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vendredi 8 septembre 2023

France 2 au Puy du Fou : un procès creux et bas de plafond



Il est 23 heures. Élise Lucet conclut son émission « Envoyé spécial » pour laisser place à ses confrères de « Complément d’enquête ». Cette semaine, nos enquêteurs-inquisiteurs tiennent du lourd : ils nous emmènent dans les coulisses du Puy du Fou. L’alléchant titre, « Histoire, argent, pouvoir : les vrais secrets du Puy du Fou » promet une soirée riche. Hélas, on aurait pu aller se coucher plus tôt. Philippe de Villiers, que les enquêteurs regrettent de n’avoir pu interviewer, aura tout dit, saisi caméra au poing, en un mot, dans l’encoignure d’une porte : « Vous devriez avoir honte ! »

À défaut de penser, il reste les poncifs

Il ne sera pas question de l’insolent succès de ce parc de l’Histoire de France devenu une marque mondiale et qui vient de battre le record de 2,5 millions de visiteurs l'an dernier. On ne saura rien de ce parc bâti sur l’engagement de bénévoles passionnés ni de cette entreprise au professionnalisme reconnu, déjà lancée dans de nouveaux grands projets. Non, parlons réseau, parlons influence.

Le combat du Puy du Fou pour obtenir la réouverture des parcs et spectacles de plein air, mené et obtenu avec toute la cohorte des autres parcs de loisirs français, est ramené à un simple privilège du prince. Le Puy du Fou n’a pourtant bénéficié d’aucune faveur. Le combat pour faire reconnaître l’activité bénévole, à l'origine de l’aventure bientôt quinquagénaire du Puy du Fou, comme une activité inhérente au monde du spectacle ? Une malversation, alors même que la mesure est signée avec l’en-tête de l’État et applicable à tous, bien au-delà du parc du Puy du Fou. L’organisation du Puy du Fou sous forme d’association composée de tous les bénévoles ? Un tour de passe-passe au bénéfice d’une seule famille et de ses membres : les vicomtes de Villiers ! C'est pourtant cette association qui porte l’entreprise et fait fonctionner le parc. Une société, Puy du Fou Stratégie, réunit les auteurs des scenarii pour protéger les droits d’auteur, les réinvestir, préférer l’investissement hors de tout enrichissement personnel et garantir l’indépendance de l’ensemble.

À défaut de griefs réels, il reste les poncifs. Les témoins à charge témoignent d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. L’ancien maire et président de l’association semble bien perdu dans ses souvenirs et nous emmêle autant qu’il s’emmêle. L’habituelle bénévole déçue se perd dans les chiffres et plaide pour un bénévolat… payant ! Le patron vendéen retraité est étonnamment peu au fait des réalités de l’entreprise. Les analyses de pièces à conviction font flop, tant ces journalistes semblent éloignés des réalités de terrain : une expansion au mépris des règles de l’urbanisme ? Aucun projet de construction n’existe sans documents d’urbanisme dûment votés et délibérations municipales dûment soumises au contrôle de légalité. Des routes spécialement réalisées pour desservir le parc ? Le plan de désenclavement de la Vendée, ses autoroutes à la campagne, ses habitations à moins de vingt minutes d’une 2x2 voies, c’est justement la signature du dynamisme vendéen, ici et aux quatre coins du département. Le génocide vendéen, terrible tache sur le souvenir de la Terreur, sur la Révolution française et la République naissante, sur lequel le journaliste insiste ? C’est une des pages d’Histoire du Puy du Fou, une page douloureuse muée en pardon et en renaissance après l’épuration qui fit 200.000 à 300.000 morts, au point que certains historiens parlent de génocide.

Réflexes conditionnés

Autant de paresses intellectuelles, de réflexes conditionnés, d’inculture patente devraient inciter France Télévisions à se concentrer sur ce qu’elle sait faire avec la redevance publique : les émissions de drag queen en prime time. Il est minuit passé, on baille, l’œil mi-clos. Face au journaliste, Nicolas de Villiers, président du Puy du Fou, le ton posé, répond volontiers à l’ultime interrogatoire. Le patron du Puy du Fou a ouvert grand les portes du parc aux caméras de France 2. C’est cela, l’omerta en Vendée, ce pays reculé qu’on a voulu nous montrer comme un peu aviné, un peu arriéré, toujours sous la coupe des aristocrates exploitant le bon peuple.

Si c'était une enquête, on aurait mieux fait de rester sous la couette. Au micro de Pascal Praud sur Europe 1, Nicolas de Villiers réagissait, ce vendredi : « France 2 est le seul média visiblement insensible à ce que nous essayons de faire, c’est-à-dire une belle aventure française qui a le défaut d’être née du bénévolat […] On considère que ce bénévolat irrigue l’esprit même de la maison Puy du Fou. » La magie du Puy du Fou ne pâtira pas de ce bel exemple de déconstruction et de désinformation. Une insulte, au-delà du Puy du Fou, à toutes les associations et à tous les bénévoles.

Par Iris Bridier le 8 septembre 2023

Boulevard Voltaire

mardi 24 mai 2022

Qui veut la peau du Puy du Fou ?

 

Dans Le Puy du Faux (Les Arènes, 2022), quatre historiens accusent le célèbre parc de Vendée fondé par Philippe de Villiers de falsifier l’histoire. Le journaliste Hervé Louboutin, qui participa à la création du parc à la fin des années 1970, prend la plume pour déconstruire les déconstructeurs…

Quarante-cinq ans après le lancement en Vendée du spectacle du Puy du Fou sur la colline inspirée des Epesses, et l’ouverture de son parc historique à ciel ouvert, on trouve encore des universitaires ou prétendus tels pour juger péremptoirement que la saga vendéenne « déforme l’Histoire »!

Ce qu’ignorent évidemment les deux millions de spectateurs qui parcourent les allées de ce grand village chaque saison et qui emportent avec eux, dans leurs mémoires et dans leurs rêves, un supplément d’âme, qu’aucun autre spectacle ou parc d’attractions n’est capable de prodiguer à l’envie.

Ayant été mêlé de près aux prémices de l’aventure dès 1977, et n’ayant cessé depuis lors de fréquenter assidûment la communauté puyfolaise, j’ai ouvert le livre desdits universitaires intitulé Le Puy du Faux paru aux éditions « Les Arènes » avec une once de circonspection tant la ficelle me paraissait un peu grosse, pour tout dire, à avaler et surtout à digérer…

Un militantisme, sous couvert d’histoire

Messieurs Besson et Lancereau, Mesdames Ducret et Larrère, signataires du pamphlet annoncent dès la première page leurs réelles intentions en expliquant qu’ils revendiquent pour eux-mêmes la « Science légitime » et l’ « Histoire autorisée » tout en s’en défendant dans un souci d’humilité, cela va sans dire! Professeurs à Arles, à la Réunion, et à Toulouse, nos quatre têtes pensantes ont parcouru les allées du Parc et les tribunes de la Cinéscénie pour y débusquer la « propagande » que le créateur de la dite épopée aurait diffusé en filigrane pour tromper les braves gens!

Nos censeurs, élèves de la pensée des maîtres sorbonnards ont, à l’évidence, reçu mission de leur commanditaire de casser le Puy du Fou. En saluant d’abord son génie conceptuel et en débinant ensuite le fil conducteur de son récit qui cumulerait trois péchés capitaux : la nostalgie, le passéisme et le catholicisme.

Quelques têtes de chapitres suffisent à le comprendre aisément: « l’illusion du vrai », le « passé dépassé », « princesses et chevaliers », « peuple et élites », « Dieu et la Nation » et tutti quanti… En fait, leur petit livre laborieux, écrit comme des mémoires de thèse, n’intéressera pas grand monde tant il est suffocant d’idées reçues et de poncifs ennuyeux. À force de découper en rondelles le récit historique, on le prive du souffle qui le porte et du substrat qui le fait vivre !

Nos historiens en goguette laissent trop percer leurs a priori et leur idéologie pour nous convaincre de la grande loyauté de leur démarche réelle qui est, principalement, de jeter un voile d’opprobre sur la saga vendéenne qui n’a que faire de leurs aigreurs – universitaires ou pas!

Car la réalité du Puy du Fou est beaucoup plus simple. Il s’agit seulement, la nuit et le jour, de raconter une belle histoire de France à un public français et étranger, de toutes conditions sociales et de toutes convictions, pour le faire rêver et lui donner envie de continuer cette découverte ailleurs, ici et là, en lisant ou en marchant. Simplement.

Un succès populaire qui dérange

Nos deux historiens et nos deux historiennes auraient dû laisser parler leurs cœurs. Avec simplicité et franchise. Du haut de leur chaire sentencieuse et prétentieuse, ils pérorent somme toute dans le vide en oubliant l’essentiel. Celui d’un immense succès populaire depuis un demi-siècle dont le succès ne faiblit pas, par la grâce d’un récit captivant et d’une représentation hors pair. Notre quarteron en mission aurait dû méditer la sentence de Jean Cocteau avant d’affuter leur plume vengeresse: « L’Histoire c’est du vrai qui se déforme. La Légende c’est du faux qui s’incarne »

Le Puy du Fou est d’abord et avant tout un lieu de communion et d’émotions partagées. Un spectacle populaire. Pour donner et redonner le goût de l’Histoire comme les meilleures émissions de télévision le font encore, parfois, aujourd’hui. Cette enquête sur le Puy du Fou écrite à quatre mains, en à peine deux cents pages, sonne faux. Elle ne convainc pas. Elle est même ennuyeuse. Car elle demeure finalement, de bout en bout, un très mauvais procès d’intention…

Par Hervé Louboutin le 23 mai 2022