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samedi 8 juin 2024

La Seine-Saint-Denis lance une campagne « Ici, on parle français et… »



Les Jeux olympiques de Paris 2024 arrivent à grands pas. L’événement devrait être l’occasion de faire rayonner la France et la culture française. Mais en Seine-Saint-Denis, il en sera autrement. Le Campus francophone et l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), bien aidés par le conseil départemental, ont décidé de profiter de la manifestation sportive pour mettre à l’honneur le... multiculturalisme.

Résultat : une campagne intitulée « Ici, on parle français et... », construite « sur un modèle simple d’étiquetage, à l’image des dispositifs déjà présents dans les commerces comme l’affichage pour le paiement par cartes bancaires ». Les « … » sont remplacés par les langues parlées dans les commerces. 

Selon le département, près de cent quatre-vingts langues seraient pratiquées sur son territoire. De quoi en perdre son latin. D’autant que, dans la multitude des idiomes utilisés, peu ont des racines latines. Pour beaucoup, ce sont des dialectes, des patois ou des langues régionales davantage que des langues nationales. Parmi les différents exemples donnés par les organisateurs de la campagne, le peul, langue d’Afrique de l’Ouest, le kabyle et le tamazight, le soninké, parlé principalement au Mali ou, plus classique, le créole…

Une promotion de l’immigration à peine dissimulée

L’objectif de cette démarche serait, entre autres, de permettre un meilleur accueil des touristes. C’est, en tout cas, la justification que lui ont trouvée les organisateurs. Dans les faits, il s’agit plutôt de faire la promotion de l’immigration à travers la linguistique. Ce qui prend tout son sens, en Seine-Saint-Denis, « un important bassin migratoire », comme l’explique à BV Marie Caroline Saglio, la directrice du diplôme universitaire « Hospitalité médiations migrations » à l'INALCO, à l’origine du projet.

Selon elle, « toutes les populations de migration sont des populations qui ont une richesse linguistique très importante, exceptionnelle et très peu connue ». Elle nous précise : « C’est un patrimoine exceptionnel. » Elle va même plus loin, en précisant que « la question de la transmission est essentielle ». Pas question d'assimilation.

Le Grand Remplacement linguistique ?

Pour l’universitaire, le patrimoine de la France, ce sont les langues étrangères. Pourtant, si l’on en croit le Larousse, le patrimoine est un « bien qu'on tient par héritage de ses ascendants ». Caroline Saglio explique, également, que si rien n’est fait pour représenter ces langues issues de communautés qui viennent parfois tout juste d’arriver, « il y a un patrimoine qui disparaît ». Ainsi, le patrimoine ne serait plus un héritage mais un conglomérat de cultures récentes, peu importe s'il dilue l’identité de la France et sa culture.

Si l’on suit cette logique, les langues françaises pourraient ne plus être le français et les langues régionales (le corse, l’occitan, le catalan, le breton et autres) seront, demain, considérées comme le wolof, une langue nigéro-congolaise, le lingala, venue du Congo, le bengali, parler du Bengale, ou le persan... Une menace pour les langues régionales dont l’emploi est de plus en plus rare et pour une langue nationale qui s'appauvrit. D’aucuns y verront la définition du Grand Remplacement linguistique.

Par Sarah-Louise Guille le 7 juin 2024

Boulevard Voltaire