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mardi 2 avril 2024

Affaire Mahaut Drama : appeler à l’insurrection armée contre le RN, pas grave du tout ?



Ce que l’on appelle « l’affaire Mahaut Drama » aurait pu n’être qu’une saillie de mauvais goût, mais elle est devenue un fait grave et symbolique. Il faut commencer par reconnaître que personne ne connaissait, jusqu’à présent, cette trentenaire, d’abord journaliste à LCI puis humoriste, dont les thèmes de prédilection sont, entre autres, le féminisme et les LBGTQI+. Elle a su joindre ses deux passions (l’exposition médiatique et l’humour de gauche) en étant, depuis 2023, chroniqueuse sur France Inter, avec nos impôts évidemment. Avec une telle collection de brevets en respectabilité, il était bien normal que la caste médiatique s’intéresse d’un peu plus près à Mahaut Drama (le nom de scène de Mahaut di Sciullo, emprunté à l’expression américaine drama queen pour désigner quelqu’un qui en fait des tonnes et prend tout au tragique d’une manière exubérante).

Cibles habituelles et ton subversif

Dès lors, qu’y avait-il de plus respectable que d’inviter cette humoriste tellement postmoderne sur une estrade de Mediapart, le 16 mars dernier ? Pas pour du stand-up, cette fois : pour réfléchir aux dangers de la montée de l’extrême droite. C’est ça, qui est bien, avec les humoristes de gauche : ils ont un côté rigolo, pour dégommer les cibles habituelles en se donnant un genre subversif, et un côté sérieux, pour s’ériger en procureurs. Pile, la dérision ; face, le catéchisme : l’un répond à l’autre, dans un mouvement perpétuel qu’un Guy Bedos hier, un Yann Barthès aujourd’hui, ont très bien compris. Et alors, donc, elle en pense quoi, Mahaut, de la montée de l’extrême droite ? Écoutons ce verbatim, tiré de la captation vidéo de l’événement, en ligne sur le site de Mediapart depuis le 28 mars : « Comment faire pour lutter contre l’extrême droite ? Est-ce que, nous aussi, on a des factions armées, on se prépare à leur répondre ? Est-ce qu'on doit être radicaux jusqu'à ce point-là ? Est-ce qu'on doit faire la Révolution ? Encore une fois, je ne pose que des questions, mais je pense qu'elles se posent vraiment […] Dans trois ans, s'il y a l'accession au pouvoir de Marine Le Pen, c’est sûr qu’on ne pourra plus juste continuer à mettre des affiches "Patriarcaca". Il faudra qu'on leur réponde autrement. […] Moi, je ne sais pas me battre, je ne suis pas courageuse à ce point-là, mais si des gens le sont, je ne peux que les encourager. » OK. Alors reprenons, parce qu’il y a pas mal d’éléments intéressants.

« Nous aussi, on a des factions armées ? » : on est directement dans le fantasme des hordes de SS. « Radicaux jusqu’à ce point-là » : on l’est déjà beaucoup, mais là, on franchit un cap… On ajoute l’encouragement à se battre, le sous-entendu d’une réponse par les armes, avec le champ sémantique de la « Révolution »… Bref, on a compris : si le peuple vote mal, si les gens donnent un avis de fachos, la seule solution, pour défendre la liberté, c’est l’insurrection armée. Ces gens n’en sont pas à une contradiction près.

Légalement répréhensible

Pour l’instant, malgré une plainte déposée par le RN et malgré - c’est à souligner - une condamnation par Aurore Bergé, on attend encore la dépêche de l’AFP qui résumera ces propos et osera peut-être dire, dans un improbable souvenir de l’objectivité journalistique, que ces propos sont a minima polémiques, et même légalement répréhensibles. 

Imaginez que Zemmour ou Le Pen suggèrent de prendre le maquis et de sortir les kalachnikov de la paille en cas de victoire de La France insoumise. On hurlerait, à raison. Décidément, la gauche n’en finit pas de mourir, et elle a l’agonie bruyante. Mais gardons espoir…

Par Arnaud Florac le 1er avril 2024

Boulevard Voltaire