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lundi 15 mai 2023

Visite de Zelensky : où l’on apprend que la France est riche



Avec une certaine mansuétude, Volodymyr Zelensky, combattant de la liberté, a bien voulu faire une visite surprise à Emmanuel Macron, vassal des Etats-Unis comme lui, quoique moins en pointe dans la lutte contre le Mal absolu. La veille, il était à Rome, en survêtement comme d'habitude : Pie XII l'aurait fait mettre à la porte, François l'embrasse comme du bon pain. Le lendemain, il était déjà à Londres. Ce n'est pas un homme, c'est un courant d'air. Que se sont dit les deux chefs d'Etat ? On ne sait pas exactement. On n'a eu, évidemment, que quelques bribes officielles sorties d'une déclaration finale.

Enfin... quand on parle de bribes, ce n'est pas le terme exact. Au terme de cet entretien, évidemment, la France réaffirme son soutien à l'Ukraine. C'est bien le moins. En revanche, parce qu'il n'est pas d'amour sans preuves d'amour, la France a fait un geste - un geste de plus, s'entend. La frontière de la co-belligérance ne cesse d'être repoussée. Paris avait déjà annoncé la fourniture de chars AMX 10 RC, des blindés légers employés pour des missions de reconnaissance. Mais ce n'est pas tout ! Pour le même prix, la France va évidemment former les équipages. Jusque-là, c'est du service après-vente bien compris. On conviendra que former des équipages à utiliser des matériels que l'on donne, ce n'est pas uniquement de la guerre par proxy interposé : c'est tout de même du sérieux.

Dans les autres domaines annoncés, on note la défense antiaérienne : la France a déjà donné, nous apprend La Croix, des systèmes Mistral (courte portée), Crotale (moyenne portée), et l'Elysée annonce que notre gouvernement réfléchirait, en compagnie de l'Italie, à une proposition conjointe pour la livraison de systèmes plus perfectionnés. Des avions de chasse pour un euro de plus ? « La question est un peu prématurée », répond le Château. Entre les lignes, on comprend que, dans les bases aériennes de France, on doit être en train de passer un coup de chamois sur le cockpit des Mirage 2000 avant livraison. Ça ne saurait tarder.

On passe sur les éléments de langage tout faits, concernant le cheminement européen de l'Ukraine et sa place toute trouvée « dans la famille euro-atlantique ». Ces déclarations-là ne coûtent pas cher... à la notable différence de tous les moyens que vient d'engager le gouvernement français pour aider l'Ukraine. Quel que soit l'avis du quidam de base sur la réforme des retraites, il ne pourra s'empêcher de faire un bien désagréable lien entre l'argent qui, parce qu'il manque dans les caisses, justifierait le report de l'âge légal de départ à la retraite, et l'argent qui, parce qu'on en a plein, nous permet de distribuer, avec flamboyance et bénignité, des blindés, des heures de formation ad hoc pour les mettre en oeuvre, des systèmes de détection et, peut-être, demain, des avions de chasse. On croyait la France aux abois, sa démographie en berne, ses caisses vides (malgré l'enrichissement continuel de l'immigration extra-européenne surqualifiée et prête à s'intégrer), la hausse de ses impôts nécessaire, le travail de ses anciens également. On découvre un pays de cocagne, où l'unité de compte est le char de bataille, où on distribue des systèmes antiaériens comme la caravane du tour de France sème des bonbons, où l'idée de fourguer des avions à plusieurs millions d'euros est « un peu prématurée », mais pas complètement absurde.

Au fond, la visite de Zelensky est peut-être comparable à ce personnage du Dîner de Cons, joué par Daniel Prévost, qui croit débarquer dans un appartement pauvre et, se trompant de porte, découvre des tableaux de maître. Sauf que le con, ce n'est pas lui : c'est nous.

Par Arnaud Florac le 15 mai 2023




lundi 27 février 2023

Vaincre ou mourir contre Slava Ukraini, chef-d’œuvre de BHL : victoire des Vendéens par KO !



Les chiffres sont cruels et les faits têtus. Ainsi, la surprise du box-office de ces dernières semaines demeure . Le film de Vincent Mottez et Paul Mignot, produit par Le Puy du Fou, en seulement quatre semaines a déjà écoulé 288.754 tickets. Un résultat inattendu pour un film à faible budget, sans grandes stars et précédé par des critiques plus que défavorables, quand il ne s’agissait pas tout simplement d'un véritable lynchage médiatique. Seulement voilà, le public en a décidé autrement.

Et Vaincre ou mourir en arrive même à largement dominer un autre film, Tár, de Todd Field, donné pour grand favori à la prochaine cérémonie des Oscars™, avec 107.762 entrées en première semaine, contre 98.869 pour ce film pourtant porté au pinacle par la presse. Un public décidément cabochard, qui s’est montré encore plus sévère vis-à-vis de la dernière œuvre de Bernard-Henri Lévy, , que la critique avait plus que chaleureusement saluée.

D’où ce tweet rigolard de l’avocat Gilbert Collard, passé du  à Reconquête :

Mais Bernard-Henri Lévy a l’habitude de voir ses films quitter l’affiche avant même que la colle n’ait fini de sécher. Le succès du film tourné par le duo Mottez et Mignot est une surprise, la dégringolade de celui de BHL pas vraiment.

Les précédents films de notre brillant philosophe n'ont pas affolé le box-office : 1.475 spectateurs pour Le Serment de Tobrouk (2012), 3.567 entrées pour Pershmerga (2016). En comparaison, Le Jour et la Nuit et ses 73.147 tickets vendus en 1997 peuvent faire figure de triomphe, même si la chose est à l’époque qualifiée par Les Cahiers du cinéma de « plus mauvais film français depuis 1945 ». Et le cinéaste Claude Chabrol d’ajouter, malicieux : « Là, c’est très intéressant, comme cas. C’était très mauvais. Je connais un peu Bernard-Henri Lévy parce que nous étions ensemble à l’avance sur recettes. Il est loin d’être bête. Il est intelligent et même subtil. Mais il a fait le film le plus con de l’année. Le plus grave, c’est que tout le monde le lui a dit mais il refuse de le croire. Il pense qu’il est en avance. L’auteur de L’Invasion des tomates géantes pensait peut-être qu’il était un génie, mais il ne l’a jamais dit. »

Il est vrai que les dialogues entre un Alain Delon endormi, une Arielle Dombasle évaporée et un Karl Zéro survolté font partie de ces expérimentations sensorielles qu’il faut avoir vécu au moins une fois dans sa vie. Elles sont dignes des échanges entre un professeur Tournesol et un capitaine Haddock sous acide. Delon en montgolfière : « On est vraiment mieux dans le ciel que sur terre. » Dombasle : « Je viens de croiser le prêtre du village et il avait l’air bizarre, pas comme les autres prêtres. » Zéro : « Qu’est-ce que vous voulez que ça me foute ? » Excellente question, en effet.

À croire qu’il peut encore et toujours exister un cinéma légal et un cinéma réel. En attendant, les Ukrainiens ont sûrement assez à faire avec leurs ennemis pour s’encombrer de tels amis.

Par Nicolas Gauthier le 27 février 2023

Boulevard Voltaire

mercredi 22 février 2023

Il sort un film, Slava Ukraini : hommage à BHL, infatigable avocat des causes gagnées



Il est comme cela, Bernard-Henri Lévy. Et on finira peut-être par l’aimer, tant il persiste, contre vents et marées, contre le ridicule et les moqueries, malgré l’échec de ses livres et de ses films, à vouloir séduire les Français. Il y a, chez cet homme convaincu, comme tout bon soixante-huitard, que la jeunesse lui appartient définitivement, quelque chose de touchant à force d’être pathétique. On a envie de le cajoler, de le prendre par l’épaule. De lui dire, allez, stop, arrête ! Laisse la place aux autres, à ceux qui combattent pour leurs idées et pas seulement pour leur ego. On t’aime bien, tu fais maintenant partie du paysage, comme une éolienne contre laquelle on aurait pétitionné mais à laquelle on se serait finalement habitué. Une hélice orgueilleuse, bruyante, un peu trop bien dessinée, un peu trop design, toujours orientée dans le sens du vent et finalement inoffensive.  sortira, le 22 février, un film sur la résistance de l', Slava Ukraini. On pourrait rêver d'une ode patriotique, d'une conversion subite de ce mondialiste échevelé aux vertus de la patrie. Hélas, rien ne l'annonce.

Cela fait si longtemps que le « nouveau » philosophe part à l’assaut des projecteurs, se dresse contre l’injustice, jamais en retard d’un combat consensuel. Encore un peu de lumière, Monsieur le bourreau ! Il a cela de rassurant et de sympathique, , qu’il ne change pas. Ses cheveux dont il a fait un emblème ont à peine grisonné. Dans Le Journal du dimanche, assis sur le lit superposé d'une chambrée sur la base navale ukrainienne d’Otchakiv, il prend des notes, l’éternelle chemise blanche ouverte sur un tee-shirt sombre, barbe de trois jours, parfaitement peigné en arrière sous le regard préoccupé d’un très jeune militaire. La pause avant la cause.

C’est l’anti-James Bond : sauver le monde, oui, mais après avoir évité une cuisante disparition médiatique. Dieu sait pourquoi, les Français n’écoutent plus ce vrai-faux prophète extralucide. Question révélatrice de  dans l’article que lui consacre l’écrivain Christine Angot dans Le Journal du dimanche : « Vous croyez que ces gens vont finir par m’aimer un peu ? »

« Ces gens », c’est vous, nous, les Français, les habitants de l’Hexagone et peut-être d’ailleurs. On ne l’aime pas, il le sait. « Moi, le nanti », avait-il lancé à Angot. La vie est injuste. Comment « ces gens » peuvent-ils lui faire le reproche d’être né riche, beau et intelligent ? De mettre ses qualités, son sens du timing, de l’image et de la publicité au service des causes les plus médiatiques ? C’est que la pièce a été un peu trop jouée, l’acteur en fait trop, les ficelles sont les mêmes. Cet auteur célèbre mais qui ne vend plus, cet acteur connu comme le loup blanc mais qui ne fait plus d’entrées passe désormais pour ce qu’il est : un gentil mannequin de paille désarticulé, abîmé dans l’admiration de lui-même. Il est le seul à croire encore à son génie mais il n’en démord pas. Ah, s’il avait mis autant d’acharnement à soutenir des causes humbles et difficiles ! Celle des agriculteurs, des petites retraites, des Français chassés des banlieues islamisées, des professeurs assassinés, des policiers qui tentent de contenir l’émeute, des ouvriers abandonnés. Ca ne manquait pas, les belles causes désintéressées. Il s’est contenté de mettre de côté le beurre de l’admiration populaire et l’argent du beurre du confort intellectuel, le politiquement correct et le confort bourgeois, la gloire facile et l’admiration de soi-même. N’est pas Hemingway qui veut. N’est pas Bernanos qui veut. Il y faut du courage.  a préféré hurler avec les loups, toujours du côté du manche. 

La sanction est tombée depuis longtemps. « Ces gens » préfèrent à l’ancien « nouveau philosophe » des plumes un peu plus tranchantes, un peu plus courageuses, un peu plus lucides, sans parler du talent : Houellebecq, Onfray, Finkielkraut, Zemmour, la tête brûlée Sylvain Tesson et bien d’autres. Il finira peut-être par gagner l'affection qu'on porte instinctivement aux vaincus.

Par Marc Baudriller le 22 février 2023

Boulevard Voltaire

La guerre en Ukraine et la gestation pour autrui d’un «peuple européen»



Née comme un marché garanti par une instance juridique supranationale, l’Union Européenne aurait construit une « démocratie libérale » qui, pour reprendre la formule de Hayek, est d’abord « une protection constitutionnelle du capitalisme ». Le baume du doux commerce, censé porter à la paix, est administré au besoin par la force, pour ceux qui en douteraient.

Le populisme, voilà l’ennemi!

Jean-Claude Juncker, alors président de la Commission européenne, avait parfaitement résumé l’axiome principal du projet européen en déclarant qu’il ne pouvait « y avoir de choix démocratique contre les traités européens ». C’est que l’Europe a été originairement conçue comme un double monde [1] devant être mis à l’abri de la volonté des peuples et des aléas du politique. C’est pourquoi, en toute logique, en 2005, les votations populaires défavorables au traité établissant une constitution pour l’Europe furent tenues pour nulles et non avenues. On les appela manifestations de populisme, mot-valise qui regroupe désormais l’ensemble des valeurs anti-européennes telles que les définissent par défaut les juristes depuis des décennies. Si « l’Europe, c’est la paix », comme on ne cesse de nous le répéter, alors, toujours plus d’Europe, c’est toujours plus de paix. Rien ne doit donc venir en troubler le cours, et surtout pas des sursauts hostiles de souverainisme.

Le lapsus de Madame Baerbock

Or, comment une telle construction politique peut-elle aujourd’hui redoubler de bellicisme, au point, pour ses dirigeants et ceux des Etats membres, de passer à l’unisson d’un discours de soutien à l’Ukraine à celui d’une quasi-déclaration de guerre à la Russie sur le registre civilisationnel ? Fin janvier, la ministre verte des Affaires étrangères de l’Allemagne, Annalena Baerbock, ne s’est pas embarrassée des précautions de langage pourtant bien faibles de Madame von der Leyen pour définir l’orientation européenne : « nous menons une guerre contre la Russie et non les uns contre les autres ». Quelques jours plus tard, M. Macron assurait M. Zelensky de « sa détermination à accompagner l’Ukraine vers la victoire »… Comment interpréter le fait que l’Union Européenne, si attachée à la paix, ait ainsi renoué avec une conception du politique défini par le couple ami/ennemi, selon les catégories du juriste nazi Carl Schmitt ?

Motivations cachées

On peut évidemment l’expliquer par l’alignement servile sur les exigences otaniennes et américaines dans un conflit qui apparaît de plus en plus comme opposant, depuis le début, les États-Unis à la Russie. Mais il est légitime de s’interroger sur des motivations qui iraient au-delà des exigences du protectorat américain et qui relèveraient d’ambitions proprement européennes. Ne serait-ce pas là l’occasion pour l’Union Européenne de surmonter la crise qui la mine depuis 2008 et de renforcer des liens qui se distendent de plus en plus entre les pays du nord de l’Europe et ceux du sud, entre ceux de l’ouest et ceux de l’est ? Comment ? En fédérant – du moins l’espère-t-on -, au prix d’une russophobie délirante et d’un discours de guerre doublé de livraisons massives d’armement, les opinions publiques des États membres ; en construisant par le haut une opinion publique européenne à part entière qui serait le prélude à l’éclosion de ce peuple européen faisant défaut à l’Union Européenne, seul gage de sa survie comme entité politique.

Drôle d’aubaine

La guerre en Ukraine se présente alors, de ce point de vue, comme une aubaine pour les dirigeants de l’Union Européenne, et non pas seulement parce qu’elle permet de distraire les opinions publiques des problèmes sociaux et économiques qui gangrènent les États membres. Elle apparaît aussi comme une ruse de l’histoire dont on ne serait pas dupe et dont on pourrait utilement tirer parti. Voilà qui peut expliquer l’engouement démesuré des dirigeants européens à vouloir que cette guerre aille à son terme, malgré les mises en garde de plus en plus nombreuses des spécialistes de l’art militaire. Mais n’est-elle pas une guerre juste, en défense de « nos valeurs », comme n’a de cesse de le marteler la propagande médiatique ? Voilà pour le volet moral. Qu’elle serve par ailleurs, croit-on, nos intérêts, est un heureux effet de la providence. Voilà pour le volet machiavélique. Car elle pourra sûrement, indépendamment même de son issue, être une ressource afin de forger une véritable patrie européenne, un authentique peuple européen… S’engager dans cette guerre relèverait ainsi, pour l’Europe, de ce que les anciens Grecs nommaient le Kairos (faire le bon acte au bon moment). Cette guerre arriverait à point nommé. C’est que « toute politique se réduit à faire de l’escompte ou du report de puissance, écrivait Paul Valéry. La guerre liquide enfin ces positions, exige la présence et le versement des forces vraies, éprouve les cœurs, ouvre les coffres, oppose le fait à l’idée, les résultats aux renommées, l’accident aux prévisions, la mort aux phrases ».

La fin des nationalismes étroits, la naissance d’un peuple européen

« Polemos est père de toutes choses », disait Héraclite. Aussi peut-on penser que pour les dirigeants de l’Union Européenne le temps est venu d’honorer le père, comme il en va d’une nécessité. Que Polemos engrosse enfin la déesse Europe et qu’elle accouche de ce demos européen que l’union stérile du marché et du droit n’a jamais pu enfanter. Mais que la maïeutique est cynique et brutale ! Car dans les faits, il revient au seul peuple ukrainien, sorte de peuple élu malgré lui aux fins d’assurer la consolidation politique de l’Union Européenne, d’instituer symboliquement et d’incarner ce peuple européen naissant, puisque ce sont les soldats ukrainiens qui meurent « pour nos valeurs ». Pour ces soldats il n’y a pourtant rien de symbolique dans tout cela : seulement du sang, des souffrances et de la mort ; ce que nous, précisément, nous ne supportons plus. Qui donc irait mourir pour « nos valeurs » ? Que d’autres nous représentent – ah ! les immenses ressources du gouvernement représentatif et de la politique par procuration – sur le champ de bataille, que d’autres meurent pour notre patrie immatérielle, voilà un opportun ordre des choses. Mais qui se soucie de savoir si ces soldats connaissent ceux qu’ils saluent lorsqu’ils vont mourir ? Savent-ils qu’ils meurent pour le drapeau européen, qui n’est pas encore le leur mais qui leur est promis comme une récompense ? S’il y a un creuset du peuple européen, convenons qu’il est terrifiant.

L’Europe a toujours eu des pulsions de mort. C’est le seul continent suicidaire, familier des sacrifices et des paris douteux. Rien ne garantit qu’au bout du chemin l’Union Européenne survive à cette nouvelle crise qui la dépasse et pour laquelle elle n’est pas armée. La regrettée Coralie Delaume, dans ses derniers ouvrages, expliquait que l’Union Européenne aurait un terme. Mais peut-être n’imaginait-elle pas qu’il se déroulerait sous les auspices de Mars. Plus que les civilisations, nous devrions savoir que les empires sont mortels.

[1] L’auteur entend par là un deuxième monde, un marché, plus juridique que politique, et se superposant à ce qu’on entendait autrefois par “Europe” NDLR

Par Eric Desmons le 21 février 2023

Causeur

samedi 11 février 2023

Les Européens, dindons de la farce ! La France farcie en priorité ! (2)



Indépendamment des enjeux militaires qui mobilisent l’attention, c’est la véritable clef du scénario : les Etats-Unis veulent demeurer la puissance qui domine le monde. Face à la montée de la Chine, il est nécessaire de vassaliser l’Europe, de la maintenir dans l’état de prolongement de l’empire anglo-saxon à l’ouest tandis que les alliés de l’est, du Japon à l’Australie, compléteront le dispositif d’encerclement. Cette inféodation de l’Europe est une vieille tendance, dont paradoxalement, la prétendue construction européenne a été l’instrument. Il faut lire l’Ami américain de Branca pour voir le rôle néfaste d’un Jean Monnet agent permanent des Anglo-saxons, antigaulliste viscéral, dans la direction prise par la construction européenne, cumulant approfondissement et extension avec pour conséquence d’émasculer les Etats détenteurs de la volonté politique et de la souveraineté des nations européennes. Une UE de plus en plus étendue avec une multitude de petits Etats ayant voix au chapitre, suffisamment pour noyer toute volonté politique et laisser place à la technocratie bruxelloise atlantiste et mondialiste, prive les nations importantes comme la France de toute autonomie, engluées qu’elles sont dans le formalisme institutionnel qui tue toute souveraineté et dilue le vouloir-vivre des peuples. 

L’intégration à l’Union Européenne et à l’Otan  des anciens satellites soviétiques souvent animés par un désir de revanche contre Moscou, comme les Etats baltes ou la Pologne, a affaibli le partenariat entre Berlin et Paris, renforcé le poids de l’Allemagne et la soumission au “protecteur et libérateur” américain. En poussant les frontières des deux organisations, l’une militaire, l’autre politique jusqu’à celles de la Russie, et en absorbant des Etats inscrits de longue date dans l’orbite russe-orthodoxe, comme l’Ukraine ou la Géorgie, la stratégie se muait en provocation délibérée qui sous couvert d’expansion démocratique servait l’impérialisme de Washington. La riposte devenait inévitable. La machine infernale de l’intervention russe en Crimée d’abord puis dans l’est de l’Ukraine, des sanctions, puis de l’effort de guerre contre la Russie était amorcée.

Mais, la confusion de fait entre l’UE et l’Otan, qui séduit apparemment par son unanimisme face à la Russie, c’est celle d’un troupeau, celui des moutons de Panurge,  qui d’un seul élan, et avec enthousiasme foncent vers le précipice. D’abord celui d’une crise économique générée par l’alourdissement des coûts de l’énergie et des matières premières provoqué par l’embargo sur les produits russes, mais aussi par l’inflation déjà présente qui s’en trouvera accrue. Remarquons que l’un des buts de l’Union Européenne était de contenir l’inflation. Après la pandémie, la guerre en Ukraine accentue la pente fatale. Pendant ce temps, les Etats-Unis, de même qu’ils font tourner leur complexe militaro-industriel à plein régime pour armer l’Ukraine et compléter l’arsenal de leurs alliés, vendent aux Européens leur énergie fossile plus chère et plus polluante, et n’hésitent pas à faire sauter les gazoducs de la Baltique si nécessaires à l’Allemagne dont l’alignement sur Washington révèle plus que jamais la servilité, fatale à la conception gaulliste de l’Europe. Jamais l’Allemagne n’a adhéré au mirage français du couple franco-allemand fondateur d’une “puissance” européenne. La France se retrouve à la traîne de l’Allemagne, elle-même à la traîne des Etats-Unis ! La stupidité de la politique énergétique, et notamment nucléaire de la France, qui nous prive de l’autonomie et renverse les flux au profit de l’Allemagne et de son charbon relève de la haute trahison !

Ensuite, la crise économique débouchera sur une crise politique majeure lorsque les Européens prendront conscience de leur débâcle et plus profondément de leur décadence. Qui pourrait aujourd’hui rappeler le but proclamé de la stratégie de Lisbonne, sans provoquer le rire ou la stupeur : ” « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde d’ici à 2010, capable d’une croissance durable accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale » ?  Malgré la mobilisation d’une majorité des médias au service de l’idéologie dominante, il devient de plus en plus évident que les gouvernants européens, et singulièrement l’oligarchie bruxelloise, trahissent les peuples. L’intérêt de ces derniers est de coopérer avec une Russie tellement complémentaire. L’illusion d’une démocratie sans cesse plus fallacieuse, quand la liberté d’expression est réduite, quand le pouvoir échappe aux peuples pour être capté non par leurs représentants mais par des politiciens professionnels qui s’y enrichissent, doit se dissiper. Retrouver la souveraineté nationale qui permet aux citoyens soit par leurs représentants, soit directement, de décider du destin de leur nation est la condition sine qua non la démocratie. Nous en sommes loin et nous n’avons donc aucune raison  de promouvoir ce régime qui n’est plus le nôtre dans une Ukraine dont le gouvernement corrompu est issu d’un coup d’Etat déguisé en révolution, et se comporte en satellite américain, épuisant sa population dans une guerre par procuration au profit de l’Amérique et au détriment de l’Europe. 

Quand les peuples européens sont dépossédés de leur souveraineté par une oligarchie bruxelloise qui se livre à un coup d’Etat permanent comme le dit Pierre Manent, les faux démocrates de Bruxelles ne font que prolonger leur tartufferie en soutenant les faux démocrates de Kiev. Cette guerre pouvait être évitée en respectant les accords de Minsk : une Ukraine neutre, fédérale pour reconnaître l’autonomie des oblasts russophones, et pont entre la Russie et l’Union Européenne, c’était la solution de la paix et du bon sens. L’Allemagne et la France en étaient les garants, mais ont laissé jouer sournoisement la manoeuvre américaine. 

Comme le dit Vincent Hervouët, le moteur franco-allemand a calé quand on en avait le plus besoin. Mme Merkel a avoué récemment que la solution de Minsk n’avait pas été sérieusement envisagée parce qu’il s’agissait de faire patienter les Russes pendant qu’on renforçait l’armée de Kiev. Le cynisme et le machiavélisme ne sont pas russes, mais “occidentaux” ! (à suivre)

Par Christian Vanneste le 8 février 2023

Le blog de Christian Vanneste

Conflit russo-ukrainien : une Troisième Guerre mondiale n’est pas à exclure



Une Troisième Guerre mondiale n’est désormais plus impossible à envisager dans le conflit russo-ukrainien qui a débuté le 2 mai 2014 et s’est poursuivi, depuis lors, par l’agression russe, le 24 février 2022. Aucune diplomatie française ni européenne n’a conduit à la paix depuis. La France fournit même du matériel militaire à l’. Et l’ envoie des chars sur le théâtre des opérations pour renforcer cette dernière. La Russie, quant à elle, par la bouche de Vladimir Poutine, brandit la menace nucléaire comme une arme de défense au cas où son pays serait attaqué. On est bien obligé, alors, de se poser la question de savoir si le président de l’ Volodymyr Zelensky ne pourrait pas, lui aussi, à son tour, recourir à cette même bombe nucléaire avec ses alliés occidentaux au cas où la guerre se prolongerait.

La France doit se retirer d’une guerre qui ne la concerne pas directement. Si elle avait participé avec certains pays européens à un axe de paix, sans la présence de l’OTAN, une intervention de sa part aurait pu être souhaitable, par solidarité avec le peuple ukrainien agressé. Mais ce n’est pas le cas ! Le trio Zelensky-Biden-Macron mène une politique bellico-mondialiste dessinant ce que pourrait être un Nouvel Ordre mondial, promis par George Bush père en 1991, lors de la première guerre du Golfe et par Nicolas Sarkozy durant sa présidence française en 2007. Aujourd’hui, l’on voit bien toujours se dessiner ce cauchemar pour tous les peuples, y compris ukrainien, dans certaines têtes des membres de l’hyperclasse mondialisée et américano-centrée. Les Ukrainiens eux-mêmes ne seraient pas alors épargnés.

Ajouter de la guerre à la guerre est une folie. Pourtant,  souffle le chaud et le froid en même temps. Il a pris parti dans cette guerre russo-ukrainienne devenue désormais une guerre russo-américaine. Mathieu Bock-Côté, dans Le Journal de Montréal du 26 janvier dernier, note à juste titre : « Une certaine inquiétude devrait nous animer. À un certain moment, que l’on ne peut identifier d’avance avec certitude, mais qui pourrait bien se présenter, la Russie jugera que les forces de l’OTAN sont désormais objectivement en conflit avec elle. Elles seront, pour reprendre un terme qui s’est imposé, dans une situation de cobelligérance qui pourrait conduire l’empire américain et l’empire russe face à face. L’Ukraine, alors, ne sera plus que le champ de bataille où s’affronteront ces deux puissances. »

À propos de la Russie poutinienne et de l’Occident otanien, Mathieu Bock-Côté ajoute avec force et justesse : « Un autre facteur s’ajoute : un régime autoritaire qui s’effondre le fait rarement dans la douceur. Et si Vladimir Poutine tombait, demain, son remplaçant ne serait pas nécessairement un démocrate occidentalo-compatible. Étrangement, rappeler cela, en Amérique du Nord comme en Europe, peut vous valoir la réputation de prorusse. Il y a dans ce refus de la moindre nuance géopolitique à propos de ce conflit quelque chose d’étonnant, et peut-être même d’irresponsable. »

Il faut donc applaudir aux paroles pacifistes de Dominique de Villepin, Hubert Védrine, malgré ses louvoiements habituels (il est vrai qu’il s’agit d’un ancien diplomate), de Nicolas Dupont-Aignan, de , qui avec son mouvement politique, Via la voie du peuple, vient de lancer une pétition contre la livraison de chars à l'Ukraine, d’Arno Klarsfeld (à qui il faudrait dire quand même, un jour, qu'Hitler est mort en 1945, malgré l’existence de groupes néo-nazis ukrainiens ne représentant qu’eux-mêmes ; à l’instar de BHL, qui croit que Staline est toujours vivant, comme si certains points de vues nationaux-communistes de l’élite poutinienne pouvaient recouvrir tout le bolchevisme historique !) et de surtout Marine Le Pen qui, le 31 janvier dernier, a appelé à une désescalade du conflit et à l’organisation, par la France, d’une « conférence mondiale pour la paix ».

Quant à nous, Français d’Europe, nous avons mal à l’Est ! Il est donc, plus que jamais, indispensable de panser les plaies et de faire cesser les convulsions destructrices.

Par Arnaud Guyot-Jeannin le 11 février 2023

Boulevard Voltaire

jeudi 9 février 2023

Et maintenant la Légion d’honneur pour Zelensky



On est bien d’accord, Zelensky est un héros. Une sorte de Churchill moderne, le cigare en moins. Un Churchill qui n’aurait pas trouvé de tailleur pour se faire confectionner un costume. Et les héros, on les décore. C’est chose faite : Emmanuel Macron a élevé le président ukrainien, de passage à Paris, à la dignité de grand-croix dans l’ordre de la Légion d’honneur. On peut pas faire mieux. Au-dessus, c’est le Panthéon et, pour postuler, faut être mort et français… jusqu’à maintenant. Car, au rythme où vont les choses, ça peut encore bouger.

Qu’Emmanuel Macron élève un chef d’État à notre plus haute distinction n’a rien de nouveau. Il en a toujours été ainsi. La Légion d’honneur n’est pas une médaille, c’est un ordre, assimilable à un ordre de chevalerie. Le président de la République française en est le grand maître et la tradition veut que les chefs d’État s’échangent les plus hautes décorations de leur pays, au titre de « la réciprocité diplomatique ». Le tsar Nicolas II, Churchill, la reine Élisabeth mais aussi Mussolini, Ceaușescu étaient grands-croix de la Légion d’honneur. Poutine l’est toujours : c’est Jacques Chirac qui l’avait décoré en 2006 au palais de l’Élysée. Zelensky et Poutine sont donc aujourd’hui à égalité ! En retour, Sarkozy avait été fait chevalier de la Toison d’or par le roi d’Espagne et Emmanuel Macron est d’ores et déjà détenteur d’une très belle collection qui va de l’Aigle aztèque du Mexique au Lion du Sénégal en passant par l’Éléphant du Danemark. Donc, rien de nouveau au rayon décorations.

En revanche, sur la forme, on peut tout de même être un peu surpris. Vous allez dire que nous sommes vieux jeu, mais Zelensky n’était pas obligé de recevoir les insignes de cette dignité dans sa tenue de tous les jours. Certes, Emmanuel Macron les lui a remis tout simplement sur un plateau et non pas de façon protocolaire. Certes, Zelensky fait la guerre, mais par respect pour cette haute, ancienne et prestigieuse institution ainsi que pour ceux qui en ont été et qui en sont aujourd’hui membres, il n’était pas interdit d’enfiler un costume-cravate. C’est des choses qui se font encore. Mais, non, viens comme tu es, mon cher Volodymyr. Cela dit, le roi Charles II l’a reçu tout pareil, mercredi.

Sur la forme, on peut être surpris mais aussi outré. Outré, non pas par Zelensky qui, au fond, est dans son rôle, mais par Emmanuel Macron, grand-maître des ordres nationaux, qui a décoré le président ukrainien en s’adressant à lui en anglais alors qu’en principe, une formule bien particulière doit être prononcée (en français, bien évidemment) pour que l’entrée dans l’ordre soit valide. Napoléon, fondateur de l’Ordre, peut se retourner dans son tombeau des Invalides !

Sur le fond, maintenant. Diplomatiquement, était-il bien opportun de décorer Zelensky aujourd'hui ? C’est la question que l’on peut objectivement se poser. Tout compte, notamment les symboles, dans cette guerre de sang mais aussi d'images. En décorant le président ukrainien, Emmanuel Macron prend le risque d’exacerber un peu plus la rancœur de la Russie envers la France. On ne le répétera jamais assez : dans ce conflit, en droit international, la Russie est l’agresseur, l’ est l’agressé. Mais il n’y a que deux façons d’obtenir la paix : soit qu'un des deux protagonistes écrase totalement, définitivement, son adversaire, soit que les ennemis acceptent de se mettre autour d’une table pour négocier. La France avait, dans cette seconde hypothèse, un rôle traditionnel à y jouer. Elle n’en prend visiblement pas le chemin. Cela dit, une Légion d’honneur après des canons CAESAr et, peut-être demain, des , ce n’est pas grand-chose. On va dire un geste commercial.

Par Georges Michel le 9 février 2023

Boulevard Voltaire

jeudi 26 janvier 2023

Les européens dindons de la farce ! La France farcie en priorité ! (1)



La guerre en Ukraine perdure. Le western proposé aux Européens, avec ses méchants Russes envahisseurs et ses gentils Ukrainiens héros de l’indépendance et de la démocratie est diffusé par la quasi totalité de nos médias. Aussi, devient-il vital de s’évader des écrans du conditionnement à la pensée unique pour se réfugier dans la réalité, et ses conséquences. Comme dit Saint Jean, “la vérité rend libre”. Ce qui se joue n’est pas l’indépendance de l’Ukraine, mais celle de l’Europe, et l’ennemi de cette indépendance des nations européennes n’est pas la Russie ! Ce sont les Etats-Unis !

Myopie qui limite l’événement à son présent le plus étroit, réflexe pavlovien stimulé par les mots privilégiés par les médias dominants, conformisme de la pensée unique qui interdit le “dérapage” d’une réflexion autonome, jugée choquante et intolérable : l'”agression” russe, l’agresseur Poutine, ce “malade”, ce “dictateur fou” qui se lance contre l’Europe, contre l’Occident, contre le monde doivent être combattus au nom de la démocratie et par tous les moyens, à l’exclusion de l’arme nucléaire… pour l’instant. Pour qui nourrit sa réflexion de quelques connaissances, le délire est dans l’accusation, non chez l’accusé. L’appel récurrent et incessant à de nouvelles sanctions et à de nouvelles fournitures d’armes toujours plus lourdes, toujours plus sophistiquées à un régime follement belliciste, souvent accusé de corruption et qui n’échappe à la main américaine que dans la provocation et l’excès, relève effectivement de la folie. A qui profite le crime ? Certainement pas à l’Europe mystifiée et manipulée !

Un peu d’histoire, d’abord ! Les deux tiers de l’Ukraine actuelle ont été russes depuis le XVIIIe siècle après avoir été libérés au sud des Turcs et à l’ouest des Polonais. La RSS d’Ukraine a été créée en 1922 par les bolchéviques et ses frontières ne correspondent pas à des limites historiques, linguistiques ni ethniques. L’Etat souverain ukrainien, après des tentatives avortées durant la révolution de 1917, et sur des territoires aux contours flous, n’existe que depuis 1991 et les élections ont, depuis, témoigné d’une forte opposition entre un ouest proeuropéen et un est prorusse. Tant que le pays demeurait un partenaire de la Russie, son indépendance n’indisposait pas Moscou. Deux “révolutions”, en 2004 et 2014, marquées par une forte pression américaine, et dont la spontanéité, de ce fait, paraît douteuse, ont transformé l’Ukraine en fer de lance de la stratégie de Washington contre la Russie. Elles ont fait surgir les oppositions entre les régions comme la Galicie, soviétisées de force lors de la seconde guerre mondiale et qui nourrissent une rancune compréhensible, et d’autres qui se sentaient pleinement russes, comme le Donbass, et surtout la Crimée, intégrée à l’Ukraine par Khrouchtchev en 1953, avec entre les deux, une zone plus partagée, sans doute séduite par la perspective d’une intégration à l’Union Européenne, et que l’opération militaire russe a davantage ancrée dans ce choix, à moins que l’acharnement belliqueux de Zelenski ne la fasse basculer à l’inverse.

La Russie de Poutine a été très patiente, un peu naïve, et hésitante ; les Etats-Unis ont au contraire, et c’est une surprise quand on songe aux sinuosités américaines en Irak ou en Afghanistan, poursuivi une stratégie cohérente : l’effondrement de l’URSS n’était qu’une étape et non un aboutissement conduisant à la coopération entre le plus grand pays du monde, et l’Etat le plus puissant de la planète. Cette dernière option a prévalu apparemment avec Eltsine, que Clinton a roulé goulûment dans la farine, et jusqu’à Poutine, qui, au début, a cru à un partenariat contre le terrorisme islamiste. 

Cette illusion l’avait même amené à proposer d’intégrer la Russie à l’OTAN. Mais, Washington poursuivait d’autres objectifs dessinés dans les ouvrages de Brzezinski : “l’empire du mal” vaincu et disloqué, il fallait retourner ses anciens vassaux contre ce qu’il en restait en les absorbant dans l’OTAN, et ce faisant, enfermer la Russie dans un cercle hostile et menaçant jusqu’à ce que l’absence de réaction prouvant sa faiblesse, ou au contraire une riposte militaire justifiant des sanctions, et précipitant son isolement, provoquent un éclatement de la Fédération de Russie, ce territoire immense et pourvu de richesses inouïes, insuffisamment peuplé par des peuples parfois désireux d’autonomie voire d’indépendance. 

Cette élimination d’un concurrent, cet affaiblissement de la proie par son prédateur, convergeaient avec d’autres desseins hostiles envers d’autres puissances. Certes, il s’agissait d’empêcher un nouvel axe Moscou-Pékin de rivaliser avec Washington, mais il fallait surtout viser l’autre grand concurrent potentiel, l’Europe : l’alliance entre l’Europe dotée d’une population nombreuse et d’une industrie compétitive, alliée à une Russie et à ses ressources naturelles gigantesques, constituait le risque le plus élevé. Les fournitures de gaz russe à l’industrie allemande sans cesse augmentées assuraient la croissance d’un rival qu’il fallait abattre à tout prix. 

La croisade démocratique pour sauver un peuple appelé à se sacrifier au nom d’une idéologie hypocrite masquant les intérêts géopolitiques  américains est une mise en scène détestable. Il faut être aveugle lorsqu’on voit BHL une fois encore à l’oeuvre comme en Libye dans le criminel appel à l’escalade pour ne pas déceler la supercherie ! ( à suivre)

Par Christian Vanneste le 22 janvier 2023

Le blog de Christian Vanneste

mardi 24 janvier 2023

Le conflit sur les retraites occulte la vraie guerre qui vient



La tension entretenue par les syndicats et le pouvoir autour des retraites invite à penser petit. Ces vieux acteurs sont à leur aise dans cet énième jeu de rôle. Il permet à la gauche épuisée de se refaire une santé médiatique, et au président immobile de se prétendre réformateur audacieux. Mais ce bras de fer, qui se conclura par des aménagements de la réforme après d’autres processions syndicales, n’est que la perpétuation d’un vieux monde finissant, victime sa mentalité étriquée. 

Seule une extrême légèreté permet de se passionner encore pour savoir s’il faut travailler un peu plus longtemps, tandis que la perspective d’une troisième guerre mondiale se rapproche à grands pas. Cette réforme, contre qui des jeunes sans horizons se sont mobilisés samedi à Paris à l’appel de LFI, occulte les autres grands bouleversements qui ébranlent ce siècle, à commencer par l’irruption de la France oubliée. Dans Le Figaro de ce lundi, le géographe Christophe Guilluy rappelle que la « majorité ordinaire est le seul ensemble socioculturel cohérent, le seul socle sur lequel on puisse reconstruire un dessein politique commun. » Selon Guilluy, la société s’est engagée dans un « mouvement existentiel » qui balaie les seules considérations sociales et matérialistes qui structurent les conflits sociaux habituels. Il explique : « Ce n’est pas seulement son pouvoir d’achat (de cette majorité ordinaire) qui est en jeu mais son être. Il ne manque qu’une étincelle pour qu’elle s’exprime dans la rue ou dans les urnes. Ce n’est qu’une question de temps. » De ce point de vue, il est peu probable que ce mouvement identitaire vienne se joindre à des syndicats déconnectés.

De tous les grands basculements en cours, celui du mondialisme est le plus vertigineux. Le 53 eme Forum économique mondial de Davos, achevé vendredi, a montré l’épuisement de cette idéologie élitiste qui prétendait conduire le monde dans l’indifférence de la vie des gens et du particularisme des peuples. La guerre en Ukraine est venue accélérer la recomposition de cet ordre mondial jadis dominé par seul camp occidental. « La Russie doit perdre », a-t-il été répété à Davos. Reste que les Occidentaux tardent à mesurer le nouvel équilibre qui s’installe autour de la Chine, de la Russie, de l’Inde, de l’Iran, de l’Arabie saoudite et de nombreux pays d’Afrique. 

La course à l’armement de l’Ukraine par ses alliés américains et européens précipiterait une généralisation du conflit. Hier, le couple franco-allemand, qui célébrait son soixantième anniversaire à Paris, n’a pas exclu de fournir à Kiev des chars Leclerc et Léopard 2, en cas de feu vert des Etats-Unis. Or rien ne serait plus dangereux que cette montée aux extrêmes. En réalité, le faux couple franco-allemand ne pèse rien, dans cette guerre, face au couple polono-américain qui entend maîtriser le calendrier d’une défense ukrainienne qui pourrait devenir offensive. 

La France, qui se déchire sur les retraites, avance aveuglement vers une guerre inutile. Ce vieux monde doit dégager au plus vite.

Par Ivan Rioufol le 24 janvier 2023

Le Blog d'Ivan Rioufol