, dans la foulée, Assa Traoré, la militante antiraciste aux 418.000 abonnés sur Instagram, dénonce sur ses réseaux sociaux « les violences policières »« Il faut en finir avec cette manière de gérer l’injustice quand elle a le nom du racisme », martèle la jeune femme, qui se bat depuis plusieurs années pour faire condamner des policiers après le décès de son frère Adama Traoré au cours d’une interpellation. Le rappeur Médine lance, quant à lui, le mouvement « Justice pour Wanys ». Et Elias d’Imzalène, influenceur communautaire déjà très actif lors des émeutes de Nanterre en juin, dénonce « une nouvelle affaire Nahel »« L'arabe, le noir, le musulman sont-ils des bêtes à abattre en France ? », s'interroge-t-il, comme si l'origine du jeune homme entrait en ligne de compte.

« Joli feu d'artifice, ce soir ! »

L’extrême gauche, et notamment La France insoumise, embraye immédiatement. Bastien Lachaud, député LFI de Seine-Saint-Denis, appelle dès le lendemain de la mort de Wanys à en finir avec « la doctrine policière qui produit ces morts de façon structurelle ». Sa collègue, Rachel Keke, députée du Val-de-Marne, abonde : « Les images sont terribles ! Un policier vient d’arracher une nouvelle vie. #JusticePourWanys. » Et l’un des collaborateurs d’Ersilia Soudais, député de Seine-et-Marne, de surenchérir : « Pas de procédures, pas de discussions. Dès que c’est un arabe, c’est toujours la violence immédiate. » Aux déclarations indignées des Insoumis s’ajoutent les publications révoltées des collectifs antifas. Contre-Attaque, anciennement connu sous le nom de Nantes révoltée, dénonce ainsi, sans la moindre preuve, « un ensauvagement policier »« un mensonge complet » des forces de l’ordre et même « un homicide ».

Puis, à l’image de l’affaire Nahel, « petit ange parti trop tôt », Wanys, pourtant défavorablement connu des services de police, selon Le Figaro, est rapidement décrit comme un jeune homme « pas méchant ». Il n’en fallait pas plus pour encourager les émeutiers à attaquer le commissariat de La Courneuve. Après l’attaque, l’extrême gauche poursuite son œuvre destructrice et alimente le sentiment d'impunité des émeutiers. Ainsi, le député NUPES Aurélien Taché, plutôt que de dénoncer les violences contre les forces de l’ordre, commente : « Sans vraie prise de conscience et une action forte, les révoltes vont s’accentuer. » Et Philippe Poutou de s’exclamer : « Joli feu d’artifice, ce soir, devant le commissariat de La Courneuve. Soutien à une colère légitime après qu’un jeune ait encore été tué par la police. Suite logique des révoltes de juillet 2023. »

Par Clémence de Longraye le 18 mars 2024

Boulevard Voltaire

vendredi 15 mars 2024

Macron face aux Français : demain, la guerre ?



« Le Président va rendre compte de la situation de manière pédagogique », rapportait la presse, ce jeudi matin. Les Français ne sont pas des enfants, mais bon… En tout cas, il était grand temps qu’Emmanuel Macron s’adresse directement aux Français après ses saillies va-t-en-guerre des dernières semaines et après que le Parlement a débattu et s’est prononcé, cette semaine, sur l’accord bilatéral de sécurité signé récemment entre la France et l’Ukraine. Grand temps, d’autant que les deux tiers (68 %) de nos compatriotes considèrent que le chef de l’État a eu tort de prendre des positions ressenties comme bellicistes, selon un sondage Odoxa-Backbone Consulting réalisé fin février pour Le Figaro.

Des propos qui ont « créé une forme de peur », soulignait un député Renaissance, selon La Nouvelle République, qui ajoutait : « Il faut rassurer, dire qu’on fait tout pour éviter la guerre, que la France use toujours de la voie diplomatique et qu’il ne faut jamais abandonner l’Ukraine. » Alors, ce jeudi soir, interviewé par Anne-Sophie Lapix et Gilles Bouleau, Emmanuel Macron a donc voulu faire de la pédagogie. Tout du moins au début de son interview. « Vous êtes assis devant moi. Est-ce que vous êtes debout ? Non. Est-ce que vous excluez de vous lever, à la fin de votre interview ? À coup sûr vous n’allez pas l’exclure. » Référence à ses récents propos selon lesquels il n’excluait pas d’envoyer des troupes au sol en Ukraine. La comparaison est un peu boiteuse, mais le Président semble content de sa trouvaille. A-t-il rassuré les Français ? Sans doute pas. A-t-il convaincu que la France use toujours de la voie diplomatique ? Encore moins. Qu’il ne faut jamais abandonner l’Ukraine ? Oui, sur ce point, le message a été clair.

Macron n’a pas rassuré.

Tout d’abord sur la situation tactique sur le terrain, là-bas, sur la ligne de front : « La situation est difficile », reconnaît le Président. « Une litote », lui répond Gilles Bouleau. Traduire : la situation tactique est mauvaise pour les Ukrainiens. Mais Macron va plus loin en rappelant que « la guerre est sur le sol européen », que « ce n’est pas une fiction loin de nous ». C’est une évidence que les Français savent mais ne veulent sans doute pas croire, il faut bien l'avouer. Et donc, Macron n’a pas voulu rassurer en affirmant que c’est la sécurité de l’Europe, de la France et des Français qui se joue là-bas. « Guerre existentielle pour la France et l’Europe », dit-il carrément. Sur l’envoi de soldats français en Ukraine, a-t-il rassuré ? Non plus. « J’ai peut-être raison de ne pas être précis. » 

C’est la fameuse « ambiguïté stratégique ». On n’en saura pas plus. Pourtant, Le Monde révélait, ce 14 mars, que Macron, le 21 février dernier, dans un salon de l’Élysée, aurait déclaré « d’un air dégagé » : « De toute façon, dans l’année qui vient, je vais devoir envoyer des mecs à Odessa. » Propos que dément formellement le Palais, ce même 14 mars. Ambiguïté stratégique.

« Nous sommes prêts », assène-t-il...

Rassurer sur le fait que « les choses bougent » en tentant de faire oublier le cinglant désaveu qu’il a reçu de la part des alliés après ses propos lors de la conférence de soutien à l’Ukraine, le 27 février dernier. On verra cela après qu’il aura rencontré Scholz, ce 15 mars. Macron a voulu rassurer quant à nos capacités militaires. Nous avons un « modèle d’armée complet », se plaît-il à rappeler. Un modèle que les esprits chagrins qualifient d’« échantillonnaire »... Et le chef des armées d'évoquer notre récent engagement au Sahel pour prouver notre capacité opérationnelle. Bouleau a beau rétorquer que ce n'était pas tout à fait le même genre d’ennemi et de guerre que celle qui est menée en Ukraine, Macron balaie l’argument d’un revers de manche. « Nous sommes prêts », assène-t-il. La France produit moins de cent obus par jour, ce que consomment les Ukrainiens en quelques minutes ? On va chercher partout dans le monde des munitions et accélérer les cadences. Tout ça coûte cher. 4,8 milliards ont déjà été donnés à l’Ukraine. 3 de plus sont prévus. Va-t-il falloir emprunter sur les marchés internationaux ? Ne pas l’exclure. Et de rappeler ce que l’on a fait durant le Covid (« Quoiqu'il en coûte » ?) pour tenir le pays à flot. Donc, se préparer à ce que la France s’enfonce un peu plus dans la spirale infernale de l’endettement.

Et la diplomatie, dans tout ça ? « Je suis disposé à mener les discussions », affirme Macron. Ce n’est sans doute pas lui qui les mènera, ces discussions, le jour où elles viendront... « Mais en face quand on ne dit pas la vérité… », ajoute-t-il. 

En clair, le temps où la France se positionnait comme une grande nation diplomatique est révolu.

Par Georges Michel le 14 mars 2024

Boulevard Voltaire