La députée RN de la Somme Yaël Menache a été agressée à son domicile le week-end dernier. Elle et son mari ont été blessés. Outre l'agression, le silence assourdissant de la classe politique et médiatique interroge. Nous l'avons rencontrée.
Marc Eynaud. Vous êtes député RN de la Somme. Pouvez-vous nous parler de l’agression que vous avez subie à votre domicile ce week-end ?
Yaël Menache. Des voisins ont tapé contre le mur et lorsque nous sommes allés leur demander d’arrêter, le père s’est littéralement jeté sur moi en me traitant de tous les noms d’oiseaux, en insultant ma fonction et mon parti.
M. E. Il y a eu une intervention des forces de l’ordre, comment cela s’est-il résolu ?
Y. M. Oui, une douzaine de gendarmes sont venus pour pouvoir maîtriser les trois agresseurs. Ça s’est terminé plutôt bien, nous avons eu beaucoup de chance.
M. E. Avez-vous été insultée en raison de votre appartenance au Rassemblement National et de votre fonction ?
Y. M. Oui, ils l’ont clairement dit et l'ont soutenu en audition et en confrontation, donc c’est clair.
M. E. On n'a pas vu de réaction de la part de la classe politique. Est-ce que cela vous surprend ?
Y. M. Oui, cela me choque et m’attriste. Je déplore le silence des parlementaires et des politiques. Eux aussi sont élus. Il n’est pas question d’étiquette mais de fonction. Je suis déçue. C’est la première fois que je suis agressée. Je suis très bien accueillie dans ma circonscription, je n’ai jamais été insultée. Cela ne fait pas partie de la fonction !
M. E. Quelles sont les suites de l’affaire ?
Y. M. Ces personnes sont libres, elles continuent de vivre à leur domicile, elles passent devant chez moi en toute impunité. J’attends des sanctions exemplaires. Visiblement, selon Le Courrier picard, le parquet voudrait faire passer cela pour une dispute de voisinage alors que ce n’est pas le cas.
M. E. Comment vont vos proches ?
Y. M. Mon mari attend des radios et un scanner des cervicales. Mes enfants sont un peu traumatisés. Ils ont vu cela depuis la fenêtre et ont compris que quelque chose s'était passé.
M. E. Comment vous protéger à court terme ?
Y. M. Il est hors de question de déménager, ce n’est pas à nous de partir. S'il n’y avait pas de laxisme judiciaire et s’ils étaient punis à la hauteur de ce qu’ils ont fait, je n'aurais pas à me poser cette question.