Aymeric Caron, bombardé candidat mélenchoniste aux législatives dans le 18e arrondissement de Paris, n’est pas né le jour de la Saint-Modeste, on le savait depuis longtemps. Il n’a pas le gaz à tous les étages, nous n’étions point sans le savoir. Il aime distribuer bons et mauvais points, la chose était de notoriété publique. Seulement voilà, dans le registre de l’arroseur arrosé, il est désormais victime du syndrome du délateur à son tour en proie à la délation.
Ainsi, une vidéo remontant à 2017, lors d’un de ses passages dans l’émission « C à vous », sur France 5, commence à tourner de nouveau sur les réseaux asociaux, celle où il exigeait la création d’un « permis de voter », histoire d’interdire aux « citoyens incultes et irresponsables d’avoir voix au chapitre ». Présent sur le plateau, même Patrick Cohen, le grand inquisiteur en chef de France Inter, peinait à dissimuler son malaise.
Il est vrai qu’en la circonstance, Aymeric Caron y va plus à la sulfateuse qu’à la cuillère à café, assurant que s’il existe des permis de conduire, on pourrait tout à fait en faire de même des permis de voter. En France, c’est à droite que, traditionnellement, on conduit. Faudra-t-il donc rouler à l’anglaise et à gauche ? Et de convoquer, dans la foulée, une sorte d’assemblée de sages qui, eux, savent le bien, le beau et le vrai. Mais qui nommera les sages en question ? D’autres sages ayant permis de nommer, une fois leur brevet d’humanisme décroché ?
Le drame, ou le comique de cette situation, c’est qu’Aymeric Caron ne fait finalement que dire tout haut ce que tant d’autres pensent tout bas. Les électeurs d’Emmanuel Macron ? Des CSP+. Ceux de Marine Le Pen ? Des bac-5. Mort aux pauvres et vive la sociale !
Pour les oublieux qui ignoreraient tout du parcours de cet humaniste, très porté sur son brushing impeccable et sa barbe de cinq jours, savamment négligée, rappelons qu’il est aussi le mistigri que toutes les rédactions de France se passent et se repassent tout en espérant bien s’en débarrasser. Chez Laurent Ruquier, il n’a pas fait des merveilles, horripilant à la fois les téléspectateurs de droite et ceux de gauche. Lors de sa nomination à la tête de l’édition française du mensuel américain Rolling Stone, il n’a survécu que le temps de trois ou quatre numéros.
Ce qui est parfaitement logique, les lecteurs de ce magazine ayant plus envie d’avoir des nouvelles de la prochaine réédition d’un album des Beatles plutôt que celle de la survie des scarabées dans les proches environs de Saint-Jean-Cap-Ferrat. Car notre homme est un militant antispéciste de la plus stricte observance, mettant sur le même plan êtres humains et frères moustiques.
Pourquoi pas, après tout. Personnellement, j’avoue ne rien avoir contre les moustiques. J’ai même d’excellents amis moustiques dans mon proche entourage. Et même des cafards, à l’évidence proches cousins de l’histrion en question. Aujourd’hui, ce dernier s’insurge, estimant infâme qu’on puisse exhumer une telle vidéo. Pour quelqu’un qui reproche à Jean-Marie Le Pen des propos remontant à près de quarante ans, l’histoire ne manque pas de sel sans gluten. Ce qui conduit Aymeric Caron à prétendre que ses propos seraient relayés sans tenir compte du contexte. Pas de bol, le contexte est bien là, telle la vérité sortant du puits, seulement vêtue, à défaut d’être nue, d’un string équitable recouvrant ce qui lui demeure de vertu.
Cela ne devrait pourtant pas l’empêcher de se présenter aux prochaines législatives, sous étiquette mélenchoniste, dans le XVIIIe arrondissement parisien, fort de son titre de président – élu à vie, par des citoyens d’exception détenteurs d’un permis de voter en bonne et due forme ? – de ce mouvement de masse : La REV, Révolution écologique pour le vivant.
Si, un jour, Laurent Gerra se retrouve au chômage, il ne faudra pas se demander pourquoi. C’est Aymeric Caron qui lui aura piqué la place d’humoriste préféré des Français. Sans l’avoir forcément voulu...
Par Nicolas Gauthier le 4 mai 2022