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mercredi 6 novembre 2024

Victoire de Donald Trump : réveil difficile et gueule de bois pour la gauche

 


« Nuit blanche, nuit sombre ». 

Ce 6 novembre au matin, alors que les premières estimations sur le résultat de l’élection présidentielle nous parviennent des Etats-Unis, la gauche française se réveille avec une « grosse gueule de bois ». 

Ces élus, du Parti socialiste à la France insoumise, qui, pendant des mois ont brossé un portrait diabolique de Donald Trump, peinent à comprendre qu’une majorité d’électeurs américains aient pu voter en faveur du candidat républicain. Pire, l’annonce définitive du résultat, aux alentours de 11 heures 30 (heure française), donnant la victoire électorale et populaire au camp MAGA, a fini par agacer cette gauche bien-pensante qui refuse de saluer la victoire démocratique du candidat. 

Amère face au come-back historique de Donald Trump, la gauche française s’enferre dans des reductio ad hitlerum. En vain, l’argument ne fonctionne plus.

« Backlash climato-sceptique, masculiniste et raciste »

« Grosse gueule de bois ce matin ». Yannick Jadot, à peine réveillé, n’en revient pas. Donald Trump, que la gauche française n’a cessé de conspuer depuis des mois voire des années, est donné gagnant par les principaux analystes et semble en passe de remporter à la fois une majorité de grands électeurs, mais aussi le vote populaire. 

Au lieu de saluer ce résultat historique et cette élection démocratique, le sénateur écologiste choisit de revenir encore et toujours à la diabolisation du candidat républicain. « Tous les pouvoirs fédéraux (présidence, Sénat, Cour Suprême) aux mains de Trump, s’inquiète l’élu français. Je pense aux futures victimes des délires trumpistes, du fond des Etats-Unis au front ukrainien ». 

Même son de cloche du côté de Marine Tondelier. Sur X, la patronne d’Europe Ecologie les Verts, abonde : « Cet enfer qui se profile… Courage aux Américaines et Américains qui seront en première ligne des politiques de Trump. » Oublie-t-elle que ce sont ces Américaines et Américains qui, dans leur majorité, ont voté en faveur de Donald Trump ? Toujours dans les rangs des écolos, Sandrine Rousseau, connue pour son manque de mesure, ne fait pas défaut à sa réputation. 

« Les Etats-Unis sont les théâtre d’un backlash climatosceptique, masculiniste et raciste, soutenu et encouragé par les acteurs d’une économie libérale avides de profits. Angoisse. » écrit-elle sur son compte X. Sa collègue, Marie Toussaint, surenchérit : « Cette nuit, c’est la brutalité, le mépris, le chaos. Tenons-nous prêts à nous battre pour la démocratie, la justice et l’égalité ».

Surenchère insoumise 

Chez les Insoumis aussi, le réveil semble avoir été difficile. Malgré l’écrasante victoire populaire et électorale de Donald Trump, la France insoumise continue de rabâcher les mêmes arguments. Chacun y va ainsi de son superlatif pour s’alarmer du résultat de l’élection américaine. « C’est un drame, commence Clément Guetté, députée LFI. […] Notre pays doit se tenir auprès de celles et ceux qui souffriront de sa politique ». « Victoire de Donald Trump, ennemi des femmes, des personnes racisées, de la liberté de la presse et du climat. J’ai une pensée pour toutes celles et ceux qui subiront les effets de ses politiques dévastatrices » ajoute Manon Aubry, eurodéputée insoumise. Et Carlos Bilongo, député insoumis, de qualifier Donald Trump de « très dangereux ». « Son premier discours laisse déjà présager les pires scénarios possibles pour l’avenir et l’écologie » poursuit-il

Jean-Luc Mélenchon craint, quant à lui, que « le monde monte en tension » tandis que Raphaël Arnault déclare être dans « une colère immense ». Mais la palme de la surenchère revient sûrement à Clémentine Autain qui va jusqu’à parler de « catastrophe planétaire ». D’autres, à l’instar d’Aymeric Caron ou encore Raphaël Arnault et Manon Aubry, tentent une analyse du scrutin et expliquent la défaite de Kamala Harris notamment par son manque de soutien à la cause ukrainienne ou palestinienne

Côté socialiste, on ronge son frein en silence. A la surenchère des Insoumis, des élus du Parti socialiste préfèrent l'absence de commentaires ou la prise de recul. Pierre Moscovici, ancien ministre sous François Hollande, choisit quant à lui, l'option pseudo-poétique avec un commentaire laconique : « Nuit blanche, nuit sombre ». Histoire, peut-être, donner l'illusion qu'il reste dans sa réserve de Premier président de la Cour des comptes.

Plutôt que de se fourvoyer dans la dénonciation (facile) d'un fascisme qui n'existe pas, la gauche française devrait plutôt écouter les conseils de l'un des ses siens, Julien Dray, ancien député socialiste : « Quand le peuple vote, on commence d’abord par le comprendre, et donc qu’une partie de la gauche bien pensante  prenne enfin le temps de réfléchir et se garde de voir le fascisme partout lui fera le plus grand bien… ».

Par Clémence de Longraye le 6 novembre 2024

Boulevard Voltaire

lundi 28 octobre 2024

France 5 lance son opération « Trump fasciste » !



« Donald Trump remplit quasiment toutes les cases du fascisme. » L’élection américaine approche à grands pas, Kamala Harris et Donald Trump restent au coude-à-coude dans les sondages et, en France, l’ombre d’une possible victoire du leader Républicain effraie l'audiovisuel public. Ce dimanche 27 octobre, deux émissions diffusées sur France 5 se sont ainsi emparées du sujet pour alerter sur le « danger Trump ». Pendant plus d’une heure, les invités de C Politique ont débattu de la prétendue menace fasciste que représenterait l’ancien président des Etats-Unis. Quelques minutes plus tôt, sur le plateau d’En Société, toujours sur France 5, les invités avaient abordé la même thématique. Et la semaine précédente, la discussion portait sur la folie de Trump

A chaque fois, le débat tourne rapidement court. Jamais il n’a été question, au cours des deux émissions de ce 27 octobre, du programme économique de Donald Trump, de ses velléités géopolitiques ou de ses prises de position sociales. Seule la comparaison avec Hitler semble servir d’argument.

"Inapte et dangereux »

Sur le plateau d’En Société, diffusé sur France 5 à partir de 18h40 les dimanches, le sommaire donne le ton. La première partie de l’émission est consacrée à l’élection américaine. Mais les questions posées par la présentatrice - « Une campagne très virile ? » et « Donald Trump : la menace fasciste ? » - ne laissent pas de doute quant au parti pris de la séquence. En à peine quinze minutes de discussion, le nom d’Adolf Hilter est cité. Objectif : tuer le débat. Dominique Bourg, présenté comme un simple philosophe, assume la comparaison, « sans aucun problème » : « [Donald Trump], c’est un fauteur de haine. Comme Hitler, il fascine les foules et il produit un phénomène religieux. »  Sur le plateau, personne ne bronche.

Ce qu’oublie de préciser la chaine du service public, c’est que Dominique Bourg est un philosophe engagé qui a conduit une liste écologiste aux élections européennes de 2019 et qui n'hésite pas à classer Emmanuel Macron à l’extrême droite. Face à lui, Anne Sinclair abonde dans le même sens et agite les mêmes craintes. « J’ai beaucoup plus peur qu’en 2016, déclare-t-elle à propos de Donald Trump. On sait qui il est. […] Cet homme est inapte et dangereux ». Une fois encore, tout le monde autour de la table approuve. La conclusion du débat est simple : Donald Trump serait, à en croire France 5, un dangereux fasciste.

Reductio ad hitlerum 

On aurait pu imaginer que l’émission C Politique, diffusée en début de soirée sur France 5, prenne le contre-pied et apporte un peu de nuance à ce débat. Il n’en est rien. 

Autour de la table, tous les invités (essayistes, journalistes, juristes, linguistes…) sont d’accord pour dire que le candidat des Républicains est un homme dangereux. « Un personnage éminemment problématique », « il donne la priorité à la force sur le droit », « il est très dangereux », « on a raison d’avoir peur »… 

A nouveau, la reductio ad hitlerum intervient au bout de quelques minutes seulement. Olivier Mannoni, traducteur, compare à plusieurs reprises Donald Trump et le dictateur nazi. Pour Mannoni, la prise du Capitole, le 6 janvier 2021, n’est rien d’autre qu'une réécriture de la marche sur Rome de Mussolini en 1922 ou du putsch manqué d’Hitler en novembre 1923. Pire, il accuse le candidat républicain de « remplir quasiment toutes les cases du fascisme ». Selon lui, Donald Trump, dans ses discours, emploierait des « mots directement [tirés] de Mein Kampf », des « termes nazis typiques ». Dernier argument pour appuyer sa thèse : « Quand Trump atterrit en avion face à la foule, c’était Hitler qui le faisait en 1932. Quand on utilise une gestuelle, on ne fait pas abstraction de l’histoire ». 

Face à lui, si certains déclarent que cette comparaison n’est pas des plus pertinentes pour analyser le débat américain, aucun ne la réfute pour autant. Et d’Hitler à Trump, Orban ou Meloni, il n’y a qu’un pas que France 5 semble franchir avec effarante simplicité…

Il faut dire qu’autour de la table, les profils sont assez similaires. France 5 omet à chaque fois de préciser l’engagement politique marqué à gauche de ses invités, comme cette historienne spécialiste du fascisme invitée dans l'émission qui est membre d'un parti de gauche suisse, ou cette magistrate qui s'offusque de la minute de silence en hommage à Philippine ou signe des tribunes en soutien à Nahel. Sur France Inter, la rengaine est la même

Où sont donc passées les obligations de pluralité du service public ?

Par Clémence de Longraye le 28 octobre 2024

Boulevard Voltaire

mercredi 24 juillet 2024

Le NFP veut imposer Lucie Castets à Matignon, mais rien n’oblige E. Macron


Un « non » qui ne passe pas. 

Ce 23 juillet, peu après 20 heures, Emmanuel Macron semble avoir fermé la porte à la nomination d’un Premier ministre issu des rangs du Nouveau Front populaire. « Il serait faux de dire que le NFP a un majorité quelle qu’elle soit » a ainsi rappelé le chef de l’Etat. Avant d’ajouter : « Le sujet n’est pas un nom donné par une formation politique. La question, c’est quelle majorité peut se dégager à l’Assemblée pour qu’un gouvernement de la France puisse passer des réformes et un budget ». Tollé à gauche alors que les membres du Nouveau Front populaire venaient enfin de se mettre d’accord, au terme de quinze jours de négociations, sur un nom - celui de Lucie Castets, une haut-fonctionnaire inconnue du grand public à la tête des finances et des achats de la ville de Paris - pour Matignon. 

« Que d’efforts d’Emmanuel Macron pour nier que le NFP est le bloc arrivé premier ! […] Cette négation du suffrage universel l’amènera dans l’impasse » s’est ainsi agacé Eric Coquerel, député LFI réélu à la tête de la Commission des finances. Un sentiment partagé par Jean-Luc Mélenchon qui dénonce un « Président qui refuse le résultat de l’élection ». 

Chez les Verts, Marine Tondelier appelle « Emmanuel Macron [à] sortir du déni ». « Nous avons gagné, nous avons un programme, nous avons une Première ministre » clame-t-elle sur ses réseaux sociaux

Et Fabien Roussel, pour qui ce refus de nommer Lucie Castets au poste de Premier ministre représente une « violence extrême pour notre démocratie ».

Seul le Président décide

Mais n’en déplaise à Jean-Luc Mélenchon et ses alliés du NFP qui, depuis le soir du second tour des élections législatives anticipées revendiquent la victoire et réclament la nomination d’un Premier ministre de gauche, rien n’oblige constitutionnellement le Président de la République à choisir un Premier ministre issu ou proche du NFP. L’article 8 de la Constitution est clair à ce sujet. « Le Président de la République (et lui seul, NDLR) nomme le Premier ministre. » Aucun délai n’est par ailleurs imposé. Autrement dit, le choix du locataire de Matignon est uniquement entre les mains d’Emmanuel Macron. Ce n’est pas parce que François Mitterrand et Jacques Chirac, lors des précédentes périodes de cohabitation, avaient choisi un Premier ministre issu des rangs du parti arrivé premier au soir des élections législatives que cette pratique prévaut sur le droit.

D’autant plus que si le RPR en 1986 et 1993 et le Parti socialiste en 1997 avaient, en leur temps, obtenu une majorité absolue à l’Assemblée nationale qui pouvait justifier la nomination d’un Premier ministre issu de leurs rangs, aujourd’hui, il n’en est rien. Alors que le NFP tente de faire croire qu’il a gagné les élections législatives et que lui seul peut prétendre à Matignon, la réalité arithmétique du Palais Bourbon rappelle qu’aucun parti, ni aucune coalition n’est majoritaire. Le NFP est certes arrivé en tête en nombre de sièges (182 sièges) mais reste loin - très loin - de la majorité absolue (289 sièges) nécessaire pour gouverner et appliquer son programme.

Un Premier ministre gestionnaire ?

Ainsi, si rien n’oblige, d’un point de vue strictement juridique et constitutionnel, le Président à nommer Lucie Castets à Matignon, la réalité politique de l’Assemblée nationale le contraint tout de même. Comme Emmanuel Macron l’a lui-même souligné lors de son intervention télévisée ce 23 juillet, il doit nommer un Premier ministre capable de faire adopter « des réformes et un budget ». Le Premier ministre doit donc pouvoir rassembler autour de sa personne une coalition assez large pour obtenir la confiance du Parlement - procédure non obligatoire - mais surtout pour éviter d’être renversé par la première motion de censure. Le Premier ministre, quel que soit son parti d'origine s'exposerait ainsi à une motion de censure, un texte déposé par au moins un dixième des députés qui doit être adopté à la majorité absolue. Si adopté, ce texte entraine d'une part la démission du gouvernement en place et le rejet du texte sur lequel cette motion a été engagée. Il y a fort à parier, faute de majorité relative ou absolue que les oppositions se coaliserait pour renverser n'importe quel gouvernement en place, notamment si celui-ci est dirigé par la France Insoumise, parti qui cristallise les critiques.

En son temps, le général de Gaulle préconisait donc en cas de fragmentation de l’Assemblée nationale, de nommer un « Premier ministre gestionnaire » et un gouvernement de « techniciens ». « Cette Constitution a été faite pour gouverner sans majorité. Je ferais appel, comme en 1958, à des hommes nouveaux, des techniciens, des spécialistes qui ne se soient pas compromis dans les luttes politiques, mais qui soient respectés pour leur compétence. Des commis de l'Etat. Des gestionnaires » confiait-il à Alain Peyrefitte. De Gaulle ajoutait tout de même : « Un raz de marée de l'opposition apparaîtrait fatalement comme un désaveu à mon égard. J'en tirerais aussitôt les conséquences. » 

Une dernière option qu’Emmanuel Macron semble avoir d'ores et déjà écartée…

Par Clémence de Longraye le 24 juillet 2024

Boulevard Voltaire


jeudi 18 juillet 2024

« L’inverse » du Puy du Fou : révélations sur la cérémonie d’ouverture des JO



J-9 avant le lancement officiel des Jeux olympiques de Paris 2024. Alors que la capitale se couvre de gradins, que des rues parisiennes se retrouvent encerclées de grillage et qu'Anne Hidalgo a enfin plongé dans la Seine, le metteur en scène et les quatre concepteurs, dont Patrick Boucheron, de la cérémonie d’ouverture dévoilent les premiers éléments de la soirée du 26 juillet. Adieu les bérets et le folklore régional de la cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde de rugby, incarnée à l’automne par Jean Dujardin. Place, désormais, à la déconstruction, au « wokisme d’atmosphère », selon les mots de la sénatrice Valérie Boyer (LR).

Métissage planétaire

C’est dans les colonnes du Monde que Thomas Jolly, metteur en scène, Patrick Boucheron, historien, Leïla Slimani, auteur prix Goncourt 2016, Damien Gabriac, dramaturge, et Fanny Herrero, scénariste (Dix pour cent), dévoilent les premiers détails de la cérémonie d’ouverture. D’emblée, Patrick Boucheron, connu pour son ouvrage controversé L’Histoire mondiale de la France, donne la couleur. La cérémonie d’ouverture sera « le contraire d’une histoire virile, héroïsée et providentielle ». Suivi par près de 300.000 spectateurs sur les quais et ponts de Seine, et par des millions de téléspectateurs à travers le monde, le spectacle se veut moderne, aux antipodes de la cérémonie d’ouverture de Pékin en 2008. 

La cérémonie chinoise, « c’est exactement tout ce que nous ne voulions pas faire : une leçon d’histoire adressée au monde depuis le pays d’accueil, une ode à la grandeur et une manifestation de force », explique ainsi Patrick Boucheron. À l’époque, le spectacle avait pour ambition de représenter plus de 5.000 ans d’Histoire de la Chine sur fond de musique et costumes traditionnels. Pour l’historien français, soutien du Nouveau Front populaire, hors de question de faire de la cérémonie de Paris 2024 une glorification de l’Histoire de France. Au contraire, selon lui, le spectacle du 26 juillet doit « déjou[er] les stéréotypes nationaux et ne pas craindre de prôner le "métissage planétaire" ». Son inspiration ? Le bicentenaire de la Révolution française en 1989 mis en scène par Jean-Paul Goude.

Pour les cinq compères, la cérémonie d’ouverture des JO 2024 sera donc tout « l’inverse » du Puy du Fou, le célèbre parc vendéen, primé, qui exalte et raconte l’Histoire de France. Rien d’étonnant, quand on sait que Patrick Boucheron a signé, en juillet 2023, un reportage à charge contre le parc à thèmes de Philippe de Villiers dans lequel il dénonçait « une conception étriquée » de l’Histoire et une « vision très sélective du passé national ». Aussi, si on ne connaît pas encore précisément les douze tableaux qui composeront la cérémonie d’ouverture qui se tiendra sur la Seine et dans « le ciel », on sait d’ores et déjà ce qu’on ne verra pas… 

À moins que les danseurs, qui dénoncent une iniquité de traitements des salaires, ne mettent leur menace de grève à exécution. Le spectacle tomberait alors à l'eau...

Une cérémonie woke ?

Ces premières révélations sur la cérémonie d’ouverture n’ont pas manqué de faire réagir et de décevoir certains spectateurs. « Être fier de la France, valoriser sa culture millénaire et son héritage, c’est visiblement trop demander. Nous inviterons donc les autres nations dans un tiers-lieu, un carrefour non identifié et déconstruit. Une vitrine de la pensée LFI. Ça promet… » soupire Julien Aubert, ancien député Les Républicains. 

Et Valérie Boyer, sénatrice LR, de fustiger : « Patrick Boucheron ou le wokisme d’atmosphère. Mais pourquoi choisir Paris (le cœur historique de Paris), si ce n’est pas pour organiser un rendez-vous du monde avec la France ? »

Par Clémence de Longraye le 18 juillet 2024

Boulevard Voltaire


mardi 19 mars 2024

La Courneuve : récit d’une instrumentalisation menée par l’extrême gauche



Le drame a été rapidement instrumentalisé. Mercredi 13 mars, Wanys R., un jeune homme de 18 ans, décède après un refus d’obtempérer et une course-poursuite avec les forces de l’ordre à Aubervilliers. Dans les heures qui suivent, l’extrême gauche, élus insoumis en tête, se saisissent de cette affaire pour mettre le feu aux poudres. Récit de quatre jours d’agitation sur les réseaux sociaux qui ont mené à l’attaque du commissariat de La Courneuve (Seine-Saint-Denis), ce 17 mars.

Une attaque « préméditée »

Ce dimanche 17 mars, aux alentours de 23 heures, le commissariat de La Courneuve est pris pour cible par une « cinquantaine d’individus » alors même que des policiers se trouvent encore à l’intérieur du bâtiment. Tirs de mortiers, cocktails Molotov, incendies de poubelles… Pendant quinze longues minutes de vive tension, les fonctionnaires de police essuient les tirs des émeutiers. L’arrivée des renforts permet finalement de rétablir le calme. Lors de l’attaque, deux policiers sont légèrement blessés, annonce la préfecture. Neuf individus, dont sept âgés de 18 à 21 ans et deux mineurs, ont été interpellés pour « participation à groupement en vue de la préparation de violences et/ou de dégradations, jets de projectile et tirs de mortiers en direction du commissariat, et violences volontaires commises en réunion à l’encontre des policiers ». D’autres interpellations sont attendues dans les prochains jours et un important dispositif de sécurité a été mis en place autour du commissariat et aux abords de certains points sensibles.

Selon Reda Belhadj, porte-parole SGP Police FO d’Île-de-France, interrogé par BFM TV, cette attaque aurait été annoncée par des tags « anti-flics ». « Ils clamaient une vendetta pour donner suite aux événements d’Aubervilliers. [Tout cela était] prémédité », assure le fonctionnaire de police. Un sentiment partagé par Laurent Nuñez, le préfet de police de Paris, selon qui l’attaque serait « manifestement » liée au décès de Wanys, originaire de La Courneuve. Laurent Nuñez accuse par ailleurs l’extrême gauche « d’inciter à l’émeute ».

Quand l’extrême gauche souffle sur les braises

En effet, depuis la mort de Wanys, annoncée le 13 mars dernier vers 23 heures, élus et influenceurs d’extrême gauche s’activent pour instrumentaliser cette affaire. Rapidement, alors que deux enquêtes ont été ouvertes, l’une pour refus d’obtempérer, l’autre confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) pour homicide et blessures involontaires, ces militants imposent leur version des faits. À les écouter, alors que l’enquête débute seulement et n’a pas encore éclairci la responsabilité de chacun, l’équipage de police de la BAC lancé à la poursuite de Wanys aurait « volontairement » percuté le scooter du jeune homme, selon l’avocat spécialiste des « violences policières » qui assiste les proches de Wanys, maître Yassine Bouzrou. Une version qui ne prend pas en compte les premières constations du parquet : les policiers auraient « été contraints de faire une embardée pour éviter un véhicule qui ne respectait pas une priorité », comme semblent le montrer les premières images de vidéosurveillance diffusées dans les médias.

Malgré ces contradictions, dans la foulée, Assa Traoré, la militante antiraciste aux 418.000 abonnés sur Instagram, dénonce sur ses réseaux sociaux « les violences policières »« Il faut en finir avec cette manière de gérer l’injustice quand elle a le nom du racisme », martèle la jeune femme, qui se bat depuis plusieurs années pour faire condamner des policiers après le décès de son frère Adama Traoré au cours d’une interpellation. Le rappeur Médine lance, quant à lui, le mouvement « Justice pour Wanys ». Et Elias d’Imzalène, influenceur communautaire déjà très actif lors des émeutes de Nanterre en juin, dénonce « une nouvelle affaire Nahel »« L'arabe, le noir, le musulman sont-ils des bêtes à abattre en France ? », s'interroge-t-il, comme si l'origine du jeune homme entrait en ligne de compte.

« Joli feu d'artifice, ce soir ! »

L’extrême gauche, et notamment La France insoumise, embraye immédiatement. Bastien Lachaud, député LFI de Seine-Saint-Denis, appelle dès le lendemain de la mort de Wanys à en finir avec « la doctrine policière qui produit ces morts de façon structurelle ». Sa collègue, Rachel Keke, députée du Val-de-Marne, abonde : « Les images sont terribles ! Un policier vient d’arracher une nouvelle vie. #JusticePourWanys. » Et l’un des collaborateurs d’Ersilia Soudais, député de Seine-et-Marne, de surenchérir : « Pas de procédures, pas de discussions. Dès que c’est un arabe, c’est toujours la violence immédiate. » Aux déclarations indignées des Insoumis s’ajoutent les publications révoltées des collectifs antifas. Contre-Attaque, anciennement connu sous le nom de Nantes révoltée, dénonce ainsi, sans la moindre preuve, « un ensauvagement policier »« un mensonge complet » des forces de l’ordre et même « un homicide ».

Puis, à l’image de l’affaire Nahel, « petit ange parti trop tôt », Wanys, pourtant défavorablement connu des services de police, selon Le Figaro, est rapidement décrit comme un jeune homme « pas méchant ». Il n’en fallait pas plus pour encourager les émeutiers à attaquer le commissariat de La Courneuve. Après l’attaque, l’extrême gauche poursuite son œuvre destructrice et alimente le sentiment d'impunité des émeutiers. Ainsi, le député NUPES Aurélien Taché, plutôt que de dénoncer les violences contre les forces de l’ordre, commente : « Sans vraie prise de conscience et une action forte, les révoltes vont s’accentuer. » Et Philippe Poutou de s’exclamer : « Joli feu d’artifice, ce soir, devant le commissariat de La Courneuve. Soutien à une colère légitime après qu’un jeune ait encore été tué par la police. Suite logique des révoltes de juillet 2023. »

Par Clémence de Longraye le 18 mars 2024

Boulevard Voltaire

samedi 2 mars 2024

Quel média de gauche n’a-t-il pas encore tapé sur CNews ?





Réactionnaires, xénophobes, catholiques conservateurs… Dans le dossier que le magazine L’Obs consacre, cette semaine, aux médias du groupe Bolloré (CNews, C8, Le Journal du dimanche, Paris Match, Europe 1), les qualificatifs outranciers ne manquent pas. Sans grande originalité, à l’heure où il est de bon ton de taper sur CNews, Hanouna et Bolloré, l’hebdomadaire propose donc une analyse à charge contre le groupe de presse. Au programme : caricatures et insinuations.

Reductio ad hitlerum

Dès la couverture, le ton est donné. Le titre, tout d’abord - « Réac Info » -, ne laisse que peu de doutes quant au parti pris assumé des journalistes. L’illustration, ensuite, peut paraître équivoque. Sur fond rouge, les visages des principaux animateurs (Pascal Praud, Laurence Ferrari, Sonia Mabrouk, Cyril Hanouna) et chroniqueurs (Charlotte d’Ornellas, Geoffroy Lejeune) sont disposés de telle manière qu’un œil averti pourrait y déceler une référence aux heures sombres de l’Allemagne. De là à penser que la rédaction de L’Obs a choisi de faire délibérément référence au nazisme, il n’y a qu’un pas…

Mais plus que la forme, le contenu du dossier sonne comme un réquisitoire. Dès l’éditorial d’introduction de Sylvain Courage, les médias de la sphère Bolloré sont accusés de « véhiculer un message réactionnaire qui ouvre la voie à la droite de la droite »« Purge » des rédactions, « fake news »« croisade »… Vincent Bolloré devient, sous la plume des journalistes de L’Obs, un dirigeant totalitaire qui œuvrerait à l’avènement de la droite (ou plutôt de l'« extrême droite », pour reprendre le lexique du magazine) au pouvoir. Son crime originel ? Avoir osé « honorer le saint du jour » en première page du quotidien Direct Matin. Faut-il rappeler à la rédaction de L’Obs que TF1, chaîne que l’on peut difficilement accuser de faire le jeu de l’extrême droite ou de mener une croisade ultraconservatrice, annonce également le saint du lendemain à la fin de ses bulletins météo ?

Croisade des médias de gauche

Pour appuyer ses accusations et enfoncer définitivement le clou, L’Obs finit son dossier en donnant la parole à l’historien Alexis Levrier. Avec cet entretien, la reductio ad hitlerum subliminale de la couverture devient tout de suite beaucoup moins subtile. L’historien, sans contradiction, amalgame ainsi les médias de la sphère Bolloré avec les journalistes nationalistes français de l’entre-deux-guerres. S’il concède qu’on ne peut accuser CNews d’antisémitisme, il ne semble pas avoir de difficultés, en revanche, à accuser la chaîne de flirter avec la xénophobie et le racisme. Pour lui, la « filiation [est] évidente » entre la frange antisémite de la presse française des années 1930 et les rédactions de CNewsEurope 1 et du JDD. Et sans la moindre gêne, Alexis Levrier poursuit sa comparaison nauséabonde. Pascal Praud est ainsi associé à Louis Darquier de Pellepoix, négationniste, connu pour son engagement antisémite et sa collaboration avec l’Allemagne nazie. Ils n’ont honte de rien….

L’Obs n'est pas le premier - et sûrement pas le dernier - à taper sur CNewsC8 et Europe 1. Il y a une semaine seulement, c’était ainsi Télérama qui consacrait sa une, intitulée « Le Grand Remplacement de l’info », au canal 16 de la TNT. Au milieu de ces pages, une caricature réduisait à nouveau Pascal Praud, Laurence Ferrari et Geoffroy Lejeune à des petits soldats nazis.

Il n’y a, par ailleurs, quasiment pas une semaine sans que Libération, qui avait en 2021 titré « Le spectre de la bande FN » pour parler d’Europe 1 et CNews, insinuant donc que les journalistes de la station de radio et ceux de la chaîne d’information en continu menaient un combat politique, ne s’attaque à CNews. Régulièrement, le quotidien dénonce « l’absence de journalisme » sur les plateaux de la chaîne et « les bobards » du média. Le Monde ou encore Mediapart - dont on se rappelle le documentaire à charge contre Bolloré en 2022 - surfent également sur la tendance du « CNews bashing ». Derrière ces attaques répétées et caricaturales se cache, en réalité, un vrai sentiment de gêne : CNews et son succès dérangent. Ces médias bien-pensants qui avaient jusque-là la mainmise sur l'opinion découvrent la concurrence et le pluralisme, et cela ne semble pas du tout les satisfaire. Mais toutes ces critiques ne semblent pas ébranler les journalistes des médias Bolloré. 

Comme le confie, cette semaine, la présentatrice Christine Kelly dans les pages de VSD« plus on nous tape dessus, plus les audiences s’envolent ».