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dimanche 13 octobre 2024

Michel Onfray sur Cnews le 12 octobre 2024

 

Que nous est-il arrivé?



Il y a deux jours Georges Malbrunot, journaliste reconnu pour son expertise du Proche-Orient écrivait sur X: « Mme la présidente de l’Assemblée nationale fait mine également d’ignorer que la France, loin de « désarmer Israël », continue de participer au « Dôme de fer » qui permet à Israël d’intercepter des missiles iraniens, par exemple. »

Ainsi pour un certain courant de pensée français favorable aux Palestiniens dont Malbrunot est un représentant éminent, il est convenu de penser et d’écrire qu’Israël n’aurait même pas le droit de se défendre, via le Dôme de fer, des missiles iraniens qui sont régulièrement envoyés en masse sur son territoire. Et il serait honteux que la France ne contribue pas au désarmement d’Israël et fournisse à l’Etat hébreu des composants pour son système de défense aérienne.

Hostilité croissante

Pour ce courant de pensée, donc, Israël n’a plus le droit de se défendre. Quelle est la prochaine étape ? Faudra-t-il interdire aussi aux forces de l’ordre en France de porter assistance aux juifs victimes d’actes antisémites ? J’avoue que ce soir, en découvrant ce tweet, j’ai été bouleversé. Je connaissais les opinions de Malbrunot, mais je ne pensais pas qu’on puisse, en France, en arriver à énoncer des choses pareilles, à l’abri de la pensée dominante. J’en ai pleuré pour mon pays, qui de toute évidence voit s’étendre comme un feu de savane l’hostilité à l’égard d’Israël, mais aussi des juifs.

De culture politique gaulliste, j’ai toujours fait mienne la philosophie politique concernant Israël telle que l’avait exprimée le général de Gaulle en 1967, bien que j’aie toujours regretté qu’il y glissât cette saillie qui peut sembler un peu antisémite, en tout cas injuste et inutile, en parlant du « peuple dominateur ». J’ai regretté aussi que les gouvernements israéliens successifs autorisent l’implantation de colonies juives en Cisjordanie. J’ai longtemps fait mienne, pour les mêmes raisons, la fameuse « solution à deux Etats » dont les chancelleries occidentales font la promotion depuis 40 ans.

Pourtant, bien des choses sont advenues depuis que Rabin et Arafat ont envisagé de faire la paix. Israël a commis des erreurs manifestes, en implantant des colonies, ou en favorisant le Hamas au détriment du Fatah et de l’OLP. Mais peut-on, au nom des erreurs passées, ne pas prendre en compte la nouvelle situation qui est advenue, même si elle résulte de ces erreurs ? Ainsi, beaucoup d’historiens remettent en cause les erreurs de la France dans la gestion du traité de Versailles et sa responsabilité indirecte dans la montée du nazisme. Fallait-il pour autant ne pas déclarer la guerre à l’Allemagne en 1939 ? De même, les occidentaux ont commis des erreurs manifestes vis-à-vis des Russes et les Ukrainiens, dans la gestion de la crise au Donbass depuis 2014. Fallait-il pour autant renoncer à aider l’Ukraine à se défendre contre l’invasion russe ? A l’évidence, non. Les situations créées par les erreurs passées sont là, et il faut les affronter pour les dangers qu’elles représentent aujourd’hui.

A l’évidence, Israël est aujourd’hui, et plus que jamais depuis le 7 octobre 2023, entourée d’activistes, de miliciens, de terroristes, d’armées, qui lui sont profondément hostiles et qui veulent sa destruction. Au nord avec le Hezbollah, au sud avec le Hamas, au grand est avec l’Iran et dans une moindre mesure la Syrie. Peut-on imaginer dans le cadre de la « solution à deux États » que s’installe au cœur même de son territoire, en Cisjordanie, un État profondément hostile à Israël qui consacrerait toute son énergie et son économie à constituer des stocks de roquettes et de missiles, comme l’a fait depuis 20 ans le Hamas à Gaza redevenue indépendante ? La France accepterait-elle que s’installe en Seine-Saint-Denis un État inféodé à Daech qui enverrait tous les soirs une salve de missiles sur Notre-Dame ?

Les victimes devenues bourreaux

Peut-on faire comme si rien n’avait changé dans la ligne politique palestinienne depuis 2001, ne pas prendre en compte sa mutation d’un mouvement nationaliste arabe vers une idéologie islamiste irréductible pilotée et inspirée par des mollahs qui sèment la terreur au Moyen-Orient depuis 50 ans ? Peut-on demander à Israël de prendre le risque d’être totalement encerclé par des forces qui veulent sa destruction ? Tout honnête homme répondra non, et reconnaîtra à Israël le droit à se défendre et à desserrer l’étau qui l’oppresse. La solution à deux Etats est morte, et ne sert plus que d’élément de langage prêt à l’emploi au Quai d’Orsay ou au Département d’État américain. Un diplomate suisse évoquait récemment une confédération sur le modèle helvétique, dans laquelle deux peuples cohabiteraient dans un même État… C’est peut-être une piste à suivre, en tout cas elle n’est pas encore d’actualité.

Mais revenons à la France. J’ai dit que « tout honnête homme reconnaîtra à Israël le droit à se défendre »… En est-on certain ? Il n’a pas fallu une semaine après le 7 octobre 2023 pour faire des victimes les bourreaux. Et depuis un an monte comme une vague que rien ne semble arrêter l’hostilité à l’encontre d’Israël. Il suffit de parcourir les médias et les réseaux sociaux pour se rendre compte que cette hostilité s’étend aux « sionistes », nom de code pour désigner les juifs. Il serait naïf de penser que cette hostilité ne serait le fait que de la population musulmane qui réside en France. Elle s’implante dans plusieurs secteurs de la population. Chez les musulmans, on l’a dit, et ils sont nombreux. Dans l’extrême gauche, aussi, chez LFI notamment. Mais l’hostilité irradie largement chez ses alliés du PS. Elle fait aussi ressurgir l’antisémitisme de la droite conservatrice, j’en ai été témoin très récemment, en faisant remonter de vieux griefs sur la disparition des chrétiens orientaux. Et surtout, c’est là la masse la plus importante, elle s’implante dans le centre, ce qu’on appelait autrefois le marais, où politiques, médias, intellectuels ou universitaires cherchent des accommodements (ir)raisonnables avec les musulmans, parce qu’ils sont là « et qu’il faut bien faire avec eux » ; les juifs pourraient tout à fait jouer à nouveau ce rôle de bouc-émissaires, surtout dans la jeunesse qui n’a pas connu la Seconde Guerre mondiale et ses répercussions dans la vie politique des Trente glorieuses. Il naît aujourd’hui 23% de musulmans en France et moins de 1% de juifs… Ces chiffres cyniques emportent les calculs de ceux qui ne veulent pas de problèmes avec les banlieues. Les choix sont faits et se feront dans ce sens. 

Caroline Fourest révélait ainsi lundi 7 octobre sur LCI que Yassine Bellatar, l’activiste musulman bien connu, avait été reçu deux fois à l’Élysée dans la semaine précédant la grande manifestation contre l’antisémitisme en 2023. Il aurait convaincu Emmanuel Macron de ne pas s’y rendre « pour ne pas mécontenter les banlieues ». Le conflit au Proche-Orient a été de facto importé en France quand on a laissé entrer une masse de plus en plus importante et incontrôlée d’orientaux sur notre territoire. 

C’est une évidence. Mais plus encore ce conflit est révélateur des fractures qui traversent notre société. La culpabilité qui nous ronge (« les sanglots de l’homme blanc » comme l’écrivait Pascal Bruckner) nous divise en profondeur. Il n’est qu’à écouter le Pape qui vient d’inventer sept nouveaux péchés (!) dont « le péché contre les migrants » pour se rendre compte que nous n’avons plus rien à opposer d’autre que notre faiblesse à ceux qui nous stigmatisent à longueur de temps. Nous n’avons plus assez de joues à tendre aux coups de nos ennemis. Israël, lui, répond coup pour coup et révèle la force que nous avons perdue. 

Il nous reste la honte.

Par Xavier Théry le 10 octobre 2024

Causeur

lundi 30 septembre 2024

Communiqué de presse de Marine Le Pen relatif à la situation au Liban



Communiqué de Marine Le Pen, Présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale du 29 septembre 2024

En visant Hassan Nasrallah et les principaux responsables militaires et politiques du Hezbollah, Israël a porté un coup dur à un mouvement terroriste lourdement responsable de l'effondrement de la souveraineté et même de la crise institutionnelle et morale de la classe politique au Liban.

Le Hezbollah est, rappelons-le responsable d'un grand nombre de morts depuis 1982, notamment de 58 parachutistes français dans l'attentat du Drakkar en 1983.

Cette organisation terroriste ne représente pas les Libanais, son combat n'est pas celui des Libanais, mais celui d'une puissance tierce.

Au mépris des intérêts du peuple libanais, ainsi que des résolutions de la communauté internationale - tout particulièrement la résolution 1701 du Conseil de Sécurité - le Hezbollah n'a cessé d'amasser des armes, de menacer Israël et même de le frapper aveuglement en lançant ses roquettes sur les populations civiles.

Aujourd'hui, devant la gravité de la situation, il est essentiel d'éviter l'engrenage qui plongerait le Liban dans le chaos. Israël a atteint de nombreux buts de sa campagne contre ceux-là même qui l'attaquent et doit maintenant oeuvrer avec la communauté internationale pour l'application du droit international :

- application de la résolution 1701 dans sa totalité avec, enfin, des moyens appropriés pour la force des Nations Unies,

- ⁠application du droit humanitaire et protection des populations civiles.

Le cessez-le-feu n'est en soi pas une solution s'il ne s'accompagne pas d'un volet politique crédible et sérieux.

La France ne peut se contenter de proposer l'arrêt des combats, il faut profiter de la situation pour œuvrer au rétablissement de l'Etat libanais notamment via l'organisation de l'élection d'un président de la République libanaise dans les meilleurs délais, et l'affirmation de l'armée libanaise comme seule institution à être autorisée à disposer d'armes de guerre.

Il faut aider le peuple libanais à être représenté dès que possible par des autorités légitimes et réellement représentatives.

La communauté internationale et la France en particulier doivent se mobiliser immédiatement pour proposer un arrêt des bombardements corrélé à un réel plan politique de sortie de crise et de réaffirmation de la souveraineté du Liban, qui passe par le démantèlement du Hezbollah.

Porter ce message tout de suite ira de pair avec l'exigence faite à Israël de faire désormais preuve de la plus grande retenue dans le choix de ses cibles militaires afin d'éviter plus de morts et de destruction.

La France du fait de ses liens séculaires avec le pays du Cèdre doit sans cesse rappeler que le Liban est un pays indépendant et non un simple territoire soumis aux influences de puissances étrangères.

Marine Le Pen demande enfin au gouvernement français de prendre toutes les dispositions pour protéger nos compatriotes actuellement au Liban. Devant l'urgence et la gravité de la situation, il apparaît nécessaire de projeter des moyens d'évacuation, qui devraient être le plus rapidement possible prépositionnés au large des côte libanaises.

RN

jeudi 28 septembre 2023

Syriens déplacés au Liban : la France et l’Europe aux abonnés absents !

 

France-Liban : une amitié historique qui oblige

La France et le Liban entretiennent un lien ancien et ininterrompu depuis la charte du 24 mai 1250 dans laquelle Saint-Louis se proclame protecteur des chrétiens maronites. Ce lien fut renforcé au XIXe siècle lorsque la France intervint pour faire cesser les affrontements entre Druzes et Maronites et connaît même son apogée au lendemain de la Première guerre mondiale lorsque le Liban fut « sous mandat français », c’est-à-dire une forme de protectorat français au Moyen-Orient.

En tant que parlementaire, français et chrétien, il me semble naturel et impérieux d’entretenir et de consolider l’amitié avec le Liban en y rencontrant notamment les acteurs institutionnels et religieux ainsi bien-sûr que les dirigeants et députés des partis politiques (Courant patriotique libre, Kataeb et Forces Libanaises).

J’ai également pu longuement m’entretenir avec le président de la République sortant, le général Michel Aoun. Son mandat s’est achevé il y a déjà plusieurs mois maintenant mais il n’a toujours pas de successeur. Une vacance qui illustre, sinon l’instabilité, du moins l’incertitude politique qui frappe le pays.

Un pays en crise(s)

Le pays du cèdre subit une grave crise économique depuis plusieurs années, aggravée par l’explosion du port de Beyrouth en 2020, mais, surtout, le pays fait face à une arrivée massive de déplacés syriens depuis 2013.

Ils sont à présent plus de deux millions dans un pays qui compte à peine quatre millions de Libanais ! Certains sont arrivés pendant la guerre, mais beaucoup d’autres sont arrivés bien après et continuent d’affluer. Ces déplacés représentent désormais plus du tiers de la population actuelle du Liban et ce chiffre s’accroît quotidiennement en raison des nombreuses naissances dans les camps et villages qu’ils occupent.

Les organisations internationales (l’ONU via le HCR) mais aussi l’Union européenne et de nombreuses ONG sont présentes sur place, et apportent des aides financières et matérielles aux Syriens ce qui incite ceux qui sont au Liban à y rester et pousse ceux qui n’y sont pas encore à y venir. Cette politique qui vise à fixer durablement les populations syriennes au Liban est totalement irresponsable et dangereuse.

Il en résulte en effet un Liban asphyxié dont les services publics, sociaux, scolaires et sanitaires sont saturés, dont les infrastructures sont insuffisantes et les ressources énergétiques en pénurie.

Cette grave crise migratoire atteint même l’équilibre religieux du pays. Les chrétiens sont de moins en moins nombreux, représentant sans doute à peine 25% de la population. Pire, ils sont déclassés et les aides apportées par les ONG vont prioritairement aux déplacés syriens.

Rien ne justifie aujourd’hui le maintien de ces déplacés sur le sol libanais : à l’exception du secteur d’Idlib au nord du pays, la Syrie n’est plus en guerre. Les aides internationales, humanitaires et caritatives doivent donc y être déployées pour faciliter le retour des déplacés sur leur terre natale. La politique actuellement menée aboutit à déraciner deux peuples : des Syriens entassés dans un territoire libanais exigu sans perspective d’un avenir meilleur, et des Libanais dépossédés de leur propre pays après tant d’épreuves et de guerres qui les ont meurtris ces dernières décennies.

Entraide et solidarité entre chrétiens d’Orient et d’Occident

J’ai pu échanger avec des représentants d’associations sur place qui viennent spécifiquement en aide aux chrétiens. Parmi elles, SOS Chrétiens d’Orient qui intervient pour les aider à vivre dignement. Les bénévoles réalisent ici un travail admirable. Ils incarnent cette belle jeunesse française engagée qui refuse de céder à la fatalité et qui se bat, concrètement et humblement, pour préserver le berceau de notre civilisation.

Les Libanais ne peuvent hélas plus se contenter d’aides d’urgence. Des solutions pérennes doivent être trouvées pour leur permettre de vivre décemment sur leur terre.

L’urgence de rétablir le dialogue avec la Syrie

Il est temps que l’Union européenne mette fin aux sanctions économiques contre la Syrie (qui touchent en réalité davantage la population que le pouvoir) et que nous privilégions à nouveau la voie diplomatique avec le gouvernement de Damas. Il est en effet illusoire de penser que le retour des Syriens puisse avoir lieu dans des conditions humaines satisfaisantes sans un rétablissement des liens politiques avec la Syrie.

L’Europe et la France ne peuvent détourner le regard et doivent prendre part à ce processus d’apaisement. Nous le devons aux Libanais au nom de l’amitié historique qui unit nos pays bien-sûr, mais n’oublions pas aussi que l’instabilité du Liban aurait des répercussions sur l’ensemble de la région et conduirait à des flux migratoires massifs qui atteindraient nécessairement le continent européen.

Par Nicolas Bay, Vice-Président de R! le 27 septembre 2023

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