Affichage des articles dont le libellé est URSS. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est URSS. Afficher tous les articles

samedi 9 mars 2024

F. Roussel aime bien le symbole de la faucille et du marteau : on en parle ?



Fabien Roussel s’est rendu au Salon de l’agriculture, comme tout le monde. C’est un passage obligé de la communication politique. Il est de bon ton, dans certains cénacles de droite, de le considérer sympathique parce qu’il affirme apprécier le bon vin, la gastronomie et le bœuf. Ce qui fait s’étrangler de rage ou d’indignation certains écologistes, mais qui est un peu court pour délivrer un brevet de bienséance politique au patron du Parti communiste français.

La déambulation du chef des camarades a été suivie par les médias. Apparemment tout content de sa trouvaille, il a souvent rappelé que « notre symbole, c’est la faucille et le marteau » (CLPRESS 29/2/2024), en insistant sur le premier outil pour indiquer la proximité naturelle du parti pour la paysannerie. Il avait même déclaré au Figaro, en janvier : « Nous avons toujours défendu les travailleurs de la faucille et du marteau. »

Il semble nécessaire de rappeler à M. Roussel quel fut le sort réservé aux paysans par le système communiste lorsqu’il détenait le pouvoir. Le délicieux Lénine n’avait-il pas considéré la terrible famine de 1921-1922, qui causa environ cinq millions de morts, « socialement utile » car elle faisait disparaître la paysannerie. Avec le cynisme qui lui était propre, il en profita pour exterminer le clergé orthodoxe : « Avec tous ces gens affamés qui se nourrissent de chair humaine, avec les routes jonchées de centaines de milliers de cadavres, c’est maintenant et seulement maintenant que nous pouvons (et par conséquent devons) confisquer les biens de l’Église avec une énergie farouche, impitoyable. » Et d’ajouter, dans une lettre à Trotski : « Plus nous fusillerons de clercs, mieux ce sera » (lettre du 19 mars 1922). Alors même que l’Église orthodoxe venait en aide de façon massive aux affamés.

Une décennie plus tard, son successeur et fidèle héritier, Staline, organisa la « dékoulakisation », c'est-à-dire l’extermination des petits paysans propriétaires d’Ukraine, de Biélorussie et du centre de la Russie, du Don, de la Volga, du Kouban, du sud de l’Oural, du Kazakhstan et de la Sibérie occidentale par une famine orchestrée par les communistes à l’occasion de la collectivisation des terres. Cet « Holodomor » (extermination par la faim) fit entre cinq et huit millions de morts et peut être rapproché de la Shoah en nombre de victimes.

Ce si bel exemple fut suivi par Mao, grand héros communiste lui aussi, avec le « grand bond en avant », politique de collectivisation des terres dans les années 60 qui causa 50 millions de morts, des Khmers rouges (1975-1979), deux millions de morts, ou de la Corée du Nord, avec la famille Kim dans les années 1990, où la famine causa entre un et trois millions de morts. Les références « agricoles » du communisme sont en effet exemplaires.

M. Roussel aime bien le symbole de la faucille et du marteau. Or, ce symbole est dégoulinant du sang de plus de 100 millions de victimes depuis 1917. Il est le symbole de la nuit totalitaire qui s’est abattue sur des dizaines de millions d’êtres humains pendant des décennies et les a privé des libertés les plus fondamentales : liberté religieuse, liberté de pensée, liberté d’expression, liberté politique, liberté d’entreprendre, liberté d’éduquer ses enfants… Symbole d’un système qui se voulait une science économique et a plongé les peuples dans la ruine matérielle et morale.

Le PCF n’étant plus grand-chose dans le paysage politique français, personne n’a prêté grande attention à la venue de Fabien Roussel au Salon de l’agriculture, mais cette bonne conscience communiste a quelque chose de proprement écœurant. Tout comme le fait que, de la droite à la gauche, tout le monde semble considérer que les communistes français font partie de « l’arc républicain » alors même que les régimes communistes, dont ils furent les alliés, ont été parmi les régimes les plus criminels de notre époque ! Et le sont encore en Chine, en Corée, au Vietnam, au Laos ou à Cuba.

L’explication tient en partie à l’entrée en résistance des communistes quand l’Union soviétique fut attaquée par Hitler. Mais plus profondément, la Révolution française est le mythe fondateur de la République et, en même temps, la mère des révolutions. Lénine y faisait souvent référence. Condamner les révolutions marxistes-léninistes, c’est, d’une certaine façon, condamner notre Révolution qui ne fut pas avare de massacres et d’exterminations. 

Un tabou impensable !

Par Stéphane Buffetaut le 9 mars 2024

Boulevard Voltaire

vendredi 28 octobre 2022

Ce que dit Vladimir Poutine



Voici plus de 20 ans que Vladimir Poutine dirige la Russie, homme politique de première importance, d’ailleurs longtemps perçu dans le monde, hormis l’hystérie de ses adversaires occidentaux, comme un homme mesuré, à la rationalité froide, donc prévisible. Dès 2007, il avait clairement annoncé à Munich que son pays ne pouvait supporter éternellement les provocations occidentales. Celles-ci se sont pourtant multipliées. Or, après ce que nous avons appelé ici la riposte Russe, ont ce mis à l’accabler des pires qualificatifs : fou, malade, isolé, irresponsable, brutal, etc. Mais, qui est véritablement ce Vladimir Poutine ? Que pense-t-il ? Nous avons demandé à notre collaborateur Jean-Luc Marsat d’inventorier ses déclarations dans leur continuité et d’en dégager les lignes de force. Nous poursuivrons ce portrait dans notre prochain numéro.

S’intéresser au mode de pensée et aux processus de prise de décision d’un haut responsable quelconque (chef d’Etat ou de gouvernement, patron d’entreprise, etc.) devrait être le souci permanent non seulement de ses vis-à-vis ou concurrents, mais aussi de tout analyste ou géopoliticien qui se respecte. Les différences de culture rendent l’exercice plus délicat, même si la culture slave et orthodoxe, européenne elle aussi, n’est pas trop éloignée de ses consœurs latine et germanique. Mais le modus operandi d’un esprit slave nécessite une certaine accoutumance pour être cerné ; à titre d’exemple tiré d’un passé récent : pénétrer la pensée d’un Jean-Paul II ne s’est pas fait d’emblée… Pour connaître Vladimir Poutine, le plus simple est d’aller à la source et de se reporter aux déclarations, discours et commentaires de l’intéressé lui-même, qui s’exprime régulièrement dans des manifestations à résonance mondiale qui se tiennent chaque année : le Forum Economique International de Saint-Pétersbourg (SPIEF, selon l’acronyme anglo-américain), au printemps, et la réunion du Club International de Discussions de Valdaï, au début de l’automne. Les citations du président russe relevées ci-après sont tirées des déclarations qu’il a faites en ces deux occasions. Plutôt qu’un portrait complet (requérant un travail plus fouillé), il sera donc procédé ici par touches mettant en lumière des aspects significatifs de sa vision de la Russie, de l’Europe, et du monde. 

La Russie d'aujourd'hui et d'hier

Vladimir Poutine est parfois caricaturé en homme du passé, encore attaché aux méthodes du KGB, vivant dans la nostalgie de l’Empire russe, de la Grande Catherine, de l’URSS. Nostalgique de la grande Russie (celle de Catherine II) qu’il voudrait restaurer ? Si l’on veut. On pourrait aussi dire qu’il a conscience d’une Russie, sinon éternelle, du moins pérenne, dont la résilience et la résistance trouvent leurs racines, entre autres, dans la rudesse du climat et les âpretés de l’histoire, ainsi que dans un sens aigu du collectif et de l’appartenance nationale. Il ne s’agit pas pour lui de restaurer un ordre ancien, mais de préserver des valeurs naturelles ou nationales immuables, au besoin en faisant réapparaître une réalité enfouie ou occultée. La « grande Russie » est aussi à prendre dans un sens culturel, spirituel ou moral. Lorsqu’il lui arrive d’évoquer Catherine II, c’est le plus souvent pour vanter sa magnanimité et sa sagesse : « Au cours de ses expansions territoriales, la Russie n’a jamais rendu difficile la vie des peuples intégrés à l’Etat russe unifié. Ceci s’appliquait à la religion, aux traditions et à l’histoire. Regardez les décrets de la Grande Catherine qui a donné ses instructions en termes clairs : traiter avec respect. » (Valdaï 2021).

Il n’a pas davantage de regrets de l’URSS et du régime bolchévique (qu’il moque en lui comparant l’Occident – cf. Valdaï 2021, infra). Ce qu’il regrette, c’est que la fin de l’URSS n’ait pu être maîtrisée : son effondrement brutal a aggravé les désordres et les turbulences qui l’ont accompagné, et la Russie a eu plus de mal à les résorber. Ce souvenir nourrit dans l’esprit de Poutine la nécessité de contrôler les évolutions et d’éviter les transformations radicales. Pour finir, il voit la Russie comme « un grand pays multi-ethnique, libre et sûr, qui prend lui-même ses décisions, détermine son futur, compte sur son histoire, sa culture et ses traditions, et rejette absolument toute tentative extérieure de lui imposer de pseudo-valeurs imprégnées de déshumanisation et de dégradation morale » (Valdaï 2021).

L'indispensable souveraineté

Beaucoup d’idées sont contenues dans le mot Souveraineté, sur lequel il revient souvent. Tout d’abord la souveraineté des États, à commencer pour la Russie, mais aussi pour le reste du monde : « seuls des États souverains peuvent effectivement répondre aux défis de notre époque et aux exigences des citoyens » (Valdaï 2021). La souveraineté telle que la voit V. Poutine pour le monde d’aujourd’hui est définie par quelques critères qui sont aussi des objectifs : « le rôle d’un pays, sa souveraineté et sa place (…) sont déterminés par plusieurs facteurs-clés », plusieurs capacités : « garantir la sécurité de ses citoyens, (…) préserver l’identité nationale, et contribuer au progrès de la culture mondiale. » Et «au moins trois facteurs supplémentaires : (…) le bien-être et la prospérité des personnes, (…) la réceptivité de la société et de l’Etat face aux changements technologiques de substitution, la liberté de l’initiative entrepreneuriale » (Spief 2019). La préservation de l’identité nationale lui semble d’ailleurs une finalité fondamentale ; elle concerne la langue, la culture, mais aussi le modèle économique que s’est choisi le pays pour lui-même.

En fait de relations internationales, la souveraineté est une condition de l’équilibre et de la stabilité du système mondial. C’est dans ce cadre que pourra être dessiné un modèle de développement plus stable et plus équitable (justice et stabilité allant de pair), discuté autour de quelques points centraux : « la souveraineté, le droit inconditionnel de chaque pays de fixer sa propre voie de développement, (…) la responsabilité du développement durable universel, pas simplement le sien propre » (Spief 2019). Ipso facto, il rejette donc, au nom de la souveraineté, l’idée d’un modèle unique et mondial de développement.

Par Jean-Luc Marsat le 28 octobre 2022

Lire la suite dans le numéro 8 du nouveau conservateur

mardi 6 septembre 2022

La démocratie contre les régimes autoritaires communistes



Tribune de Dominique Bilde , député RN au Parlement européen du 02 septembre 2022

Depuis la fin de la guerre froide et la chute de l’URSS, l’OTAN poursuit une expansion à l’Est en direction de la Russie. La chronologie des adhésions se termine aujourd’hui par la Finlande et la Suède, qui sont entrées dans l’OTAN il y a quelques mois. Cela augmente la distance de frontière juxtaposée entre l’OTAN et la Russie. Deux pays manquent à l’appel et font tampons entre le bloc de l’Est et le bloc de l’Ouest, notamment la Biélorussie (Belarus). La volonté de faire partie de nos institutions a amené la Russie à déclarer la guerre contre l’Ukraine afin de garder une barrière entre elle et le monde occidental avec un pays neutre.

L’essence même de l’alliance atlantique est la lutte contre une menace à la démocratie ou bien à l’ordre international. La lutte idéologique contre le communisme est aussi l’un de ses fondements. L’avenir de cette alliance « trusté » par l’impérialisme américain se trouve entre les mains des États-Unis dont la défense de l’Europe dépend. Une extension européenne de cette alliance est à double tranchant au vu des menaces de la Russie qui se sentira directement concernée. Le rôle des Européens dans leur sécurité est primordial.

Le constat est simple. La conjoncture actuelle fait état d’une chose. L’objectif de l’OTAN est de renforcer ses positions à l’Est de l’Europe et dans les Balkans face à la menace russe. C’est pourquoi l’OTAN va réhabiliter une base aérienne en Albanie. Cette base est un lieu stratégique pour les alliés, car les risques d’instabilité dans cette zone ont augmenté depuis l’attaque de l’Ukraine. D’un point de vue géopolitique, la Russie a été reléguée du rang de partenaire à celui d’ennemi de la coalition de l’Atlantique.

À Taïwan, l’enjeu pour les États-Unis et donc par déduction pour l’OTAN est de garder une emprise territoriale par le biais de la bonne entente avec l’île de Taïwan pour continuer à appliquer un soft power dans le Pacifique. L’annexion de Taïwan par les Chinois serait regrettable pour ce peuple qui veut conserver son indépendance. Les manœuvres d’exercices sont le même procédé que les Russes pour entrer en Ukraine. La vieille technique de la condition sans retour se pratiquait déjà au 20e siècle pour déclencher une guerre.

Pour les alliés de l’OTAN, les perspectives d’actions se trouvent dans le soutien à ces pays en guerre dans la limite du possible afin de ne pas attirer les foudres de ces virulents pays autoritaires.

La situation est critique et l’enjeu de taille. L’OTAN va faire face à des problématiques importantes dans les années à venir et l’issue des situations que nous allons rencontrer dépendra de la capacité des États membres à répondre de concert aux épreuves. La réponse quand bien même serait-elle coordonnée doit se faire de manière souveraine, dans le respect des intérêts nationaux afin de ne pas tomber sous le dictat d’une puissance impériale qui nous serait nocif.  La crise énergétique qui arrivera cet hiver due aux politiques relatives au nucléaire, qui nous ont démunis de notre souveraineté énergétique ne devrait pas aider les choses. Les relations diplomatiques doivent primer sur la violence.

RN

vendredi 27 mai 2022

Holodomor 2.0

 

Par Xavier Moreau , homme d’affaires, analyste politico-stratégique installé à Moscou et fondateur du site Stratpol le 26 mai 2022 ♦ Les gouvernements kiéviens qui se sont succédé ont tenté jusqu’à aujourd’hui de justifier leur russophobie à cause de la grande famine (Holodomor) qui eut lieu dans les années 1930 en URSS. Cette accusation a pour but d’une part de faire endosser les crimes du bolchévisme à la Russie et aux Russes et d’autre part à faire croire à l’existence d’un peuple ukrainien qui aurait en commun d’avoir été « génocidé » par « l’occupant russe ». Ces deux présupposés sont totalement faux.

En 1921, lorsque les bolchéviques fondent l’Ukraine, elle n’est qu’un fantasme chez quelques intellectuels kiéviens comme Mikhaïl Grouchevski qui ont proclamé une indépendance imaginaire à Kiev en 1917. Dominés sans pitié par les Polonais jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, puis par les Autrichiens, les radicaux issus de l’ouest de l’Ukraine actuelle fournissent déjà à l’époque les plus gros bataillons mais toujours largement minoritaires dans le pays. Les habitants de l’est et du sud de l’Ukraine ne sont pas intéressés à former une république commune avec ceux de l’Ukraine du centre et de l’ouest. Fiers de leur identité ouvrière et minière, ils adhèrent au projet du camarade « Artem » (Fedor Sergeev de son vrai nom) qui forme la République de Donetsk-Krivoï Rog.

À la mort de ce dernier en 1921, les bolchéviques mettent fin à ce projet car ils veulent contrebalancer le centre et l’ouest de l’Ukraine « paysan et bourgeois » par le prolétariat ouvrier de l’industrie et des ports. Ainsi naît la République socialiste soviétique d’Ukraine, véritable prison des peuples dans laquelle Staline enfermera après la Seconde Guerre mondiale des Roumains et des Hongrois qui luttent depuis pour leur identité. Staline qui est au début des années 1920 commissaire aux nationalités, lance immédiatement l’ukrainisation forcée de ce territoire, obligeant les populations locales à parler un dialecte auquel les scientifiques soviétiques tentent laborieusement de donner une grammaire. L’ennemi de Staline est et sera toujours « le chauvinisme grand Russe ».

Cette ukrainisation forcée fait le bonheur des nationaux bolchéviques ukrainiens comme Alexander Choumski et Mykola Khvylovy. Ils sont encore célébrés aujourd’hui en Ukraine sous le prétexte qu’ils furent purgés en 1933. Ainsi l’Holodomor n’est pas un crime russe mais un crime bolchévique ordonné par le Géorgien Staline et mis en œuvre en Ukraine par un Polonais, Stanislav Kossior qui était alors le secrétaire général du Parti communiste d’Ukraine. Le bolchévisme est un soulèvement des minorités de l’empire russe contre la Russie et l’orthodoxie, il faut comprendre cela pour évaluer justement ses crimes.

Ainsi la Grande famine n’est pas un génocide car le peuple ukrainien vient à peine d’être créé par Staline, mais un populicide exercé contre les paysans en tant que classe sociale. Staline est un bolchévique fanatique qui pense que la Nouvelle politique économique mise en place en 1921 par Lénine et qui permet l’apparition d’une classe de petits paysans propriétaires est une trahison du marxisme-léninisme. Il souhaite également exporter les récoltes pour les vendre à l’étranger afin d’acheter des machines-outils qui permettront l’industrialisation à marche forcée. Les Koulaks serviront aussi de main-d’œuvre servile pour exploiter dans des conditions épouvantables les forêts russes, toujours pour l’exportation.

L’Holodomor frappe donc les paysans vivant sur le territoire de l’Ukraine actuelle, du sud de la Russie et du Kazakhstan. Les nationalistes ukrainiens de l’ouest de l’Ukraine revendiquent ce carnage pour justifier leur haine de la Russie et des Russes, alors qu’eux-mêmes n’en furent pas victimes car vivant sous la domination polonaise jusqu’en 1939. Dans les années 1920, bien avant de tuer des Russes, les bandéristes assassinaient régulièrement des fonctionnaires polonais et ils célébraient la République socialiste soviétique d’Ukraine où finit d’ailleurs par s’installer Mikhaïl Groutchevski.

Ainsi l’Holodomor ne divise pas les Russes et les Ukrainiens mais elle les rapproche. Aujourd’hui le blocus d’Odessa par la flotte russe protège les Ukrainiens d’un Holodomor 2.0. Conscients de la crise alimentaire qui approche, Bruxelles et Washington veulent s’emparer du blé ukrainien alors que la Russie et l’Inde ont gelé leurs exportations pour éviter l’inflation dans leurs propre pays. Staline a affamé son peuple mais au moins il importait des machines-outils. Zelenski est prêt au même sacrifice, mais ce sera pour acheter des armes qui de toute manière ne feront que retarder l’inéluctable chute du régime kiévien.

dimanche 8 mai 2022

Complotiste, populiste ? Non ! Démocrate et lucide ! (II)



En ce jour de commémoration de la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie, un coup d’oeil sur le rétroviseur de l’histoire est nécessaire. En 1940, une des grandes puissances mondiales dotée, paraît-il, de la meilleure armée du monde s’effondre. La France est submergée, envahie, humiliée, occupée partiellement puis entièrement, livrée à la honte de la collaboration active ou passive, mais sauvée d’abord par un homme, puis par une poignée d’hommes et de femmes qui n’acceptent pas le déshonneur et refusent la défaite. Commence alors l’épopée de la Résistance qui grossira avec le temps, lorsque “l’espoir changea de camp et le combat, d’âme” ! Malheureusement, cette citation de Victor Hugo est tirée de “L’expiation” et évoque Waterloo, non une victoire. Si l’espoir passa dans le camp allié en 1942, “le changement d’âme” chez les Français ne fut pas positif. Au lieu de l’appel d'”honneur et patrie” qui avait soulevé les premiers résistants, ce fut avec le courage et l’esprit de sacrifice qui animaient beaucoup de ceux qui les rejoignirent, le retour d’un passé coupable de la défaite et dont les acteurs croyaient s’être rachetés. 

Les communistes qui avaient trahi en 1940 formaient le premier parti en France, la gauche qui avait affaibli notre pays face à l’Allemagne avec le Front populaire, et qui, pour une large part avait collaboré était requinquée. La droite opportuniste recroquevillée sur ses intérêts se faisait discrète avec des “indépendants” et des “républicains populaires” d’inspiration démocrate-chrétienne, la tendance préférée des Américains qui s’imposerait dans les deux pays vaincus. On croyait avoir libéré la France, on avait seulement rétabli la République, ses partis, sa médiocrité, ses compromis. 

La chute reprit donc et c’est l’homme du 18 Juin qui tenta une fois de plus de l’arrêter à deux reprises, la première fois avec la création du RPF, en 1947, et la seconde en 1958 lorsqu’il dota la France d’une constitution solide.

Le gaullisme ne fut qu’une parenthèse finalement assez courte. De Gaulle n’imaginait pas la France sans la grandeur. Avec des résultats économiques portés par les “trente glorieuses” et une politique enfin volontaire et cohérente, mais aussi par une présence internationale fondée sur le siège au Conseil de Sécurité de l’ONU, la puissance nucléaire et la personnalité du Chef de l’Etat, cette vision suscitait l’adhésion de beaucoup de Français et leur faisait oublier l’abandon de l’Empire, celui qui avait permis à la France de reprendre vie après la défaite. La parenthèse se referma avec la fièvre hédoniste de 1968, la coalition des médiocres l’année suivante, et enfin la mort de Pompidou qui prolongea le gaullisme jusqu’en 1974 sous une forme plus prosaïque qui rassurait davantage les Français. 

Depuis, la France tombe : elle est en déficit budgétaire constant d’année en année, avec un Etat obèse et inefficace, une industrie en voie de disparition, un commerce extérieur en capilotade, un peuple menacé dans son identité, une insécurité grandissante, une éducation nationale à la dérive, et une place dans le monde qui se réduit à la vassalité de l’Amérique par le biais de l’Europe.

De Gaulle qui avait sauvé la France n’a dirigé le pays que durant une dizaine d’années. Macron est entré à l’Elysée dans les bagages socialistes de Hollande en 2012 et n’en sortira donc qu’au bout de quinze ans, dont dix comme président doté d’un pouvoir que le Général n’a pas connu. Certes la France n’est plus souveraine et le rayonnement international du pays n’est plus ce qu’il était, dans le monde où les Anglo-saxons l’ont humiliée, au Moyen-Orient où elle a cessé de compter, en Afrique où elle est de plus en plus rejetée, en Europe où l’Allemagne l’a distancée et où son déclin économique, ses records de dette et de déficits, la condamnent à la modestie. Par un incroyable paradoxe, un homme à qui le pays ne devait rien avant de l’élire, un homme issu du parti et des cercles socialistes est pour la première fois reconduit à la présidence par le suffrage universel, sans l’épreuve de la cohabitation. Est-ce la juste récompense d’une politique couronnée par des succès ? Non ! 

Le bilan est calamiteux : “Le vrai Etat de la France” d’Agnès Verdier Molinier en égrène les chiffres. Le tableau pourrait être présenté en deux colonnes : d’abord les résultats négatifs sur pratiquement tous les plans de l’économie à la sécurité, puis ceux que les macronistes ont brandis durant la campagne étonnamment courte et superficielle que les Français ont subie avec une incroyable passivité, le chômage masqué par la formation, la croissance dopée artificiellement par l’enflure de la dette. L’argent magique, l’argent factice de la planche à billets, l’argent du “quoiqu’il en coûte”, et ses petits cadeaux, ses chèques divers et variés distribués avec une démagogie typiquement socialiste, ont trompé beaucoup de Français, et ce qui est étonnant, beaucoup de ceux qui votaient “à droite” et semblent hypnotisés.

Un vote sociologique, faute de véritable campagne réduite à un débat trop long avant le second tour, a permis à la France des métropoles et des cités, celle aussi des retraités et des immigrés, d’écraser la France périphérique des Français actifs qui craignent le déclassement et le remplacement, le déclin et la décadence. Outre la minorité de ceux qui envisagent la mondialisation en conquérants, l’addition des peurs a créé la majorité illusoire sur laquelle s’appuiera le régime : peur des gilets jaunes, peur du covid, peur de la guerre. Ces crises ont à chaque fois fait apparaître les insuffisances du président élu, et à chaque fois, il en a tiré parti. Comment expliquer ce paradoxe ? 

Deux raisons convergent : d’une part, le soutien d’une immense majorité des médias qui appartient au noyau de la macronie, d’autre part, la faiblesse de l’opposition de droite. ( à suivre)

Par Christian Vanneste le 8 mai 2022