Affichage des articles dont le libellé est Allemagne. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Allemagne. Afficher tous les articles

lundi 18 septembre 2023

France-Allemagne, un marché de dupe



Cet état de fait ressemble, à s’y méprendre, au jeu du cocu consentant et du dupé magnifique. Devinez lequel ; il espère, uniquement pour des raisons de politique intérieure, à sauver l’apparence. Alors, on fait comme si rien ne s’était passé en ignorant les évidences du désamour de l’autre ; car divorcer reviendrait à remettre en cause les raisons mêmes pour lesquelles il existe.

Nos dirigeants, qui défendent une idée de l’Europe totalement dépassée, à un an des élections européennes, ne peuvent avouer leurs erreurs, Errare humanum est, sed perseverare diabolicum.

Et la lumière fut !

Dans le domaine de la politique de l’énergie, le divorce entre la France et l’Allemagne est consommé. L’un, la France, veut produire de l'électricité renouvelable, mais aussi (et surtout) nucléaire. Alors que l’autre, l’Allemagne, a fermé ses derniers réacteurs et demande que le soutien public concerne uniquement l'hydrogène d'origine renouvelable. Les verts allemands, recouverts de de la suie des centrales à charbon, ont imposé leur idéologie.

Les Allemands vont payer très cher leur électricité, et par ricochet, nous aussi. Cela est dû à notre soumission à la politique européenne de l’énergie dictée par les Allemands, mais aussi à la rupture d’équilibre et au décrochage tragique de la France aux plans économique, industriel et financier, par rapport à son principal partenaire et concurrent.

En France, nous avons, in extremis, échappé au pire ; le changement de pied afin de préserver l’héritage nucléaire, fruit de plus de cinquante années d’effort, on le doit, pourquoi ne pas le dire, à la guerre en Ukraine et à ses conséquences immédiates, la fermeture du robinet du gaz russe et du pétrole. Cet électrochoc salutaire, machiavélique, puisque la cause est celle d’un conflit, a soudain révélé que le nucléaire était un atout pour la France et qui fallait le conserver, voire le développer. « Que la lumière soit ! Et la lumière fut ». Alléluia !

Ah, l’Europe de la défense !

Dans le domaine de l’Europe de la défense sur fond de conflit en Ukraine, les coups de canifs se sont transformés en coup de sabre. L’Allemagne recule dans tous les domaines ou paralyse tous les projets. Le dernier en date consiste à signer dans le dos (le nôtre) un accord avec l’Italie, l’Espagne et la Suède pour développer un nouveau char de combat. Quid du MGCS ? Quant au SCAF, en dépit des affirmations de Monsieur le ministre Lecornu, l’Allemagne achètera américain comme les autres « européens », et la France, capable de construire seule le successeur du Rafale, fait semblant de croire encore à ce projet. Avec le Rafale 5 et le Neuron, le plan B est sous nos yeux. On en parlera après les élections européennes.

Après l’abandon des principaux programmes franco-allemand, Tigre, Avion de patrouille maritime, nous découvrons la réalité du jeu de nos amis allemands. Ils souhaitent casser ce qui reste de nos industries performantes afin de satisfaire son allié outre-Atlantique. Car en réalité, nous sommes en confrontation directe avec les États-Unis pour les principaux marchés, dans 4 domaines essentiels de la défense ; l’aéronautique avec le Rafale, la construction navale avec nos sous-marins et frégates, et les missiles.

Ces capacités dérangent hautement nos meilleurs amis, les États-Unis et l’Allemagne, qui souhaitent, en réalité, prendre le leadership en Europe. En réalité, la véritable guerre d’influence entre deux conceptions du monde se joue en Europe, avec l’OTAN comme joker pour les Etats-Unis.

Sans la France, l’Europe serait intégralement américaine.  L’Allemagne, qui n’a aucune politique étrangère, sauf celle de son industrie, est, avec la Pologne, le meilleur allié de l’oncle Sam. La conséquence est qu’il faut tuer les velléités d’indépendance de la France et sa volonté de construire une Europe intégrée forte, pour laquelle je ne milite pas, mais pour d’autres raisons.  Il est vrai que, comme disait Charles Pasqua, « quand on a de tels amis, on n'a pas besoin d’ennemis ».

La France sans Dassault, Safran, Thalès, Naval Group, pour ne citer que quelques-unes de ses entreprises majeures appartenant à la BITD, et ses PME performantes, se trouverait encore plus fragile qu’elle ne l’est aujourd’hui. Le combat est engagé ; il sera sans merci et dépasse celui de la simple concurrence. Les États-Unis ne veulent pas d’une Europe forte. La France, en tout cas son président actuel le souhaite, elle devra payer ou se soumettre.

Attendre les élections européennes de 2024

Sur les sujets les plus médiatisés, ceux du SCAF et du MGCS, deux programmes structurants pour l’avenir du successeur du Rafale et du char Leclerc. L’Allemagne défend uniquement son industrie, mais, surtout, fait figure de cheval de Troie de l’industrie américaine et... israélienne, laquelle est en partie américaine.

Sauf inconscience de la part de nos dirigeants ou aveuglement, je ne peux croire à une telle hypothèse, les discours seront les mêmes sur l’air de « Ah ! Ça ira, ça ira. » Qui sera pendu à la lanterne ?

En réalité, pour le président Macron, l’urgence est d’attendre le résultat en 2024 des élections européennes, en feignant de ne pas voir que la France est de plus en plus seule.

Le néant stratégique allemand se concrétise par la soumission de l’Europe aux diktats américains, ce qui est conforme aux idées de la coalition SPD, Verts et F.D.P, qui ne parlent pas de  « l'autonomie stratégique européenne » – mais qui insiste sur le fait que l'OTAN est et sera la « condition indispensable de la sécurité » de l'Allemagne. On ne peut mieux dire.

Cela ne serait pas si grave, si ce n’est que la France, avec le départ du Royaume-Uni, est désormais seule en Europe à vouloir faire barrière à la puissance allemande : laquelle est soumise. C’est l’histoire du serpent qui se mort la queue.

L’aveuglement coupable

Alors, une seule question se pose, ne serait-il pas temps de recouvrer notre capacité à choisir d’autres partenaires, dont la Grèce, l’Inde, au Moyen-Orient, certains pays de l’Est, hors la Pologne, par exemple, sans brader notre souveraineté ?

Il faudrait être aveugle pour ne pas voir que l’Europe est désormais soumise, plus que jamais, à un seul partenaire ; les États-Unis, qui mènent une seule politique, parfaitement cohérente, celle de leurs propres intérêts.

Parmi ceux qui veulent défendre l’Europe, on trouve plus que des idiots utiles des États-Unis, des complices. Les États-Unis veulent une Europe partenaire, c’est-à-dire aux ordres, pas une Europe puissance. Idée défendue par un seul dirigeant actuel. Emmanuel Macron, qui, en se couchant aux diktat européen, paradoxalement mène une politique brouillonne, contraire à l’objectif qui est le sien.

Nos choix stratégiques, qui reposent sur deux piliers essentiels – la dissuasion nucléaire et l’indépendance énergétique, grâce au nucléaire civil complétée par des énergies renouvelables –, est en danger. L’aveuglement coupable, feint ou réel, de nos dirigeants est funeste.

« Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant : "L’Europe, l’Europe, l’Europe", mais cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien... » Ainsi parlait le général de Gaulle, répondant à Michel Droit, le 14 décembre 1965, entre les deux tours de l’élection présidentielle.

L’Europe de 1965 était une garantie de paix, un projet de progrès dans le respect des Nations. Celle d’aujourd’hui, à 27, est devenue un enjeu qui échappe aux nations européennes.

Cela va sans dire, mais encore mieux en le disant !

Par Roland Pietrini le 12 septembre 202

Factuel

jeudi 9 mars 2023

Sabotage du gazoduc Nord Stream : et maintenant un « groupe pro-Ukraine ». L’avis des experts ?



L’affaire du sabotage des gazoducs Nord Stream I et II refait surface. Et cela passe par l’Allemagne. Le site de la chaîne ARD, le Südwestrundfunk et Die Zeit viennent de dévoiler qu’un « yacht loué par une entreprise qui se situe en Pologne mais appartiendrait apparemment à deux Ukrainiens » serait au centre des investigations des enquêteurs allemands. Le New York Times, de son côté, toujours bien informé, évoque un « groupe pro-ukrainien ». Pourquoi l’Allemagne enquête-t-elle, tout comme la Suède et le Danemark ? Tout simplement parce les gazoducs passent dans les zones économiques exclusives de ces trois pays. Après la piste américaine et norvégienne du journaliste d'investigation américain Seymour Hersh, nouveau rebondissement, donc. Mais faisons un petit tour en arrière.

Si, dès le lendemain de la découverte des fuites sur les gazoducs, les 26 et 27 septembre 2022, la thèse du sabotage fut vite accréditée dans un large consensus, les « experts » ayant parlé, il faut bien avouer que le traitement médiatique de cette affaire, qui pourrait d’ailleurs inspirer un magnifique James Bond, a relevé de la navigation à la godille. Dans ce grand film à la Walt Disney qui se joue en parallèle de la guerre atroce qui se déroule sur le terrain, il eût été tellement simple que le coupable soit d’emblée désigné. Et que, bien évidemment, le coupable soit russe, cela va sans dire. « Tandis que les regards se tournent vers Moscou… », écrivait La Croix, le 28 septembre. Les regards de qui au fait ?

Mais rien ne coulait vraiment de source. D’ailleurs, les Russes ouvraient une enquête pour acte de terrorisme international. Ce qui ne veut rien dire, soit dit en passant. « Les Russes sont-ils assez bêtes pour saboter un gazoduc qui, de toute façon, était à l’arrêt pour cause de blocus économique ? », disaient les uns. « Justement, suprême intelligence et perversité des Russes ! », avançaient les tenants du billard à trois bandes et du coffre à double fond. Passons sur les gros sabots des autorités ukrainiennes qui dénoncèrent ipso facto – réflexe de Pavlov, peut-être ? – « une attaque terroriste russe planifiée ». À la guerre, tous les coups sont permis.

Sur les plateaux télé, les experts défilaient comme à la parade. Ainsi, le 28 septembre, au lendemain et surlendemain de ces sabotages, le général français Michel Yakovlev, ancien vice chef d'état-major du Grand Quartier général des puissances alliées en Europe (OTAN), déclarait sur LCI : « Le consensus des experts – et je ne fais pas partie des experts dans ce domaine – c’est une action d’État à partir de sous-marin. Puisqu’on n’a rien vu en surface… Cela suppose des moyens que peu d’États ont, que peu d’États ont en Baltique… Oui, c’est un attentat, c’est un État ». Toujours pour le général Yakovlev, « l'hypothèse la plus logique » était que c’était « les Russes qui l’ont fait à titre de démonstration ». Mais tout n’est pas toujours tout logique !

Un autre expert, Denis Florin, « spécialiste de l’énergie » auprès du cabinet Lavoisier, interviewé par L’Express, faisait, lui aussi, appel à la logique pour essayer de répondre à cette maudite question : mais qui donc est derrière ce sabotage ? Démonstration implacable. Les Américains ?  « Mais ils ont déjà gagné de leur point de vue car les gazoducs Nord Stream sont neutralisés, donc je ne vois pas pourquoi ils les auraient détruits ». Les Ukrainiens ? Non, ils n’ont pas les moyens. Ils n’ont jamais les moyens. Donc ? « La troisième théorie met en avant la responsabilité de la Russie ». L’intérêt pour la Russie ? « Cela ne peut se comprendre qu'en prenant en compte la dimension de menaces et la stratégie de tensions », expliquait alors l’expert. Logique.

Donc, en septembre dernier, pour résumer : les sabotages avaient été commis depuis un sous-marin, forcément par un État, pas forcément par la Russie (dommage !) mais il n’était pas impossible non plus qu’elle ait été derrière cette affaire. D’ailleurs, de toute façon, c’est quand même un peu la faute des Russes. Je n’invente rien, je reprends grosso modo les propos de la secrétaire générale adjointe de l’ONU, la diplomate américaine Rosemary DiCarlo, le 21 février dernier : « Bien que l’on ne sache pas encore exactement ce qui s’est passé sous les eaux de la mer Baltique en septembre 2022, une chose est constante : quelle que soit la cause de l’incident, ses retombées comptent parmi les nombreux risques que l’invasion de l’Ukraine a déclenchés ». Logique aussi.

Maintenant, une hypothèse, qui n’engage que moi qui ne suis expert en rien du tout : le sabotage aurait pu être commandité par les Russes qui auraient manipulé un groupe pro-ukrainien qui aurait affrété un yacht camouflé en sous-marin (ou le contraire). Une implication des services secrets du Vatican n’est pas à exclure, le pape ayant appelé à maintes reprises à ce que les armes se taisent. Logique.

Par Georges Michel le 9 mars 2023

Boulevard Voltaire

mercredi 22 février 2023

La guerre en Ukraine et la gestation pour autrui d’un «peuple européen»



Née comme un marché garanti par une instance juridique supranationale, l’Union Européenne aurait construit une « démocratie libérale » qui, pour reprendre la formule de Hayek, est d’abord « une protection constitutionnelle du capitalisme ». Le baume du doux commerce, censé porter à la paix, est administré au besoin par la force, pour ceux qui en douteraient.

Le populisme, voilà l’ennemi!

Jean-Claude Juncker, alors président de la Commission européenne, avait parfaitement résumé l’axiome principal du projet européen en déclarant qu’il ne pouvait « y avoir de choix démocratique contre les traités européens ». C’est que l’Europe a été originairement conçue comme un double monde [1] devant être mis à l’abri de la volonté des peuples et des aléas du politique. C’est pourquoi, en toute logique, en 2005, les votations populaires défavorables au traité établissant une constitution pour l’Europe furent tenues pour nulles et non avenues. On les appela manifestations de populisme, mot-valise qui regroupe désormais l’ensemble des valeurs anti-européennes telles que les définissent par défaut les juristes depuis des décennies. Si « l’Europe, c’est la paix », comme on ne cesse de nous le répéter, alors, toujours plus d’Europe, c’est toujours plus de paix. Rien ne doit donc venir en troubler le cours, et surtout pas des sursauts hostiles de souverainisme.

Le lapsus de Madame Baerbock

Or, comment une telle construction politique peut-elle aujourd’hui redoubler de bellicisme, au point, pour ses dirigeants et ceux des Etats membres, de passer à l’unisson d’un discours de soutien à l’Ukraine à celui d’une quasi-déclaration de guerre à la Russie sur le registre civilisationnel ? Fin janvier, la ministre verte des Affaires étrangères de l’Allemagne, Annalena Baerbock, ne s’est pas embarrassée des précautions de langage pourtant bien faibles de Madame von der Leyen pour définir l’orientation européenne : « nous menons une guerre contre la Russie et non les uns contre les autres ». Quelques jours plus tard, M. Macron assurait M. Zelensky de « sa détermination à accompagner l’Ukraine vers la victoire »… Comment interpréter le fait que l’Union Européenne, si attachée à la paix, ait ainsi renoué avec une conception du politique défini par le couple ami/ennemi, selon les catégories du juriste nazi Carl Schmitt ?

Motivations cachées

On peut évidemment l’expliquer par l’alignement servile sur les exigences otaniennes et américaines dans un conflit qui apparaît de plus en plus comme opposant, depuis le début, les États-Unis à la Russie. Mais il est légitime de s’interroger sur des motivations qui iraient au-delà des exigences du protectorat américain et qui relèveraient d’ambitions proprement européennes. Ne serait-ce pas là l’occasion pour l’Union Européenne de surmonter la crise qui la mine depuis 2008 et de renforcer des liens qui se distendent de plus en plus entre les pays du nord de l’Europe et ceux du sud, entre ceux de l’ouest et ceux de l’est ? Comment ? En fédérant – du moins l’espère-t-on -, au prix d’une russophobie délirante et d’un discours de guerre doublé de livraisons massives d’armement, les opinions publiques des États membres ; en construisant par le haut une opinion publique européenne à part entière qui serait le prélude à l’éclosion de ce peuple européen faisant défaut à l’Union Européenne, seul gage de sa survie comme entité politique.

Drôle d’aubaine

La guerre en Ukraine se présente alors, de ce point de vue, comme une aubaine pour les dirigeants de l’Union Européenne, et non pas seulement parce qu’elle permet de distraire les opinions publiques des problèmes sociaux et économiques qui gangrènent les États membres. Elle apparaît aussi comme une ruse de l’histoire dont on ne serait pas dupe et dont on pourrait utilement tirer parti. Voilà qui peut expliquer l’engouement démesuré des dirigeants européens à vouloir que cette guerre aille à son terme, malgré les mises en garde de plus en plus nombreuses des spécialistes de l’art militaire. Mais n’est-elle pas une guerre juste, en défense de « nos valeurs », comme n’a de cesse de le marteler la propagande médiatique ? Voilà pour le volet moral. Qu’elle serve par ailleurs, croit-on, nos intérêts, est un heureux effet de la providence. Voilà pour le volet machiavélique. Car elle pourra sûrement, indépendamment même de son issue, être une ressource afin de forger une véritable patrie européenne, un authentique peuple européen… S’engager dans cette guerre relèverait ainsi, pour l’Europe, de ce que les anciens Grecs nommaient le Kairos (faire le bon acte au bon moment). Cette guerre arriverait à point nommé. C’est que « toute politique se réduit à faire de l’escompte ou du report de puissance, écrivait Paul Valéry. La guerre liquide enfin ces positions, exige la présence et le versement des forces vraies, éprouve les cœurs, ouvre les coffres, oppose le fait à l’idée, les résultats aux renommées, l’accident aux prévisions, la mort aux phrases ».

La fin des nationalismes étroits, la naissance d’un peuple européen

« Polemos est père de toutes choses », disait Héraclite. Aussi peut-on penser que pour les dirigeants de l’Union Européenne le temps est venu d’honorer le père, comme il en va d’une nécessité. Que Polemos engrosse enfin la déesse Europe et qu’elle accouche de ce demos européen que l’union stérile du marché et du droit n’a jamais pu enfanter. Mais que la maïeutique est cynique et brutale ! Car dans les faits, il revient au seul peuple ukrainien, sorte de peuple élu malgré lui aux fins d’assurer la consolidation politique de l’Union Européenne, d’instituer symboliquement et d’incarner ce peuple européen naissant, puisque ce sont les soldats ukrainiens qui meurent « pour nos valeurs ». Pour ces soldats il n’y a pourtant rien de symbolique dans tout cela : seulement du sang, des souffrances et de la mort ; ce que nous, précisément, nous ne supportons plus. Qui donc irait mourir pour « nos valeurs » ? Que d’autres nous représentent – ah ! les immenses ressources du gouvernement représentatif et de la politique par procuration – sur le champ de bataille, que d’autres meurent pour notre patrie immatérielle, voilà un opportun ordre des choses. Mais qui se soucie de savoir si ces soldats connaissent ceux qu’ils saluent lorsqu’ils vont mourir ? Savent-ils qu’ils meurent pour le drapeau européen, qui n’est pas encore le leur mais qui leur est promis comme une récompense ? S’il y a un creuset du peuple européen, convenons qu’il est terrifiant.

L’Europe a toujours eu des pulsions de mort. C’est le seul continent suicidaire, familier des sacrifices et des paris douteux. Rien ne garantit qu’au bout du chemin l’Union Européenne survive à cette nouvelle crise qui la dépasse et pour laquelle elle n’est pas armée. La regrettée Coralie Delaume, dans ses derniers ouvrages, expliquait que l’Union Européenne aurait un terme. Mais peut-être n’imaginait-elle pas qu’il se déroulerait sous les auspices de Mars. Plus que les civilisations, nous devrions savoir que les empires sont mortels.

[1] L’auteur entend par là un deuxième monde, un marché, plus juridique que politique, et se superposant à ce qu’on entendait autrefois par “Europe” NDLR

Par Eric Desmons le 21 février 2023

Causeur

vendredi 3 février 2023

Face à la guerre, les Français doivent être écoutés



L’Europe, c’est la guerre.  Ceux qui louangeaient la paix édifiée par l’Union européenne en viennent à souhaiter l’affrontement avec la Russie, sans égard pour les peuples et leurs avis. 

Une même inconséquence dicte le comportement des européistes les plus fanatiques. D’un coté, ils avalisent l’importation du wokisme et l’islamisme, deux idéologies qui ébranlent la société occidentale ; de l’autre, ils s’aveuglent dans une russophobie qui risque de conduire à une troisième guerre mondiale. Vladimir Poutine est assurément l’agresseur de l’Ukraine, comme l’Azerbaïdjan est l’envahisseur de territoires arméniens. Mais les faiseurs de morale se contre-fichent du sort des Chrétiens d’Arménie. 

Une euphorie belliciste gagne des esprits suiveurs, sensibles à leur posture. Jeudi, sur RTL, le sénateur Claude Malhuret, caricature de l’arrogance des « élites » déconnectées, se réjouissait d’annoncer, sans mesurer la contradiction : « Nous sommes en guerre, mais sans être cobelligérants ». Se moquant de Pierre de Gaulle, petit-fils du Général, coupable de plaider pour un rapprochement avec la Russie, l’ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis, Gérard Araud, a tweeté pour sa part : « Un quidam sans la moindre compétence en relations internationales ». Ces mépris de classe disent la petitesse des gardiens de la pensée conforme, incapables de supporter la contradiction. Une chose est de qualifier Poutine de brute épaisse. Une autre est d’imposer une lecture manichéenne du conflit, en s’enivrant, de loin, du sang des autres.

Les injures que reçoit l’avocat Arno Klarsfeld, qui plaide pour un compromis entre l’Ukraine et la Russie, témoignent de la dérive intellectuelle de prétendus humanistes : ils poussent à l’escalade, à l’instar de la ministre allemande des affaires étrangères, Annalena Baerbock, devant le Conseil de l’Europe : « Nous menons une guerre contre la Russie ». Klarsfeld, qui dénonce les hommages rendus par l’Ukraine à des nationalistes collaborateurs du génocide juif (dont Bandera, qui a son avenue à Kiev), a lancé une pétition « contre la 3 e guerre mondiale pour le Donbass ». 

Elle lui vaut d’être traité de munichois, de doriotiste, d’idiot utile de Poutine. En attendant, ce texte a déjà recueilli, en peu de temps, plus de 20.000 signatures. Il suffit de tendre l’oreille pour constater que l’opinion semble plus subtile que la caste au pouvoir. Celle-ci se dispense d’argumenter sur sa montée aux extrêmes, sinon en caricaturant ceux qui réclament de la mesure et le retour de la diplomatie. Même le parlement est tenu à l’écart d’un grand débat sur le bienfondé d’une confrontation avec la Russie et ses alliés. Les Etats-Unis, avec la Pologne, imposent leur calendrier à une Union européenne vassalisée et à des peuples priés de se taire. 

La libération de la parole est une urgence.

Par Ivan Rioufol le 31 janvier 2023

Le Blog d'Ivan Rioufol


jeudi 26 janvier 2023

Les européens dindons de la farce ! La France farcie en priorité ! (1)



La guerre en Ukraine perdure. Le western proposé aux Européens, avec ses méchants Russes envahisseurs et ses gentils Ukrainiens héros de l’indépendance et de la démocratie est diffusé par la quasi totalité de nos médias. Aussi, devient-il vital de s’évader des écrans du conditionnement à la pensée unique pour se réfugier dans la réalité, et ses conséquences. Comme dit Saint Jean, “la vérité rend libre”. Ce qui se joue n’est pas l’indépendance de l’Ukraine, mais celle de l’Europe, et l’ennemi de cette indépendance des nations européennes n’est pas la Russie ! Ce sont les Etats-Unis !

Myopie qui limite l’événement à son présent le plus étroit, réflexe pavlovien stimulé par les mots privilégiés par les médias dominants, conformisme de la pensée unique qui interdit le “dérapage” d’une réflexion autonome, jugée choquante et intolérable : l'”agression” russe, l’agresseur Poutine, ce “malade”, ce “dictateur fou” qui se lance contre l’Europe, contre l’Occident, contre le monde doivent être combattus au nom de la démocratie et par tous les moyens, à l’exclusion de l’arme nucléaire… pour l’instant. Pour qui nourrit sa réflexion de quelques connaissances, le délire est dans l’accusation, non chez l’accusé. L’appel récurrent et incessant à de nouvelles sanctions et à de nouvelles fournitures d’armes toujours plus lourdes, toujours plus sophistiquées à un régime follement belliciste, souvent accusé de corruption et qui n’échappe à la main américaine que dans la provocation et l’excès, relève effectivement de la folie. A qui profite le crime ? Certainement pas à l’Europe mystifiée et manipulée !

Un peu d’histoire, d’abord ! Les deux tiers de l’Ukraine actuelle ont été russes depuis le XVIIIe siècle après avoir été libérés au sud des Turcs et à l’ouest des Polonais. La RSS d’Ukraine a été créée en 1922 par les bolchéviques et ses frontières ne correspondent pas à des limites historiques, linguistiques ni ethniques. L’Etat souverain ukrainien, après des tentatives avortées durant la révolution de 1917, et sur des territoires aux contours flous, n’existe que depuis 1991 et les élections ont, depuis, témoigné d’une forte opposition entre un ouest proeuropéen et un est prorusse. Tant que le pays demeurait un partenaire de la Russie, son indépendance n’indisposait pas Moscou. Deux “révolutions”, en 2004 et 2014, marquées par une forte pression américaine, et dont la spontanéité, de ce fait, paraît douteuse, ont transformé l’Ukraine en fer de lance de la stratégie de Washington contre la Russie. Elles ont fait surgir les oppositions entre les régions comme la Galicie, soviétisées de force lors de la seconde guerre mondiale et qui nourrissent une rancune compréhensible, et d’autres qui se sentaient pleinement russes, comme le Donbass, et surtout la Crimée, intégrée à l’Ukraine par Khrouchtchev en 1953, avec entre les deux, une zone plus partagée, sans doute séduite par la perspective d’une intégration à l’Union Européenne, et que l’opération militaire russe a davantage ancrée dans ce choix, à moins que l’acharnement belliqueux de Zelenski ne la fasse basculer à l’inverse.

La Russie de Poutine a été très patiente, un peu naïve, et hésitante ; les Etats-Unis ont au contraire, et c’est une surprise quand on songe aux sinuosités américaines en Irak ou en Afghanistan, poursuivi une stratégie cohérente : l’effondrement de l’URSS n’était qu’une étape et non un aboutissement conduisant à la coopération entre le plus grand pays du monde, et l’Etat le plus puissant de la planète. Cette dernière option a prévalu apparemment avec Eltsine, que Clinton a roulé goulûment dans la farine, et jusqu’à Poutine, qui, au début, a cru à un partenariat contre le terrorisme islamiste. 

Cette illusion l’avait même amené à proposer d’intégrer la Russie à l’OTAN. Mais, Washington poursuivait d’autres objectifs dessinés dans les ouvrages de Brzezinski : “l’empire du mal” vaincu et disloqué, il fallait retourner ses anciens vassaux contre ce qu’il en restait en les absorbant dans l’OTAN, et ce faisant, enfermer la Russie dans un cercle hostile et menaçant jusqu’à ce que l’absence de réaction prouvant sa faiblesse, ou au contraire une riposte militaire justifiant des sanctions, et précipitant son isolement, provoquent un éclatement de la Fédération de Russie, ce territoire immense et pourvu de richesses inouïes, insuffisamment peuplé par des peuples parfois désireux d’autonomie voire d’indépendance. 

Cette élimination d’un concurrent, cet affaiblissement de la proie par son prédateur, convergeaient avec d’autres desseins hostiles envers d’autres puissances. Certes, il s’agissait d’empêcher un nouvel axe Moscou-Pékin de rivaliser avec Washington, mais il fallait surtout viser l’autre grand concurrent potentiel, l’Europe : l’alliance entre l’Europe dotée d’une population nombreuse et d’une industrie compétitive, alliée à une Russie et à ses ressources naturelles gigantesques, constituait le risque le plus élevé. Les fournitures de gaz russe à l’industrie allemande sans cesse augmentées assuraient la croissance d’un rival qu’il fallait abattre à tout prix. 

La croisade démocratique pour sauver un peuple appelé à se sacrifier au nom d’une idéologie hypocrite masquant les intérêts géopolitiques  américains est une mise en scène détestable. Il faut être aveugle lorsqu’on voit BHL une fois encore à l’oeuvre comme en Libye dans le criminel appel à l’escalade pour ne pas déceler la supercherie ! ( à suivre)

Par Christian Vanneste le 22 janvier 2023

Le blog de Christian Vanneste

Chars en Ukraine : va-t-on vers une troisième guerre mondiale ? - Philippe Nicolardot sur Radio Courtoisie le 26 janvier 2023

mardi 24 janvier 2023

Le conflit sur les retraites occulte la vraie guerre qui vient



La tension entretenue par les syndicats et le pouvoir autour des retraites invite à penser petit. Ces vieux acteurs sont à leur aise dans cet énième jeu de rôle. Il permet à la gauche épuisée de se refaire une santé médiatique, et au président immobile de se prétendre réformateur audacieux. Mais ce bras de fer, qui se conclura par des aménagements de la réforme après d’autres processions syndicales, n’est que la perpétuation d’un vieux monde finissant, victime sa mentalité étriquée. 

Seule une extrême légèreté permet de se passionner encore pour savoir s’il faut travailler un peu plus longtemps, tandis que la perspective d’une troisième guerre mondiale se rapproche à grands pas. Cette réforme, contre qui des jeunes sans horizons se sont mobilisés samedi à Paris à l’appel de LFI, occulte les autres grands bouleversements qui ébranlent ce siècle, à commencer par l’irruption de la France oubliée. Dans Le Figaro de ce lundi, le géographe Christophe Guilluy rappelle que la « majorité ordinaire est le seul ensemble socioculturel cohérent, le seul socle sur lequel on puisse reconstruire un dessein politique commun. » Selon Guilluy, la société s’est engagée dans un « mouvement existentiel » qui balaie les seules considérations sociales et matérialistes qui structurent les conflits sociaux habituels. Il explique : « Ce n’est pas seulement son pouvoir d’achat (de cette majorité ordinaire) qui est en jeu mais son être. Il ne manque qu’une étincelle pour qu’elle s’exprime dans la rue ou dans les urnes. Ce n’est qu’une question de temps. » De ce point de vue, il est peu probable que ce mouvement identitaire vienne se joindre à des syndicats déconnectés.

De tous les grands basculements en cours, celui du mondialisme est le plus vertigineux. Le 53 eme Forum économique mondial de Davos, achevé vendredi, a montré l’épuisement de cette idéologie élitiste qui prétendait conduire le monde dans l’indifférence de la vie des gens et du particularisme des peuples. La guerre en Ukraine est venue accélérer la recomposition de cet ordre mondial jadis dominé par seul camp occidental. « La Russie doit perdre », a-t-il été répété à Davos. Reste que les Occidentaux tardent à mesurer le nouvel équilibre qui s’installe autour de la Chine, de la Russie, de l’Inde, de l’Iran, de l’Arabie saoudite et de nombreux pays d’Afrique. 

La course à l’armement de l’Ukraine par ses alliés américains et européens précipiterait une généralisation du conflit. Hier, le couple franco-allemand, qui célébrait son soixantième anniversaire à Paris, n’a pas exclu de fournir à Kiev des chars Leclerc et Léopard 2, en cas de feu vert des Etats-Unis. Or rien ne serait plus dangereux que cette montée aux extrêmes. En réalité, le faux couple franco-allemand ne pèse rien, dans cette guerre, face au couple polono-américain qui entend maîtriser le calendrier d’une défense ukrainienne qui pourrait devenir offensive. 

La France, qui se déchire sur les retraites, avance aveuglement vers une guerre inutile. Ce vieux monde doit dégager au plus vite.

Par Ivan Rioufol le 24 janvier 2023

Le Blog d'Ivan Rioufol

Célébration des 60 ans du Traité de l’Élysée, Nicolas Dupont-Aignan refuse de participer à ce bal des hypocrites !



Communiqué de Nicolas Dupont-Aignan, président de DLF du 23 janvier 2023

La réconciliation franco-allemande a été symbolisée par le traité de l’Élysée, signé il y a 60 ans, par Charles de Gaulle et Konrad Adenauer. Malheureusement, au fil du temps, malgré l’amitié qui unit nos deux peuples, le fameux couple franco-allemand n’est plus que l’ombre de lui-même.

L’incapacité des Présidents français à se faire respecter par des dirigeants allemands, qui ont avant tout, et comment leur reprocher, défendu leur seul intérêt national, met en danger l’équilibre même de l’Europe.

À titre d’exemple :

  • En mars 2022, l’Allemagne achète 35 avions de chasse américains F-35 alors que la Franceproduit des Rafales.
  • Tous les projets de coopération militaire, lancés par Emmanuel Macron en 2017, sont enlisés,l’Allemagne ne concevant une coopération qu’à condition qu’elle soit en sa faveur.
  • L’Allemagne s’oppose, grâce à son influence sur la Commission européenne, à la désindexation du prix de l’électricité sur celui du gaz, puisqu’elle ne dispose pas, à l’inversede la France, d’un parc nucléaire permettant de produire une électricité à bas coût.
  • L’Allemagne n’hésite pas, au mépris de toutes les règles que l’Union européenne impose à la France, à débloquer 200 milliards d’euros pour sauver ses entreprises de la criseénergétique.

    La cérémonie, prévue ce dimanche, est un véritable bal des hypocrites qui ne changera rien, tant que la France n’osera pas dire clairement, à l’Allemagne, qu’elle n’accepte plus une relation à ce point déséquilibrée.

    Il faut reconstruire une relation de franchise sur des bases solides.


Debout La France

samedi 29 octobre 2022

Fin du rêve franco-allemand : La France doit se tourner vers l’Europe du Sud et la Russie !



La guerre en Ukraine, surtout si la Russie est victorieuse, ce qui est plus que probable, conduira à des changements politiques, géopolitiques, civilisationnels considérables en Europe, mais une des premières conséquences imprévisibles est la réalisation par la France, comme lorsque la mer se retire, du véritable jeu de dupes que constitue la coopération franco-allemande ! L’Allemagne a été vaincue par la Russie et les Alliés en 1945, mais est restée toujours aussi jalouse et orgueilleuse et ne jure aujourd’hui que par l’Amérique et l’OTAN, afin de prendre seule le leadership de l’UE, de mieux faire s’écrouler les rêves de grandeur d’une France nostalgique de Napoléon et de Louis XIV.

Sur le plan économique, les Allemands et plus particulièrement les responsables de la CDU, en ont ras le bol, à juste titre, des Français irresponsables, insouciants et décadents s qui sont incapables de procéder à des réformes structurelles, pour rendre leur économie compétitive (dépenses publiques folles, nombre démentiel de fonctionnaires, absence de réforme des retraites, charges sociales et impôts très élevés, invasion migratoire ruineuse et incontrôlée) conduisant à la désindustrialisation. L’Allemagne, elle, a procédé aux dures et courageuses réformes Hartz IV. Les Allemands ne prennent pas la France au sérieux et ont malheureusement raison, les Français avec les Syndicats faisant tout pour bloquer les réformes indispensables. De plus, le quoi qu’’il en coûte démesuré pendant la crise du Covid, digne d’un technocrate irresponsable, fait que Macron est considéré par l’Allemagne comme le guignol beau-parleur d’une France hyper-endettée (113% de son PIB), prochainement en faillite, tout comme l’Italie (plus de 150% du PIB). La France n’a été prise au sérieux avec considération par les Allemands qu’avec les « poilus » de 14, le Maréchal Pétain car vainqueur à Verdun, De Gaulle, Pompidou et Giscard d’Estaing en raison de son excellente relation personnelle avec Helmut Schmid.

L’Allemagne est aujourd’hui favorable au libre-échange mondialiste tandis que la France qui a perdu son industrie a au contraire besoin d’un marché européen protectionniste. Le Chancelier Olaf Scholz a imposé le chinois Cosco pour prendre une participation dans le port de Hambourg car il pense à son prochain entretien avec Xi Ping en Chine. En 2021, l’Allemagne a exporté le chiffre énorme de 141,7 milliards d’euros vers la Chine et importé 103, 6 milliards d’euros. BMW et Mercédès ont réalisé plus de 30 % de leur chiffre d’affaires en Chine, Volkswagen 40 %, Adidas 21,7 % et Infineon 37, 8 %. Volkswagen doit encore investir pour 2 milliards d’euros et BASF 10 milliards d’euros jusqu’en 2030.


En matière de politique énergétique, suite à leur renoncement stupide au nucléaire (Energiewende) pour des raisons culturelles et politiques (die Grünen) et à son remplacement par le gaz russe, l’Allemagne s’oppose aujourd’hui au dispositif qui est déjà appliqué dans l’UE au Portugal et en Espagne. Ces deux pays subventionnent le prix du gaz, ce qui entraine la baisse du prix de l’électricité, mais le mécanisme ibérique est financé par une surtaxe sur les consommateurs. L’Allemagne estime donc que le gain final est très faible et que les prix subventionnés du gaz vont faire augmenter la consommation de gaz. La France, elle estime qu’elle serait gagnante avec le système ibérique, ne serait-ce que parce qu’elle va acheter de l’électricité bon marché , fabriquée avec du gaz subventionné, à l’Allemagne.

L’Allemagne souhaite une UE fédéraliste appliquant la règle de la majorité relative pour s’assurer le contrôle du marché et des débouchés de l’UE, devenir le leader de fait de l’UE et imposer son hégémonie, tout en acceptant de ne parler que l’anglo-américain. L’intérêt de la France, c’est au contraire aujourd’hui de faire exploser l’UE ou de réformer l’UE pour la transformer en une Confédération des nations avec le droit de veto de chaque pays et la règle de l’unanimité, ce qu’a toujours souhaité le général De Gaulle avec les fameux accords du Luxembourg. C’est aussi le souhait de Meloni en Italie !

La France recherche davantage l’approfondissement de l’UE avec moins de pays tandis que l’Allemagne recherche l’élargissement à l’Est avec 36 pays au lieu de 27 ! L’Allemagne souhaite que l’UE intègre davantage de pays pour se retrouver au centre de gravité d’une plus vaste UE.

L’Allemagne et la France s’opposent également en matière de défense européenne. La France, même avec son armée d’échantillons et son budget militaire ridicule de 2% du PIB, dispose avec sa force nucléaire, d’une armée motivée, efficace, organisée et bien commandée, la première à ce jour en Europe ! La Bundeswehr, elle ne vaut pas un clou, avec de plus, de très grandes difficultés à recruter. La France souhaite donc une Armée européenne non intégrée des nations, indépendante ou au minimum autonome dont elle pourrait être le leader tandis que les Allemands riches et pacifistes préfèrent être les valets de l’Amérique et de l’OTAN. L’Allemagne préfère acheter ses avions et du matériel militaire à l’Oncle Sam plutôt que d’être les Numéros 2 et coopérer avec la France, afin de renforcer l’industrie européenne autonome des armements, tout en recherchant la puissance. L’Allemagne souhaite acheter américain ou européen et affaiblir la France en matière militaire chaque fois qu’elle le peut !

Il semble que l’on s’oriente vers la catastrophe et l’échec de très nombreux projets de partenariats d’industrie de défense qui constituaient le noyau dur et la raison principale du rapprochement franco-allemand. Tout se passe, comme si, suite à l’intervention en Ukraine, l’Allemagne jetait subitement bas le masque et « pétait les plombs » en ne voulant plus entendre parler de la France qui devient le « cocu magnifique » de l’histoire ! Paroles de Saxon, comme la célèbre trahison de Napoléon par les Saxons à la bataille de Leipzig !

L’Allemagne a décidé de mettre cent milliards d’euros sur la table dans les années qui viennent, mais souhaite en faire profiter essentiellement soit son industrie, soit l’Amérique, soit d’autres pays européens, la plupart des projets franco-allemands depuis de nombreuses années passant subitement à la trappe. La visite récente de Scholz à l’Elysée n’est qu’une entente de façade : aucune décision n’a été prise lors de la rencontre, si ce n’est les fameux « groupes de travail » pour mieux enterrer la bête ! Le moteur franco-allemand est en panne ! Il n’y a que pour le projet SCAF où des doutes sont encore permis avec Airbus Allemagne, car Dassault est une de ces trop rares entreprises françaises d’excellence ayant réussi à surmonter le handicap du manque de compétitivité de la France.

Afin de satisfaire la gauche et l’extrême gauche, Berlin prépare, en outre, une loi sur le contrôle des exportations d’armement qu’il souhaiterait voir appliquée à l’échelle de l’UE, ce qui empêcherait la France de pouvoir exporter du matériel de défense dans les pays hors UE et hors OTAN chaque fois qu’il y aurait des composants allemands dans le produit fini. Ce serait une catastrophe pour les marchés-export traditionnels de la France dans les pays du Golfe, Proche Orient et Asie. C’est ainsi que l’égoïste Allemagne a déjà interdit l’exportation de l’hélicoptère franco-allemand Tigre à la Turquie tandis qu’elle vendait sans complexes à ce même pays des chars Leopard 100 % allemands.

L’Allemagne vient aussi de promouvoir un projet de bouclier antimissile, avec une composante israélienne, auquel veulent se joindre 14 pays européens, dont la Grande-Bretagne, les pays baltes, les Pays-Bas, la Finlande. Paris, tout comme l’Italie et la Pologne, n’a même pas été informé par Berlin, alors que la France déploie déjà au sein de l’OTAN un système similaire MAMBA du missilier européen MBDA (12000 personnes) dont le siège est à Paris. En 2021, le leader MBDA a aussi perdu, comme par hasard, un autre grand projet hypersonique futuriste d’avenir, au profit de la minuscule entreprise espagnole SENER (CA de 99 millions d’euros dans l’aérospatial) , filiale d’un groupe espagnol de BTP, soutenue par le missilier allemand Diehl et l’Allemagne, lors d’un scandaleux appel d’offres du FEDEF de Bruxelles, ce qui représentait une énorme claque pour la France du rêveur européen Macron !

En mars dernier l’Allemagne a passé commande de F35 américains pour remplacer partiellement sa flotte vieillissante de Tornado, en sabordant le rêve français de vendre des Rafale. En 2021, Berlin avait déjà abandonné un programme commun avec la France visant à doter les deux pays d’avions de patrouille maritime pour survoler les sous-marins ; l’Allemagne a préféré passer un marché avec l’américain Boeing !

La plupart des projets franco-allemands en matière d’armement sont aujourd’hui à l’arrêt : projet d’un nouveau char franco-allemand qui succéderait au char français Leclerc et au char allemand Léopard ; le projet d’un nouveau canon franco-allemand pour remplacer le Caesar français est repoussé au-delà de 2045 ; quant à la modernisation des hélicoptères franco-allemands Tigre, l’Allemagne y a tout simplement renoncé !

En matière spatiale, l’Allemagne de Von Braun et des V1 rêve aussi de prendre la place de la France ! Elle espère qu’un de ses petits lanceurs devienne grand pour contester à Ariane Group, constructeur pourtant franco-allemand, le développement des successeurs d’Ariane 6 ! Si l’Allemagne pouvait évincer et prendre la place de la France à Kourou en Guyane, autre grande réalisation d’avenir du général De Gaule, elle le ferait sans aucun doute possible.

L’Allemagne a en fait pour ambition de saper tous les restes de la puissance française. Elle s’est réjouie et a contribué par des campagnes de presse et par son « lobbying » à la rupture du contrat de la vente des sous-marins à l’Australie ! L’Allemagne accorde parfois des marchés à Naval Group et à Thalès, autre grande réussite française que lorsque c’est son intérêt évident ou qu’elle ne peut pas faire autrement, mais elle a toujours refusé le rapprochement ou la fusion avec l’équivalent allemand TKMS, ne souhaitant pas être le n°2 en matière de construction navale militaire.

Dans son fameux, surprenant et disruptif discours de Prague le chancelier Scholz n’a jamais fait la moindre allusion à la France, tenue pour quantité négligeable ! La France doit donc faire face à l’égoïsme allemand et se débarrasser des dirigeants français incapables et rêveurs qui font rire les Teutons ! Il nous faut des Zemmour, des Clemenceau, des De Gaulle, pas des Macron, des Aristide Briand, des Gamelin, des Daladier ou des incapables Marine Le Pen !

Comme dit très plaisamment Bernard Carayon : « Nous parlons du couple franco-allemand, mais de l’autre côté du Rhin les bans n’ont pas été publiés ». Dès la signature du Traité de l’Elysée en 1963, les Allemands avaient tenu à imposer le préambule pro-américain et pro-OTAN pour accepter de le voter, ce que De Gaulle considéra déjà, à l’époque, comme un camouflet !

L’Allemagne ne respectera qu’une France travailleuse, sérieuse, puissante, non décadente, avec des dirigeants courageux et de valeur ! Avis aux Français insouciants et décadents pour ne pas revoter Macron ni à gauche aux prochaines élections ! Dans ces conditions la France n’a plus aujourd’hui qu’une seule chose à faire : sauver les meubles de ce qui peut encore être sauvé avec l’Allemagne, quitter progressivement l’euro et l’UE qui doit devenir une simple zone de libre-échange, créer une nouvelle Confédération latine avec l’Espagne, le Portugal, l’Italie et la Grèce, et se rapprocher de la Russie en coopérant avec ce pays pour toutes sortes de projets (espace, nucléaire, armement, industrie). 

Bref, ne plus hésiter à jouer la traditionnelle Alliance de revers avec l’orgueilleuse Allemagne qui souhaite enfoncer la France et jouer la carte de l’OTAN et de de l’Amérique impérialiste. Cette Allemagne aussi trop contente, comme Madame Von der Leyen, pourtant francophone, de parler seulement l’anglo-américain en excluant totalement le français, malgré les traités, lors d’un véritable coup d’Etat linguistique à Bruxelles !

Par Marc Rousset le 29 octobre 2022

Synthèse nationale

mercredi 5 octobre 2022

Ukraine. Le gouvernement allemand fait fausse route pour Steffen Kotré, porte-parole de l’AfD

 


Par Nicolas Faure, spécialiste de l’Allemagne et traducteur (à ne pas confondre avec Nicolas Faure d’I-Média et Sunrise !) le 3 octobre 2022

Depuis 1945, l’Allemagne est un nain politique, mais elle avait su se hisser au rang de géant économique. Mais sa folle politique antinucléaire, couplée avec la rupture des approvisionnements en gaz russe, a frappé son industrie au cœur. L’explosion des pipelines Nord Stream a provoqué une déflagration en soulignant l’impossibilité d’un retour à un approvisionnement plus normal et provoqué une réaction particulièrement vive d’un des grands dirigeants de l’industrie textile, Wolfgang Grupp appelant à une rupture avec les États Unis. Quoique plus nuancée, c’est aussi l’opinion exprimée par le député AfD Steffen Kotré, membre de la commission de l’énergie. Dans cet entretien – réalisé avant le sabotage de Nord Stream – Steffen Kotré dit sans doute tout haut ce que beaucoup d’Allemands pensent tout bas.
Polémia

Peu après le début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, le Bundestag allemand avait déclaré au début de l’année que l’Allemagne soutenait sans équivoque les ukrainiens. Un mois après, le député de l’AfD Steffen Kotré (qui est le porte-parole du groupe parlementaire de l’AfD, en charge de la politique énergétique au Bundestag allemand) s’exprimait au Parlement au sujet des niveaux de remplissage des réservoirs de gaz allemand : Kotré avait fortement critiqué la décision du gouvernement allemand d’interrompre le processus d’autorisation à utiliser le gazoduc russo-allemand Nordstream 2, sur ordre des Américains, en raison de l’attaque russe contre l’Ukraine. Kotré avait ensuite déclaré que  la guerre d’agression en Ukraine, contraire au droit international, avait entraîné beaucoup de souffrances, et que ces souffrances reposaient sur la conscience du gouvernement russe, mais que lorsqu’on évoquait ce sujet, il fallait toujours tenir compte de la part de responsabilité de l’Occident. 

Nous lui avons demandé dans cet entretien dans quelle mesure il s’opposait aux décisions prises par le gouvernement allemand au sujet de ce conflit, et quelles étaient, selon lui, les solutions à apporter afin de mettre un terme à cette guerre. Voici ses réponses :

« Il faut mettre fin à la guerre le plus rapidement possible. Il faut trouver une solution négociée qui garantisse la sécurité et la stabilité dans la région à l’avenir. Pour cela, il est indispensable de prendre également en compte les aspects géopolitiques. La clé pour mettre fin à la guerre se trouve entre les mains des États-Unis, qui ont jusqu’à présent ignoré les intérêts de la Russie en matière de sécurité.

De toute évidence, le gouvernement allemand se sert froidement de la guerre pour mettre en place son programme d’abandon des énergies fossiles et d’introduction d’une économie socialiste de pénurie et de planification. Il accepte pour cela la souffrance des populations locales en Ukraine. Les relations avec la Russie en seront gravement affectées, vraisemblablement pour longtemps. Le gouvernement fédéral aurait dû au contraire profiter des bonnes relations économiques qu’entretenait l’Allemagne avec la Russie pour initier des pourparlers : l’Allemagne devrait agir comme un intermédiaire honnête et lancer des processus diplomatiques.

Visiblement, et comme le chancelier le prétend, les sanctions des Occidentaux n’atteignent pas leur objectif présupposé d’affaiblissement de la Russie. Au lieu de cela, l’Occident pousse la Russie dans les bras des Chinois et des Indiens. Les conséquences de cette politique sont incertaines. Du point de vue de l’Allemagne, la situation est critique.

Les fantasmes de spoliation des rouges et des verts montrent que la guerre tombe à point nommé pour le ministre Habeck. Il semble vouloir profiter de cette situation pour porter un coup aux sources d’énergie fossiles. Ce sont les employés de la centrale nucléaire de Schwedt – ville située dans le land Brandenbourg – mais aussi tous les autres Allemands, qui en paieront le prix. Les prix vont continuer à grimper, la garantie d’approvisionnement est en grand danger. Les décisions prises à la va-vite ne sont pas une solution raisonnable pour les Länder allemands. Nous rejetons clairement les fantasmes socialistes en matière d’expropriation.

Le groupe AfD au Bundestag s’oppose à l’embargo pétrolier et à toutes les sanctions dans leur globalité. Elles ne touchent que les plus défavorisés et sont politiquement inutiles. La Russie vendra son pétrole à d’autres clients. Le cas de l’Inde en est un exemple. Des pays comme l’Inde ou encore l’Iran pourront ainsi vendre leur surplus de pétrole à l’Allemagne à un prix plus élevé ».

Nous devrions entretenir de bonnes relations aussi bien avec l’Est qu’avec l’Ouest. Mais ce n’est pas dans l’intérêt des États-Unis, comme le suggèrent par ailleurs régulièrement certaines analyses américaines. Le gouvernement allemand aurait dû se battre pour une émancipation de l’Allemagne, pour une position affirmée dans ce monde multipolaire dans lequel nous évoluons. »

Propos recueillis et traduits par Nicolas Faure auprès de Markus Hoppe, assistant parlementaire de Steffen Kotré, MdB.

Polémia