jeudi 10 novembre 2022
"La capacité de nos politiques à nous parler comme à des gosses devrait excéder les Français !", Nicolas Vidal (Putsh Média) sur Radio Courtoisie le 19 novembre 2022
lundi 10 octobre 2022
Question à Pannier-Runacher : faire la queue à la pompe, c’est un fonctionnement normal ?
On l’apprenait par Twitter, ce dimanche après-midi : Agnès Pannier-Runacher a été testée positive au Covid. Mais qu’on se rassure : « Je m’isole et continue à assurer mes fonctions, notamment pour soutenir l’approvisionnement en carburant des stations-service en lien avec l’ensemble des acteurs », a annoncé le ministre de la Transition énergétique. Tous nos vœux de prompt rétablissement et tout ça.
Soutenir l’approvisionnement en carburant des stations-service : ça consiste en quoi, au juste ? APR (on va maintenant l’appeler comme ça, histoire de gagner de la place dans le texte et de l'aider à se faire un acronyme bankable comme VGE, PPDA ou CIIIR, mais à ne pas confondre avec EPR) a-t-elle l’intention d’enfiler une combinaison de chauffeur-livreur de gasoil ? Partir faire la tournée des grandes surfaces et des cambrousses où survivent, vaille que vaille, quelques héroïques stations-service de village ? La même APR claironnait, vendredi, que « plus de 80 % des stations-service du territoire fonctionnent normalement ». Au fond, pour un pays en voie de sous-développement, c’est pas mal, 80 % ! C’est même bien.
Marine Le Pen a donc beau jeu de surenchérir là-dessus, toujours sur Twitter : « 40 à 50 % dans le Nord et le Pas-de-Calais, c’est tout simplement inacceptable. Ce gouvernement n’anticipe rien, ne contrôle rien. Et personne n’est jamais responsable de rien ! » Et si la préfète de Vaucluse a pris un arrêté encadrant la distribution de carburant, ce n’est sûrement pas parce que ça fonctionne « normalement ». D’ailleurs, « normalement », ça veut dire quoi, exactement ? Faire la queue trois quarts d'heure, voire plus, si la station est ouverte, est-ce un fonctionnement normal ? Ne pouvoir acheter que trente litres d’essence, est-ce un fonctionnement normal ? Et, pire : un conflit entre automobilistes excédés qui se termine à coups de couteau, est-ce un fonctionnement normal ? On ne sait plus trop.
Certes, ce conflit social dans les entreprises de raffinerie n’a rien à voir avec la fin de l’abondance annoncée par Emmanuel Macron à la rentrée, mais il faut avouer qu’il tombe bien, si l’on peut dire ainsi : subir la pénurie, c’est déjà expérimenter la sobriété ! Subie, certes, mais bon… Au fait, cela ne vous a sans doute pas échappé qu'APR a trouvé une nouvelle expression pour qualifier les pauvres : « Ceux qui sont en situation de sobriété subie. » On va dire les CQSESDSS, en jargon administratif. D'ailleurs, il faudrait qu'elle leur dise, APR, aux CQSESDSS, si c'est le moment d'acheter en Bourse, comme elle le fit en 2020.
Avouez tout de même que tout cela prend une drôle de tournure qui donne une envie furieuse de remplir sa baignoire de gasoil et ses placards de nouilles et de lentilles, au cas où. La peur de manquer : un truc qui nous vient du fond des âges, quand on a encore un peu de mémoire collective. Et de se refiler ses bonnes adresses pour s’approvisionner en granules de bois, nouveau produit phare qu’il faudra bientôt mettre au coffre, ou sa petite astuce pour se fabriquer un chauffage d’appoint avec des pots de fleurs et des bougies. Si, si, en plus, c’est joli. À quand le gazogène comme dans Papy fait de la résistance ?
Il va être grand temps de lire ou relire le roman de Jean Dutourd, Au bon beurre. Charles-Hubert et Julie Poissonnard, modestes crémiers parisiens en 1939, terminent multimillionnaires et marient leur fille avec un aristo à la fin de la guerre et du roman. De quoi donner tout plein d'espoir à toute une génération entrepreneuriale…
Par Georges Michel le 9 octobre 2022
samedi 3 septembre 2022
Qu’est-il sorti du Conseil de défense ? La mobilisation générale d’Agnès Pannier-Runacher et… du vent
Arnaud Florac a démonté la grossière imposture de ces Conseils de défense auxquels se shoote littéralement la présidence Macron. Cette institution (le Conseil de défense et de sécurité nationale, CDSN, créé en 2009) présidée par le président de la République et qui rassemble le Premier ministre, les ministres de l'Économie et de la Défense ainsi que ceux concernés par la crise du moment et tout expert désigné par le Président, a été réactivée par François Hollande après les attentats de 2015. Cela pouvait se comprendre. Mais réuni dix fois en 2015, trente-deux fois en 2016 et quarante-deux fois en 2017, il le sera quarante fois entre mars et octobre 2020 pour le Covid-19. Et c'est là que le bât blesse : il ne s'agissait plus de défense. Et le secret sur les raisons justifiant des restrictions de liberté considérables (confinement, passe sanitaire, etc.) pose toujours question. Donc, rebelotte pour la crise énergétique. On peut comprendre, après tout, qu'Emmanuel Macron ne jure que par ce mode de gouvernance, pour contestable qu'il soit : n'a-t-il pas été réélu malgré cela (et, pour beaucoup de ses électeurs, grâce à cela) ? Donc, pourquoi se priver d'un outil qui dramatise, apeure, tout en donnant une illusion de sérieux, mais qui surtout limite les explications et le débat démocratique ?
C'est ce petit caillou de la démocratie dans la chaussure présidentielle qu'a secoué Marine Le Pen dans sa lettre à Élisabeth Borne. La présente du groupe RN à l'Assemblée a mis en garde l'exécutif contre la tentation de rejouer le scénario Covid : « Les députés du Rassemblement national, comme je crois des millions de nos compatriotes, refusent que les élus de la nation ne soient pas pleinement associés à la résolution de la crise comme l'exigent tous les principes républicains. Nous contestons que le président de la République contourne le Parlement pour gérer la crise avec un Conseil de défense énergétique. » L'exécutif, qui ne dispose plus de sa majorité absolue, serait bien inspiré d'entendre ces évidences démocratiques.
Qu'est-il donc sorti de ce premier Conseil de défense « énergie » ? C'est bien tout le paradoxe et l'enfumage du machin : « chut ! », secret, il ne doit justement rien en sortir. Mais le problème, c'est que nous nous demandons tous : alors, le prix du kWh, et ma chaudière ? Et mes factures ? Donc, le CDSN se doit de parler un peu, pour maintenir l'addiction du public à la chose, et c'est Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, qui a été chargée de lâcher quelques paroles sibyllines. Elle avait dû lire Georges Michel et, si elle n'a pas osé le général Hiver, elle a quand même filé la métaphore : « Mobilisation générale ». Rien que ça... Cela devient lassant, cette dévaluation systématique des mots : nous savons bien que l'effort qui nous sera demandé avec nos thermostats n'aura rien de commun avec le sacrifice de l'arrière-grand-père ou du grand-père notifié par l'affiche placardée devant la mairie, un beau jour de l'été 14 ou de l'été 39... Et puis la Macronie devrait se méfier : à ajouter à son incompétence et son imprévoyance - patentes dans cette crise énergétique - une com' outrancière, elle pourrait un jour être prise au mot, justement. Il ne faudrait pas que certains esprits mal placés, ou tout aussi outranciers, quand nous aurons gagné cette nouvelle guerre, aient l'idée de chercher des responsables, voire des coupables, à ces crises. Le vocabulaire de nos guerres est riche : les embusqués, les planqués, les profiteurs, les collabos... Je me disais cela en écoutant la longue séquence où Elisabeth Borne tentait maladroitement, il y a trois jours, avec moult gestes (plus nombreux que ceux de son traducteur en LDS) et une phrase sans queue ni tête, de répondre à la question de sa responsabilité dans la fermeture de Fessenheim et l'abandon du parc nucléaire français.
Beaucoup d'internautes, comme Laurent Alexandre, n'ont pas manqué de souligner le « mensonge » d'Élisabeth Borne, faisant porter le chapeau au seul François Hollande.
Je me suis égaré. Je me suis égaré parce qu'Agnès Pannier-Runacher n'avait rien à dire : « Solidarité européenne », « Nous avons activé tous les leviers à notre main pour préparer l’hiver », « Nous suivons la situation au plus près avec des points hebdomadaires ». Du vent. Ce qui reste quand on n'a plus ni électricité ni gaz ni boussole.
Par Frédéric Sirgant le 3 septembre 2022