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mercredi 24 juillet 2024

Une belle mystification



Bon. On ne va pas s’appesantir ce matin. 

Les dernières législatives ont été marquées par un rejet viscéral du macronisme au premier tour 13% des voix et au second, en léger mieux grâce aux arrangements avec l’ennemi d’hier le NFP: 15%. Mais le sens de ces élections était clairement halte au mépris et l’arrogance qui entraînent le pays par le fond. 

Or, à l’issue des magouilles arrangements et compromission en tout genre, le macronisme garde la main et la présidente macroniste de l’AN est réélue au perchoir. Au fond, rien ne change. Le vote populaire est balayé d’un revers de main. Ils se foutent du vote populaire, une fois de plus comme pour le référendum de 2005. 

On fait soi-disant appel aux urnes pour trancher dans le vif mais quand les Français ont mal voté, on se tape de leur vote, on en balaye les conséquences dans un éclat de rire. Excusez moi, j’écris mal car j’écris vite, je suis pressé ce matin. Dans les médias à la botte, radio télé et une partie de la presse, presque tout le monde est content! 

Le macronisme, condamné par les Français pour son culte autocratique et vaniteux sur fond d’effondrement général du pays (financier, sécuritaire, économique et social, diplomatique) est rayonnant ce matin et jubile. Parler de démocratie dans ces conditions est une imbécilité. On se moque des Français, cette fois encore, de manière trop flagrante, sans complexe, comme une bonne blague. 

Mais bien sûr! appelez donc au vote des Français pour la frime et ensuite, s’il ne vous convient pas, envoyez les paître (je reste poli, vous voyez) avec un grand bras d’honneur. Le mépris et l’arrogance sont les deux mamelles de la France politique comme dirait l’autre… 

Et vous ne voyez pas, vous ne sentez pas qu’un jour tout cela va se payer?

Par Maxime Tandonnet le 19 juillet 2024

Le blog de Maxime Tandonnet

Le NFP veut imposer Lucie Castets à Matignon, mais rien n’oblige E. Macron


Un « non » qui ne passe pas. 

Ce 23 juillet, peu après 20 heures, Emmanuel Macron semble avoir fermé la porte à la nomination d’un Premier ministre issu des rangs du Nouveau Front populaire. « Il serait faux de dire que le NFP a un majorité quelle qu’elle soit » a ainsi rappelé le chef de l’Etat. Avant d’ajouter : « Le sujet n’est pas un nom donné par une formation politique. La question, c’est quelle majorité peut se dégager à l’Assemblée pour qu’un gouvernement de la France puisse passer des réformes et un budget ». Tollé à gauche alors que les membres du Nouveau Front populaire venaient enfin de se mettre d’accord, au terme de quinze jours de négociations, sur un nom - celui de Lucie Castets, une haut-fonctionnaire inconnue du grand public à la tête des finances et des achats de la ville de Paris - pour Matignon. 

« Que d’efforts d’Emmanuel Macron pour nier que le NFP est le bloc arrivé premier ! […] Cette négation du suffrage universel l’amènera dans l’impasse » s’est ainsi agacé Eric Coquerel, député LFI réélu à la tête de la Commission des finances. Un sentiment partagé par Jean-Luc Mélenchon qui dénonce un « Président qui refuse le résultat de l’élection ». 

Chez les Verts, Marine Tondelier appelle « Emmanuel Macron [à] sortir du déni ». « Nous avons gagné, nous avons un programme, nous avons une Première ministre » clame-t-elle sur ses réseaux sociaux

Et Fabien Roussel, pour qui ce refus de nommer Lucie Castets au poste de Premier ministre représente une « violence extrême pour notre démocratie ».

Seul le Président décide

Mais n’en déplaise à Jean-Luc Mélenchon et ses alliés du NFP qui, depuis le soir du second tour des élections législatives anticipées revendiquent la victoire et réclament la nomination d’un Premier ministre de gauche, rien n’oblige constitutionnellement le Président de la République à choisir un Premier ministre issu ou proche du NFP. L’article 8 de la Constitution est clair à ce sujet. « Le Président de la République (et lui seul, NDLR) nomme le Premier ministre. » Aucun délai n’est par ailleurs imposé. Autrement dit, le choix du locataire de Matignon est uniquement entre les mains d’Emmanuel Macron. Ce n’est pas parce que François Mitterrand et Jacques Chirac, lors des précédentes périodes de cohabitation, avaient choisi un Premier ministre issu des rangs du parti arrivé premier au soir des élections législatives que cette pratique prévaut sur le droit.

D’autant plus que si le RPR en 1986 et 1993 et le Parti socialiste en 1997 avaient, en leur temps, obtenu une majorité absolue à l’Assemblée nationale qui pouvait justifier la nomination d’un Premier ministre issu de leurs rangs, aujourd’hui, il n’en est rien. Alors que le NFP tente de faire croire qu’il a gagné les élections législatives et que lui seul peut prétendre à Matignon, la réalité arithmétique du Palais Bourbon rappelle qu’aucun parti, ni aucune coalition n’est majoritaire. Le NFP est certes arrivé en tête en nombre de sièges (182 sièges) mais reste loin - très loin - de la majorité absolue (289 sièges) nécessaire pour gouverner et appliquer son programme.

Un Premier ministre gestionnaire ?

Ainsi, si rien n’oblige, d’un point de vue strictement juridique et constitutionnel, le Président à nommer Lucie Castets à Matignon, la réalité politique de l’Assemblée nationale le contraint tout de même. Comme Emmanuel Macron l’a lui-même souligné lors de son intervention télévisée ce 23 juillet, il doit nommer un Premier ministre capable de faire adopter « des réformes et un budget ». Le Premier ministre doit donc pouvoir rassembler autour de sa personne une coalition assez large pour obtenir la confiance du Parlement - procédure non obligatoire - mais surtout pour éviter d’être renversé par la première motion de censure. Le Premier ministre, quel que soit son parti d'origine s'exposerait ainsi à une motion de censure, un texte déposé par au moins un dixième des députés qui doit être adopté à la majorité absolue. Si adopté, ce texte entraine d'une part la démission du gouvernement en place et le rejet du texte sur lequel cette motion a été engagée. Il y a fort à parier, faute de majorité relative ou absolue que les oppositions se coaliserait pour renverser n'importe quel gouvernement en place, notamment si celui-ci est dirigé par la France Insoumise, parti qui cristallise les critiques.

En son temps, le général de Gaulle préconisait donc en cas de fragmentation de l’Assemblée nationale, de nommer un « Premier ministre gestionnaire » et un gouvernement de « techniciens ». « Cette Constitution a été faite pour gouverner sans majorité. Je ferais appel, comme en 1958, à des hommes nouveaux, des techniciens, des spécialistes qui ne se soient pas compromis dans les luttes politiques, mais qui soient respectés pour leur compétence. Des commis de l'Etat. Des gestionnaires » confiait-il à Alain Peyrefitte. De Gaulle ajoutait tout de même : « Un raz de marée de l'opposition apparaîtrait fatalement comme un désaveu à mon égard. J'en tirerais aussitôt les conséquences. » 

Une dernière option qu’Emmanuel Macron semble avoir d'ores et déjà écartée…

Par Clémence de Longraye le 24 juillet 2024

Boulevard Voltaire


vendredi 12 juillet 2024

Les héritiers des Lumières volent bas et pensent creux



La « clarification » obscure, cette coquecigrue produite par Emmanuel Macron en dissolvant l’Assemblée nationale, reflète la confusion intellectuelle qui s’est installée au cœur du Système qui s’effondre. 

Le pouvoir se comporte comme un canard sans tête. Une bêtise collective s’est emparée des élites en chaises longues. Celles-ci ont unanimement réduit le débat politique à des postures irréfléchies contre le RN, rendant infertile le champ des idées. Rien ne pousse sous les tas de pierres lancées depuis des lustres par des Jean Moulin d’opérette contre le fascisme que représenterait Marine Le Pen. Mais si Le Pen est le fascisme, le fascisme n’était-t-il donc que cela ?  Les résistants du nouveau « No pasaran ! » se flattent, derrière le chef de l’Etat, d’avoir écarté « l’extrême droite » de Matignon en la personne de Jordan Bardella

Ce faisant, ces promoteurs moutonniers du front républicain découvrent aujourd’hui, avec une extrême gauche revivifiée, le monstre « humaniste » qu’ils ont sottement couvé dans un combat commun contre la « lèpre ». Les macronistes feignent de s’étonner du vrai visage de ce partenaire sectaire et violent, qui a rendu l’antisémitisme tolérable aux yeux de la gauche « antiraciste ». Hier, Adrien Quatennens (LFI) a même appelé à « une grande marche populaire » sur Matignon afin de faire « céder » le président dans son choix d’un insoumis comme premier ministre. L’abêtissement a réduit le théâtre politique à des affrontements puérils, avec vociférations et mises à l’index. Le

Les héritiers de la France des Lumières, gagnés par la rhinocérite, volent bas et pensent creux.Il est vain d’appeler à une « coalition d’idées », comme l’a fait ce mercredi Gérald Darmanin sur Europe 1, sans jeter préalablement les œillères du prêt-à-penser qui forcent au pilotage automatique. Le ministre de l’Intérieur a beau reconnaître que son camp a « perdu les élections », il persiste à raisonner en vase clos quand, par exemple, il déclare, après la révélation d’un dîner entre Edouard Philippe et Marine Le Pen : « Moi je n’aurais pas dîné avec Marine Le Pen ». 

Or, comme le rappelle Dominique Reynié dans Le Figaro de ce jour, « le RN, c’est la droite », puisqu’il en représente 80 % de ses votes. Refuser de rencontre Le Pen, c’est refuser la démocratie. La macronie reste incapable de se défaire de son grotesque sentiment de supériorité, qui lui fait rejeter, avec le RN, un parti qui s’efforce d’être au plus près d’une société oubliée qui n’en peut plus d’être méprisée pour son enracinement et son sentiment de dépossession.

Alors qu’à droite une jeune génération d’intellectuels et de journalistes bouillonne d’idées neuves (Causeur leur rend hommage dans son dernier numéro), le conformisme reste la pesanteur du vieux monde politico-médiatique dont la grille de lecture manichéenne (les gentils, les méchants) l’éloigne de la vie des gens ordinaires. Rien n’est plus urgent pour les « élites » à la ramasse que d’oser réfléchir enfin, au-delà des anathèmes, aux questions liées à l’immigration, à la nation, à la cohésion nationale, etc. Le RN et les LR doivent eux-mêmes consolider leurs doctrines en s’ouvrant aux confrontations intelligentes. Ils s’apercevraient alors qu’ils pensent, en fait, la même chose sur presque tout.

Par Ivan Rioufol le 10 juillet 2024

Le Blog d'Ivan Rioufol

lundi 8 juillet 2024

Allocution de Jordan Bardella le 7 juillet 2024

Une victoire indécente et en trompe-l’œil



Halte au sketch, aux congratulations, à la gloriole bruyante. Car ce tapage triomphant n’est qu’un grossier trompe-l’œil. Tout est affaire de récit. Jean-Luc Mélenchon, peu après 20 heures et la publication des résultats signant l’arrivée en tête du Nouveau Front populaire, prend la parole. Il se réjouit bruyamment de la défaite du Rassemblement national qui, à l’écouter, aurait été balayé. Mais la réalité est tout autre : si l’on en croit les estimations à l’heure où j’écris ces lignes, son parti La France insoumise stagne, tandis que le Rassemblement national voit son nombre de députés presque multiplié par deux. 

En nombre absolu, le Rassemblement National a rassemblé près de neuf millions de voix, contre 7 millions pour le NFP et un peu plus de 6 millions pour Ensemble. L’apparent succès du Nouveau Front populaire n’est lié qu’à une entourloupe arithmétique, comme un bilan d’entreprise au bord de la faillite qui maquille son bilan en additionnant adroitement des lignes comptables. Et cette entourloupe va permettre à la gauche de diriger un pays ayant voté à droite.

Évidemment, le résultat du RN n’est pas celui annoncé, loin s’en faut. Bien sûr, le barrage, même usé et essoufflé, a une fois de plus fonctionné. Naturellement, le gouvernement de coalition qui s’annonce à de quoi inquiéter, sur tous les plans : celui de l’immigration, de la sécurité, de la justice, de l’économie, du sociétal… Sans parler des élus plus que douteux : un fiché S - en la personne de Raphaël Arnault, député à Avignon, la ville où a été tué le policier Éric Masson, quel symbole ! - fait son entrée à l’Assemblée nationale. Mais ouf ! grâce au front républicain, le danger RN est écarté. Quel soulagement, la France peut dormir tranquille, n’est-ce pas ?

Sauf que s’il y a une dynamique, elle est du côté du RN. Et ces désistements bricolés ne peuvent effacer le motif même de ces élections législatives : le résultat des européennes.

Parmi tous les commentaires entendus sur les plateaux de télévision, ce dimanche soir, ceux de l’ancien ministre de la Défense et centriste Hervé Morin sont sans doute les plus sages, car les plus humbles et les plus inquiets : que l’on puisse refermer tranquillement le couvercle sur la Cocotte-minute™ des européennes et du premier tour des législatives, bien ligotée avec la vieille grosse ficelle du cordon sanitaire, en s’imaginant que le contenu va se volatiliser est une folie. Il va, au contraire, macérer, montrer en pression. Jusqu’aux prochaines élections. Les présidentielles.

En attendant, place de la République, les émeutes ont commencé. Quand l'extrême gauche perd, elle casse tout. Quand elle gagne, elle casse tout aussi.

Par Gabrielle Cluzel le 8 juillet 2024

Boulevard Voltaire

jeudi 4 juillet 2024

Marine Le Pen sur BFM-TV le 4 juillet 2024

 

Le RN minoritaire ? Le prix du coup de force Mélenchon-Macron



Deux sondages coup sur coup risquent de doucher les espoirs des électeurs RN-LR. Ils provoqueront, bien sûr, les applaudissements frénétiques de la gauche embarquée dans l'aventure du NFP. 

Ce jeudi soir, un sondage Harris Interactive pour BFM TV annonce que l’alliance entre Macron et Mélenchon pourrait faire descendre le RN de 250-290 sièges envisagés à… 190 sièges à l’Assemblée nationale. En face, le NFP obtiendrait quelque 195 sièges, soit une majorité relative qui lui permettrait de désigner le Premier ministre.

Un autre sondage, réalisé par Harris Interactive et publié ce 3 juillet au soir par le site du magazine Challenges donne des résultats similaires en nombre de sièges. « Le RN et ses alliés ne sont plus crédités que de 190 à 220 sièges à l’issue du second tour des législatives, loin du seuil majoritaire de 289 députés qui aurait permis à Jordan Bardella d’entrer à Matignon », écrit le journal économique.

Ces sondages sont les premiers à prendre en compte la vague de retraits des candidatures close mardi soir à 18 heures. S’ils se vérifient dans les urnes dimanche soir, les patriotes français qui nourrissaient l’espoir d’une grande bascule seront évidemment déçus.

La « grande armée de gauche », montée de bric et de broc, intégrant Rima Hassan, Raphaël Arnault, Philippe Poutou, le PCF ou les Verts qui ont sur la conscience le désespoir des paysans, aura réussi à déposséder le RN d’une victoire quasi acquise à la loyale : il est arrivé, au soir du 30 juin, devant la coalition NFP et le parti au pouvoir. Il était arrivé lors des Européennes le 9 juin très loin devant tous les partis du spectre politique.

Macron nommera peut-être à nouveau Gabriel Attal à Matignon et continuera comme avant, au prix d’un virage à gauche, de quelques reniements et abandons et d’une paralysie partielle. Il gardera l’essentiel à ses yeux : le pouvoir. Sur le papier, cette stratégie est parfaitement légale. Légales les alliances, légaux les retraits, légales les menaces verbales.

Mais « bien mal acquis ne profite jamais », dit le proverbe. En réalité, le camp macroniste, qui tire les ficelles de cette basse manœuvre d’appareils, emportera une vraie-fausse victoire à la Pyrrhus, une victoire technique. Sur le fond, l’esprit de la démocratie, l’esprit des institutions, l’honnêteté des urnes et du fonctionnement de la Ve République sortiront, une fois de plus, salement cabossés de cet épisode. Car on n’enlèvera pas de la tête d’un Français sur trois qui a voté aux européennes, puis aux législatives en faveur du RN, qu’il est victime d’une manipulation honteuse, façon hold-up de nuit. 

Il aura fallu dresser contre le RN et les LR de Ciotti une armée impériale recrutée dans les pires bas-fonds de la gauche violente en fermant les yeux sur les profils et les idées, avec une seule promesse sans programme : battre le RN. Pour faire marcher les soldats de cet empire délétère, mû par l’intérêt financier et la soif du pouvoir, il faut agiter de grandes idées. Alors, Attal lance, ce 3 juillet au soir : « L’enjeu du second tour est d’éviter une majorité absolue dirigée par le RN qui a un projet aux antipodes des valeurs de la République. » Valeurs de la République, que de crimes on aura commis en votre nom !

Les crimes sont toujours punis. Cette victoire tactique a un prix. La Macronie a montré qu’elle était prête à tout pour conserver le pouvoir, même si elle finasse aujourd’hui (dans des termes si confus que personne n’en comprend le sens) sur la teneur de ses alliances avec LFI. Que la gauche, l’extrême gauche et le centre macroniste n’étaient que les différents doigts de la même main, tous unis et prêts à tout face au peuple des campagnes, des petites villes, face aux ouvriers et aux actifs qui votent massivement à droite.

Demain, le défi sera finalement bien plus grand pour la Macronie et l’extrême gauche si elles entreprennent de gouverner trois ans de plus sans majorité absolue, parmi les tensions, les factions et les divagations des mélenchonistes, que pour le RN et ses alliés. 

Confortablement installés dans l’opposition, Bardella et ses troupes attendraient sagement de cueillir le fruit mûr en 2027. La France, elle, s’abîmerait davantage, trois ans durant. A ce jour, rien n'est joué et les calculs cyniques de la classe politique qui a tant saccagé la France ne sont pas à l'abri d'un sursaut d'orgueil des électeurs de gauche dégoûtés par la combinazione, comme d'un autre sursaut d'orgueil, venu des électeurs de droite. 

Les Français ont montré qu'ils savaient parfois dire non.

Par Marc Baudriller le 3 juillet 2024

Boulevard Voltaire

lundi 1 juillet 2024

Désistements mutuels chez Ensemble et NFP : le macrenchonisme est né !



La journée politique de ce lundi, à gauche, ressemble à une phrase du Journal de Jules Renard : « Ensuite, ils mangèrent un plat de gravier où il y avait quelques lentilles. » Pour les électeurs, la stratégie du plat de lentilles risque d’être dure à avaler. 

La simplicité de la petite combine est biblique, comme l’histoire de Jacob et Ésaü. Et, aussi, parfaitement cynique. Le macronisme et le mélenchonisme jouent la carte du désistement mutuel pour faire « barrage au RN ». C'est le Nouveau Nouveau Front populaire : le macrenchonisme.

Emmanuel Macron l’a annoncé moins de dix minutes après les résultats, appelant à un « large rassemblement démocrate et républicain contre le RN ». Le ni-ni a été pulvérisé, preuve qu’il n’était que pure façade en carton. L'eurodéputé Pascal Canfin s'est lancé aussitôt, sur X, dans un petit calcul arithmétique : « Voilà ce que le désistement veut dire, concrètement : grâce au retrait du candidat LFI arrivé troisième, Élisabeth Borne peut battre le candidat RN. Grâce au retrait du candidat Ensemble arrivé troisième, François Ruffin peut battre le candidat RN. » Elle n’est pas belle, la vie ?

Les électeurs de LFI sont priés de porter fissa leurs suffrages sur l’orfèvre de la réforme des retraites - Olivier Faure « assume » un désistement de la gauche dans le Calvados pour « sauver » Élisabeth Borne face au RN - et les électeurs d'Ensemble sur François Ruffin qui a traité, il y a trois semaines, Emmanuel Macron de « taré ». Tout est normal. Gabriel Attal a solennellement appelé à faire élire 60 députés - il a lui-même donné le chiffre - du NFP, enjoignant ses propres candidats en troisième position à se désister partout où le RN serait en position de gagner.

Même David Guiraud 

Yaël Braun-Pivet, qui avait accusé Mélenchon, en octobre dernier, de lui avoir mis « une cible » dans le dos - il disait qu'elle « campait à Tel Aviv » -, considère aujourd’hui que « pas une voix ne doit aller au RN » et que « l'immense majorité du bloc de gauche est républicain » : « On peut donc sans aucune difficulté appeler à voter pour eux. » Tout au plus émet-elle une réserve pour David Guiraud. Sans doute n’a-t-elle pas remarqué (il faudrait se cotiser pour lui offrir des lunettes) la présence, à la droite de Jean-Luc Mélenchon - propulsé chef du Nouveau Front populaire, puisqu’il a pris la parole le premier dimanche soir et donné la consigne de désistement -, de Rima Hassan, tout sourire avec son plus beau keffieh. 

Quant au cordon sanitaire autour de David Guiraud, il n'a pas fallu plus de quelques heures pour qu'il parte en fumée : dans sa circonscription, le candidat Ensemble, Tarik Mekki, qui n’a pas été qualifié au second tour, a appelé, ce lundi, à voter pour l'ancien député de La France insoumise.

Même Gérald Darmanin 

Quant à Gérald Darmanin, qui avait accusé la NUPES de « bordéliser le pays », on comprend, soudain, mieux son peu d’entrain à dissoudre les officines violentes d’antifas telles que la Jeune Garde : son chef, fiché S - Raphaël Arnault -, devient de facto son allié et sera peut-être, bientôt, son voisin sur les bancs de l’Assemblée, de même qu’Aly Diouara, rival de Raquel Garrido et soutien de l’imam Iquioussen.

Ce serait follement drôle si ce n’était pas si tragique. Sans surprise, la candidate Nouveau Front populaire Leslie Mortreux a annoncé qu’elle se retirait pour faire barrage au RN (Bastien Verbrugghe) et laisser le champ libre à Gérald Darmanin. Précisons quand même, dans ce cas particulier, que l'on ne peut totalement exclure un coup de pied de l’âne. Car le désistement n’est réellement un bonus que si le candidat à soutenir est arrivé deuxième, derrière le RN : dans ce cas, la mise en retrait permet de rebattre les cartes du premier tour. 

Mais Darmanin étant arrivé en tête, c’est se maintenir qui l’aurait en fait aidé, en « figeant » les résultats du premier tour et en gardant captif l’électorat macroniste, dont nul ne peut garantir, en cas de disparition de son premier choix, qu'il ne se rabattra pas, au moins pour partie, sur le RN par peur de LFI.

Le maintien, c’est, du reste, l’option qu’a choisie Loïc Signor, avec l'accord de Gabriel Attal, face à Louis Boyard, arrivé en tête dans la troisième circonscription du Val-de-Marne. Il a tout d’abord annoncé se désister, puis s’est rétracté, dans un communiqué sibyllin qui explique à demi-mot la stratégie tordue ci-dessus citée : « Pour ne pas contraindre [les électeurs] à choisir entre le RN et Louis Boyard j’ai pris la décision de me maintenir au second tour. » Il rajoute, en gras : « Mon maintien est une sécurité, la circonscription ne tombera pas dans les mains du RN. » Il « sécurise », donc, le siège de Louis Boyard. C'est drôlement gentil. Pour en revenir à Darmanin, baiser de la mort ou embrassade sincère, qu’un candidat du Nouveau Front populaire se désiste pour le ministre de l’Intérieur est éminemment symbolique.

Toutes ces petites manœuvres fonctionneront-elles ? Rien n’est moins sûr. 

Car en plus d’une carte d’électeur, n'oublions pas que les Français ont quand même un cerveau. Ils ne sont pas la propriété de leur premier choix. Mais même si le but était atteint à court terme, les conséquences seraient délétères à long terme. Car elles gravent dans le marbre et l'esprit des Français l'existence d'un continuum - le macrenchonisme, donc - entre le Nouveau Front populaire et Ensemble : une différence de degré mais pas de nature. 

L’immigrationnisme échevelé dont Emmanuel Macron a fait grief au NPF, c’est le sien en XXL. Idem pour le wokisme. Ou comment, à force de contorsions, se tirer une balle dans le pied.

Par  Gabrielle Cluzel le 1er juillet 2024

Boulevard Voltaire

La France est à l’heure des choix



Mes chers compatriotes,

La France est à l’heure des choix.

Dimanche 30 juin, vous avez répondu massivement présent au premier tour des élections législatives, avec un niveau de participation historique.

Notre pays a vécu un intense moment de démocratie. Les Français se sont saisis des enjeux ; ils se sont exprimés avec assurance et sens des responsabilités. Le retour aux urnes n’est jamais synonyme de désordre : s’en remettre au peuple, à sa sagesse, à son bon sens, c’est au contraire la seule solution pour sortir notre pays de l’impasse.

Après les résultats de ce premier tour, deux choix clairs s’offrent à vous.

Le premier de ces choix, ce sont les agents du chaos, grimés en « Nouveau Front Populaire », qui est en réalité une alliance du pire rassemblant l’extrême gauche derrière Jean-Luc Mélenchon.

L’extrême gauche constitue une menace existentielle pour la Nation française. Son score élevé suscite des inquiétudes majeures. Une victoire de cette coalition, qui veut ouvrir grand les vannes de l’immigration et libérer 20% des détenus, signifierait pour la France une régression inédite de l’ordre public, un recul sans précédent de nos libertés et des valeurs communes que nous chérissons tant. Elle rimerait avec des augmentations massives de taxes et d’impôts frappant la France du travail.

En remettant en cause la loi sur la lutte contre les squats ou celle sur la lutte contre le séparatisme islamiste, elle piétine le droit à la propriété privée et se fait complice de ceux qui contestent notre culture et les principes de la République française, au premier rang desquels la laïcité. En s’attaquant au nucléaire, elle veut abattre un avantage historique de notre pays, fruit du génie visionnaire du Général de Gaulle.

Cette extrême gauche, intolérante et sectaire, n’a cessé, à l’Assemblée nationale, de jouer le pourrissement et de faire naître les tensions. En refusant de condamner les attentats ignobles perpétrés par le Hamas, elle a cautionné le pire d’un antisémitisme que l’on croyait révolu.

On ne peut pas confier le destin de la France à ces incendiaires qui assument une stratégie du conflit permanent.

L’autre choix qui s’offre à vous, c’est celui des artisans du sursaut, ce sont les candidats patriotes de l’Union nationale que j’ai l’honneur de conduire, composée du Rassemblement National et des Républicains à droite, autour de Marine Le Pen et d’Eric Ciotti.

Mes priorités sont les vôtres : la préservation du pouvoir d’achat, avec la baisse des taxes sur l’énergie et les carburants, le rétablissement de la sécurité et la fin de l’impunité judiciaire, l’accès à la santé, le redressement de l’école qui est notre bien commun, la maîtrise de l’immigration, la paix fiscale et la protection de vos droits et de vos libertés. L’ordre dans les rues et dans les comptes publics, le respect des institutions et des oppositions, ce sont mes engagements.

Dans les épreuves de l’Histoire, notre pays a toujours pu compter sur son peuple ; un peuple courageux et responsable, un peuple lucide et travailleur qui refuse la démagogie. C’est sur lui que je veux m’appuyer, sur son intelligence et son discernement.

Ce dimanche 7 juillet, vous pouvez faire le choix d’une rupture responsable. En choisissant les candidats soutenus par le RN partout en France, vous vous offrirez une majorité prête à agir, au service de tous les Français.

Place au changement. Place à la fierté française retrouvée !

Je compte sur vous.

Jordan Bardella

lundi 24 juin 2024

L’actrice Corinne Masiero appelle à voter contre les « bâtards » du RN



Il se passe des choses étonnantes, dans les bas-fonds de l’extrême gauche française. La moindre incursion dans ces espaces dignes du Metaverse réserve son lot de surprises. Complotisme crasse, antisémitisme décomplexé, racialisme haineux, islamisme désinhibé… on n’est jamais déçu du voyage. La plupart du temps, néanmoins, on a simplement affaire à de la bêtise. Mais pas n’importe quelle bêtise. On parle là de bêtise de compétition. Celle qui est si pure et concentrée qu’elle tient presque de l’œuvre d’art.

C’est ce qui nous a été donné d’admirer, jeudi 20 juin, sur la chaîne YouTube de Mediapart. Diffusée en direct, l’émission spéciale s’intitulait Face à l’extrême droite, l’urgence de la mobilisation. Vous voyez déjà le niveau. « Ils et elles viennent d’horizons différents et se mobilisent partout en France contre l’extrême droite », nous prévenait-on, en préambule. Parmi ces « ils et elles », on a croisé quelques figures de la NUPES (Faure, Tondelier, Guetté), mais aussi tout un aréopage de militants pseudo-antiracistes, d’influenceurs communautaires, d’associatifs des quartiers dits prioritaires. Et au beau milieu de cette faune d’extrême gauche, un visage connu du grand public : celui de Corinne Masiero, alias capitaine Marleau.

 

Quand l’intelligence rencontre l’élégance

 

Ceux qui ne seraient pas des aficionados du feuilleton phare de France 3 se souviennent peut-être de la prestation mémorable que l’actrice avait donnée aux César 2021. Elle était alors apparue complètement nue sur scène, un Tampax sanguinolent aux oreilles. Sa prise de parole jeudi, sur YouTube, s’est avérée tout aussi élégante. « Ben, moi, j’ai juste envie de gerber, a-t-elle ainsi débuté, au sujet de l’éventualité d’une victoire du RN aux prochaines élections législatives. ¡No pasarán! C’est important, de voter, faut aller voter. Faut aller soutenir le Nouveau Front populaire, c’est tout ! C’est voter contre la peste noire, cette saloperie. » Amis de la poésie et des discours argumentés, bonsoir !

 

Si la délicieuse artiste n’a pas épargné les proches du président de la République - « ces enfoirés » -, elle a réservé ses principales attaques au RN. Le parti de Marine Le Pen représenterait, en effet, une menace mortelle pour certaines minorités qui auraient tout intérêt à s’unir derrière le front d’extrême gauche. « Vous êtes une gonzesse ? Allez voter, putain ! On est des meufs, on va s’en prendre plein la gueule : interdiction de l’IVG et compagnie. On a vu ce que ça donnait, ailleurs. Les personnes racisées vont s’en prendre plein la gueule. Moi j’ai des potes qui sont en couple gay et ils se disent "mais on va faire quoi, s’ils passent, ces bâtards-là ? On va se faire lyncher !" »

 

Minorités United

 

« Je viens d’une famille d’immigrés », a-t-elle encore ajouté, comme pour faire valoir une communauté de destin avec ceux qu’elle qualifie de « racisés ». Sauf que l’actrice se prénomme Corinne, pas Hapsatou. Ses parents, venus d’Italie, ont fait le choix de l’assimilation. Ils ont témoigné de leur amour de la France en adoptant ses coutumes. Ce qui est ni plus ni moins ce que demande le RN aux immigrés.

Sur la question des droits des femmes, la posture de Mme Masiero est encore plus ahurissante. Elle qui vit à Roubaix est bien placée pour savoir les ravages du communautarisme - qu’encourage le Nouveau Front populaire - sur la condition féminine.

Il en va de même pour les minorités LGBT. Les gays sont moins mis en danger par un RN (qui compte, d’ailleurs, de nombreux homosexuels dans ses rangs) que par une extrême gauche en cheville avec les islamistes. Pas plus tard que cette semaine, on découvrait ainsi la position assez peu LGBT-friendly d’une certaine Amal Bentounsi, candidate LFI dans la sixième circonscription de Seine-et-Marne. « On ne peut pas en vouloir à un croyant d’être homophobe si sa religion l’est », avait-elle écrit sur Facebook, il y a quelques années.

Voilà le genre de candidats que Corinne Masiero appelle les « non-binaires » à soutenir sans réserve. « On va voter Nouveau Front populaire. On réfléchit pas ! On y va, c’est tout. Point barre ! » Devant tant d’incohérence, on s’interroge : ignorance ou bêtise ? Les deux, mon capitaine !

Par Jean Kast le 23 juin 2024

Boulevard Voltaire