Le Canada vient de prendre une mesure radicale. Depuis le 1er janvier 2023, les étrangers n’ont plus le droit d’acheter de logements, et cela, pour une durée de deux ans. Lors de la campagne électorale de 2021, le Premier ministre Justin Trudeau avait proposé cette mesure dans son programme. Cette dernière vise à lutter contre le manque d’appartements et de maisons.
Cela fait plusieurs mois que le pays d’Amérique du Nord subit une sévère crise du logement. Comme une majorité de nations, le Canada est en proie à l’inflation. L’été dernier, la Banque du Canada a relevé quatre fois les taux d’intérêt. Une action qui a eu des conséquences non négligeables. « À moins qu’il y ait une grosse baisse du prix des maisons, ce qu’on n’entrevoit pas, forcément, lorsque les taux d’intérêt augmentent, ça limite l’accessibilité davantage », souligne l’économiste Jean-François Perreault, interrogé par Radio-Canada. Des prix qui augmentent, mais les salaires sont devenus insuffisants pour accéder à la propriété. Selon plusieurs études, il est nécessaire de percevoir un salaire de 220.000 dollars canadiens par an (167.000 euros) afin d’acquérir une maison. De l’autre côté, le salaire moyen était de 65.773 dollars par an (soit 50.250 euros) en septembre 2021. Si acheter devient difficile, louer l’est aussi, avec une augmentation des loyers de plus de 10 %. À titre d’exemple, avant le 1er juillet 2022, le Québec comptait « 750 ménages locataires qui n'avaient pas trouvé de logement », résume la porte-parole du Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) Véronique Laflamme.
Face à l’ampleur du phénomène, le gouvernement de Justin Trudeau a décidé de privilégier les citoyens canadiens face aux étrangers. À noter qu’il est cocasse, pour ce gouvernement très permissif sur l’immigration, de prendre des décisions privilégiant le natif plutôt que l’immigré. Cela étant dit, le Premier ministre a prévu des exceptions pour les réfugiés ou les résidents permanents. Le Canada reste LE pays ayant inscrit dans sa Constitution le multiculturalisme. Mais l’exécutif semble prendre cette mesure au sérieux, puisqu’il prévoit une « amende de 10.000 dollars (6.877 euros) pour les non-Canadiens qui achèteront une propriété résidentielle ainsi que pour toute personne qui aidera à effectuer une transaction interdite », précise Radio-Canada.
Selon l’agence nationale des statistiques, les étrangers représentent moins de 5 % des propriétaires de logements au Canada. Malgré la volonté affichée de résoudre la crise, des experts estiment que les résultats seront peu visibles car la part de propriétaires étrangers est bien trop faible pour avoir un changement notable.
Par Kevin Tanguy le 3 janvier 2023