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mercredi 6 novembre 2024

Victoire de Donald Trump : réveil difficile et gueule de bois pour la gauche

 


« Nuit blanche, nuit sombre ». 

Ce 6 novembre au matin, alors que les premières estimations sur le résultat de l’élection présidentielle nous parviennent des Etats-Unis, la gauche française se réveille avec une « grosse gueule de bois ». 

Ces élus, du Parti socialiste à la France insoumise, qui, pendant des mois ont brossé un portrait diabolique de Donald Trump, peinent à comprendre qu’une majorité d’électeurs américains aient pu voter en faveur du candidat républicain. Pire, l’annonce définitive du résultat, aux alentours de 11 heures 30 (heure française), donnant la victoire électorale et populaire au camp MAGA, a fini par agacer cette gauche bien-pensante qui refuse de saluer la victoire démocratique du candidat. 

Amère face au come-back historique de Donald Trump, la gauche française s’enferre dans des reductio ad hitlerum. En vain, l’argument ne fonctionne plus.

« Backlash climato-sceptique, masculiniste et raciste »

« Grosse gueule de bois ce matin ». Yannick Jadot, à peine réveillé, n’en revient pas. Donald Trump, que la gauche française n’a cessé de conspuer depuis des mois voire des années, est donné gagnant par les principaux analystes et semble en passe de remporter à la fois une majorité de grands électeurs, mais aussi le vote populaire. 

Au lieu de saluer ce résultat historique et cette élection démocratique, le sénateur écologiste choisit de revenir encore et toujours à la diabolisation du candidat républicain. « Tous les pouvoirs fédéraux (présidence, Sénat, Cour Suprême) aux mains de Trump, s’inquiète l’élu français. Je pense aux futures victimes des délires trumpistes, du fond des Etats-Unis au front ukrainien ». 

Même son de cloche du côté de Marine Tondelier. Sur X, la patronne d’Europe Ecologie les Verts, abonde : « Cet enfer qui se profile… Courage aux Américaines et Américains qui seront en première ligne des politiques de Trump. » Oublie-t-elle que ce sont ces Américaines et Américains qui, dans leur majorité, ont voté en faveur de Donald Trump ? Toujours dans les rangs des écolos, Sandrine Rousseau, connue pour son manque de mesure, ne fait pas défaut à sa réputation. 

« Les Etats-Unis sont les théâtre d’un backlash climatosceptique, masculiniste et raciste, soutenu et encouragé par les acteurs d’une économie libérale avides de profits. Angoisse. » écrit-elle sur son compte X. Sa collègue, Marie Toussaint, surenchérit : « Cette nuit, c’est la brutalité, le mépris, le chaos. Tenons-nous prêts à nous battre pour la démocratie, la justice et l’égalité ».

Surenchère insoumise 

Chez les Insoumis aussi, le réveil semble avoir été difficile. Malgré l’écrasante victoire populaire et électorale de Donald Trump, la France insoumise continue de rabâcher les mêmes arguments. Chacun y va ainsi de son superlatif pour s’alarmer du résultat de l’élection américaine. « C’est un drame, commence Clément Guetté, députée LFI. […] Notre pays doit se tenir auprès de celles et ceux qui souffriront de sa politique ». « Victoire de Donald Trump, ennemi des femmes, des personnes racisées, de la liberté de la presse et du climat. J’ai une pensée pour toutes celles et ceux qui subiront les effets de ses politiques dévastatrices » ajoute Manon Aubry, eurodéputée insoumise. Et Carlos Bilongo, député insoumis, de qualifier Donald Trump de « très dangereux ». « Son premier discours laisse déjà présager les pires scénarios possibles pour l’avenir et l’écologie » poursuit-il

Jean-Luc Mélenchon craint, quant à lui, que « le monde monte en tension » tandis que Raphaël Arnault déclare être dans « une colère immense ». Mais la palme de la surenchère revient sûrement à Clémentine Autain qui va jusqu’à parler de « catastrophe planétaire ». D’autres, à l’instar d’Aymeric Caron ou encore Raphaël Arnault et Manon Aubry, tentent une analyse du scrutin et expliquent la défaite de Kamala Harris notamment par son manque de soutien à la cause ukrainienne ou palestinienne

Côté socialiste, on ronge son frein en silence. A la surenchère des Insoumis, des élus du Parti socialiste préfèrent l'absence de commentaires ou la prise de recul. Pierre Moscovici, ancien ministre sous François Hollande, choisit quant à lui, l'option pseudo-poétique avec un commentaire laconique : « Nuit blanche, nuit sombre ». Histoire, peut-être, donner l'illusion qu'il reste dans sa réserve de Premier président de la Cour des comptes.

Plutôt que de se fourvoyer dans la dénonciation (facile) d'un fascisme qui n'existe pas, la gauche française devrait plutôt écouter les conseils de l'un des ses siens, Julien Dray, ancien député socialiste : « Quand le peuple vote, on commence d’abord par le comprendre, et donc qu’une partie de la gauche bien pensante  prenne enfin le temps de réfléchir et se garde de voir le fascisme partout lui fera le plus grand bien… ».

Par Clémence de Longraye le 6 novembre 2024

Boulevard Voltaire

mardi 7 novembre 2023

La vertigineuse dérive des Nations-Unies



« L’ambassadeur de la République islamique d’Iran et représentant permanent de son pays aux Nations unies, Ali Bahreini, a été désigné en mai dernier pour présider le Forum social du Conseil des Droits de l’Homme de l’Onu pour l’année 2023, qui doit se tenir à Genève les 2 et 3 novembre. » 

Ainsi donc, sur le plan international, le pays choisi pour incarner les droits de l’homme est celui qui emprisonne, torture jusqu’à la mort des jeunes filles refusant de porter le voile islamique, celui qui pend les « hérétiques » à tour de bras, celui qui massacre à la mitrailleuse la foule des manifestants: plus de 400 jeunes garçons et filles anéantis pour avoir protesté contre l’une des formes les plus barbares de la tyrannie. 

On se croirait dans « 1984 » de Orwell, « la liberté, c’est l’esclavage »; ou encore « les droits de l’homme, c’est les cachots, la torture et la potence pour les opposants ». 

En 1945, l’ONU a été créée par les vainqueurs de la IIe guerre mondiale pour promouvoir la paix et la liberté. Elle est en train de devenir un outil de revanche anti-occidentale et de destruction de la civilisation: respect de la vie et des droits de la personne. A ce stade de la corruption, il faudrait s’interroger sur l’intérêt de cette institution.

Par Maxime Tandonnet le 3 novembre 2023

Le blog de Maxime Tandonnet



dimanche 22 janvier 2023

Climat : des nouvelles rafraîchissantes


Alors que les présentatrices  des chaînes les plus regardées nous répétaient récemment, consciencieusement, que nous sommes plusieurs degrés au-dessus des moyennes de saison, il est intéressant de regarder si ce constat est identique pour le reste de la planète, consciencieusement oublié par ces mêmes chaînes.

En novembre, tout d’abord, un article de BBC News signalait le « potentiel historique des chutes de neige » qui ont touché six millions de personnes du Michigan à New York. Fin novembre, la couverture neigeuse de tout l’hémisphère nord était la plus étendue pour cette période de l'année depuis au moins 1966. Cette couverture concernait principalement la Russie et les pays scandinaves, l’Alaska, le Canada et le nord des États-Unis. Dans le même temps, le pôle Sud, qui entrait dans l’été austral, battait aussi des records de froid.

Fin décembre, les États-Unis et le Canada étaient encore frappés par des vagues de froid intenses, avec des vents de plus de 100 km/h, des températures de -20 à -40 °C, des tempêtes de neige et plus de 1.800 vols annulés. À Minneapolis et Saint Paul, il est tombé plus de 20 cm de neige en 24 heures. Ah ! la neige, cette chose du passé, comme titrait le journal The Independent, le 20 mars 2000 ! Selon Cyrille Duchesne, météorologue à La Chaîne « plusieurs records ont été battus : -53 °C dans l’ouest du Canada, -38 °C dans le Minnesota et, plus au sud, -13 °C à Dallas ou -8 °C à Houston. Les températures ressenties atteignent jusqu’à -55 °C dans la région des Grandes Plaines, dans le centre du pays. »

L’Islande connaît également des records de froid depuis début décembre. Selon le site LaMétéo.org« la capitale a connu en 2022 son mois de décembre le plus froid depuis au moins 1901, avec -3,9 degrés de moyenne globale, battant assez largement les -3,4 degrés de décembre 1973. » Alors que cette île rencontre rarement des températures inférieures à –20 °C, il a fait jusqu’à –25 °C sur les plateaux islandais. Fin décembre, l’anomalie globale de température de la basse atmosphère de notre planète n’était que de +0,05 °C.

Depuis le début du mois de janvier, c’est le continent eurasien, de la Russie à la Sibérie, qui est touché par une vague de froid hors normes, selon un communiqué de Régis Crepet, de La Chaîne , qui poursuit ; « Si la Russie occidentale a seulement connu un week-end glacial avec -29 °C dans la région de Moscou, la Sibérie est passée sous la barre des -60 °C, mardi 10, avec des valeurs record pour un mois de janvier. » Le même jour, à la station Zhilinda en Sibérie, la température a chuté à -61,9 °C !

Pour finir, l’extrême nord de l’océan Atlantique n’est pas en reste. Dans une publication sortie en mai 2022, une équipe française d’océanographes montre que, malgré le réchauffement atmosphérique, la mer d’Irminger se refroidit depuis 2016 à la vitesse de –0,044 °C par an au niveau du détroit du Danemark, et –0,016 °C par an au niveau du détroit de l’Islande-Écosse. Une autre publication sortie dans le journal Nature prédit, grâce un modèle parvenant à coupler des observations atmosphériques et océaniques, un refroidissement de l'Atlantique Nord et de ses températures de surface globale, tout comme dans les années 1950-1970.

Si la France a été relativement épargnée jusqu’à présent par ces vagues de froid, il n’est pas certain que cette situation perdure. Il serait alors intéressant de constater où les regards des chaînes de télévision se portent. Il y a fort à parier que les pays « chauds » seraient à l'honneur.

Par Marc Le Menn le 22 janvier 2023

Boulevard Voltaire


dimanche 11 décembre 2022

Surpopulation mondiale : ces lanceurs d’alerte qu’il faudra bien finir par entendre…



Elle avait forcément le visage de l’innocence. Sa naissance était pourtant effrayante. Symboliquement, bien sûr, car la petite fille de 2,5 kilos Danica May Camacho, née un dimanche d’octobre 2011 deux minutes avant minuit au Jose Fabella Memorial Hospital, un hôpital public de la capitale philippine, a fait à juste titre la joie de ses parents. N’a-t-on pas coutume d’assurer qu’une naissance est le plus beau des événements ?

Celle de Danica fut malheureusement la plus dramatique des annonces car elle a été désignée alors 7 milliardième habitante sur Terre : ses contemporains ont alors probablement accueilli cette nouvelle, annoncée par tous les médias, avec une parfaite indifférence… ou avec un sourire béat ! dans un cas comme dans l’autre, leur inconscience est effrayante !

D’autant que les Nations-Unies ont félicité les parents de la petite Danica, lui ont offert un « petit gâteau pour l’occasion », donné une bourse pour ses études et à ses parents un pécule pour ouvrir un magasin. On est heureux pour eux et leur existence future…

Pour celle de l’Humanité, en revanche, on ne peut guère féliciter les Nations-Unis de fêter ainsi une telle tragédie.

La surpopulation mondiale n’est pas un problème parmi d’autres – un « défi » comme disent la plupart des observateurs avec une lâche pudeur –, mais le drame mondial par excellence. Tous les autres « défis » – pandémies, guerres, pollutions,… – n’étant que les avatars de cette surpopulation apocalyptique.

Le simple bon sens permet de comprendre que sans les « excès de population », les maux – spécifiques ou communs, les uns étant souvent la conséquence des autres – qui frappent tous les pays du monde, qu’ils soient riches ou pauvres, n’existeraient pas, seraient de nature moins dramatiques ou bien même si certains existeraient tout de même sans cela, l’ampleur de leurs conséquences seraient sans commune mesure.

« Une mise en accusation de l’insouciance humaine commence à poindre. Ainsi en est-il de la conscience du double danger sur le plan mondial et sur celui des progénitures de la fécondité humaine inconsidérée, malgré le chant des sirènes économiques ou politiques acharnées à maintenir des expédients. S’y ajoutent des fruits de notre inconséquence : souci négligé de l’état de notre sol jusqu’à des effondrements du fond marin dits tsunamis, maîtrise hypothétique des effets de l’arme atomique contre un État prêt au terrorisme et inconsé­quence actuelle en présence des pandémies » : ces lignes sont de Francis Verdavoine-Bourget et extraites de son ouvrage : Surpeuplement, un drame planétaire !(1)

« Arrêtez le monde, je veux descendre », écrivait(2) avec humour de l’homme moderne Louis Pauwels, ancien co-fondateur (avec Jacques Bergier) de la revue Planète, puis fondateur du Figaro Magazine.

Ce n’est certes pas l’envie qui manque à beaucoup, conscients d’un inéluctable déraillement du train cosmopolite, mais il ne semble pas que soient annoncées pour cela de prochaines stations, fussent-elles en rase campagne. Reste alors le dilemme de sauter de celui-ci en marche… ou de braquer le conducteur. Si quelqu’un a le mode d’emploi, qu’il soit assez avisé pour l’adresser aux Nations-Unis !

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Les lignes qui précèdent

Elle sont extraites d’une chronique (« Descendre du monde moderne ») que j’avais écrite en 2011 et qui avait été assez largement diffusée sur internet.

Et depuis lors, quoi de nouveau ? 4 enfants de plus… par seconde ! comme l’indique le sous-titre du livre de Jean-Michel Hermans auquel n’aura forcément pas « échappé » l’« heureux » événement de la naissance de la petite Danica. Et pour cause ! Il réside régulièrement dans les Philippines où il possède une maison et même quelques arpents de rizières qui sont sa seconde patrie. Là-bas, il est confronté en permanence à la surpopulation. On construit aujourd’hui les maisons dans les rizières car il n’y a plus de place disponible pour de nouvelles maisons. Beau­coup des cousines de son épouse ont six ou huit enfants – une de ses tantes a… onze enfants ! – « C’est terrible car il n’y a pas de travail pour tout le monde et c’est la misère pour beaucoup… », constate-t-il.

La misère, oui… Une inévitable misère liée au surpeuplement qui ne date pas d’aujourd’hui : l’économiste Thomas Robert Malthus s’en alarmait déjà au xviiie siècle et insistait sur une nécessaire régulation des naissances ; ses livres connurent à l’époque de beaux succès de vente… en vain, hélas !(3)

Cette terrible menace n’a pas non plus échappé au romancier Dan Brown (auteur, entre autres, du livre à succès Da Vinci code) ; en 2013, il a publié Inferno (adapté ensuite au cinéma en 2016) dans lequel son héros tente d’empêcher un scientifique de déclencher une épidémie mortelle… pour répondre à la menace démographique dans laquelle il voit la fin de l’Humanité. Sans dévoiler la fin de ce thriller palpitant, que l’on sache seulement que les sentiments des personnages de Dan Brown évoluent au cours du récit et que les dernières pages laissent clairement percevoir leur malaise face à la véritable bombe à retardement que représente la surpopulation mondiale que leur « ennemi » tente de désamorcer de façon extrêmement… radicale !

Soyons donc reconnaissant – après Thomas Robert Malthus, Louis Pauwels, Francis Verdavoine-Bourget, Dan Brown et tant et tant d’autres tout de même et bien heureusement – à Jean-Michel Hermans de sonner lui aussi le tocsin avec ses propres expériences, ses propres réflexions, ses propres recherches…

Son livre est un cri d’alarme – aussi instructif qu’impitoyable – de plus, mais pas un cri inutile… « Le désespoir en politique est une sottise absolue », disait Charles Maurras… Le désespoir en l’Homme l’est tout autant. La preuve par de tels auteurs, du passé ou d’aujourd’hui, qui sont, et c’est tout à leur honneur, autant de courageux lanceurs d’alerte qui finiront bien un jour par se faire entendre… forcément !

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Les lignes qui précèdent (bis)…

Elles sont celles de la préface que m’avait demandée Jean-Michel Hermans pour la parution de son livre Surpopulation : l’alerte mondiale aux éditions Dualpha en… 2019 !(4)

Et depuis lors, quoi de nouveau ? (bis)

« Seulement 12 ans après avoir passé la barre des sept milliards d’humains, la planète compte huit milliards d’habitants depuis la mi-novembre, selon les estimations des Nations unies, qui s’appuient sur ses meilleures projections démographiques » (https://www.nationalgeographic.fr, 2022).


Par Philippe Randa le 10 décembre 2022

Surpopulation : l’alerte mondiale de Jean-Michel Hermans, Éditions Dualpha.

 

Notes

(1) Éditions Dualpha, 654 pages, 2e édition réactualisée.

(2) Dans un article du Figaro à propos du livre Les Experts ou l’Art de se tromper de Jules Verne à Bill Gates de François-Bernard Huyghe (Plon).

(3) Jean-Michel Hermans a publié avec son frère Jean-Claude Réchauffement climatique : ces milliards d’hommes en trop ! aux éditions de l’Æncre, préfacé par Brigitte Bardot (Livre disponible sur www.francephi.com). Il a été décidé avec l’éditeur de rajouter le texte de Thomas Malthus Essai sur le principe de la population de Thomas Malthus (publié… en 1798), car il a été le premier à préconiser une régulation des naissances, à l’époque pour lutter contre la pauvreté. Le texte de Malthus est un plaidoyer contre la misère et pour la charité chrétienne.

(4) Livre toujours sur www.francephi.com : https://francephi.com/livre/surpopulation-lalerte-mondiale

Eurolibertés


jeudi 8 décembre 2022

Notre élite est-elle seulement incompétente ou trahit-elle ? (5)



De Bali à Djerba, en passant par Bangkok, ces hauts lieux du tourisme international, “notre” président, un “danseur de claquettes” selon Franz-Olivier Giesbert, a beaucoup voyagé  et dispensé ses doctes discours comme il l’avait fait aussi lors d’une tournée africaine,  puis en Egypte à l’occasion de la COP 27, ou encore à New-York pour l’Assemblée générale de l’ONU. De ce prurit voyageur, on aurait le plus grand mal à tirer le moindre bilan positif pour notre pays, mais on peut y percevoir des intérêts, des calculs et arrière-pensées beaucoup plus personnels : prendre de la hauteur en quittant les rebutants problèmes intérieurs, en affichant une dimension internationale déployée à un rythme de champion pour flatter la fierté naïve des Français, ou encore se constituer une image et un carnet d’adresses en vue de la carrière lucrative de l’après-mandat. Il faudrait avoir bien mauvais esprit pour souligner le bilan carbone de ce carrousel aérien… Commencé à Madrid pour un sommet de l’Otan dès Juin, il vient de se produire à Washington : la soumission servile à l’Empire américain malgré des humiliations récentes est le fil rouge du spectacle. Mais l’humiliation nationale peut-elle être ressentie par un homme d’affaires mondialiste pour lequel la nation est un moment de l’histoire appelé à être dépassé par le brassage des peuples et la domination de l’ordre économique,  un individu qui adore parler anglais et a affirmé qu’il n’y avait pas de culture française ? Repentance à nouveau en Algérie au mois d’Août, nomination comme marraine de la Francophonie d’une chanteuse, Yseult,  déçue par la France et qui s’est exilée en Belgique pour aller vivre dans un pays qui “assume son passé colonial”, et soutien à une secrétaire générale, ex-ministre de Kagamé, celui qui au Rwanda a remplacé le français par l’anglais et a accusé la France de génocide : qui ne verrait pas dans cette obsession mémorielle du dénigrement de son pays, non une manie superficielle, mais un axe chez une sorte d’anti-président, comme on parle parfois d’un anti-pape, un dirigeant convaincu que son pays va et doit disparaître, et qu’il s’agit d’accélérer le processus en l’appelant “progrès”.

Que M. Macron appartienne au monde de Davos n’est pas une hypothèse complotiste, mais un simple constat. Que le mondialisme progressiste échevelé qui s’épanouissait après l’effondrement de l’URSS, avec ses deux pôles complices d’un individualisme sans limites et d’un unilatéralisme américain soit aujourd’hui sérieusement combattu est un autre fait majeur qui souligne combien la France est engagée par son oligarchie dans un des camps au sein de cette lutte, peut-être contre son intérêt et contre l’esprit même de son peuple. Le combat entre l’Occident décadent et les pays émergents, qui sont souvent de plus vieilles civilisations que lui, est devenu la clé de la géopolitique actuelle : ce n’est plus comme on veut le faire croire l’affrontement entre les démocraties et les dictatures. Parmi les nombreux exemples de ce changement, il y a l’importance stupéfiante prise par les nouvelles zones de front : auparavant, les points cruciaux étaient la liberté d’expression, et l’autonomie de la pensée qu’elle favorise et protège, éventuellement la liberté d’entreprendre ; désormais, ce sont des glissements sociétaux, comme l’avortement ou le mariage unisexe, qui sont soulignés comme des avancées démocratiques, souvent défendues, promues et imposées à l’opinion comme les évidences d’une pensée unique, propagée par la quasi-totalité des médias, protégée par une répression sociale ou judiciaire des opposants, typique de ce totalitarisme “doux” annoncé par Tocqueville. Ce qui était interdit n’est plus seulement autorisé, mais c’est sa contestation qui est maintenant interdite. Or, ces interdits, en dehors de toute considération religieuse, étaient surtout liés à la nation, à sa permanence, à sa démographie. L’idéologie à la mode, que le wokisme pousse jusqu’à l’absurde, est autodestructrice, et il n’est pas étonnant que les Etats-Unis dans leur folie de puissance en soient le vecteur.

C’est ce conflit majeur qui se déroule en Ukraine. Il y a, d’une part, l’impérialisme américain qui veut briser et morceler la Russie pour l’exploiter, et il y a le “progressisme” militant de l’oligarchie occidentale qui veut détruire un Etat conservateur, la Russie orthodoxe, qui s’oppose en tous points à son idéologie. Le plus étonnant, sans doute, est que la Pologne soit incapable de surmonter son ressentiment antirusse pour comprendre qu’elle lutte contre son propre conservatisme. La Hongrie est plus cohérente grâce à Viktor Orban. Les Européens sont mobilisés pour qu’il y ait un jour une “gay pride” à Moscou tandis que les sociétés américaines pourront directement tirer profit des richesses sibériennes. Tel est l’enjeu ! L’intérêt de l’Europe et de tous les pays européens est à l’opposé : réunir les peuples actifs et riches du continent à la Russie si complémentaire par son étendue, sa faible population et ses ressources illimitées. Comment expliquer que les dirigeants européens soient aveugles à cette évidence, au nom d’une démocratie que la plupart des pays ont abandonnée en même temps que leur souveraineté, et que la liberté d’expression dont ils pouvaient être fiers face à l’URSS ? 

La démocratie occidentale est un spectacle de plus en plus vide de sens et que les peuples désertent : les Français sont-ils représentés à Bruxelles où la technocratie et les lobbies font la loi, la “directive”comme ils disent ? A Paris, où un gouvernement minoritaire impose sa politique face à une opposition qui n’ose pas s’opposer à lui sur les sujets tabous, comme l’a montré le vote scandaleux, ignoble, absurde d’une constitutionnalisation d’un prétendu droit à l’avortement ? Quant à la démocratie directe, elle demeure l’apanage des Suisses, îlot dans l’océan occidental qui, avec le temps, ne pourra guère résister à la pression de la pensée commune.

La dérive de l’Occident décadent, affirmant défendre des valeurs en oubliant de dire qu’elles sont le contraire de celles qui l’ont animé dans toute son histoire, éclate au grand jour dans l’hystérie antirusse qui règne chez les politiques et dans la plupart des médias. Face à la Russie chrétienne, notre presse se déchaine et sans même paraître en prendre conscience, elle cultive une censure active des médias russes, un ostracisme de la culture russe, une propagande digne d’un Etat totalitaire, qui insulte notre démocratie. TF1-LCI n’est plus qu’une officine anti-Poutine, BFM et les chaînes du prétendu service public offrent une curieuse concurrence qui se résume au point de savoir qui sera le plus anti-russe, qui obtiendra le titre de  champion de la désinformation ! Le mensonge y est roi : par omission, il évite de rappeler l’histoire, celle au long cours qui fait de l’Ukraine le berceau de la Russie au haut Moyen-Âge, une province de l’Empire tsariste libérée de la Pologne et des Turcs dès les XVIIe et XVIIIe siècles, dont les frontières à l’intérieur de l’URSS sont récentes et dessinées par Lénine, Staline et Krouchtchev, un éphémère Etat nationaliste après la première guerre mondiale essentiellement sous l’impulsion des Ukrainiens de l’Ouest, qui, eux, n’ont jamais été russes avant 1940 et 1945 ; l’histoire plus récente de l’unilatéralisme américain est également omise, qui a multiplié les guerres, les atteintes à la souveraineté des Etats dont les frontières étaient plus anciennes que celles de l’Ukraine, et qui n’a pas hésité à user d’une violence extrême à l’encontre des populations civiles, contre la Serbie, l’Irak, la Syrie, la Libye. Les fausses nouvelles sont répétées en boucle : Poutine est très malade, les Russes sont à court d’armes et de munitions, ils ont des pertes élevées, ils subissent débâcle sur débâcle face aux courageux Ukrainiens et à ce nouveau Churchill (!) qui les dirige, ils sont hostiles à la guerre et désertent le pays, les sanctions économiques vont ruiner le pays.

L’idée que la Russie suit une politique plus cohérente que les pays occidentaux n’est jamais évoquée : pourtant, la Russie, qui est un pays occidental par sa civilisation, a souhaité faire partie du club face au terrorisme islamiste au début des années 2000. Non seulement on le lui a refusé, mais l’Otan s’est étendue jusqu’à sa frontière, constituant une menace aussi inutile que dangereuse. L’absorption de l’Ukraine, tellement russe, par l’Otan et la présence d’armes offensives, voire nucléaires à sa frontière était une ligne rouge. La veille de son franchissement, alors que l’armée ukrainienne, armée et formée par l’Otan, attaquait les provinces rebelles du Donbass, la Russie a pris les devants. Sans doute a-t-elle attendu trop longtemps que les accords de Minsk soient respectés, sans doute a-t-elle sous-estimé les effets du soutien occidental à Kiev et ceux de la propagande sur la population : le renversement du régime a échoué, et la guerre s’est installée. Cette guerre est celle de la Russie contre les Etats-Unis, de la civilisation occidentale contre sa désintégration. La Russie sait qu’elle n’est pas la plus forte mais qu’elle peut gagner à trois conditions : perdre le moins de soldats et tuer le moins de civils, afin de maintenir le soutien populaire, jouer sur la réticence des opinions occidentales à supporter un effort de longue durée et notamment les restrictions issues d’une crise économique, affaiblir l’Ukraine en atteignant son potentiel militaire et civil. 

C’est ce qui explique les reculs russes sur des positions plus faciles à défendre, le choix des infrastructures énergétiques et de transport comme cibles des bombardements, l’attente classique de l’hiver sans doute pour une offensive décisive. Les Russes n’envoient leurs missiles ni sur la centrale nucléaire qu’ils occupent, ni sur les maternités, ni sur la Pologne. On peut légitimement penser que l’absence de maîtrise de leurs armes anti-aériennes par les Ukrainiens entraîne ces bavures, comme on peut être sûr que la destruction des gazoducs de la mer Baltique, qu’il suffisait aux Russes de cesser d’alimenter, est une opération anglo-saxonne, catastrophique pour l’Europe.

C’est dans l’entêtement des Européens, de Mme Von der Layen à Bruxelles, de M. Macron à Paris à soutenir Washington qu’on mesure la trahison de nos dirigeants. Comment comprendre autrement leur attitude envers des pays appartenant à une civilisation différente, éloignée de la nôtre, comme le Qatar, ignorant les droits de l’homme, promouvant la Charia, pratiquant la ségrégation sur son sol, mais qui cependant accueille la grande kermesse du football, au prix des souffrances endurées par des travailleurs étrangers pour édifier des équipements incongrus dans ce bout de désert ? Comme l’Azerbaïdjan qui agresse une fois de plus l’Arménie, mais regorge d’hydrocarbures ? Le Qatar, islamiste et richissime, est fréquentable. On se contentera de déplorer son opposition à la bière et au lobby LGBT, alors qu’on fera d’un pays chrétien conservateur l’ennemi véritable, le monstre politique ! Comme personne ne songe à convertir le Qatar et qu’il présente peu de risques à terme en raison de sa taille, il ne peut être un ennemi, tandis que la Russie est un obstacle d’importance sur la route du mondialisme décadent ! 

C’est d’ailleurs ce qui explique la relativité de son isolement si cher à nos propagandistes déguisés en journalistes : ni la Chine, ni l’Inde, ni de nombreux pays d’Afrique et d’Amérique latine ne sont solidaires de la croisade antirusse de Washington et de ses vassaux.

Par Christian Vanneste le 1er décembre 2022

Le blog de Christian Vanneste