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jeudi 21 décembre 2023

Loi sur l’immigration : le jeu du « qui perd perd »



La comédie à laquelle nous assistons depuis quelques jours autour de la loi immigration nous montre une seule chose : malgré la foule innombrable de ceux qui revendiquent la victoire, tout le monde a perdu.

On peut faire beaucoup de reproches à la gauche, mais il faut lui reconnaître cette vertu, unique en l’espèce. Elle est la seule à reconnaître qu’elle a été défaite. La virulence avec laquelle elle le dit est significative. Son long hurlement à la mort indique qu’elle a perdu, au moins sur ce point, le magistère moral qu’elle exerçait sans concurrence depuis 40 ans. On passera sur les délires type « retour du IIIeme Reich » et le déni de réalité qui sous-tendent cet aveu de débâcle.

Le Rassemblement national prétend qu’il a gagné la partie. En fait, il l’a perdue lui aussi. D’abord parce qu’il a voté un texte légalisant des situations qu’il avait lui-même fixé comme des lignes rouges infranchissables : la régularisation des travailleurs clandestins. Ensuite, un vote contre du groupe du RN aurait entraîné le rejet du texte, et donc des conséquences politiques lourdes. Au moins la démission d’Élisabeth Borne, au plus une dissolution de l’Assemblée nationale. Seraient-ce de si mauvaises nouvelles ? Le RN a fait le choix de soutenir l’exécutif, ainsi renforcé dans sa capacité à continuer de détruire la France pour les quarante deux mois à venir. En tous cas, il sera désormais plus difficile de s’opposer au gouvernement, sur ce sujet à tout le moins.

Les Républicains ont perdu. Le texte qu’ils ont présenté et voulu soutenir du le Sénat à l’Assemblée nationale présente, au dire même du gouvernement, de lourdes difficultés constitutionnelles. Que restera-t-il de ce texte une fois que les « sages » du conseil constitutionnel, puis les instances européennes l’auront passé à la moulinette, sinon, un formidable coup de main au Président de la république et son Premier ministre, une fois de plus ? Sans doute pas grand-chose. À la fin du compte, ce texte ne changera rien à notre politique migratoire, alors qu’elle devrait être revue en profondeur. Qu’auront gagné Les Républicains dans cette affaire ? Quelques jours passés au centre de l’échiquier et politique, dont, plus personne ne se souviendra à la Chandeleur.

Le ministre de l’intérieur, le premier ministre et le président de la république prétendent qu’ils ont gagné. Ils ont perdu. Même si la macronie presque entière se félicite du résultat, on ne fait pas avaler des chapeaux, des couleuvres, des rubans, et je ne sais quoi d’autre à sa majorité sans conséquences. En fait, l’exécutif avait besoin d’une attitude bienveillante des oppositions de droite pour que ce texte vide soit adopté et rester tranquillement aux affaires. La brutalité du résultat oblige à reconnaître qu’il a obtenu cette bienveillance, et donc qu’il a réussi. Cela étant dit, cette réussite est trompeuse : il n’est pas dit que la majorité présidentielle puisse survivre à l’overdose de moraline qu’elle s’est injectée à répétition dans le bras gauche depuis quelques jours, et qui provoque chez les Français le renforcement d’une exaspération déjà vive.

À la fin du compte, le peuple français est encore le grand perdant de cette histoire. Il réclame à cor et à cris non pas la contention de l’immigration illégale, mais l’arrêt de l’immigration légale. Et plus largement la fin de cette complaisance paresseuse avec laquelle on autorise les étrangers à séjourner sur notre sol, où à acquérir la nationalité française, sans aucune espèce de précaution, ni d’efforts, ni de contrepartie ni de limite. Rien qui aille dans ce sens ne figure dans la loi, dont les plus modestes aspects de fermeté ne manqueront pas d’être annulés par le gouvernement des juges.

Pendant que le peuple français, assiste, désabusé, à cet effrayant concours de celui qui urinera le plus loin, la commission de Bruxelles impose ces jours-ci aux pays de l’Union européenne une politique migratoire qui rend à peu près inutile toute disposition ou toute posture qui ne nous débarrasserait pas de la tutelle de l’Europe sur la France. Une fois de plus, le parlement français s’est trompé de combat, et notre exécutif a déserté le vrai champ de bataille. Tout le monde a effectivement perdu.

Par Jean-Frédéric Poisson Président de VIA - La Voie du Peuple, le 21 décembre 2023

Boulevard Voltaire

jeudi 4 mai 2023

Chez Macron et Borne, la logique du bras d’honneur



Dans une énième intervention longue et vide comme un pipeline de North Stream (si, si : treize minutes de vide, c’est très long…), le chef de l'État nous a gratifiés, il y a quelques jours, de son programme pour l’élection présidentielle de 2017. Ah, pardon : peut-être plutôt pour celle de 2022 - on a failli attendre ! On apprend que le chef de l’État veut s’occuper de l’immigration, de l’école et du travail - bonne idée, vraiment ! Il est dit que le Premier ministre a cent jours pour s’occuper de ces différents chantiers, avec la mission particulière de trouver la majorité des voix à l'Assemblée indispensable à l’adoption des lois afférentes. Un bilan de ces différentes orientations et de leur application est attendu pour le 14 juillet : ça promet un vrai feu d’artifice de fête nationale !

Quelques jours plus tard, Madame le Premier ministre présente son plan d’action à la sortie du Conseil des ministres. Elle qui disposait de cent jours en prend allègrement le double ou le triple, omettant de se fixer quelque limite calendaire que ce soit. Elle annonce qu’il n’y aura pas davantage de loi sur l’immigration et proclame à qui veut l’entendre que l’élargissement de la majorité ne se fera pas. Quand Mark Twain disait « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait », on entend ici l’inverse : ils savent parfaitement que c’est impossible, alors ils n’essaient même pas !

Mais on entend aussi deux autres choses, significatives du délitement institutionnel dans lequel notre pays se trouve aujourd’hui. D’abord l’intervention du Premier ministre ressemble furieusement à un message à peine codé qui dirait : « En fait, le président de la République parle à tort et à travers et je me dois de rétablir un peu de sérieux dans l’action de l’exécutif. » Et puis, surtout, cette déclaration, livrée qui plus est à la sortie même du Conseil des ministres, est une manière de dire au chef de l’État : « Cause toujours, tu m’intéresses. » Nous avons assisté à un authentique acte d'insubordination de la part d’un chef de gouvernement à l’égard du chef de l’État. À vrai dire, il y a dans notre histoire politique plus ou moins récente quelques exemples. Mais le plus récent remonte probablement, en dehors des périodes de cohabitation bien sûr, à la démission de Jacques Chirac expliquant, à l’été 1976, qu’il lui était impossible de gouverner dans le sens que lui dictait le Président Giscard d’Estaing. Du moins Jacques Chirac avait-il eu la décence de démissionner, même si ses motifs étaient plus probablement guidés par la perspective de l’élection présidentielle suivante que par toute autre forme de considération. Dans la circonstance où nous sommes aujourd’hui, nous n’aurons même pas la satisfaction de voir le chef du gouvernement, visiblement en opposition frontale désormais avec le chef de l’État, quitter ses fonctions.

À la fin du compte, en agissant ainsi, le Premier ministre ne fait que se conformer à la logique dominante depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir. Que sont ces six années d’exercice, sinon un gigantesque et permanent bras d’honneur lancé à la figure du peuple français qui réclame à cor et à cri la vérité, de vraies réformes, de la considération et de l’honnêteté ? À ces différentes demandes, qui ne constituent à tout prendre que la trousse de premiers secours sans laquelle un peuple ne peut pas vivre en face de ses gouvernants, les Français n’obtiennent qu’une seule réponse : « Allez vous faire voir, et si ça ne vous convient, pas venez me chercher ! »

On sait également que le garde des Sceaux pratique la technique du triple bras d’honneur, jusque dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, en guise de réponse aux objections formulées par l’opposition parlementaire. Avec cette réponse à la force du poignet, il est ainsi prouvé jusqu’au plus haut sommet de l’État que la violence surgit lorsque le vocabulaire manque. Et nous qui croyions jusqu’ici que cette manière de faire était l’apanage des pauvres gosses de banlieue…

Mme Borne a donc pris son rang dans cette funeste liste en choisissant à son tour, plutôt que l’huile de coude, le bras d’honneur, comme une sorte de vengeance à peine feutrée pour avoir été lâchée sur l’affaire du 49.3 au moment de la réforme des retraites. Est-ce pour solde de tout compte ? La nomination du futur Premier ministre nous le dira. Pour ce qui nous concerne, si nous n’avions pas déjà été rendus manchots par les effets de la répétition, les bras nous en tomberaient une fois de plus !

Par Jean-Frédéric Poisson, Président de Via-La voix du peuple le 4 mai 2023

Boulevard Voltaire

mardi 15 novembre 2022

Démographie: entre immigration massive et politique nataliste, il faut choisir

 

Alors que le vieux continent connaît d’innombrables problèmes sociaux, culturels, sécuritaires à la suite d’un demi-siècle d’immigration massive, les simples propos d’un député sur les migrants ont provoqué les cris d’orfraie de toute la classe politique. Dans le même temps, Gérald Darmanin a annoncé vouloir intensifier ce processus migratoire en accordant davantage de titres de séjours à des travailleurs clandestins sous prétexte que ces derniers se trouvent dans des secteurs d’activité « tendus ». Il provoque ainsi un appel d’air à destination des migrants traversant la Méditerranée, de plus en plus nombreux suite à la bombe démographique africaine[1]. En parallèle à cette immigration sans frein qu’il est interdit de contester, l’Europe connaît un hiver démographique[2] sans précédent, le tout favorisé par un discours écologiste dé-nataliste. 

Plutôt que de lancer un vaste plan nataliste en France, les idéologues modernes expliquent donc que l’immigration représente pour les pays développés la seule solution pour « permettre de combler le solde démographique naturel, d’ores et déjà négatif» [3]. Notre société est devenue tellement passive face aux défis modernes qu’elle nous exhorte à accepter la fameuse « transition démographique » artificielle promue par Emmanuel Macron au lieu d’exalter la solution naturelle que toute société saine devrait défendre.

À rebours des progressistes qui nous assènent un discours fataliste (« il n’y a rien à faire contre les flux migratoires ») et culpabilisateur (« il faut avoir moins d’enfants pour sauver la planète »), nous devons être résolument tournés vers le futur de notre pays. Et cela passe par la démographie. Ainsi, nous souhaitons promouvoir pour la France, et pour l’avenir de notre continent, la relance de la natalité et la fin de l’immigration massive, par humanisme et par réalisme ! Par humanisme, car tout déracinement d’un individu à sa terre est un drame absolu, surtout si nous n’avons à lui offrir que des conditions de vie lamentables. Par réalisme par ce que, au-delà des questions économiques, la question démographique est indissociable de la question de l’éducation : quels Français voulons-nous pour demain ? Que nous importe que nous ayons chaque année 300 000, 400 000 ou 500 000 naissances supplémentaires si nous ne sommes pas capables d’éduquer correctement cette jeunesse ? Or, l’immigration massive présente justement un problème éducatif : nous sommes devenus incapables d’assimiler les masses qui se présentent à nos frontières, qu’en sera-t-il demain de leurs enfants et petits-enfants ? François Bayrou, notre nouveau « commissaire au plan », a eu le mérite d’évoquer ce problème aux derniers États généraux de la natalité : pour lui, la solution migratoire n’est « pas une solution d’évidence », notamment parce qu’elle « présente des difficultés sociales et culturelles»[4].

Nous rajouterons, parce que ce sujet doit être abordé pour de bon, que la « politique nataliste » ne présente pas en soi de problème écologique, contrairement à ce qui est affirmé par ceux qui prophétisent la fin de l’espèce humaine sur tous les plateaux de télévision. Puisqu’il est avéré qu’une famille de trois enfants en France (3.221 Kg de CO2 par an) a un bilan carbone moins important qu’un célibataire globalement plus consumériste (10.685 Kg de CO2 par an)[5], pourquoi défendent-ils sans cesse la dé-natalité ? Si vraiment l’empreinte carbone est la clé du problème environnemental, alors pourquoi ne voit-on pas les adeptes d’Attac, d’Extinction-Rébellion ou de Dernière Rénovation promouvoir des politiques familiales ? À l’inverse, il n’est pas vraiment sérieux de prétendre vouloir sauver les générations futures en stérilisant les générations présentes : l’« éco-anxiété » dont souffriraient certains jeunes[6] biberonnés aux scénarios de science-fiction du GIEC[7] ne doit pas les empêcher d’avoir un raisonnement censé… Qu’ils se concentrent d’abord sur les porte-conteneurs, fruits de la mondialisation sauvage, et qui représentent chaque année 2,6% des émissions mondiales[8], avant de stériliser notre avenir. 

Ainsi, la question écologique ne sera pas réglée par la dénatalité de l’Europe. Et la question de l’hiver démographique européen ne doit pas être réglée par l’immigration, mais par une véritable politique nataliste. Celle-ci doit permettre aux foyers de vivre dans des conditions décentes, dans un logement adapté à la taille d’une famille, avec des emplois stables pour au moins l’un des membres de la famille, et suffisamment de pouvoir d’achat pour prendre soin des enfants. Or, force est de constater que l’inverse est appliqué actuellement : les jeunes générations souffrent d’instabilités brutales sur le plan économique ou en termes d’emploi, elles sont souvent démotivées faute de logement adapté pour agrandir la famille, elles sont particulièrement touchées par les impôts depuis que le plafond du quotient familial a été raboté par deux fois en 2014. Et que dire du pouvoir d’achat actuel des Français torpillé par la politique économique désastreuse de nos gouvernants et par la crise qui s’aggrave de jour en jour ?

La situation actuelle est-elle en mesure de promouvoir la natalité, de permettre aux parents de donner une éducation adaptée à leurs enfants et aux écoles une instruction même basique ? Notre modèle social est-il en mesure de promouvoir les solidarités familiales indispensables à la stabilité et à la confiance en soi des jeunes couples ? Ou bien ne promeut-il au contraire qu’un individualisme coupable et une lutte des sexes stérile ? Nous sommes au carrefour de notre civilisation : l’avenir de nos enfants se joue autour de cette question démographique. Il est crucial que nous y mettions les moyens adéquats en repensant la famille et en l’aidant à s’épanouir dans un monde qui semble l’avoir oubliée, ou qui ne la considère que sous son aspect purement économique.

[1] « Basculement. La démographie africaine, une révolution mondiale qui va façonner le XXIe siècle », Courrier international, le 15/10/2022.

[2] « Grand entretien : Gérard-François Dumont et l’hiver démographique européen », Observatoire de l’immigration et de la démographie, le 24/08/2021.

[3] « Dans les pays développés, la migration est désormais le premier facteur de la croissance de la population »Le Monde, le 28/07/2022.

[4] « Les états généraux de la natalité (RCF) », AFC France, le 19/05/2021.

[5] « Ce qu’il faut savoir sur le bilan carbone des Français », L’Express, le 28/03/2011.

[6] « Les jeunes générations peuvent-elles surmonter leur éco-anxiété ? »National Geographic, le 02/07/2022.

[7] « Climat : les 12 mensonges du GIEC – Politique & Eco avec Christian Gerondeau », TVLibertés, le 25/04/2022.

[8] « Porte-conteneurs, supertanker, navires de croisières… Ces bateaux géants causent une importante pollution de l’air », France Info, le 25/01/2019.

Par Jean-Frédéric Poisson, Président de VIA le 15 novembre 2022

Causeur

vendredi 22 juillet 2022

Conservateurs, unis pour servir



Nous y sommes ! Un cycle électoral s’achève et personne ne semble véritablement gagnant à l’issue des résultats : ni Emmanuel Macron qui n’a pas de majorité absolue avec Ensemble!, ni Jean-Luc Mélenchon à la tête de la fragile coalition NUPES, dont personne ne peut estimer la durée de vie, ni Marine Le Pen, malgré l’entrée d’un fort contingent de députés, qui s’est entêtée à refuser toute idée d’alliance à droite pour favoriser son seul parti politique et transformer une possible vague patriote en une onde sans conséquence. Pourtant, un fait reste certain : le progressisme aura place nette pour étaler ses mesures. Quelle opposition conservatrice de poids pourra véritablement contrer cette idéologie au cœur de l’hémicycle ? S’il y a  un vainqueur aux derniers scrutins, c’est bien le progressisme, et il avancera sur tous les secteurs de la société.

Hélas, l’actualité nous prouve l’amère réalité de ce constat, à commencer par la proposition d’Aurore Bergé de sanctuariser le recours à l’avortement dans la Constitution (L’Express, le 29/06/). Loin des priorités économiques et sécuritaires que réclament les Français au quotidien, cette proposition oublie que ce n’est pas le rôle de la Constitution d’abriter des combats sociétaux, à plus forte raison lorsqu’ils ne sont pas menacés en France. Cette surréaction législative d’Aurore Bergé témoigne d’une conscience aigüe de sa propre vassalisation aux Etats-Unis. Par ailleurs, Richard Ferrand nous prévenait déjà le 11 avril dernier : la nouvelle « grande réforme de société » pour ce quinquennat sera le fameux « droit à mourir dans la dignité ». Autrement dit, l’euthanasie et le suicide assisté seront les prochaines mesures phares d’un gouvernement qui n’a rien d’autre à proposer que du sociétal, impuissant qu’il est à relever les défis structurels du pays. Il faut lui opposer une résistance à même de rappeler inlassablement les repères aptes à guider le choix politique : la personne humaine n’est pas un objet qu’on bricole, une marchandise qu’on achète, un produit qu’on jette.

Ces premières mesures ne sont, malheureusement, que la partie émergée de l’iceberg. Le projet de société qu’Emmanuel Macron veut porter pour son dernier mandat, nous en avons eu un avant-goût lors de son quinquennat précédent : il s’agira vraisemblablement d’un monde où le contrôle de masse et la surveillance générale seront institutionnalisés ; un monde où les libertés fondamentales seront constamment remises en cause sous le camouflage de l,’« intérêt général » ; un monde au sein duquel les contrôles deviendront la norme et les espaces de libertés, un luxe de plus en plus inaccessible… Déjà la liberté d’éducation est mise à mal, en particulier en ce qui concerne l’école à la maison (Le Bien Public, le 30/06/202), la liberté d’opinion est bafouée par des lois de fichage (La Croix, le 05/01/2021), et le passe sanitaire est à nouveau évoqué.

Le chemin pour défendre ou reconquérir ces libertés sera long, mais nous serons là pour le mener.

L’écologie qui devient une préoccupation générale et qui est appelée à tenir une place prépondérante sera encore davantage utilisée dans les années à venir pour imposer plus de contraintes aux Français. Déjà, certains défenseurs autoproclamés de la planète s’en emparent pour proposer des mesures punitives des normes toujours plus absurdes. Ceux qui paieront la plus lourde facture pour satisfaire les tenants de l’écologie sous influence seront encore les plus humbles, les Français délaissés des territoires périphériques, et bien sûr les classes moyennes… L’écologie locale et les mesures de bon sens comme l’écologie de conservation pour l’agriculture, ou le développement de la filière  pour le secteur énergétique seront encore mis de côté, car ils ne sont pas conformes à la vision idéologique et dogmatique des Verts, enfermés dans leurs schémas cognitifs progressistes. Par ailleurs, ces doctrinaires d’une écologie pour urbains des métropoles oublient qu’il ne peut y avoir d’écologie intégrale et cohérente que si celle-ci protège aussi l’espèce humaine.

La question fondamentale soulevée par les délires progressistes est bien celle du rôle du politique : est-il de redéfinir, au gré des sondages, ce qu’est l’être humain ? Ou est-il de garantir, au milieu des progrès scientifiques époustouflants, le respect inconditionnel de la personne humaine, quel que soit son état ? Est-il de favoriser une humanité augmentée qui, sous prétexte de repousser toujours plus loin les frontières de la maladie, du handicap et de la mort, tente de définir une nouvelle humanité pour qu’il ne reste de l’homme que ce qui est fort, beau et intelligent ? La grandeur d’une société est plutôt de garantir à celui dont le corps ou l’esprit, malgré les soins reçus, reste affaibli et défaillant, le droit à des structures adaptées, une facilité d’accès à l’école, au travail, aux loisirs. En un mot, le droit de vivre. Nous devrons le leur rappeler à temps et à contretemps.

Devant les menaces qui s’accumulent, les conservateurs authentiques doivent se réveiller : c’est précisément dans ce but que nous avons rédigé ce plaidoyer. Nous avons des propositions uniques et pérennes à apporter à la société moderne. Parce qu’être conservateur ne consiste pas à garder des cendres, mais à transmettre le feu, nous souhaitons rappeler ce qui a fait la force et l’humanité de notre civilisation pendant des siècles. Contre la machine de  qui progresse, nous souhaitons assurer la protection de chaque vie de sa conception à sa mort naturelle. Contre la société de contrôle qui se profile, nous rappelons la nécessité d’un cadre de libertés inaltérable grâce auquel chacun peut s’accomplir pleinement. Contre cette écologie globalisante qui punit l’être humain et cette société de consommation qui l’enchaîne, nous prônons un art de vivre respectueux des individus, des familles et des peuples. Ainsi, nous devons prendre toute notre place dans le combat qui s’amorce pour défendre l’être humain et sa nature propre, le territoire sur lequel nous vivons et nous épanouissons, les traditions et l’ordre social transmis grâce à des milliers d’années de longue patience. Conscients de notre héritage, et pour assurer la continuité historique de la nation, c’est un conservatisme de combat auquel nous contribuons.

Enracinés et attachés au cadre national, civilisationnel et anthropologique dans lequel prend place l’action politique, nous sommes unis pour conserver ce qui doit l’être et reconstruire ce qui aura été détruit.

Par Jean-Frédéric Poisson, Président de VIA| la voie du peupleLaurence Trochu, Présidente du Mouvement Conservateur et Bruno North, Président du Centre National des Indépendants et Paysans le 22 juillet 2022

Boulevard Voltaire

jeudi 19 mai 2022

Avant de donner un avenir à nos enfants, donner des enfants à notre avenir



Le 5 mai dernier, un texte en projet de la Cour suprême des Etats-Unis (désormais majoritairement conservatrice) visant à renverser l’arrêt Roe vs Wade a été diffusé par Politico [1]. Cet arrêt, voté en 1973, établit une protection fédérale constitutionnelle au « droit à l’avortement », et fait depuis jurisprudence. Cette interprétation de la Constitution américaine est la seule base juridique fédérale sur l’avortement : le Congrès n’a jamais réussi à voter de loi régulant ou bannissant l’accès à l’avortement. Si le projet est mené à bout, on reviendra alors à la situation de 1973 où chaque Etat légiférait indépendamment sur ce sujet. Environ la moitié des Etats américains pourrait alors restreindre considérablement l’accès à l’avortement.

Sans s’immiscer dans une situation qui ne concerne pas notre pays, nous pouvons simplement remarquer que le débat autour de l’avortement est toujours présent de l’autre côté de l’Atlantique. Alors qu’en France, celui-ci ne porte que sur l’extension de l’avortement, et non pas sur l’acte en soi : dès que l’on questionne la valeur de cet acte, des hordes d’ayatollahs pour qui la liberté d’expression n’est plus qu’un vain mot s’attaquent violemment à celui qui a osé émettre une interrogation.

Au-delà de la question centrale du respect de la vie depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle, l’avortement est un sujet de société qui a des conséquences importantes sur la vie du pays. Ainsi en France l’indice de fécondité est passé en-dessous du seuil de remplacement depuis 1975. Il y a eu en 2020 un avortement pour un peu plus de trois naissances. Cette faible natalité complique la question déjà assez complexe du financement des retraites, à laquelle aucun des gouvernements qui se sont succédés n’a trouvé de solution. La démographie est aussi un élément incontournable pour avoir un poids international et garder notre rang de puissance économique.

Certains, pour qui la seule fin de la société est la prospérité économique, voient dans l’immigration de masse la solution à cette faible natalité. Mais en plus de traiter l’être humain comme une simple variable, l’immigration de masse est destructrice pour les pays d’accueil comme pour les pays d’origine. Devant l’échec de l’intégration et de l’assimilation, cette « solution » ne peut plus être sérieusement considérée : être Français ne consiste pas à payer ses impôts, c’est avant tout être légataire d’un héritage qui s’impose à nous et que nous nous devons de respecter et transmettre. D’autant plus que l’immigration est utilisée par des ennemis de la France pour mener à bien la troisième vague d’expansion musulmane après celle des VIIe et VIIIe siècles et celle de l’Empire ottoman. Si la déclaration de Boumediene « le ventre de nos femmes nous donnera la victoire » n’est pas attestée, elle résume bien celle d’Erdogan à la diaspora turque le 17 mars 2017 : « J’en appelle à mes frères et sœurs en Europe. Ne faites pas trois, mais cinq enfants, car vous êtes l’avenir de l’Europe » [2].

Favoriser la natalité des Français est donc vital. Cela passe bien sûr par des avantages financiers importants pour les familles et liés au nombre d’enfants, mais aussi par une revalorisation du mariage, fondement de la famille. De plus, il faut faire de la baisse des plus de 200 000 avortements annuels un objectif de santé publique. L’avis des Français sur cette question semble assez tranché. Selon un sondage Ifop de 2020 [3], 73% pensent que « la société devrait davantage aider les femmes à éviter le recours à l’Interruption Volontaire de Grossesse », et 84% sont favorables à « réintroduire dans le livret officiel d’informations remis aux femmes enceintes qui consultent en vue d’une IVG le détail des aides aux femmes enceintes et aux jeunes mères », comme cela était fait jusqu’en 2001.

Mais ces mesures de support à la natalité, si elles sont nécessaires, ne seront pas suffisantes. Le modèle capitaliste, consumériste et individualiste qui règne aujourd’hui, conduit à voir l’enfant comme un objet de désir d’abord vu sous un angle budgétaire : simple produit parmi d’autres, au coût relativement élevé. Il faut absolument reconsidérer l’enfant comme le fruit naturel de l’amour humain et comme un acteur indispensable de la chaîne de transmission entre les générations passées et les générations futures.

La réduction du nombre d’avortements comporte ainsi un double enjeu : enjeu démographique  pour pouvoir continuer à exister, mais aussi enjeu de civilisation, car c’est à la façon dont les plus faibles et les plus fragiles sont traités qu’on reconnaît le degré d’humanité d’un peuple. Même les révolutionnaires sanguinaires de la Terreur qui guillotinaient à tout va, lorsqu’ils avaient un doute sur une possible grossesse, annulaient la condamnation de la mère pour ne pas tuer la vie naissante. 

C’est dire à quel point nous sommes tombés.

[1] « Supreme Court has voted to overturn abortion rights, draft opinion shows», Politico, le 05/08/2022

[2] «Three children not enough, have five: Erdoğan to Turks in EU», Hürriyet, le 17/03/2017

[3] « Les Français et l’IVG », sondage Ifop du 07/10/2020

Par Jean-Frédéric Poisson, Président de Via le 19 mai 2022

vendredi 13 mai 2022

Souveraineté, identité ou de la poule et de l’œuf

 

Identité ou Souveraineté, de ces deux paradigmes majeurs, et profondément liés l’un à l’autre, lequel doit-il primer ? Telle est la question que se pose Patrick Mignon se livre ici à une recherche théorique sur un sujet qui vient tôt ou tard à l’esprit de tous les souverainistes. Bien des exemples l’illustrent ; la Pologne : privée de toute souveraineté pendant les longues décennies du Pacte de Varsovie, la Pologne n’en a pas moins su protéger son identité nationale la plus ancrée ; à l’inverse, que vaudrait la souveraineté d’une Nation qui aurait perdu l’essentiel de son identité propre ? Question ancienne, vaste et fort complexe, à laquelle Patrick Mignon, officier de réserve, ancien commandant de bord chez Air France, vice-président de Debout la France (DLF) de 2014 à septembre 2019, et désormais porte-parole de Via, s’attelle ici avec beaucoup de courage… et de brio.

Identité et Souveraineté, quel est le paradigme premier ? Lequel commande l’autre ? En faveur de l’identité s’inscrit celui qui considère qu’un monde multiculturel est nécessairement multi-conflictuel ; et qu’une immigration hors de contrôle comme celle que subit la France, important toutes les cultures d’origine des immigrants, ne peut que conduire à un formidable accroissement des conflits, donc de l’insécurité. Le lecteur attentif notera que nous ne parlons pas ici du sentiment cher à l’actuel Garde des Sceaux mais bien de l’insécurité culturelle : celle de l’identité.

Mais, lui répondent les tenants de la souveraineté, si la France n’a pas la capacité d’exercer sa souveraineté, elle n’est plus capable de prendre des dispositions juridiques qui lui permettraient d’agir sur l’immigration, donc l’identité. Les structures supranationales – CJCE, Cour de Justice des Communauté européennes, et CEDH, Cour européenne des Droits de l’Homme – lui opposant des règles intransgressibles. Il faut donc, selon les souverainistes « purs et durs », restaurer d’abord la souveraineté. Pour ceux qui privilégient l’identité, cependant, il faut d’abord, ne serait[1]ce que pour pouvoir rétablir la souveraineté, restaurer l’identité, et donc insister sur l’impératif, ou le préalable, de l’assimilation. Rude tâche ! Malika Sorel, a souvent décrit les renoncements successifs des politiques : passant de l’assimilation à l’intégration, puis de l’intégration à « l’insertion ». Ajoutons que, aujourd’hui, on n’est même plus dans l’insertion mais dans l’adaptation ; et ceux qui doivent s’adapter ne sont pas ceux que l’on croit. La non-assimilation et la désintégration sont à la fois les causes et les marqueurs de la perte d’identité. 

Pour Pierre-André Taguieff (voir Le dictionnaire du conservatisme, éd. du Cerf), il n’y a pas seulement crise des identités mais « crise de l’identité », c’est-à[1]dire de l’idée même d’identité. Seules les notions d’insertion et d’adaptation sous-tendent le monde des progressistes, survalorisant l’individu hédoniste, narcissique mais « connecté ». Étant de « nulle part », on ne leur demande que de « s’adapter » pour « s’insérer ». Pour ces nomades, l’identité n’est plus qu’individuelle, en somme un “profil”. On comprend bien que la notion unitaire d’identité nationale soit insupportable aux progressistes pour lesquels, comme l’écrit aussi Taguieff, « plus l’identité personnelle est valorisée, plus les identités collectives sont suspectées, voire stigmatisées » (Taguieff, op. cit.)

Déconstruire l’un et déconstruire l’autre

Ainsi l’impérieuse nécessité de la déconstruction chère à Bourdieu se comprend-elle aisément. Celle-ci serait même sans risques ; Alexis de Tocqueville affirmait, dans L’Ancien Régime et la Révolution, que le peuple français est « tellement mobile […] qu’il finit par devenir un spectacle inattendu à lui-même et demeure aussi surpris que les étrangers à la vue de ce qu’il vient de faire ». Mais le monde d’aujourd’hui n’est plus celui de Tocqueville, la puissance française n’est plus en compétition pour la première place. Sa démographie s’est écroulée. La remise en cause du roman national, de l’histoire millénaire de la France, veut faire sortir la France contemporaine de l’Histoire en faisant de nous, peuple français, un « Peuple sans histoire » (Taguieff). N’oublions pas l’avertissement d’Aldous Huxley : « qui contrôle le passé contrôle l’avenir, qui contrôle le présent contrôle le passé ». L’identité nationale française est une identité construite, forgée par deux mille ans d’histoire, transmise de génération en génération.

Que voyons-nous du côté des tenants de la souveraineté en premier ? Eric Anceau rappelle que « le discours prononcé par Philippe Séguin le 5 mai 1992 à l’Assemblée Nationale peut être vu comme l’acte fondateur du souverainisme français ». La date de naissance du concept de souverainisme serait donc bien moins ancienne que celle de l’identité. Mais est-ce bien certain ? Certes, formellement, le mot est récent, ayant été à notre connaissance utilisé lors du référendum sur l’indépendance du Québec en 1980 et en France par Paul-Marie Coûteaux lors de la campagne référendaire sur le traité de Maastricht en septembre 1992. Mais ce que le souverainisme sous-tend est le principe de Souveraineté et il n’est pas contestable que celle-ci fut une quête permanente tout au long de notre plus lointaine histoire.

Il ne saurait y avoir de souverainisme sans souveraineté, ni de souveraineté sans souverain. Aujourd’hui dans la forme républicaine de la Nation, le seul souverain est le peuple. De l’identité ou de la souveraineté, quel serait donc le concept primordial ? Nous n’avons pas la prétention de trancher ici ce débat entre des intellectuels de renom et des dirigeants politiques de premier plan. Mais peut-être pourrions-nous proposer une troisième voie qui rassemblerait les deux premières ? Le conservatisme de tradition ne pourrait-il mettre d’accord les différentes options et éviter de diviser encore et toujours un camp qui d’évidence est majoritaire mais que la dispersion des voix fait et fera encore et toujours perdre ?

Et si la question revenait à celle de la Tradition ?

Après tout, l’identité aussi bien que la souveraineté se sont construites sur le temps long. Ce qui implique nécessairement pour l’une et l’autre une transmission de génération en génération. Tel est peut-être le fin mot de l’affaire, qui suppose un troisième terme, la Tradition, dont Gustav Malher écrivait joliment qu’elle « n’est pas le culte des cendres, mais la transmission du feu. » Le feu tel que le conservateur se donne pour mission de le transmettre, si possible de plus en plus vif au fil du temps. Contrairement aux affirmations des progressistes en général et de la gauche révolutionnaire en particulier, le conservatisme n’est donc pas, par définition, « réactionnaire » ni « rétrograde ». Par sa passion de la transmission, le conservateur ne peut qu’aller de l’avant : nulle transmission n’est possible aux ancêtres…

Que leur projet pour la France soit d’abord axé sur l’identité ou sur la souveraineté, les conservateurs considèrent généralement que les trois cercles qui garantissent le développement harmonieux de l’Homme – c’est leur but – sont hérités du passé – et même du passé rayonnant dans le présent : la Famille, la Commune (groupement de familles dans un territoire commun à dimension humaine) et la Nation. Précisément les trois cercles que les progressistes veulent détruire pour n’avoir plus que des consommateurs digitalisés, habitants indifférenciés du “village-monde” : ventres, bras et cerveaux “à louer” – « anywhere », comme ils disent… Le conservatisme de tradition que nous voulons s’oppose à toute volonté de tabula rasa, qu’elle soit d’inspiration marxiste ou capitaliste. Nous n’oublions pas Simone Weil : « Le passé détruit ne revient jamais plus. La destruction du passé est le plus grand des crimes. ». 

Ainsi, pour mettre d’accord les tenants de la poule et ceux de l’œuf, soyons conservateurs !

Par Patrick Mignon, porte-parole de VIA – La Voie du Peuple, le 3 mai 2022

lundi 2 mai 2022

Le pouvoir absolu corrompt absolument



Chacun connaît la citation de Lord Acton : « Le pouvoir tend à corrompre, le pouvoir absolu corrompt absolument. » En France, la menace est actuelle et sérieuse. Nous connaissons la dérangeante personnalité du président de la République qui vient d’être réélu. Un homme qui parle de pouvoir « jupitérien », qui se veut « maître du temps et des horloges », a quelque chose d’inquiétant. D’autant plus lorsqu’il avoue avoir « appris à aimer les Français », ce qui suppose qu’il ne les aimait guère. Et l’on pourrait égrener ses citations qui l’attestent et manifestent une forme d’arrogance hautaine à l’égard des « humbles et des sans-grade ».

Le personnage aime à être dans la transgression sociétale, la brutalité verbale, l’attitude méprisante. C’est un destructeur froid, sans empathie. Durant cinq années, il s’est employé à déliter le lien social, à noyer les problèmes dans la phraséologie vaine du « en même temps », à obérer l’avenir des Français par un endettement colossal qui va bien au-delà des actions entreprises pour lutter contre les effets de la crise sanitaire, à accroître le centralisme jacobin dans un enivrement malsain d’emprise sur les gens.

Il est vital pour la France et les Français, pour leur liberté, d’éviter qu’Emmanuel Macron ne dispose de tous les pouvoirs. Pour les législatives, l’attitude des partis et formations de la droite enracinée sera déterminante. Partir en ordre dispersé, présenter des candidatures concurrentes est la plus sûre garantie de l’échec. Afin d’éviter que le Président ne se croie sans limites, il faut impérativement que la part encore gaullienne des Républicains, le Rassemblement national, Reconquête, Debout la France, le Centre national des indépendants et des paysans, VIA, le Parti conservateur et les Patriotes s’unissent afin de peser au sein de l’Assemblée nationale. Justement pour imposer des limites à celui qui se prend pour le roi de l’Olympe.

Il est impératif de priver Macron d’une majorité de « godillots » telle que dans la précédente législature. Nous n’avons que faire d’un « Parlement croupion » transformé en chambre d’enregistrement. La droite enracinée a une responsabilité historique. Va-t-elle rester prisonnière du piège tendu par Mitterrand il y a quarante ans ? Va-t-elle préférer les délices masochistes des querelles de boutique à l’exercice du pouvoir ?

Il faut des accords, des alliances partout où une circonscription est gagnable. La raison le commande comme le sentiment. La raison qui exige de tout faire afin de conserver le maximum de pouvoir et d’influence. Le sentiment d’amour de la patrie, de souci du bien commun des Français.

À l’heure où Mélenchon s’exerce au chant des sirènes pour séduire une gauche désemparée, est-il possible que la droite de réflexion et d’enracinement fasse preuve d’assez d’aveuglement pour laisser le champ libre à la « Macronie » idolâtre, à un parti républicain en état de mort cérébrale, à une gauche dépassée traversée de relents révolutionnaires ?

Les grandes figures de notre Histoire que le peuple français vénère instinctivement sont celles qui combattirent avec et pour l’honneur et ceux qui furent des artisans de réconciliation. Souvent les mêmes, au demeurant. Ainsi Louis XII, le « père du peuple », et Henri IV sont-ils inscrits dans notre mémoire collective et l’on se souvient des paroles du premier comme un exemple de sens du bien supérieur de l’État : « Le roi de France ne venge pas les querelles du duc d’Orléans. »

Les aléas des campagnes électorales conduisent à des excès verbaux, à des propos inutilement blessants, à des erreurs proches de la faute. L’homme  qui se hausse au niveau d’homme d’État sait jeter un voile sur les outrages passés pour bâtir un avenir partagé, envers et contre tout. Car, à la fin du jour, la seule querelle qui vaille est celle de la France.

Par Stéphane Buffetaut, vice-Président du CNIP le 2 mai 2022