Le bateau ivre de l’Education nationale n’en finit pas de dériver et le naufrage final semble de plus en plus proche. Tous les ingrédients d’une inéluctable catastrophe sont en effet réunis depuis bien trop longtemps pour espérer encore une issue heureuse à la crise actuelle de l’enseignement. Violence endémique, analphabétisme galopant, inculture crasse, rupture de la transmission, wokisme rampant, nivellement par le bas, l’idéologie égalitariste et immigrationniste a conduit ce pivot central de la société qu’est l’enseignement au bord du gouffre. Même les plus aveuglés des pédagogues « progressistes » n’osent plus assumer le ridicule de prétendre que le « niveau monte » et sont contraints d’admettre le fiasco général.
En plus, à tous ces maux, s’ajoute aujourd’hui la pénurie croissante de professeurs. Ainsi, à Versailles, la plus grande académie de France, seulement 424 futurs enseignants ont été admis aux concours pour 1 430 postes proposés. Un taux historiquement bas qui entraîne une situation inquiétante, alarmante même selon les syndicats. « On a seulement un poste sur trois d’enseignants pourvu en Ile-de-France, c’est catastrophique », s’émeut ainsi auprès de l’AFP la secrétaire générale du Snuipp-FSU, Guislaine David. Cette crise de recrutement est en effet sans précédent. Elle est le produit d’un double phénomène : la baisse drastique du nombre de candidats et l’écroulement du niveau de ceux qui veulent encore embrasser cette carrière sinistrée. Car non seulement rejoindre l’enseignement ne fait plus rêver personne, mais c’est au contraire une perspective devenue un véritable repoussoir qui n’attire guère plus que les bras cassés et les désespérés ne trouvant pas d’autres possibilités d’emploi.
Jadis considéré et respecté, le métier d’enseignant est désormais tombé au fond d’un caniveau dont plus personne ne semble parvenir à l’extraire. Qui voudrait en effet rejoindre d’enthousiasme une institution dans laquelle, en plus d’être mal payé, on se retrouve quotidiennement confronté à des hordes de néo-barbares aussi ignares qu’agressifs et vindicatifs, ne maîtrisant pas plus les bases de la langue française que celles de la plus infime politesse, et qui insultent leurs professeurs quand ils ne les agressent pas ? Même les plus hallucinés chantres gauchistes du « vivre ensemble » ne veulent plus entrer dans l’arène et préfèrent opter pour d’autres métiers moins exposés aux conséquences directes et concrètes de leurs délires idéologiques.
Face à cette situation, le nouveau ministre de l’Education nationale, Pap Ndiaye, ne semble pas plus inquiet que cela et annonce simplement une hausse de rémunération des enseignants en 2023 afin de « motiver les troupes ». Il affirme même, dans un bel exemple de méthode Coué, qu’il y aura un professeur dans chaque classe à la rentrée, malgré les graves difficultés de recrutement évoquées. L’historien promet également qu’il travaillera pour que l’école permette de « davantage réduire les inégalités » et qu’il ne remettra en cause ni Parcoursup ni la réforme du lycée mise en place par son prédécesseur, Jean-Michel Blanquer.
Pas de rupture donc, ni de grande nouveauté à l’horizon, qui reste bien sombre. On aurait pourtant pu espérer que le ministre s’inspire des méthodes éducatives et pédagogiques de la prestigieuse Ecole alsacienne où il a placé ses enfants pour remettre un peu d’ordre, d’autorité et d’excellence dans les écoles, collèges et lycées de France. Mais il n’en sera rien, ce qui est bon pour les enfants de l’élite « républicaine » ne semble pas l’être pour la plèbe qui devra encore attendre pour que ses enfants connaissent une « scolarité sereine » et de qualité.
Par Xavier Eman le 27 juin 2022