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lundi 22 mai 2023

Immigration: la droite découvre la lune!

 

Bonne nouvelle: les Républicains découvrent la lune. Ils admettent, sans fard, la réalité du « chaos migratoire » et ses liens avec l’insécurité et la partition de la nation. Dans le JDD, hier, Eric Ciotti, Olivier Marleix et Bruno Retailleau ont fait connaître leurs propositions « pour mettre un coup d’arrêt à l’immigration de masse ». 
Lundi dernier, dans Le Figaro, l’ancien premier ministre Manuel Valls déclarait: « Nous devons appuyer sur le bouton « stop » pour remettre à plat et arrêter l’immigration sans but ». Tous reconnaissent l’urgence de revenir au principe de l’assimilation. Si les LR se gardent de supprimer totalement le droit du sol et le regroupement familial – ces machines à produire des Français de papier -, ils assument néanmoins leur volonté de rétablir la souveraineté du législateur français face à la prépondérance du droit européen. Mais reste la question: pourquoi ces politiques ont-ils mis quarante ans à admettre la gravité des conséquences d’une immigration de peuplement impensée ? Pourquoi la droite a-t-elle accepté de réciter, derrière Jacques Chirac: « L’immigration est une chance pour la France » ? Pourquoi a-t-elle cautionné Nicolas Sarkozy dans ses odes à la diversité et au métissage obligé ? Depuis les années 90, votre serviteur n’a cessé d’alerter sur la lâcheté des décideurs, en essuyant les infamies des « antiracistes ». Valls le reconnaît d’ailleurs: « Le camp républicain est tétanisé par l’extrême droite depuis des décennies ». Les LR seraient-ils devenus audacieux ? À voir…
Ce n’est pas tant l’ampleur de l’immigration qui affole la droite que l’envolée du RN et la bonne tenue de Reconquête, qui posent sur ce sujet un regard sans tabous. Demeure, chez LR, une réticence à tenir un langage « populiste », qui réponde à la vulnérabilité identitaire d’une partie majoritaire de la société. Le Grand remplacement, cette perspective démographique et civilisationnelle qui s’observe déjà en certains lieux, est une constatation que les LR récusent. Ils réclament des quotas, qui seraient d’autres entrées. En réalité, une réticence idéologique les empêche de stopper une immigration devenue faiseuse de troubles.
La droite n’a évidemment pas protesté contre l’annulation par Gérald  Darmanin, dimanche, d’un hommage qui devait être rendu pas l’association Iliade à l’historien Dominique Venner, suicidé il y a dix ans au cœur de Notre Dame de Paris, à la manière de Caton. Voici ce qu’écrivait l’indésirable (1) : « Je m’insurge contre ce qui me nie. Je m’insurge contre l’invasion programmée de nos villes et de nos pays, je m’insurge contre la négation de la mémoire française et européenne. Je dois à celle-ci des exemples de tenue, de vaillance et de raffinement venus du plus lointain passé, celui d’Hector et d’Andromaque, d’Ulysse et de PénélopeMenacé comme tous mes frères européens de périr spirituellement et historiquement, cette mémoire est mon bien le plus précieux. Celui sur lequel s’appuyer pour renaître ». Ce courage de vieux Romain, qui le partage aujourd’hui ?
(1) Un samouraï d’Occident, La Nouvelle Librairie
Par Ivan Rioufol le 22 mai 2023

samedi 4 février 2023

Guerre d’Irak : il y a vingt ans, les terribles mensonges du gouvernement américain



C’était le 5 février 2003. Devant le Conseil de sécurité des Nations unies, le secrétaire d’État américain  brandissait une petite fiole censée contenir de l’anthrax afin d’accuser le régime irakien de Saddam Hussein de développer des armes bactériologiques et de détenir des armes de destruction massive. À cette accusation s’ajoutait celle de soutenir le terrorisme et d’avoir des liens avec Al-Qaïda. Une source l’avait certifié aux services de renseignement américain, affirmait le secrétaire d’État : Saddam et Ben Laden avaient passé un accord. Il ne fallait donc pas en douter, l’Irak faisait peser sur le monde une très grave menace.

Nous étions moins de deux après les attentats du World Trade Center, un séisme qui avait dévoilé la vulnérabilité de l’« hyperpuissance » américaine. Après l’effondrement de son rival soviétique, l’Empire croyait pourtant ne plus avoir d’adversaire à sa démesure. Le géant, qui avait baissé la garde, redécouvrait brutalement que le monde n’avait pas cessé d’être dangereux. Portée par un messianisme qui lui donnait la certitude d’agir au nom du Bien, l’Amérique casquée de George W. Bush sonnait alors le tocsin et se préparait à partir à la recherche de ses ennemis qu’elle n‘avait pas vu venir jusqu’à elle.

Son poing vengeur allait s’abattre, dans un premier temps, sur l’Afghanistan, mais cela ne pouvait suffire. Ce n’était que la première étape d’une croisade contre l’« axe du Mal » et ses suppôts. « Ce que nous avons trouvé en Afghanistan confirme que, loin de s'arrêter là, notre guerre contre le terrorisme ne fait que commencer », déclarait le président américain lors de son discours sur l’état de l’Union, en janvier 2002. Il désignait alors trois pays dont les régimes, affirmait-il, parrainaient le terrorisme et menaçaient l’Amérique et ses alliés avec des armes de destruction massive : la Corée du Nord, l’Iran et l’Irak.

Une triade maléfique dont le monde finirait par se libérer grâce à la détermination des États-Unis. « Certains gouvernements seront timides face à la terreur », avertissait Bush, mais il ajoutait aussitôt : « Ne vous y trompez pas : s'ils n'agissent pas, l'Amérique le fera. »

Et l’Amérique avait agi, envahissant l’Irak, le 20 mars 2003, un mois et demi après que  avait présenté ses informations « sûres et fiables » aux Nations unies. Une « guerre préventive » lancée sans l’approbation de l’ONU, mais qu’importe le droit international quand on s’engage dans la lutte du Bien contre le Mal ? La morale prime le droit. Et ce monde anarchique devait accepter d’être refaçonné par les États-Unis, si nécessaire par la force. Les néoconservateurs qui entouraient Bush en étaient certains, le changement de régime en Irak provoquerait un « effet domino » dans tout le Proche-Orient où fleurirait bientôt la démocratie dont l’Amérique était le modèle indépassable.

La grandeur de cet objectif autorisait alors quelques transgressions. Avec les règles internationales, bien sûr, mais aussi avec la vérité, puisqu’il n’y avait ni armes de destruction massive en Irak ni pacte faustien conclu entre Oussama ben Laden et Saddam Hussein. De la petite fiole de  allait alors sortir un bien mauvais génie qui se préparait à déchaîner l’apocalypse sur la Mésopotamie afin qu’adviennent les cieux nouveaux et la terre nouvelle qu’entrevoyaient les néoconservateurs dans leurs rêveries millénaristes.

« Choc et effroi » (« Shock and Awe »), c’est ainsi que le Pentagone nommait son plan de frappes aériennes massives qui devait détruire psychologiquement des Irakiens sidérés et annihiler leur volonté de combattre. Et, de fait, le 19 mars 2003, une pluie de missiles s’était abattue sur Bagdad, semant la terreur. Le lendemain, en toute illégalité, les Américains, à la tête d’une coalition de 49 pays, lançaient leur offensive qui allait dévaster le pays.

En 2013, dix ans après le déclenchement de la guerre, une revue scientifique américaine, PLOS Medecine, avait publié une étude qui évaluait à environ 500.000 le nombre de morts irakiens liés au conflit, sur une période allant du début de l’invasion, en 2003, au retrait définitif des Américains, en 2011. Ce n’était ni la paix ni la sécurité que les États-Unis avaient apportées à l’Irak et au Proche-Orient, mais le chaos et la désolation.

En 2013, également, un  repentant avait donné une interview au Nouvel Observateur. Interrogé sur sa prestation du 5 février 2003, il plaidait l’ignorance : « Ce n'était pas un mensonge délibéré de ma part. Je croyais à ce que je disais », affirmait-il. Il n’avait fait « que transmettre ce que les seize agences de renseignement [lui] disaient ».

Sa petite fiole resterait pourtant dans les mémoires comme le symbole de la manipulation et du cynisme d’une Amérique saisie par l’hybris et n’hésitant pas à user d’une terrible violence pour imposer son idéologie et favoriser ses intérêts.

À l’époque, Jacques Chirac, dans un ultime sursaut gaullien, avait su dire non. Son vibrionnant ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, avait prononcé un mémorable discours contre la guerre devant le Conseil de sécurité de l'ONU, neuf jours après celui de .

Vingt ans plus tard, alors que l’Europe s’est embrasée et qu’on annonce une Troisième Guerre mondiale, seuls résonnent le fracas des armes et les déclarations martiales. La voix de la France s’est éteinte.

Par Frédéric Lassez le 4 février 2023

Boulevard Voltaire