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lundi 2 mai 2022

Quelle opposition ?



Il faut avoir l’imagination de Jean-Luc Mélenchon pour prétendre savoir à quoi ressemblera l’Assemblée nationale le 19 juin. Le chef de La France insoumise est bien le seul à pouvoir rêver à voix haute de son entrée à Matignon! Habité par un moral de vainqueur, le troisième homme de la présidentielle ne se refuse rien : pas même de détourner le traditionnel 1er Mai syndical en un meeting politique. Ce qu’il fit l’espace d’un discours ce dimanche, place de la République, à Paris.

Dans cinq semaines, à l’issue des élections législatives, la réalité risque d’être bien différente des plans sur la comète dressés par le zélateur d’Hugo Chavez. Les abstentionnistes, qui pourraient être aussi nombreux qu’en 2017 (plus de 50% des inscrits aux deux tours), devraient former le premier parti de France. Et, compte tenu des règles du scrutin, la faible participation ne favorisera pas le jeu des oppositions à Emmanuel Macron. 

À l’exception du bloc central, constitué autour du chef de l’État, les autres camps présentent, comme jamais, d’évidentes faiblesses ou divisions.

Tiraillés de tous les côtés, Les Républicains sauveront peut-être les meubles, mais re trouveront difficilement la centaine de sièges qui faisaient d’eux le premier groupe d’opposition au Palais Bourbon. À leur droite, le Rassemblement national, au faible ancrage local et mal disposé à l’endroit de l’équipe Zemmour, ne peut pas espérer grand-chose. Quant à Jean-Luc Mélenchon, quand bien même il parviendrait à réaliser l’union de la gauche derrière lui, sa radicalité et son intransigeance pourraient lui jouer des tours. S’il arrive à créer la surprise, celle-ci ne devrait pas prendre la forme d’un raz-de-marée.

Des sondages indiquent que beaucoup de Français souhaiteraient une cohabitation. La Ve République en a déjà connu trois. Toutes n’ont pas laissé que des bons souvenirs. Dans un paysage politique dévasté, l’hypothèse reste, en tout état de cause, des plus improbables. En fait, la principale question qui se pose est de savoir qui, face à Emmanuel Macron, portera la voix d’une opposition qui ne soit pas excessive ou déraisonnable.

Par Yves Thréard le 2 mai 2022

dimanche 1 mai 2022

Emmanuel contre Antigone



 « Un décor neutre. Trois portes semblables. Au lever du rideau, tous les personnages sont en scène. Ils bavardent, tricotent, jouent aux cartes. Le Prologue se détache et s’avance. »

Didascalies sobres par lesquelles s’ouvre la tragédie d’Antigone, reprise avec magnificence par Anouilh, qui en fit le requiem des Résistants. Au début de la pièce, tous les personnages sont déjà sur scène, pétrifiés à la façon des statues de sel, aux prises avec un clair-obscur qui annonce les matins de bataille. Il y a Créon, dans un coin, avec son air de vieillard soumis aux exigences du temps. Ce sont toujours les pires. Figure décharnée d’un ordre terrifiant, celui des Modernes, il s’évertue à laisser pourrir les corps au soleil, sans respect pour la foi, les déesses et le ciel. Puis il y a Antigone, princesse charismatique, à la fois Madone et Causette, et qui de sa chétivité s’apprête à se lever, toute seule, contre la fin d’un monde. Figure johannique et gaullienne, elle pourrait prêter ses traits à la France, tant elle semble, dans les lueurs antiques de la Grèce, en être la figure annonciatrice, l’étincelle primitive. De cette scène inamovible surgit soudain le Prologue, porte-voix du destin, qui de son index pointé fait entrer le tragique. Cela finira mal, et d’entrée de jeu le destin est scellé. Ainsi soit-il.

Et pour la Nation, il en va de même aujourd’hui

Le peuple de France, en ce matin terrible, s’est trahi lui-même. Abruti, apeuré et rapetissé par l’esprit du temps, il n’a pas au cœur le courage des grandes choses, mais tout au contraire l’égoïsme rentré des petits marchands. Cela changera, mais comme toujours, il faudra les épreuves pour arracher les Français à leurs chimères de loisir. Les Français se réveilleront en 40 et nous ne sommes pas en 40. Sommes-nous en 24, en 36 ou en 39 ? Mystère. Et pourtant, comme les baigneurs des rapides, nous entendons au loin le bruissement des catastrophes, celui des grandes chutes d’eaux qui nous bringuebaleront contre les rochers, en contrebas. A moins que, comme toujours jusqu’ici, une figure se lève du néant. Il paraît qu’il ne faut plus croire aux coups de la Providence. Et pourtant. Mais restent en ce matin les mots du Général, qui reviennent à la mémoire comme les poèmes de l’enfance. Il y parle de la France, mère nourricière que ses enfants blessent parfois.

Emmanuel le Horla

Aujourd’hui, le temps des troubles. Emmanuel, appelons-le par son prénom, erre comme un manant sur les pelouses du Champ de Mars, dieu de la guerre et du sang. Dans son discours de victoire, il n’y avait ni victoire ni discours. Simplement la torpeur. Ce sédatif qu’il administre à la France, comme pour la plonger dans une lente léthargie. Retirer aux choses leurs sens, des mots aux actes. Pauvre village Potemkine d’un menteur pathologique, qui jusqu’au bout continuera à prêcher le vrai pour défendre le faux. Emmanuel semble parfois se perdre dans certaines fièvres qui l’amènent loin d’ici, dans des paradis artificiels où son imagination se dégonde. Des voix étranges s’en viennent lui susurrer des choses. Et ce ne sont pas celles de Domrémy. Plutôt des suppliques mauvaises, celles du Horla. Des cris stridents.

Sa victoire est celle de Pyrrhus. Elle le condamne aux épreuves les plus rudes, et sans doute à se regarder mourir, sous la lumière rose, belle parce qu’ultime, du crépuscule blessé. Le sait-il seulement ? S’il joue parfois, comme son idole Mitterrand, à croire aux forces de l’Esprit, ce n’est qu’une posture de carnaval. C’est un laïque, une plante déracinée, un étranger aux nymphes. Il doit rêver à son triomphe. Laissons-le festoyer. L’acte I de la tragédie le prévoit. Et nul ne déroge aux alexandrins qui s’écrivent là-haut.

Faut-il croire aux théories freudiennes ? Pour les individus, chacun se fera son expérience, intuitu personae. Mais à cela pas d’interdit : l’inconscient des peuples, lui, demeure. Il mène le monde. Et les Français, ces dernières années, ont intériorisé en eux la reconduction du président sortant. C’est fait désormais. Ses seuls concurrents sérieux, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon (sans oublier le fantôme de l’abstention), constituent avec ses forces propres le carré politique de la France. Mais lui seul pouvait s’appuyer sur la médiocrité ambiante, ce brouillard empreint de petitesse et de lâcheté. Bien davantage que le bruit des bottes, il faut craindre décidément le silence ouaté des pantoufles. De cette apathie paralysante, la France pourrait mourir. Ce ne sera pas d’autre chose.

L’esprit pernicieux de la défaite

Emmanuel incarne, dantesque, cet esprit de défaite qui s’est emparé de la Nation. Il est le Daladier d’aujourd’hui : un centriste incapable de guider la France, et qui, se targuant de la morale et du cœur, entraîne le pays vers le chaos. Croire plus que jamais à l’indépassable maxime française, celle de Pascal : « L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête. ». Les maux du pays se résument à cette formule seule.

En lieu d’horizon, Emmanuel a proposé aux Français le vieux rêve de Guizot : « Enrichissez-vous ». Ainsi se danse la ronde des petits bourgeois repus, la carmagnole des vichystes d’aujourd’hui, courbés autant qu’ils sont devant les puissances étrangères.

Et les Français regardent passer les trains. Plus rien ne semble les choquer, les révolter, les animer. Chacun se réfugie dans sa communauté, sa corporation, sa solitude plus souvent encore, et organise autour de lui un petit univers clôt pour se protéger du grand monde. La Nation, l’Histoire et plus encore la grandeur paraissent des mots un peu vains. Ils sont à nos contemporains comme autant d’anachronismes. Des bêtes curieuses, issues du passé, que l’on observe au mieux avec nostalgie et au pire avec dédain. Ceux qui les prononcent suscitent le ridicule, le ricanement. La mode générale est de les tenir pour fous. Surtout si ce qu’ils disent vient du cœur. La sincérité est presque devenue de mauvais goût.

Et ces citoyens là, que l’on doit bien reconnaître majoritaires, méritent-ils seulement le beau nom de France ? Sont-ils autre chose que des héritiers indignes ? Eux qui passent les villages sans prêter attention aux églises et aux cimetières… Et les voilà qui se confondent dans l’avachissement mollasson. Le temps est aux séries, aux prêts immobiliers, aux glaces et aux ticheurtes. Il ne le restera pas longtemps encore.  La comptine hypnotique qui saisit le pays tout entier cessera bientôt d’émettre. Le temps des Hommes, du courage et du sacrifice, s’apprête à frapper de nouveau. Nous n’aurons pas le choix. Et si la France se meurt, et si elle doit mourir, qu’elle le fasse autrement que dans cette morbidesse sourde et mièvre.

Oui, les Français dorment et ne pardonnent pas à ceux qui tentent aujourd’hui de les réveiller. Ils acceptent leur sort misérable car la peur gagne leurs cœurs. Ils ne vivent plus, ils subissent. Et c’est cela sans doute le plus intolérable. Il faut donner raison aux sagesses d’Asie : le poisson pourrit d’abord par la tête. Car ce sont les élites, en premier lieu, qui désertent. Le fragment le plus populaire et le plus humble l’a prouvé dimanche encore, dans ses profondeurs. Lui était là.

Que les Français se réveillent d’un fracas soudain qui s’appelle l’honneur, qu’ils relèvent le gant !


Antigone, cette fois, ne doit pas mourir.

Par Valentin Gaure le 26 avril 2022

Complotiste, populiste ? Non ! Démocrate et lucide ! (I)



Après un silence de deux semaines, je reprends ce bloc-notes. Nous vivons une époque étrange et confuse qui appelle à une réflexion plus approfondie. Deux événements ont marqué l’actualité. D’abord, selon un scénario prévu de longue date et souhaité sinon mis en oeuvre par M. Macron, il a été réélu face à Marine Le Pen. Ensuite, le Président Poutine semble être tombé dans le piège américain d’une guerre longue et coûteuse en Ukraine. Cette dernière n’a pas été sans effet sur la facilité inattendue de la réélection d’un président peu populaire et dont le bilan est calamiteux. On ne peut qu’être fasciné par la concordance de ces événement et par leur étonnante symétrie. L’élection française n’a pas été politique, mais sociologique : elle a dressé les périphéries contre les centres. L’oligarchie parisienne avec l’aide de ses ramifications provinciales a manipulé l’opinion publique avec maestria. Mais la volonté américaine d’écraser la Russie est également la manifestation d’une stratégie, cette fois de l’oligarchie mondialiste, qui tente d’imposer ses intérêts économiques et politiques à la terre entière. A cette démarche résistent avec plus ou moins de vigueur un certain nombre de pays qui par leurs votes à l’ONU soulignent le clivage qui s’instaure entre les “Occidentaux” et une part grandissante du reste du monde, en Asie, en Afrique, et même en Amérique latine.

Deux mots sont devenus, ces dernières années, les armes sémantiques de la stigmatisation  : populisme et complotisme. Le premier consistait de manière étonnante à rendre péjorative la notion de “peuple”, et à déplacer subrepticement la définition de la démocratie, de “gouvernement du peuple” vers “Etat de droit”, étant entendu que le “droit” devait l’emporter sur la volonté populaire. L’exemple le plus criant était celui de la peine capitale : souhaitée par le peuple, elle était proscrite par l’élite des “sachants”, celle qui justement bénéficie de la légitimité intellectuelle. Quant à ceux qui flattent les désirs du peuple, ce sont des populistes. Cette prestidigitation des mots et des hommes aboutit à ce que la “démocratie” que les Occidentaux défendent, selon eux en Ukraine, n’est plus le pouvoir du peuple, mais celui d’une oligarchie qui le détient d’un prétendu savoir dont la majorité est privée. Le président réélu en France n’est pas élu par une majorité des électeurs qui adhèrent à son programme ou le préfèrent à un autre. Non, il bénéficie d’une addition disparate de projets fort différents qui ne sont réunis que par le refus obstiné de l’alternative. On peut préférer un programme plus socialiste ou plus libéral, plus souverainiste ou plus hostile aux frontières. On “n’a pas le droit” de choisir l’extrémisme caricaturé par la majorité des médias à longueur de journée, face à un système qui rassure les retraités et satisfait les nantis. Si la réflexion sur le délabrement de notre économie et l’irresponsabilité de notre politique étrangère devait appeler à plus de réserves, la majorité, bercée par les discours présidentiels, les petits cadeaux de la planche à billets de l’endettement, mais rendue inquiète par les bruits de guerre, n’était certes pas prête à faire le grand saut, et elle ne l’a pas fait.

L’idée que la réélection par trop facile de M. Macron et l’hystérie antirusse ne soient pas le fruit du hasard mais le résultat d’une manipulation orchestrée, et d’une désinformation qui en est l’outil principal, sera évidemment taxée de complotisme. Toutefois, il faut s’entendre sur le sens des mots. Le mot “complot” ne doit pas être utilisé comme un mot-tabou qui disqualifie aussitôt celui qui l’emploie. On peut très bien avoir des doutes sur les hypothèses faisant du virus venu de Wuhan le produit artificiel d’un laboratoire voué à la guerre bactériologique, mais on peut aussi en nourrir sur le parcours tracé à coups d’interdictions bizarres, d’articles-bidon, et de prédictions démenties par les faits sur l’apocalypse sanitaire et le miracle vaccinal, en se disant que l’oligarchie mondiale a été particulièrement réceptive au chant des sirènes de Big Pharma. Le complotisme n’est pas toujours le fruit du délire, mais aussi la réaction du bon sens lorsqu’un faisceau d’indices concordants est réuni. Si les policiers et les juges n’étaient nullement sensibles à l’idée d’une manipulation et de mensonges de la part d’un prévenu, les assassins courraient toujours !

En 2017, face à la menace islamiste et au désordre mondialiste, le populisme avait le vent en poupe : on vantait le Brexit, l’élection de Trump, la montée des patriotes et des conservateurs dans de nombreux Etats d’Europe et du monde. La Russie incarnait assez bien cette orientation. M. Macron n’avait été élu que par un coup d’Etat judiciaire, mais depuis le courant s’est inversé, et à l’exception de la Hongrie, les pays occidentaux ont choisi le “progressisme”, la voie du centre-gauche, de préférence. Biden a remplacé Trump et a relancé la croisade américaine contre la Russie. Le Royaume-Uni dont la majorité est toujours “conservatrice” s’est certes libérée de l’Europe, mais c’est pour mieux se situer dans le sillage de l’Empire anglo-saxon. Les deux événements qui ont permis essentiellement la réélection de Macron, le virus et l’Ukraine appartiennent à une logique, facilitent une stratégie : relever cette évidence n’est pas du complotisme mais de la lucidité. ( à suivre)

Par Christian Vanneste le 1er mai 2022

Présidentielle : la déchirure française



Libération, dès lundi, a demandé paiement de son coup de main. « Merci qui ? », a écrit en une le quotidien de gauche au-dessus d’un portrait d’Emmanuel Macron à demi enfoui. 

Il est vrai que le matraquage médiatique contre Marine Le Pen aura été particulièrement virulent dans la presse « progressiste ». Mardi, Le Monde a feint la neutralité en titrant : « L’extrême droite à un niveau historique ». La veille, le président réélu (58,5 % contre 41,50 %) avait salué, devant une petite foule rassemblée au Champ-de-Mars, le « sens du devoir » de « ceux qui ont fait barrage à l’extrême droite ». 

Est-ce à dire que les 13,3 millions d’électeurs de Le Pen seraient des factieux et des racistes ? À l’évidence, non. 

En Martinique et en Guadeloupe, les électeurs, en majorité noirs, ont plébiscité la candidate à plus de 60 %. Il n’empêche : la diabolisation de l’adversaire et le bourrage de crâne sur un « retour de Vichy » ont contribué à la victoire de Macron et du Système.

Incontestable est le succès du président reconduit. 60 % de ses électeurs auraient fait un choix d’adhésion, 40 % un choix de rejet. La défaite de Le Pen (qui gagne néanmoins 2,7 millions de voix depuis 2017, tandis que son adversaire en perd 2 millions) tient pour partie aux doutes sur ses compétences et aux craintes liées à sa politique économique. Pour autant, il y a bien eu un pilonnage unanime sur sa candidature et un procès en sorcellerie digne de la propagande poutinienne sur les « nazis » ukrainiens. Ces procédés sont indignes d’une démocratie : non seulement les débats de fond ont été évacués, y compris par la volonté du candidat, mais la pensée aseptisée a été un impératif moral non contesté. 

Or, derrière le vote Le Pen ne se dissimulait pas « l’extrême droite », mais les légitimes colères d’une France rurale, périphérique. Assignés à leur relégation économique et sociale, les oubliés ont, en plus, reçu les crachats des nantis.

Une France plus déchirée encore ressort de ce rendez-vous électoral déséquilibré.

Par Ivan Rioufol le 29 avril 2022

vendredi 29 avril 2022

Victoire de Macron : les 10 commandements des médias, par Jean-Yves Le Gallou

 


1- Le duel Macron-Le Pen tu installeras

Dès le printemps 2021, le scénario de l’élection présidentielle de 2022 a été mis en place. Sur fond de gauche explosée et de LR divisé, les premiers sondages ont annoncé un duel Macron/Le Pen pour le second tour. Or les sondages ne sont pas des simples photographies, ce sont aussi des prophéties auto réalisatrices : si deux postulants sortent en tête on en parle, et en parlant on les conforte dans leur position dominante, et ainsi de suite. C’est le cercle vertueux de la notoriété. Et au cas particulier le schéma idéal pour la réélection de Macron… .

2- Les limites du politiquement correct tu imposeras

En principe les débats sont libres en France. En réalité il est seulement permis de débattre tranquillement à l’intérieur du cercle des convenances politiquement correctes. Si vous êtes pour la « transition énergétique », le progressisme sociétal, l’ouverture des frontières et le « vivre ensemble », tout ira bien pour vous : vous obtiendrez facilement la parole et vous serez interrogés courtoisement. Mais attention ! Toute tentation transgressive vous voudra invisibilisation ou diabolisation. Toute prise de parole dissidente ne pourra se faire que sur un fond d’hostilité dans le but de vous faire passer pour agressif. Avec le risque permanent d’être accusé de « dérapage ». Comme l’exprime François Bousquet : « Le vrai pouvoir, c’est la production de la parole autorisée. Il n’y en a pas d’autre. Cela s’appelle la fenêtre d’Overton. »

3- Du Covid tu parleras un peu, beaucoup, passionnément…

2000 morts (le nombre de décès journaliers en hiver), c’est de la statistique ! Mais cent morts dû au ou avec le Covid, cela émeut à coup de déclarations ministérielles, de Une du JT de 20 heures et de bandeau défilant sur les chaines en continu. Une vraie technique d’ahurissement monopolisant les conversations, soudant derrière le « chef de guerre » et marginalisant tout vrai discours politique. Avec la complicité des médias l’exécutif a calé les mesures sanitaires sur ses intérêts électoraux, en sidérant et en enfermant d’abord, en libérant ensuite à deux mois de l’échéance électorale.

 4- Zemmour tu diaboliseras

A l’automne, Eric Zemmour est entré dans ce dispositif comme un chien dans un jeu de quilles. Avec la ferme volonté d’inviter dans la campagne les thèmes de la survie de la France et des mesures à prendre face au Grand Remplacement et au Grand Déclassement. Après une entrée en fanfare et en seulement quelques semaines les médias sont passés du léchage au lâchage puis au lynchage. A chaque fois qu’il approchait les 15% dans les sondages, Zemmour était victime d’un intense bombardement médiatique : en octobre/ novembre pour sa prétendue misogynie et son pétainisme supposé, en janvier pour une cabale autour du handicap, fin février pour un procès en poutinophilie et en inhumanité.

5- Marine Le Pen tu ménageras (provisoirement…)

La présence de Zemmour a servi à Marine Le Pen de paratonnerre : puisqu’il y avait plus méchant qu’elle on pouvait expliquer qu’elle avait changé, de style, d’idées, de comportement (y compris en « Une » de VSD) et lui permettre de faire campagne tranquillement pendant que les milices violentes d’extrême gauche s’acharnaient sur Zemmour, sous l’œil attentif de la caste journalistique.

6- Le thème du pouvoir d’achat tu imposeras

Très vite, il est apparu nécessaire d’évacuer les thèmes civilisationnels et identitaires de même que celui du Grand Déclassement (industriel, éducatif, stratégique) : trop dangereux, pire trop politique. Et c’est ainsi qu’avec l’aide des sondeurs, le thème du pouvoir d’achat a été imposé dans la campagne. Facile pour le pouvoir d’achat de sortir en tête des préoccupations des Français : ce n’est pas clivant (cela ne mange pas de pain, si l’on peut dire…) et cela concerne tout le monde, depuis le gilet jaune qui doit renoncer à un plein d’essence jusqu’au communicant qui doit se priver de sa deuxième Rolex. C’est ainsi qu’à partir de janvier tous les débats électoraux tournent autour de cette question : les trois M – Macron, Mélenchon et Marine – sortant le chéquier plus vite que leur ombre. Sans que jamais un journaliste ( ?) ne s’avise de poser la question suivante : « comment financez-vous cela ? » Alors que quiconque s’aventure à parler de protectionnisme, de contrôle de l’immigration ou de vraies mesures sécuritaires se heurte à une rafale d’objections.

7- Macron tu ne questionneras pas

Après 5 ans de pouvoir les Français étaient en droit d’attendre un débat sur le bilan d’Emmanuel Macron. Mais le candidat sortant a choisi une stratégie d’évitement en utilisant le Covid jusqu’à mi-février puis la guerre russo-ukrainienne lorsqu’elle survint. Les médias se sont prêtés à ce sujet en étant monothématiques, sinon obsessionnels. Et en se gardant d’aborder les sujets qui fâchent : la dette, le déficit commercial astronomique, les scandales (Mac Kinsey, Alstom, etc.), l’insécurité, l’immigration hors de contrôle. Et le moins qu’on puisse dire c’est que lors des rares fois où Macron fut face à des journalistes ceux-ci se gardèrent bien d’être incisifs.

8- Macron tu protègeras

Les médias sont même allés plus loin. Ils ont considéré toute attaque un peu vive de Macron comme un « dérapage ». A l’issue de son meeting de Villepinte (novembre), Éric Zemmour fut accusé « d’attaques d’une rare violence » ‪pour avoir qualifié, Macron de « mannequin de plastique », de « masque sans visage », d’ »automate dans un labyrinthe sans fin » et d’ »adolescent qui se cherche » ». Et le succès de son rassemblement au Trocadéro (mars) fut médiatiquement occulté par quelques cris de « Macron assassin » lancés par des militants (légitimement) indignés par sa politique sécuritaire.

9- La guerre d’Ukraine tu exploiteras

Le 24 février, la Russie envahit l’Ukraine et l’épidémie de Covid disparaît des écrans. La guerre russo-ukrainienne porte le « chef de guerre » Macron au pinacle et place la campagne entre parenthèses. On n’en parle plus et quand un candidat est invité dans un média c’est pour être interrogé sur l’Ukraine sachant qu’une seule position est permise: la reprise du point de vue de l’OTAN et des éléments de langage du gouvernement ukrainien. A ce petit jeu le maintien d’un peu de dignité gaulliste coûtera cher à Éric Zemmour qui décrochera dans les sondages avant d’être frappé par le « vote utile ». Bien sûr, la guerre est un grand malheur mais pas pour ses grands profiteurs, y compris électoraux.

10- Marine Le Pen tu rediaboliseras

Si l’on pouvait encore nourrir un doute sur l’existence d’une véritable stratégie de campagne de la part des médias, ce qui s’est passé pour le second tour le dissiperait. Avant le 10 avril Marine Le Pen est une «  candidate qui a changé », « sensible aux préoccupations des Français et à la question de leur pouvoir d’achat », «  qui mène une belle campagne » et pour laquelle somme toute on peut voter. Tout change au soir du 10 avril. La diabolisation revient : au petit trot d’abord, au galop ensuite. La seule nouveauté c’est que l’élément diabolisateur n’est pas Pétain mais Poutine, le «  nouvel Hitler », il est vrai. Oubliés avant le premier tour le prêt russe accordé au Rassemblement national et la poignée de main de la candidate avec le président russe sont à la une. Dès lors rien n’est épargné à la «  candidate d’extrême droite » dont les propositions sont désormais disséquées. Lors du débat du 20 avril des armées de «  fact checkers » traquent la moindre imprécision de Marine Le Pen tandis que les gros bobards (sur les travailleurs frontaliers par exemple) et les gros nanards du président sortant passent chrême. Les médias sont univoques. Au fait comment appelle-t-on un pays où lors d’une élection TOUS les journaux donnent la même consigne de vote?

Conclusion : post démocratie et société de propagande

Bien sûr cette description sombre de la pensée unique médiatique n’exclut pas de petits coins de ciel bleu : des journalistes s’efforçant à un minimum d’objectivité et des débats parfois ouverts sur certaines chaînes d’info en continu. Mais pour une élection présidentielle à forte participation électorale l’essentiel se joue ailleurs : sur les grands médias, les médias de grand chemin, TF1, France2, France3, M6, dont l’ensemble des JT touchent 16 millions de spectateurs. Des spectateurs-électeurs par ailleurs conditionnés par des publicités, des feuilletons et des séries d’inspiration progressiste, sinon wokiste…

Nous vivons en post-démocratie, dans une société de propagande où l’appareil de contrôle sur les esprits n’a jamais été aussi puissant. On peut douter dans ces conditions de la possibilité d’un quelconque réel changement par les urnes tant il y a une maîtrise du calendrier et des sujets de l’élection, par les grands médias et les organes de communication. Comme l’a exprimé, le 2 avril 2022, l’hespérialiste David Engels au IXe colloque de l’Institut Iliade : « Ne nous trompons pas : ce n’est pas par le biais de processus démocratiques conventionnels que nous obtiendrons la victoire […] parce que l’ensemble du système politique actuel, malgré le pluralisme formel, est si unilatéralement dominé par le libéral-gauchisme qu’il rend une victoire électorale globale de la “droite” impossible dans les faits et ne peut donc être qualifié de démocratique que dans une mesure limitée. Qu’il s’agisse de l’orientation gauchiste des médias, de l’école, de l’université, du monde professionnel, des institutions de l’État ou des fonctions politiques : partout, la synchronisation idéologique est telle que seules des infimes nuances de gauchisme semblent être tolérées, tandis que tout mouvement patriotique culturel est soit étouffé, soit désintégré de l’intérieur, soit discrédité ou éradiqué. »

Par Jean-Yves LeGallou le 24 avril 2022

Les cinq batailles perdues du chevènementisme



« Refondation Républicaine », c’est donc le nom de la dernière loge en date du chevènementisme lancée ce mercredi. À 83 ans, l’ancien ministre Jean-Pierre Chevènement a ainsi matérialisé son ralliement à la macronie néo-libérale, libertaire et atlantiste. Belle fin de parcours pour un vieux tromblon qui n’aura cessé de vouloir incarner la « gauche républicaine »  ou le « citoyennisme des deux rives ».

Des représentants qui vont à la soupe

D’ailleurs, Jean-Pierre Chevènement n’est pas le seul à aller bouffer au râtelier du macronisme triomphant. Le dernier représentant notable de la gauche républicaine, l’infatigable Manuel Valls, se noyant petit à petit dans le pathétique du représentant placier cherchant désespérément à mettre le pied dans la porte du vainqueur du moment. Manuel Valls n’a aucun métier, ne sait rien faire de ses petits doidoigts à part de la politique et serait capable de taper l’incruste dans votre plumard si vous étiez un responsable politique quelconque. Sur le site de Pôle Emploi, ce métier n’a point de code ROME alors qu’il est pourtant le plus vieux du monde !

Le chevènementisme et la « gauche républicaine » finissent donc dans le pathétique en ce qui concerne ses représentants. C’est la première défaite du chevènementisme.

Une idéologie très affaiblie

Mais au niveau idéologique, la gauche républicaine est également un naufrage total.

Car la gauche n’a jamais été aussi « woke ». Le « Chev » rêvait de la « replacer dans giron républicain », or la gauche française a désormais comme superstar Sandrine Rousseau ! Bravo !

L’ « assimilation » des populations immigrées par la politique de la main tendue, et la valorisation du mérite républicain, qui constituaient l’alpha et l’oméga de la pensée chevènementiste, se sont également pris la réalité quotidienne sur le coin de la gueule. Jamais les millions d’immigrés qui enrichissent nos banlieues ne s’assimileront et, nul besoin d’être un lecteur de Houellebecq, pour comprendre, qu’à terme, c’est plutôt nous qui devrons nous assimiler. De guerre lasse, comme le fait François, le héros de Soumission. Car le mérite républicain est petit à petit grand remplacé par le zèle islamique.

La mystique républicaine ne fait plus rêver à l’âge identitaire

Le chevènementisme est mort, mais à travers lui c’est également toute la mystique républicano-française qui s’est fracassée sur le mur du réel. Ce qui constitue une nation, ce n’est pas parler la même langue, ni appartenir à un groupe ethnographique commun, c’est « avoir fait de grandes choses ensemble et vouloir en faire encore » disait Ernest Renan. Ah bah oui, tout cela marche plus ou moins bien avec un paysan du Morvan et un ouvrier lensois. Avec Muhammad et Boubakar, en revanche, la théorie est déjà beaucoup plus théorique. La République a voulu déraciner sa population pour créer un « homo francus » de Dunkerque à Nice, elle finira déracinée des quartiers nord de Marseille à la Seine Saint-Denis ! A force de niveler les Français, d’annihiler toute forme de culture locale, de langues régionales pour créer un creuset républicain anonyme, la République a désincarné la France.

Car le jacobinisme ce n’est qu’un mondialisme à l’échelle française. Un mondialisme sans la carte flying blue d’Air France ! Or, aujourd’hui, les descendants des paysans bretons partis à Paris au début du XXè siècle ne rêvent que d’une chose : revenir dans le pays de leurs grands-parents pour tenir une ferme bio avec un four à pain. Et mettre leurs gosses dans des classes en breton ! Dans ce grand mouvement historique de « retour de l’identité », la République n’a rien d’autre à offrir que la lecture de Victor Hugo, des vagues souvenirs de l’épopée napoléonienne et des cartes réduc’ chez Leclerc. Regardez vos gamins, ils se sont recréé des identités à partir des réseaux sociaux. Sexuelles ou religieuses mais des identités quand même. Et le creuset républicain « désidentitaire » par nature, n’a pas les armes pour lutter contre cela. La République ne veut pas entendre parler de « distinction » entre les citoyens, mais aujourd’hui il y a des milliers de « distinctions » attirantes sur le marché. Dans le sous-rayon des identités sexuelles on en crée même chaque jour !

Les indépendantismes régionaux veulent prendre leur revanche

La quatrième défaite du chevènementisme concerne sa vision jacobine de la France. Chevènement, quand il était ministre de l’Intérieur, a longuement combattu les nationalistes corses : ils ont aujourd’hui trois députés à l’Assemblée nationale française, ont tous les pouvoirs sur l’île et le gouvernement de l’Etat français assassinu qu’il soutient leur a prévu un large statut d’autonomie. Bravu !

Ah mais au-delà de la Corse, le jacobinisme français a partout du plomb dans l’aile : le 8 avril, le conseil régional de Bretagne a voté la demande d’un statut d’autonomie législatif et fiscal à Paris. A l’unanimité. PS, LR, LREM, PCF – à l’exception notable du RN. Et, dans la foulée, la Guyane a fait de même !

En 1998, l’ARB (l’Armée Révolutionnaire Bretonne) plastiquait la mairie de Belfort dont le maire était Jean-Pierre Chevènement. 25 ans plus tard, le groupe LREM au conseil régional de Bretagne, groupe soutenu par Chevènement Jean-Pierre réclame l’autonomie de la Bretagne. Brav ! (en breton cette fois)

Marine Le Pen, dernière représentante du chevènementisme ?

Et pour bien enterrer le cadavre de la gauche républicaine et jacobine à coups de pelle, notons que les grands principes de ce courant de pensée se sont incarnés dernièrement en… Marine Le Pen. Regardez bien son républicanisme assimilationniste et jacobin : c’est du Chevènement tout craché ! Cette appropriation du chevènementisme par le lepenisme constitue la dernière défaite de Jean-Pierre Chevènement.

Défaite politique, défaite idéologique, défaite complète.

Par Maël Pellan le 28 avril 2022

Causeur


La libération de Twitter affole les flics de la pensée

 

Panique chez les censeurs ! La décision d’Elon Musk de libérer Twitter affole les gardiens du politiquement correct, les « modérateurs » et autres donneurs de leçons. 

Le milliardaire américain, qui vient de racheter ce réseau social pour 44 milliards de dollars, a expliqué sa politique : « La liberté d’expression est le ciment d’une démocratie fonctionnelle, et Twitter est une agora digitale où sont débattus les sujets vitaux pour l’avenir de l’humanité ». Ce vent de liberté, venu des Etats-Unis, aurait dû être salué par tous comme une délivrance. L’absence de débats n’a-t-elle pas été étouffante lors de la campagne présidentielle? Faudrait-il se satisfaire des seules influences américaines du wokisme et de la victimisation des minorités, qui prétendent s’imposer en terrain conquis ? Pourtant, à entendre la pensée dominante, cette annonce de Musk est vue comme une menace. 

« Il y a quelque chose de liberticide dans une liberté totale », a commenté ce mercredi (Europe 1) Raphaël Enthoven. Le penseur labellisé avait déjà été en pointe pour soutenir la politique sanitaire du gouvernement, ses atteintes aux libertés, ses confinements, ses vaccinations pour tous, ses discriminations entre citoyens. Depuis, la propagande hygiéniste s’est fermée à la critique au nom de certitudes imperméables aux faits. Pour les gardes-chiourmes de la pensée obligée, il n’existe aucune alternative au narratif officiel, sauf à être accusé de complotisme  ou d’obscurantisme.

Apparaît en fait un système usurpé : fragile, il redoute la contradiction. La diabolisation du contradicteur et l’insulte du récalcitrant sont les ressorts d’un pouvoir qui ne supporte pas la contestation. L’accusation en extrême droitisme, qui a servi à écarter la contestation des classes moyennes au profit de la réélection d’Emmanuel Macron, fait partie du bourrage de crâne. Il n’est donc pas surprenant que la maréchaussée, qui veille à la propreté des idées, voit d’un mauvais œil une libération de Twitter. 

L’Union européenne s’est empressée de faire savoir que Musk aura à se plier à ses règles (le Digital Service Act) qui obligent les Gafam à retirer de leurs sites les contenus illicites. Il va sans dire que ces textes devront s’imposer, comme s’imposent les lois qui protègent les plus faibles, qui interdisent les appels à la violence, au meurtre, au racisme ou les intrusions dans la vie privée. Il n’a jamais été soutenu qu’une totale liberté de tout dire était souhaitable. Mais rien n’est plus contestable que les prétentions de la législation française et des lyncheurs professionnels à traquer les « propos haineux » ou les « fake news » : ils ne répondent qu’à des définitions subjectives et à des volontés supérieures de faire taire. 

Comme le remarque le géographe Christophe Guilluy (Le Figaro, mardi) : « Si demain le dalaï-lama se présentait avec un programme souverainiste, il serait aussitôt fascisé (…) ». Musk veut délivrer les gens libres des muselières et des oeillières : seuls les flics de la pensée l’accusent du pire.

Par Ivan Rioufol le 27 avril 2022

Le Blog d'Ivan Rioufol

Journal de bord de Jean-Marie Le Pen n°660 du 29 avril 2022


mardi 26 avril 2022

Le matraquage médiatique, vainqueur de la présidentielle


Vous aimez le passe vaccinal, les parcs d’éoliennes, les féministes voilées, les sermons des people ? Vous allez être comblés : vous venez d’en reprendre pour cinq ans. Le Système a su se maintenir en place, grâce à un toujours efficace « front républicain ». Je ne peux cacher une certaine déception au vu des résultats. Je m‘étais pris à espérer, idéalement il est vrai, une résistance des électeurs face à l’indécent bourrage de crâne de ces dernières semaines. Mais le matraquage contre le péril « d’extrême droite », repris par la totalité des médias et des pouvoirs en place, a fait son œuvre. La propagande a été plus forte que l’analyse des colères françaises, qui ne se rattachent en rien aux caricatures « fascistes » qui en sont faites par les gardes-chiourmes de la caste. Emmanuel Macron a été brillamment réélu  dimanche soir (avec 58,5% des suffrages contre 41,50 % à Marine Le Pen) en bénéficiant à 40% d’un vote de rejet de son adversaire. 

42% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon se sont reportés sur le président sortant, contre 17% qui ont choisi Le Pen. Le choix de Macron d’esquiver les débats et de diaboliser l’adversaire a été une stratégie payante. Marine Le Pen a subi une défaite cuisante, même si elle a amélioré son score de plus de 2,5 millions de voix par rapport à 2017. Au moins peut-elle se réjouir de n’avoir pas à gérer les périodes tendues qui s’annoncent avec une hausse de l’inflation, de l’endettement et de la vulnérabilité plus générale du pays. Macron va avoir à assumer lui-même les conséquences de ses politiques. Il s’est d’ailleurs gardé hier soir, à raison, de tout triomphalisme affiché.

Reste que si le scrutin est sans appel et que Macron a toutes les raisons de se satisfaire de la prouesse de sa réélection, la photographie politique n’en est pas moins voilée. La frustration qui est la mienne devant des débats confisqués et des interdits de penser me semble être commune à beaucoup d’électeurs. Il leur est répété, sondages à l’appui, que la société aurait viré à droite. 

Or c’est la gauche mélenchoniste et islamo-gauchiste qui, pour partie, a favorisé également l’élection de Macron, soutenu par la presse moutonnière. Le président, qui avait reçu le soutien de la Grande mosquée de Paris et du Rassemblement des musulmans de France, a fait de très bons scores dans des villes de la « diversité » : 75% aux Mureaux, 70% à Grigny, 74% à Trappes. S’il recueille au total 18,7 millions de voix contre 13,2 millions à Le Pen, la somme des absentions et des votes blancs et nuls atteint 16,6 millions d’électeurs (13,6 millions d’abstentions, 3 millions de blancs et nuls). Quand autant de citoyens ne veulent plus jouer le jeu de la démocratie, c’est que celle-ci ne fonctionne plus correctement. De fait, l’imposition d’un discours unique ne peut qu’assommer, un temps seulement, l’électeur incertain. Cette situation ne peut perdurer sans risque d’explosions insurrectionnelles.  

Hier soir, Macron a promis « l’invention collective d’une méthode refondée ». Vous aimez aussi les mots creux ? Vous allez être servis.

Par Ivan Rioufol le 25 avril 2022

lundi 25 avril 2022

Pour une union nationale aux législatives des 12 et 19 juin 2022

 



Stanislas Rigault, porte-parole de Reconquête ! sur CNEWS le 24 avril 2022

 

Les vice-présidents exécutifs de Reconquête ! proposent une rencontre avec le RN afin de constituer une coalition électorale pour les législatives !

 



Plateau-télé : dîner électoral sans sel ni gluten…



Avant même d’avoir attendu la gueule du bois du lendemain, la cuite du soir est éclatante. Jean-Luc Mélenchon, par exemple, se lamente en direct de la prochaine mise en place de la retraite à 65 ans préconisée par Emmanuel Macron et de la baisse programmée du rôle social de l’État... alors qu’il a appelé à faire barrage contre Marine Le Pen, permettant ainsi la réélection du Président sortant. Docteur Jean-Luc et Mister Mélenchon, en d’autres termes…

Heureusement, à en croire Clémentine Autain, l’une de ses affidées, « nous avons évité le pire du pire » : Marine Le Pen. Mais elle affirme en même temps que le pire demeure à affronter : Emmanuel Macron et son « mépris ». Il y aurait donc « pire » que pire et « pire » tout court, tout en ouvrant « le champ des possibles ». À savoir, les élections législatives à venir, finalement véritable enjeu de cette soirée présidentielle.  y songe déjà et le président de La France insoumise aussi, qui prie les Français de « l’élire Premier ministre ». Sans oublier Éric Zemmour, qui se place dans la course…

Pour le reste, la routine. L’antiracisme sans racistes et l’antifascisme sans fascistes. Quant à la macroniste Delphine Batho, devenue sosie quasi officielle de Valérie Mairesse, au physique comme à l’oral, elle en appelle à l’abolition du « présidentialisme » ; ce qui devrait réjouir notre Président jupitérien brillamment réélu. Ensuite, Sandrine Rousseau, étonnamment calme sur TF1, en appelle à la cohabitation avec Macron pour cause d'« urgence climatique ». On aura décidément tout vu.

Soirée électorale en demi-teinte, donc. Les castors bâtisseurs de barrages contre la haine semblent faire comme si de rien n’était ; comme si le danger qu’ils dénonçaient n’avait jamais été. Comme si, finalement,  n’était pas si mauvaise fille que ça. En attendant, le vainqueur arrive sur le Champ-de-Mars, tenant la main de Brigitte, lookée façon Nancy Sinatra, costume années 60 à l’appui, avec une « Ode à la joie » de Beethoven en guise de musique de fond, au riff pour l’occasion ralenti. Et un discours dans la morne continuité du déjà-vu sur l’ensemble des plateaux de télévision. Lisse et sans saveur. Même Robert Ménard et Daniel Cohn-Bendit rivalisent d’amabilités sous l’œil bienveillant de Luc Ferry.

Le tout s’achève sur une « Marseillaise » couinée de guingois par une Castafiore d’occasion. Pour plus d’émotions sur petit écran, les vachettes de Guy Lux étaient naguère autrement plus sujettes à frissons.

Par Nicolas Gauthier le 25 avril 2022

vendredi 22 avril 2022

Dimanche s’affronteront dans les urnes deux idées de la France

 

Foin des postures, du langage corporel, des petites phrases et des grands mensonges - ou l’inverse - commentés toute la journée dans les  et sur les réseaux sociaux. Le seul à avoir saisi l’essentiel, c’est Gérald Darmanin. Il commentait en ces termes, jeudi matin, sur  1, le débat de la veille : « On a vu le choix entre deux types de France. » Tout est là.

Pourtant jamais, sans doute, dans l’histoire des débats d’entre-deux-tours, le mot France n’a été si peu prononcé. Il était pourtant dans le cœur de nombreux Français qui, au bout d’une heure, auraient aimé que l’on s’extirpe enfin des considérations chiffrées pour étudiants en CAP de comptabilité. Comme si la France était déjà douloureusement perdue pour les Français, à l'instar, jadis, de l’Alsace-Lorraine : « Y penser toujours, n’en parler jamais. »

Il n’empêche que Gérald  est dans le vrai. Même si le débat a pu paraître aseptisé, technocratisé ou même, disons-le, « rasdespâquerettisé », le vrai clivage est là : entre une France d’en haut, si haut que l’Hexagone ne lui semble, depuis les nuées, pas plus grande qu’un timbre-poste, et une France d’en bas, les pieds vissés dans la terre.

Comme dans une copie d’écolier, la synthèse du propos, ce que l’auteur a dans les tripes, est dans la conclusion. Las comme dans une copie d’écolier, pressés par le temps, les deux débatteurs n’ont pas pu développer leur conclusion. Elle leur a cependant permis de planter des balises. Emmanuel Macron a des tics de langage de dame caté des années 70 : il veut « bâtir un monde meilleur ». Rien que ça. La première étape, pour cet hubris démiurgique qui trouve forcément la France bien étriquée, est l’Europe. Pour lui, cette élection sera donc, il l’a dit, un « référendum pour l’Europe ». On ne pourra pas dire qu’il n’avait pas prévenu. L’élire, c’est donc dire oui à cette  fédérale qu’il appelle de ses vœux.

Marine Le Pen, elle, prétend « défendre ce qui fait l’âme française »« son identité, ses traditions nationales, locales, ses valeurs, sa langue, ses paysages. Sans complexe. » Elle veut « privilégier l’enracinement contre la spéculation, le localisme contre le mondialisme, la transmission contre la spoliation ».

Aura-t-elle le courage, la volonté, la possibilité de le faire si, d’aventure, elle arrive au pouvoir ? C’est une autre histoire. Mais s'y engager publiquement est le préalable nécessaire, à défaut d'être suffisant. Le choix de dimanche est là. Tout le reste n’est qu’accessoire.

Par Gabrielle Cluzel le 21 avril 2022

La présidentielle, un choix de civilisation



Un « choix de civilisation » est à faire dimanche. Emmanuel Macron a eu raison, samedi lors d’un (maigre) meeting à Marseille, de poser en ces termes solennels l’enjeu de la présidentielle. Le président-candidat veut y voir un référendum pour ou contre l’Union européenne, l’écologie, la laïcité, la République. Le débat, à cette hauteur de vue, vaut mieux que son attaque paresseuse contre l’extrême droite, qui serait représentée par Marine Le Pen et ses soutiens. Mercredi soir, les Français ont enfin pu approcher le choc de deux programmes. Le Pen y a tenu, modestement, le rôle commode de la France protestataire, face à un Macron vif-argent mais fébrile et condescendant. Reste que le naufrage de la candidate de 2017 ne s’est pas reproduit. Les électeurs vont avoir à choisir entre la poursuite d’une « société ouverte », défendue par le macronisme au nom de la mondialisation et de l’universalisme, ou le retour à la nation prioritaire.

À dire vrai, la France de demain aurait mérité davantage que ces deux heures quarante-cinq de confrontation d’ultime urgence. Le Système, c’est-à-dire la coalition des pouvoirs en place depuis des décennies, aura tout fait pour retarder l’approche frontale de ce choix existentiel. Jamais sans doute une élection présidentielle n’a été aussi capitale pour l’avenir de la nation. Doit-elle viser à un retour vers l’assimilation, ou poursuivre dans le communautarisme anglo-saxon ? Les deux mondes sont opposés. La France de 2050 n’aura pas le même destin selon qu’elle aura accepté ou non de se fondre dans la diversité ethnique et culturelle portée par l’air du temps, mais refusée par les nationaux. Pour autant, les défenseurs du retour au souverainisme ont eu à subir, jusqu’à ces derniers jours, un flot d’imprécations qui n’ont eu d’autres buts que d’empêcher une discussion.

L’abus de position dominante des « élites » caractérise cette campagne corsetée.

Par Ivan Rioufol le 22 avril 2022