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jeudi 21 décembre 2023

Loi sur l’immigration : le jeu du « qui perd perd »



La comédie à laquelle nous assistons depuis quelques jours autour de la loi immigration nous montre une seule chose : malgré la foule innombrable de ceux qui revendiquent la victoire, tout le monde a perdu.

On peut faire beaucoup de reproches à la gauche, mais il faut lui reconnaître cette vertu, unique en l’espèce. Elle est la seule à reconnaître qu’elle a été défaite. La virulence avec laquelle elle le dit est significative. Son long hurlement à la mort indique qu’elle a perdu, au moins sur ce point, le magistère moral qu’elle exerçait sans concurrence depuis 40 ans. On passera sur les délires type « retour du IIIeme Reich » et le déni de réalité qui sous-tendent cet aveu de débâcle.

Le Rassemblement national prétend qu’il a gagné la partie. En fait, il l’a perdue lui aussi. D’abord parce qu’il a voté un texte légalisant des situations qu’il avait lui-même fixé comme des lignes rouges infranchissables : la régularisation des travailleurs clandestins. Ensuite, un vote contre du groupe du RN aurait entraîné le rejet du texte, et donc des conséquences politiques lourdes. Au moins la démission d’Élisabeth Borne, au plus une dissolution de l’Assemblée nationale. Seraient-ce de si mauvaises nouvelles ? Le RN a fait le choix de soutenir l’exécutif, ainsi renforcé dans sa capacité à continuer de détruire la France pour les quarante deux mois à venir. En tous cas, il sera désormais plus difficile de s’opposer au gouvernement, sur ce sujet à tout le moins.

Les Républicains ont perdu. Le texte qu’ils ont présenté et voulu soutenir du le Sénat à l’Assemblée nationale présente, au dire même du gouvernement, de lourdes difficultés constitutionnelles. Que restera-t-il de ce texte une fois que les « sages » du conseil constitutionnel, puis les instances européennes l’auront passé à la moulinette, sinon, un formidable coup de main au Président de la république et son Premier ministre, une fois de plus ? Sans doute pas grand-chose. À la fin du compte, ce texte ne changera rien à notre politique migratoire, alors qu’elle devrait être revue en profondeur. Qu’auront gagné Les Républicains dans cette affaire ? Quelques jours passés au centre de l’échiquier et politique, dont, plus personne ne se souviendra à la Chandeleur.

Le ministre de l’intérieur, le premier ministre et le président de la république prétendent qu’ils ont gagné. Ils ont perdu. Même si la macronie presque entière se félicite du résultat, on ne fait pas avaler des chapeaux, des couleuvres, des rubans, et je ne sais quoi d’autre à sa majorité sans conséquences. En fait, l’exécutif avait besoin d’une attitude bienveillante des oppositions de droite pour que ce texte vide soit adopté et rester tranquillement aux affaires. La brutalité du résultat oblige à reconnaître qu’il a obtenu cette bienveillance, et donc qu’il a réussi. Cela étant dit, cette réussite est trompeuse : il n’est pas dit que la majorité présidentielle puisse survivre à l’overdose de moraline qu’elle s’est injectée à répétition dans le bras gauche depuis quelques jours, et qui provoque chez les Français le renforcement d’une exaspération déjà vive.

À la fin du compte, le peuple français est encore le grand perdant de cette histoire. Il réclame à cor et à cris non pas la contention de l’immigration illégale, mais l’arrêt de l’immigration légale. Et plus largement la fin de cette complaisance paresseuse avec laquelle on autorise les étrangers à séjourner sur notre sol, où à acquérir la nationalité française, sans aucune espèce de précaution, ni d’efforts, ni de contrepartie ni de limite. Rien qui aille dans ce sens ne figure dans la loi, dont les plus modestes aspects de fermeté ne manqueront pas d’être annulés par le gouvernement des juges.

Pendant que le peuple français, assiste, désabusé, à cet effrayant concours de celui qui urinera le plus loin, la commission de Bruxelles impose ces jours-ci aux pays de l’Union européenne une politique migratoire qui rend à peu près inutile toute disposition ou toute posture qui ne nous débarrasserait pas de la tutelle de l’Europe sur la France. Une fois de plus, le parlement français s’est trompé de combat, et notre exécutif a déserté le vrai champ de bataille. Tout le monde a effectivement perdu.

Par Jean-Frédéric Poisson Président de VIA - La Voie du Peuple, le 21 décembre 2023

Boulevard Voltaire

jeudi 4 mai 2023

Chez Macron et Borne, la logique du bras d’honneur



Dans une énième intervention longue et vide comme un pipeline de North Stream (si, si : treize minutes de vide, c’est très long…), le chef de l'État nous a gratifiés, il y a quelques jours, de son programme pour l’élection présidentielle de 2017. Ah, pardon : peut-être plutôt pour celle de 2022 - on a failli attendre ! On apprend que le chef de l’État veut s’occuper de l’immigration, de l’école et du travail - bonne idée, vraiment ! Il est dit que le Premier ministre a cent jours pour s’occuper de ces différents chantiers, avec la mission particulière de trouver la majorité des voix à l'Assemblée indispensable à l’adoption des lois afférentes. Un bilan de ces différentes orientations et de leur application est attendu pour le 14 juillet : ça promet un vrai feu d’artifice de fête nationale !

Quelques jours plus tard, Madame le Premier ministre présente son plan d’action à la sortie du Conseil des ministres. Elle qui disposait de cent jours en prend allègrement le double ou le triple, omettant de se fixer quelque limite calendaire que ce soit. Elle annonce qu’il n’y aura pas davantage de loi sur l’immigration et proclame à qui veut l’entendre que l’élargissement de la majorité ne se fera pas. Quand Mark Twain disait « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait », on entend ici l’inverse : ils savent parfaitement que c’est impossible, alors ils n’essaient même pas !

Mais on entend aussi deux autres choses, significatives du délitement institutionnel dans lequel notre pays se trouve aujourd’hui. D’abord l’intervention du Premier ministre ressemble furieusement à un message à peine codé qui dirait : « En fait, le président de la République parle à tort et à travers et je me dois de rétablir un peu de sérieux dans l’action de l’exécutif. » Et puis, surtout, cette déclaration, livrée qui plus est à la sortie même du Conseil des ministres, est une manière de dire au chef de l’État : « Cause toujours, tu m’intéresses. » Nous avons assisté à un authentique acte d'insubordination de la part d’un chef de gouvernement à l’égard du chef de l’État. À vrai dire, il y a dans notre histoire politique plus ou moins récente quelques exemples. Mais le plus récent remonte probablement, en dehors des périodes de cohabitation bien sûr, à la démission de Jacques Chirac expliquant, à l’été 1976, qu’il lui était impossible de gouverner dans le sens que lui dictait le Président Giscard d’Estaing. Du moins Jacques Chirac avait-il eu la décence de démissionner, même si ses motifs étaient plus probablement guidés par la perspective de l’élection présidentielle suivante que par toute autre forme de considération. Dans la circonstance où nous sommes aujourd’hui, nous n’aurons même pas la satisfaction de voir le chef du gouvernement, visiblement en opposition frontale désormais avec le chef de l’État, quitter ses fonctions.

À la fin du compte, en agissant ainsi, le Premier ministre ne fait que se conformer à la logique dominante depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir. Que sont ces six années d’exercice, sinon un gigantesque et permanent bras d’honneur lancé à la figure du peuple français qui réclame à cor et à cri la vérité, de vraies réformes, de la considération et de l’honnêteté ? À ces différentes demandes, qui ne constituent à tout prendre que la trousse de premiers secours sans laquelle un peuple ne peut pas vivre en face de ses gouvernants, les Français n’obtiennent qu’une seule réponse : « Allez vous faire voir, et si ça ne vous convient, pas venez me chercher ! »

On sait également que le garde des Sceaux pratique la technique du triple bras d’honneur, jusque dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, en guise de réponse aux objections formulées par l’opposition parlementaire. Avec cette réponse à la force du poignet, il est ainsi prouvé jusqu’au plus haut sommet de l’État que la violence surgit lorsque le vocabulaire manque. Et nous qui croyions jusqu’ici que cette manière de faire était l’apanage des pauvres gosses de banlieue…

Mme Borne a donc pris son rang dans cette funeste liste en choisissant à son tour, plutôt que l’huile de coude, le bras d’honneur, comme une sorte de vengeance à peine feutrée pour avoir été lâchée sur l’affaire du 49.3 au moment de la réforme des retraites. Est-ce pour solde de tout compte ? La nomination du futur Premier ministre nous le dira. Pour ce qui nous concerne, si nous n’avions pas déjà été rendus manchots par les effets de la répétition, les bras nous en tomberaient une fois de plus !

Par Jean-Frédéric Poisson, Président de Via-La voix du peuple le 4 mai 2023

Boulevard Voltaire

samedi 11 mars 2023

Un Président ne devrait pas faire ça



Petit à petit, la France se fait expulser du continent africain. Dans de nombreux pays, le ressentiment à notre égard s’accroît et l’on ne sent pas le gouvernement français capable d’inverser cette lourde tendance.

Chacun peut facilement voir l’importance des enjeux que représente le continent africain pour les années à venir, et s’inquiéter de voir la Russie, la Chine et, dans une moindre mesure, les États-Unis y prendre de solides positions à notre détriment – alors que nous sommes de moins en moins capables d’y faire face.

Les causes sont nombreuses et le constat quasi unanime. L’accroissement spectaculaire – prévisible, en tout cas – de sa population, une stabilité politique et économique qui tarde à s’affirmer dans beaucoup d’endroits, la présence de l’ conquérant qui gangrène l’Afrique noire, le cancer de la corruption, le pillage plus ou moins ouvert des ressources, les migrations qui privent de nombreux pays africains de leurs forces les plus vives : tout cela prive l’immense majorité des peuples africains des moyens indispensables à leur développement et à leur prospérité.

Se pose alors la question de savoir à qui en revient la responsabilité. Une forme de facilité gauchère et très française continue d’entretenir cette idée simple selon laquelle le colonialisme est responsable de tous les maux, même encore aujourd’hui soixante ans après que les dernières colonies françaises sont devenues indépendantes. C’est cette idée qu’ a essayé de combattre lors de la désormais fameuse conférence de presse commune avec le président de la République démocratique du Congo en l’invitant à ne pas chercher sans cesse des responsables à l’extérieur de ses propres frontières. En passant, on aurait aimé un discours équivalent à l’égard de l’Algérie, mais il est vrai que Brazzaville est plus loin de Paris qu’Alger.

Pour une fois, le problème posé par la déclaration d’ n’est pas le fond. Que la France ait des torts, y compris depuis que les pays africains sont indépendants, c’est un fait. Si nous étions un pays adulte, nous serions capables de regarder en face ces responsabilités sans pour autant, jusqu’à la fin des temps, nous couvrir la tête de cendres et n’avoir que honte de l’histoire de notre présence sur ce continent. C’est la forme du discours d’, à ce moment de cette visite officielle, qui est inacceptable. Aucun chef d’État ne peut tolérer de recevoir la leçon publique sur la façon dont il conduit les affaires de son propre pays. Emmanuel Macron s’est fait rabrouer, comme un adolescent mal élevé qui met les pieds sur la table où il est invité à dîner. Quelques jours auparavant, le roi du Maroc lui-même avait tenu à préciser que, contrairement à ce qu’affirmait le Président français, les relations entre le Maroc et la France n’étaient ni bonnes ni amicales ! On cherchera en vain des précédents dans l’histoire des relations entre nos deux pays.

Après l’épisode de Kinshasa, si humiliant pour notre peuple, plutôt que de se faire discret et de revenir tranquillement en France, le président de la République a été filmé en fête et en sueur, une bière à la main dans une boîte de nuit à la mode, comme un vulgaire ministre de l’Intérieur de son gouvernement, un soir de manifestations de gilets jaunes !

De tels épisodes montrent que ce qui se joue en ce moment sur le continent africain n’est pas seulement la fin de la «  » mais le début de la fin de la présence de la France en Afrique, et de son influence. Inutile, dans ces conditions, d’expliquer que la vivacité du ressentiment anti-France est due à la déloyauté et à la brutalité des Russes, aux mauvaises manières d’on ne sait qui. Un jour viendra, sans doute, où les chefs d’État africains qui ont expulsé la France pour accueillir à bras ouverts d’autres grandes puissances le regretteront. Ce ne serait, de toute façon, pas réjouissant. Mais il reste notre incapacité à entendre les aspirations profondes des peuples africains, à aider les forces vives des peuples plutôt que soutenir des dirigeants profiteurs, à inventer de réelles politiques de codéveloppement plutôt que de soutenir, volens nolens, des pratiques ploutocratiques.

Tout cela signe notre faillite, faute que la France ait un chef d’État qui la dirige, parce qu’il a visiblement la tête ailleurs. Il en est de notre relation avec l’Afrique comme de la puissance maritime française, de l’outre-mer, de notre souveraineté, de notre Défense et de tant d’autres choses qui détruisent la réputation de notre pays dans le monde : un fiasco supplémentaire. Non, décidément, un Président ne devrait pas faire tout ça.

Par Jean-Frédéric Poisson ( Via) le 11 mars 2023

Boulevard Voltaire

samedi 11 février 2023

Conflit russo-ukrainien : une Troisième Guerre mondiale n’est pas à exclure



Une Troisième Guerre mondiale n’est désormais plus impossible à envisager dans le conflit russo-ukrainien qui a débuté le 2 mai 2014 et s’est poursuivi, depuis lors, par l’agression russe, le 24 février 2022. Aucune diplomatie française ni européenne n’a conduit à la paix depuis. La France fournit même du matériel militaire à l’. Et l’ envoie des chars sur le théâtre des opérations pour renforcer cette dernière. La Russie, quant à elle, par la bouche de Vladimir Poutine, brandit la menace nucléaire comme une arme de défense au cas où son pays serait attaqué. On est bien obligé, alors, de se poser la question de savoir si le président de l’ Volodymyr Zelensky ne pourrait pas, lui aussi, à son tour, recourir à cette même bombe nucléaire avec ses alliés occidentaux au cas où la guerre se prolongerait.

La France doit se retirer d’une guerre qui ne la concerne pas directement. Si elle avait participé avec certains pays européens à un axe de paix, sans la présence de l’OTAN, une intervention de sa part aurait pu être souhaitable, par solidarité avec le peuple ukrainien agressé. Mais ce n’est pas le cas ! Le trio Zelensky-Biden-Macron mène une politique bellico-mondialiste dessinant ce que pourrait être un Nouvel Ordre mondial, promis par George Bush père en 1991, lors de la première guerre du Golfe et par Nicolas Sarkozy durant sa présidence française en 2007. Aujourd’hui, l’on voit bien toujours se dessiner ce cauchemar pour tous les peuples, y compris ukrainien, dans certaines têtes des membres de l’hyperclasse mondialisée et américano-centrée. Les Ukrainiens eux-mêmes ne seraient pas alors épargnés.

Ajouter de la guerre à la guerre est une folie. Pourtant,  souffle le chaud et le froid en même temps. Il a pris parti dans cette guerre russo-ukrainienne devenue désormais une guerre russo-américaine. Mathieu Bock-Côté, dans Le Journal de Montréal du 26 janvier dernier, note à juste titre : « Une certaine inquiétude devrait nous animer. À un certain moment, que l’on ne peut identifier d’avance avec certitude, mais qui pourrait bien se présenter, la Russie jugera que les forces de l’OTAN sont désormais objectivement en conflit avec elle. Elles seront, pour reprendre un terme qui s’est imposé, dans une situation de cobelligérance qui pourrait conduire l’empire américain et l’empire russe face à face. L’Ukraine, alors, ne sera plus que le champ de bataille où s’affronteront ces deux puissances. »

À propos de la Russie poutinienne et de l’Occident otanien, Mathieu Bock-Côté ajoute avec force et justesse : « Un autre facteur s’ajoute : un régime autoritaire qui s’effondre le fait rarement dans la douceur. Et si Vladimir Poutine tombait, demain, son remplaçant ne serait pas nécessairement un démocrate occidentalo-compatible. Étrangement, rappeler cela, en Amérique du Nord comme en Europe, peut vous valoir la réputation de prorusse. Il y a dans ce refus de la moindre nuance géopolitique à propos de ce conflit quelque chose d’étonnant, et peut-être même d’irresponsable. »

Il faut donc applaudir aux paroles pacifistes de Dominique de Villepin, Hubert Védrine, malgré ses louvoiements habituels (il est vrai qu’il s’agit d’un ancien diplomate), de Nicolas Dupont-Aignan, de , qui avec son mouvement politique, Via la voie du peuple, vient de lancer une pétition contre la livraison de chars à l'Ukraine, d’Arno Klarsfeld (à qui il faudrait dire quand même, un jour, qu'Hitler est mort en 1945, malgré l’existence de groupes néo-nazis ukrainiens ne représentant qu’eux-mêmes ; à l’instar de BHL, qui croit que Staline est toujours vivant, comme si certains points de vues nationaux-communistes de l’élite poutinienne pouvaient recouvrir tout le bolchevisme historique !) et de surtout Marine Le Pen qui, le 31 janvier dernier, a appelé à une désescalade du conflit et à l’organisation, par la France, d’une « conférence mondiale pour la paix ».

Quant à nous, Français d’Europe, nous avons mal à l’Est ! Il est donc, plus que jamais, indispensable de panser les plaies et de faire cesser les convulsions destructrices.

Par Arnaud Guyot-Jeannin le 11 février 2023

Boulevard Voltaire

vendredi 22 juillet 2022

Conservateurs, unis pour servir



Nous y sommes ! Un cycle électoral s’achève et personne ne semble véritablement gagnant à l’issue des résultats : ni Emmanuel Macron qui n’a pas de majorité absolue avec Ensemble!, ni Jean-Luc Mélenchon à la tête de la fragile coalition NUPES, dont personne ne peut estimer la durée de vie, ni Marine Le Pen, malgré l’entrée d’un fort contingent de députés, qui s’est entêtée à refuser toute idée d’alliance à droite pour favoriser son seul parti politique et transformer une possible vague patriote en une onde sans conséquence. Pourtant, un fait reste certain : le progressisme aura place nette pour étaler ses mesures. Quelle opposition conservatrice de poids pourra véritablement contrer cette idéologie au cœur de l’hémicycle ? S’il y a  un vainqueur aux derniers scrutins, c’est bien le progressisme, et il avancera sur tous les secteurs de la société.

Hélas, l’actualité nous prouve l’amère réalité de ce constat, à commencer par la proposition d’Aurore Bergé de sanctuariser le recours à l’avortement dans la Constitution (L’Express, le 29/06/). Loin des priorités économiques et sécuritaires que réclament les Français au quotidien, cette proposition oublie que ce n’est pas le rôle de la Constitution d’abriter des combats sociétaux, à plus forte raison lorsqu’ils ne sont pas menacés en France. Cette surréaction législative d’Aurore Bergé témoigne d’une conscience aigüe de sa propre vassalisation aux Etats-Unis. Par ailleurs, Richard Ferrand nous prévenait déjà le 11 avril dernier : la nouvelle « grande réforme de société » pour ce quinquennat sera le fameux « droit à mourir dans la dignité ». Autrement dit, l’euthanasie et le suicide assisté seront les prochaines mesures phares d’un gouvernement qui n’a rien d’autre à proposer que du sociétal, impuissant qu’il est à relever les défis structurels du pays. Il faut lui opposer une résistance à même de rappeler inlassablement les repères aptes à guider le choix politique : la personne humaine n’est pas un objet qu’on bricole, une marchandise qu’on achète, un produit qu’on jette.

Ces premières mesures ne sont, malheureusement, que la partie émergée de l’iceberg. Le projet de société qu’Emmanuel Macron veut porter pour son dernier mandat, nous en avons eu un avant-goût lors de son quinquennat précédent : il s’agira vraisemblablement d’un monde où le contrôle de masse et la surveillance générale seront institutionnalisés ; un monde où les libertés fondamentales seront constamment remises en cause sous le camouflage de l,’« intérêt général » ; un monde au sein duquel les contrôles deviendront la norme et les espaces de libertés, un luxe de plus en plus inaccessible… Déjà la liberté d’éducation est mise à mal, en particulier en ce qui concerne l’école à la maison (Le Bien Public, le 30/06/202), la liberté d’opinion est bafouée par des lois de fichage (La Croix, le 05/01/2021), et le passe sanitaire est à nouveau évoqué.

Le chemin pour défendre ou reconquérir ces libertés sera long, mais nous serons là pour le mener.

L’écologie qui devient une préoccupation générale et qui est appelée à tenir une place prépondérante sera encore davantage utilisée dans les années à venir pour imposer plus de contraintes aux Français. Déjà, certains défenseurs autoproclamés de la planète s’en emparent pour proposer des mesures punitives des normes toujours plus absurdes. Ceux qui paieront la plus lourde facture pour satisfaire les tenants de l’écologie sous influence seront encore les plus humbles, les Français délaissés des territoires périphériques, et bien sûr les classes moyennes… L’écologie locale et les mesures de bon sens comme l’écologie de conservation pour l’agriculture, ou le développement de la filière  pour le secteur énergétique seront encore mis de côté, car ils ne sont pas conformes à la vision idéologique et dogmatique des Verts, enfermés dans leurs schémas cognitifs progressistes. Par ailleurs, ces doctrinaires d’une écologie pour urbains des métropoles oublient qu’il ne peut y avoir d’écologie intégrale et cohérente que si celle-ci protège aussi l’espèce humaine.

La question fondamentale soulevée par les délires progressistes est bien celle du rôle du politique : est-il de redéfinir, au gré des sondages, ce qu’est l’être humain ? Ou est-il de garantir, au milieu des progrès scientifiques époustouflants, le respect inconditionnel de la personne humaine, quel que soit son état ? Est-il de favoriser une humanité augmentée qui, sous prétexte de repousser toujours plus loin les frontières de la maladie, du handicap et de la mort, tente de définir une nouvelle humanité pour qu’il ne reste de l’homme que ce qui est fort, beau et intelligent ? La grandeur d’une société est plutôt de garantir à celui dont le corps ou l’esprit, malgré les soins reçus, reste affaibli et défaillant, le droit à des structures adaptées, une facilité d’accès à l’école, au travail, aux loisirs. En un mot, le droit de vivre. Nous devrons le leur rappeler à temps et à contretemps.

Devant les menaces qui s’accumulent, les conservateurs authentiques doivent se réveiller : c’est précisément dans ce but que nous avons rédigé ce plaidoyer. Nous avons des propositions uniques et pérennes à apporter à la société moderne. Parce qu’être conservateur ne consiste pas à garder des cendres, mais à transmettre le feu, nous souhaitons rappeler ce qui a fait la force et l’humanité de notre civilisation pendant des siècles. Contre la machine de  qui progresse, nous souhaitons assurer la protection de chaque vie de sa conception à sa mort naturelle. Contre la société de contrôle qui se profile, nous rappelons la nécessité d’un cadre de libertés inaltérable grâce auquel chacun peut s’accomplir pleinement. Contre cette écologie globalisante qui punit l’être humain et cette société de consommation qui l’enchaîne, nous prônons un art de vivre respectueux des individus, des familles et des peuples. Ainsi, nous devons prendre toute notre place dans le combat qui s’amorce pour défendre l’être humain et sa nature propre, le territoire sur lequel nous vivons et nous épanouissons, les traditions et l’ordre social transmis grâce à des milliers d’années de longue patience. Conscients de notre héritage, et pour assurer la continuité historique de la nation, c’est un conservatisme de combat auquel nous contribuons.

Enracinés et attachés au cadre national, civilisationnel et anthropologique dans lequel prend place l’action politique, nous sommes unis pour conserver ce qui doit l’être et reconstruire ce qui aura été détruit.

Par Jean-Frédéric Poisson, Président de VIA| la voie du peupleLaurence Trochu, Présidente du Mouvement Conservateur et Bruno North, Président du Centre National des Indépendants et Paysans le 22 juillet 2022

Boulevard Voltaire

jeudi 19 mai 2022

Avant de donner un avenir à nos enfants, donner des enfants à notre avenir



Le 5 mai dernier, un texte en projet de la Cour suprême des Etats-Unis (désormais majoritairement conservatrice) visant à renverser l’arrêt Roe vs Wade a été diffusé par Politico [1]. Cet arrêt, voté en 1973, établit une protection fédérale constitutionnelle au « droit à l’avortement », et fait depuis jurisprudence. Cette interprétation de la Constitution américaine est la seule base juridique fédérale sur l’avortement : le Congrès n’a jamais réussi à voter de loi régulant ou bannissant l’accès à l’avortement. Si le projet est mené à bout, on reviendra alors à la situation de 1973 où chaque Etat légiférait indépendamment sur ce sujet. Environ la moitié des Etats américains pourrait alors restreindre considérablement l’accès à l’avortement.

Sans s’immiscer dans une situation qui ne concerne pas notre pays, nous pouvons simplement remarquer que le débat autour de l’avortement est toujours présent de l’autre côté de l’Atlantique. Alors qu’en France, celui-ci ne porte que sur l’extension de l’avortement, et non pas sur l’acte en soi : dès que l’on questionne la valeur de cet acte, des hordes d’ayatollahs pour qui la liberté d’expression n’est plus qu’un vain mot s’attaquent violemment à celui qui a osé émettre une interrogation.

Au-delà de la question centrale du respect de la vie depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle, l’avortement est un sujet de société qui a des conséquences importantes sur la vie du pays. Ainsi en France l’indice de fécondité est passé en-dessous du seuil de remplacement depuis 1975. Il y a eu en 2020 un avortement pour un peu plus de trois naissances. Cette faible natalité complique la question déjà assez complexe du financement des retraites, à laquelle aucun des gouvernements qui se sont succédés n’a trouvé de solution. La démographie est aussi un élément incontournable pour avoir un poids international et garder notre rang de puissance économique.

Certains, pour qui la seule fin de la société est la prospérité économique, voient dans l’immigration de masse la solution à cette faible natalité. Mais en plus de traiter l’être humain comme une simple variable, l’immigration de masse est destructrice pour les pays d’accueil comme pour les pays d’origine. Devant l’échec de l’intégration et de l’assimilation, cette « solution » ne peut plus être sérieusement considérée : être Français ne consiste pas à payer ses impôts, c’est avant tout être légataire d’un héritage qui s’impose à nous et que nous nous devons de respecter et transmettre. D’autant plus que l’immigration est utilisée par des ennemis de la France pour mener à bien la troisième vague d’expansion musulmane après celle des VIIe et VIIIe siècles et celle de l’Empire ottoman. Si la déclaration de Boumediene « le ventre de nos femmes nous donnera la victoire » n’est pas attestée, elle résume bien celle d’Erdogan à la diaspora turque le 17 mars 2017 : « J’en appelle à mes frères et sœurs en Europe. Ne faites pas trois, mais cinq enfants, car vous êtes l’avenir de l’Europe » [2].

Favoriser la natalité des Français est donc vital. Cela passe bien sûr par des avantages financiers importants pour les familles et liés au nombre d’enfants, mais aussi par une revalorisation du mariage, fondement de la famille. De plus, il faut faire de la baisse des plus de 200 000 avortements annuels un objectif de santé publique. L’avis des Français sur cette question semble assez tranché. Selon un sondage Ifop de 2020 [3], 73% pensent que « la société devrait davantage aider les femmes à éviter le recours à l’Interruption Volontaire de Grossesse », et 84% sont favorables à « réintroduire dans le livret officiel d’informations remis aux femmes enceintes qui consultent en vue d’une IVG le détail des aides aux femmes enceintes et aux jeunes mères », comme cela était fait jusqu’en 2001.

Mais ces mesures de support à la natalité, si elles sont nécessaires, ne seront pas suffisantes. Le modèle capitaliste, consumériste et individualiste qui règne aujourd’hui, conduit à voir l’enfant comme un objet de désir d’abord vu sous un angle budgétaire : simple produit parmi d’autres, au coût relativement élevé. Il faut absolument reconsidérer l’enfant comme le fruit naturel de l’amour humain et comme un acteur indispensable de la chaîne de transmission entre les générations passées et les générations futures.

La réduction du nombre d’avortements comporte ainsi un double enjeu : enjeu démographique  pour pouvoir continuer à exister, mais aussi enjeu de civilisation, car c’est à la façon dont les plus faibles et les plus fragiles sont traités qu’on reconnaît le degré d’humanité d’un peuple. Même les révolutionnaires sanguinaires de la Terreur qui guillotinaient à tout va, lorsqu’ils avaient un doute sur une possible grossesse, annulaient la condamnation de la mère pour ne pas tuer la vie naissante. 

C’est dire à quel point nous sommes tombés.

[1] « Supreme Court has voted to overturn abortion rights, draft opinion shows», Politico, le 05/08/2022

[2] «Three children not enough, have five: Erdoğan to Turks in EU», Hürriyet, le 17/03/2017

[3] « Les Français et l’IVG », sondage Ifop du 07/10/2020

Par Jean-Frédéric Poisson, Président de Via le 19 mai 2022