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jeudi 13 avril 2023

Taïwan et Ukraine : Emmanuel Macron s’embrouille

 


Nos médias obnubilés par l’Ukraine ont bien du mal à analyser d’autres problématiques internationales. La tentation est grande d’examiner à travers le prisme ukrainien par exemple la crise de Taïwan. Dans les deux cas, un régime autoritaire, présenté comme totalitaire, met en danger par des visées impérialistes des États indépendants. Mais le rapprochement s’arrête là, sauf si on y ajoute celui, effectif, entre Poutine et Xi initié par un autre impérialisme, celui des Américains et de leurs clients européens.

Suivisme et volonté d’indépendance : l’étrange ballet de Macron

Empire du bien contre empire du mal à Taipei comme à Kiev donc. Mais gare aux comparaisons qui ne sont pas raison. Le président Macron aurait dû y penser. Une nouvelle fois, son « en même temps » s’est fracassé sur la réalité. Il est allé en Chine parler de l’Ukraine alors que Pékin ne s’intéressait qu’à Taïwan. Le président qui n’avait pas vu, comme beaucoup d’ailleurs, l’intervention russe en Ukraine n’avait pas vu non plus les manœuvres chinoises autour de l’ancienne Formose des Portugais, plus faciles cependant à anticiper.

Alors que, bien sûr, il n’obtenait rien sur l’Ukraine, il a décidé de commenter Taïwan, alors que personne ne lui demandait rien. Dans un entretien réalisé avant les manœuvres militaires qui ont secoué l’île de Taïwan, le président français a souligné la nécessité de ne pas « entrer dans une logique de bloc à bloc ». L’Europe ne doit pas « être suiviste » des États-Unis ou de la Chine sur Taïwan, a-t-il dit, s’attirant les critiques de ses alliés occidentaux.

Les bras en tombent. Celui qui suit Biden avec quelques ratés sur l’Ukraine se veut indépendant au nom de l’Europe à Taïwan. Et quand il poursuit, on croit rêver : « le grand risque » que court l’Europe serait « de se retrouver entraînée dans des crises qui ne sont pas les nôtres, ce qui nous empêcherait de construire notre autonomie stratégique ». « Le paradoxe, a-t-il poursuivi, serait que nous nous mettions à suivre la politique américaine, par une sorte de réflexe de panique. » Le sénateur républicain de Floride Marc Rubio s’est étonné de ce positionnement diplomatique après « six heures de visite ». « Nous avons besoin de savoir si Macron parle pour Macron, ou s’il parle pour l’Europe. Nous avons besoin de le savoir rapidement, parce que la Chine est très enthousiaste à propos de ce qu’il a dit », a-t-il écrit de façon cinglante sur Twitter.

Pour le chercheur Antoine Bondaz, spécialiste des relations internationales et des questions chinoises, le chef de l’État a ici commis plusieurs erreurs de communication. « Au retour d’une visite d’État en Chine, Macron ne trouve rien de mieux que de critiquer les États-Unis. Ce qui conforte les doutes appuyés de nos partenaires d’une équidistance de Paris entre Washington et Pékin », a écrit l’expert. À Moscou, on doit se demander les raisons de ce deux poids deux mesures sur le bon et le mauvais suivisme des Français.

La raison est peut-être tout simplement que notre président, comme nos médias, ne comprend pas grand-chose à Taïwan.

Rappel historique sur Taïwan

La différence majeure est la suivante : jamais l’Ukraine n’a prétendu à l’unité des terres russes sous sa souveraineté. Aujourd’hui, c’est la Chine communiste continentale qui revendique Taïwan. Mais il fut un temps pas si lointain ou Taïwan était la seule Chine internationalement reconnue, la Chine nationaliste de Tchang Kaï-chek qui annonçait pour demain un débarquement sur le continent pour prendre une revanche et en finir avec Mao et ses communistes.

Aujourd’hui, les indépendantistes gouvernent Taïwan, mais ils peuvent demain être battus dans des élections incontestablement démocratiques par les nationalistes. Ces derniers ont la même vision que Pékin : Taïwan, c’est la Chine.

Quand Tchang a quitté le continent, chassé par Mao, pour se réfugier dans la grande île, il l’a fait sans renoncer au combat avec une armée d’un million d’hommes. C’est un véritable « choc culturel » entre les Chinois venus du continent et les Taïwanais qui avaient vécu sous administration japonaise durant cinquante ans. En septembre 1949, la victoire des communistes est totale sur le continent ; la république populaire de Chine est déclarée le 1er octobre 1949 à Pékin.

En décembre 1949, Tchang déplace son gouvernement à Taipei, dans l’île de Taïwan. Taipei devient capitale de la « république de Chine (Taïwan) », où il reprend officiellement ses fonctions de président de la République le 1er mars 1950. Tchang Kaï-chek reste à la tête de la république de Chine à Taïwan jusqu’à sa mort en 1975, et continue de revendiquer la souveraineté sur l’ensemble de la Chine. En 1975, Tchang Kaï-chek meurt, et, en 1978, son fils Chiang Ching-kuo lui succède à la tête du pays et du Kuomintang. L’arrivée de Chiang Ching-kuo entraîne une participation accrue des Taïwanais. Les Taïwanais soutiennent d’une courte majorité le parti démocrate progressiste qui veut se détacher du monde chinois, dont se revendique pour Taïwan le Kuomintang toujours très puissant.

Mais il faut faire attention à ne pas opposer Chinois et Taïwanais. Le peuplement de l’île s’est opéré en trois phases principales : les Austronésiens arrivent à Taïwan il y a 6 000 ans par vagues successives depuis les plaines côtières de la Chine du Sud. Puis il y eut l’immigration d’habitants du Fujian puis du Guangdong, à partir du XVIIe siècle et jusqu’au XIXsiècle ; et enfin, au XXe siècle, l’arrivée de près de deux millions de Chinois entre 1945 et 1949. La population taïwanaise est donc constituée à plus de 95 % de Chinois Han, auxquels s’ajoutent 580 000 aborigènes appartenant aux tribus d’origine austronésienne reconnues par le gouvernement.

Finalement, Xi Jinping préfère de loin le parti chinois même anticommuniste au parti indépendantiste même majoritairement soutenu par une partie de la population chinoise d’avant l’arrivée de Tchang dans une île ethniquement chinoise et peu souvent sinon jamais vraiment indépendante.

Voilà une situation dont la complexité échappe vraisemblablement quelque peu à Emmanuel Macron.

Par Pierre Boisguilbert le 12 avril 2023

Polémia

jeudi 16 février 2023

Rima Abdul-Malak, ministre de la Censure, attaque CNews

 


Personne ne connaissait Rima Abdul-Malak. C’était mieux pour elle. Personne ne connaissait l’identité du ministre de la Culture. On pouvait même se demander si un ministre de la Culture pour un pays qui n’a pas de culture, comme l’a déclaré l’actuel président, restait bien nécessaire. En fait c’est indispensable. Le ministre de la Culture est un ministre de la Censure, chargé de faire respecter les bonnes mœurs médiatiques.

Il y a en Iran une police des mœurs chargée du bon respect des mœurs islamiques, on sait qu’on a en France maintenant une police des bonnes mœurs médiatiques. Très honnêtement, je n’aurais jamais pensé que la médiacratie idéologique autorise en France l’émergence d’une chaîne sinon totalement dissidente, au moins discordante. Elle a été prise par surprise. CNews et C8 existent, et maintenant c’est pour la bien-pensance unique absolument intolérable.

Après une première sommation dans le journal Le Monde mi-janvier, la ministre de la Culture en a remis une couche sur France Inter contre les chaînes de Vincent Bolloré, C8 et CNews. « L’accès à des fréquences gratuites se fait en échange de certaines obligations, comme respecter le pluralisme, traiter les affaires judiciaires avec mesure ou créer un débat contradictoire sur des sujets pouvant porter à controverse, a rappelé Rima Abdul Malak. C’est ensuite à l’Arcom de vérifier si celles-ci ont bien été respectées pour évaluer si la reconduction de fréquences est justifiée ou pas. » Et la ministre de relever au passage qu’il y a déjà eu « une vingtaine d’interventions de l’Arcom depuis 2019 pour C8 et CNews… ». La menace n’est même pas voilée. On notera que l’Arcom, ex-CSA, est réputée être indépendante même si son président est nommé par le président de la République, ce qui est tout de même troublant. On notera que la déclaration de guerre de la ministre à Bolloré a été faite au cœur d’un service public ayant exclu au niveau des analyses tout contradicteur de droite sur son antenne. Ce n’est pas le cas de CNews où sévit l’insupportable Laurent Joffrin par exemple. Où est le Laurent Joffrin de droite sur le service public ? Certes CNews a un côté très sécuritaire et identitaire, en contradiction avec l’idéologie gauchiste ambiante dans les médias audiovisuels. Mais c’est le droit d’une chaîne privée d’avoir une ligne éditoriale, comme LCI est devenue la chaîne d’information continue des amis de Zelensky par exemple. Libre aux téléspectateurs de ne pas regarder, la seule censure est celle du public et donc de l’audience. CNews a fait Zemmour, ce ne lui sera jamais pardonné. Notamment par une ministre qui est le pendant à la culture de notre ministre de l’inculture, d’une éducation devenue un formatage antinational. Tout se tient.

Rima Abdul-Malak, née le 11 février 1979 à Beyrouth au Liban, est une femme politique franco-libanaise. Après avoir été directrice des programmes de Clowns sans frontières – ça ne s’invente pas –, puis responsable du pôle musiques à Culturesfrance (devenu l’Institut français), elle rejoint le cabinet de Christophe Girard, adjoint à la culture à la mairie de Paris, puis devient conseillère culture du maire de Paris, Bertrand Delanoë, entre 2012 et 2014. Elle est ensuite nommée attachée culturelle à New York. Elle a, semble-t-il comme Pap Ndiaye, été influencée par la vision américaine du multiculturalisme. En novembre 2019, elle devient conseillère culture et communication du président Emmanuel Macron. Elle est nommée ministre de la Culture le 20 mai 2022, dans le gouvernement d’Élisabeth Borne. Quand on voit son parcours, on comprend mieux sa détestation de tout ce qui ne pense pas comme elle. Dans un communiqué envoyé quelques heures plus tard, le groupe Canal+ s’est dit « choqué » par la « critique » et les « invectives » de la ministre. « Madame la Ministre prend parti, sort de sa réserve et ne respecte pas l’indépendance de notre régulateur sectoriel. » Les relations entre Vincent Bolloré et le pouvoir macroniste, déjà très orageuses, ne sont pas près de s’arranger. Cela étant, amateurs de CNews, pas de panique. Le renouvellement est prévu pour 2025. D’ici là, on verra où on en sera sur le plan politique. Il y a de fortes chances que Mme Abdul-Malak ne soit plus là et Bolloré toujours aux manettes. Ainsi, celle qui était inconnue sera très vite oubliée. La Macronie lui trouvera bien un placard doré pour continuer à nous enrichir de ses multiples talents. Car, dans ce milieu, on change de fréquence, mais on est toujours renouvelé, ou plutôt recyclé.

Par Pierre Boisguilbert le 13 février 2023

Polémia


mardi 27 septembre 2022

À l’ONU, la leçon du président Serbe sur l’Ukraine et l’OTAN

 

Par Pierre Boisguilbert le 26 septembre 2022

Le discours le plus pertinent n’a pas été le plus médiatisé. Les médias ont préféré les platitudes de Macron et les rodomontades du gérontocrate américain, mais ce qu’il faut souligner c’est la démonstration du président serbe Aleksandar Vucic. Une voix européenne en dissidence qui explique parfaitement les réticences de certains pays à s’aligner sur la croisade anti russe de Washington.

Non, l’intégrité territoriale n’est pas un principe inviolable. Non, le conflit ukrainien n’est pas le premier en Europe depuis la deuxième guerre mondiale.

Dans son discours prononcé devant l’Assemblée générale des Nations unies à New York, le dirigeant serbe a assuré que son État respectait l’intégrité territoriale de tous les pays, y compris celui de l’Ukraine, mais pointé du doigt le fait que beaucoup décrivent les hostilités entre Moscou et Kiev comme « le premier conflit sur le sol européen depuis la Seconde Guerre mondiale ». Le président serbe Aleksandar Vučić, a demandé des explications aux pays occidentaux : pour quelle raison ont-ils des points de vue différents sur l’intégrité territoriale de l’Ukraine et de la Serbie, étant donné qu’ils soutiennent Kiev dans sa lutte contre la Russie, mais ont approuvé l’indépendance du Kosovo ? Selon lui, la Serbie « n’a jamais mis le pied » sur le territoire de quiconque, mais cela « n’a pas empêché les 19 pays les plus riches de l’OTAN d’attaquer un pays souverain sans décision du Conseil de sécurité des Nations unies ». L’OTAN a occupé le Kosovo en 1999, après une campagne de bombardement de 78 jours contre ce qui était alors la Yougoslavie. La province a déclaré son indépendance en 2008 avec le soutien de l’Occident. Si les États-Unis et la plupart de ses alliés l’ont reconnue, de nombreux autres pays, dont la Russie et la Chine, ne l’ont pas fait.

Aleksandar Vučić a également déclaré que si l’OTAN s’est engagée à respecter la pleine intégrité territoriale de la Serbie, cela n’a pas empêché de nombreux pays occidentaux de reconnaître unilatéralement la province séparatiste du Kosovo en 2008.

Plus tôt dans la journée du 20 septembre, le président serbe a averti que le monde se rapprochait d’une guerre mondiale, ajoutant que « l’ONU a été affaiblie », étant donné que les grandes puissances « ont pratiquement détruit l’ordre de l’ONU au cours des dernières décennies ». Cela confirme l’hypocrisie américaine et de son bras armé de l’OTAN. On peut également parler de l’Irak ou de la Libye.

Comme toujours il n’y a qu’une chose de pire que les mauvais sentiments ce sont les bons sentiments… surtout quand ils sont des prétextes.

Polémia

jeudi 22 septembre 2022

LCI : chaîne de propagande ukrainienne en continu

 


Le présentateur de LCI (groupe TF1) Julien Arnaud s’est excusé sur Twitter, ce mardi, auprès de Florian Philippot. Et pour cause : au cours de l’émission « Un Œil sur le monde », il a affirmé que la manifestation organisée par le mouvement « Les Patriotes » n’avait jamais eu lieu, et que celle-ci n’était qu’une invention des médias russes à des fins de « propagande ». Sauf que la manifestation, peu médiatisée en France, a bien eu lieu, comme les passants (dont des journalistes cependant peu intéressés) ont pu le constater samedi après-midi.

Et les images diffusées par la télévision russe sont authentiques. Des images du rassemblement de samedi ont été diffusées par le média TV Libertés, qui invite régulièrement Florian Philippot sur son antenne, ainsi que par le média chinois NTDTV. Le mot d’ordre était : « Non au rationnement, non à la guerre, non au crédit social ». Sur les pancartes brandies par les manifestants, on peut lire des slogans tels que « Sortir de l’OTAN » ou encore « Destitution ». D’après les images, la mobilisation semble réunir plusieurs milliers de personnes.

Plutôt l’islamisme que la paix ?

Les médias français, eux, ont diffusé des images de la manif en soutien à l’iman Iquioussen qui a pourtant rassemblé bien moins de monde. Une erreur est toujours possible, mais on tombe toujours du coté ou l’on penche. Et le moins qu’on puisse dire c’est que LCI penche du coté de l’Ukraine. Toutes les chaines de télé le font d’ailleurs, mais aucune à ce niveau. LCI s’en est fait un marqueur et une ligne éditoriale au mépris de tout esprit critique.

On peut bien sur considérer que la résistance ukrainienne est admirable et que Poutine est un abominable agresseur. Mais on ne peut renoncer à toute mis en perspective. Sur LCI se succèdent des consultants militaires péremptoires et de jeunes Ukrainiennes sachant tout sur tout. On a une chaine de propagande Zelenski en continu. Si on écoute LCI, il faudrait faire la guerre à la Russie pour sauver l’Ukraine et l’Europe avant le monde. Tout est de la faute des Russes, même les bombardements ukrainiens dans le périmètre d’une centrale nucléaire. Trop c’est trop et ce manichéisme médiatique n’a qu’un but : faire de l’audience en surfant sur la sympathie en France pour la cause ukrainienne. LCI tente de reprendre du terrain par rapport à ses concurrents CNews et BFMTV.

Mais le pari est risqué car la cause ukrainienne risque au fil des mois d’être moins populaire. Le cas du président Zelenski est révélateur.

Un rôle qui monte à la tête ?

L’acteur devenu président après voir forcé l’admiration intrigue et même commence à inquiéter. Sa volonté de garder le même sous-vêtement vert de gris en toute circonstance montre bien qu’acteur un jour, acteur toujours. Il est pris par son personnage et joue un rôle, l’acteur devenu président est maintenant remplacé par un président redevenu acteur. Il est d’ailleurs la vedette américaine de tous les festivals de cinéma.

Quand on le voit on pense parfois à des dérives célèbres. Où s’arrête la fiction, où commence la réalité ? Avec Bela Lugosi, de son vrai nom Béla Blaskó, on ne sait plus vraiment. Le plus fameux interprète de Draculaau cinéma a nourri la légende jusque dans sa vie privée. Les derniers mots sur terre de l’acteur, le 16 août 1956, sont à ce titre exemplaires : « Je suis le comte Dracula, je suis le roi des vampires, je suis immortel. » Et c’est enroulé dans son fameux manteau noir doublé de rouge qu’il a été mis en terre.

Johnny Weissmuller lui finit sa vie interné dans un asile psychiatrique, où, paraît-il, il faisait retentir le cri de Tarzan. Ces acteurs ont été dévorés par leur personnage de fiction.

Bien sûr, on est bien loin de ce transfert de personnalité car l’acteur Zelinski est bien président et ce qui a été un rôle de composition est devenu une réalité assumée… Assumée mais tout de même au fil du temps surjouée, et c’est tout de même un peu inquiétant… n’en déplaise à LCI.

Par Pierre Boisguilbert  le 7 septembre 2022

Polémia

vendredi 1 juillet 2022

Vers une coalition des vaincus autour de Macron

 


Par Pierre Boisguilbert le 28 juin 2022♦ On sait maintenant ce que le président Macron veut dire quand il parle de « partis républicains de gouvernement ». Pour lui, il s’agit des partis qui ont été désavoués par leurs électeurs.

Le mépris de Macron

Cela inclut donc sa propre formation et ses alliés, les vaincus du PS et ceux des LR avec peut-être au passage quelques communistes qui ne peuvent pas avoir de groupe parlementaire et quelques écologistes pour faire joli. Sont donc exclus les deux partis qui ont remporté les élections en progressant en nombre de suffrages et d’élus.

Pas d’insoumis, pas de RN.

Macron, si pointilleux sur le résultat de la présidentielle qui donne la légitimité suprême, préfère donc Hidalgo, moins de 2 %, et Pécresse, moins de 5 %, plutôt que Le Pen et Mélenchon, à plus de 40. On ne peut être plus clair sur la volonté de ne pas tenir compte du vote des Français.

C’est donc Élisabeth Borne reconduite dans la durée avec une mission d’élargissement de la majorité qui va devoir rallier les défaits aux vaincus. Elle n’aura sans doute pas de mal à trouver quelques républicains prêts à sauver la France pour une petite voiture avec chauffeur et fanion. Copé est candidat, Estrosi et Muselier aussi, il y en aura d’autres. Il y aura Ménard qui a entamé depuis quelques mois un « en marche » vers En Marche assez spectaculaire au niveau des renoncements multiples au vote de ses propres électeurs.

À gauche, ce sera plus difficile. Car il y a la peur de Mélenchon. Le communiste y serait bien allé, mais il hésite. Les écolos, eux, n’ont peur de rien, même plus de la réouverture des centrales à charbon ; donc, faute de sauver la planète, ils pourraient contribuer à sauver la minorité présidentielle.

Hystérie sociétale

Quant à Renaissance, elle a trouvé un moyen d’être majoritaire. Faire entrer dans la Constitution le droit à l’avortement. La formation macroniste a surfé sur l’hystérique indignation médiatique après l’interdiction aux USA de l’avortement au niveau fédéral, donnant la liberté de légiférer sur le sujet à chaque État fédéré. Le problème en France ne se pose pas et la Constitution n’est pas faite pour ça. L’initiative a peu de chance d’aller au bout et ça ne changerait rien. Mais peu importe, cela montre qu’il y a une majorité en France, c’est la majorité sociétale. Elle peut aller parfois presque à l’unanimité avec le RN. Le plus souvent cependant, c’est une majorité qui va de Macron à Mélenchon. Dans un contexte de crise politique, et peut-être sociale, le gouvernement va être tenté de détourner l’attention sur tout ce qui touche à la vie privée et sexuelle des Français. C’est un vrai danger pour ceux qui sont défavorables à un endoctrinement Netflix de la jeunesse et à la discrimination de ceux qui ne sont pas soumis aux minorités.

La tentation de Macron va être grande de faire du sociétal plutôt que du social et du politique. Il lui faudra cependant passer le cap du nouveau gouvernement et du vote de confiance ou plutôt du rejet d’une motion de censure. Comme les insoumis et consorts ne veulent pas du vote RN, Élisabeth Borne a peu de soucis à se faire. Son nouveau gouvernement pourra prendre la mer, avec cependant dès le départ un côté canots de sauvetage du Titanic. Le radeau des désavoués aura du mal dès le premier récif.

Polémia


mardi 17 mai 2022

Ukraine : Otan en emporte l’Eurovision

 

Par Pierre Boisguilbert le 17 mai 2022 ♦ Les jeux étaient faits à l’avance. L’idéologique médiatique l’avait décidé. L’Ukraine devait gagner l’Eurovision, l’Ukraine a gagné l’Eurovision. On se demande même pourquoi on a organisé le concours.

Un vote du public décisif

On pourrait s’arrêter là, mais on aurait tort. Le triomphe du groupe ukrainien a été le fait du vote massif du public. Ce sont donc bien les médias dominants qui font la loi. C’est vrai pour l’élection présidentielle française avec la diabolisation de certaines idées, c’est vrai aussi pour l’Eurovision avec la béatification de certaines causes.

Les résistants virtuels des réseaux sociaux ont donc exhibé leur conviction dans un « selfie » pro-ukrainien.
Ils auraient sans doute voulu exclure la Russie… mais c’était déjà fait par les organisateurs !

L’Eurovision a sacré l’Ukraine en 2022, grâce à un soutien massif du public. Un record a d’ailleurs été battu : c’était la première fois dans l’histoire du concours de chant qu’un pays obtenait autant de points (439) de la part des téléspectateurs.

Avant le vote du public, l’Ukraine ne faisait pas partie du trio de tête. Ce qui est consternant, c’est le sentiment de ce public de participer à l’histoire alors qu’il ne fait que suivre des faiseurs d opinions. Ces derniers, largement discrédités, ont, grâce à l’Ukraine, retrouvé tout leur pouvoir d’influence. On ne peut que le constater.

On pourrait déjà dévoiler le palmarès du futur festival du cinéma de Cannes, autre exemple parfait de la soumission à l’air du temps médiatique. S’il y a un film ukrainien, il sera forcément récompensé et tout ce qui pourrait alimenter la russophobie ambiante fera l’objet d’une dévotion compassionnelle.

Le président ukrainien, qui ne doute de rien et continue à militer pour la 3e guerre mondiale, verrait bien la future édition de l’Eurovision à Marioupol. Le groupe vainqueur a remercié le public pour cette reconnaissance de la culture ukrainienne que Poutine veut nier. En fait de culture ukrainienne, quelques notes traditionnelles ont servi d’introduction à une musique hip-hop sans aucune identité. Plus mondialiste tu meurs !

Le patriotisme célébré ?

« Stefania », le titre que le groupe ukrainien Kalush Orchestra a interprété, est un hommage à la mère du chanteur, Oleh Psiuk. Mais, depuis l’invasion du pays par la Russie, nombreux sont ceux qui y voient un symbole patriotique de l’Ukraine comme figure maternelle. La mère-patrie célébrée par l’Europe mondialiste, c’est tout de même amusant. Mais il faut reconnaitre leur engagement nationaliste aux chanteurs du groupe. Après le concours de chant, les membres du groupe reviendront dans leur pays pour joindre les forces combattant la Russie. L’un des danseurs est d’ailleurs resté à Kiev pour défendre la capitale ukrainienne.

Le nationalisme a-t-il donc remporté l’Eurovision ? C’est une autre manière de voire les choses. L’identité des peuples reste tout de même bien absente du traitement médiatique. La France, elle, arrive avant-dernière avec un chant en breton. Cette identité culturelle-la, celle d’un peuple historique européen autour d’une langue n’intéresse pas les médias… voire les révulse !

Pour gagner la prochaine fois, les Bretons devraient sans doute faire du rap transgenre en wolof ou être attaqués par Poutine.