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mercredi 1 novembre 2023

Le “monde de la culture”, “L’Humanité” et “Rivarol” sont dans un bateau…



Éric Cantona, Juliette Binoche, Annie Ernaux, Rokhaya Diallo, Adèle Haenel, Jeanne Balibar, Swann Arlaud, Rohmane Bohringer, Robert Guédiguian et, bien entendu, l’inénarrable Guillaume Meurice, font partie des 93 personnalités ayant signé un « Appel du monde de la culture pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza », paru dans l’Humanité.

Si ces bonnes gens disent « avoir été horrifiées par les massacres du 7 octobre », pas une fois le mot « terroriste » n’est utilisé pour qualifier les actes du Hamas.

Y a-t-il encore une personne étonnée dans l’assistance ?

On a déjà entendu ça quelque part

Au contraire, un relativisme filandreux renvoie dos à dos l’organisation terroriste et l’État d’Israël en insistant toutefois sur les torts supposés de ce dernier : « Nous condamnons tous les crimes de guerre, ceux du Hamas et ceux du gouvernement israélien. [Les pogroms qu’ont subis les Israéliens sont au-delà des crimes de guerre ; ils relèvent de la plus abominable des barbaries, d’un effroyable crime contre l’humanité. Quels sont, en l’occurence, les crimes de guerre du gouvernement israélien ?] Nous pensons que l’oppression et le racisme, sous toutes leurs formes, sont un affront fait à notre humanité commune : il faut y mettre fin. Aujourd’hui, des décennies d’occupation privent les Palestiniens de leurs libertés et de leurs droits fondamentaux. [La bande de Gaza n’est plus « occupée » depuis 2005. Les seuls coupables de la privation de liberté des Palestiniens de Gaza sont les dirigeants du Hamas et leurs terrifiantes milices.] Déplacer des centaines de milliers de personnes de leur foyer – certaines pour la deuxième ou troisième fois – serait une nouvelle injustice catastrophique ; elle nous éloignerait, en prime, de la possibilité d’une paix juste et durable, de la sécurité pour les deux peuples. » [Le Hamas seul est responsable de cet état de fait. De plus, si les civils gazaouis sont avertis par l’armée israélienne des cibles qui vont être visées par ses missiles, le Hamas tente par tous les moyens de les empêcher de partir loin des zones meurtrières afin de les utiliser comme boucliers en espérant retourner l’opinion internationale lorsque, inévitablement, il y aura un grand nombre de victimes parmi eux.] Les signataires réclament la libération des otages et appellent « tout le monde au respect du droit international, qui interdit de porter atteinte aux civils – quel que soit le contexte ». Le Hamas étant et se comportant comme une organisation terroriste, cette dernière injonction ne peut être qu’à destination d’Israël, État démocratique dont on attend qu’il se comporte comme tel, en respectant les lois de la guerre définies par les instances internationales, ce qu’il fait en vérité.

Un Palestinien montre du doigt un corps ramené à Gaza, 7 octobre 2023 © Ali Mahmud/AP/SIPA

Pleurnicheries

Cet appel « pour la paix et la dignité pour tous les peuples » ne saurait faire oublier les sentiments de certains signataires vis-à-vis d’Israël. La mélenchoniste Annie Ernaux n’a jamais manqué de montrer sa détestation de l’État hébreu : appel au boycott de la saison culturelle France-Israël, à celui du Concours Eurovision de la chanson devant se dérouler à Tel Aviv, soutien au BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions) visant spécifiquement Israël, etc. Idem pour Adèle Haenel qui milite maintenant dans un mouvement trotskyste, Révolution permanente, émanation du NPA ouvertement antisioniste, pour ne pas dire pire. 

On ne présente plus Rokhaya Diallo, antiraciste à la mode racialiste américaine, décolonialiste, toujours prompte à taper sur la France – comme Bertrand Badie, elle regrette que, au soir des attentats du 7 octobre, la Tour Eiffel n’ait été illuminée que par les couleurs du drapeau israélien et « sans mention des victimes palestiniennes […] dont les droits fondamentaux sont foulés au pied depuis des décennies », écrit-elle dans The Guardian, où elle ajoute : « L’accent mondial soudain mis sur le conflit israélo-palestinien depuis l’extrême violence du 7 octobre expose un autre type de violence: celle du silence et de l’invisibilité de l’oppression quotidienne à laquelle sont confrontés les civils palestiniens. Pendant des années, les organisations de défense des droits de l’homme ont décrit la bande de Gaza assiégée comme “une prison en plein air” ; son peuple, victime d’un “apartheid” ». 

Le géo-politicien en herbe Éric Cantona est de gauche et avoue avoir voté pour Hollande en 2012. En 2015, devant des lecteurs du Parisien, le King se disait prêt à accueillir un migrant chez lui en espérant que tous les Français fassent de même. « On va faire des guerres pour des raisons économiques, ensuite des gens fuient leur pays parce qu’on a foutu le bordel, et on n’est même pas capables de les recevoir chez nous », argumentait-il avec cette finesse analytique qui le caractérise. Le 17 octobre dernier, il tweete en zieutant sur la copie de Rokhaya Diallo : « “Palestine libre” signifie mettre fin à la mise en cage de 2,3 millions de Palestiniens se trouvant dans la plus grande prison en plein air du monde, dont la moitié sont des enfants. “Palestine libre” signifie mettre fin à l’apartheid imposé par le gouvernement israélien. “Palestine libre” signifie donner aux Palestiniens le contrôle des infrastructures sur leur terre. » 

Sur France Inter, Guillaume Meurice, toujours aussi inspiré, demande « à celles et ceux qui veulent t’obliger à choisir un camp pour t’enfermer dedans, d’aller se faire cuire le cul ! » – sachant que lui a choisi le sien depuis belle lurette. 

Quant à Juliette Binoche… disons simplement, pour ne pas être excessivement cruel, que la bisounourserie universelle et la moraline en tube ont trouvé leur égérie : « J’ai de la compassion pour les deux côtés parce qu’il y a de l’humain des deux côtés. La revanche, ce n’est pas la bonne solution. Où est la solution ? C’est au fond du cœur de chacun. Se dire qu’il y a un retournement possible. Dans nos pensées, dans nos paroles, il faut être le plus aimant possible. Et patient en espérant le meilleur », déclare-t-elle sur BFMTV en poussant moult soupirs pleurnichards.

Dans la foulée de cet appel paru dans ses colonnes, et après avoir déjà consacré de nombreux articles à la « cause palestinienne », le quotidien communiste a publié, jeudi 26 octobre, une Une bien débectante. Sur un fond sombre – un ciel noir, orageux dans lequel planent de menaçants avions ou drones – Yaël Braun-Pivet, Meyer Habib, Manuel Valls, Eric Ciotti et Jordan Bardella sont représentés entourés de ruines d’immeubles détruits par les bombes. Le titre, en gros : « Les inconditionnels de Netanyahou ». Le sous-titre : « Des personnalités françaises font bloc derrière Tel-Aviv en justifiant tout, y compris les crimes de guerre à Gaza au nom du “droit à se défendre”. » 

Sur CNews, dans l’émission Punchline, Éric Naulleau a dit son écœurement à la vue de cette Une de L’Humanité faisant « penser à Rivarol, journal d’extrême droite négationniste et antisémite » – le même Rivarol qui, dernièrement, a salué le « courage » d’un Jean-Luc Mélenchon refusant de « s’aligner inconditionnellement sur l’entité sioniste » – et Céline Pina a souligné à juste titre l’hypocrisie d’un parti communiste disant rompre avec Mélenchon tout en s’appropriant la même imagerie idéologique anti-israélienne frisant parfois l’antisémitisme.

Manifestations polémiques

Les masques tombent. Il faut dire qu’ils ne tenaient plus qu’à un fil. L’islamo-gauchisme teinté d’un antisionisme exacerbé cachant mal quelques relents antisémites continue d’envahir les rangs de la gauche et de l’extrême gauche. Tandis que les actes antisémites se multiplient en France, des élus de la République se pavanent dans les manifestations de soutien à la « cause palestinienne » soutenant en vérité le Hamas. Voyant cela, un grand nombre de jeunes Français de confession musulmane se sentent confortés dans leur préférence pour la charia contre les lois de la République. Ils se moquent de leurs grand-pères comme des kouffars – ils rangent naturellement dans cette dernière catégorie les idiots utiles à leur cause, les mélenchonistes et les écologistes qui subiront finalement le sort commun aux dhimmis.

Beaucoup de ces musulmans issus de l’immigration ancienne ou nouvelle ignorent l’histoire complexe du Proche-Orient – la « cause palestinienne » ne sert depuis longtemps qu’à agglomérer une haine antisémite enkystée dans le monde musulman, un ressentiment post-colonial savamment alimenté par des pays comme l’Algérie et une détestation de certaines mœurs occidentales. 

Nos artistes pétitionnaires, si soucieux du sort des Palestiniens en particulier et des migrants en général, ignorent qu’eux aussi sont qualifiés d’idiots utiles par les islamistes, salafistes et Frères musulmans qui œuvrent pour la disparition de l’État d’Israël et pour la déstabilisation et l’islamisation de l’Europe qu’ils considèrent être le ventre mou de l’Occident. 

Ces donneurs de leçons de morale n’ont toujours pas compris à qui ni à quoi ils ont affaire. Malheureusement, lorsqu’ils le comprendront, il sera trop tard – pour les éclairer sur le possible avenir qui les et nous attend, peut-être pouvons-nous leur conseiller de lire le roman de Michel Houellebecq, Soumission, et, tant qu’ils y seront, de jeter un œil sur celui de Jean Raspail, Le Camp des saints.

Par Didier Desrimais le 31 octobre 2023

Causeur

mardi 11 avril 2023

Théorie du genre à l’école : la propagande continue



« À tout bien considérer, il semble que l’Utopie soit beaucoup plus proche de nous que quiconque ne l’eût pu imaginer, il y a seulement quinze ans. À cette époque je l’avais lancée à six cents ans dans l’avenir. Aujourd’hui, il semble pratiquement possible que cette horreur puisse s’être abattue sur nous dans le délai d’un siècle. »

Aldous Huxley, préface à la nouvelle édition du Meilleur des mondes, 1946.

En partenariat avec Arte et France 3, la 11e édition du « festival sans frontière » Vagamondes s’est déroulée fin mars 2023 sur la scène nationale de Mulhouse, La Filature. Cet événement a « continué de questionner la notion de frontières (géographiques, idéologiques, sociétales…) [en explorant] cette année la thématique du genre ! », ont expliqué les organisateurs.

L’éditorial du directeur de La Filature est un régal de concentré woke : « Les luttes menées depuis le XXe siècle pour affirmer la place des femmes, puis des personnes LGBTQIA+, ont donné naissance à des mouvements de pensée qui décalent l’approche essentiellement blanche, patriarcale et hétéronormée du monde, ouvrant la voie à l’expression d’identités sexuelles et de genres pluriels. » Après une telle déclaration, ce festival ne pouvait pas proposer autre chose que des spectacles hybrides, queer ou transidentitaires supposés « sillonner des chemins de traverse inédits » et présentés dans une brochure entièrement rédigée en écriture inclusive et en novlangue woke.

C’est ainsi que nous apprenons qu’un duo d’artistes qui « décloisonne pour explorer les identités mutantes » dans « la jungle des métamorphoses humaines et non-humaines », a inauguré le festival ; qu’une exposition “Trans(e)-galactique” a été « transpercée par la diagonale de la joie » ; qu’une spécialiste de la « transe cognitive » et l’autrice Marie Ndiaye (la sœur de notre ministre de Rééducation nationale) ont eu une « conversation télépathique ». Le projet étant de « tisser des liens entre différents mondes pour rêver un mouvement d’abolition des frontières, des binarités et des assignations », les différents spectacles entendaient aborder Les Bacchantes d’Euripide comme une « transition vers un nouveau monde queer », mais aussi combattre le patriarcat, dénoncer la « vision hétéronormée » de Roméo et Juliette et valoriser le pronom « hen » (pronom inventé par les Suédois pour désigner les personnes se disant non binaires) à travers un « être hybride » jouant « avec insolence et humour de sa virilité et de sa féminité ».

Cette phraséologie insane est issue des différentes théories qui traversent l’idéologie woke et déconstructiviste depuis quarante ans, du néoféminisme à la théorie du genre, du transgenrisme au transhumanisme. Retour aux sources : 

En 1985, dans son indigeste Manifeste cyborg, l’universitaire américaine Donna Haraway appelait de ses vœux un être hybride, un mutant mi-homme mi-machine, fluide, perméable, non binaire, une nouvelle « corporéité », un « corps commun » susceptible d’évacuer les clivages entre les humains et les non-humains (les animaux aussi bien que les pierres, les arbres ou l’eau) et de « déplacer » les limites biologiques et les distinctions sexuelles ou raciales. Cet être idéal serait « non plus structuré par le modèle de la famille organique » mais par une « cité technologique » rejetant « la tradition occidentale des sciences et de la politique – tradition de la domination masculine, raciste et capitaliste»[1]. En plus de l’injonction faite aux humains de ne plus faire d’enfants pour « sauver la planète », la dernière obsession de Haraway est que l’humanité devienne du… compost – et que la décomposition des hommes se mêle à celle de « tous les organismes vivants » afin de « rester dans le trouble » d’une « vie symbiotique » débarrassée de toute trace humaine. De son côté, Judith Butler a fait de la « performativité du genre » le noyau d’une réflexion beaucoup plus simple que ne le laissent accroire les pages de bouillie intellectuelle et de verbiage pseudo-philosophique qui composent l’essentiel de son œuvre phare, Trouble dans le genre

Comme Donna Haraway, Judith Butler vise l’abolition des différences biologiques et sexuelles, la destruction des rapports familiaux et sociaux et celle des concepts philosophiques et scientifiques occidentaux. Aussi délirantes que puissent paraître ces théories, elles ne sont pas sans conséquences : « l’humusation » du corps des défunts est autorisée dans six États américains et réclamée par des écologistes en France et en Belgique ; la « performativité du genre » est aujourd’hui agréée dans plusieurs pays européens qui ont décidé d’autoriser les changements de sexe et de nom aux personnes en faisant simplement la demande. 

Affiche du 11e festival Vagamondes, 17-31 mars 2023, Mulhouse.

Il est peu probable que les organisateurs et les participants du festival Vagamondes aient lu Haraway et Butler. Peut-être ont-ils eu connaissance des noms et des délires de ces théoriciennes grâce aux individus médiatisés – Éric Fassin, Paul B. Preciado et consorts – devenus les porte-parole officiels de cette mélasse intellectuelle. Il est possible également qu’ils se soient contentés de gober la propagande répandue sur les réseaux sociaux, dans les milieux dits culturels et leurs avatars (publicités, films, séries) ou grâce à la multitude d’associations divulguant l’idéologie du genre. Cette propagande est partout. Le plus grave est qu’elle commence dès l’école. Aucun ministre de l’Éducation nationale n’a pu, su ou voulu endiguer ce phénomène, et M. Pap Ndiaye n’a visiblement aucune envie d’empêcher que cette folie continue de contaminer les élèves. Pourtant, écrit Jean-François Braunstein dans son dernier essai, « la théorie du genre n’est pas une catégorie de la pensée woke parmi d’autres, elle en est le cœur, la première découverte, qui ouvre la voie à tous les assauts contre la science et contre la réalité elle-même ».[2]

La propagande à l’école continue son œuvre destructrice. Durant ce fameux festival, par exemple, une journée entière a été dédiée au « public scolaire pour parler de l’identité et du genre », nous apprennent les Dernières Nouvelles d’Alsace. Les crânes de deux cents élèves ont ainsi été bourrés de toutes les inepties issues de la théorie du genre et du néoféminisme. Au prétexte de sensibiliser les collégiens et les lycéens « aux discriminations dont sont victimes les personnes LGBTQIA+ », les élèves ont suivi un atelier sur… l’écriture inclusive au début duquel chacun a dû se présenter en précisant son genre, « il, elle, iel… ». Une comédienne a lu un texte de théâtre en écriture inclusive, puis il a été demandé aux élèves d’« inventer un court dialogue en écriture inclusive entre trois personnages sur le thème de l’amour, l’amitié, la famille ». Non seulement les directives ministérielles d’Édouard Philippe et de Jean-Michel Blanquer interdisant l’utilisation de l’écriture inclusive dans les institutions et l’administration publiques n’ont été suivies d’aucun effet mais certains enseignants n’hésitent pas à promouvoir ce galimatias idéologique. Ce n’est pas fini : lors de cette même journée, un comédien a demandé aux élèves d’« énumérer tous les clichés sur les hommes et les femmes avant de proposer des jeux pour les déconstruire ». L’association “Dis bonjour sale pute” (sic) a animé un atelier pour « familiariser les élèves avec les termes liés à la minorité de genre » durant lequel le transgenrisme a été valorisé et certains mots « décryptés » (sexisme, patriarcat, transidentité, virilité, consentement, cisgenre, non binaire, etc.). 


C’est à une guerre sournoise contre la pensée, contre la science, contre la réalité et contre l’humanité, que se livrent les théoriciens du genre et leurs émules wokes. L’indistinction sexuelle et le transgenrisme ne sont que le prélude au délire transhumaniste, à ce techno-monde dans lequel le corps, considéré comme une inutilité ou un obstacle, doit être supplanté par une « pleine conscience de soi » numérisée, et perdre son caractère sacré pour devenir un objet de consommation comme un autre (GPA, vente d’organes, etc.) ou de recyclage comme n’importe quel déchet (le « compostage humain »). Cette guerre contre l’humanité, l’Éducation nationale y participe. Le ministre y participe. Des recteurs d’académie y participent. Des chefs d’établissement scolaire y participent. Des enseignants y participent. 

Bêtise, lâcheté et conformisme se tiennent la main au moment de céder devant des idéologues proclamant l’avènement d’un monde radieusement hybride, fluide, sans limites biologiques, sans différence sexuelle, un monde dans lequel « les gens n’ont pas d’enfants », « n’ont pas peur de la mort et sont dans une sereine ignorance de la passion et de la vieillesse », où l’emploi inopiné des mots « parents », « père » ou « mère » évoque un « fait historique désagréable », un monde dans lequel la lecture d’Othello et de Roméo et Juliette est interdite et la promotion des « Ingénieurs en Émotion » assurée – un monde ressemblant au pire du Meilleur des mondes, en somme.[3]

[1] Donna Haraway, Manifeste cyborg et autres essais (Éditions Exils, 2007).

[2] Jean-François Braunstein, La religion woke, Éditions Grasset, 2022).

[3] Voir Aldous Huxley, Le meilleur des mondes et Retour au Meilleur des mondes (Pocket).

Par Didier Desrimais le 8 avril 2023

Causeur

mercredi 4 janvier 2023

De Yaël Goosz à Thomas Legrand, une certaine idée du pluralisme



Yaël Goosz est le chef du service politique ouvertement de gauche de France Inter. Son édito du 30 décembre a été un magnifique exemple de désinformation et d’orientation politique assumée. Yaël Goosz ne se démarque donc en rien de son prédécesseur, Thomas Legrand, lequel continue de sévir sur la radio publique tout en délayant sa prose ultra-gauchisante dans Libération – mince feuille de chou bénéficiant sur France Inter d’une publicité quotidienne et gratuite grâce à la revue de presse de Claude Askolovitch qui n’oublie jamais de citer un, deux ou trois des laborieux articles qui composent ladite feuille.

Feux nourris contre Jean-Claude Dassier et Michel Houellebecq

Yaël Goosz débute donc cet édito en rappelant l’intervention de Jean-Claude Dassier sur CNews à propos des musulmans qui ignoreraient ce que le mot « république » veut dire. Je ne sache pas que le chroniqueur de CNews ait appelé à la haine ; il a donné son point de vue sur ce qu’il croit être une difficulté pour l’intégration de certains Français de confession musulmane, à savoir une envahissante revendication religieuse amplifiée par des prédicateurs fréristes ou salafistes engageant leurs coreligionnaires à ne pas se soumettre aux lois républicaines. Le fait que Jean-Claude Dassier ait, dans le feu de la discussion, généralisé son propos à l’ensemble des musulmans était certes maladroit, cela n’était pour autant pas « honteux » (Yaël Goosz) et encore moins « raciste » (Thomas Legrand). Déchaîné, Yaël Goosz ose faire un parallèle entre ce « dérapage verbal » et le « crime raciste » qui a touché la communauté kurde à Paris. Du grand n’importe quoi.

Sur sa lancée, le journaliste falsifie le sens des propos tenus par Houellebecq dans Front populaire : « L’écrivain prédit l’avènement d’une guerre civile en France, des “actes de résistance” contre une domination islamique, actes qu’il qualifie de “Bataclan à l’envers”. C’est une expression qui vire à l’incitation au grand défoulement. » Cette dernière assertion est un artifice mensonger qui détourne le sens réel des propos de l’écrivain. Voilà ce que dit Michel Houellebecq : « Des gens s’arment. Ils se procurent des fusils, prennent des cours dans les stands de tir. Et ce ne sont pas des têtes brûlées. Quand des territoires entiers seront sous contrôle islamique, je pense que des actes de résistance auront lieu. Il y aura des attentats et des fusillades dans des mosquées, dans des cafés fréquentés par les musulmans, bref des Bataclan à l’envers. » 

En aucun cas Houellebecq n’incite ou n’appelle à la guerre civile ou au « grand défoulement » ; il envisage, avec l’œil de l’écrivain qu’il est, une triste réalité pouvant advenir ; il ne l’espère pas mais ne s’interdit pas de considérer son éventualité. Pour tenter de donner du poids à son approximation mensongère, Yaël Goosz n’hésite pas à faire un rapprochement douteux entre les propos de Houellebecq et l’interpellation de quelques militants d’ultra droite à Paris. La boucle est bouclée ? Non, pas tout à fait. M. Goosz évoque ensuite, pêle-mêle, Éric Zemmour, le RN, la polémique concernant le député Grégoire de Fournas, le racisme, le fascisme, le GUD. Le courageux journaliste est prêt à offrir son corps pour barrer la route au monstre fasciste ; il bombe le torse et avertit vouloir demeurer le téméraire adversaire de « l’extrême droite » qu’il a toujours été : « Malgré tout ça, il faudrait corriger le langage des journalistes, ne plus parler d’extrême droite, simplement de “droite” ou de “mouvement national”. Ben voyons ! » Car, pour Yaël Goosz, le seul et unique danger vient des « deux faces de l’extrême-droite », celle du RN qui cherche à se normaliser et celle des « groupuscules identitaires » de l’ultra droite. « En politique, conclut l’éditorialiste, il ne faut jamais avoir la mémoire courte. Sous le vernis de la normalisation, il y aura toujours une histoire, un passé qui ne passe pas. » Étonnamment, les histoires trotskiste, stalinienne ou maoïste semblent devoir échapper à cet appel solennel de résistance à l’amnésie. Les doctrines politiques des mouvements totalitaires qui ont ruiné les pays dans lesquels elles se sont imposées et qui imprègnent encore l’extrême gauche française n’intéressent visiblement pas ce journaliste prêt à accepter quelques principes de base des régimes autoritaires de gauche, à savoir la convocation abusive devant un tribunal ou le brutal rappel à l’ordre via la censure ; aussi voit-il d’un bon œil la plainte déposée par le recteur de la Grande Mosquée de Paris contre Michel Houellebecq et ne pleurerait-il pas de voir CNews se faire sévèrement gronder, voire plus si affinités, par l’Arcom (ex-CSA) pour les propos de Jean-Claude Dassier.

Un pluralisme nettoyé, propre, de gauche

Comme Yaël Goosz, Thomas Legrand est pour le pluralisme, mais un pluralisme ciblé, nettoyé, propre, de gauche. Lors de l’intervention de J.C. Dassier sur CNews, l’historien Jean Garrigues était présent sur le plateau. Cet universitaire prudent, courtois, apte à soutenir la contradiction et à défendre sereinement ses positions, se revendiquant d’une gauche sociale-démocrate, s’est fait remonter les bretelles par un Thomas Legrand très énervé qui a twitté : « Qu’alliez vous faire @jeangarr78 sur cette chaîne ? Qd est-ce que les vrais universitaires et journalistes comprendront qu’il faut déserter cette chaîne faites [sic] pour polariser et faire advenir la guerre civile qui affirment prévoir [resic] ? Ils la veulent ! Vendez vos livres autrement ! » Le culot de Thomas Legrand n’a d’égal que celui de Yaël Goosz. Officiant sur une radio publique entièrement noyautée par la doxa wokisto-gauchiste, ces journalistes ont un mépris total pour ceux qui ne partagent pas leurs idées comme pour ceux qui, les partageant, tentent de les défendre dans les émissions d’une chaîne privée. Ainsi, Thomas Legrand réprimande Jean Garrigues comme un enfant et l’incite vivement à ne pas remettre les pieds sur le plateau de cette chaîne diabolique – en le traitant au passage de camelot prêt à tout pour vendre ses livres. Legrand aimerait que Jean Garrigues ait, comme lui, peur. Il y a de quoi, écrit-il (Libération du 1er janv. 2023) dans le style conformiste des petits-bourgeois médiatiques espérant effrayer les masses. D’après lui, « le spectacle obscène des médias bollorisés » laisse craindre « le risque d’un glissement général vers l’extrême droite ». Dès l’introduction, le style gauchiste pompier de cette chronique illustre la véritable crainte de Thomas Legrand, celle de voir le magistère moral de la gauche perdre de sa superbe : « C’est comme une lente glissade, une douce accoutumance, un progressif état général de léthargie démocratique. Ça passe par d’incessants débats sur l’identité, la religion, sur le moyen d’être toujours plus en sécurité. C’est ne plus faire la différence entre un éditorialiste conservateur et un polémiste populiste et d’extrême droite, c’est continuer à inviter sur les antennes des prétendus philosophes qui se complaisent à décrire un monde terrible et des villes pleines de “no go zones” pour transformer leur trouille en clairvoyance, c’est le délire “woke” surestimé décrit en puissant terrorisme par des réacs en pleine panique. C’est considérer Greta Thunberg comme plus dangereuse qu’Éric Zemmour. » Eh oui, M. Legrand, en certains endroits ça débat, ça se dispute, ça discute, ça invite des gens qui ne pensent pas la même chose, ça n’évite aucun sujet, ça punchline, ça se chamaille et parfois même ça pousse le bouchon un peu loin, jusqu’à dire que Greta Thunberg est une cruche. Ça porte deux noms : pluralisme et liberté d’expression.

Thomas Legrand et Yaël Goosz, ces deux prêtres de la nouvelle église wokiste ne doutent de rien. Ils distribuent les bons et les mauvais points. Ils désignent les bonnes et les mauvaises personnes, félicitent les premières et chapitrent les secondes. Ces dernières, qu’elles le sachent, seront dénoncées et excommuniées si elles persistent dans leurs mauvais penchants. Ces deux journalistes ne supportent pas d’entendre, même de loin, une contradiction. Celle-ci est immédiatement extrême-droitisée par nos Torquemada modernes qui sermonnent, promettent des bannissements médiatiques, espèrent des convocations juridiques, envisagent des bûchers politiques. Cette nouvelle inquisition médiatico-politique est le résultat achevé d’un bon demi-siècle de domination et de propagande des idéologies de gauche, lesquelles ont naturellement abouti aux « avancées sociétales » que l’on sait et au wokisme, à la morale punitive de l’écologisme, au racialisme raciste, à un islamo-gauchisme qui ne dit pas son nom, en même temps qu’à une ferveur redoublée pour interdire, bâillonner, censurer, au moment où elle sent bien qu’elle n’impose plus totalement sa loi. Pourtant, de France Inter à Libération, de France Info au Monde, de Yaël Goosz à Thomas Legrand, le rouleau compresseur de la grossière propagande de gauche et d’extrême gauche reste d’une redoutable efficacité. Il serait illusoire de penser que la machine d’endoctrinement est définitivement enrayée – l’Éducation nationale, l’École normale supérieure, les écoles de journalisme, les chaires de sciences sociales et les instituts d’études politiques sont entre les mains de « scientifiques » de l’éducation, de recteurs, d’universitaires et de professeurs majoritairement de gauche et d’extrême gauche ; ils forment tout à la fois les futurs citoyens embrigadés par les médias dominants et la caste politico-journalistique chargée de rééduquer cette partie de la population qui résiste encore en s’informant ailleurs que sur l’audiovisuel public, notamment grâce à des médias numériques indépendants, des journaux dissidents ou des chaînes privées, de Livre noir à CNews, de TVLibertés à Sud Radio, de Causeur à Boulevard Voltaire. 

Ces médias réfractaires empêchent Thomas Legrand et Yaël Goosz de dormir en paix ? Tant mieux ! Devenir le cauchemar de ces sinistres censeurs devrait être le rêve de tout média qui se respecte.

Par Didier Desrimais le 4 janvier 2023

Causeur

dimanche 20 novembre 2022

Quelle Marianne dans trente ans ?



Le samedi 26 octobre 1985, la couverture du Figaro Magazine représente un buste de Marianne dont le visage est dissimulé par un voile islamique. Le titre fait scandale : « Serons-nous encore Français dans 30 ans ? » Louis Pauwels, dans son éditorial, prévient : le dossier est explosif.

Jean Raspail, l’auteur du Camp des Saints, et le démographe Gérard-François Dumont (à l’époque président de l’Institut de démographie politique) ont réalisé une enquête démographique inédite en 1985. Ils tentent, à partir d’elle, de dessiner une carte démographique de la France en 2015. Je n’entrerai pas ici dans le détail chiffré de cette enquête mais signalerai les grandes tendances prospectives établies par les auteurs et l’incroyable résonance de ces dernières avec les réalités actuelles.

En 1985, et depuis déjà au moins deux décennies, l’immigration en France est majoritairement d’origine méditerranéenne et africaine et à 90 % de culture et de religion islamiques. Tandis que le taux de fécondité des Françaises baisse irrémédiablement, celui des E.N.E (étrangères non-européennes) reste très élevé – le taux de natalité globalement plus élevé en France que dans les autres pays européens est essentiellement dû au « renfort » des « naissances étrangères ». Cette « fécondité déferlante » va modifier en profondeur le visage de la France, selon Raspail et Dumont. Si ces derniers continuent de parler « des Français nationaux et des étrangers résidents », ils sont convaincus que ces distinctions seront caduques en 2015 sous l’effet des « dispositions laxistes de la naturalisation automatique par naissance sur notre sol ». Devant ce qu’ils appellent une explosion nataliste des Français d’origine immigrée non européenne et très majoritairement de religion musulmane, les auteurs prévoient pour 2015, entre autres phénomènes visibles d’une profonde transformation de la société française, « un complet changement de visage et de ton de notre système scolaire et de l’éducation nationale », une « ségrégation de fait », le « rejet de notre culture ». Tous ces phénomènes sont survenus et atteignent ces derniers mois des proportions laissant envisager ce que redoutent les auteurs, à savoir un durcissement communautaire augmenté par une immigration incontrôlée, et un affrontement inévitable.

Au fur et à mesure que la population se transformera, écrivent Raspail et Dumont, une nouvelle « force électorale formidable » verra le jour. Les électeurs d’origine étrangère non européenne, manipulés par des « forces extérieures à la France », s’empareront « le plus démocratiquement du monde de villages, de quartiers, de départements ». Les générations issues de l’immigration la plus récente « adoptent d’autres comportements » que ceux des Français  qu’on qualifierait aujourd’hui « de souche » ou des Français d’origine étrangère plus âgés et parfaitement intégrés dans la société française. Cette force politique neuve, jeune, solidaire et manipulée, ne restera pas les bras croisés : « On peut prévoir les premiers troubles graves vers 1995 », écrivent nos deux visionnaires qui ne s’étonneront sûrement pas de voir les premières tentatives d’imposition du voile islamique à l’école en 1989, puis les tergiversations des gouvernements successifs pour faire voter, 15 ans plus tard, une loi aujourd’hui remise en cause dans de nombreux établissements scolaires. En revanche, ce qu’ils ne peuvent pas prévoir, c’est que la « force électorale » qu’ils décrivent en 1985 sera, à partir de 2012, captée et manipulée en premier lieu par des partis de gauche et d’extrême-gauche décidés à remplacer les classes populaires fatiguées de subir les effets délétères d’une immigration massive et votant « mal », par les nouveaux damnés de la terre, à savoir les musulmans.

En plus d’un changement en nombre de la population française, le problème majeur que relèvent Raspail et Dumont est celui de la loi coranique qui s’installe dans de plus en plus de quartiers et qui « plus sûrement qu’une loi d’apartheid, multiplie les barrières entre les communautés ». Il y aura, présagent les auteurs, de plus en plus de mosquées (ils ne se sont pas trompés : 150 en 1976, 900 en 1985, 2500 en 2015), de plus en plus d’écoles coraniques, d’innombrables associations d’obédience musulmane obligeant les autorités à accepter ce qu’on n’appelle pas encore des « accommodements raisonnables », des centaines d’enclaves échappant à la loi commune. La société française deviendra une mosaïque pluriethnique et pluriculturelle, source de rivalités territoriales. La France ne sera plus une nation mais un « espace géographique » traversé par des conflits révélant en réalité une « France multiraciale devenue multiraciste ». Quoi qu’ils aient dit ou promis, nos gouvernants n’ont jamais su ou voulu empêcher les vagues migratoires qui amplifient ce phénomène depuis quarante ans. Les auteurs envisagent tous les arguments gouvernementaux possibles pour justifier une immigration massive : « De vastes régions rurales de notre territoire ont perdu la moitié de leur population. […] On nous reprochera ces riches déserts dépeuplés. On nous dira que les pauvres du sud s’en contenteront très bien. Ce sera ça le dialogue Nord-Sud ! » Incroyable prédiction des récentes préconisations d’Emmanuel Macron en termes de répartition des immigrés (légaux ou illégaux) sur le territoire national.

Il est à noter que ces projections ont été réalisées à partir de chiffres officiels, ceux de l’Insee, ridiculement bas par rapport à la réalité (ce que savent les auteurs et ce que confirme l’Insee), pour ce qui concerne le dénombrement des étrangers d’origine non-européenne. Pensant imaginer le pire, Raspail et Dumont envisagent la possibilité d’une arrivée annuelle de 100 000 immigrés non-européens. Si tel devait être le cas, écrivent-ils, il n’y aurait aucun retour en arrière possible et le changement de population (et donc de culture, de religion, de mœurs, etc.) serait irrémédiable. Les chiffres de l’Insee des dernières années vont au-delà des pires prévisions de Raspail et Dumont : le nombre d’immigrés entrant en France est systématiquement au-dessus de 150 000 par an, avec des pointes à 272 000 en 2019 et 215 000 en 2020. Ces immigrés viennent majoritairement d’Afrique et sont majoritairement musulmans. Ces chiffres ne tiennent pas compte de l’immigration illégale ou clandestine, par nature inchiffrable. De plus, comme le rappelle Michèle Tribalat[1], les chiffres fournis à la presse par l’Insee sont régulièrement sous-évalués. Ils ne sont corrigés et revus à la hausse que des années plus tard, c’est-à-dire lorsqu’ils deviennent inutiles à une réelle information, les médias dominants préférant ignorer ces nouveaux chiffres pouvant entériner l’idée d’un (grand) remplacement de la population française.

L’actuel OID (L’Observatoire de l’immigration et de la démographie, voir l’article de Causeur du 5 novembre 2022), auquel collabore Gérard-François Dumont, rappelle que l’immigration et les personnes nées à l’étranger contribuent de plus en plus aux naissances en France. De plus, nous apprend encore l’OID, les chiffres de l’immigration ont explosé pendant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron : 255 675 titres de séjour ont été accordés à des immigrés non-européens en moyenne chaque année entre 2017 et 2021. Les demandes d’asile sont en progression constante (134 000 en 2021). Les permis de séjour atteignent des niveaux inégalés : 3 450 189 en 2021 (+ 35 % par rapport à 2012) et concernent principalement l’Algérie, le Maroc et la Tunisie. Les éloignements (OQTF) et les départs des clandestins ne cessent, eux, de diminuer. D’après le député Renaissance Jean-Charles Grelier, il y a 700 000 personnes sous OQTF en France. Cette immigration légale ou illégale est très majoritairement extra-européenne et musulmane. Si cette évolution concerne quasiment tous les pays européens, elle a pris en France une ampleur particulière qui se traduit par un communautarisme exacerbé, une criminalité et une insécurité grandissantes (il n’y a que sur France Inter et dans Libération qu’on ne voit pas le lien entre délinquance et immigration), une perte de repères culturels nationaux et, conséquemment, la sensation de vivre dans un autre pays que la France dans certains quartiers, certaines villes, ou dans le département de la Seine-Saint-Denis. Tous les services publics (école, médecine, police, aides sociales, etc.) se retrouvent confrontés à des problèmes dus essentiellement à une immigration sans désir d’intégration, culturellement tournée vers les pays d’origine, religieusement soumise à un islam prosélyte cherchant de plus en plus, sous la férule salafiste ou frériste, à imposer sa présence dans l’espace public pour en modifier les contours anciens à travers de nouveaux rapports entre les hommes et les femmes, les musulmans et les kouffars, la culture française et les traditions culturelles et cultuelles importées des pays d’origine.

S.O.S Racisme naît en 1984. Raspail et Dumont dénoncent les discours immigrationnistes reposant sur un humanisme dévoyé et un antiracisme ne servant le plus souvent qu’à amadouer et culpabiliser les populations réticentes – plus tard, Paul Yonnet démontrera les dessous politiques de la célèbre association et l’établissement par celle-ci de l’équation « Être raciste, c’est ne pas être immigrationniste »[2] qui a maintenant son pendant retourné : « Ne pas être immigrationniste, c’est être raciste ». En 1985, Louis Pauwels espère encore que des « volontés politiques » changeront le cours des choses et apporteront un heureux démenti à la « vision apocalyptique » de Jean Raspail. Les derniers chiffres de Frontex sont catastrophiques – une augmentation de 73 % des entrées irrégulières aux frontières de l’UE sur les dix premiers mois de l’année. Aujourd’hui, les « élites » pro-immigration, du président Macron à la majorité de la Commission européenne, des représentants des grandes entreprises aux responsables de la NUPES, des ONG complices aux médias propagandistes, regardent avec les yeux de Chimène, mais pour des raisons très différentes, l’Ocean Viking entrer dans le port de Toulon. Pendant que le Danemark – au grand dam du Monde qui critique sévèrement les sociaux-démocrates danois qui appliqueraient des idées « d’extrême-droite » – affiche fermement un objectif « immigration zéro », le gouvernement français crée un extraordinaire appel d’air. « La France a cédé. L’irrémédiable est accompli. Aucun retour au passé n’est désormais possible ».[3] Cette phrase, écrite en 1973, pèse de tout son poids prophétique sur notre présent.

[1] [1] Michèle Tribalat, Les yeux grands fermés, l’immigration en France. 2010, Denoël.

[2] Paul Yonnet, Voyage au centre du malaise français (L’antiracisme et le roman national), 2022, Éditions de L’Artilleur.

[3] Jean Raspail, Le Camp des Saints, Robert Laffont.

Par Didier Desrimais le 20 novembre 2022

Causeur

jeudi 20 octobre 2022

Il est temps, il est grand temps…



Sandrine Rousseau n’a pas perdu de temps. Je ne parle pas de sa réaction suite à l’assassinat barbare de la petite Lola mais de son tweet suite à la mort d’une femme tuée accidentellement par son chasseur de mari. Rapide comme l’éclair, la députée l’a encore été pour prendre la défense des deux dégénérées écolos qui ont aspergé de soupe le célèbre tableau de Van Gogh exposé à la National Gallery de Londres, Les Tournesols. Dans le style foutraque qui la caractérise, elle a twitté : « L’action de ces jeunes avec de la soupe est hyper intéressante parce que très dérangeante. La colère monte chez les jeunes contre l’inaction climatique. Et ils ont raison d’être en colère. Vraiment. » Maculer un tableau représentant des fleurs pour mettre en avant la cause écologique, il fallait y penser.

Comme Caroline de Haas, Sandrine Rousseau a immédiatement apporté son soutien à Marie Cau, première femme transgenre élue maire en France, chagrinée de s’être entendu dire par la féministe Dora Moutot, dans l’émission Quelle époque ! de France 2, que, quoi qu’elle fasse, elle restera biologiquement un homme. Toute la gauchosphère a poussé des cris d’orfraie. Sur le plateau, le soi-disant humoriste Jérémy Ferrari a connu ses cinq secondes de gloire orgasmique en se faisant applaudir après avoir dénoncé « la haine et l’agressivité » (sic) de Dora Moutot.

Comme Clémentine Autain, Sandrine Rousseau n’a pas attendu une journée pour prendre fait et cause pour les lycéens qui réclament le droit de porter des tenues islamiques au lycée Joliot Curie de Nanterre et manifestent en tirant à coups de mortier sur les policiers, aidés en cela par la racaille islamisée des cités.

Sandrine Rousseau a fini par réagir au drame de Lola, 12 ans, retrouvée morte dans une malle, le corps en lambeaux. Trois jours après la découverte du corps de Lola, la députée Europe Ecologie Les Verts a mollement twitté son soutien à « sa famille, ses copains et ses copines ». Mais il a fallu qu’elle ajoute un message bête pour expliquer que « le francocide n’existe pas ». Au moment où j’écris ces lignes, Clémentine Autain et Caroline de Haas n’ont toujours pas réagi à la mort de Lola – en revanche, la députée La France insoumise a relayé avec force trémolos l’information concernant Karim Benzema et son Ballon d’Or, tandis que l’entrepreneuse en formation au féminisme a retwitté un article du Monde sur ces jeunes gens qui décident de se marier entre amis pour « hacker le patriarcat » (sic). 

Pascale Clark a fait mieux, donc pire : « La cruauté sans nom infligée à la petite Lola justifierait amplement que l’extrême-droite ferme sa gueule », a twitté dans un accès de prurit neuronal cette fausse rebelle à laquelle nous recommandons de retourner dans sa résidence principale : le néant abyssal – ou dans une de ses résidences secondaires : le trou noir france-intérien, l’abîme médiatique, l’insignifiance réseau sociétale ou le vide gauchisto-sidéral.

Lola a été sauvagement assassinée. La suspecte principale, d’origine algérienne, n’avait plus rien à faire sur le territoire français depuis trois ans. La majorité des agressions, des vols avec violence, des viols dans l’espace public, des actes de délinquance et des agressions sexuelles dans les transports publics, sont le fait d’étrangers en situation irrégulière ou de personnes issues de l’immigration récente. « La France Orange Mécanique » (Laurent Obertone) n’est pas un « sentiment » mais une réalité qui a atteint son paroxysme avec l’assassinat de Lola. On ne compte plus les quartiers devenus inhabitables, les villes gangrénées par les trafics en tous genres et les actes de violences. La France détient maintenant la palme dans le triste palmarès des pays de plus en plus touchés par des phénomènes criminogènes. L’extrême-gauche insoumise et écologiste se tait et continue de nier la réalité, à savoir le lien entre immigration et augmentation de la délinquance...

Par Didier Desrimais le 20 octobre 2022

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jeudi 8 septembre 2022

Pleurer avec Sandrine ou rire avec Sardine, il faut choisir



Dans les remous de l’affaire Denis Baupin, après avoir beaucoup pleuré sur tous les plateaux télé, Sandrine Rousseau, militante et responsable au sein d’EELV, quitte le parti en 2017. Elle semble alors résignée à vivre dans l’anonymat, loin de ses ex-collègues, à l’abri du virilisme, de la masculinité toxique, des méchants qui possèdent une voiture diesel et des salauds qui mangent des entrecôtes. Mais, après trois années d’intenses réflexions et de prometteuses expérimentations déconstructives sur son mari, Sandrine Rousseau reprend sa carte à EELV, se présente à la primaire des Verts et est battue de très peu par Yannick Jadot.

Le Surmoi de Dame Rousseau

Requinquée par cette simili-victoire, elle décide alors de faire sauter les faibles contreforts d’un surmoi déjà très entamé. Ses dernières vacances ont été consacrées au déblayage des quelques gravats qui traînaient encore sur ce chantier de démolition psychique. La rentrée politique de Dame Rousseau démarre par conséquent sur les chapeaux de roue et de la manière la plus foutraque et la plus consternante : un livre maigrelet et répétitif pour accuser les hommes et l’Occident de tous les maux, une réflexion azimutée sur le barbecue qui serait un « symbole de virilité », la dénonciation d’un compte parodique sur Twitter qui serait piloté par « l’extrême-droite » pour la « cyber-harceler », des propositions d’encadrement sévère de la caricature et de l’humour qui ne serviraient qu’à « maintenir la hiérarchie sociale, parce que cette hiérarchie sociale, elle est importante pour réaliser le profit et la croissance. » Visiblement, il n’y pas que le couvercle du surmoi qui est parti à la benne.

Sandrine Rousseau peut compter sur des soutiens de poids, presque aussi risibles qu’elle. Clémentine Autain la suit de près dans cette quête d’un monde débarrassé d’à peu près tout ce qui peut le rendre plus chaleureux et humain. Les hommes mangent plus de viande que les femmes et « les personnes qui décident de devenir végétariennes sont majoritairement des femmes » ? Un seul moyen, d’après elle, pour rectifier le tir et « aller vers l’égalité » : « il faut s’attaquer au virilisme ». 

De son côté, le topinambourin Julien Bayou, après avoir proposé d’interdire les piscines et les jets privés, dénonce « une approche genrée des comportements alimentaires ». Quant au brocolique Aymeric Caron, il continue de crier haro sur ceux qu’il appelle « les viandales », de préconiser la baisse drastique, voire l’arrêt total de la production de viande en s’appuyant sur le rapport du GIEC, le petit livre rouge des Verts, et se réjouit de la décision du cucurbitacesque maire de Grenoble de ne plus servir que des menus végétariens dans les écoles primaires de sa ville et de la viande ou du poisson uniquement à la demande expresse des parents d’élèves. Enfin, le journal Libération décrit l’enfer viriliste de « l’Homme (sicdevant son barbecue, remuant une saucisse comme s’il s’agissait du saint Graal, […] déposant triomphalement son entrecôte saignante sur la table familiale avec la satisfaction du devoir accompli ». On voit par-là que l’abus de légumineux peut provoquer de sérieux effets indésirables : somnolence intellectuelle, désorientation, vomissements graphomaniaques, vertiges, éréthisme cérébral, convulsions linguistiques, excitation nerveuse, prurit neuronal, nausées, etc.

Faut-il arrêter de se moquer de Sandrine Rousseau ?

Aussi brutale puisse-t-elle paraître, une question doit quand même être posée : Sandrine Rousseau est-elle bête ou feint-elle la bêtise ? Après tout, Mme Rousseau a peut-être décidé de faire semblant d’être bête afin de se permettre des outrances attirant forcément les  projecteurs médiatiques. Le résultat n’est pas mauvais. Mais les déclarations loufoques et les tweets délirants se succèdent et nous devons nous résigner à envisager la moins bienveillante de ces deux options. Mme Rousseau n’est d’ailleurs pas la seule, parmi les représentants de la Nupes, à montrer les signes d’une apathie intellectuelle que les spécialistes de la chose disent parfois confondre avec la crétinerie, et une absence d’humour que seul un manque d’intelligence explique, disent les mêmes experts.

Nous nous vengeons de cette bêtise, réelle ou feinte, en nous moquant et de la personne et de l’idéologie politique que cette dernière promeut si lourdement. Le rire devient alors un moyen de défense, une arme facétieuse remplaçant efficacement le trop brutal et pourtant mérité coup de pied aux fesses. Grâce à Bergson nous pouvons dire que le rire que provoque Mme Rousseau est « avant tout, une correction. Fait pour humilier, il doit donner à la personne qui en est l’objet une impression pénible (1) ». Oui, l’objet du rire peut se sentir humilié ; surtout s’il manque d’humour. Cherchant alors maladroitement à dénoncer un trait d’esprit dont il est la cible, il se prend les pieds dans son esprit de sérieux et finit, ridicule, sous une nouvelle risée : « Celui qui ne sait point recourir à propos à la plaisanterie, et qui manque de souplesse dans l’esprit, se trouve très souvent placé entre la nécessité d’être faux ou d’être pédant.[…] C’est la plaisanterie qui doit faire justice de tous les travers des hommes et de la société. C’est par elle qu’on évite de se compromettre. C’est elle qui atteste notre supériorité sur les choses et les personnes dont nous nous moquons, sans que les personnes puissent s’en offenser, à moins qu’elles ne manquent de gaieté ou de mœurs (2) ».

Une représentante des offensés professionnels

Dans un monde imparfait et qui le restera, au milieu des catastrophes qui ont eu lieu et de celles qui, immanquablement, surviendront, le rire sauve l’homme et atteste son humanité. Mais on ne fait pas rire avec de bons sentiments : nous rions du quidam qui s’étale de tout son long sur le trottoir verglacé, du député qui débite sérieusement des âneries à la télévision, du distrait qui se cogne à un poteau, de Guillaume Meurice qui se prend pour Desproges. Nous rions des situations les plus éprouvantes et les plus monstrueuses, pour ne pas sombrer dans la mélancolie ; nous rions des préjugés péjoratifs nous concernant (individu ou groupe), pour en atténuer les effets délétères. L’humour issu des camps nazis ou soviétiques, des ghettos juifs, des régimes totalitaires, évoque avec volubilité les horreurs qui hantent les nuits d’insomnie pour en chasser momentanément la noirceur absolue. Caustique, parodique, malicieux, ironique, cruel, noir, spirituel, l’humour était encore possible dans le temps historique et réel. Dans le monde terrifiant des écoféministes et des révolutionnaires intersectionnels, celui des offensés professionnels, celui des commissaires politiques, celui de la déréalisation totalitaire du réel, l’humour est condamné à mort, le rire doit être étouffé dans l’œuf. À la place : censure, contrôle, procès, jugement, sanction.

Sandrine Rousseau sourit en promettant des lendemains qui chantent. Mais son sourire, triste et mécanique, ressemble de plus en plus à celui des illuminés et des fanatiques, et ses oukases démentiels ne laissent que peu de doute sur son esprit obtus et totalitaire. Elle espère un monde dans lequel « tout est politique ». Elle prévoit des « transformations à opérer » pour réglementer le rire, empêcher les caricatures envers certaines personnes, corriger l’humour. Elle envisage des brigades de surveillance jusque dans les cuisines et les alcôves. Le lamentable et risible opuscule auquel elle a participé (3) a joyeusement inspiré des commentateurs badins sur le site de vente en ligne le plus fréquenté. « Très utile pour démarrer son barbecue. Prend feu rapidement », décoche l’un d’entre eux. Un autre, très déçu, use d’un efficace humour de salle de garde et annonce résolument à quelle activité hygiénique il destine les quelques 70 pages de ce « torche-cul ». Le compte parodique de Sardine Ruisseau est plus subtil, raison pour laquelle il a dépassé en nombre d’abonnés celui de Sandrine Rousseau. Cette dernière, se couvrant à nouveau de ridicule, dénonce une fantomatique fachosphère derrière tous ceux qui se moquent d’elle. Les rires redoublent.

Il ne serait pas juste que Dieu soit le seul à se rire des hommes qui se plaignent des conséquences dont ils chérissent les causes. Monsieur Mélenchon se plaignant des sirènes de police qui l’empêchent de dormir, voilà qui est drôle. Voilà un joli motif de moquerie. Se moquer de ces tristes figures, ridiculiser ces “docteurs graves” contemporains, railler ces baudruches, en gros et en détail, démolir par le rire ces cuistres, engloutir sous nos torrents de rires ces ravis de la crèche politique, est une mission de salut public. Cela demande une certaine discipline facilitée par un constat simple : tout, absolument tout ce qui fait le fonds de commerce progressisto-wokiste de ces énergumènes de foire relève de la bouffonnerie. Soyons sans pitié, écrasons sous nos avalanches de rires ces pitres. Et souvenons-nous que « le comique exige, pour produire tout son effet, quelque chose comme une anesthésie momentanée du cœur. Il s’adresse à l’intelligence pure (1). »

(1) Henri Bergson, Le rire, Essai sur la signification du comique.

(2) Chamfort, Maximes et Pensées.

(3) Adélaïde Bon, Sandrine Roudaut, Sandrine Rousseau, Par-delà l’androcène, Éditions du Seuil.

Par Didier Desrimais le 7 septembre 2022

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