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lundi 26 août 2024

Rentrée scolaire : l’enseignement, sans ministre ni cap, s’en va à la dérive



Rarement une rentrée scolaire aura été aussi incertaine. Aux contraintes habituelles auxquelles les chefs d'établissement sont confrontés (confection des services, emplois du temps, répartition des élèves, professeurs non encore nommés...), s'ajoutent, cette année, de nouvelles réformes, notamment au collège, et une singularité peu commune : la rentrée pourrait bien se dérouler sans ministre de l'Éducation nationale.

Sans doute Nicole Belloubet expédie-t-elle les « affaires courantes », elle va même tenir, le 27 août, à 10 heures, une conférence de presse de rentrée. Avec quelle légitimité, peut-on se demander, puisqu'elle fait partie d'un gouvernement démissionnaire et qu'elle fera ses valises dans quelques jours, quand Emmanuel Macron se sera enfin décidé à nommer un nouveau Premier ministre. Alors qu'ils ont été fortement désavoués aux élections législatives, Macron et sa clique continuent de jouer la comédie du pouvoir.

Selon Libération« à une semaine de la rentrée scolaire, les chefs d'établissement sont en souffrance ». Et ils ne sont pas les seuls ! Les professeurs, les parents, les élèves ne savent pas à quelle sauce ils seront mangés. Le fameux « choc des savoirs », décidé par Gabriel Attal, doit en principe s'appliquer, mais on ne sait exactement sous quelle forme. Les « groupes de besoins » au collège sont censés être mis en place, mais les moyens horaires n'ont pas suivi et les chefs d'établissement ont dû se débrouiller comme ils pouvaient, déshabillant Pierre pour habiller Paul, rognant sur les options et les langues anciennes. Sans compter le risque d'emplois du temps démentiels pour les élèves comme pour les professeurs.

La réforme de la formation initiale et du recrutement, elle, est restée en suspens. Figurez-vous que, pour rendre le métier plus attractif, Macron avait lancé l'idée géniale de recruter les professeurs des écoles, des collèges et des lycées en troisième année de licence. Cette réforme, Nicole Belloubet n'a pas osé la promulguer avant la démission du gouvernement. Ce serait la faute à Bruno Le Maire ! Le décret était tout prêt, mais le ministre de l’Économie aurait refusé de le signer, compte tenu du coût financier de son application. Le 17 juillet, sur RMC, le squatteur de la rue de Grenelle avait dit regretter que cette réforme n'ait pas pu « aller jusqu'à son terme ». Comme si on pouvait rehausser le niveau de l'enseignement en diminuant les exigences disciplinaires !

On ne se plaindra pas de cet ajournement, bien sûr, mais ces tergiversations provoquent des dommages collatéraux. Les nouveaux ministres chargés de l'Education et de l'enseignement supérieur seront-ils d'accord pour poursuivre une réforme quasi unanimement contestée ? S'inscriront-ils dans le courant antérieur ou choisiront-ils une autre voie ? En attendant, les universités, qui avaient dû modifier précipitamment leurs maquettes pour s'adapter aux nouvelles modalités de la formation, ne savent pas, à ce jour, ce qui les attend. Il faudra sans doute improviser. Les inscriptions aux concours de recrutement ont traditionnellement lieu en octobre : encore faudrait-il savoir quels seront ces concours et où ils se situeront dans le parcours des étudiants.

Bref, dans l'enseignement comme dans les autres domaines, on n'est pas sorti de l'auberge. Force est de constater que Macron, qui se présente comme le parti de l'ordre et de la raison, a semé une belle pagaille. On saura bientôt quelles leçons il a tirées des derniers scrutins électoraux, mais il est à parier qu'il n'en tirera aucune, tant il est imbu de lui-même et croit avoir raison contre tous. 

Le président de la République joue avec la démocratie comme avec un hochet, les Français trinquent.

Par Philippe Kerlouan le 26 août 2024

Boulevard Voltaire

vendredi 16 août 2024

Nicole Belloubet, ministre du néant national?


Communiqué du Forum Ecole & Nation du 16 août 2024

Les Français devraient connaître prochainement la composition du nouveau gouvernement. A cette occasion, les ministres sortants pourront faire un bilan de leur action au sommet de l’Etat. Concernant l’Education Nationale, ministère pléthorique (1,1 million de fonctionnaires) à l’importance stratégique (la formation de la jeunesse est capitale pour l’avenir de la Nation), le constat est accablant : Nicole Belloubet, nommée en catastrophe après la polémique AOC(1), a été totalement inexistante. Son bilan est proche du néant. Peu présente dans les médias et sur les réseaux sociaux, Mme Belloubet n’a rien entrepris de décisif pour améliorer le ministère dont elle avait la charge. Aucun des problèmes de l’institution scolaire n’a été traité. Alors qu’elle vient de passer 6 mois rue de Grenelle, les Français sont en droit de se demander à quoi ont servi les 12.000 euros nets mensuels payés à cette ministre (qui reste à ce jour inconnue de la grande majorité des citoyens).

Le boulet des groupes de niveaux au collège.

L’agenda de Madame Belloubet a été largement accaparé par la mise en place des « groupes de niveaux » annoncés de manière inconsidérée par son sémillant prédécesseur Gabriel Attal. Ces groupes de niveaux (rebaptisés « groupes de besoins » par conformisme idéologique) sont une véritable usine à gaz puisqu’ils imposent de saucissonner les classes sur deux matières (le français et les mathématiques en 6e et 5e) tout en conservant une composition de classe ordinaire pour toutes les autres matières. C’est une réforme extrêmement lourde à mettre en œuvre. 

Afin de prendre en compte l’hétérogénéité des élèves au sein du « collège unique », il eut été plus simple de hiérarchiser les élèves par classes de niveaux (les meilleurs élèves en 6eA, les élèves moyens en 6eB, les élèves en difficultés en 6eC avec un effectif réduit…) sans casser les groupes-classes. En outre, ces « groupes de besoins » seront étendus aux 4e et aux 3e en septembre 2025. Ainsi Nicole Belloubet a préféré mettre en œuvre la mauvaise réforme initiée par Gabriel Attal (avec de possibles dérogations qui rendent le dispositif encore plus flou) plutôt que d’assumer clairement la prise en compte de l’extrême hétérogénéité des collégiens par de vraies classes de niveaux.

Une faute politique grave de MM. Macron et Attal.

Après avoir confié l’Education Nationale à un idéologue woke (Pap Ndiaye) pendant 14 mois(2) le couple exécutif a sciemment fait le choix d’une ministre fantoche (dont on peine encore à connaître le projet pour l’Ecole). Le résultat est sans appel : ce ministère-clé, qui devrait pourtant résoudre les problèmes de l’institution scolaire, a perdu 6 mois. Ces 6 mois perdus sont d’autant plus cruels que Gabriel Attal avait promis de prolonger la dynamique qu’il avait initiée lorsqu’il était lui-même ministre de l’Education Nationale. Le 9 janvier il avait même indiqué «J’emmène avec moi, ici à Matignon, la cause de l’école. Je réaffirme l’école comme étant la mère de nos batailles, celle qui doit être au cœur de nos priorités et à qui je donnerai, comme premier ministre, tous les moyens d’action nécessaires pour sa réussite. Elle sera une de mes priorités absolues dans mon action à la tête du gouvernement. Il y aura de ce point de vue une forme de continuité». 

MM. Macron et Attal sont donc les vrais responsables de ces 6 mois perdus pour l’Ecole. En choisissant Mme Belloubet (pour son CV très marqué à gauche et sa discrétion), tout en réduisant les crédits de 700 millions d’euros, ils ont invisibilisé ce ministère pourtant essentiel: quel contraste avec la période Blanquer! 

Alors que la rentrée scolaire approche à grands pas, nous espérons qu’Emmanuel Macron sortira l’Education Nationale de cette ornière en la dotant d’un véritable ministre qui saura remettre l’Ecole au cœur des préoccupations gouvernementales et du débat médiatique.

(1) Après le fiasco AOC, quelles sont les perspectives pour le ministère de l’Education Nationale? – Ecole & nation : professeurs & parents patriotes (ecole-et-nation.fr)

(2) Au bout d’un an, le bilan déjà catastrophique de Pap Ndiaye – Ecole & nation : professeurs & parents patriotes (ecole-et-nation.fr)

Macron aux 80 ans du débarquement en Provence : une récupération politique



C’est plus fort que lui. En déplacement dans le Var a l’occasion des 80 ans du Débarquement des alliés en Provence, Emmanuel Macron n'a pas pu s’empêcher d’y prononcer un discours très politique, riche d’allusions à ses marottes idéologiques. Il en a donc profité pour vanter les beautés de la France plurielle et multi-ethnique, et pour en remettre une couche sur la dette qu’aurait notre pays envers ses anciennes colonies. « C’était l’armée la plus bigarrée et la plus fervente », a déclaré le chef de l’État, au sujet des troupes qui ont participé au Débarquement. Un éloge qui ne pouvait que plaire aux franges racialistes de la gauche. Ravi, Libération a ainsi félicité le président d’avoir rappelé « à l’extrême droite que la France avait été libérée en 1944 par des soldats africains ».

Notre pays aurait été sauvé des mains de l’occupant nazi par des combattants africains ? On finirait par le croire, tant les hommages qui leur sont rendus ces dernières années semblent se multiplier.

Une réécriture historique

Cette folle propagande avait connu un pic en 2006 avec la sortie du film Indigènes. L’acteur vedette, Jamel Debbouze, se répandait alors dans les médias pour en développer l'argument : « C’est l’histoire de tirailleurs qui se sont battus pour la mère patrie mais qui, le jour de la victoire, n’ont pas eu le droit de défiler sur les Champs-Élysées parce qu’ils étaient arabes ou noirs ». C’est parfaitement faux. Les troupes coloniales ont défilé sur les Champs-Élysées avec le reste de l’armée française le 11 novembre 1944, le 8 mai 1945 et le 14 juillet 1945, mais l’occasion de se poser en victimes et faire pleurer dans les cités HLM était trop belle.

Il faut dire qu'un an plus tôt, en 2005, des émeutes avaient mis les banlieues françaises à feu et à sac, faisant trembler un pouvoir qui découvrait, effaré, l’échec cuisant de la France « black-blanc-beur » qu’il avait applaudie quelques années plus tôt. Il ne fallait donc pas lésiner sur les moyens - ni se soucier de l’exactitude historique - pour faire passer les pères et grands-pères des « enfants de l’immigration » pour des héros qui avaient libéré la France. Tant pis si ces Africains n’avaient en réalité été ni seuls, ni décisifs. Tant pis si les pieds-noirs (français !) avaient été au moins aussi nombreux dans l’armée d’Afrique que leurs frères d’armes maghrébins et africains. L’histoire officielle ne devait retenir que le sacrifice des combattants non-blancs.

Une récupération immigrationniste

Le discours prononcé par Emmanuel Macron à Saint-Raphaël le 15 août comporte cette autre phrase problématique : « Tous ceux qui se reconnaissent comme Français ont vocation à être ensemble ». Qu’entend-il par là ? Que tous ceux qui se sentent Français ont le droit de vivre en France ? Que tous ceux qui partagent les très vaporeuses « valeurs de la République » méritent de recevoir un titre de séjour ? Pardon de ne pas partager cette conception de la nationalité. De la même manière qu’il ne suffit pas de s’identifier comme femme pour être une femme, il ne suffit pas de « se reconnaître comme Français » pour le devenir. Être Français, c’est d’abord appartenir à un peuple, être l’héritier d’une longue lignée, s’inscrire dans une continuité.

À défaut d’être un Français « de souche », on peut certes être un Français « de branche », c’est à dire un enfant adopté par la famille France à la suite d’un long et ardu processus d’assimilation. Mais, ce procédé a été copieusement calomnié par la gauche avant d’être totalement abandonné devant l’impossibilité d’acculturer des populations si nombreuses et venant de civilisations si éloignées, voire opposées à la nôtre. Il n’est d’ailleurs même plus question d’ « assimilation », ni même d'« intégration » mais d’ « inclusion » des immigrés. C’est aux Français de s’adapter et de se sacrifier afin d’accueillir au mieux « celles et ceux » qui ont le désir de vivre chez eux...

L’administration a donc décerné la nationalité française à tour de bras et distribué des papiers d’identité comme des cadeaux Bonux, mais ce n’est toujours pas assez. Encore trop excluante, la citoyenneté doit être bradée, mise en libre accès et offerte à ceux qui « se reconnaissent comme Français », selon Macron. Autant dire que les flux entrants ne sont pas prêts de se tarir. Nos élites fêtent la libération du territoire... mais organisent son invasion.

Par Jean Kast le 15 août 2024

Boulevard Voltaire

vendredi 2 août 2024

Comment une poignée d’idéologues a fait main basse sur la cérémonie des JO



La France d’Emmanuel Macron n’est pas la mienne. 

Je ne l’ai pas non plus reconnue dans la cérémonie des JO, emplie de stéréotypes sexués et de flatteries à l’air du temps. J’ai vu, dans la mise en scène de Thomas Jolly, une opération politique pour valoriser la nouvelle France diversitaire promue par le chef de l’Etat. 80% des investissements publics ont d’ailleurs bénéficié à la Seine-Saint-Denis, selon Amélie Oudéa-Castera (Europe 1, lundi). 

Alors que l’article 50-02 de la charte olympique du CIO stipule : « Aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale n’est autorisée dans un lieu, site ou autre emplacement olympique », le pouvoir, désavoué depuis par les urnes, a choisi de passer outre cette interdiction en imposant d’autorité sa vision contestée d’une société post-nationale et post-française. 

L’historien Patrick Boucheron, un des organisateurs de l’évènement, n’a rien caché de ses desseins consistant à « affirmer crânement, énergiquement que c’est comme ça qu’on va vivre ensemble (…) On a restauré, pour nous, intimement, une fierté pour ce pays. Pas pour son identité, mais pour son projet politique (…) ». 

De ce point de vue, un parallèle peut être fait entre Leni Riefenstahl, qui filma pour Hitler les JO de Berlin de 1936, et Jolly et ses amis qui ont scénarisé pour Macron les JO 2024. Dans les deux cas, on retrouve une même propagande au service de l’Homme nouveau (aryen ou métissé), une même obsession de la race, un même mépris du catholicisme, un même enthousiasme obligatoire. Ceux qui ont eu l’audace d’avouer n’avoir pas apprécié les génuflexions wokistes face aux minorités sexuelles ou raciales ont été traités d’ « extrême droite ». Ainsi font les nouveaux fascistes grimés en antifascistes.

La nouvelle France de Macron, multiculturelle, n’est pas non plus celle de nombreux compatriotes indigènes. Certes, un sondage a montré que 85% des téléspectateurs avaient estimé la cérémonie réussie. Je ne mésestime pas la technique subversive des déconstructeurs : leur savoir-faire peut amener à ce genre de plébiscite mou. « Quand on sait comment arnaquer les esprits, il n’est pas difficile de devenir le maître du monde », écrit le philosophe Bertrand Vergely (1), qui ajoute : « Quand on sait comment rétablir la vérité et l’honnêteté, on devient un libérateur ».

Je remarque d’ailleurs que le spectacle a également emballé Edwy Plenel qui a tweeté : « Superbe cérémonie qui a sublimé la France de l’émancipation, celle de l’égalité des droits sans distinction d’origine, de condition, d’apparence, de sexe, de genre. La France née en 1789. « Ah ! Ça ira, Ah ! Ça ira… » (…) ». Or Je doute que Plenel, symbole de l’islamo-gauchiste et du déracinement, se reconnaisse lui-même dans cette autre France méprisée, enracinée et périphérique, qui n’a jamais d’autre droit que celui de se taire. 

Je défends cette France au nom de l’injustice qui lui est faite. Les organisateurs n’ont cessé de dire qu’ils voulaient faire un « anti-Puy-du Fou » en tournant le dos à la classe moyenne des oubliés, coupables de mal voter. Mais de quel droit une poignée de militants sans légitimité ont-ils détourné la vocation olympique de la cérémonie des Jeux, imitant en cela ce que furent les JO de Berlin de 36 ? Le CIO a présenté ses excuses. 

Les squatteurs propagandistes plastronnent.

(1) Main basse sur la pensée , Salvator

Par Ivan Rioufol le 31 juillet 2024

Le Blog d'Ivan Rioufol

Baisse historique des naissances en 2024 : vers un déclassement démographique ?



L'année 2024 entre dans sa dernière phase, et, à la faveur du mois d'août, on commence à faire certains comptes. L'INSEE a ainsi publié, le 1er août, le bilan des naissances du premier semestre de cette année. Ainsi, seulement 326.131 bébés ont vu le jour en France entre le 1er janvier et le 1er juillet: c'est le plus bas niveau historique, pire encore que l'année 2023, qui était déjà bien triste. Si le taux de fécondité moyen se maintient autour de 1,68 enfants par femme, faisant de la démographie de notre pays l'une des plus dynamiques des pays développés, ce n'est tout de même pas terrible.

On peut chercher les causes de ce déclin démographique dans de nombreuses directions : crise économique, mariages tardifs, manque de confiance dans l'avenir… On peut aussi avancer le chiffre (stable, quant à lui) de 200.000 avortements par an, qui promet un sinistre croisement des courbes dans quelques décennies, au train où vont les choses. Les conséquences de cette pénurie de naissances risquent, elles aussi, d'être multiples. Le démographe Gérard-François Dumont, interrogé par Les Échos, anticipe une fragilisation mécanique de notre modèle social. Il ne parle pas du régime des retraites, mais tout le monde a compris. Pour pouvoir continuer avec un régime par répartition, c'est-à-dire pour que les jeunes paient les retraites des anciens, il faut des naissances.

Le réarmement démographique a tourné court

Emmanuel Macron, lui aussi, a bien compris qu'il allait y avoir un problème. Aussi avait-il lancé un plan de réarmement démographique, qui prévoyait un congé de naissance mieux rémunéré que le congé parental, pour les deux parents. Il prévoyait aussi de s'attaquer à l'infertilité, qui n'est peut-être pas la cause principale de cette baisse - mais le geste allait dans le bon sens. La dissolution de l'Assemblée nationale a rebattu les cartes. Le projet est pour l'instant en stand-by. Peut-être sera-t-il définitivement enterré à la rentrée. Le tempo médiatique n'est pas celui de la survie du peuple.

Pour sauver ce qui peut l'être, Gérard-François Dumont préconise d'en revenir à l'universalité des allocations familiales et de déplafonner le quotient familial. Là aussi, l'idée va dans le bon sens, mais… les causes de cette baisse de la natalité ne sont-elles pas plus profondes ? La société tend à flatter les égoïsmes. Les mariages sont tardifs et fragiles. Les enfants sont considérés comme des poids, des entraves à la carrière. On regarde les familles nombreuses comme des productrices de carbone. C'est peut-être d'un changement de mentalité qu'il s'agit.

Le mauvais exemple japonais

Il y a enfin une dernière question, en embuscade derrière ce triste constat: nous prépare-t-on une nouvelle vague d'immigration massive pour « combler » le déficit de naissances françaises ? Ce n'est pas du tout impossible, et des politiciens cyniques pourraient fort bien renvoyer la balle aux Français mécontents : « Vous ne voulez pas d'immigrés, vous ne voulez pas d'enfants, mais vous voulez des retraites, comment voulez-vous qu'on fasse? »

Les Japonais, dont la population vieillit dans des proportions encore plus dramatiques, ont fait un autre choix: celui de préserver leur peuple et de robotiser ce qui peut l'être. Eux-mêmes sont en train d'ouvrir un peu plus les vannes de l'immigration car ils ne s'en sortent pas. C'est d’élan vital qu'il s'agit, en somme, et il est douteux qu'une poignée de mesures incitatives produise son effet dans l'intimité d'un peuple qui ne semble plus avoir envie de vivre. Gardons l'espérance - et l'oeil sur les chiffres.

Par Arnaud Florac le 2 août 2024

Boulevard Voltaire

jeudi 13 juin 2024

Vent de folie chez les LR



Qui est fou ? Éric Ciotti, si l’on en croit nombre de hiérarques des LR. Ces caciques que l’on qualifie, en vertu de la captation d’héritage du gaullisme effectue par ce parti - qui n’a, pourtant, plus grand-chose à voir avec le gaullisme historique -, de « barons ». Durant cette folle journée du 12 juin 2024 et au lendemain de l’annonce fracassante d’Éric Ciotti de s’entendre avec le Rassemblement national pour les élections législatives, on a voulu faire passer le président des LR pour une sorte de fou, de forcené, prêt à faire Fort Chabrol au siège des LR à deux pas de l’Assemblée nationale. N’a-t-il pas, ce mercredi matin, fait fermer les portes, renvoyé les permanents chez eux pour travailler en télétravail, refusé de participer au bureau politique convoqué par la secrétaire générale Annie Genevard, bureau politique qui allait se prononcer sur son exclusion du parti ?

Ciotti, un quasi-délinquant, si ce n’est un criminel... contre l'humanité

Pour un peu, on allait en appeler à la force des baïonnettes. Geoffroy Didier, eurodéputé sortant (ou sorti, puisqu’il avait été relégué à la onzième place sur la liste de Bellamy), n’a pas hésité à déclarer que, s’il fallait, on délogerait Ciotti « même physiquement » de son bureau (avec les flèches de l’arc républicain ? Pas très « État de droit », ça !). Et la sénatrice Agnès Evren affirmant qu’il fallait mettre « hors d’état de nuire Éric Ciotti à son parti politique »

Ciotti, un quasi-délinquant, si ce n’est un criminel… contre l’humanité, ça va sans dire. On se croirait dans un roman de Dumas pendant les guerres de religion. À l’époque, Ciotti aurait été coincé dans un sombre corridor, poignardé, passé au fil de l’épée, dépecé et, in fine, jeté dans la Seine. On n’en est plus là, mais l’idée y est, ce 12 juin. Finalement, le bureau politique a exclu le député des Alpes-Maritimes, qui conteste cette décision, car cette instance n’a pas été convoquée conformément aux statuts (pour des gens si légalistes, c’est curieux !). À l’issue de ce bureau politique, courte déclaration d’Annie Genevard, entourée de tout un tas de « barons », dont Wauquiez, Barnier, Tabarot (présidente de la commission d’investiture), Larcher, Pécresse (4,78 % à la présidentielle de 2022…), Copé, Fasquelle (trésorier du mouvement) : « La France a besoin d’une parole forte et indépendante, distincte de l’impuissance du "en même temps" et du saut dans l’inconnu du Rassemblement national… », déclare-t-elle, oubliant d’évoquer une troisième hypothèse : le « saut dans le chaos » que représenterait la victoire de l’extrême gauche à travers ce « Front populaire » dans lequel LFI a la part belle. 

Alors, déclare-t-elle, en lisant le texte qu’elle n’a visiblement pas rédigé : « Entre la bien-pensance dénuée du moindre courage et la rage dénuée de la moindre crédibilité qu’incarne La France insoumise, l’Assemblée nationale aura besoin d’un pôle de stabilité… » Voici donc où en sont réduites les ambitions d’un parti qui gouverna si longtemps la France : être un pôle de stabilité à l’Assemblée nationale. Il est vrai qu'avec 4,78 % à la présidentielle de 2022 et le triomphe romain aux élections européennes de 2024, avec 7,3 %, on ne peut espérer mieux. L’histoire des LR comme parti ayant vocation à être leader de la vie politique française est donc close. On le savait depuis longtemps, mais on continuait, chez LR, à faire semblant. Genevard, en quelque sorte, entérine cette réalité en positionnant son mouvement en « pôle de stabilité ».

 

Comme des aliénés dans la camisole de force que Mitterrand leur a confectionnée

Éric Ciotti, lui aussi, a entériné cette réalité. Mais en refusant de devenir « La France soumise ». Certes, on lui reprochera d’avoir négocié avec le RN dans le dos des instances dirigeantes de son parti. Certes, on dira qu’il a peut-être voulu sauver sa « circo » des Alpes-Maritimes. Certes. Mais ce n’est sans doute pas lui qui est fou. Les fous, ne sont-ce pas ces « chapeaux à plume », comme les qualifie lui-même Ciotti, sur le plateau de Christine Kelly, ce mercredi soir ? En bande folle, comme un monôme halluciné, ils vont au suicide, apparemment contents d'eux-mêmes, prêts à continuer à agir les mains liées dans le dos, comme des aliénés, dans la camisole de force que Mitterrand leur a confectionnée, il y a quarante ans de ça. À la fin de cette folle journée, sur le plateau de CNews, Ciotti n'a pas l'air fou du tout. « On n’a fait que 7 % », rappelle-t-il, réaliste. Réaliste, à la différence de ce « cénacle de chapeaux à plumes déconnectés de la réalité des Français », ajoute-t-il. 

Des Français qui lui disent : « Unissez-vous, la France est en danger. » Pas fou mais lucide, lorsqu'il décrit ce qui est en train de se passer : l'affrontement de deux blocs. Le bloc de gauche, dominé par LFI (avec même le NPA, rappelle-t-il), d'un côté et, en face, le bloc de droite qui veut sauver la France (on comprend que, dans cette vision, la Macronie est morte). Pas fou, Ciotti, lorsqu'il s'exclame : « Mélenchon serait donc plus fréquentable que Bardella ? » Pas fou, Ciotti, qui revendique les milliers de messages reçus qui l'encouragent dans sa démarche. Pas fou, enfin, lorsqu'il révèle qu'il a négocié autour de 80 circonscriptions avec le RN. Ce soir, il est libre, Ciotti, lorsqu'il affirme vouloir casser les codes. C'est peut-être sa seule folie !

lundi 10 juin 2024

Patries : le grand retour



Jusqu'aux dernières heures, le pouvoir aura tout tenté, frôlant ou dépassant les limites de l’honnêteté et des règles de la démocratie, pour enrayer la poussée de la droite patriote. Macron a utilisé sans vergogne les cérémonies du Débarquement pour faire campagne à quelques jours du scrutin, après que Gabriel Attal s'est imposé en toutes occasions dans le débat. Le résultat est sans appel et il est historique à beaucoup d’égards. « Ce n’est pas un bon résultat pour les partis qui défendent l’Europe, dont la majorité présidentielle », a reconnu, piteux, le président de la République dans son allocution télévisée, ce 9 juin.

La liste macroniste au nom très clair « Besoin d’Europe » subit une incroyable déroute, tombant de 22,4 % des suffrages, lors des européennes de 2019 (un score déjà très faible), à moins de 15 %, ce 9 juin. Une violente gifle administrée non pas à une candidate que personne ne connaissait et qui n’est elle-même responsable de rien, sinon d’avoir choisi les mauvais combats, mais à celui qui mène la politique de la France depuis 2017 dans une unique direction, celle de l’Europe fédérale supranationale. Une Europe dressée contre les peuples et leurs droits imprescriptibles à demeurer maîtres sur le sol de leurs ancêtres. Bardella a beau jeu de voir dans les résultats du scrutin « un désaveu cinglant et un rejet clair de la politique du président de la République ».

Marion maréchal appelle à l'union

Ensemble, le RN et Reconquête recueillent le double des suffrages du parti au pouvoir, soit quelque 35 %, à l’heure où nous écrivons, sans les petites listes (Patriotes, UPR…). À lui seul, le RN devrait passer la barre des 30 %, soit près d’un électeur sur trois. « Les Français ont rendu leur verdict, et celui-ci est sans appel », a noté, devant les militants, un Jordan Bardella qui accueille la nouvelle avec « humilité » et « gravité »« Un vent d’espoir s’est levé sur la France, qui ne fait que commencer », a lancé la tête de liste RN. Son parti est désormais le premier de France, avec un poids inédit dans le paysage politique. La liste conduite par Jordan Bardella arrive en tête dans 94 % des communes françaises. Pour trouver un meilleur score quel que soit le parti dans l’histoire des élections européennes, il faut remonter aux 43 % engrangés par le RPR-UDF en 1984, après la déception Mitterrand, voilà… quarante ans !

La nouvelle puissance électorale des patriotes ouvre d’immenses perspectives à droite. Et quelques batailles internes. Éric Zemmour n’a pas applaudi lorsque Marion Maréchal a lancé, peu avant 23 heures, devant ses militants : « Je constate ce soir que le bloc national est à près de 40 %. La coalition des droites à laquelle j’aspire apparaît plus que jamais nécessaire. C’est pourquoi j’ai toujours distingué les adversaires des concurrents. » Elle a aussitôt appelé à l’union Marine Le Pen, Jordan Bardella, Éric Ciotti et Nicolas Dupont-Aignan, tournant le dos à des années de tirage de maillots et de crises à droite de l'échiquier politique.

Il y aura un avant et un après 2024. Après des années de propagande européiste aux frais des Français, d’innombrables intoxications antinationales de la part des grands médias, et singulièrement des médias de service public, ceux-là mêmes qui devraient être d’une neutralité absolue, après des décennies de mensonges, de manipulations et d’affaiblissement de la France de la part de la gauche et des tenants du mondialisme, le corps électoral hexagonal a basculé. « Je n’ai pas l’âme à la fête », a lancé l’européiste mondialiste et socialiste Raphaël Glucksmann. 

Le 9 juin restera, en effet, sans doute, dans l'Histoire nationale, comme le coup d’envoi de la grande bascule politique du mondialisme au patriotisme qui fait, cette fois, son retour par la grande porte. « Je ne peux faire comme si de rien n’était », lance Macron. Le président de la République en prend acte, contraint et forcé, et dissout une Assemblée nationale sans majorité qui, à l’évidence, ne représentait plus les Français. Réclamée par le RN de Bardella, l’organisation d’élections législatives le 30 juin et le 7 juillet ouvre un nouveau et vaste défi, risqué, pour le premier parti de France (lire, à ce sujet, l’éditorial de Gabrielle Cluzel).

L'Europe aussi bascule

La décision prise par Emmanuel Macron retentit, par ailleurs, comme un coup de tonnerre dans toute l’Europe, saisie par l’ampleur de la défaite du chef de l'État. Partout, on souligne le risque pris par le président de la République française alors que l’Europe, elle aussi, tourne largement le dos au chantier de destruction des nations entrepris par les européistes et poursuivi activement par Emmanuel Macron et ses alliés européens. « Ces partis [anti-européens] progressent sur tout le continent », a constaté, ce 9 juin, Emmanuel Macron dans son allocution.

De fait, la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni, qui avait pris la tête de la liste de son parti, ne montre aucun signe d'usure : elle obtient 28,9 % des voix, dépassant son score des législatives de 2022. En Autriche, le parti patriote FPÖ arrive en tête du scrutin, avec près de 30 % des voix. En Allemagne, l’AfD occuperait 16 sièges au Parlement européen, soit 7 de plus qu’auparavant. En Espagne, Vox emporterait 7 sièges, soit trois de plus que lors du mandat européen précédent. Le PVV, aux Pays Bas, avec 17,7 % des voix, bénéficierait de 7 sièges. Le parti portugais Chega, allié du RN, aurait 2 sièges.

Devenu désormais « la grande force d’alternance pour la France », selon Marine Le Pen, le RN ne peut plus décevoir. « Nous sommes prêts à exercer le pouvoir, à redresser le pays, à mettre fin à l’immigration de masse […], prêts à faire revivre la France », a lancé Marine Le Pen. Elle appelle les Français « à venir nous rejoindre », avec des accents gaulliens qu’on retrouve aussi chez Bardella. Il s’agit, dit-elle, de « fermer la parenthèse mondialiste douloureuse qui a tant fait souffrir les peuples ».

Il est grand temps... À quelques kilomètres de Paris, les Bruxellois néerlandophones ont placé une liste islamiste en deuxième position des élections fédérales.

Par Marc Baudriller le 10 juin 2024

Boulevard Voltaire

mardi 28 mai 2024

L’identité ethnique autorisée : l’enviable privilège canaque



Référendums et démographie

En nouvelle Calédonie, trois référendums ont repoussé la solution de l’indépendance de ce territoire d’outre-mer isolé à 17 000 kilomètres de la Métropole. Marine Le Pen, la madone de Mayotte, ne va-t-elle pas jusqu’à en proposer un quatrième ? Et pourquoi pas un tous les 5 ans, dans l’espoir d’une remontée démographique de la composante mélanésienne ? Pourtant, le corps électoral a été bidouillé pour complaire aux indépendantistes canaques (et non pas Kanaks à la mode illettrée), les citoyens français qui ne résidaient pas en Nouvelle-Calédonie avant 1998 étant privés du droit de vote (dans l’attente de leur extinction naturelle selon les indépendantistes). Mais la tentative réitérée de pallier le caractère démographiquement minoritaire de l’ethnie aborigène a encore et encore échoué, les Canaques ne composant pour l’instant que 41 % de la population.

Le retour de la question ethnique

Il est symptomatique de constater que, lorsqu’il ne s’agit pas des droits et de la sauvegarde de l’homme blanc européen, la question ethnique se retrouve miraculeusement libérée des tabous et interdits. Sous l’égide des Nations-Unies, de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et de la République, cela ne pose aucun problème de conscience ou de droit. Seul le Blanc a vocation à disparaître dans ce que Jean-Luc Mélenchon appelle avec gourmandise la créolisation.

Il ne s’agit pas de demander que l’on retire au peuple canaque ses droits ethniques, mais que ceux-ci soient également reconnus aux Français de sang, indigènes de l’Hexagone, puisque nous « sommes tout de même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne » (De Gaulle, 1959). Mais, chut ! Pour l’heure faute de privilège canaque, les Français de souche européenne doivent se taire, au nom de la Loi (lois Pleven, Fabius-Gayssot, Lellouche et Perben II) et des nouveaux traités inégaux auxquels nous soumettent nos dirigeants.

Libérer la France des confettis de l’empire 

L’époque de la conquête du monde par une Europe puissante et dynamique est révolue. L’expansion impériale avait permis de découvrir le monde et de l’éveiller, avec de belles aventures pour les explorateurs, les missionnaires, les scientifiques et les entrepreneurs. Certains d’entre eux ont certes fait fortune, mais il aura fallu pour cela que les États colonisateurs fassent des dépenses somptuaires pour établir des structures modernes, routes, ports, chemins de fer, hôpitaux, aéroports etc. sans plus de profits pour eux.

Ceux que Jean-Claude Guillebaud a appelé Les Confettis de l’Empire (titre de son livre de 1976) devraient connaître enfin l’heure de cette décolonisation à laquelle aspirent les Canaques, sauf que l’importance de la population non mélanésienne de cet archipel des antipodes devrait dans le cas précis imposer la partition.

Le coût de l’empire, sans la grandeur corrélative de la France, c’est jeter nos impôts dans le tonneau des Danaïdes ! Avec pour seul retour l’envie et l’ingratitude.

Faute de présider la France, Marine Le Pen, qui réfute maintenant le principe de la remigration puisqu’elle reproche ce projet à l’AfD allemande, pourrait prétendre présider Mayotte (ou les Comores en cas de réunification de de cet archipel de l’Océan indien). Sa campagne électorale serait toutefois difficile, faute de pouvoir proposer le maintien ne varietur des allocations familiales, cette ultime colonne de l’Empire…

Par Eric Delcroix le 28 mai 2024

Polémia

Je, me, moi, Emmanuel Macron : le président est partout, et même sur la photo !



Des Pyrénées en Allemagne de l’Est en passant par la Nouvelle-Calédonie et le bistrot des supporters de foot à Tourcoing, le Président est partout. Et l’on découvre aujourd’hui qu’il est même sur la photo.

C’est un fait établi, Valérie Hayer, tête de liste du parti présidentiel pour les européennes, s’est sacrifiée pour être potiche en chef. On l’a tirée de son douillet fauteuil européen pour la jeter dans la piscine hexagonale. Mais voilà, à peine entrée dans le pédiluve, elle pataugeait déjà. Alors, faisant mine de lui lancer des bouées, la macronie s’applique à l’enfoncer. À chaque sortie on lui colle un chaperon comme on met des brassards aux enfants dans le petit bain ; on lui coupe la parole, on s’invite à sa place dans les débats, et voilà que, maintenant, c’est Emmanuel Macron lui-même qui pose pour la photo.

 

 

C’est en effet la nouvelle affiche de Renaissance, présentée mercredi 22 mai. Devant la débâcle annoncée, le président a décidé de faire aux Français le don se sa personne : son portrait à côté de l’affiche de Valérie Hayer, et un slogan commun : « Le 9 juin, nous avons besoin d'Europe. » Mention spéciale sous la photo du monarque : « depuis 2017, la France change l'Europe ». Et la France, c’est lui. Du Macron pur jus.

 

Son inconséquence saute aux yeux du monde

 

BFMTV, jamais à la traîne d’un soutien présidentiel, fait remarquer que « Lundi, Marine Le Pen s'était elle aussi engagée aux côtés de Jordan Bardella sur une nouvelle affiche du Rassemblement national ». Certes, mais on fera remarquer que, contrairement à Emmanuel Macron, Marine Le Pen n’est pas (encore) président de la République ! Remarquer également qu’il s’agit, le 9 juin prochain, d’élire des députés au Parlement européen et pas le nouveau président de la République française.

La vérité, c’est que « les caprices » du président, comme l’a si bien décrit Marc Baudriller dans son édito, font de lui une girouette dont l’inconséquence saute aux yeux du monde. Une inconséquence doublée d’un mépris souverain pour les Français en général et particulièrement ceux qui ont choisi de lui imposer un adversaire d’extrême droite, comme il l’a dit en Allemagne. Mais qui fait monter cette droite qu’il vomit ? Qu’est-ce qui rapproche chaque jour un peu plus Marine Le Pen des portes du pouvoir si ce n’est l’incurie de ce gouvernement ?

Méprisant tout autant son entourage que le peuple qu’il exècre, Macron a délégué son Premier ministre face à Jordan Bardella. Un Gabriel Attal qui a confié ce dimanche à La Tribune Dimanche tout le mépris qu’il éprouve lui aussi pour le patron du RN : « Je crois que les masques sont tombés », claironne Attal en préambule. Sans doute, puisque le RN a encore grimpé dans les sondages après leur duel télévisé !

 

Une fine analyse de son cas personnel

 

Alors en ce lundi, après avoir salué la mémoire des six millions de juifs tués par les nazis, Emmanuel Macron se rend en Allemagne de l’Est pour expliquer aux jeunes la nécessité de faire barrage à la montée des extrêmes. Pendant ce temps, un Marocain, malade psychiatrique sous OQTF, attaquait au couteau des passagers dans le métro de Lyon ; un policier a été blessé à Marseille, en raison d’un refus d’obtempérer de la part d’un individu « dangereux, très défavorablement connu des services de police » ; à Nice, ce sont des coups de feu et des tirs de mortier qui ont semé la panique dans le quartier des Moulins…

Qu’importe, pour Emmanuel Macron, le danger c’est le RN et tout ce qui est à sa droite. La démocratie est « en crise », dit-il, et de dénoncer « la fascination pour l’autoritarisme ». Pas faux, c’est même une fine analyse de son cas personnel.

Par Marie Delarue le 28 mai 2024

Boulevard Voltaire


mercredi 22 mai 2024

Macron s’envole pour la Nouvelle-Calédonie compliquée : pour renverser la table ?



Ce mardi 21 mai, Prisca Thevenot, à l’issue du Conseil des ministres, a annoncé qu’Emmanuel Macron partait pour la Nouvelle-Calédonie afin d'y installer une « mission dans le cadre d’un dispositif global ». La porte-parole du gouvernement a cru bon de préciser que « le président de la République part en [NDLR : on dit « pour », mais c’est pas grave] Nouvelle-Calédonie dans un esprit de responsabilité ». Sans blague, heureusement ! Cette dame va vraiment nous faire regretter Sibeth Ndiaye. Passons. Au fait, qui est en position pour être le « missionnaire » ? On parle d’Édouard Philippe. suivre.

Gabriel Attal reste à la maison

En tout cas, cette annonce est une surprise qui ne nous surprend pas ! Une surprise, car on avait compris, la semaine dernière, que le dossier avait été enlevé au ministre de l’Intérieur pour être confié au Premier ministre. C’est sans doute la preuve qu’Emmanuel Macron est le vrai Premier ministre. Et, en même temps (!), ce n’est pas une surprise car, au bout de sept ans, on commence à connaître un peu Emmanuel Macron, qui est un peu du genre « Décidément, il faut que je fasse tout, ici ». 

Son côté Tintin qui va sauver à lui tout seul le monde. Sûr de lui et dominateur, baratineur hors pair et confiant dans sa capacité de séduction, on imagine qu’il mettra à profit les vingt-cinq heures d’avion pour bûcher à fond le « dossier ». Vole-t-il vers cette Nouvelle-Calédonie compliquée avec des idées simples, comme le général de Gaulle vers l’Orient ? On l’ignore, mais qu’on aime ou qu'on n’aime pas Macron, il faut lui reconnaître cette capacité à descendre au fond des dossiers comme l’officier mécanicien dans la salle des machines, et à remonter sur le pont pour briller devant les passagers de la croisière tout estomaqués.

On l’a vu cet hiver à la tâche lors de ce débat improvisé avec les agriculteurs en colère au Salon de l’agriculture. Sans doute, comme à l’accoutumée, va-t-il retirer sa veste, remonter les manches de sa chemise. Et ça fera de belles images. On notera qu’il ne part pas seul : Gérald Darmanin, qui était pourtant considéré comme « disqualifié », la semaine dernière, par le FLNKS, Sébastien Lecornu, qui fut en charge du dossier lorsqu’il était aux Outre-mer, et, tout de même, le ministre actuel des Outre-mer, Marie Guévenoux - l'occasion de montrer qu'elle existe -, sont du voyage. Gabriel Attal reste à la maison. Un désaveu pour le tout jeune Premier ministre ? « Tu es gentil, mon garçon, mais là, faut que tu laisses faire les grands. » 

À moins qu’il ne soit assigné à Matignon pour mieux préparer son débat face à Jordan Bardella, jeudi soir... Mais nul doute que celui qui parlera encore et encore à Nouméa, ce sera Macron. L’homme a un minimum de culture historique, aussi, on prie pour qu’il se garde de paroles définitives du genre « Je vous ai compris »...

Mais si l’on ne peut que souhaiter, pour la France et la Nouvelle-Calédonie, que Macron réussisse à mettre autour de la table tous les interlocuteurs et à apaiser les tensions, on ne peut s’empêcher cependant de penser qu'il ne va pas seulement là-bas pour installer une mission. Que c’est, pour lui, l’occasion de tenter de reprendre la main sur l’opinion, ici en métropole, à moins de trois semaines d’une dégelée annoncée aux européennes. 

Il ne renversera sans doute pas la tendance et la table. Mais ça se tente, car il n’a plus rien à perdre.

Boulevard Voltaire