lundi 6 mai 2024
De Napoléon III à Vichy : le roman régionaliste français - Pascal Pointud sur Tocsin le 6 mai 2024
mercredi 4 octobre 2023
dimanche 3 septembre 2023
Des Outre-Mer à l’Alsace, les régionalistes se réveillent-ils ?
Si on met de côté l’Outre-Mer – Corse comprise – qu’on peut considérer comme un immense laboratoire de la décentralisation voire d’un pré-fédéralisme, seule échappe au carcan jacobin l’Alsace qui possède son propre laboratoire d’idée constitué par l’association Initiative Citoyenne Alsacienne dirigée par Pierre Klein et qui précise pour les esprits suspicieux « Nous ne sommes plus aux temps où la France avait à craindre pour son unité. Elle est acquise ». Est-ce à dire que l’exemple puisse être suivi par des régions qui ne peuvent exciper du même héritage historique ?
Depuis l’instauration des « grandes régions », et même depuis l’enterrement de la politique des pays issue de la « loi Pasqua », le débat sur la décentralisation s’était réduit à de technocratiques débats sur les politiques fiscales. Le mouvement des pays s’est essoufflé jusqu’à l’asphyxie orchestrée par le RPR et le PS malgré le travail de l’Association Nationale pour les Pôles Territoriaux et les Pays (ANPP) dirigée par Michael Restier. L’opposition France Urbaine/France Rurale actée par la suppression de la DATAR marquait le début d’une confrontation mortifère. La politique des Métropoles voulues comme une adaptation du territoire nationale au formatage européen et même planétaire a encore réduit la visibilité des régions plus ou moins traditionnelles.
Plus important encore les pressions de la doxa cosmopolite, les pressions migratoires, loin de provoquer un repli sur les identités régionales ont provoqué un recul du sentiment régional concrétisé par l’adoption du terme « Gaulois » englobant sous ce vocable les « Français de souche européenne ». Ce sont les Africains de France qui ont « réduit » les identités régionales et créée une « identité gauloise ».
Mais aujourd’hui ? Le formidable rejet du cosmopolitisme mondial, les besoins de relocalisation des industries, la mise à la mode des circuits d’économie circulaire, la volonté de maîtriser les flux migratoires, le retour des nationalismes dans bien des pays, concourent à la redécouverte des solidarités locales, régionales, nationales. Les signes en sont visibles, très puissamment en Outre-Mer, puissamment, en Alsace, plus ou moins significativement ailleurs. Mais L’Alsace ne sera en bonne voie qu’autant qu’elle cessera sera d’être l’exception qui confirme la règle jacobine pour devenir un exemple à suivre.
En Bretagne le site internet « Breizh info » surfe certes sur le politiquement incorrect, mais son succès étonnant repose d’abord sur un phénomène que l’essayiste Benjamin Morel, auteur de La France en miettes – Régionalismes, l’autre séparatisme (Le Cerf) caractérise, le 27 juillet dernier à l’hebdomadaire Le Point, par le fait que si « seulement 13 % des Bretons voient les sujets identitaires et culturels comme des priorités […] On a tout de même 40 % de Bretons qui se disent plus bretons que français ». Mais la fièvre régionale ne touche pas que la Bretagne, qui a vu la renaissance d’un ersatz de FLB (Front de Libération de la Bretagne) s’en prenant aux voitures et maisons secondaires de supposés colonisateurs français, mais également le Pays basque. Il semblerait aussi que l’influence du Vlaams Belang déborde la frontière belge. Dans le Sud-Ouest notamment on note de réelles résurgences occitanes. En Savoie se signalent des frémissements régionalistes évoquant un Mouvement Régionaliste Savoyard renaissant. En Normandie, qui mérite par certains côtés le qualificatif de périphérique, le Mouvement Normand incarné longtemps par Didier Patte témoigne d’une vivacité maintenue par son dynamique président Emmanuel Mauger…
Un autre marqueur de cette résurgence des identités régionales réside dans la timide renaissance des associations regroupant les originaires des différentes régions vivant hors de la région natale comme l’emblématique « Club de Bretagne » présidé par Pierre Bernard Lebeau.
La décentralisation pour toutes les régions – comme le demande le Mouvement Fédéraliste Français « La Fédération » – est peut-être le moyen le plus sûr d’empêcher certains de se servir de ce phénomène pour créer une fracture dangereuse et en faire une étape vers la sécession, des Caraïbes à la Corse, en passant par l’Alsace et la Seine-Saint-Denis !
Michel le Lay
(EXTRAIT du Bulletin hebdomadaire n° 1982 du lundi 7 août 2023 de l’ACIP)
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2023, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
lundi 28 août 2023
jeudi 4 mai 2023
Macron ne veut pas d’une région Alsace… et quid de la réunification de la Bretagne ?
A l’occasion d’un déplacement en terre alsacienne ce mercredi, le président Emmanuel Macron a fermé la porte à tout retour de la région Alsace. Dans un entretien aux DNA publié jeudi, le président en exercice a argué qu’il ne “voulait pas créer de nouvelles divisions”. En clair, qu’il ne souhaitait pas revenir sur les nouvelles régions créées en 2014. A la suite de ce big bang régional, l’Alsace s’est, en effet, retrouvée enfermée dans une très anonyme région “Grand-Est” (regroupant, outre l’Alsace, la Lorraine et la Champagne-Ardennes).
“Je veux que les Alsaciens (…) sachent que la région Grand Est leur apporte beaucoup. C’est le cas notamment pour les transports, l’aménagement du territoire. C’est plus que ce que l’Alsace aurait pu faire seule” a déclaré Emmanuel Macron aux Dernières Nouvelles d’Alsace alors même que la Communauté européenne d’Alsace (CEA), la collectivité qui réunit depuis 2021 les conseils départementaux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, vient de voter à la quasi-unanimité une résolution demandant “la création d’une région Alsace à part entière” regroupant les compétences régionales et départementales en une seule entité régionale.
Cette résolution avait été précédée en décembre dernier d’une proposition de loi déposée par 10 députés visant à faire sortir l’Alsace du Grand-Est.
La réponse des nationalistes alsaciens d’Unser Land ne se sera pas fait attendre. Son président Jean-Georges Trouillet parlant même de “gifle cinglante à toute l’Alsace”
Et le mouvement autonomiste de rappeler que le candidat Macron avait créé un certain espoir lors d’une visite à Châtenois où il avait paru ouvert à la question. Les promesses n’engagent que ceux qui croient les entendre…
Cette reculade du président français devrait également doucher les espoirs des Bretons à propos de la réunification des 5 départements. Depuis la recréation des régions en 1982, la Loire-Atlantique est, en effet, séparée du reste de la Bretagne et fait partie d’une entité créée de bric et de broc : les pays de loire.