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jeudi 13 octobre 2022

L’Ukraine est-elle une démocratie ?



Nos journalistes se sont amusés de la fuite de jeunes ou d’adultes Russes à l’étranger, ne voulant pas servir dans les armées. Au passage, la Russie n’a pas pris de mesures à leur encontre ni annoncé de punition pour ce qui relève, peut-être pour certains, d’une désertion, s’ils étaient dans l’armée de réserve. Rappelons qu’un réserviste est un citoyen volontaire qui, après avoir signé un contrat d’engagement, participe, selon ses disponibilités et les besoins de son autorité d’emploi, à l’activité opérationnelle des forces armées et des forces de sécurité intérieure. Il effectue d’ailleurs ses périodes de réserve sous un statut militaire. Macron ne l’ignore pas, disant : « Nos réservistes sont des militaires à temps partiel, certes, mais à pleine capacité » (le 13 juillet 2017 à l’Hôtel de Brienne). La Russie pratique de même. Il est probable que les personnes en fuite n’en soient pas vraiment. Je ne vois pas beaucoup de réservistes, ayant le souci de leur pays et faisant leurs périodes, refuser de servir. Admettons.

Réservistes fuyards en Russie / interdiction de quitter le territoire en Ukraine

Mais qu’en est-il dans la grande démocratie ukrainienne ? Il semblerait que les décisions aient été bien plus contraignantes. Les hommes de 18 à 60 ans n’ont pas le droit de quitter le territoire. Les médias mainstream l’affirment aussi :

La comparaison est étonnante. La belle démocratie prononce la mobilisation générale, se donne le droit de confisquer les véhicules et de contraindre à servir ; là où l’horrible dictature laisse filer des personnes craignant leur mobilisation de réserviste.

Morts civils en Ukraine / Morts militaires en Russie

Dans une démocratie, d’après ce qu’on dit, la transparence est un grand principe et l’information est loyalement diffusée aux citoyens et aux partenaires étrangers. Si les Russes ne sont pas très transparents sur le nombre de morts au sein de leurs troupes, c’est encore pire en Ukraine. Les spécialistes se disputent d’ailleurs, les uns cautionnant une guerre économe en hommes, en prêtant du crédit aux chiffres en quelques milliers de morts, d’autres, dont les Anglais, affirmant que les premiers mois ont été meurtriers et évoquant jusqu’à 80 000 morts côté Russes. À noter que les Russes parlent peu des décès de civils. Indifférence peut-être, faible appétence pour la manipulation aussi.

Côté ukrainien, blackout absolu. Rien après six mois de guerre. Et très étonnamment, ni les Anglais, ni les Américains ne cherchent à nous informer pour faire le parallèle. Certains évoquent plus de 100 000 morts et peut-être autant de blessés. Comment vérifier ? On entend parler d’hôpitaux débordés, puis plus rien : censure ? interdiction ? menaces ? Que se passe-t-il donc dans cette belle démocratie ?  Cependant l’Ukraine a une capacité inédite à savoir compter jour après jour les victimes civiles et à les annoncer au monde entier. Surprenante conception de la démocratie et peur peut-être de devoir annoncer des chiffres qui feraient réfléchir les libres Ukrainiens d’une part et les pays alliés et leurs populations d’autre part. Si les Français venaient à découvrir que près de 200 000 jeunes sont hors de combats, le choc serait peut-être là !

Respects des langues régionales / imposition d’une langue unique nationale

Savez-vous combien de langues sont usitées librement dans la Fédération de Russie ? En vertu de l’article 68 de la Constitution, chaque république peut ajouter sa propre langue officielle, le russe restant la langue fédérale. De même, les districts autonomes et les oblasts ont cette liberté. Il y a plus de 14 familles linguistiques répertoriées pour plus de 50 langues pratiquées. La dictature Russe est affreuse sur ce point, n’est-ce pas ? À l’inverse, la vertueuse démocratie ukrainienne a bien voté, n’en déplaise à beaucoup, l’obligation de la seule langue officielle ukrainienne et son application dans la vie administrative et quotidienne de chacun, malgré des pratiques locales d’autres langues dont le russe évidemment.

Pillage des réserves d’or ukrainiennes / Accumulation des réserves russes

Nous pourrions dans de nombreux domaines multiplier les exemples. L’économie par exemple. Le Parlement ukrainien dispose-t-il aujourd’hui d’un pouvoir et d’une vue sur la situation financière de son pays ? A-t-il un pouvoir de contester les choix du Président Zelensky ?  On en doute. D’ailleurs, les médias occidentaux disent-ils ce que coûte cette situation en toute transparence ? Très timidement. Qui paie les fonctionnaires ukrainiens aujourd’hui ? Qui finance l’État ukrainien aujourd’hui ? Comment l’Ukraine paie-t-elle l’armement qui lui est livré ? Et qui a vraiment éclairé l’évaporation des réserves d’or du pays après le coup d’État ? Qui explique les ventes d’or actuelles au-delà, semble-t-il, des réserves du seul État ? Opacité, détournement, pillage d’un État ? Mais aussi pillage des banques ukrainiennes par l’État pour financer sa guerre.

À l’inverse, la vilaine dictature accumule l’or, contrôle ses dépenses et n’a pas de dettes pharaoniques à l’instar des grandes démocraties qui lui font la guerre.

L’Ukraine n’est pas une démocratie

En conclusion, quatre exemples pour se dire que l’Occident soutient l’insoutenable en falsifiant éhontément toutes les réalités historiques récentes. Non, l’Ukraine n’est pas une démocratie, son peuple est la première victime d’une oligarchie mafieuse et guerrière. Non, l’Ukraine n’est pas un pays de libertés quand les hommes ne peuvent plus circuler ou refuser les armes ou parler leur langue maternelle. Non, l’Ukraine n’est pas une démocratie quand des civils sont exécutés sommairement, liés à des poteaux, pour de simples soupçons d’affection pour la Russie. Non, l’Ukraine n’est pas une démocratie quand elle limite le libre exercice de la liberté de la presse. Non, l’Ukraine n’est certainement plus une démocratie depuis 2014, date à partir de laquelle Zelensky a fait le choix d’envoyer l’armée tuer des Ukrainiens révoltés par l’irrespect de leur langue.

Par Pierre-Antoine Pontoizeau le 12 octobre 2022

Riposte Laïque