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mercredi 20 septembre 2023

Lampedusa : qui décidera de repousser l’invasion et quand ?


6000 à 7000 Africains, jeunes hommes de 16 à 30 ans, qui débarquent violemment sur une île européenne, cela porte un nom : une invasion. Une invasion, on s’y soumet ou on la repousse. Par la force.

C’est manifestement la soumission qui a été choisie. L’explication est toute trouvée : c’est la faute de l’Europe ou pour être plus précis, de l’Union européenne. C’est faux. Ce n’est pas l’Union européenne qui a autorité sur la police italienne, l’armée italienne, les services d’accueil et de transports italiens. Non, c’est le gouvernement italien. Pourquoi celui-ci a–t-il peur d’agir ? Par crainte de Madame Ilva Johansson, le commissaire européen aux affaires intérieures et à l’immigration qui fait du tricot au Parlement européen ? Quelle blague !

En fait, le gouvernement italien a peur des réactions des médias s’il utilise la force. Il a peur des réactions de son opinion publique conditionnée par des médias qui la gave de discours humanitaires. Il a peur de ses juges qui poursuivent Matteo Salvini en correctionnelle pour les actions qu’il a conduites hier comme ministre de l’intérieur. Cela vaut pour le gouvernement italien comme cela vaut pour le gouvernement britannique (hors Union européenne) ou demain pour un gouvernement français qui voudrait agir. L’Union européenne n’est pas la cause de l’impuissance, elle en est le paravent. Comme on n’ose pas utiliser la force – ni même simplement évoquer son recours – on invoque des règles juridiques. En oubliant qu’est souverain celui qui décide des circonstances exceptionnelles (Carl Schmitt). Et qu’est-ce qu’est une invasion sinon des circonstances exceptionnelles ? Certains parlent « d’apocalypse ». On ne reste pas les bras croisés devant une apocalypse !

Cela les géopoliticiens le savent. Et il s’en est trouvé un pour le dire. À propos de la submersion migratoire de 2015, Hubert Védrine, ancien secrétaire général de l’Élysée sous François Mitterrand, ancien ministre des Affaires étrangères de Lionel Jospin et Jacques Chirac, a écrit ceci :

« Empêcher les départs par un contrôle accru des navires (opération Triton multipliée par 3), voire un blocus maritime des ports de départ (pourquoi pas la VI e flotte américaine ?) ou une coalition maritime ad hoc (type Atalante) et une destruction des rafiots repérés. Il n’y a évidemment pas de solution militaire d’ensemble, mais ne rêvons pas : un recours à la force sera à un moment ou à un autre inévitable ».
Comptes à rebours : 2013-2018, Fayard, 2018
C’est la dernière phrase qui est essentielle : l’inévitabilité du recours à la force. Tout le reste n’est que pseudo-posture humanitaire, billevesées juridiques ou minauderies politiciennes. Si les Européens ne se résolvent au recours à la force face à l’invasion, alors ils sortiront de l’histoire et les générations futures, celles de leurs filles et de leurs fils, seront asservies. 

Qui tranchera le nœud gordien ?

Par Jean-Yves Le Gallou le 18 septembre 2023

Polémia


vendredi 24 mars 2023

Macron : la quintuple impasse face à la crise

 


Par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia le 23 mars 2023 

La Ve République entre dans sa soixante-cinquième année. Bravo ! C’est un régime – mi-présidentiel, mi-parlementaire – qui a montré une grande souplesse d’adaptation. Ainsi, l’histoire politique fournit-elle une multitude de réponses possibles pour sortir d’une crise. Mais toutes sont des impasses aujourd’hui. Revue des options.

La dissolution

Elle a été utilisée à deux reprises. En 1968 par le général de Gaulle et en 1997 par Jacques Chirac.

Grand succès en 1968 avec une « chambre introuvable » mais trouvée contre la chienlit et qui fit… le contraire de ce qu’attendaient ses électeurs, en particulier sur l’école et les universités !

Bel échec en revanche, en 1997, où c’est la gauche qui ramassa la mise… et qui, elle, mit en œuvre son programme avec Jospin.

La dissolution est peu envisageable aujourd’hui car trois forces s’affrontent – NUPES, RN et LREM – et aucune ne semble en passe de l’emporter seule. Dissoudre pour retrouver la même situation rappellerait la République de Weimar.

La cohabitation

Pratiquée par Mitterrand en 1986 et Chirac en 1997, la cohabitation consiste à confier à son adversaire les rênes du gouvernement. Mais cohabiter avec qui ?

Avec Marine Le Pen ? Cela reste toujours impensable après vingt ans de tentatives, souvent pathétiques, de dédiabolisation.

Avec Jean-Luc Mélenchon ? Peu envisageable aujourd’hui sauf si la NUPES devenait majoritaire après une dissolution.

Alors avec qui ? Un LR avec un poids suffisant pour polariser – en bien ou en mal – autour (ou contre) lui ? Mais qui ? Sarkozy ? Difficile tant il est empêtré dans son futur procès libyen et alors même qu’il n’est pas certain que suffisamment de députés LR le suivraient.

Le référendum

Il a été utilisé par de Gaulle en 1969. Encore faudrait-il accepter de démissionner en cas de défaite.

L’annulation de la loi sur les retraites par le Conseil constitutionnel

Il s’agirait d’un tour de passe-passe qui renforcerait la dictature des juges. Mais que deviendrait un Macron encore plus affaibli ?

La démission

De Gaulle le fit en 1969 mais Macron, l’enfant gâté narcissique, y serait-il prêt ? Il est vrai que les oligarques qui l’ont mis en place pourraient être tentés de le débrancher. Déjà les médias sont passés du léchage au lâchage… En attendant le lynchage ?

Alors Macron/exfiltration ? Mais pour mettre qui ? Son camarade – à un an près d’écart – du groupe de Bilderberg et du Forum de Davos, Edouard Philippe ? Mais qui cela fera-t-il rêver ?

Car Macron, fut-il (c’est plutôt flatteur pour lui) comparé à Néron ou à Caligula, voire à Héliogabale, ce n’est pas le seul problème. La vraie question c’est l’inconséquence des choix français.

Nœud gordien

Choix énergétiques (Sarkozy, Hollande, Macron) qui ont mis à bas l’avantage nucléaire de la France.

Choix géopolitiques d’alignement sur l’OTAN et les sanctions contre la Russie : des sanctions qui coûtent beaucoup plus cher aux « sanctionneurs » qu’aux sanctionnés.

Choix migratoires – 500 000 entrées en 2022 – qui plombent les comptes publics, tirent les salaires à la baisse et font exploser le prix des logements.

Choix médiatico-politiques aboutissant à exclure du jeu le RN, c’est-à-dire le tiers des électeurs, rendant impossible de trouver une majorité.

Choix idéologiques consistant à opposer les immigrés aux Français, les femmes aux hommes, les vieux aux jeunes, en détruisant ainsi tous sens du commun.

Au-delà du Grand Remplacement, c’est le Grand effondrement. Un jour viendra où il faudra bien sortir des discours démagogiques – comme les dernières élections présidentielles en ont été l’occasion – et affronter les dures réalités en face.

Un jour viendra où il faudra parler un peu moins de la « planète » ou de la « communauté internationale », faux nez de l‘État profond américain, et se poser la question de l’intérêt national et… des efforts à faire.

Qui dira aux Français que la question du pouvoir d’achat et des retraites n’est qu’une vaste blague tant qu’on ne change pas de politique migratoire, de politique internationale, de politique énergétique ?

Qui tranchera le nœud gordien ? La question avait été posée par Georges Pompidou à l’automne 1968… Elle reste d’actualité à l’heure d’un mars 2023.

Polémia


mardi 12 juillet 2022

Jean-François Carenco à l’Outre-Mer : mensonge et répression au programme ?

 


Par Camille Galic, journaliste et essayiste le 11 juillet 2022♦  Jean-Yves La Gallou déclarait il y a quelques jours sur Twitter : « Il y a 2 sortes de préfets : ceux qui respectent leurs interlocuteurs et ceux qui imposent brutalement les décisions du pouvoir. Carenco, comme Lallement, est de la catégorie des brutaux, ceux que Macron préfère. Il est là pour faire payer aux Antilles leurs votes Le Pen et NUPES. »

C’est à La Réunion, touchée par une grave crise économique, que, accompagné de son ministre de tutelle Gérald Darmanin, Jean-François Carenco a étrenné le 8 juillet ses fonctions de ministre délégué aux Outre-Mer. Un poste hérité de l’avocate macroniste Yaël Braun-Pivet qui l’avait décrit en mai 2022 comme « le plus beau qui soit » mais l’abandonna sans regrets le 28 juin pour la présidence de l’Assemblée nationale, ce qui fait d’elle la première femme à occuper l’un des palais de la République les plus convoités : l’hôtel de Lassay dont, de l’avis des initiés, la cave, la chaire et le parc sont incomparables.

Un préfet dans le moule

Sorti de l’ENA dans un rang modeste, très loin de l’inspecteur des Finances Macron ou du conseiller d’État Edouard Philippe, le méridional Carenco commença sa carrière à 27 ans comme simple conseiller au tribunal administratif de Marseille où il végéta quatre ans avant de rejoindre la Préfectorale en 1991 comme secrétaire général de la préfecture des Yvelines, puis préfet de Saint-Pierre-et-Miquelon, du Tarn-et-Garonne de Guadeloupe et de Haute-Savoie. Ensuite directeur de cabinet du ministre de l’Emploi, du Travail et de la Cohésion sociale Jean-Louis Borloo, qui lui accorde une bienveillante et durable protection, il retrouva sa casquette, mais cette fois comme préfet de région. De Haute-Normandie, puis de Midi-Pyrénées et, en novembre 2010, de Rhône-Alpes où, nommé sous Nicolas Sarkozy, il fut maintenu par François Hollande qui, conseillé par Manuel Valls, le promut préfet de la région Île-de-France, le Graal, en mars 2015.

Si le démarrage avait été laborieux, la progression fut rapide.

Carenco la dut-il à ses qualités personnelles (acharnement au travail, rapidité de décision, vista, sens de l’organisation, etc.) ou à sa complaisance devant les puissants — et les idées — du jour comme le suggèrent certains de ses collègues ? Lesquels invoquent aussi des amitiés très « fraternelles », celles dont a profité Didier Lallement, actuel préfet d’Ile-de-France et de Paris, humaniste revendiqué et d’ailleurs membre du Grand Orient de France depuis sa jeunesse socialiste tendance sandiniste (cf. Le Monde) et, « en même temps », éborgneur en chef de Gilets jaunes.

Tout miel avec les Roms, intraitable avec les nationalistes

Dans son livre Préfet de la République, à paraître au Cerf en septembre, Jean-François Carenco répète ad nauseam que « la République est le meilleur vecteur vers ce qui est appelé aujourd’hui le “vivre-ensemble” » et se targue d’avoir toujours obéi aux « valeurs républicaines ». C’est sans doute pourquoi, préfet du Rhône en septembre 2012, il avait autorisé la cinquantaine de Roms qui, après avoir provoqué involontairement un incendie dans leur campement, squattaient le gymnase Félix-Charron de Bron, à continuer d’occuper les lieux « pour un certain temps » — qui s’éternisa.

En revanche, condamnant tous les « agissements contraires aux règles fondamentales de la démocratie et aux principes républicains », il devait en avril 2013 sévir avec la plus extrême rigueur contre des militants des Jeunesses Nationalistes et leur président Alexandre Gabriac qui avaient investi le toit de l’hôtel de la Part-Dieu pour dénoncer le « mariage pour tous ». Accusant le groupe, dissous à son initiative, de mener ces « opérations coup-de-poing avec pour unique but de délivrer des messages de haine », le préfet avait averti les imitateurs éventuels des factieux que « des instructions fermes ont été données aux services de police afin que les auteurs de ces agissements soient à chaque débordement, interpellés et donc déférés dans les plus brefs délais ». Scrogneugneu !

Inutile de préciser que ce représentant de l’État se montra tout aussi passif que ses prédécesseurs devant la délinquance montant en Rhône-Alpes au rythme d’une immigration incontrôlée. Ce qui provoqua une vive réaction de Bruno Gollnisch, alors président du groupe Front National (qui comptait 15 élus) au Conseil régional après l’odieux assassinat le 28 septembre 2012 par une quinzaine de racailles de deux étudiants en promenade dans un parc d’Echirolles. Devant « ces faits qui traduisent la montée de la violence dans une société en décomposition », Gollnisch réclama « l’audition du Préfet de région sur les questions de sécurité dans les agglomérations de Grenoble, Lyon, Saint-Etienne ». Carenco se défaussa, le procureur ayant affirmé qu’il s’agissait d’« une bagarre d’une grande banalité [sic] qui a tourné de façon tragique, avec ces deux victimes, dans un déchaînement de violences difficilement explicables [resic] ».

Le haut fonctionnaire sait pourtant se montrer offensif. Ayant pantouflé en 2017 à la présidence, qu’il occupa jusqu’à sa récente promotion ministérielle, de la Commission de régulation de l’Energie, il avait ainsi menacé : « Que ceux qui ne veulent pas des éoliennes soient privés d’électricité ! La promesse d’une énergie abondante [sic] et disponible pour tous est une promesse républicaine, il faut en accepter les contraintes. » Quelques années plus tôt, en plein scandale Cahuzac, il avait lancé à la presse locale alors que des rumeurs circulaient sur ses propres affaires : « Les yeux dans les yeux, je n’ai pas de compte en Suisse. Mais j’aimerais bien ! Ça voudrait dire qu’on gagne bien sa vie. Moi je dis à Cahuzac, « chapeau l’artiste ! ». Tenir quatre mois comme ça… Moi je peux mentir un peu mais pas avec cet aplomb. »

La carotte ou le bâton ?

Lui suffira-t-il de jouer les grandes gueules, de surjouer la jovialité, d’adopter une attitude très tactile façon Macron et de « mentir un peu » (aveu qui annonçait celui du pape François : « Sono un poco furbo ») pour réussir au ministère des Outre-Mer et ramener dans le droit chemin les Domiens qui, quand ils ne se sont pas massivement abstenus, ont voté parfois à plus de 60% pour Marine Le Pen contre Dominique Macron au second tour de la présidentielle, et pour l’extrême gauche mélenchoniste aux législatives ? Certes, comme l’a rappelé Les Echos, il « a l’habitude des missions compliquées » avec notamment « la mise en place de la métropole du Grand Paris quand il était préfet d’Ile-de-France ». Mais la politique vaccinale adoptée par le gouvernement pendant la crise du Covid a suscité et suscite toujours une très vive hostilité Outre-Mer où certaines collectivités « se sentent abandonnées face à des problématiques comme l’accès à l’eau ou la pollution à la chlordécone » sans parler de la profonde crise de la canne à sucre à La Réunion où les planteurs s’opposent au géant sucrier Téréos car, déplorent-ils, « le prix de la canne n’a pas augmenté depuis 1969 ».

Attisés par les évangélistes états-uniens très agissants dans les Isles, toute cette agitation et le désamour croissant des Ultramarins vis-à-vis de Paris avaient peut-être joué dans la décision de Braun-Pivet de renoncer au « plus beau portefeuille qui soit ».

« Notre avenir est toujours à inventer ensemble et la République en est le chemin », professe noblement Jean-François Carenco dans son livre. Nommé à seule fin de faire marcher droit les Domiens, on verra comment s’y prendra le ministre. Utilisera-t-il la carotte comme avec les Roms ou le bâton comme avec les « extrémistes » lyonnais ainsi que l’espèrent visiblement Macron et Darmanin ? Mais, dans la seconde hypothèse, le Pouvoir courra le risque de se mettre à dos toute la bien-pensance médiatique, bien somnolente quand le préfet Lallement déchaînait ses BAC contre les Gilets jaunes autochtones.

Polémia

vendredi 29 avril 2022

Victoire de Macron : les 10 commandements des médias, par Jean-Yves Le Gallou

 


1- Le duel Macron-Le Pen tu installeras

Dès le printemps 2021, le scénario de l’élection présidentielle de 2022 a été mis en place. Sur fond de gauche explosée et de LR divisé, les premiers sondages ont annoncé un duel Macron/Le Pen pour le second tour. Or les sondages ne sont pas des simples photographies, ce sont aussi des prophéties auto réalisatrices : si deux postulants sortent en tête on en parle, et en parlant on les conforte dans leur position dominante, et ainsi de suite. C’est le cercle vertueux de la notoriété. Et au cas particulier le schéma idéal pour la réélection de Macron… .

2- Les limites du politiquement correct tu imposeras

En principe les débats sont libres en France. En réalité il est seulement permis de débattre tranquillement à l’intérieur du cercle des convenances politiquement correctes. Si vous êtes pour la « transition énergétique », le progressisme sociétal, l’ouverture des frontières et le « vivre ensemble », tout ira bien pour vous : vous obtiendrez facilement la parole et vous serez interrogés courtoisement. Mais attention ! Toute tentation transgressive vous voudra invisibilisation ou diabolisation. Toute prise de parole dissidente ne pourra se faire que sur un fond d’hostilité dans le but de vous faire passer pour agressif. Avec le risque permanent d’être accusé de « dérapage ». Comme l’exprime François Bousquet : « Le vrai pouvoir, c’est la production de la parole autorisée. Il n’y en a pas d’autre. Cela s’appelle la fenêtre d’Overton. »

3- Du Covid tu parleras un peu, beaucoup, passionnément…

2000 morts (le nombre de décès journaliers en hiver), c’est de la statistique ! Mais cent morts dû au ou avec le Covid, cela émeut à coup de déclarations ministérielles, de Une du JT de 20 heures et de bandeau défilant sur les chaines en continu. Une vraie technique d’ahurissement monopolisant les conversations, soudant derrière le « chef de guerre » et marginalisant tout vrai discours politique. Avec la complicité des médias l’exécutif a calé les mesures sanitaires sur ses intérêts électoraux, en sidérant et en enfermant d’abord, en libérant ensuite à deux mois de l’échéance électorale.

 4- Zemmour tu diaboliseras

A l’automne, Eric Zemmour est entré dans ce dispositif comme un chien dans un jeu de quilles. Avec la ferme volonté d’inviter dans la campagne les thèmes de la survie de la France et des mesures à prendre face au Grand Remplacement et au Grand Déclassement. Après une entrée en fanfare et en seulement quelques semaines les médias sont passés du léchage au lâchage puis au lynchage. A chaque fois qu’il approchait les 15% dans les sondages, Zemmour était victime d’un intense bombardement médiatique : en octobre/ novembre pour sa prétendue misogynie et son pétainisme supposé, en janvier pour une cabale autour du handicap, fin février pour un procès en poutinophilie et en inhumanité.

5- Marine Le Pen tu ménageras (provisoirement…)

La présence de Zemmour a servi à Marine Le Pen de paratonnerre : puisqu’il y avait plus méchant qu’elle on pouvait expliquer qu’elle avait changé, de style, d’idées, de comportement (y compris en « Une » de VSD) et lui permettre de faire campagne tranquillement pendant que les milices violentes d’extrême gauche s’acharnaient sur Zemmour, sous l’œil attentif de la caste journalistique.

6- Le thème du pouvoir d’achat tu imposeras

Très vite, il est apparu nécessaire d’évacuer les thèmes civilisationnels et identitaires de même que celui du Grand Déclassement (industriel, éducatif, stratégique) : trop dangereux, pire trop politique. Et c’est ainsi qu’avec l’aide des sondeurs, le thème du pouvoir d’achat a été imposé dans la campagne. Facile pour le pouvoir d’achat de sortir en tête des préoccupations des Français : ce n’est pas clivant (cela ne mange pas de pain, si l’on peut dire…) et cela concerne tout le monde, depuis le gilet jaune qui doit renoncer à un plein d’essence jusqu’au communicant qui doit se priver de sa deuxième Rolex. C’est ainsi qu’à partir de janvier tous les débats électoraux tournent autour de cette question : les trois M – Macron, Mélenchon et Marine – sortant le chéquier plus vite que leur ombre. Sans que jamais un journaliste ( ?) ne s’avise de poser la question suivante : « comment financez-vous cela ? » Alors que quiconque s’aventure à parler de protectionnisme, de contrôle de l’immigration ou de vraies mesures sécuritaires se heurte à une rafale d’objections.

7- Macron tu ne questionneras pas

Après 5 ans de pouvoir les Français étaient en droit d’attendre un débat sur le bilan d’Emmanuel Macron. Mais le candidat sortant a choisi une stratégie d’évitement en utilisant le Covid jusqu’à mi-février puis la guerre russo-ukrainienne lorsqu’elle survint. Les médias se sont prêtés à ce sujet en étant monothématiques, sinon obsessionnels. Et en se gardant d’aborder les sujets qui fâchent : la dette, le déficit commercial astronomique, les scandales (Mac Kinsey, Alstom, etc.), l’insécurité, l’immigration hors de contrôle. Et le moins qu’on puisse dire c’est que lors des rares fois où Macron fut face à des journalistes ceux-ci se gardèrent bien d’être incisifs.

8- Macron tu protègeras

Les médias sont même allés plus loin. Ils ont considéré toute attaque un peu vive de Macron comme un « dérapage ». A l’issue de son meeting de Villepinte (novembre), Éric Zemmour fut accusé « d’attaques d’une rare violence » ‪pour avoir qualifié, Macron de « mannequin de plastique », de « masque sans visage », d’ »automate dans un labyrinthe sans fin » et d’ »adolescent qui se cherche » ». Et le succès de son rassemblement au Trocadéro (mars) fut médiatiquement occulté par quelques cris de « Macron assassin » lancés par des militants (légitimement) indignés par sa politique sécuritaire.

9- La guerre d’Ukraine tu exploiteras

Le 24 février, la Russie envahit l’Ukraine et l’épidémie de Covid disparaît des écrans. La guerre russo-ukrainienne porte le « chef de guerre » Macron au pinacle et place la campagne entre parenthèses. On n’en parle plus et quand un candidat est invité dans un média c’est pour être interrogé sur l’Ukraine sachant qu’une seule position est permise: la reprise du point de vue de l’OTAN et des éléments de langage du gouvernement ukrainien. A ce petit jeu le maintien d’un peu de dignité gaulliste coûtera cher à Éric Zemmour qui décrochera dans les sondages avant d’être frappé par le « vote utile ». Bien sûr, la guerre est un grand malheur mais pas pour ses grands profiteurs, y compris électoraux.

10- Marine Le Pen tu rediaboliseras

Si l’on pouvait encore nourrir un doute sur l’existence d’une véritable stratégie de campagne de la part des médias, ce qui s’est passé pour le second tour le dissiperait. Avant le 10 avril Marine Le Pen est une «  candidate qui a changé », « sensible aux préoccupations des Français et à la question de leur pouvoir d’achat », «  qui mène une belle campagne » et pour laquelle somme toute on peut voter. Tout change au soir du 10 avril. La diabolisation revient : au petit trot d’abord, au galop ensuite. La seule nouveauté c’est que l’élément diabolisateur n’est pas Pétain mais Poutine, le «  nouvel Hitler », il est vrai. Oubliés avant le premier tour le prêt russe accordé au Rassemblement national et la poignée de main de la candidate avec le président russe sont à la une. Dès lors rien n’est épargné à la «  candidate d’extrême droite » dont les propositions sont désormais disséquées. Lors du débat du 20 avril des armées de «  fact checkers » traquent la moindre imprécision de Marine Le Pen tandis que les gros bobards (sur les travailleurs frontaliers par exemple) et les gros nanards du président sortant passent chrême. Les médias sont univoques. Au fait comment appelle-t-on un pays où lors d’une élection TOUS les journaux donnent la même consigne de vote?

Conclusion : post démocratie et société de propagande

Bien sûr cette description sombre de la pensée unique médiatique n’exclut pas de petits coins de ciel bleu : des journalistes s’efforçant à un minimum d’objectivité et des débats parfois ouverts sur certaines chaînes d’info en continu. Mais pour une élection présidentielle à forte participation électorale l’essentiel se joue ailleurs : sur les grands médias, les médias de grand chemin, TF1, France2, France3, M6, dont l’ensemble des JT touchent 16 millions de spectateurs. Des spectateurs-électeurs par ailleurs conditionnés par des publicités, des feuilletons et des séries d’inspiration progressiste, sinon wokiste…

Nous vivons en post-démocratie, dans une société de propagande où l’appareil de contrôle sur les esprits n’a jamais été aussi puissant. On peut douter dans ces conditions de la possibilité d’un quelconque réel changement par les urnes tant il y a une maîtrise du calendrier et des sujets de l’élection, par les grands médias et les organes de communication. Comme l’a exprimé, le 2 avril 2022, l’hespérialiste David Engels au IXe colloque de l’Institut Iliade : « Ne nous trompons pas : ce n’est pas par le biais de processus démocratiques conventionnels que nous obtiendrons la victoire […] parce que l’ensemble du système politique actuel, malgré le pluralisme formel, est si unilatéralement dominé par le libéral-gauchisme qu’il rend une victoire électorale globale de la “droite” impossible dans les faits et ne peut donc être qualifié de démocratique que dans une mesure limitée. Qu’il s’agisse de l’orientation gauchiste des médias, de l’école, de l’université, du monde professionnel, des institutions de l’État ou des fonctions politiques : partout, la synchronisation idéologique est telle que seules des infimes nuances de gauchisme semblent être tolérées, tandis que tout mouvement patriotique culturel est soit étouffé, soit désintégré de l’intérieur, soit discrédité ou éradiqué. »

Par Jean-Yves LeGallou le 24 avril 2022