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samedi 10 septembre 2022

Le déclin de l’empire américain : la nouvelle donne du XXIe siècle



Pour les gens de plus de 20 ans, la configuration des relations internationales était jusqu’à récemment des plus simples : l’hyperpuissance américaine dominait les rapports du globe, dont elle se faisait le gendarme. Les expéditions en Irak et en Afghanistan incarnaient le paroxysme de cette unipolarité. Aujourd’hui, la donne est en train de changer : une série d’événements récents nous indique à quoi ressemblera le monde post-américain.

Le retour de la guerre en Europe

Comme nous l’avions indiqué dans un article précédent[1], la guerre russo-ukrainienne révélait le retour de l’histoire sur notre continent, fatigué et décidé à éviter la guerre à tout prix. Derrière le discours pacifiste, humaniste et égalitaire qui dominait alors se cachait (selon lequel l’Union européenne avait enfin apporté la paix perpétuelle en Europe) une réalité plus sinistre : c’est l’Amérique qui se trouvait en charge d’assurer la sécurité du continent, en même temps que celui-ci se transformait en grand marché et en camp d’accueil pour migrants. L’Ukraine illustre un pas dans l’affaiblissement de l’OTAN, désormais susceptible de subir les coups de pression militaires de la Russie ; une telle manœuvre aurait été impensable il y a 10 ans encore.

La récente confrontation en Serbie initiée par le gouvernement du Kosovo illustre une tendance similaire : s’il est encore trop tôt pour prédire la suite des événements[2], il ne fait aucun doute qu’on assiste au réveil des vieilles oppositions entre les communautés ethniques des Balkans. Les États-Unis, alliés du Kosovo et à l’initiative des bombardements en Serbie, n’ont pas pu obtenir de Pristina autre chose qu’un report d’un mois des mesures administratives prévues à l’encontre des Serbes de la région[3]. Soutenue par Moscou et la Chine, la Serbie espère bien laver l’affront de la déclaration d’indépendance unilatérale du Kosovo en 1999, alors que ce dernier n’a aucune intention de céder aux exigences de Belgrade.

Et dans tout ça, l’Europe traduit son impuissance à gérer ces conflits sur son propre sol, se retrouvant écartelée entre les visées impériales des États-Unis et de la Russie. Le déclin de l’hyperpuissance américaine, qui n’est à ce jour pas compensé par l’émergence de la puissance européenne, annonce des jours sombres pour notre continent. L’idée selon laquelle c’est l’UE qui garantissait la paix en Europe depuis 1945 se trouve définitivement enterré : en réalité, c’est son impuissance et son absence d’autonomie qui favorisent le retour de la guerre.

When the US goes home

Les conséquences de l’affaiblissement américain (qui vont de pair avec l’état de délabrement mental avancé du président Biden) ne se cantonnent pas au Vieux Continent : le premier exemple éclatant de cette déliquescence est sans aucun doute le retrait d’Afghanistan, décidé en août 2021 par Washington et qui s’est soldé par la victoire des Talibans et l’abandon colossal de matériel militaire sur place, pour un montant de près de 89 milliards de dollars[4]. Les forces armées afghanes, mises sur pied par les États-Unis pour tenir le pays face aux Talibans, n’aura métaphoriquement pas résisté au premier coup de feu[5], achevant par là même les velléités américaines du « nation building ». Ce qui avait été annoncé comme une opération rapide à la suite des attentats du 11 septembre 2001 s’est avéré être une Bérézina pour Washington. Comme au xixe siècle et pendant l’invasion soviétique de 1979, l’Afghanistan mérite bien son surnom de « cimetière des empires ».

La Chine, quant à elle, a décidé, à la suite de la visite de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis Nancy Pelosi à Taïwan, de répliquer par une démonstration de force[6]. Selon toute vraisemblance, les menaces américaines ne semblent plus atteindre Beijing : le discours de Washington, adossé à la toute première armée et à la première économie du monde, ne produit plus l’effet de subjugation qui était encore le sien il y a de cela 10 ans.

La longue parenthèse de la pax americana prend fin, et avec elle, la fin de l’Histoire prophétisée par Francis Fukuyama il y a 30 ans déjà. Le renversement du rapport de forces en faveur des pays émergents et l’affaiblissement de l’hégémonie militaire et diplomatique de l’Amérique entraînera des conséquences lourdes pour notre civilisation. L’Europe est face à un choix décisif pour son destin : l’affirmation de sa puissance et de son identité, ou sa transformation en terrain de jeux pour les nouvelles puissances à venir, bien décidées à prendre leur revanche sur la domination historique de l’Europe.

Par Clément Martin le 13 août 2022

[1] https://les-identitaires.fr/2022/02/25/lukraine-comme-theatre-du-retour-de-lhistoire/

[2] https://www.france24.com/fr/europe/20220801-kosovo-serbie-pourquoi-ce-regain-de-tensions

[3] https://www.lefigaro.fr/flash-actu/tension-au-kosovo-les-dirigeants-serbe-et-kosovar-le-18-aout-a-bruxelles-20220805

[4] https://www.westernjournal.com/gift-keeps-giving-taliban-finding-new-use-abandoned-american-equipment-watchdog-warns/

[5] https://www.france24.com/fr/sports/20210816-afghanistan-pourquoi-l-arm%C3%A9e-afghane-s-est-rapidement-effondr%C3%A9e-face-aux-taliban

[6] https://www.lefigaro.fr/international/taiwan-accuse-la-chine-de-simuler-une-attaque-de-l-ile-20220806

Les Identitaires

mardi 5 juillet 2022

Covid, Ukraine, canicule… La nouvelle hystérie médiatique perpétuelle



Le premier quinquennat d’Emmanuel Macron aura marqué un tournant dans la vie quotidienne des Français, moins par les mesures prises par le président que par la mise en place d’une frénésie médiatique constante. Les périodes d’hystérie se multiplient, quel que soit le sujet employé. Au bout du compte, le débat public continue de s’abrutir alors que l’assise du gouvernement se solidifie.

Une pandémie, une guerre et une saison : un triptyque

Tout a commencé avec le Covid-19 : lors des premiers mois de la pandémie, l’incertitude a dominé le discours médiatique. D’où vient le virus ? Les chiffres de contamination donnés par les Chinois sont-ils fiables ? Quelle gravité de la maladie ? On peut d’ailleurs pardonner l’agitation chaotique des débuts, étant donné la faiblesse des informations disponibles. Mais, dès qu’il fut clairement établi que le Covid était plus proche de la grippe que de la Peste noire et que les personnes (très) âgées en constituaient les seules véritables victimes, le gouvernement, plutôt que de mettre en place une politique rationnelle et localisée, a choisi d’entretenir la panique générale.

Idem avec le conflit ukrainien : alors qu’il était évident dès le départ que Macron était un acteur de seconde zone dans le conflit, méprisé tant par les Russes que par les Ukrainiens, la communication du gouvernement a mis en scène une parodie de Guerre froide, dans laquelle Macron aurait été en première ligne pour protéger le monde libre. La monopolisation du temps médiatique disponible par les déclarations dérisoires et les bourdes du gouvernement (telles que les rodomontades de Bruno Le Maire) s’est soldée par la casse de la dynamique d’Éric Zemmour et la remise d’Emmanuel Macron au centre du jeu en tant que figure de président-candidat.

Même chose pour la canicule : c’est désormais le refrain estival indépassable au cours duquel les médias redécouvrent qu’il fait chaud en été et qu’il est bienvenu de boire de l’eau pour rester hydraté. Cela évite de parler de l’inflation galopante ou de la pléthore d’affaires qui accablent la « République exemplaire ». Décidément, la presse, sans qui ce travail d’analyse chirurgical resterait lettre morte, mérite amplement ses subventions généreuses.

Gérontocratie et infantilisation

Il existe bien un fil rouge qui permet de comprendre l’émergence de cette hystérie collective permanente, et qui laisse à penser qu’elle ne va pas se calmer lors du deuxième quinquennat entamé.

Renaissance (ex-La République En Marche), en tant que parti des boomers, des retraités et des CSP+ urbanisés, traduit leurs attentes mais a surtout pour but de répondre à leurs anxiétés. Celles-ci sont résumées dans la peur de voir l’ordre établi s’effondrer et laisser place à un nouveau modèle. Face aux contestations de la gauche islamo-wokiste et de la droite populiste et identitaire, le bloc centriste cherche à tout prix à conserver ses places et ses prébendes. Naturellement, ils sont les plus sensibles aux cycles d’hystérie médiatique qui tournent autour de ce qui pourrait menacer la stabilité de l’ordre macroniste : canicule géronticide, pandémie et retour du risque de la mort en Occident, guerre motivée par des visions politiques concurrentes et irréductibles.

Autrement dit, les ennemis de Macron sont ainsi autant « les extrêmes » que le soleil, la finitude de la condition humaine et la politique. Tout cela est finalement très cohérent avec la vision du monde promue par Jupiter et ses disciples : domestication de la population française, réduite à un troupeau passif de troglodytes industrieux confinés en milieu aseptisé, défense fanatique du modèle agonisant de la mondialisation droitdelhommiste et refus de la Grande Politique au profit de la gestion administrative et économique d’un pays réduit à une feuille Excel et à une suite d’indicateurs chiffrés.

L’horizon de la France dans les années à venir se dessine : l’alliance d’un gouvernement de bureaucrates égocentriques appuyé sur une base de retraités, et décidé à gérer le pays comme on gère une garderie, au gré des surexcitations informationnelles du moment. Une telle configuration ne saurait durer éternellement : l’impératif moral pour tous les Français attachés à leur identité, c’est de s’attacher à conserveur leur sanité intellectuelle et leur rationalité.

Par Clément Martin le 5 juillet 2022

Les Identitaires via Novopress