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jeudi 24 octobre 2024

La laïcité résistera-t-elle aux nouveaux assauts du wokisme?



Consacré par l’article 1er de la Constitution, le principe de laïcité est inscrit en filigrane à l’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Il trouve ses premières expressions législatives en 1882 et 1886 sur l’enseignement primaire, et passe à la postérité avec la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat. Elle institue un régime de neutralité dont l’acception est offerte à la controverse alors même qu’elle consiste moins en la neutralité religieuse de l’Etat qu’à une neutralisation des religions dans la sphère publique (Ph. Raynaud, La Laïcité. Histoire d’une singularité française, Gallimard, 2019). 

L’enquête d’opinion sur « l’état des lieux de la laïcité en France » réalisée en 2020 par l’institut Viavoice, montre que la laïcité constitue pour les Français un principe républicain essentiel (70%) qui fait partie de l’identité de la France (78%). Cependant, les jeunes adultes adoptent dans leur majorité une conception favorable à l’expression publique des identités religieuses (sondage d’opinion réalisé du 14 au 16 juin 2023 par l’institut Kantar-Sofres), et 78% des musulmans considèrent que la laïcité française est islamophobe (sondage Ifop du 7 décembre 2023). Le principe de laïcité signe donc une singularité française, dont la fortune est en déclin malgré la réaffirmation périodique du principe. Il subit l’offensive multiculturaliste et ne peut, seul, résister au défi lancé à notre modèle civilisationnel.

L’offensive multiculturaliste

La crise de la transmission (Jean-Paul Brighelli, La fabrique du crétinL’apocalypse scolaire, L’Archipel 2022) s’inscrit dans le contexte de l’envahissement de l’espace public par les dictats religieux qui ciblent particulièrement l’école. L’affaire bien connue des collégiennes de Creil en 1989 fait penser à cette fable de La Fontaine Conseil tenu par les rats : « Ne faut-il que délibérer, La Cour en conseillers foisonne, Est-il besoin d’exécuter, L’on ne rencontre plus personne »

Aux termes de leur manifeste : « Profs ne capitulons pas ! », Elisabeth Badinter, Régis Debray, Alain Finkielkraut, Elisabeth de Fontenay et Catherine Kintzler dénonçaient déjà un « Munich de l’école républicaine ». Ils identifient dans le voilement des femmes le signe de leur soumission et refusent la mise en balance du principe de laïcité avec la liberté d’expression des élèves. Pénétrer dans les établissements scolaires avec ses certitudes, croyances familiales en bandoulière, et insanités véhiculées par les réseaux sociaux oppose une fin de non-recevoir à la transmission des savoirs. La loi 15 mars 2004 interdit le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse, codifiée à l’article L141-5-1 du Code de l’éducation. Cette loi, qui anéantit la jurisprudence Kherouaa et la circulaire Jospin du 12 décembre 1989, est intervenue à la suite du rapport Obin, et des préconisations de la commission Stasi, dont les membres se sont convertis à la nécessité de l’interdiction au fil des auditions, à l’exception de Jean Baubérot. 

L’auteur des 7 laïcités françaises (Maison des sciences et de l’Homme, 2015) regrette le glissement de la neutralité de l’Etat vers la neutralité imposée à la société civile, au motif que la loi de 1905 n’établirait pas de distinction entre les espaces publics et privés. Prétendument importée de cultures dites d’origines, la « vêture » religieuse des laïques dans l’enceinte scolaire fait montre d’un art consommé de la provocation qui dégénère en violence et intimidation, au point qu’une élève du lycée Sévigné de Tourcoing, gifla le 7 octobre 2024, une professeure qui lui intimait l’ordre d’ôter son voile, et que le proviseur de lycée Maurice Ravel à Paris fut, quant à lui, menacé de mort (« Faut le brûler vif, ce chien »), pour le même motif.

Numéro 123 de « Causeur »

La question des accompagnateurs scolaires s’est à nouveau posée au moment de l’adoption de la loi confortant le respect des principes de la République du 24 août 2021 qui confirme, malgré la position du Sénat, le statu quo ante, défini par le Conseil d’Etat. Si les parents accompagnateurs sont des usagers, la loi de 2004, circonscrit l’interdiction aux seuls élèves, et ne s’applique donc pas aux parents.

La loi du 11 octobre 2010 dispose que « nul ne peut, dans l’espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage ».

Fille aînée de la liberté, la laïcité émancipe les esprits de l’endoctrinement ; sœur jumelle de l’égalité, elle affranchit le corps des femmes de l’embrigadement. Dorine contre Tartuffe en quelque sorte. Tartuffe : Couvrez ce sein que je ne saurais voir : Par de pareille objets les âmes sont blessées, Et cela fait venir de coupables pensées. Dorine : Vous êtes donc bien tendre à la tentation, Et la chair sur vos sens fait grande impression !

Ce féminisme qui défend le port du voile islamique

Les « écoféministes » luttent contre le « patriarcat blanc », défendent en France la liberté des femmes de porter le voile, et détournent le regard de l’oppression intracommunautaire. L’ambivalence de ce cénacle d’idéologues hybrides devant le courage des femmes iraniennes est consternante. Considèrent-ils l’interdiction d’ici et l’obligation de là-bas comme équivalentes, pour juger que les Françaises et les Iraniennes subissent la même oppression ?! Femmes de Paris, femmes de Téhéran ou de Kaboul, même combat ! Guerre des sexes et guerre des races contre l’universalisme, jusque et y compris, pour les plus radicaux, sur la question de l’excision assimilée à une circoncision féminine ! (Fatiha Agag-Boudjahlat, Le grand détournement, Lexio 2019). La propagande wokiste emporte tout dans un maelström d’impostures morales et de terrorisme intellectuel (Jean-François Braunstein, La religion woke, Grasset 2022). La recherche en sciences sociales et humaines est phagocytée par le militantisme académique (Nathalie Heinich, Ce que le militantisme fait à la recherche, Tracts Gallimard, n°29 mai 2021), autant que le « frérisme d’atmosphère » œuvre à rendre la société « charia compatible » (Florence Bergeaud-Blackler, Le frérisme et ses réseaux, l’enquête, Odile Jacob, 2023).

Statuant pour la première fois sur requête du nouveau déféré-laïcité, instauré par la loi du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République, le Conseil d’Etat a confirmé la suspension du règlement intérieur des piscines municipales de Grenoble autorisant le port du « burkini ». Il estime à juste titre que la dérogation très ciblée apportée, pour satisfaire une revendication religieuse, aux règles de droit commun de port de tenues de bain près du corps édictées pour un motif d’hygiène et de sécurité, est de nature à affecter le bon fonctionnement du service public et l’égalité de traitement des usagers dans des conditions portant atteinte au principe de neutralité des services publics (CE ord. 21 juin 2022). Mais, l’ordonnance doit également être lue comme la confirmation d’une jurisprudence favorable aux aménagements pour un motif religieux à condition qu’ils ne soient pas excessifs… 

De même, la haute juridiction, en rejetant le recours des « hijabeuses », a jugé que l’interdiction du « port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, religieuse ou syndicale » prévue par les statuts de la FFF, pouvait légalement être prise puisqu’elle est limitée aux temps et lieux des matchs de football et qu’elle apparaît nécessaire pour assurer leur bon déroulement en prévenant notamment les affrontements ou confrontations sans lien avec le sport. La mesure est donc adaptée et proportionnée (CE 29 juin 2023). Ces pressions revendicatrices interrogent sur le défi lancé à notre modèle civilisationnel.

Le défi civilisationnel

Au XVIIIème siècle, l’exécution du chevalier de la Barre et l’affaire Calas, ouvraient un front contre le fanatisme religieux. Voltaire rendait un réquisitoire contre les superstitions qui colonisent les religions (Traité sur la tolérance, 1763). Désormais, la diffusion du salafisme dans la société civile arme idéologiquement les bourreaux d’une nouvelle ère.

L’écrivain américain, né au Canada, prix Nobel de littérature en1976, Saul Bellow écrit : « Peu de choses sont plus agréables, plus civilisées qu’une terrasse tranquille au crépuscule ». Il baptisait Paris, « ville sainte de la laïcité ». C’est elle qui a été frappée par les attentats du 13 novembre ; le Paris des terrasses de café et des salles de concert. Le principe de laïcité est à un poste avancé. Son abaissement fragilise la liberté d’expression et l’égalité des sexes, et installe « l’insécurité culturelle » (Laurent Bouvet, L’insécurité culturelle. Sortir du malaise identitaire français, Fayard, 2015). Comme un système de vases communicants, à mesure que se réduit le champ de ces droits et principes, s’étend celui de l’intégrisme islamiste qui resserre son étreinte, tel un serpent autour de sa proie. Il impose ses dogmes : l’antisémitisme ; désigne ses cibles : la haine de l’Occident (judéo-chrétien) et de la République (laïque).

Parce qu’ils étaient enseignants, Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie, Dominique Bernard, professeur de français, ont été assassinés. Ces attentats perpétrés pour le premier le 16 octobre 2020 devant le collège de Conflans-Sainte-Honorine, et pour le second dans l’enceinte du lycée Gambetta à Arras le 13 octobre 2023, rappellent la guerre asymétrique livrée contre la liberté d’expression qui, frappant les humanités en plein cœur, visent à réduire au silence et à anéantir le modèle culturel que l’école est censée transmettre.

Funérailles de Dominique Bernard, Arras, 19 octobre 2023 © FRANCOIS GREUEZ/SIPA

La laïcité témoigne d’un processus à l’œuvre qui travaille notre inconscient collectif. Cette singularité française est toutefois en péril, particulièrement à l’école devenue une cible, où la contestation se propage, jusqu’au contenu des enseignements, et par l’autocensure des professeurs confrontés la veulerie administrative du « pas de vague ». Face à la recrudescence des tenues islamiques avec l’apparition des abayas et l’incitation à la prière dans les établissements, le ministre de l’Education nationale Gabriel Attal, après les tergiversations de son prédécesseur, a par la note de service du 27 août 2023 interdit ce type de tenues vestimentaires dans les établissements scolaires publics. Le Conseil d’Etat a par deux ordonnances, rejeté les requêtes en référé liberté et en référé suspension en considérant pour la première, que l’interdiction ne porte pas atteinte à une liberté fondamentale (CE réf. 7 sept. 2023), et pour la seconde, en raison de l’absence de doute sérieux quant à sa légalité (CE réf. 25 sept. 2023). Statuant au fond par un seul et même arrêt, il confirme la légalité de l’interdiction de l’abaya dans ces enceintes (CE 27 sept. 2024).

La réaffirmation périodique du principe de laïcité n’aura pas l’effet escompté sans une maîtrise de l’immigration : « On peut intégrer des individus […] On n’intègre pas des peuples, avec leur passé, leurs traditions…» (Ch. de Gaulle, Propos rapportés par Alain Peyrefitte dans “C’était De Gaulle” éditions de Fallois, Fayard, 1994, tome 1 page 56). Attribut de la souveraineté, la politique migratoire doit être définie en fonction des capacités d’accueil (travail, logement…) et des facultés d’assimilation de la langue et du système de valeurs. Le Danemark et la Suède, pour les pays scandinaves rompus au consensualisme politique, ont su dresser le diagnostic et trouver leurs remèdes. La France serait bien inspirée, plutôt que de sombrer dans le palliatif, d’expérimenter sa propre méthode prophylactique et curative pour enfin offrir ce qu’elle a de meilleur à qui pourra en suivre le destin dans sa continuité historique. 

Le Général de Gaulle débute ces mémoires d’espoirs (Le renouveau 1958-1962) par cette formule restée célèbre « la France vient du fond des âges… Elle demeure elle-même le long du temps… Aussi l’Etat, qui répond de la France, est-il en charge, à la fois de son héritage d’hier, de ses intérêts d’aujourd’hui et de ses espoirs de demain ». Le principe de laïcité participe de ce mouvement que les chantres de la société inclusive abhorrent.

Par Wilfried Koepfer le 21 octobre 2024

Causeur


lundi 2 septembre 2024

Rentrée scolaire : Jules Ferry impose l’école laïque respectueuse des croyances



Ce lundi 2 septembre, écoliers et professeurs rejoignent leur établissement pour la rentrée scolaire. Pour ceux qui pensaient faire l’école buissonnière et profiter de quelques jours de vacances supplémentaires, c’est raté car depuis le 28 mars 1882 et à l’initiative du ministre Jules Ferry (1832-1893), l’enseignement en France, déjà gratuit, est devenu obligatoire et laïque.

La gratuité

Devenu ministre de la République et de l’Instruction publique le 4 février 1879, Jules Ferry va amener de profonds changements au sein du monde de l’enseignement en imposant tout d'abord, par la loi de 1881, la gratuité de l’école. Cette nouvelle législation n’est pas une révolution mais le simple prolongement des lois Guizot de 1833 et Duruy de 1867 qui, déjà, exemptaient les enfants de familles pauvres de payer pour avoir accès à l’éducation et encourageaient les communes et municipalités à financer les écoles pour faciliter l’accès de tous aux savoirs. 

Ferry n’a ainsi que généralisé la gratuité de l’enseignement à toute la France en supprimant les derniers obstacles : « Il ne sera plus perçu de rétribution scolaire dans les écoles primaires publiques, ni dans les salles d’asile publiques [ancien nom de l’école maternelle] Le prix de pension dans les écoles normales est supprimé ».

L’obligation scolaire

Le deuxième objectif de Jules Ferry est de faire voter par l’Assemblée nationale l’obligation scolaire. En effet, malgré la gratuité, beaucoup d’enfants échappent à l’instruction à cause de leur famille. Dans les milieux agricole, artisanal ou commercial, les parents font bien souvent appel à leur progéniture pour les aider aux champs, à l’atelier ou au magasin.

La République souhaite émanciper ces citoyens par le savoir et les faire sortir de la misère sociale et économique. Ainsi la loi du 28 mars 1882 prévoit, pour le plus grand malheur de nos écoliers adeptes de l’absentéisme, que « l'instruction primaire est obligatoire pour les enfants des deux sexes, français et étrangers, âgés de six à quatorze ans révolus ». Les successeurs de Jules Ferry au poste de ministre de l’Instruction publique puis de l’Éducation nationale augmenteront progressivement la limite d’âge jusqu’à 16 ans en 1959.

La laïcité

Si, aujourd’hui, la laïcité est sacrée au sein de nos écoles, au nom du respect de la liberté de chacun de croire ou de ne pas croire, la motivation originelle de cette idée est toute autre. En effet, la République française au XIXème siècle voit d’un mauvais œil la présence de religieux au sein des écoles et notamment ceux de la religion majoritaire sur le territoire : la puissante Église catholique. Pour nos anciens politiques anticléricaux, l’homme moderne doit se séparer des superstitions religieuses du passé pour être libre et avancer. 

Le citoyen français doit être aussi entièrement fidèle à sa patrie et ne pas avoir d’autres intérêts que ceux de la République. Ainsi, l’éducation religieuse est remplacée par l’éducation civique et les écoles de France ne forment plus des croyants mais des citoyens. Par la loi du 28 mars 1882 : « Sont abrogées les dispositions [qui] donnent aux ministres des cultes un droit d'inspection, de surveillance et de direction dans les écoles primaires publiques et privées et dans les salles d'asile ». Gracieusement, la République accorde quand même « un jour par semaine, en outre du dimanche, afin de permettre aux parents de faire donner, s'ils le désirent, à leurs enfants, l'instruction religieuse en dehors des édifices scolaires ».

Eviter de blesser

Jules Ferry souhaite cependant rester modéré. Ne voulant pas passer pour un antireligieux, il préconise que « le maitre doit éviter comme une mauvaise action tout ce qui dans son langage ou dans son attitude blesserait les croyances religieuses des enfants confiés à ses soins, tout ce qui porterait le trouble dans leur esprit, tout ce qui trahirait de sa part envers une opinion quelconque un manque de respect ou de réserve » (Lettre aux instituteurs du 17 novembre 1883). 

Néanmoins, son œuvre politique constitue une victoire mais aussi une avancée cruciale pour les anticléricaux souhaitant la séparation définitive de l’Église et de l’État qui advient en France en 1905. Seules, l’Alsace et la Moselle, sous domination allemande depuis 1871, échappent à ces lois. Ainsi, lors de leur rattachement avec la France en 1918, le Concordat de 1801 est toujours maintenu malgré des tentatives de réforme et de suppression. Ce faisant, aujourd’hui encore, l’enseignement religieux est toujours dispensé au sein des écoles publiques de cette région.

Si aujourd’hui la gratuité et l’obligation scolaire ne sont plus remises en question en France, plus d’un siècle après la promulgation de ces lois par Jules Ferry, la laïcité demeure un sujet délicat. Ces dernières années, le port du voile et de l'abaya au sein des sanctuaires des hussards noirs de la République a été le foyer de nombreuses polémiques.

Par Eric de Mascureau le 2 septembre 2024

Boulevard Voltaire


vendredi 8 décembre 2023

Jordan Bardella : «Défendons la laïcité contre ses ennemis réels, non pas les crèches de Noël mais les prédicateurs islamistes»



«Le couteau vaut peu contre l'esprit», clamait le chancelier de France Michel de L'Hospital en août 1560, tandis que le fléau du fanatisme s'apprêtait à faire basculer notre nation dans les guerres de religion. De Crépol à Arras, en passant par le XVIe arrondissement de Paris, alors que le sang versé de tant d'innocents rougit encore le sol de France, ces mots résonnent avec une acuité tristement moderne. Plus que n'importe quelle envolée lyrique sur le «vivre ensemble» ou charte affichée dans nos mairies, ils permettent de saisir la singularité de notre rapport à la laïcité, de comprendre que ce principe, loin de tout irénisme, a dès l'origine été pensé comme un moyen de dépasser la violence inhérente à notre histoire. 

Si la laïcité a permis au cours du dernier siècle l'enracinement de la République, elle s'est forgée à la faveur d'un substrat politique et culturel millénaire. Son histoire remonte en effet au Xe siècle avec les nombreux rois Capétiens excommuniés, se poursuit sous Philippe le Bel qui récuse l'infaillibilité pontificale pour forger les grands attributs de la souveraineté nationale, et gagne finalement en épaisseur avec le gallicanisme du XVe siècle, les guerres de religion, la Révolution française et l'Empire.

À mesure que le souverain s'affirme face aux tutelles extérieures et menaces de guerres civiles, une séparation stricte des domaines se met en place. D'un côté, le domaine des croyances (religieuses ou non) ; de l'autre l'espace public, celui de la délibération par le peuple souverain autour de l'intérêt général, à la lumière de la raison. Cette séparation, rappelons-le, n'est pas synonyme d'atteinte à la liberté de conscience de qui que ce soit. De même, qu'elle ne signifie nullement l'éradication de nos racines et de la mémoire religieuse, essentiellement chrétienne, d'une France qui conserve son surnom de «fille aînée de l'Église» malgré les soubresauts de l'histoire. 

En revanche, la laïcité, lorsqu'elle s'impose définitivement au tournant du XXe siècle, exige que l'espace public soit le plus possible protégé des velléités d'emprise du religieux et des revendications communautaristes de toutes sortes. Les manifestations du religieux y sont donc strictement limitées et un «pacte de discrétion» (Jean-Éric Schoettl) tacite prévaut entre l'État et les croyants. Cet appel à la retenue et à l'accent mis sur le commun a été l'une des conditions de la concorde nationale, permettant d'enterrer la hache de guerre entre l'Église et l'État. 

La laïcité a ainsi gagné le cœur des Français, aujourd'hui attachés dans leur immense majorité aux grandes lois qui en découlent (1905, 2004 et 2010). De la déstabilisation du Moyen-Orient au chaos sécuritaire et migratoire, en passant par le retour en force des particularismes et structures tribales engendré par la mondialisation, les convulsions que nous vivons montrent néanmoins que ce que beaucoup de nos compatriotes considéraient comme acquis demeure fragile. De puissantes idéologies ont déclaré la guerre à notre laïcité et, à travers elle, à l'idée éminemment politique que nous nous faisons de notre nation.

Plus conquérant que jamais, l'islamisme rejette tout d'abord le principe d'une intériorisation de la foi et cherche à s'imposer dans l'ensemble de l'espace social, à travers le voilement, l'appel au djihad et, bien souvent, la violence. Désireux d'éteindre toute lueur de savoir, de liberté et d'émancipation, il prend pour cible tout ce qui incarne le combat contre le fanatisme et le littéralisme avec le double espoir de nous terroriser et de nous soumettre. L'école, en particulier, fait désormais office de cible stratégique avec un succès que raconte cette donnée terrifiante issue d'un sondage Ifop publié ce vendredi : 38 % des musulmans scolarisés en France ne condamnent pas clairement l'auteur du meurtre de Dominique Bernard

Pour étendre ses ténèbres, le totalitarisme islamiste profite plus largement du ressentiment de Français musulmans à qui les islamistes font croire que la laïcité serait un outil de discrimination à leur encontre et l'universalisme un paravent de la domination occidentale sur le monde. Il bénéficie pour ce faire de l'appui précieux de nombreux idiots utiles, dans le paysage intellectuel, associatif et bien sûr politique avec la Nupes, en particulier La France insoumise. En passant de Charlie Hebdo à «Allah Akbar», cette dernière a tourné le dos à la République pour mieux embrasser le sans-frontiérisme et le clientélisme. Sur fond d'exaltation des différences, elle travaille à liquider la laïcité, réduite à la seule neutralité de l'État et à la «coexistence» de religions appelées, comme au Liban, à se regarder en chiens de faïence. 

À travers cette entreprise mortifère, l'extrême gauche se met dans la roue de toutes les organisations internationales et puissances étrangères qui, sous prétexte de défendre les droits de l'homme, en veulent à notre modèle. Les semaines qui ont suivi l'assassinat de Samuel Paty, de même que les réactions hostiles après la nécessaire interdiction de l'abaya dans nos écoles, ont permis de prendre la mesure de notre isolement.

Si certains ont fait du déni leur fonds de commerce, les Français ne sont pas dupes face aux menaces que ces idéologies et discours victimaires portent en germes. Selon une étude Ifop de juin 2023, 67 % d'entre eux estiment ainsi que «la laïcité est en danger». 

On ne peut malheureusement pas en dire autant de la majorité présidentielle et d'Emmanuel Macron dont le bras tremble systématiquement lorsqu'il s'agit d'agir. Que dire par exemple de la lâcheté du gouvernement face au séparatisme islamiste, de la mise sous tutelle par Pap Ndiaye du Conseil des sages de la laïcité ou encore de la proximité de l'Élysée avec des personnalités résolument communautaristes, à l'image de Yassine Belattar, cet encombrant compagnon de route récemment condamné pour menaces de mort ? 

Ces démissions à bas bruit n'ont rien de surprenant lorsqu'on se remémore ce qu'était originellement le macronisme. Au cours de sa première campagne présidentielle, Emmanuel Macron qualifiait en effet les laïques de «laïcistes», pourfendait la «laïcité revancharde» et déplorait que l'on fasse de la laïcité «une arme» contre «la religion musulmane». Qu'il se permette aujourd'hui de distribuer ça et là des brevets de républicanisme prête à sourire au regard de cette rhétorique très proche de celle des pires adversaires de la République.

S'il a depuis endossé de nombreux masques contradictoires, «en même temps» oblige, le président de la République n'est probablement jamais sorti de cette vision très anglo-saxonne. D'où sa condescendance à l'égard de tous les laïques sincères qui ont cru bon de lui tendre la main. D'où son incapacité à protéger nos institutions et son inconséquence permanente. La tenue d'une cérémonie religieuse au sein même du palais présidentiel, destinée sans doute à faire oublier l'absence d'Emmanuel Macron à la marche contre l'antisémitisme et sa difficulté à nommer la réalité de la nouvelle judéophobie, vient d'en apporter une nouvelle preuve.

Cet esprit de renoncement nous conduit à la catastrophe en ce qu'il crée les conditions d'un affrontement entre civilisation et barbarie sur notre sol. Les drames répétés et l'ensauvagement que nous vivons en apportent, quotidiennement, la confirmation. 

En cette journée de célébration de la laïcité, nous devons demander des comptes à ceux qui ont failli. Reconnaître que ce qu'ils ont fait à la laïcité procède du même mouvement que ce qu'ils ont fait à la France. Le temps est venu de défendre la laïcité contre ses ennemis réels, non pas les crèches de Noël mais les prédicateurs islamistes qui ne connaissent rien d'autre que la Loi de leurs prophètes. Pour les combattre, nous avons avec nous la force de nos lois, l'intransigeance de nos principes et la mémoire de notre histoire. 

Il ne faut pas se méprendre sur cette dernière mais reconnaître au contraire que la loi de 1905, aussi importante soit-elle, n'est qu'une étape dans les siècles qui ont fait de la laïcité un de nos principes cardinaux. Que la laïcité est tout autant inscrite dans les textes que dans les têtes en ce qu'elle synthétise le sens même de la République, à savoir la conviction que la raison et la citoyenneté doivent l'emporter face aux forces de fragmentation et aux obscurantismes. Que la laïcité, enfin, ne saurait être considérée au même titre que des options spirituelles particulières et qu'elle est une promesse d'ouverture sur l'universel faite à chaque individu, peu importe le poids des déterminismes et des identités claniques fantasmées.

C'est avec ce discours de vérité et ce courage qu'il nous faut renouer pour reprendre le flambeau de la laïcité que les gouvernements successifs ont laissé tomber à terre. Il en va de la préservation d'une certaine idée de la République française et de nos manières de vivre. Il en va de l'avenir de la paix civile.

Tribune libre de Jordan Bardella, Président du Rassemblement National du 8 décembre 2023

Le Figaro

jeudi 26 octobre 2023

Provocations et menaces islamistes contre le maire de Francheville : le voile islamique n'a pas sa place dans le cadre scolaire !



Communiqué de Julien Odoul, député RN de l'Yonne du 25 octobre 2023

Depuis samedi dernier, le maire de Francheville (Rhône), Michel Rantonnet, est accusé « d’islamohobie » et menacé par des islamistes, dont le CCIE (ex CCIF), une mouvance proche des Frères Musulmans dissoute en France en 2021.

Son crime ? Avoir refusé de se prendre en photo avec une étudiante exhibant un voile islamique lors d’une cérémonie de remise de prix pour les bacheliers. Cet élu de la République est aujourd’hui jeté en pâture sur les réseaux sociaux pour avoir simplement voulu affirmer le principe de laïcité.

Si le port de signes religieux ostensibles est interdit dans l’enceinte des écoles, collèges et lycées publics depuis la loi du 15 mars 2004, il est actuellement permis dans le cadre scolaire pour les sorties, les voyages, les évènements sportifs, festifs ou honorifiques, en lien avec l’Éducation nationale ou directement sous sa tutelle.

Cette incohérence législative et ce vide règlementaire profitent aux promoteurs et aux militants de l’islam politique qui ne se privent jamais pour exhiber les symboles de leur idéologie en guise de provocation et de banalisation. L’absence de cadre clair est une faiblesse exploitée par les réseaux islamistes qui cherchent à faire entrer leur dogme au sein des écoles et par conséquent remettre en cause la loi de 2004.

En Commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale, le ministre Gabriel Attal, s’est dit opposé à la lutte contre le prosélytisme religieux au « nom du droit des mères voilées à accompagner les sorties scolaires ».

Derrière l’interdiction des abayas, le laxisme reste la marque de fabrique de ce gouvernement qui refuse d’agir globalement préférant les coups de communication.

Pour faire face à l’augmentation des attaques islamistes contre l’École de la République et pour protéger les professeurs, les élèves et les élus, le député Julien Odoul et plusieurs de ses collègues du groupe RN ont déposé une proposition de loi visant à interdire le port de signes ou de tenues manifestant de manière ostensible une appartenance religieuse ou politique dans les sorties et les activités organisées dans le cadre scolaire.

RN

dimanche 10 septembre 2023

Cet été, c’est peut-être l’année des méduses, mais plus sûrement celle des burkinis !



Brigitte Bardot, il y a bien longtemps, nous enchantait avec sa mélopée de l’été : « sur la plage abandonnée, coquillages et crustacés… ». Mais ça, c’était il y a longtemps. Aujourd’hui le problème des plages ce sont les proliférations de burkinis.

On se rappelle que le courageux maire de Mandelieu-la-Napoule, Sébastien Leroy (LR), prenait depuis 2012, un arrêté anti-burkini, interdisant l’accès aux plages et à la baignade à des tenues « non respectueuses des règles d’hygiène et de sécurité »Cet arrêté a été appliqué sans difficulté aucune jusqu’à cette année. Mais c’était sans compter sur l’inénarrable Ligue des Droits de l’Homme, (LDH), qui a fait en 2023 un recours qui n’a pas prospéré en première instance devant le tribunal administratif. Mais en cassation, le Conseil d’État a retoqué la décision municipale et l’a suspendue. Selon nos juges du Palais Royal, cela « porte atteinte à la liberté d’aller et venir, la liberté de conscience, et la liberté personnelle. »

Cela n’a pas empêché, un autre édile non moins courageux, David Rachline, maire RN de Fréjus depuis 2014, de faire peu ou prou la même chose en interdisant lui aussi, le 2 août dernier, : « le port du burkini sur le domaine public maritime fréjusien… pour garantir la sécurité des baigneurs et ne pas compliquer les opérations de sauvetage en cas de début de noyade. »

Car 362 noyades ont été enregistrées du 1er juin au 12 juillet 2023 et « il est essentiel de faire de la prévention et d’instaurer des règles de bon sens »David Rachline qui avait pris le même arrêté en 2022, rappelle que « le port d’une tenue couvrante et ample n’est pas compatible avec les règles d’hygiène de base, dans le cadre d’une baignade dans l’espace public maritime. »

En réalité, vous l’avez compris, cette décision interdit la baignade en burkini, mais pas l’accès aux plages. En 2022, David Rachline, avait justement fustigé la décision d’Éric Piolle, maire EELV de Grenoble, d’autoriser les burkinis dans ses piscines municipales.

Il avait alors relevé : « je ne peux ni comprendre, ni partager de telles dérives qui vont à l’encontre de notre principe républicain fondamental de laïcité… j’y vois là une complaisance coupable avec l’islamisme radical, à des fins électoralistes et au mépris de la cohésion nationale. »

Rappelons, que dans les piscines municipales, les règlements qui interdisent le port de certains signes religieux ostentatoires avaient été validés par le Conseil d’État. Il faut lire les ouvrages remarquables de Marie-Thérèse Urvoy, islamologue réputée, arabisante, qui a enseigné à l’université Michel de Montaigne Bordeaux 3, et à l’institut catholique de Toulouse. Auteur seule où avec son mari Dominique Urvoy d’une vingtaine d’ouvrages sur le sujet, elle a publié en 2021 chez Artège, Islam et islamisme, frères ennemis ou frères siamois ?

Dans un entretien avec Eugénie Bastié, publié dans le Figaro du 17 décembre 2021, elle recadre le fait que : « contrairement au christianisme, l’islam porte dès l’origine une dimension politique, ce n’est pas seulement une religion, mais un code qui régit l’essentiel de l’existence »Et de redire le primordial que tout occidental devrait savoir : « le chrétien ne pourra pas tirer de préceptes politiques clairs des Évangiles. En revanche le musulman trouvera toujours de la politique dans ses textes sacrés : la discrimination entre musulmans et non-musulmans est inscrite dès la charte de Médine dictée par le prophète. La distinction entre musulmans et dhimmis est éminemment politique, ainsi évidemment que celle entre homme et femme, détaillées dans tous les traités de droit islamique. »

Tout est dit, il suffit de lire le Coran d’ailleurs pour s’en convaincre immédiatement. Dès lors, les actions qui promeuvent le voile, le hijab, le burkini s’inscrivent toutes dans le fait que « l’islamisme ne vise pas à séparer, mais à conquérir »comme l’énonce Marie-Thérèse Urvoy en titre de ce dialogue passionnant. Mais visiblement, nos hautes autorités politiques ou judiciaires, nos grandes consciences humanitaires et philosophiques se refusent à le voir, à le comprendre et à le dire.

C’est pourquoi, il faut soutenir la décision de la députée des Alpes Maritimes, Alexandra Martin (LR), qui a déclaré déposer une proposition de loi visant « à interdire le port du burkini sur toutes les plages du littoral français, ainsi que dans toutes les piscines publiques »Mais encore faut-il que cette proposition recueille une majorité, et qu’elle passe le barrage du Conseil constitutionnel.

Sinon, un jour, comme en Grande Bretagne par exemple, on permettra dans certaines zones, pour certains litiges, pour certaines personnes d’appliquer ni plus ni moins que les lois de la charia à la place du droit national. Jusqu’à la conquête ?

Par Michel Festivi le 9 septembre 2023

Eurolibertés

jeudi 31 août 2023

Abaya interdite : faudra-t-il sauver le soldat Attal ?



En une phrase, Gabriel Attal, successeur de Pap Ndiaye à l’Education nationale, est sorti du centrisme précautionneux pour avaliser la radicalité en politique. « J’ai décidé qu’on ne pourrait plus porter l’abaya à l’école », a-t-il déclaré dimanche sur TF1. L’abaya est ce vêtement féminin (similaire au qamis pour les hommes) qui est de plus en plus porté par les élèves des « cités populaires », en signe d’appartenance à l’islam démonstratif et prosélyte. De ce point de vue, cet uniforme militant, qui souligne un séparatisme, peut s’apparenter au port du voile islamique interdit à l’école par la loi de 2004 au nom de la laïcité. Bien que farouche défenseur des libertés d’expression, j’approuve néanmoins la position d’Attal. Elle vient contrer, en effet, l’expansion d’une idéologie théocratique, totalitaire, liberticide. Celle-ci instrumentalise la tolérance de la République pour mieux la subvertir. Il n’est pas interdit pour un Etat de poser des limites quand il s’agit de faire obstacle à une offensive de l’islam politique. 

Ce n’est pas à lui de définir ce qu’est la laïcité à la française. Cette laïcité oblige à la discrétion religieuse dans l’espace public et singulièrement dans le sanctuaire qu’est l ‘école de la République. L’abaya ou le qamis sont des panoplies qui, comme le voile, répondent à la stratégie des Frères musulmans, organisation sectaire, conquérante et suprémaciste. Elle-même cherche à occuper les institutions et les territoires par sa visibilité ostensible et son défi porté à la nation des droits de l’homme.

Il faut donc applaudir Attal, qui rompt avec un déni des réalités. Mais rien ne dit que le nouveau ministre saura aller au bout de sa position, qui reste pour l’instant au stade de la communication. L’ambiguïté d’Emmanuel Macron, qui ne veut analyser les problèmes que sous l’angle économique et social, n’aide pas à imposer une idée claire sur l’enjeu de civilisation que pose l’abaya. « Il faut s’atteler à reciviliser »,  a déclaré le chef de l’Etat dans un entretien-fleuve au Point. L’essayiste Malika Sorel lui a rappelé, hier dans le même hebdomadaire, qu’ « il ne s’agit point de « décivilisation » mais d’une autre civilisation ».  Les vêtements islamiques ne sont qu’une partie d’un phénomène de basculement identitaire, sous la pression d’une immigration musulmane de masse et d’un échec de l’intégration, notamment par l’école. Or cette perspective d’un remplacement culturel enchante le « progressisme » et son culte de la diversité. 

C’est Bruno Roger-Petit, devenu conseiller à l’Elysée, qui écrivait en 2014 : « Oui la France va changer car elle a déjà changé (…) Oui il y aura un jour, avant la fin de ce siècle, un président de la République dont le prénom sera Mohamed, ou Ahmed, ou Nouredine. C’est une perspective formidable ». L’extrême gauche, qui voit dans l’annonce d’Attal « un rejet obsessionnel des musulmans » (Clémentine Autain, LFI) s’apprête à hurler à l’islamophobie, en se liant toujours un peu plus à l’islam radical, sexiste et antisémite. Ce dernier, fort de tels zélés collaborateurs et de la faiblesse des belles âmes, ne laissera pas l’offensive anti-abaya sans riposte.  Faudra-t-il sauver le soldat Attal ?

Par Ivan Rioufol le 28 août 2023

Le Blog d'Ivan Rioufol


mardi 18 octobre 2022

La Libre Pensée : ces laïcards qui pourchassent les cathos mais défendent les musulmans



Les Sables-d’Olonne-Valence, deux poids deux mesures. Au moment où la Libre Pensée obtient le déboulonnage de la statue de l’archange saint Michel en Vendée, l’association – qui assure œuvrer pour le strict respect de la loi de 1905 – apporte son soutien à une école hors-contrat musulmane dans la Drôme. Ces « bouffeurs de curé », qui n’ont que le mot « laïcité » à la bouche, n’en sont pas à leur première incohérence.

Complaisance avec l’

L’annulation de la vente d’un terrain municipal à l’association Valeurs et Réussite, soupçonnée de proximité avec les Frères musulmans, n’a pas fini de faire parler. Alors que la mairie et la préfecture justifient leur choix par les nécessités de l’urbanisme, certains s’indignent du traitement prétendument « discriminatoire » qui serait réservé à l’école musulmane. Parmi eux, la Fédération de la Drôme et de l’Ardèche de la Libre Pensée. Elle apporte donc son soutien à l’établissement scolaire. « Dans cette "affaire", un certain nombre de réalités ont été perdues de vue par de pseudo-laïques dont l'unique cible est la  musulmane », expliquent les militants laïcards dans un récent communiqué.

Ce n’est pas la première fois que la Libre Pensée s’illustre par sa complaisance avec l’islam. Déjà en 2016, l’association anticléricale avait pris parti en faveur du port du burkini sur les plages françaises. Alors que la polémique sur le burkini sur les plages françaises prenait de l’ampleur, la Libre Pensée prônait la bienveillance envers la communauté musulmane. Cinq ans plus tard, quand le sujet du burkini refait surface, ces chantres de la laïcité « condamnent » les arrêtés municipaux qui interdisent ces vêtements de bain islamique. À propos des repas de substitution sans porc pour les élèves musulmans, la Libre Pensée se range une nouvelle fois du côté des revendications musulmanes. Et sur la question du voile, là encore, nos laïcards aux cheveux grisonnants affichent leur soutien à une candidate LREM de Montpellier portant un hijab sur une affiche de campagne. « L’atteinte à la laïcité n’est pas dans le port d’un voile pour une candidate, note la fédération de l’Hérault. Par contre, l’atteinte à la laïcité est réelle quand le conseil municipal de Montpellier vote des subventions chaque année pour la promotion du culte catholique de saint Roch [fête traditionnelle de Montpellier, NDLR] ». L’ oui, les traditions chrétiennes non.

Une croisade contre les catholiques

Ce paradoxe religieux définit à lui seul l’action de la Libre Pensée qui, loin de lutter contre les atteintes à la laïcité comme le promet son manifeste, mène un combat résolument anticatholique. Grâce à un important maillage territorial et une méthode bien rodée, ces laïcards, dont certains ne cachent plus leurs accointances avec la franc-maçonnerie, s’attaquent aux racines chrétiennes de la France. Outre la statue de saint Michel aux Sables-d’Olonne, les militants de la Libre Pensée ont d’ores et déjà attaqué au tribunal administratif la statue de la sainte Vierge sur l’île de Ré, la croix de saint Jean-Paul II à Ploërmel, les crèches dans les mairies pendant l’Avent, les subventions aux écoles privées catholiques ou encore la participation d’élus à des fêtes religieuses traditionnelles. À chaque fois (ou presque), ils obtiennent gain de cause et créent ainsi de nouvelles jurisprudences. Leur dernier combat en date : rebaptiser – sans mauvais jeu de mots - le groupe scolaire public Jules-Géraud-Saliège, à Toulouse, du nom d’un cardinal emblématique de la ville, reconnu « compagnon de la Libération » et « Juste parmi les nations ».

Ces militants, qui se scandalisent du moindre calvaire en terre chrétienne, ne s’arrêtent pas aux lieux publics. Ils s’en prennent également à la pratique personnelle – et donc non soumise aux lois sur la laïcité – de la  catholique. Sur leur site Internet, ils lancent une campagne de « débaptisation ». Ils proposent ainsi à leurs membres qui auraient reçu le sacrement de baptême enfant de demander la suppression de leur nom des registres paroissiaux. La Libre Pensée demande encore à ses adhérents de « n’accomplir personnellement aucun acte religieux ».

Malgré la ringardise de cette poignée de militants antichrétiens, leur efficacité judiciaire peut nous faire craindre la disparition des signes visibles et tangibles de nos racines chrétiennes.

Par Clémence de Longraye le 17 octobre 2022

Boulevard Voltaire