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lundi 1 juillet 2024

Désistements mutuels chez Ensemble et NFP : le macrenchonisme est né !



La journée politique de ce lundi, à gauche, ressemble à une phrase du Journal de Jules Renard : « Ensuite, ils mangèrent un plat de gravier où il y avait quelques lentilles. » Pour les électeurs, la stratégie du plat de lentilles risque d’être dure à avaler. 

La simplicité de la petite combine est biblique, comme l’histoire de Jacob et Ésaü. Et, aussi, parfaitement cynique. Le macronisme et le mélenchonisme jouent la carte du désistement mutuel pour faire « barrage au RN ». C'est le Nouveau Nouveau Front populaire : le macrenchonisme.

Emmanuel Macron l’a annoncé moins de dix minutes après les résultats, appelant à un « large rassemblement démocrate et républicain contre le RN ». Le ni-ni a été pulvérisé, preuve qu’il n’était que pure façade en carton. L'eurodéputé Pascal Canfin s'est lancé aussitôt, sur X, dans un petit calcul arithmétique : « Voilà ce que le désistement veut dire, concrètement : grâce au retrait du candidat LFI arrivé troisième, Élisabeth Borne peut battre le candidat RN. Grâce au retrait du candidat Ensemble arrivé troisième, François Ruffin peut battre le candidat RN. » Elle n’est pas belle, la vie ?

Les électeurs de LFI sont priés de porter fissa leurs suffrages sur l’orfèvre de la réforme des retraites - Olivier Faure « assume » un désistement de la gauche dans le Calvados pour « sauver » Élisabeth Borne face au RN - et les électeurs d'Ensemble sur François Ruffin qui a traité, il y a trois semaines, Emmanuel Macron de « taré ». Tout est normal. Gabriel Attal a solennellement appelé à faire élire 60 députés - il a lui-même donné le chiffre - du NFP, enjoignant ses propres candidats en troisième position à se désister partout où le RN serait en position de gagner.

Même David Guiraud 

Yaël Braun-Pivet, qui avait accusé Mélenchon, en octobre dernier, de lui avoir mis « une cible » dans le dos - il disait qu'elle « campait à Tel Aviv » -, considère aujourd’hui que « pas une voix ne doit aller au RN » et que « l'immense majorité du bloc de gauche est républicain » : « On peut donc sans aucune difficulté appeler à voter pour eux. » Tout au plus émet-elle une réserve pour David Guiraud. Sans doute n’a-t-elle pas remarqué (il faudrait se cotiser pour lui offrir des lunettes) la présence, à la droite de Jean-Luc Mélenchon - propulsé chef du Nouveau Front populaire, puisqu’il a pris la parole le premier dimanche soir et donné la consigne de désistement -, de Rima Hassan, tout sourire avec son plus beau keffieh. 

Quant au cordon sanitaire autour de David Guiraud, il n'a pas fallu plus de quelques heures pour qu'il parte en fumée : dans sa circonscription, le candidat Ensemble, Tarik Mekki, qui n’a pas été qualifié au second tour, a appelé, ce lundi, à voter pour l'ancien député de La France insoumise.

Même Gérald Darmanin 

Quant à Gérald Darmanin, qui avait accusé la NUPES de « bordéliser le pays », on comprend, soudain, mieux son peu d’entrain à dissoudre les officines violentes d’antifas telles que la Jeune Garde : son chef, fiché S - Raphaël Arnault -, devient de facto son allié et sera peut-être, bientôt, son voisin sur les bancs de l’Assemblée, de même qu’Aly Diouara, rival de Raquel Garrido et soutien de l’imam Iquioussen.

Ce serait follement drôle si ce n’était pas si tragique. Sans surprise, la candidate Nouveau Front populaire Leslie Mortreux a annoncé qu’elle se retirait pour faire barrage au RN (Bastien Verbrugghe) et laisser le champ libre à Gérald Darmanin. Précisons quand même, dans ce cas particulier, que l'on ne peut totalement exclure un coup de pied de l’âne. Car le désistement n’est réellement un bonus que si le candidat à soutenir est arrivé deuxième, derrière le RN : dans ce cas, la mise en retrait permet de rebattre les cartes du premier tour. 

Mais Darmanin étant arrivé en tête, c’est se maintenir qui l’aurait en fait aidé, en « figeant » les résultats du premier tour et en gardant captif l’électorat macroniste, dont nul ne peut garantir, en cas de disparition de son premier choix, qu'il ne se rabattra pas, au moins pour partie, sur le RN par peur de LFI.

Le maintien, c’est, du reste, l’option qu’a choisie Loïc Signor, avec l'accord de Gabriel Attal, face à Louis Boyard, arrivé en tête dans la troisième circonscription du Val-de-Marne. Il a tout d’abord annoncé se désister, puis s’est rétracté, dans un communiqué sibyllin qui explique à demi-mot la stratégie tordue ci-dessus citée : « Pour ne pas contraindre [les électeurs] à choisir entre le RN et Louis Boyard j’ai pris la décision de me maintenir au second tour. » Il rajoute, en gras : « Mon maintien est une sécurité, la circonscription ne tombera pas dans les mains du RN. » Il « sécurise », donc, le siège de Louis Boyard. C'est drôlement gentil. Pour en revenir à Darmanin, baiser de la mort ou embrassade sincère, qu’un candidat du Nouveau Front populaire se désiste pour le ministre de l’Intérieur est éminemment symbolique.

Toutes ces petites manœuvres fonctionneront-elles ? Rien n’est moins sûr. 

Car en plus d’une carte d’électeur, n'oublions pas que les Français ont quand même un cerveau. Ils ne sont pas la propriété de leur premier choix. Mais même si le but était atteint à court terme, les conséquences seraient délétères à long terme. Car elles gravent dans le marbre et l'esprit des Français l'existence d'un continuum - le macrenchonisme, donc - entre le Nouveau Front populaire et Ensemble : une différence de degré mais pas de nature. 

L’immigrationnisme échevelé dont Emmanuel Macron a fait grief au NPF, c’est le sien en XXL. Idem pour le wokisme. Ou comment, à force de contorsions, se tirer une balle dans le pied.

Par  Gabrielle Cluzel le 1er juillet 2024

Boulevard Voltaire

La France est à l’heure des choix



Mes chers compatriotes,

La France est à l’heure des choix.

Dimanche 30 juin, vous avez répondu massivement présent au premier tour des élections législatives, avec un niveau de participation historique.

Notre pays a vécu un intense moment de démocratie. Les Français se sont saisis des enjeux ; ils se sont exprimés avec assurance et sens des responsabilités. Le retour aux urnes n’est jamais synonyme de désordre : s’en remettre au peuple, à sa sagesse, à son bon sens, c’est au contraire la seule solution pour sortir notre pays de l’impasse.

Après les résultats de ce premier tour, deux choix clairs s’offrent à vous.

Le premier de ces choix, ce sont les agents du chaos, grimés en « Nouveau Front Populaire », qui est en réalité une alliance du pire rassemblant l’extrême gauche derrière Jean-Luc Mélenchon.

L’extrême gauche constitue une menace existentielle pour la Nation française. Son score élevé suscite des inquiétudes majeures. Une victoire de cette coalition, qui veut ouvrir grand les vannes de l’immigration et libérer 20% des détenus, signifierait pour la France une régression inédite de l’ordre public, un recul sans précédent de nos libertés et des valeurs communes que nous chérissons tant. Elle rimerait avec des augmentations massives de taxes et d’impôts frappant la France du travail.

En remettant en cause la loi sur la lutte contre les squats ou celle sur la lutte contre le séparatisme islamiste, elle piétine le droit à la propriété privée et se fait complice de ceux qui contestent notre culture et les principes de la République française, au premier rang desquels la laïcité. En s’attaquant au nucléaire, elle veut abattre un avantage historique de notre pays, fruit du génie visionnaire du Général de Gaulle.

Cette extrême gauche, intolérante et sectaire, n’a cessé, à l’Assemblée nationale, de jouer le pourrissement et de faire naître les tensions. En refusant de condamner les attentats ignobles perpétrés par le Hamas, elle a cautionné le pire d’un antisémitisme que l’on croyait révolu.

On ne peut pas confier le destin de la France à ces incendiaires qui assument une stratégie du conflit permanent.

L’autre choix qui s’offre à vous, c’est celui des artisans du sursaut, ce sont les candidats patriotes de l’Union nationale que j’ai l’honneur de conduire, composée du Rassemblement National et des Républicains à droite, autour de Marine Le Pen et d’Eric Ciotti.

Mes priorités sont les vôtres : la préservation du pouvoir d’achat, avec la baisse des taxes sur l’énergie et les carburants, le rétablissement de la sécurité et la fin de l’impunité judiciaire, l’accès à la santé, le redressement de l’école qui est notre bien commun, la maîtrise de l’immigration, la paix fiscale et la protection de vos droits et de vos libertés. L’ordre dans les rues et dans les comptes publics, le respect des institutions et des oppositions, ce sont mes engagements.

Dans les épreuves de l’Histoire, notre pays a toujours pu compter sur son peuple ; un peuple courageux et responsable, un peuple lucide et travailleur qui refuse la démagogie. C’est sur lui que je veux m’appuyer, sur son intelligence et son discernement.

Ce dimanche 7 juillet, vous pouvez faire le choix d’une rupture responsable. En choisissant les candidats soutenus par le RN partout en France, vous vous offrirez une majorité prête à agir, au service de tous les Français.

Place au changement. Place à la fierté française retrouvée !

Je compte sur vous.

Jordan Bardella

jeudi 13 juin 2024

Vent de folie chez les LR



Qui est fou ? Éric Ciotti, si l’on en croit nombre de hiérarques des LR. Ces caciques que l’on qualifie, en vertu de la captation d’héritage du gaullisme effectue par ce parti - qui n’a, pourtant, plus grand-chose à voir avec le gaullisme historique -, de « barons ». Durant cette folle journée du 12 juin 2024 et au lendemain de l’annonce fracassante d’Éric Ciotti de s’entendre avec le Rassemblement national pour les élections législatives, on a voulu faire passer le président des LR pour une sorte de fou, de forcené, prêt à faire Fort Chabrol au siège des LR à deux pas de l’Assemblée nationale. N’a-t-il pas, ce mercredi matin, fait fermer les portes, renvoyé les permanents chez eux pour travailler en télétravail, refusé de participer au bureau politique convoqué par la secrétaire générale Annie Genevard, bureau politique qui allait se prononcer sur son exclusion du parti ?

Ciotti, un quasi-délinquant, si ce n’est un criminel... contre l'humanité

Pour un peu, on allait en appeler à la force des baïonnettes. Geoffroy Didier, eurodéputé sortant (ou sorti, puisqu’il avait été relégué à la onzième place sur la liste de Bellamy), n’a pas hésité à déclarer que, s’il fallait, on délogerait Ciotti « même physiquement » de son bureau (avec les flèches de l’arc républicain ? Pas très « État de droit », ça !). Et la sénatrice Agnès Evren affirmant qu’il fallait mettre « hors d’état de nuire Éric Ciotti à son parti politique »

Ciotti, un quasi-délinquant, si ce n’est un criminel… contre l’humanité, ça va sans dire. On se croirait dans un roman de Dumas pendant les guerres de religion. À l’époque, Ciotti aurait été coincé dans un sombre corridor, poignardé, passé au fil de l’épée, dépecé et, in fine, jeté dans la Seine. On n’en est plus là, mais l’idée y est, ce 12 juin. Finalement, le bureau politique a exclu le député des Alpes-Maritimes, qui conteste cette décision, car cette instance n’a pas été convoquée conformément aux statuts (pour des gens si légalistes, c’est curieux !). À l’issue de ce bureau politique, courte déclaration d’Annie Genevard, entourée de tout un tas de « barons », dont Wauquiez, Barnier, Tabarot (présidente de la commission d’investiture), Larcher, Pécresse (4,78 % à la présidentielle de 2022…), Copé, Fasquelle (trésorier du mouvement) : « La France a besoin d’une parole forte et indépendante, distincte de l’impuissance du "en même temps" et du saut dans l’inconnu du Rassemblement national… », déclare-t-elle, oubliant d’évoquer une troisième hypothèse : le « saut dans le chaos » que représenterait la victoire de l’extrême gauche à travers ce « Front populaire » dans lequel LFI a la part belle. 

Alors, déclare-t-elle, en lisant le texte qu’elle n’a visiblement pas rédigé : « Entre la bien-pensance dénuée du moindre courage et la rage dénuée de la moindre crédibilité qu’incarne La France insoumise, l’Assemblée nationale aura besoin d’un pôle de stabilité… » Voici donc où en sont réduites les ambitions d’un parti qui gouverna si longtemps la France : être un pôle de stabilité à l’Assemblée nationale. Il est vrai qu'avec 4,78 % à la présidentielle de 2022 et le triomphe romain aux élections européennes de 2024, avec 7,3 %, on ne peut espérer mieux. L’histoire des LR comme parti ayant vocation à être leader de la vie politique française est donc close. On le savait depuis longtemps, mais on continuait, chez LR, à faire semblant. Genevard, en quelque sorte, entérine cette réalité en positionnant son mouvement en « pôle de stabilité ».

 

Comme des aliénés dans la camisole de force que Mitterrand leur a confectionnée

Éric Ciotti, lui aussi, a entériné cette réalité. Mais en refusant de devenir « La France soumise ». Certes, on lui reprochera d’avoir négocié avec le RN dans le dos des instances dirigeantes de son parti. Certes, on dira qu’il a peut-être voulu sauver sa « circo » des Alpes-Maritimes. Certes. Mais ce n’est sans doute pas lui qui est fou. Les fous, ne sont-ce pas ces « chapeaux à plume », comme les qualifie lui-même Ciotti, sur le plateau de Christine Kelly, ce mercredi soir ? En bande folle, comme un monôme halluciné, ils vont au suicide, apparemment contents d'eux-mêmes, prêts à continuer à agir les mains liées dans le dos, comme des aliénés, dans la camisole de force que Mitterrand leur a confectionnée, il y a quarante ans de ça. À la fin de cette folle journée, sur le plateau de CNews, Ciotti n'a pas l'air fou du tout. « On n’a fait que 7 % », rappelle-t-il, réaliste. Réaliste, à la différence de ce « cénacle de chapeaux à plumes déconnectés de la réalité des Français », ajoute-t-il. 

Des Français qui lui disent : « Unissez-vous, la France est en danger. » Pas fou mais lucide, lorsqu'il décrit ce qui est en train de se passer : l'affrontement de deux blocs. Le bloc de gauche, dominé par LFI (avec même le NPA, rappelle-t-il), d'un côté et, en face, le bloc de droite qui veut sauver la France (on comprend que, dans cette vision, la Macronie est morte). Pas fou, Ciotti, lorsqu'il s'exclame : « Mélenchon serait donc plus fréquentable que Bardella ? » Pas fou, Ciotti, qui revendique les milliers de messages reçus qui l'encouragent dans sa démarche. Pas fou, enfin, lorsqu'il révèle qu'il a négocié autour de 80 circonscriptions avec le RN. Ce soir, il est libre, Ciotti, lorsqu'il affirme vouloir casser les codes. C'est peut-être sa seule folie !

lundi 22 mai 2023

Immigration: la droite découvre la lune!

 

Bonne nouvelle: les Républicains découvrent la lune. Ils admettent, sans fard, la réalité du « chaos migratoire » et ses liens avec l’insécurité et la partition de la nation. Dans le JDD, hier, Eric Ciotti, Olivier Marleix et Bruno Retailleau ont fait connaître leurs propositions « pour mettre un coup d’arrêt à l’immigration de masse ». 
Lundi dernier, dans Le Figaro, l’ancien premier ministre Manuel Valls déclarait: « Nous devons appuyer sur le bouton « stop » pour remettre à plat et arrêter l’immigration sans but ». Tous reconnaissent l’urgence de revenir au principe de l’assimilation. Si les LR se gardent de supprimer totalement le droit du sol et le regroupement familial – ces machines à produire des Français de papier -, ils assument néanmoins leur volonté de rétablir la souveraineté du législateur français face à la prépondérance du droit européen. Mais reste la question: pourquoi ces politiques ont-ils mis quarante ans à admettre la gravité des conséquences d’une immigration de peuplement impensée ? Pourquoi la droite a-t-elle accepté de réciter, derrière Jacques Chirac: « L’immigration est une chance pour la France » ? Pourquoi a-t-elle cautionné Nicolas Sarkozy dans ses odes à la diversité et au métissage obligé ? Depuis les années 90, votre serviteur n’a cessé d’alerter sur la lâcheté des décideurs, en essuyant les infamies des « antiracistes ». Valls le reconnaît d’ailleurs: « Le camp républicain est tétanisé par l’extrême droite depuis des décennies ». Les LR seraient-ils devenus audacieux ? À voir…
Ce n’est pas tant l’ampleur de l’immigration qui affole la droite que l’envolée du RN et la bonne tenue de Reconquête, qui posent sur ce sujet un regard sans tabous. Demeure, chez LR, une réticence à tenir un langage « populiste », qui réponde à la vulnérabilité identitaire d’une partie majoritaire de la société. Le Grand remplacement, cette perspective démographique et civilisationnelle qui s’observe déjà en certains lieux, est une constatation que les LR récusent. Ils réclament des quotas, qui seraient d’autres entrées. En réalité, une réticence idéologique les empêche de stopper une immigration devenue faiseuse de troubles.
La droite n’a évidemment pas protesté contre l’annulation par Gérald  Darmanin, dimanche, d’un hommage qui devait être rendu pas l’association Iliade à l’historien Dominique Venner, suicidé il y a dix ans au cœur de Notre Dame de Paris, à la manière de Caton. Voici ce qu’écrivait l’indésirable (1) : « Je m’insurge contre ce qui me nie. Je m’insurge contre l’invasion programmée de nos villes et de nos pays, je m’insurge contre la négation de la mémoire française et européenne. Je dois à celle-ci des exemples de tenue, de vaillance et de raffinement venus du plus lointain passé, celui d’Hector et d’Andromaque, d’Ulysse et de PénélopeMenacé comme tous mes frères européens de périr spirituellement et historiquement, cette mémoire est mon bien le plus précieux. Celui sur lequel s’appuyer pour renaître ». Ce courage de vieux Romain, qui le partage aujourd’hui ?
(1) Un samouraï d’Occident, La Nouvelle Librairie
Par Ivan Rioufol le 22 mai 2023

mardi 21 février 2023

Aurélien Pradié éjecté : LR victime de ses courants internes, phénomène bien connu au PS



On ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens, dit le proverbe mais ce n'est pas vrai pour ... Le parti n’en finit plus de payer le prix de ses ambiguïtés et de ses flottements actuels et passés, assortis de psychodrames et de brouilles publiques. Dernière victime en date, , dont les dents rayent efficacement le parquet du siège de  depuis des mois, démarre la semaine délesté de sa casquette de vice-président. Les applaudissements des députés de… la NUPES, qui se sont levés à l’Assemblée nationale ce 18 février, ont fait déborder le vase Pradié déjà bien plein et fulminer le président Ciotti, chargé de garder les brebis LR au bercail. 
Lourde tâche. L’ancien député Bernard Carayon, joint par BV, rappelle un mot de Clemenceau : « Quand je me fais applaudir par mes adversaires, je sais que j’ai dit une connerie. » En virant Pradié des instances du parti, Ciotti tente de simplifier et d'assainir la ligne du parti. «  conserve les valeurs de la droite, c’est le parti du travail, de la responsabilité sociale contre la démagogie, de l’ordre contre le désordre », rappelle Bernard Carayon. Tant pis pour ceux qui s'y opposent.
Mais voilà, cette mini-purge suffira-t-elle ? Car le désordre s’accroche. Ce psychodrame risque de brouiller encore un peu les cartes. Orgueilleux, ingérable, assoiffé de médias et de lumière, Pradié, arrivé troisième lors de la désignation du président de LR, avait insisté auprès de Ciotti pour être nommé numéro deux. Cette alliance d’une ligne conservatrice et d’une ligne progressiste avait surpris et agacé le camp plus conservateur de LR. Cela sentait la paix précaire et les concessions lâchées pour faire une fin. Pradié partageait jusqu’ici son banc de numéro deux du parti avec François-Xavier Bellamy, proche de Retailleau. À  de tenir le balancier sur la corde raide entre les deux personnalités et les deux lignes. Pas confort. D’autant que Pradié s’opposait franchement à la réforme du très progressiste Macron, tandis que les ciottistes de  la soutiennent. Chassé-croisé. Où est la droite, où est la gauche ? On avait un peu le tournis jusqu’à ce que la NUPES désigne le vrai gauchiste par ses applaudissements. Du pas vu depuis longtemps... Mais le paysage évolue vite.
 présente de plus en plus nettement les défauts du… PS, ce qui n’a rien d’enviable. Comme le PS, le parti de droite devient un concentré instable d’histoire, de tendances, de baronnies et d’ambitions. Comme au PS, il ne lui manque que… les militants et les électeurs. Comme au PS, LR semble virer à la bataille de lignes.
Chaque jour qui passe pousse le parti vers les cauchemars groupusculaires des mouvements d’extrême gauche. Ces partis dont on dit que, lorsqu’ils parviennent à se réunir à trois, émergent aussitôt quatre courants…
Il reste à  une dernière carte pour espérer rebondir, celle de Laurent Wauquiez qui ne fait pas la moindre entorse à sa diète médiatique. Cette statue du commandeur ménage-t-elle Pradié ? Pousse-t-elle Ciotti ? Quoi qu'il en soit, une seule carte, c’est peu. Et le défi lancé à Wauquiez semble chaque jour un peu plus élevé que la veille.
Par Marc Baudriller le 20 février 2023

mercredi 11 janvier 2023

LR : la déroute des retraites !

 


« Cette réforme doit être efficace et juste. » Lorsque Éric Woerth prend le micro pour interpeller le ministre du Travail Olivier Dussopt lors des questions au gouvernement, on entend tousser dans les rangs de . Car l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy passé chez Renaissance, auteur d’une loi réformant les retraites en 2010, synthétise en « chaire » et en os la corde raide sur laquelle dansent les députés « de la droite et du centre » dont l’appellation est en soi une main tendue vers la Macronie. « Le macroniste Woerth, ancien ministre de Sarkozy, interroge le macroniste Dussopt, ancien député socialiste, sur la . Le macronisme, agrégation des renégats des deux camps, au service d’un opportunisme qui emporte tout sur son passage », tweetait, rageur, le député NUPES Benjamin Lucas. Ce dernier n’est pas un habitué de la finesse analytique, mais cette sortie, quoique partiale, résume à sa façon le malaise qui agite la sphère LR, condamnée à reculer devant une réforme qu’elle aurait menée si elle avait été aux affaires. Et le malaise, c’est que cela se sait...

Opposants ou béquille du pouvoir ?

C’est l’éternelle question. En élisant à la présidence du groupe  Olivier Marleix, en opposition frontale avec , les députés Républicains revenaient essorés, amoindris, écrasés entre une galaxie macroniste en majorité relative et un groupe  en surnombre et, enfin, étouffés par une NUPES vociférante. Néanmoins, ils revenaient avec un message clair : ils étaient dans l’opposition. Après plusieurs mois chaotiques, l’élection d’Éric Ciotti devait apporter un surcroît de clarification. Et puis arriva la réforme des retraites. Ils se trouvèrent déchirés entre le troisième homme de l’élection, Aurélien Pradié, qui manifestait sa volonté de voter contre la réforme, et la vision de Bruno Retailleau, qui affirmait, dans Le Figaro, que la  était « un enjeu essentiel pour le pays mais c’est aussi une épreuve de vérité pour la droite […]. Allons-nous défendre ce que nous avons toujours défendu ? Ou bien allons-nous glisser dans les sables mouvants du reniement ? » Dans la pure continuité de la ligne du candidat Fillon en 2017, Bruno Retailleau plaide pour une retraite à 65 ans.

Chez LR, trois tendances distinctes

Puis est arrivé la synthèse d’Éric Ciotti : celui qui fut pendant des années le tenant de la ligne droite dure au sein des  façon « Droite forte » sauce Peltier-Didier du temps de la présidence Copé joue aujourd’hui le jeu de l’équilibriste et du compromis. Aussi, le groupe plaide pour une réforme progressive et un départ à 63 ans en 2027. Il y a donc ceux qui ne veulent pas de recul du tout, ceux qui veulent la retraite à 65 ans et ceux qui veulent un compromis à 63 ans, jugeant cela moins brutal. Un compromis ou une compromission ? « Éric Ciotti joue l’opposant après avoir appelé à voter pour Renaud Muselier (président de PACA, ex- passé chez Macron) aux régionales contre nous », s’amuse, auprès de BV, un député « L’explication de leurs résultats catastrophiques, c’est l’absence de ligne claire. Ils sont inaudibles sur les sujets majeurs », soupire le sénateur ex- du Val-d’Oise Sébastien Meurant, qui a rallié Éric Zemmour pendant la campagne présidentielle.

Un flou qui profite au 

L’avantage de l’opposition franche et frontale est qu’elle vous épargne ce genre de calculs. « Prêts à voter une motion de censure déposée par LR si ceux-ci retrouvent leur courage en route », affirme le président du RN. Dans les très chics Salons Hoche, à quelques pas de la place de l’Étoile, Jordan Bardella présentait avec les parlementaires ses vœux à la presse.

« Lorsqu’on ne vote aucune motion de censure, on est l’UDI d’Emmanuel Macron », nous glisse Jordan Bardella, en aparté. Celui qui a succédé à Marine Le Pen à la tête du Rassemblement national ne manque pas d’étriller les députés de droite. « Soit ils restent la béquille d’Emmanuel Macron, soit ils décident en toute transparence de rejoindre la majorité d’Emmanuel Macron. »

Comme souvent, le compromis devait se trouver entre les deux. Et c’est, mesurons le poids du symbole, le Premier ministre Élisabeth Borne qui aura arbitré le débat interne des LR. La chef du gouvernement a annoncé une retraite à 64 ans de 43 annuités et 67 ans pour le taux plein. Avec, en prime, la revalorisation des petites retraites et celles des mères de « La réforme proposée par Élisabeth Borne reprend celle que nous votons au Sénat »se réjouit Bruno Retailleau.

Et l’épilogue vaudevillesque LR-Renaissance a de quoi faire sourire. Le gouvernement peut proposer une réforme « de consensus » et les LR peuvent s’en attribuer le mérite. Reste à savoir qui est l’assurance-vie de qui et surtout, pour paraphraser Jordan Bardella, qui est la béquille de qui. Le groupe d’opposition voulu par Olivier Marleix doit son unité à la chef du gouvernement qu’ils sont censés combattre. Les futures motions de censure ne passeront pas et les Républicains peuvent souffler, la dissolution n’est pas pour demain.

Par Marc Eynaud le 10 janvier 2023

Boulevard Voltaire

mercredi 30 novembre 2022

Muselier rejoint Renaissance : « Bon débarras ! »



Lundi soir, Renaud Muselier siégeait donc au bureau exécutif de Renaissance à Paris, présidé par Richard Ferrand, aux côtés de Stéphane Séjourné, Aurore Bergé, Darmanin, Montchalin, Dussopt, Keller, Riester et autres macroniens passionnés et fidèles depuis des années. Il a plongé après une longue carrière consacrée à la droite, des déclarations à l’emporte-pièce comme s’il en pleuvait, des protestations de fidélité innombrables… Mais, pour le carriériste aveugle, tout passe. Et comme disait le regretté Edgar Faure, « Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent ». Le vent a tourné. Renaissance, l’ex-LREM ? « C’est le seul parti raisonnable », explique Muselier à Nice-Matin.

Le choix de Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, n’aura surpris personne. C’est l’aboutissement d’un cheminement, comme on le dit des grandes conversions. En l’occurrence, l’aboutissement de l’abandon des dernières convictions du personnage au profit de son intérêt personnel et électoral. Il avait à peine surpris, Renaud Muselier, lorsqu’il avait quitté les Républicains en novembre 2021. Il avait surpris moins encore lorsqu’il avait appelé à voter Macron lors de l’élection présidentielle en février. Comme la candidate LR au soir du premier tour.

Sa décision n’a de quoi sidérer personne, et pourtant, ses anciens amis LR ne le ménagent pas. À l’image de Retailleau : « Voir Renaud Muselier siéger au bureau politique de Renaissance au milieu d’un parterre d’anciens socialistes me fait de la peine pour lui. »

Ou de son ancien compagnon de route, comme on disait au PC, Éric Ciotti, qui tire à vue : « Le mot traître a un nouveau synonyme : Muselier […] Méprisable et ridicule », exécute celui qui a de bonnes chances de prendre la présidence du parti des Républicains.

Les deux hommes ont pourtant été proches longtemps. Ciotti a contribué à faire élire Muselier à la tête de la région. Une nouvelle fois confronté à ses démons tentateurs, ceux de la gamelle macroniste, LR veut tourner la page. « Bon débarras », exécute l’ancien député Bernard Carayon, homme de droite et soutien de Ciotti, qui connaît Muselier depuis plusieurs décennies. À BV, Carayon confie : « C’était un jeune homme sympathique et doué qui a grandi dans l’ombre de Jean-Claude Gaudin [l’ancien maire de Marseille, NDLR], mais il aime trop le confort et pas assez le combat. C’était prévisible. À chaque fois qu’il recevait le président de la République, c’était en grande pompe. Il a voulu sauver sa peau et ménager sa clientèle. Mais la politique, ce n’est pas le commerce. » Pour les cadres de LR, ce mouvement ne change rien à la course qui oppose Ciotti, Retailleau et Pradié pour le fauteuil de président du parti.

Mais ce transfert attendu révèle une fois encore l’inconfort extrême et l’ambiguïté consubstantielle d’une partie de cette droite qui fut en réalité macroniste avant Macron et se laissa dévorer peu à peu par le macronisme… d’après Macron. Certains de ses caciques font carrière depuis des années au sein du gouvernement, comme Bruno Le Maire ou Gérald Darmanin. Et Sarkozy soutient désormais au grand jour son ami Macron. La droite de Ciotti, de Wauquiez et de Retailleau aura fort à faire pour se débarrasser du vieux piège usé, rouillé, couinant, si commode pour les démolisseurs du pays, ce piège grossier de « l’alliance avec l’extrême droite ».

Une rengaine reprise une fois encore par Muselier. La droite doit choisir, explique Muselier dans un court texte, entre « l’addition des raisonnables avec une culture de gouvernement », soit ceux qui ont jeté la France dans le mur avec application, et « l’union des droites extrêmes, sur fond de populisme, de nostalgie ou de peur ». La baudruche de carnaval de l’antiracisme ressort lorsqu’il s’agit de laisser la France aux mains du mondialisme destructeur. Mais derrière les grands mots perce le souci du carriériste : « Perdre trois présidentielles, passer de 350 députés à 60 et ne plus tenir aucune ville de 100.000 habitants aurait dû calmer les stratèges du repli sur soi », explique Muselier. Le mot est lancé. Sa stratégie, c’est donc celle de la soumission au plus fort. Celle des compromissions. « La survie de la droite française en dépend, sinon elle se dissoudra dans le Rassemblement national », écrit-il. Tout sauf l’intérêt de la France et des Français… Sur le fond, il n'a pas tort. À droite, il faudra bien s'allier, disparaître ou trahir...

Mais voilà, Muselier fait ce choix honteux à un drôle de moment. Précisément au moment où le macronisme faiblit, perd son assiette. Les Français ouvrent les yeux, le Président n’est plus soutenu que par un Français sur trois. Les mécontents culminent à 62 %.

Muselier rejoint le confort du navire amiral au moment précis où il commence à prendre l’eau, quand la réalité des faits, la réalité de la crise migratoire, énergétique, scolaire, crise de la dette, du pouvoir d’achat, crise sanitaire, crise sociale, crise industrielle, crise agricole, où cette réalité déchire le voile de baratin, d’assurance et de mondialisme aveugle qui font la colonne vertébrale du macronisme. Ce geste quasi suicidaire est celui d’un homme dos au mur, assis sur un socle électoral de droite qu’il a trahi. Il sait que toute trahison se paie un jour. Il ne lui reste plus qu’à espérer un maroquin. À tenter le coup de la séduction auprès du prince qu’il combattait hier. Avec ce transfuge, la droite patriote, celle de Le Pen et de Zemmour, la droite réaliste depuis si longtemps, a encore gagné quelques points. 

Il reste à Muselier à vivre avec le supplice de Caïn si bien décrit par Victor Hugo, celui de la conscience : « Quand il se fut assis sur sa chaise dans l'ombre et qu'on eut sur son front fermé le souterrain, l'œil était dans la tombe et regardait Caïn. »

Par Marc Baudriller le 30 novembre 2022

Boulevard Voltaire