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samedi 2 décembre 2023

Crépol : ce sondage accablant pour Macron, Borne, Darmanin et Dupond-Moretti



Olivier Véran a été envoyé à Crépol par le pouvoir, dix jours après l'attaque sanglante du bal du village qui a coûté la vie à Thomas. Dix jours de retard qui s'ajoutent à des années d'impéritie. Pour faire oublier sa double défaillance, aussi bien dans son incapacité à maîtriser une violence endémique issue de l'immigration que dans sa tentative de minimisation des faits. Dans ce petit village de la Drôme, meurtri au sens propre, le ministre, sous les huées, a été contraint d'énoncer le constat qu'il réprouve quand c'est Éric Zemmour ou Marine Le Pen qui le fait. Comme la vaine récupération d'une indignation nationale qui le submerge.

Les Français sont cohérents et quand Véran, comme naguère Collomb, dit le réel et parle comme Zemmour ou Marine Le Pen, ils le suivent. Ainsi, selon un sondage Elabe publié, jeudi, par Les Échos, 78 % des personnes interrogées approuvent les propos du porte-parole du gouvernement, Olivier Véran. « Ce n’est ni un fait divers, ni une simple rixe en marge d’un bal de village. C’est un drame qui nous fait courir le risque d’un basculement de notre société si nous ne sommes pas à la hauteur. »

Les Français sont cohérents, mais pas dupes, et, après Crépol, comme Gabrielle Cluzel, savent bien que « la prophétie s'est déjà réalisée, que la société a basculé et qu'ils ne sont pas à la hauteur ». Toujours selon ce sondage, ils sont aussi 78 % à juger que la situation en matière de sécurité s'est dégradée, ces dernières années, en France. Et si ce n'est pas un basculement… « La progression est spectaculaire puisqu'elle atteint 10 points en un an, avec notamment une progression de 22 points chez les cadres et de 17 points parmi ceux qui se disent électeurs d'Emmanuel Macron. » Même l'électorat macroniste est contraint de voir le réel qu'il subit. D'où la nouvelle rhétorique Véran.

Mais là encore, les Français ne se laissent pas tromper par le gouvernement de la parole et de cette « plus grande fermeté » dont ils ne voient jamais la couleur. Et les chiffres deviennent vraiment inquiétants pour le pouvoir : 91 % des Français estiment que « le recul de l'autorité est un problème majeur » et 87 % pensent que la Justice est « trop laxiste ». Deux pourcentages en nette hausse. « Emmanuel Macron, comme Élisabeth Borne, Gérald Darmanin ou Éric Dupond-Moretti, le ministre de la Justice, ont beau multiplier les déclarations martiales, les Français sont loin d'estimer que les résultats sont au rendez-vous », commente Les Échos.

En matière de sécurité, de justice comme d'immigration, le roi Macron est nu et le fruit est mûr : quand une telle proportion de Français, de 75 % à 90 %, attendent un changement complet de politique, on voit mal comment un pouvoir responsable de cette situation et qui rechigne toujours à traiter les problèmes en profondeur pourrait se perpétuer longtemps. Après la majorité relative, en toute logique, devrait venir l'heure de l'alternance.

Ce sondage réalisé après Crépol enregistre un tournant : non seulement les Français n'adhèrent plus au discours que leur imposent médias dominants et gouvernement, mais ils sont une majorité à avoir pris conscience du basculement démographique et civilisationnel du pays : 54 % d'entre nous pensent que « deux peuples vivent en France, dont l’un doit fuir sans cesse les agressions d’une fraction de plus en plus violente de l’autre, un djihad du quotidien que subissent les Français »

Dans toute l'étendue du malheur français, cette prise de conscience est une bonne nouvelle.

Par Frédéric Sirgant le 2 décembre 2023

Boulevard Voltaire

mercredi 15 novembre 2023

Quand la flambée de violence contre les responsables publiques gagne l'Europe



Communiqué de Dominique Bilde, député RN au Parlement européen du 14 novembre 2023

Une balle en pleine rue, dans la capitale espagnole. L’attaque effroyable dont a été victime Alejo Vidal-Quadras, ancien dirigeant de Vox, n’est pas sans rappeler la flambée de violence contre les élus en France, par exemple au niveau local.

Dans notre pays, en effet, les chiffres sont éloquents : entre janvier et novembre 2021, pas moins de 162 parlementaires et 605 maires ou adjoints avaient subi des agressions physiques, soit une hausse de 47 % par rapport à 2020.1

Le tout pour de lourdes responsabilités et des horaires de travail à l’avenant : il n’est donc guère surprenant que les vocations ne se bousculent plus au portillon. Selon l’IFOP en 2022, « plus de la moitié (55%) des maires de France ne souhaitent pas se représenter à la fin de leur mandat ».

Face à l’hémorragie, le gouvernement a, certes, fait mine de monter au créneau, en proposant, par exemple, d’aligner la peine afférente aux atteintes aux élus sur celle prévue pour les personnels en uniforme.

Mais l’efficacité d’une telle mesure reste sujette à caution, au regard du délabrement de la justice française. « Quand un jeune met le bazar, que la gendarmerie fait son travail et que le lendemain, il est de nouveau dans la rue à vous narguer, il y a un sentiment d’impunité qui se développe », résumait sobrement le maire des Voivres, dans les Vosges - il est par ailleurs président de l’Association des Maires Ruraux de France.2

Enfin, n’est-il pas frappant que ce même phénomène gagne à présent l’Europe ? Manifestement, l’ensauvagement est un mal largement partagé...

1« Douchés par les agressions d'élus, les Français n'ont plus envie de se présenter à une élection », Le Figaro, 3 juillet 2023. https://www.lefigaro.fr/actualite-france/douches-par-les-agressions-d-elus-les-francais-n-ont-plus-envie-de-se-presenter-a-une-election-20230703#:~:text=D%C3%A8s%20janvier%202022%2C%20Le%20Figaro,explosion%20de%2047%20%25%20des%20violences%20!

2 « La violence est devenue la seule manière de s’exprimer », Le Progrès, 12 mai 2023.

RN

mercredi 24 mai 2023

Panique médiatique ? Marine Le Pen et Bardella caracolent dans les sondages…



À quoi ça sert que les autorités morales se décarcassent, si c’est pour voir Marine Le Pen continuer de caracoler dans les sondages ? À croire que la reductio ad hitlerum puisse désormais faire figure de 78 tours rayé à force d’avoir été trop longtemps passé sur un Teppaz rouillé, soit ce « théâtre », naguère dénoncé par un certain Lionel Jospin.

D’où ce sondage Viavoice selon lequel Marine Le Pen serait considérée par 33 % des Français comme « l’une des personnalités les plus compétentes de la scène politique française. » Ce qui lui vaut une deuxième place, juste derrière Édouard Philippe, qui convaincrait 44 % des sondés. Édouard qui ? Si, si, rappelez-vous. Celui qui fut le Premier ministre d’Emmanuel Macron, il y a quelques années ; lequel Macron descend au passage à seulement 27 % d’opinions positives quant à sa « compétence ».

Il est évidemment licite de se poser quelques questions sur l’insolente bonne santé sondagière du maire du Havre, tant il peut évoquer d’autres champions en matière de popularité, mais qui échouèrent immanquablement à transformer l’essai dans les urnes. Pêle-mêle, Bernard Kouchner, Nicolas Hulot ou Simone Veil. Le premier ne parvint jamais à se faire élire député. Le deuxième était plus plausible lorsque affolant d’autres courbes, celles de l’Audimat. Quant à la troisième, ayant voulu se lancer sous ses propres couleurs, lors des élections européennes de 1989. Elle pronostiquait alors, forte de ces mêmes sondages flatteurs, pouvoir réaliser un résultat à deux chiffres. Bingo ! Il fut même à trois chiffres : 8,43%. Sauf qu’il y avait une virgule après le 8, tandis que Jean-Marie Le Pen confortait ses positions d’alors, avec 11,73 % des suffrages exprimés.

Tout ça pour rappeler que la cote d’Édouard Philippe peut paraître, sans faire offense à sa personne, singulièrement décalée quant aux réalités politiques du pays. Qui d'ailleurs connaît son parti, Horizons ? Et si peu de Français connaissent la nature de son projet pour la France ; en admettant toutefois qu’il en ait un.

Bref, un sondage, à l’instar de l’hirondelle, ne suffit pas à faire le printemps. Mais des sondages qui se suivent et se répètent, ça finit malgré tout par signifier quelque chose : une dynamique, par exemple, ascendante ou descendante. À ce titre, Marine Le Pen serait plutôt dans la première de ces deux configurations, elle dont l’accession à l’Élysée serait aussi tenue pour « bonne nouvelle » par 29 % des sondés.

Une position que vient encore renforcer un autre sondage commandé par Paris Match à Ifop. Lequel ne fait que confirmer la montée en puissance de Jordan Bardella, le jeune président du Rassemblement national, dont la cote de popularité égale presque celle de Marine Le Pen.

De quoi permettre à nos confrères d’alimenter la possibilité d’éventuelles rivalités internes, sur le thème : Marine a tué le père, Jordan fera-t-il de même de sa mère ? La question peut être posée, mais ne paraît pas tout à fait d’actualité, Jordan Bardella connaissant mieux que quiconque le destin électoral réservé à ceux ayant imaginé pouvoir faire mieux que le RN, de Philippe de Villiers à Charles Millon, de Bruno Mégret à Éric Zemmour. Il n’est donc pas incongru de parier sur son intelligence politique, si ce n’est son intelligence tout court.

Ce d’autant plus que ces deux vedettes, à en croire Ifop, seraient plus complémentaires qu’antagonistes. Car si Marine Le Pen, avec 36 % d’opinions favorables, devance Jordan Bardella (31 %), dans l’ensemble de la population tout en faisant jeu égal (29 %) chez l’électorat mélenchoniste, ce dernier prend l’avantage chez les électeurs socialistes (33 % contre 27 %), écologistes (30 % contre 24 %) et zemmouristes (68 % contre 29 %). En revanche, la tendance s’inverse chez le traditionnel électorat lepéniste : 68 % pour l’une et 29 % pour l’autre.

Pareillement, si Marine Le Pen enregistre ses plus hauts taux de confiance dans les catégories populaires (44 % contre 24 %), Jordan Bardella réussit une percée chez les diplômés de l’enseignement supérieur, catégorie jusque-là rétive au RN : 39 % contre 28 %. Bref, des jeunes aux vieux, des riches aux pauvres, à droite comme à gauche, la tenaille n’en finit plus de se refermer.

Par Nicolas Gauthier le 24 mai 2023

Boulevard Voltaire


mardi 25 avril 2023

26% de confiance: signe d’un profond malaise


Les sondages de popularité montrent un niveau de défiance record pour le chef de l’Etat: 26% de satisfaits. Un quart des Français lui font confiance. Les politiques du système et la plupart des commentateurs, dans leur ensemble, ne s’en inquiètent pas. Ils se disent que l’impopularité présidentielle est le signe d’un président réformiste qui bouscule les habitudes pour le bien du pays. Certains s’en félicitent même, y trouvent une bonne raison pour donner du menton. 

Ce sont des imbéciles. En vérité, le président de la République a pour mission d’incarner le pays le temps de son mandat. En cela un président détesté est le signe d’un malaise, celui d’une Nation humiliée qui souffre. La situation n’a rien à voir avec celle d’un ministre ou Premier ministre qui lui, individuellement, à la droit d’être temporairement impopulaire. La vérité, c’est que les trois quarts des Français voient nettement plus juste que les dirigeants politiques et les milieux influents. Ils pressentent qu’on leur a beaucoup menti sur les emblématiques 64 ans, inutiles et injustes. 

Ils perçoivent de cet épisode le mépris de leur représentants politiques et de la plupart des influenceurs du système envers le peuple. Et ils ont absolument raison. Alors évidemment, l’extrême impopularité présidentielle, n’est pas nouvelle. Mais dès lors qu’elle atteint un tel niveau, elle pose à l’évidence une question de fond: celle d’une institution présidentielle conçue pour le prestige mais devenue aux yeux du pays, un symbole de narcissisme, de gesticulation stérile, de mépris du peuple, de corruption, de cynisme et de courtisanerie. 

Aux experts qui me diront: ce sont les institutions de la Ve qui sont solides et permettent de gouverner, je répondrais: telles qu’elles sont devenues, elles permettent plutôt de cracher sur le peuple et de saccager le pays en toute impunité. Promesse solennelle: jamais le le créateur de la Ve République ne serait resté à l’Elysée en étant détesté par son pays. Il aurait posé la question de confiance au peuple, puis le cas échéant, aurait démissionné sans le moindre état d’âme. 

D’ailleurs, il l’a fait pour beaucoup moins que cela.

Par Maxime Tandonnet le 24 avril 2023

Le blog de Maxime Tandonnet


mercredi 14 décembre 2022

RN : le sondage qui effraie le « camp du Bien »



Quarante pour cent des Français estiment que le Rassemblement National (RN) a « la capacité de participer à un gouvernement », un niveau jamais atteint, selon le baromètre annuel de l'image du RN réalisé par Kantar Public-Epoka pour France Info et Le Monde, dévoilé mardi 13 décembre. Un coup de tonnerre réel ou des émanations d’un système jouant à se faire peur et à faire peur à l’opinion ? « On a bien la confirmation de l’émergence d’une force d’alternance », se félicite Jérome Sainte-Marie. Le sondeur, proche conseiller du RN et instigateur principal de l’école des cadres du RN voulue par le président du parti Jordan Bardella, ne cache pas sa satisfaction. Car, en plus de reconnaître l’incontestable et régulier progrès du parti à la flamme, ce sondage démontre que « "l’échec" de la présidentielle et des élections législatives d’avril et juin dernier n’a pas été ressenti comme tel ». « Évidemment, multiplier son nombre de députés par dix, c’est un échec encourageant » ironise Sainte-Marie.

Plafond de verre repoussé mais pas encore brisé ?

C’est un autre motif de satisfaction pour le RN. La proportion des Français qui considèrent que le RN représente « un danger pour la démocratie » poursuit sa baisse amorcée depuis cinq ans : 46 % en décembre 2022, contre 58 % en février 2017. Plus de quatre Français sur dix considèrent également que le Rassemblement National s'est « modéré » ces dernières années, et notamment par rapport au Front National. Un jugement que les accusations de Gerald Darmanin à l’encontre de Marine Le Pen l’accusant de mollesse et l’émergence du phénomène Zemmour auront sans doute concouru à cet adoucissement. « Bien davantage que ses chats », ironise un fidèle du Z. En tout cas, il suffit de voir les autres sondages pour trouver un début d’explication au succès du RN. Ainsi, le 6 décembre, sondage paraissait un sondage de l’Institut CSA pour CNews, et révélait que 7 Français sur 10 (70 %) jugent que la France doit durcir sa politique d’immigration. Donc quasi un électeur sur deux de gauche.

Le ripolinage à l’extérieur, le jeu de l’Hémicycle à l’intérieur

Il faut le dire. Les 89 députés du RN étaient scrutés, épiés, moqués. Tout était compté jusqu’à la cravate. Pourtant, si l’on excepte l’affaire Fournas qui s’est bien vite révélée comme une pantalonnade bruyante de la NUPES, le RN propose un visage lisse, soigneux, une image de bon élève bosseur. Assidus dans l’Hémicycle et dirigés, presque couvés, par une Marine Le Pen pas émoussée qui, de l’aveu même de ses proches, prend très au sérieux son travail de parlementaire. Un job qui aura l’avantage d’une part d’achever l’institutionnalisation du parti, mais qui a aussi pour objectif de faire taire définitivement les accusations d’amateurisme.

Ses adversaires pris au piège

C’est une donnée du fameux sondage qui ne manquera pas de faire sourire les stratèges du groupe RN à l’Assemblée nationale : « 56 % des sympathisants de la NUPES considèrent que les députés de la coalition devraient voter avec ceux du RN s'ils présentent un texte avec lequel ils sont d'accord », nous apprend France Info. Comme en écho à la proposition de loi de la députée insoumise Caroline Fiat souhaitant réintégrer les soignants non vaccinés, reprise par le RN puis abandonnée par la NUPES pour ne pas donner l’impression de faire le fameux jeu de l’extrême droite. Une position aux antipodes de celle du groupe de Marine Le Pen qui assume de voter pour tous les textes présentés qui seraient dans le sens de l’intérêt général sans discrimination de groupe. « J’ai personnellement voté plusieurs textes de députés insoumis sans me boucher le nez », nous confie le député des Bouches-du-Rhône Emmanuel Taché de La Pagerie. Au fond, le RN applique la ligne de conduite que les sympathisants de la NUPES voudraient faire accepter à cette dernière. « Pour autant, est-ce que ce sondage annonce une défaite ou une victoire de Marine Le Pen dans quatre ans ? Bien évidemment que non », tempère le sondeur Sainte-Marie. Disons que les étoiles s’alignent.

Par Marc Eynaud le 14 décembre 2022

Boulevard Voltaire

samedi 17 septembre 2022

Sobriété: couper le wifi, pipi dans la douche, doudoune... Comment les Français se préparent à passer l’hiver



Débrancher le Wi-Fi, vivre en doudoune à la maison, faire pipi sous la douche… Jusqu’où les Français sont-ils prêts à aller pour participer à l’effort national? «Nous sommes en guerre!», a lancé, martial, Emmanuel Macron la semaine dernière, après avoir décrété «la fin de l’abondance»Alors que le chef de l’État a appelé ses concitoyens à «être au rendez-vous de la sobriété» pour éloigner le spectre des rationnements en gaz et électricité cet hiver, vont-ils accepter de «tous se bouger» dans «l’objectif de baisser de 10 % notre consommation» ?

Si elle se révèle disposée à adopter certains changements de comportement, la population est «en attente d’une forme d’exemplarité et d’informativité», indique une étude Ifop pour Teneo et Impact France sur «Les Français et la sobriété environnementale». Un citoyen sur deux serait prêt à adapter son alimentation ou à améliorer l’isolation de son logement, mais 89 % «attendent que leurs dirigeants montrent l’exemple», assure ce sondage réalisé fin aoûtQui précise aussi que «plus de 11 % des personnes interrogées déclarent ne pas savoir précisément à quoi renvoie la “sobriété”»…

Selon une autre enquête, publiée en juillet par l’institut Elabe pour Les Échos, Radio Classique et l’Institut Montaigne, 63 % des sondés accepteraient de réduire leur consommation d’énergie. En commençant par de petits gestes simples: privilégier le programme «éco» de son lave-linge est le plus cité (82 %), juste devant le changement des ampoules classiques pour des LED. Viennent ensuite le débranchement systématique des appareils en veille, la baisse du chauffage du domicile, la diminution de la température de l’eau pour les douches. Même si «toutes les catégories de population» envisagent des efforts, les cadres et professions intermédiaires semblent plus déterminés que les catégories populaires, les moins de 50 ans plus que les seniors, les urbains plus que les ruraux, et les Français aisés bien évidemment plus que ceux qui doivent déjà se restreindre pour boucler leurs fins de mois. Là encore, «90 % le feraient sous au moins une condition», la première étant que l’effort soit collectif.

«J’en ai assez de passer devant toutes ces vitrines allumées la nuit, de voir ces clients siroter leur café en terrasse sous un chauffage d’appoint ou de devoir enfiler un gilet au rayon frais des grandes surfaces !, peste Virginie, quadragénaire parisienne. Et cet hiver, alors qu’on surveillera nos radiateurs, les footballeurs joueront au Qatar dans des stades climatisés à ciel ouvert? Pendant ce temps-là, moi je m’escrime à apprendre à mes enfants à éteindre la lumière en sortant de leur chambre…» Épinglé par BFMTV, le ministère de la Transition écologique, dont les bureaux restent éclairés la nuit, a promis des «travaux achevés en octobre».

Autre séquence qui avait choqué, en juillet, les voitures à l’arrêt des ministres, moteur et clim allumés dans la cour de l’Élysée. «Mais qu’ils aillent se faire f… avec leurs “petits gestes”!, s’emporte Gérard, retraité dans le Calvados. Ils sont complètement déconnectés, au gouvernement, à nous seriner de baisser la clim: je ne connais personne qui a la clim chez lui. Regardez! Pour réparer certaines de mes vitres fêlées, j’ai mis du scotch épais. Ma préoccupation aujourd’hui, c’est comment je vais arriver à me chauffer cet hiver. Le président, il nous dit qu’il faut mettre 19 degrés ; je serai déjà content d’y arriver dans toutes les pièces! Et si ça se trouve, il y aura le Covid et on nous dira d’ouvrir les fenêtres…»

Après le premier choc pétrolier de 1973, le président Pompidou avait lui aussi fait appel à «l’esprit d’économie du peuple français». Pour faire la «chasse au gaspi», il était alors demandé d’éteindre les vitrines la nuit, limiter la température de chauffage des locaux, et réduire la vitesse sur les routes… «À l’époque, cela avait été un choc énorme, mais les gens avaient compris, rappelle Maxime Maury, membre du Centre d’étude et de prospective stratégique (CEPS). La question essentielle est celle de l’éducation. Si on demande des sacrifices à la population et que les dirigeants ne sont pas exemplaires, on risque une nouvelle crise de “gilets jaunes”.»

Quant aux mesures à prendre pour économiser l’énergie, «on peut piocher dans celles qui ont été énoncées par la convention citoyenne pour le climat, en 2020». «Le comportement des particuliers peut résoudre un tiers de la crise énergétique et climatique» estime ce professeur affilié à la Toulouse Business School, qui, lui, est prêt à changer radicalement son mode de vie: «Privilégier le train, réduire sa vitesse en voiture, manger local et de saison, diminuer sa consommation de viande, et même baisser le chauffage de trois degrés l’hiver en s’habillant davantage.»

Sa vidéo a fait «14 millions de vues», il croule sous les demandes d’installation et il vient de recevoir «un appel du ministère de l’Économie» : plombier en Seine-et-Marne, Sidi Drici a inventé un astucieux système de récupération d’eau de douche pour alimenter les WC. «Une chasse d’eau tirée, c’est en moyenne 9 litres, explique-t-il. On consomme plus d’eau pour les toilettes que pour la douche. Comment est-ce possible de gâcher toute cette eau potable?»

Autre astuce aussi simple qu’efficace: «J’ai réglé mon ballon d’eau chaude exactement à la température à laquelle je prends ma douche, affirme-t-il. Il n’y a aucune utilité à chauffer plus que 40 °C ; au-delà ça brûle!» Dans le Limousin, Véronique, qui vit seule, a déjà prévu de se replier, cet hiver, dans une petite partie de sa ferme, autour du poêle à bois de sa cuisine. En attendant, dans son évier, une bassine recueille l’eau lorsqu’elle se lave les mains. Dans sa douche, une autre récupère «l’eau froide qui coule avant qu’elle soit à bonne température» «Pour éviter d’allumer la lumière lorsque c’est juste pour chercher un objet dans une pièce» cette veuve septuagénaire se déplace toujours avec son portable, qu’elle utilise comme lampe de poche. Un peu anxieuse «de tout ce qu’on entend sur la hausse des prix» elle envisage même, «pour partager les factures» de s’installer avec une amie, «un mois chez l’une, un mois chez l’autre»

Si Daniel Sauvaitre, viticulteur et arboriculteur en Charente, arrive à faire des économies d’énergie cet hiver, «ce ne sera pas très glorieux, car pas de mon fait», soupire-t-il. «Malheureusement, je vais produire moins car la sécheresse et la canicule ont réduit mes récoltes, déplore le secrétaire général d’Interfel, l’interprofession des fruits et légumes frais. Pour les pommes, on les répartit dans de grandes chambres froides, à environ 1 °C. Comme l’année est précoce, il faudra plus d’énergie que si on récoltait plus tard. J’ai travaillé toute l’année pour produire ces fruits: je ne vais pas renoncer pour faire des économies! Mais certains de mes collègues sont dans des situations dramatiques: ceux, qui actuellement en fin de contrat d’électricité, doivent en signer de nouveaux à 800 euros du mégawatt se demandent s’ils vont cueillir leurs pommes, puisqu’ils ne pourront plus payer les chambres froides…»

Dans sa résidence de standing de l’ouest parisien, Charlotte n’a pas ces tourments. Mais elle «veille au grain plus que jamais», répétant à ses enfants que «c’est pas Versailles ici! On fait déjà notre compost, mais j’ai suggéré à nos copropriétaires que l’on crée un potager dans notre parc, raconte-t-elle. Je viens d’acheter un vélo électrique: ainsi je vais moins au supermarché, et cela profite au fromager ou au fleuriste du quartier…» Au bureau, alors que tout le monde ou presque a déjà son mug, ce sont les couverts réutilisables que l’on va désormais sortir de son sac. « De plus en plus d’entreprises nous en commandent pour équiper leurs collaborateurs, des écoles pour leurs étudiants, indique Alice Abeille, cocréatrice de Bini, un ingénieux kit en biocomposite. On est en train de réfléchir à toute une gamme qui nous permettra, demain, d’aller remplir nos contenants dans des restaurants de plats à emporter. Car l’énergie dépensée ce n’est pas seulement celle utilisée dans notre maison, par notre voiture: tout ce que nous consommons représente une émission de CO2. Alors pour réduire nos consommations d’énergie, réutilisons!»

En réunion de copropriété, les prochains débats promettent d’être «un peu chauds» entre ceux qui voudront faire la chasse au gaspi et ceux qui tiennent à leur confort. «Chez nous, les 19 °C, ça va être impossible!, s’exclame Louis, président du conseil syndical d’un immeuble parisien. Nous sommes 275 copropriétaires, la moitié exposée à l’Est, l’autre moitié à l’Ouest. Quand la température sur le toit est inférieure à 14 °C, ça déclenche le chauffage. Des voisins m’ont demandé de faire des économies, mais il faut penser aux personnes âgées ou aux familles avec enfants! Pour les fenêtres, la moitié des copropriétaires sont passés au double vitrage, mais on ne peut pas les y obliger… Lors des assemblées générales, les jeunes votent souvent contre les travaux, tout simplement parce qu’ils sont trop justes financièrement, après s’être endettés pour acheter.»

Par Stéphane Kovacs le 16 septembre 2022

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