vendredi 26 août 2022

«Droite miniature»

Elle dominait le champ politique, elle essaye de survivre en se faufilant entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Pourtant, le réel, l’opinion, le nouveau Parlement lui ouvrent un espace bien plus large que les contours de LR. 

Rien n’y fait: plus la France se droitise, plus la droite rétrécit. Depuis dix ans, du second tour élevé de Nicolas Sarkozy en 2012 jusqu’au score miniature de Valérie Pécresse au mois d’avril dernier, les élections lui offrent une impressionnante collection de défaites gigognes. Trop petite aujourd’hui pour attraper, seule, le balancier de l’alternance, son premier devoir est de le reconnaître. Pourtant, dans cette famille politique, ils sont encore quelques insensés à croire qu’à la fin de la décennie Macron tout redeviendra comme avant, que le pouvoir leur tendra les bras. C’est oublier l’hégémonie du Rassemblement National, l’horizon présidentiel d’Édouard Philippe ou de Bruno Le Maire. C’est faire fi de ces ambitions conjuguées qui veulent transformer Les Républicains en une modeste force d’appoint.

Humilité d’abord, travail ensuite, courage enfin

Humilité d’abord, travail ensuite. Il ne suffira pas de recycler les campagnes précédentes, d’entonner les slogans sécuritaires et le refrain de la rigueur budgétaire, de dénoncer les faiblesses de ses rivaux pour convaincre un électorat qui connaît tous les tours. Fiscalité, immigration, écologie, école, démographie, culture, tradition, innovation… la droite doit non pas se doter d’un programme mais retrouver un imaginaire, projeter un dessein. 

Réflexion poussée sur les bouleversements contemporains, altitude intellectuelle, sans laquelle il n’y a pas de vision, observation aiguisée des politiques efficaces chez nos voisins doivent nourrir un corpus aujourd’hui squelettique.

À cette doctrine, enfin, elle est contrainte, plus que tout autre, de joindre la force de l’action. De petites lâchetés en grands renoncements, la droite est parvenue à se mettre méthodiquement à dos ses plus fidèles soutiens. C’est son plus grand défi: convaincre qu’elle aura demain le courage qui, hier, lui a si souvent manqué. Ces choses-là ne se proclament pas, elles s’incarnent. C’est même à cela que l’électeur orphelin reconnaîtra son chef.

Par Vincent Témolet de Villers le 25 août 2022

Le Figaro

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