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mardi 10 septembre 2024

Intifadas?

 


Par Charles Rojzman le 10 septembre 2024

Causeur

Dimanche 8 septembre, place de la Nation, à Paris. Lors d’une manifestation propalestinienne intitulée « 11 mois de génocide… stop !», organisée par le collectif « Urgence Palestine », l’un des intervenants s’est fait remarquer à la suite de propos incitant les Parisiens à mener l’« intifada » dans la capitale 

Incendiaire

Il s’agit d’Elias d’Imzalène, fondateur du site « Islam et Info ». Ce militant islamiste apparait comme l’un des leaders du mouvement Urgence Palestine. Il est également cité dans une note des renseignements ayant motivé la fermeture de la mosquée de Torcy en 2017. Cette mosquée était considérée comme un foyer extrémiste, enseignant le combat contre « les mécréants » et encourageant le djihad.

Elias Imzalène a donc appelé les manifestants à mener une intifada à Paris. « Est-ce qu’on est prêts à mener l’intifada dans Paris ? Dans nos banlieues ? Dans nos quartiers ? » a-t-il demandé lors de son discours, devant une foule en liesse qui acquiesçait en chœur. « La voie de la libération… démarre de Paris » a-t-il hurlé, avant d’annoncer que « bientôt, Jérusalem sera libérée et nous pourrons prier au masjid al-Aqsa (la mosquée al-Aqsa, à Jérusalem) ». Et de poursuivre : « Le génocide a des complices. Ils s’appellent Biden, ils s’appellent Macron, Macron le voleur d’élections, n’est-ce pas ? On les connaît les voleurs, qui habitent à l’Élysée et à Matignon. On les connaît. Et est-ce qu’on est prêts à les virer, eux aussi ? », a-t-il demandé aux manifestants.

Ressentiment post-colonial

De nombreux enfants de l’immigration du Maghreb et d’Afrique subsaharienne ont été élevés dans leur famille et ailleurs, y compris dans certaines mosquées, dans le ressentiment post-colonial. Souvent inconscients de ce qu’ils portent en eux, ils traduisent un esprit de revanche, aggravé et renforcé par la violence qu’ils voient dans le cercle familial et dans le quartier. Les parents ont entendu depuis plusieurs dizaines d’années la litanie d’une France raciste et excluante et qui, de plus, a colonisé le pays d’origine. Ils se voient victimes de discriminations de la part de ce peuple qui a colonisé leurs grands-parents. La guerre d’Algérie et la lutte des indépendances ne sont pas terminées. Le combat pour la Palestine sert de prétexte et de support à ces ressentiments.

Plus encore, il se passe dans notre pays, toutes proportions gardées, à peu près ce qui a lieu au Proche-Orient. Israël également est considérée par la jeunesse des pays arabes comme une puissance colonisatrice qui a volé une terre qui ne lui appartient pas. Cet apartheid qu’on impute à Israël, c’est celui que ressent cette jeunesse de nos quartiers en France-même. Ici comme là-bas, c’est le même ressentiment, la même plainte, la même envie à l’égard de ceux qui ont tout et qui les privent de tout. Là-bas comme ici, la réalité est ignorée au profit d’une propagande victimaire et revancharde. « La police qui tue », c’est l’équivalent de Tsahal dans les territoires « occupés », comme le sont pour beaucoup de ces jeunes leurs quartiers également occupés par les institutions d’un État illégitime.

Comment ne pas voir cette ressemblance inquiétante dans les motivations de ces jeunes qui n’hésitent pas à affronter les forces de l’ordre d’un pays qu’ils ne veulent pas respecter, dans beaucoup des vingt-quatre mille refus d’obtempérer par an ? 

Comment ne pas voir dans ce terrorisme qui a frappé au Bataclan, à Nice et ailleurs, dans ces attaques au couteau qui se multiplient, dans ces agressions pour un regard, une cigarette refusée, une expression de cette haine et de cet esprit de revanche qui ont longtemps couvé et qui éclatent désormais au grand jour ?