La France a-t-elle encore une marge de manœuvre face au totalitarisme européen ? Lorsque Emmanuel Macron accourt au devant des souhaits émis par la commissaire européenne Ursula von der Leyen concernant l’injection de soi-disant réfugiés dans nos campagne, on peut en douter.
En fils spirituel zélé de Giscard et de Mitterrand, tous deux fervents partisans du oui au référendum du 20 septembre 1992, Macron pousse jusqu’au bout la trahison de Maastricht. Et fait apparaitre la machination politique vendue à grands coups de sirop de rêve et de mensonges éhontés.
Il suffit pour s’en convaincre de réécouter les avocats du referendum, rois du culot et de l’esbrouffe gratuite. Un hold-up réalisé par la quasi-totalité de la classe politique. Exceptées la gauche de Chevènement et une partie de la droite rassemblant Pasqua, Villiers et Le Pen, tout le personnel politique s’est mobilisé pour le oui au referendum : Giscard, Barre, Chirac, Delors, Fabius, Balladur, Jospin ont hurlé avec les zélateurs de l’Europe de Maastricht, offrant ainsi à Mitterrand son bâton de maréchal. Les grands médias, à une ou deux exceptions près, sont unanimes. Tous chantent les louanges des temps qui viennent et plaident pour le oui. Tous volent au secours de la victoire tant l’avance du oui est large dans les sondages. Les chaines et les radios d’état s’en donnent à cœur joie.
Une fois de plus, Jean-Marie Le Pen a perçu la gravité de l’enjeu. Le dimanche 6 septembre, à Reims, il a mobilisé ses troupes et tenté de réveiller chez les Français les qualités qui ont fait leur histoire. Il a évoqué les grandes pages de l’histoire d’une nation menacée : les rois, Vercingétorix, Saint Louis, Jeanne d'Arc, les " poilus " de Verdun... Le traité de Maastricht proposé aux votes des Français est " honteux, illégitime, illégal, irrégulier ", plaide-t-il. Ceux qui le soutiennent basculent dans une " forfaiture " en livrant ainsi " notre drapeau à une synarchie anonyme ". " Levez-vous, lance Le Pen, pour bouter hors les complices de la trahison ! "
Mais les médias de masse ironisent et attaquent avec violence. Comme toujours, il y a d’un côté le bien, de l’autre le mal. D’un côté la générosité, de l’autre l’égoïsme. D’un côté l’avenir, de l’autre le passé. D’un côté les gentils ouverts, de l’autre les méchants refermés. La communication politique des puissants avance en rouleau compresseur avec ses gros sabots. Si gros que, lorsque le champion du oui, Mitterrand, retrouve le 3 septembre 1992 l’autre champion du non, Seguin, dans un duel télévisé déterminant sous la houlette du journaliste Guillaume Durand, l’avance des partisans du oui a fondu au soleil.
Alors Mitterrand se surpasse là où il est le meilleur, dans le mensonge. Seguin attaque sur les vrais enjeux : « Je suis venu parler de risque démocratique », lance-t-il. Il évoque « l’évolution vers le fédéralisme » et veut expliquer pourquoi il est « si attaché à la souveraineté nationale ». Mitterrand l’interrompt : « Moi aussi, moi aussi ! ». Mensonge. Seguin cite De Gaulle : « Pour moi, la démocratie est inséparable de la souveraineté nationale ». Mitterrand plaisante, badine sur l’alternance gauche-droite. Et ment : « Nos institutions nationales sont entièrement respectées : gouvernement, parlement, corps intermédiaire (… )». Sauf qu’elles ont transféré à l’Europe une large partie de leur pouvoir. Et d’insister : « La France ne va pas se soumettre à une domination étrangère comme si on avait perdu une guerre », et il vante aussitôt « une diplomatie commune », comme si la diplomatie n’était pas un attribut de la souveraineté française. Mensonge, encore. « Les jeunes vivront dans une communauté tout en préservant leur patrie, celle qu’ils aiment avant toute chose, sauf qu’ils en auront conquis une deuxième, l’Europe, notre Europe ! », ajoute-t-il. Deux patries ? Énorme mensonge. Impressionné par un Mitterrand en fin de vie, Seguin lui donne sans cesse du « Monsieur le président » qui déséquilibre cette lutte vitale pour la France.
Le 20 septembre 92, le oui l’emporte… de justesse, avec 51,04 % des voix. Près de vingt ans plus tard, le 24 janvier 2011, Jacques Attali, conseiller de Mitterrand très impliqué dans la campagne pro-Maastricht, se frotte les mains lors d’une intervention à l'Université participative organisée par Ségolène Royal sur le thème "La crise de l'euro". « On a soigneusement oublié d’écrire l’article qui permettait de sortir (du traité), explique-t-il, ravi de son coup. Ce n’était pas très démocratique… », mais idéal pour « nous forcer à avancer ».
Depuis l’origine, même avant la gifle de 2005, l’Europe déploie ainsi avec la démocratie les rapports charmants d’un violeur avec sa victime. La France n'a pas perdu une guerre, elle a tout de même perdu cette bataille. Provisoirement...
Par Marc Baudriller le 20 septembre 2022