L’Assemblée nationale vient d’être le théâtre d’une formidable manipulation stalinienne contre Grégoire de Fournas et le Rassemblement National. Rappelons brièvement les faits. Le député LFI Carlos Martens Bilongo expose sur un ton calme la situation du navire Ocean Viking de l’association SOS Méditerranée, qui a l’habitude de croiser aux limites des eaux territoriales de Libye pour aller recueillir des embarcations de migrants illégaux. Il reprend les arguments émotionnels habituels sur la situation de détresse des pauvres gens et la nécessité de les recevoir dans les ports européens. Chacun sait que ces actions font, depuis des années, le jeu des passeurs et ne sont pas sans arrière-pensées. Alors que M. Martens Bilongo évoquait la détérioration des conditions météorologiques rencontrées par le navire, le député RN Grégoire de Fournas s’exclame : « Qu’il retourne en Afrique » (compte rendu de l’Assemblée nationale). Son adversaire ne s’en émeut pas le moins du monde et se borne à dire : « Pas du tout. » À l’évidence, il ne se sent pas visé car, en effet, il ne l’était pas.
Immédiatement, certains dans le groupe LFI voient le parti à tirer de cette interpellation, mentent de façon éhontée en affirmant que leur collègue était victime d’une odieuse agression verbale raciste, ce que démentent à la fois le compte rendu et les témoignages des huissiers. Mais la machine médiatico-politique s’emballe sur ce mensonge qui fait le tour de la planète. Certes, l’interpellation ne faisait pas dans la nuance et ne répondait pas à la complexité du problème des flux migratoires ininterrompus de l’Afrique vers l’Europe, question sur laquelle l’Union européenne a démontré son impuissance et la convention de Dublin son caractère inadapté. Mais il ne s’agissait que d’un débat à l’Assemblée nationale, pas d’une conférence internationale sur la question.
La conclusion est connue, le bureau de l’Assemblée a prononcé la sanction la plus lourde alors qu’elle ait pu trouver sous prétexte d'une « manifestation troublant l’ordre ou qui provoque une scène tumultueuse » sans retenir la mise en cause personnelle d’un député. Ce qui valide bien la défense de M. de Fournas. Décision aussi illogique qu’injuste, mais il est vrai que nous sommes dans le droit fil d’un procès stalinien et non dans la recherche de la vérité.
Une fois encore, l’extrême gauche et la gauche ont fait preuve de leur insupportable prétention à incarner la vertu. Dangereuse prétention. Robespierre ne glorifiait-il pas « la terreur sans laquelle la vertu est impuissante » (discours à la Convention du 5 février 1794). Et nous sommes bien dans une logique d’intimidation et de mensonge de nature totalitaire. Cette gauche, ce « camp du progrès », qui se prétend l’incarnation du bien est d’une insondable indécence, elle qui, historiquement, a soutenu, été complice ou a encensé des régimes parmi les plus criminels de l’Histoire humaine : la terreur jacobine, la terreur bolchevique, Pol Pot, Mao, Castro, Hô Chi Minh, et qui ne s’émeut guère de la permanence des régimes communistes totalitaires en Chine, en Corée du Nord, au Vietnam, au Laos ou à Cuba.
Faut-il leur rappeler le génocide vendéen, les décrets de terreur rouge de Lénine, les crimes de l’Armée rouge de Trotski, le Goulag, la dékoulakisation, Katyń, les purges de Staline, pourtant adulé en son temps, l’écrasement dans le sang de la révolté hongroise, le génocide des Khmers rouges (Le Monde, égal à lui-même, avait titré « la ville est libérée », le 17 avril 1975, quand Pol Pot avait conquis Phnom Penh), les boat people vietnamiens ou cubains. Leurs drapeaux rouges sont aussi imbibés de sang que les drapeaux rouges frappés de la croix gammée et les deux totalitarismes frères ennemis concourent dans le crime de masse. En matière de respect de la personne humaine, cette gauche française néo-marxiste léniniste qui, à l’image de Mélenchon, aime à se réclamer de Robespierre, tyran totalitaire « made in France », criminel contre l’humanité et génocidaire (Jacques Villemain, Génocide en Vendée, 2020), ne devrait que se taire.
Si cette gauche est indécente, la « Macronie », elle, est écœurante de suivisme et de mauvaise foi. Sans la moindre retenue, elle a fait sienne l’interprétation mensongère de LFI. Le RN est la seule opposition sérieuse à notre pathétique président de la République, tous les moyens sont donc bons pour le diaboliser, y compris une phrase sortie de son contexte et déformée, car la vérité importe peu : « Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose. »
Les LR, comme à leur habitude, ont été affligeants de lâcheté et se sont montrés pour ce qu’ils sont, les supplétifs de la majorité relative de Macron. À la vérité, seuls Nadine Morano, François-Xavier Bellamy et Bruno Retailleau ont sauvé ce qui reste d’honneur à cette formation.
Cette misérable palinodie démontre une fois encore les complicités « naturelles » qui lient les membres de l’oligarchie médiatique et politique pour maintenir un système qui gouverne mal et croit encore se défendre bien. Tout cela n’aura qu’un temps. Comme disait Abraham Lincoln : « On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps. »
Le Rassemblement National vient d’élire Jordan Bardella à sa tête. Il pourrait bien donner du fil à retordre à « l’establishment ».
Par Stéphane Buffetaut, vice-président du CNIP le 6 novembre 2022