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lundi 4 décembre 2023

Attaque à Paris : «Cauchemar français»



La France, ce n’est pas un coupe-gorge », avait proclamé il y a quelques années Eric Dupond-Moretti. La France est un pays où l’on risque de mourir d’un coup de couteau à toute heure, à tout moment, en tout lieu. L’adolescent qui se rend à un bal de village y laissera sa vie, le touriste qui contemple la tour Eiffel sera poignardé devant son épouse, le professeur sur le chemin de l’école sera froidement assassiné. 

Ces crimes diffèrent dans leurs motivations mais tous ramènent au nœud de vipères où s’entremêlent le laxisme migratoire, la désintégration culturelle, la délinquance systémique, le djihadisme d’atmosphère, la faiblesse judiciaire.

Dans cette France-là, le bourreau pleurniche comme une victime et la victime, dégât collatéral du grand projet multiculturel, est très vite oubliée. Qui se souvient des jeunes filles égorgées il y a six ans gare Saint-Charles ? De cet homme assassiné par un réfugié soudanais en ouvrant sa fenêtre en plein confinement? C’était à Romans-sur-Isère... De Samuel Paty en Dominique Bernard, on pourrait malheureusement poursuivre indéfiniment cette liste longue et tragique. Depuis 2012, le terrorisme islamiste a fait près de trois cents morts en France. Il faudrait faire aussi le décompte précis des attaques au couteau, qui sont quotidiennes. 

Que signifient ces agressions gratuites où le délinquant frappe pour tuer ?

Le parti du déni, celui qui se réfugie dans les méandres des troubles psychiatriques, celui qui s’accroche, de façon outrancière et, disons-le, pathétique, aux confettis de l’« ultradroite » comme à une bouée de sauvetage, ce parti doit comprendre que ses tentatives de falsification sont inutiles et plus encore contre-productives. Les Français connaissent le cauchemar français, puisqu’ils le vivent. Ils savent aussi que ceux qui savent s’acharnent à relativiser, à faire diversion. 

Ce déni d’État ajoute à l’insécurité physique et culturelle, une insécurité politique qui n’est pas moins alarmante.

Par Vincent Trémolet de Villers le 4 décembre 2023

Le Figaro


samedi 15 avril 2023

La victoire et le malaise



C’est une victoire politique indiscutable et pourtant elle a un goût amer. Peut-être parce que la sage décision du Conseil constitutionnel ne dissipera pas le malaise qui traverse le pays. Elle ne fera malheureusement pas disparaître les cortèges, les casseurs, les banderoles syndicales. La défiance est là et ne va pas s’évaporer par enchantement. Et puis quel gâchis collectif ! On est pris d’une sorte de vertige quand on mesure tout ce que ce psychodrame laisse derrière lui. La remise en cause de l’autorité légitime, d’abord. Le président largement élu conspué dans les manifestations, les ministres pris de nervosité, les députés sous la menace. Le Conseil constitutionnel protégé de murs antiémeutes, tristes signes d’une fébrilité d’État. Tout démocrate sincère devrait s’inquiéter de ce vacillement. Comment les opposants à Emmanuel Macron ne voient-ils pas qu’ils peuvent être, demain, pour d’autres ré- formes, d’autres lois, à leur tour pris en tenailles entre l’activisme de l’extrême gauche et une hostilité temporaire de l’opinion? Si la France est ingouvernable, tout le monde, et les Français d’abord, sera perdant.

A ce tourment en répond un autre en miroir : comment croire que la seule élection permet de gouverner durablement et sereinement contre deux tiers de la population ? On trouve dans une part de nos élites une suf- fisance qui, non contente de contraster avec l’état déplorable du pays, finira par décourager les plus fidèles soutiens. La morgue du sachant chargé de faire accepter à un peuple un peu « arriéré » des évolutions inéluctables hérisse désormais la plupart de nos concitoyens. Les Français voient bien que l’affaissement généralisé vient moins de leur réticence supposée à la « réforme » que d’une impuissance de plus en plus sidérante de la performance publique. École, santé, sécurité : impôts partout, service nulle part. La faille qui provoque toutes les secousses est là.

Après les retraites, pour apaiser les Français, il faudra leur donner beaucoup de preuves concrètes sur ces sujets majoritaires, sinon, Emmanuel Macron sera contraint, par les urnes, de leur rendre la parole. 

Par Vincent Trémolet de Villers le 15 avril 2023

Le Figaro

vendredi 18 novembre 2022

Fiasco migratoire


L’Ocean Viking est en train de devenir un symbole dévastateur. 

L’histoire de ce bateau et de ses 234 migrants est l’apologue de toutes les défaillances de notre politique migratoire. Une Europe incapable d’abord de tenir ses frontières, de s’attaquer aux passeurs, de coordonner les missions des pays qui la composent. Des ONG dont le souci humanitaire dissimule une volonté politique : accoster dans des ports européens plutôt que dans ceux du Maghreb. Un dévoiement des notions d’accueil et d’asile que l’on invoque pour habiller notre impuissance. Et puis, une fois que le bateau est à Toulon, la faiblesse d’État visible à l’œil nu quand quatre migrants profitent d’un vice de procédure pour quitter la zone d’attente, quand une vingtaine de mineurs venus d’Érythrée parviennent à quitter la structure qui les accueille et se volatilisent. 

On peut enfin s’interroger sur la reconduite effective de ceux qui seront déboutés du droit d’asile. Au regard du taux d’exécution des obligations de quitter le territoire français (OQTF), on peut penser que la très grande majorité d’entre eux sont encore chez nous pour longtemps. Pourtant, le ministre de l’Intérieur n’avait pas lésiné sur les démonstrations d’autorité : centre militaire, DGSE, Ofpra... Le bilan général de cette histoire ? L’étranger qui force la porte de l’Europe sait qu’il n’en repartira pas...

Dès lors, il devient absurde de parler de frontières ouvertes puisqu’elles sont incapables de se fermer, hypocrite d’évoquer une politique migratoire quand elle se disloque sous nos yeux. La cruelle vérité est que l’autorité de l’État est perpétuellement bafouée dans un de ses principes constitutifs : le pouvoir de décider qui entre ou sort du territoire. 

Les conséquences d’un tel affaiblissement sont vertigineuses : défiance des citoyens, réveil de sentiments xénophobes, recherche désordonnée d’actions radicales. En d’autres termes, effacement de la politique. Les solutions fermes et sereines pourtant existent. On les trouve non pas dans les autocraties mais chez les sociaux-démocrates danois, qui devraient être un exemple pour toute l’Europe.

Par Vincent Trémolet de Villers le 18 novembre 2022

Le Figaro

samedi 17 septembre 2022

L’immigration pour tous



Il faut surmonter le découragement lorsque l’on entend au sommet de l’État des considérations que la réalité contredit inlassablement depuis des années. Emmanuel Macron, devant les préfets, a défendu l’idée d’une meilleure répartition des étrangers, qui pourraient être accueillis dans les «espaces ruraux, qui, eux, sont en train de perdre de la population» et où «nous devrons fermer des classes, vraisemblablement des écoles et des collèges». En clair, l’immigration peut être la solution au déclin démographique de nos provinces. 

La Lozère, la Creuse, l’Ardèche ne perdent rien pour attendre: demain, c’est la Seine-Saint-Denis pour tous! 

Pourtant, cela fait vingt ans que, de livre en livre, Christophe Guilluy décrit l’exode des banlieusards qui s’installent dans la France des campagnes pour échapper aux effets de l’immigration incontrôlée. L’impératif multiculturel a provoqué une révolte démocratique en Suède, il ouvre une autoroute à Meloni en Italie dans dix jours, partout le «vivre ensemble» tourne vinaigre, et c’est ce moment que choisit le chef de l’État pour défendre une politique de repeuplement!

Cette sortie est d’autant plus malheureuse qu’elle vient contredire l’effort fait depuis plusieurs semaines par le ministre de l’Intérieur pour reconnaître les défaillances en chaîne face à la pression migratoire. En une formule - «une part importante de la délinquance vient des immigrés» -, Gérald Darmanin a mis fin à des années d’un déni d’État. En promettant de restaurer la «double peine», il a remis une goutte de bon sens dans l’océan d’absurdité de notre politique migratoire. En commençant à démêler l’écheveau administratif et judiciaire qui permet à un clandestin de s’installer tranquillement en France, il a fait naître le timide espoir d’une reprise en main des pouvoirs publics.

Les mots du chef de l’État jettent le soupçon sur toutes les bonnes intentions affichées par son ministre. Ce que veulent les Français, dans leur grande majorité, ce n’est pas une meilleure répartition des immigrés, mais une maîtrise de nos frontières. C’est un curieux «en même temps» que de s’alarmer de la montée de Marine Le Pen tout en créant les conditions de sa victoire.

Par Vincent Trémolet de Villers le 17 septembre 2022

Le Figaro


vendredi 26 août 2022

«Droite miniature»

Elle dominait le champ politique, elle essaye de survivre en se faufilant entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Pourtant, le réel, l’opinion, le nouveau Parlement lui ouvrent un espace bien plus large que les contours de LR. 

Rien n’y fait: plus la France se droitise, plus la droite rétrécit. Depuis dix ans, du second tour élevé de Nicolas Sarkozy en 2012 jusqu’au score miniature de Valérie Pécresse au mois d’avril dernier, les élections lui offrent une impressionnante collection de défaites gigognes. Trop petite aujourd’hui pour attraper, seule, le balancier de l’alternance, son premier devoir est de le reconnaître. Pourtant, dans cette famille politique, ils sont encore quelques insensés à croire qu’à la fin de la décennie Macron tout redeviendra comme avant, que le pouvoir leur tendra les bras. C’est oublier l’hégémonie du Rassemblement National, l’horizon présidentiel d’Édouard Philippe ou de Bruno Le Maire. C’est faire fi de ces ambitions conjuguées qui veulent transformer Les Républicains en une modeste force d’appoint.

Humilité d’abord, travail ensuite, courage enfin

Humilité d’abord, travail ensuite. Il ne suffira pas de recycler les campagnes précédentes, d’entonner les slogans sécuritaires et le refrain de la rigueur budgétaire, de dénoncer les faiblesses de ses rivaux pour convaincre un électorat qui connaît tous les tours. Fiscalité, immigration, écologie, école, démographie, culture, tradition, innovation… la droite doit non pas se doter d’un programme mais retrouver un imaginaire, projeter un dessein. 

Réflexion poussée sur les bouleversements contemporains, altitude intellectuelle, sans laquelle il n’y a pas de vision, observation aiguisée des politiques efficaces chez nos voisins doivent nourrir un corpus aujourd’hui squelettique.

À cette doctrine, enfin, elle est contrainte, plus que tout autre, de joindre la force de l’action. De petites lâchetés en grands renoncements, la droite est parvenue à se mettre méthodiquement à dos ses plus fidèles soutiens. C’est son plus grand défi: convaincre qu’elle aura demain le courage qui, hier, lui a si souvent manqué. Ces choses-là ne se proclament pas, elles s’incarnent. C’est même à cela que l’électeur orphelin reconnaîtra son chef.

Par Vincent Témolet de Villers le 25 août 2022

Le Figaro

samedi 16 juillet 2022

La méthode du discours



Est-ce son vol de la Patrouille de France ? Le président de la République après des semaines d’un silence qui devenait intenable, a décidé de survoler une heure durant les crises et les difficultés. Vu d’en haut, les proportions rétrécissent et le panorama retrouve son harmonie.

C’est ce regard optimiste (irénique ?) qu’Emmanuel Macron, répétant comme un mantra « on va y arriver », a posé sur la situation. À l’extérieur, des « conflictualités » (Ukraine, réchauffement climatique, inflation) qui menacent notre équilibre national; à l’intérieur, le mal français se réduit au chômage, au pouvoir d’achat, à l’âge de la retraite.

Dans cette réalité atrophiée, nul hôpital sans soignants, aucune école sans professeurs. C’est une France sans émeute au Stade de France, un pays sans crise migratoire, une nation sans menace islamiste, une société sans fractures géographique, économique, culturelle, un peuple sans lutte des âges. Ces impasses, que l’on aurait tort d’imputer aux seules intervieweuses (quand un politique veut dire quelque chose, il n’attend pas les questions), réduisent la portée d’un propos qui, en bien des aspects, s’adressait à la droite. 

Phrases heureuses sur le nucléaire, sur la pénurie de main-d’œuvre comme sur la polémique Uber, propos flous mais volontaires sur la retrait, souci affiché de l’équilibre des comptes «  Je leur dirai des mot bleus… » Nous avons même entendu un appel aux sénateurs, dont Gérad Larcher et Bruno Retailleau, en connaisseurs, ont certainement gouté toute la saveur.

Tout cela porté par un verbe vif, donne un exercice efficace mais immédiatement périssable. Dans le brouillard programmatique parlementaire qui nous bouche l’horizon, on attendait un discours de la méthode. Faute d’instruments - hors la hasardeuse dialectique « le compromis ou le re férendum» -, le chef de l’État a préféré la méthode du discours. La force du verbe pour compenser la faiblesse politique. 

Retour à la case Chirac

Par Vincent Trémolet de Villers le 15 juillet 2022

Le Figaro


vendredi 1 juillet 2022

Gauche radicale, droite honteuse



Bravo les artistes ! Chapeau les demi-habiles socialistes et écologistes soumis à Mélenchon, les apprentis sorciers de l’Elysée qui ont méthodiquement décimé les sociaux-démocrates et la droite de gouvernement avant de faire des risettes, de « planification écologique » en Pap Ndiaye, à la gauche extrême ! Félicitations les craintifs de LR, incapables de distinguer l’adversaire prioritaire entre un disciple d’Alain Krivine et l’ancien collaborateur de Nicolas Dupont-Aignan ! Applaudissement pour les démagogues du Rassemblement national qui à force de singer LFI ont repeint en bleu marine le rouge vif de la lutte des classes ! Mention spéciale enfin, pour la radio publique et la presse sentencieuse qui se pâment depuis deux mois devant le radicalisme chic du Bernie Sanders français...

Du chef de l’État qui procrastine, au débraillé des Insoumis à l’Assemblée, en passant par la prudence maladive de la droite qui préfère retirer sa candidature plutôt que gagner avec les voix du RN, le spectacle donné à l’opinion est celui d’un grand affaissement. Comme si la politique, prise d’une frénésie négative, avait décidé de s’autodétruire. La paix à payer de tant d’inconséquences et de lâchetés, c’est l’élection d’un militant révolutionnaire à la tête de la commission des finances. Que doit-on attendre d’un éternel agitateur qui s’enivre des paroles de son chef – « nous allons leur faire les poches » -, qui défile aux côtés du CCIF dans une trouble manifestation contre « l’islamophobie », qui assume de soutenir l’occupation de la basilique Saint-Denis par un collectif de sans-papiers ? IL est à craindre que l’idéologie le plus sommaire le guide dans chacun de ses actes.

À l’heure des conséquences, tous ceux qui ont participé à l’élévation d’Éric Coquerel à la tête d’une commission aussi décisive n’ont pas le droit de se plaindre. Ils ont permis, par un mélange de légèreté, de cynisme, d’antifascisme de circonstance, qu’un courant très marginal dans le pays accède à des fonctions centrales. La gauche radicale ne compte pas s’arrêter là. Si la droite honteuse continue de la sorte, son destin sera d’assister au duel entre Mélenchon et Le Pen.

Par Vincent Témolet de Villers le 1er juillet 2022

Le Figaro

lundi 20 juin 2022

Macron et la droite, la diagonale du flou



Le fluide de la victoire épousait jusqu’ici tous les contours du macronisme. Il s’est retiré et tout s’est éteint. Le président fraîchement réélu connaît le crépuscule de l’aube, l’hiver du pouvoir aux premiers jours d’été. La magie dissipée, subsiste la mécanique ingrate des combinaisons, la fébrilité des petits calculs: Jupiter condamné aux comptes d’apothicaires avec Thierry Solère. N’importe quel écolier, même privé de cours de mathématiques, aura compris qu’il faut additionner les voix de LR à celle d’Ensemble! pour obtenir une majorité absolue. L’arithmétique est enfantine, la politique, un peu moins.

Écartons pour commencer l’illusion de l’accord de coalition. Il aura pour seul effet de fracturer dans le même mouvement le groupe de députés de la majorité et celui des Républicains. Jeu à somme nulle.

Le débauchage individuel? C’est oublier que les députés qui ont échappé, par deux fois, à l’engloutissement macroniste sont particulièrement endurcis. Disons qu’ils sont plus désireux d’en découdre avec leurs adversaires que de les rejoindre.

Reste la règle du cas par cas. C’est celle-là même que les députés de droite, depuis 2017, ont pratiquée, des ordonnances travail à la loi sécurité globale . Cette stratégie n’est pas sans risque. Elle peut, à force de prudence et de pusillanimité, transformer un parti d’alternance en force d’appoint. D’autant que les textes présentés à l’Assemblée ne recouvrent pas tout. L’immigration, l’école, la sécurité ne dépendent pas que du Parlement. Avant même que se présente le premier projet de loi, la droite peut-elle soutenir un gouvernement qui a renoncé à réguler les flux migratoires, qui a menti sans scrupule après l’humiliant chaos du Stade de France et dont le ministre de l’Éducation nationale est un penseur décolonial? Cela fait cinq ans qu’au gré de ses intérêts électoraux l’Élysée promet de basculer «à droite». 

Aujourd’hui, Élisabeth Borne est à la tête d’un gouvernement à forte influence delano-hollandienne. Elle invoque le danger des «extrêmes» pour défendre le «dépassement» sans voir que cette confusion alimente ce qu’elle prétend combattre. 

Face à la diagonale du flou, la droite doit afficher trois exigences: la clarté, la clarté, la clarté.

Par Vincent Trémolet de Villers le 20 juin 2022

Le Figaro