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samedi 18 juin 2022

Mathieu-Bock Côté censuré en Belgique ?



Au Royaume de Belgique francophone, le cordon sanitaire a encore frappé. Après Jordan Bardella, voici que c’est au tour de Mathieu Bock-Côté à être censuré dans notre pays.

Alors que le talentueux essayiste québécois devait donner une conférence ce vendredi 17 juin dans le centre de Bruxelles, les antifas ont fait pression sur l’établissement scolaire qui devait accueillir la conférence en son sein (sans pour autant en être l’organisateur). Les activistes d’ultragauche réclamaient à l’établissement de « ne plus fournir ses locaux à l’événement afin de faire en sorte que la conférence n’ait pas lieu et que l’école ne se rende pas complice, conscient ou inconscient, de la diffusion insidieuse des idéologies d’extrême-droite ».

De la censure, en bonne et due forme !

Cette affaire, aussi dramatique soit-elle, n’est pourtant pas le premier rebondissement de ce genre dans notre beau et plat pays : le 27 octobre de l’année dernière, le meeting de lancement du nouveau parti « Chez Nous » où devaient intervenir Tom Van Grieken, président du Vlaams Belang (que les derniers sondages donnent en tête des intentions de vote) et Jordan Bardella, président par intérim du Rassemblement national, a été annulé.

Une manœuvre honteuse qui bafoue les droits, le pluralisme et la démocratie.

Tels des parias pourchassés, nous dûmes nous retrouver dans une salle à plusieurs dizaines de kilomètres de là pour y tenir une conférence de presse. Les 250 personnes inscrites au meeting durent quant à elles se contenter d’une vidéo-conférence en lieu et place d’un événement politique historique en Wallonie !

Il faut le savoir : la Belgique francophone vit une situation complétement folle. La censure y règne, et le sacro-saint cordon sanitaire visant à empêcher la droite patriote d’accéder à la parole médiatique y est respecté doctement par l’ensemble du monde politico-médiatique dans le sud du pays.

Endettée jusqu’au cou et gérée de manière calamiteuse, la Wallonie va mal ! Scandales après scandales, compromissions, renoncements : ils sont conscients de l’importance de museler toute opposition pour éviter la casse électorale. C’est d’ailleurs pour cela que les socialistes et leurs camarades des autres formations politiques craignent de voir émerger une force politique à même de renverser la table.

Mathieu Bock-Côté est la nouvelle victime de l’intolérance de la gauche que nous vivons quotidiennement.

La Belgique francophone se porte mal et censure. La Flandre, dont l’économie est florissante, est en revanche un exemple de pluralisme et de démocratie. Cherchez l’erreur !

De notre côté de la frontière linguistique qui sépare les deux, il y a visiblement des vérités qui ne sont pas bonnes à entendre : c’est pour cela qu’ils veulent les faire taire !

À l’heure où ces lignes sont écrites, les organisateurs de la conférence auraient trouvé une solution alternative : l’événement se tiendra dans un lieu privé à plusieurs kilomètres de là.

Une chose est certaine : nous condamnons la situation mais savons surtout qu’il est temps d’agir pour que demain, nos amis français - ou québécois- puissent venir parler chez nous, et y être accueillis avec la chaleur, la convivialité et l’amitié qui leur est due !

Par Jérôme Munier, Président du parti politique belge "Chez Nous" le 18 juin 202

Boulevard Voltaire

samedi 14 mai 2022

Mathieu Bock-Côté: «Ce qui pourrait redonner vie à la droite»


Par Matthieu Bock-Côté le 14 mai 2022

Le scénario politique qui semble s’écrire en direct annonce pour les prochaines années un étrange débat public pour la France: un espace politique désormais configuré à travers l’affrontement entre le progressisme européiste de la majorité macronienne et la gauche radicale ralliée autour de Jean-Luc Mélenchon, avec une droite en lambeau, écartée entre son résidu traditionnel et sa part populiste en déroute.
Plusieurs en sont encore sonnés: ne répétait-on pas depuis plusieurs années que le pays était à droite et que ses préférences idéologiques allaient finir par se traduire en une majorité politique? Que s’est-il passé? La droite est-elle condamnée à l’invisibilité politique, dans une configuration où elle ne sera à peu près plus rien, à moins de s’annexer à la majorité macronienne, pour en représenter une nuance de plus?
Il faut d’abord revenir sur l’illusion d’une décennie intellectuelle, pour mieux voir comment la droite s’est décomposée. 
On la résumera ainsi: la droite a voulu se croire majoritaire dans le pays, et au seuil, pour cela, du pouvoir, qui lui reviendrait de droit. Mais elle avait tort de se croire majoritaire. On me pardonnera de reprendre une formule dont j’ai souvent fait usage: la gauche a été si longtemps hégémonique qu’il lui suffit d’être contestée pour se croire assiégée, alors que la droite a été si longtemps dominée qu’il lui suffit d’être entendue pour se croire dominante. Parce qu’elle s’est vue exister à la télévision pendant quelques années, la voilà qui croyait exercer désormais à son tour l’hégémonie idéologique. Mais dès que le régime diversitaire se sent fragilisé, il se braque et mate le rebelle qui entend critiquer non plus seulement les dérives du progressisme mais ses fondements. Il dispose de vastes ressources médiatiques et juridiques pour arriver à ses fins, si nécessaire. C’est ce qui s’est passé.

Il y a pourtant une toute petite part de vérité dans la prétention de la droite: si la droite n’est pas majoritaire en matière économique, sociale ou sociétale, en France, elle l’est toutefois autour des questions régaliennes et identitaires. À peu près tout confirme l’existence d’une majorité souhaitant en finir avec l’immigration massive et désirant entreprendre la reconquête des quartiers qui se dérobent à la souveraineté et aux mœurs françaises. En deux mots, sur la question identitaire, la France est à droite.
Mais le régime diversitaire est justement constitué autour de la censure de la question identitaire, et constitue un dispositif inhibiteur pour l’empêcher de prendre forme politiquement, ou du moins, pour l’émietter et la déformer. Ainsi, les sondages n’en finissent plus de saucissonner la question identitaire en dissociant l’identité de l’immigration, de la laïcité et de la sécurité. Quant à cette dernière, elle s’émiette en milliers de faits divers éparpillés, censés intéresser les esprits vulgaires, sans envergure, les yeux rivés sur une vie quotidienne périphérique n’ayant aucune portée symbolique ou sociologique.

Lire la suite sur Le Figaro

samedi 23 avril 2022

L’insécurité comme problème politique



Il y a quelques mois à peine, nous avions d’excellentes raisons de croire que la question de l’insécurité jouerait un rôle central dans le cadre de cette élection présidentielle. L’ensauvagement de la société, la multiplication des histoires d’extrême violence, la transformation des gendarmes, des policiers, des enseignants et des pompiers en cibles des voyous et autres « jeunes » qu’il n’est jamais permis de caractériser laissait croire à la venue d’un moment de vérité, annonçant une entreprise de reconquête sécuritaire et civique. Mais ce qui doit arriver arrive rarement, et la présidentielle s’est tournée sur la question du « pouvoir d’achat », qui en est venue à éclipser toutes les autres, même si son emprise absolue sur le débat public n’est pas sans lien avec une manière de sonder l’opinion qui entraîne, consciemment ou inconsciemment, la fragmentation et l’émiettement des sujets que l’on pourrait normalement amalgamer sous la référence à la sécurité et à l’identité.

Et pourtant, la question de l’insécurité est centrale pour les Français et il vaut la peine, pour l’aborder, de faire un détour par l’histoire de la philosophie, et plus particulièrement par la figure de Thomas Hobbes, à l’origine de la philosophie politique moderne. Hobbes y explorait les passions humaines en cherchant à identifier leur fonction politique, avant d’en arriver à une conclusion définitive : la peur de la mort violente est la passion à l’origine du lien politique. C’est dans la mesure où les hommes la redoutent, ou du moins, craignent pour leur sécurité, qu’ils consentent à déléguer au souverain le pouvoir nécessaire pour la leur garantir. On aura compris dès lors ce qui arrive quand ce pacte élémentaire et existentiel ne peut être assuré par le pouvoir : le commun des mortels, ne croit plus à sa fonction protectrice et il finit par se déliter. C’est d’ailleurs ce qui arrive aux États-Unis avec l’émergence des « gated communities », ces communautés fermées et privées qui représentent concrètement la sécession sociale et sécuritaire de pans de la population ne faisant plus confiance aux institutions communes. Et cela, dans un pays où la culture de l’autodéfense est normalisée.

La question de la sécurité est ainsi la première des questions politiques : si elle n’est pas assurée, l’ordre civique se dérègle. Paradoxalement, le système politico-médiatique cherche à la décharger de toute signification existentielle, en qualifiant systématiquement les événements les plus violents de « faits divers », alimentant un fantasmé et désormais proverbial « sentiment d’insécurité ». Il fut un temps possible de tenir ce discours sans avoir l’air complètement ridicule, quand les violences étaient associées à des territoires éloignés, que l’on disait perdus pour la République. Mais ces violences se sont multipliées, et surtout, se sont rapprochées de lieux qui s’en croyaient protégés, qui se croyaient à l’abri du tumulte du monde. Ce n’est plus le cas, et même les lieux « touristiques », qui étaient censés offrir un paysage sans risques à ceux qui s’y aventuraient, comme le Champ-de-Mars, se voient pris d’assaut par des délinquants, qui les rendent désormais inhospitaliers.

Dans à peu près chaque ville, aujourd’hui, on trouve une ou plusieurs zones de non-droit, où les commerces ferment plus tôt, quand ils ne ferment pas tout simplement, où les conducteurs de bus sont agressés, où les femmes ne peuvent s’aventurer, ou ne s’y aventurent qu’en s’y faisant le plus discrètes possibles, et où le quidam, s’il s’y risque, peut-être attaqué par une bande goûtant aux délices sadiques de la violence gratuite. Il ne s’agit pas de présenter une vision apocalyptique de la sécurité en France mais de constater, tout simplement, que le désir médiatique de ne pas avoir l’air catastrophiste en pousse plusieurs à minorer ce phénomène, à le relativiser à coups de statistiques lyssenkistes et de récits enjolivés où la réalité n’est plus la bienvenue.

Mais une zone de non-droit n’est rien d’autre qu’une zone d’un autre droit. À l’échelle de l’histoire, la décomposition d’une société annonce toujours, sans que ne s’en aperçoivent nécessairement les contemporains, l’émergence d’une autre, surtout si elle s’appuie sur une mutation démographique à l’origine de tensions identitaires qui viennent légitimer ce choc des mondes au quotidien. Quand une souveraineté s’efface, une autre s’y substitue, même si elle n’est pas étatique. C’est la souveraineté des voyous qui font régner leur propre loi et qui traitent les représentants de la puissance publique non seulement comme des rivaux, mais comme des intrus, au service d’une puissance étrangère, la France, qui en ces quartiers, n’est plus chez elle. Mais qui s’aventure à décrire ce basculement risque gros, car le récit enchanté d’un monde pluriel et pacifié doit se maintenir coûte que coûte.

Par Matthieu Bock-Côté le 23 avril 2022

Source : Le Figaro 23/04/2022