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dimanche 8 octobre 2023

Criminalité : faut-il avoir recours à l’armée ?



Longtemps présenté par nos dirigeants comme une voie à suivre, le modèle social scandinave, avec sa forte cohésion sociale, son faible taux de chômage et sa bonne qualité de vie, semble, notamment en Suède, se ternir passablement. En effet, ce royaume de onze millions d’habitants, qui vit un des maréchaux de Napoléon, Jean-Baptiste Jules Bernadotte, monter sur le trône le 11 mai 1818, est en proie, depuis plusieurs années, à une montée de la criminalité sans précédent. En cause, une guerre farouche, guidée depuis l’étranger, entre gangs spécialisés dans le trafic de stupéfiants qui a fait, rien que pour le mois de septembre dernier, une douzaine de morts.

Face à cette flambée inédite de la violence, mettant en cause notamment la politique migratoire instaurée dans le pays, le Premier ministre Ulf Kristerson a annoncé qu’il envisageait d’associer les forces armées suédoises à la lutte contre les bandes criminelles organisées. Une telle annonce n’a évidemment pas manqué de faire réagir le personnel politique français, en particulier ceux qui, depuis longtemps déjà, demandent à ce que nos militaires soient eux aussi engagés aux côtés de nos forces de l’ordre.

Souvent présenté comme la panacée pour résoudre les graves problèmes de délinquance que connaît la France, l’engagement de l’armée serait-il vraiment le remède miracle ? Il y a de fortes raisons d’en douter.

Des forces de police suffisantes

En préalable, il convient de rappeler que dans le cadre de l’opération Sentinelle, mise en place à la suite des attentats de 2015, l’institution militaire a été largement sollicitée afin de contribuer à la lutte antiterroriste et au maintien de la paix publique. Toujours placés sous la direction opérationnelle de l’autorité civile, nos militaires ont ainsi déjà largement contribué, aux côtés des policiers et des gendarmes, à la mission de sécurité nationale.

Pour autant, et même si des signes forts de dégradation de la sécurité apparaissent ici ou là sur le territoire national – rappelons les 45 morts et 100 blessés dus aux règlements de comptes marseillais -, forces de police et de gendarmerie restent tout à fait capables de faire face à la situation. Représentant, à elles deux, près de 250.000 militaires et fonctionnaires de police, auxquels on peut ajouter près de 25.000 policiers municipaux, notre pays dispose, à n’en pas douter, des ressources humaines hautement qualifiées et spécialisées pour lutter valablement et efficacement contre les gangs et les délinquants de tous poils qui pourrissent la vie des Français.

Ne pas oublier la question pénale

Avant toute réflexion sur le recours aux forces armées pour lutter contre la délinquance, il apparaît nettement plus judicieux de s’interroger sur notre arsenal pénal et sur la façon dont il est mis en œuvre par la Justice. De la même manière, sans doute une autre organisation de nos services de sécurité, notamment au plan strictement opérationnel et tactique, doit-elle voir le jour pour s’adapter aux nouvelles formes de délinquance et à la montée inexorable de la violence. Élaboration de plans de lutte au niveau national et local afin de tenir compte des spécificités rencontrées sur le terrain ; simplification de la procédure pénale policière ; mise en place de forces d’intervention régionales pluridisciplinaires ; occupation policière pérenne des territoires « reconquis » ; telles sont quelques-unes des pistes qui devraient être suivies « d’urgence » avant d’envisager de recourir à nos militaires.

Si, un jour, nos soldats, dont ce n’est pas la vocation, devaient être amenés à intervenir en matière de sécurité intérieure, il est évident que c’est parce que la situation serait en voie d’échapper totalement aux autorités civiles. Dès lors, c’est un autre scénario qu’il conviendrait d’envisager.

Par Olivier Damien le 8 octobre 2023

Boulevard Voltaire


samedi 4 mars 2023

La déroute africaine de la France



En déplacement jusqu’au 5 mars sur le continent africain,  tente d’y poser les nouvelles lignes d’un partenariat « rénové » afin de diversifier des relations jusque-là essentiellement tournées vers l’Afrique subsaharienne. Il est vrai que, fortement décriée au cours de ces derniers mois, notamment par la jeunesse, la politique africaine de la France n’a jamais été aussi peu lisible et compréhensible.

En 2017, à Ouagadougou, au Burkina Faso, celui qui venait d’être fraîchement élu à la tête de l’État avait déjà annoncé sa volonté de « tourner la page de la  »Il s'est répété à Libreville, le 2 mars. En d’autres termes, de mettre fin aux relations privilégiées que la France entretenait, pour le meilleur et parfois pour le pire, avec ses anciennes colonies depuis les indépendances. Six ans plus tard,  reconnaît lui-même que ce changement de politique vis-à-vis de nos anciens partenaires n’a pas « encore pleinement donné ses résultats ».

Aveuglement ou parti pris, les conséquences de cette réorientation de nos relations avec certains pays africains ont pourtant été à la une de l’actualité, au cours de ces derniers mois. Ainsi, l’éviction de la France du , lequel figurait pourtant dans notre liste des pays prioritaires en matière d’aide publique au développement (145 millions d’euros de l'APD en 2019), ou bien encore, plus récemment, notre renvoi du Burkina Faso, qui recevait cette même année, toujours au titre de l’APD [aide publique au développement, NDLR], 137 millions d’euros, prouvent bien les effets délétères de ce revirement politique majeur.

Malgré une aide au développement qui a atteint un pic en 2020, avec un budget de 12,4 milliards d’euros, dont 72 % sous forme de dons, la politique africaine lancée par  s’avère donc être un échec cuisant. Incapable d’initier une politique cohérente et forte avec les États africains, englué dans de nombreuses et coûteuses difficultés intérieures, dans l’impossibilité désormais de conduire une quelconque politique à l’international en dehors de ses « mentors » de l’Union européenne et des USA, le chef de l’État choisit de se retirer par la petite porte.

À cet effet, quelle meilleure stratégie que celle qui consiste à se poser en novateur et à proposer le passage « d’une logique d’aide à celle de l’investissement ». Ou bien encore de promouvoir une « nouvelle relation équilibrée, réciproque et responsable ». Des mots creux, parfaitement conjoncturels et, surtout, qui signent l’impuissance d’un homme face à une situation (une autre) qui lui échappe définitivement.

Sur le plan économique, les parts de marché à l’exportation de la France en Afrique ont été divisées par deux depuis 2000, passant de 11 % à 5,5 % en 2017. À noter que ce recul, en dehors de l’aéronautique, concerne tous les secteurs.

Sur le plan militaire, le président de la République annonce également une diminution des effectifs et un effort à venir dans la formation et les équipements. Là encore, signe de faiblesse, c’est tout un pan de la géopolitique et de la géostratégie françaises qui est remis en question. Incapable de résister à la pression de certaines puissances ayant mieux anticipé les événements planétaires actuels, c’est à une abdication sans conditions que nous assistons.

Ce voyage africain présidentiel, au sujet duquel six Français sur dix pensent qu’il n’améliorera en rien les relations de notre pays avec nos partenaires africains, tout comme les seize autres déplacements effectués en terre africaine depuis le début de son premier mandat, restera donc probablement sans effets notables. La France finira de perdre toute influence sur un continent auquel elle était historiquement liée, ce qui n’empêchera pas les Français de voir, sans aucune contrepartie, croître et multiplier une immigration africaine que l’on sait désormais hors de contrôle.

Par Olivier Damien, Conseiller Régional RN de Bourgogne-Franche-Comté le 4 mars 2023

Boulevard Voltaire