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lundi 26 août 2024

Rentrée scolaire : l’enseignement, sans ministre ni cap, s’en va à la dérive



Rarement une rentrée scolaire aura été aussi incertaine. Aux contraintes habituelles auxquelles les chefs d'établissement sont confrontés (confection des services, emplois du temps, répartition des élèves, professeurs non encore nommés...), s'ajoutent, cette année, de nouvelles réformes, notamment au collège, et une singularité peu commune : la rentrée pourrait bien se dérouler sans ministre de l'Éducation nationale.

Sans doute Nicole Belloubet expédie-t-elle les « affaires courantes », elle va même tenir, le 27 août, à 10 heures, une conférence de presse de rentrée. Avec quelle légitimité, peut-on se demander, puisqu'elle fait partie d'un gouvernement démissionnaire et qu'elle fera ses valises dans quelques jours, quand Emmanuel Macron se sera enfin décidé à nommer un nouveau Premier ministre. Alors qu'ils ont été fortement désavoués aux élections législatives, Macron et sa clique continuent de jouer la comédie du pouvoir.

Selon Libération« à une semaine de la rentrée scolaire, les chefs d'établissement sont en souffrance ». Et ils ne sont pas les seuls ! Les professeurs, les parents, les élèves ne savent pas à quelle sauce ils seront mangés. Le fameux « choc des savoirs », décidé par Gabriel Attal, doit en principe s'appliquer, mais on ne sait exactement sous quelle forme. Les « groupes de besoins » au collège sont censés être mis en place, mais les moyens horaires n'ont pas suivi et les chefs d'établissement ont dû se débrouiller comme ils pouvaient, déshabillant Pierre pour habiller Paul, rognant sur les options et les langues anciennes. Sans compter le risque d'emplois du temps démentiels pour les élèves comme pour les professeurs.

La réforme de la formation initiale et du recrutement, elle, est restée en suspens. Figurez-vous que, pour rendre le métier plus attractif, Macron avait lancé l'idée géniale de recruter les professeurs des écoles, des collèges et des lycées en troisième année de licence. Cette réforme, Nicole Belloubet n'a pas osé la promulguer avant la démission du gouvernement. Ce serait la faute à Bruno Le Maire ! Le décret était tout prêt, mais le ministre de l’Économie aurait refusé de le signer, compte tenu du coût financier de son application. Le 17 juillet, sur RMC, le squatteur de la rue de Grenelle avait dit regretter que cette réforme n'ait pas pu « aller jusqu'à son terme ». Comme si on pouvait rehausser le niveau de l'enseignement en diminuant les exigences disciplinaires !

On ne se plaindra pas de cet ajournement, bien sûr, mais ces tergiversations provoquent des dommages collatéraux. Les nouveaux ministres chargés de l'Education et de l'enseignement supérieur seront-ils d'accord pour poursuivre une réforme quasi unanimement contestée ? S'inscriront-ils dans le courant antérieur ou choisiront-ils une autre voie ? En attendant, les universités, qui avaient dû modifier précipitamment leurs maquettes pour s'adapter aux nouvelles modalités de la formation, ne savent pas, à ce jour, ce qui les attend. Il faudra sans doute improviser. Les inscriptions aux concours de recrutement ont traditionnellement lieu en octobre : encore faudrait-il savoir quels seront ces concours et où ils se situeront dans le parcours des étudiants.

Bref, dans l'enseignement comme dans les autres domaines, on n'est pas sorti de l'auberge. Force est de constater que Macron, qui se présente comme le parti de l'ordre et de la raison, a semé une belle pagaille. On saura bientôt quelles leçons il a tirées des derniers scrutins électoraux, mais il est à parier qu'il n'en tirera aucune, tant il est imbu de lui-même et croit avoir raison contre tous. 

Le président de la République joue avec la démocratie comme avec un hochet, les Français trinquent.

Par Philippe Kerlouan le 26 août 2024

Boulevard Voltaire

lundi 16 octobre 2023

École : ce qui nous menace, ce n’est pas l’islamisme, c’est l’extrême droite !


Le jeudi 12 octobre, La Voix du Nord publie un article, sous le titre « Pour les profs, un manuel "d'autodéfense intellectuelle" contre l'extrême droite ». Le vendredi 13 octobre, un professeur d'Arras est sauvagement assassiné par un jeune Tchétchène fiché S pour islamisme radical. De quel côté vient le danger ? La réponse devrait être évidente pour tous. Ce n'est apparemment pas le cas.

Le collectif CAALAP (Coordination antifasciste pour l'affirmation des libertés académiques et pédagogiques), emmené notamment par Sophie Djigo, engagée dans le soutien aux migrants à Calais, s'inquiète de voir l'extrême droite « en train d'infiltrer les établissements scolaires via les élections [de parents d'élèves] organisées ces 13 et 14 octobre ». L'appel de ce collectif, qu'on peut lire sur Internet, est éloquent : « Dans un contexte général de montée en puissance de l’extrême droite en France, une offensive fasciste frappe actuellement violemment l’enseignement […]. Il nous semble crucial de faire front ensemble, à tous les niveaux de l’enseignement et de la recherche, tou.te.s visé.e.s de manière violente par le négationnisme d’extrême droite. »

La FSU-SNUipp, syndicat majorit gaucaire dans les écoles primaires, a, de son côté, dans un communiqué publié le 6 octobre, dénoncé l'« offensive de l’extrême droite sur l’école », visant notamment le réseau national des Parents vigilants, créé à l'initiative d'Éric Zemmour, accusé de « surveiller au plus près les projets pédagogiques ainsi que la mise en place des programmes d’éducation à la vie affective et sexuelle ». Cette offensive serait « à corréler directement à sa haine des luttes pour l’égalité des sexes ou contre les discriminations et toutes les formes de racisme ». Vous l'aurez compris, la menace pour nos écoles et pour la France, ce n'est pas l'islamisme, c'est, comme le dit Mathieu Bock-Côté sur CNews« l'extrême drouate » !

On trouve des journaux comme Libération pour abonder dans ce sens. Le 10 octobre, sous le titre « Les profs face à l’entrisme de l’extrême droite à l’école : il ne faut absolument pas céder », il dénonce « une pression couplée à une désinformation massive que les syndicats observent avec inquiétude ». Son analyse est la même que celle du collectif CAALAP, dont il fait la promotion, la même que celle de la FSU-SNUipp, qui veut faire croire aux professeurs des écoles et à l'opinion publique que l'extrême droite s'infiltre insidieusement dans les établissements scolaires.

Une même idéologie les anime, qu'on l'appelle « l'idéologie woke » ou « l'islamo-gauchisme ». Des militants aguerris, qui se font passer pour des lanceurs d'alerte, cherchent, en dignes héritiers de Big Brother, à subvertir les capacités de discernement et à imposer leurs normes. C'est ainsi qu'on peut lire, dans la profession de foi du CAALAP, qu'« enseigner la réalité des faits sur l’histoire coloniale, sur la Shoah, les questions migratoires ou encore la théorie du genre devient une prise de risques, et l’enseignement, un métier dangereux ». On croit rêver : ce n'est pas l'islamisme qui conteste ces enseignements, c'est l'extrême droite !

Force est de constater que ces militants déploient toute la panoplie des minorités révolutionnaires qui veulent imposer leur idéologie à la majorité et attribuent à leurs adversaires les méthodes totalitaires qu'ils emploient eux-mêmes. Ils prétendent « expliquer la différence entre savoirs et opinions » mais confondent leurs propres opinions avec la vérité. Ils dénoncent le réveil de « l'hydre fasciste » alors qu'ils sont eux-mêmes des collaborateurs objectifs de l'islamisme, qui est le fascisme d'aujourd'hui.

Par Philippe Kerlouan le 16 octobre 2023

Boulevard Voltaire


samedi 7 mai 2022

Le recteur de la Grande Mosquée de Paris prévient : il faudra compter avec le vote musulman !



À défaut de bien connaître les Français, Chems-eddine Hafiz, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, connaît bien la rhétorique que la France a héritée de la culture gréco-romaine. Il en a retenu, non pas cet art de bien parler qui, pesant le pour et le contre de façon impartiale, se met au service de la vérité, mais ses pires dérives dont abusaient les sophistes pour démontrer, avec autant de conviction, tout et son contraire. Dans une tribune publiée dans Le Monde du 7 mai, il s'en prend ainsi aux « véritables ennemis de la communauté nationale », qui ne se trouvent pas parmi « les millions de musulmans anonymes qui ne demandent qu'à vivre en paix », mais parmi ceux qui les stigmatisent.

Son propos eût été plus convaincant s'il avait cherché à montrer que la majorité des Français de confession musulmane cherchent à s'assimiler, pour vivre comme des citoyens français, et s'il avait condamné toutes les pratiques islamiques qui conduisent certains quartiers au séparatisme. Il aurait pu expliquer la différence entre l' et l'islamisme, appeler les autorités musulmanes à lever les ambiguïtés du Coran, à distinguer clairement le religieux du politique, à respecter le principe de laïcité, ce qui suppose que, dans la vie publique, on fasse preuve de discrétion sur sa foi.

Au lieu de cela, il condamne « les gesticulations et les braillements des troubadours politico-médiatiques », « les divagations de ces dangereux charlatans », qui régneraient dans les  et sur les réseaux sociaux, ces « marchands de peur » qui seraient « les véritables adeptes du grand remplacement » et viseraient à « remplacer un peuple fier et fort par des individus égoïstes et tourmentés, au sein d’une nation qu’ils veulent fragile et désorientée ». Vous l'aurez compris : les véritables ennemis de la France, ce sont les Zemmour, les Le Pen et tous les patriotes qui ont l'ambition de sauvegarder la culture et l' française.

Le recteur de la Grande Mosquée de Paris ne se contente pas de ce renversement dialectique, qui use de l'amalgame à rebours, comme savent si bien le faire l'extrême-gauche et, à sa manière, la Macronie, qui veut se refaire une virginité en prenant le nom de « Renaissance », comme s'il suffisait de changer de nom pour changer de nature. Il estime que ces « pervers de la République la déshonorent » et qu' « il est temps de les arrêter » en leur répondant « dans les urnes et dans les tribunaux ». Il en appelle à « la conscience française », aux intellectuels pour qu'ils dénoncent explicitement « les attaques contre l’ et les musulmans ».

Bien plus encore, considérant que le vote des musulmans à l'élection présidentielle « oblige en premier lieu le président de la République réélu », il exerce sur lui – et avec lui sur tous les Français – une sorte de chantage en laissant entendre qu'il faudra compter, dans l'avenir, avec le vote musulman. Rappelant une évidence, à savoir que « les musulmans vivent et vivront en France en citoyens égaux en droits et en devoirs », il les invite à affirmer leur  dans les urnes, ce qui est tout le contraire de l'égalité citoyenne et une façon  de justifier le vote communautaire. À bon entendeur, salut.

Par Philippe Kerlouan le 7 mai 2022