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vendredi 6 décembre 2024

Allocution de Macron : trente mois, trente siècles…



La France attendait, ce jeudi, l’œil aux aguets, le souffle court, après le suspense de la censure, finalement votée avec une majorité très large. Le Président Macron allait parler. Il allait annoncer un Premier ministre nouveau, plein d’ardeur, riche de l’expérience vécue la veille : celle du retentissant soufflet du vote conjoint de l’extrême gauche et de la droite patriote qui a fait tomber le gouvernement de Michel Barnier. Il était revenu d'Arabie saoudite, il avait vu le désert, il avait pensé, réfléchi. On se prenait à rêver. Peut-être Emmanuel Macron allait-il faire amende honorable ? Analyser les raisons pour lesquelles il est, aujourd’hui, le président de la Ve République le plus impopulaire ? Prendre en compte la nouvelle donne politique ? Reconnaître ses erreurs, ses échecs ? Pourquoi pas…

Les gens sont méchants

Le rêve naïf se brise dès la première minute. Le président de la République élu au suffrage universel et garant des institutions a encore trois ans devant lui, à l’Élysée, mais il n’a plus rien à dire aux Français. On songe immédiatement au regretté Raymond Devos qui lançait : « Et si vous-mêmes, Mesdames et Messieurs, vous n’avez rien à dire, eh bien, on en parle ! »

Ce n’est pas la première fois, c’est vrai, mais ce jeudi soir, cela se voit comme un déficit abyssal sur le bilan d’un petit prince de la finance. Le Président, qui avait pris deux mois pour la nomination de Barnier, n’a pu cette fois boucler l'affaire en 24 heures, comme il le souhaitait. Pourquoi deux mois ? Pourquoi 24 heures ? Mystère. On n’aura donc pas le nom du successeur de Michel Barnier. Mais Macron s’exprime tout de même. Sur fond de drapeau français - et européen, bien sûr -, le chef de l’État tente de justifier sa dissolution tout en constatant qu’elle « n’a pas été comprise ». Certes. Donc ? Donc, rien. Il n’a donc pas de majorité, c’est inédit mais c’est ainsi ! On se pince.

Il a tout de même cherché des solutions, le Président. Ce fut Barnier, un Barnier censuré « parce que l’extrême droite et l’extrême gauche se sont unies ». C'est fou, ce que les gens sont méchants. Avec cette union, le Président reprend le plus mauvais argument du débat, l’argument le plus faible, le plus inopérant, car pas un Français ne pense que Marine Le Pen a soudain adopté le programme du NFP. Qui croira que le vote de la censure crée un « front antirépublicain », comme le dit le Président ? Le NFP ne remet pas en cause la République, le RN moins encore. Les mots sonnent terriblement creux. La machine Macron ne fonctionne plus. Elle part en crabe. « Certains ont tenté de me rendre responsable de cette situation », mais rassurez-vous, brave gens, l’homme qui détient le pouvoir suprême depuis sept ans n’est responsable de rien. « Je n’assumerai jamais les responsabilités des autres », balaye Macron, notamment les responsabilités de ces parlementaires qui ont sonné la fin de la récréation Barnier. « Ces députés ne pensent pas à vous, à vos vies et à vos difficultés », ils veulent « le désordre ». On pensait qu’ils aimaient tellement l’ordre qu’ils étaient, pour certains d'entre eux, dangereusement fascistes ? On peine à suivre. Macron assure qu’ils ne pensent qu’à l’élection présidentielle. Ce qui ne lui est sans doute jamais arrivé…

Trente mois

Bref, la blanche colombe qui niche à l’Élysée nous prévient : il exercera son mandat de cinq ans « pleinement, jusqu’à son terme ». C’est sans doute la non-information la plus saisissante de ce discours inutile. Le pourra-t-il ? Macron ne pose pas la question. Il lui reste trente mois et cela va être long. Il faut redresser les enthousiasmes brisés. Au cric. « C’est une époque nouvelle qui doit commencer », assure Macron, la voix terne, avec « des compromis nouveaux parce que la planète avance et que les défis sont nombreux ». Bon. À l'évidence, le cœur n'y est pas. Il nommera un Premier ministre qui composera son équipe « avec toutes les forces politiques qui s’engagent à ne pas le censurer ». Donc, si le RN s’engage à ne pas le censurer, il aura des ministres ? Chiche ! A-t-il eu seulement le courage de relire son texte ? Pas sûr.

Il reste donc « trente mois », a calculé le Président. Trente mois pour faire de la France « un pays plus fort et plus juste », « une France plus forte dans une Europe plus forte et plus indépendante » (sic). Le canard sans tête ne court plus mais il parle. Trente mois, répète Macron, qui tente d’enrôler la cathédrale de Paris et les Jeux olympiques. Trente mois, donc. Trente siècles. On a beau chercher, on ne voit pas comment ce Président de plus en plus déconnecté tiendra. Macron aurait peut-être dû ne rien dire. 

Mais voilà, Raymond Devos, encore : « Moi, quand je n'ai rien à dire, je veux qu'on le sache ! »

Par Marc Baudriller le 6 décembre 2024

Boulevard Voltaire

Après la censure, Macron démission ! (Nicolas Dupont-Aignan DLF)

mercredi 6 novembre 2024

Victoire de Donald Trump : réveil difficile et gueule de bois pour la gauche

 


« Nuit blanche, nuit sombre ». 

Ce 6 novembre au matin, alors que les premières estimations sur le résultat de l’élection présidentielle nous parviennent des Etats-Unis, la gauche française se réveille avec une « grosse gueule de bois ». 

Ces élus, du Parti socialiste à la France insoumise, qui, pendant des mois ont brossé un portrait diabolique de Donald Trump, peinent à comprendre qu’une majorité d’électeurs américains aient pu voter en faveur du candidat républicain. Pire, l’annonce définitive du résultat, aux alentours de 11 heures 30 (heure française), donnant la victoire électorale et populaire au camp MAGA, a fini par agacer cette gauche bien-pensante qui refuse de saluer la victoire démocratique du candidat. 

Amère face au come-back historique de Donald Trump, la gauche française s’enferre dans des reductio ad hitlerum. En vain, l’argument ne fonctionne plus.

« Backlash climato-sceptique, masculiniste et raciste »

« Grosse gueule de bois ce matin ». Yannick Jadot, à peine réveillé, n’en revient pas. Donald Trump, que la gauche française n’a cessé de conspuer depuis des mois voire des années, est donné gagnant par les principaux analystes et semble en passe de remporter à la fois une majorité de grands électeurs, mais aussi le vote populaire. 

Au lieu de saluer ce résultat historique et cette élection démocratique, le sénateur écologiste choisit de revenir encore et toujours à la diabolisation du candidat républicain. « Tous les pouvoirs fédéraux (présidence, Sénat, Cour Suprême) aux mains de Trump, s’inquiète l’élu français. Je pense aux futures victimes des délires trumpistes, du fond des Etats-Unis au front ukrainien ». 

Même son de cloche du côté de Marine Tondelier. Sur X, la patronne d’Europe Ecologie les Verts, abonde : « Cet enfer qui se profile… Courage aux Américaines et Américains qui seront en première ligne des politiques de Trump. » Oublie-t-elle que ce sont ces Américaines et Américains qui, dans leur majorité, ont voté en faveur de Donald Trump ? Toujours dans les rangs des écolos, Sandrine Rousseau, connue pour son manque de mesure, ne fait pas défaut à sa réputation. 

« Les Etats-Unis sont les théâtre d’un backlash climatosceptique, masculiniste et raciste, soutenu et encouragé par les acteurs d’une économie libérale avides de profits. Angoisse. » écrit-elle sur son compte X. Sa collègue, Marie Toussaint, surenchérit : « Cette nuit, c’est la brutalité, le mépris, le chaos. Tenons-nous prêts à nous battre pour la démocratie, la justice et l’égalité ».

Surenchère insoumise 

Chez les Insoumis aussi, le réveil semble avoir été difficile. Malgré l’écrasante victoire populaire et électorale de Donald Trump, la France insoumise continue de rabâcher les mêmes arguments. Chacun y va ainsi de son superlatif pour s’alarmer du résultat de l’élection américaine. « C’est un drame, commence Clément Guetté, députée LFI. […] Notre pays doit se tenir auprès de celles et ceux qui souffriront de sa politique ». « Victoire de Donald Trump, ennemi des femmes, des personnes racisées, de la liberté de la presse et du climat. J’ai une pensée pour toutes celles et ceux qui subiront les effets de ses politiques dévastatrices » ajoute Manon Aubry, eurodéputée insoumise. Et Carlos Bilongo, député insoumis, de qualifier Donald Trump de « très dangereux ». « Son premier discours laisse déjà présager les pires scénarios possibles pour l’avenir et l’écologie » poursuit-il

Jean-Luc Mélenchon craint, quant à lui, que « le monde monte en tension » tandis que Raphaël Arnault déclare être dans « une colère immense ». Mais la palme de la surenchère revient sûrement à Clémentine Autain qui va jusqu’à parler de « catastrophe planétaire ». D’autres, à l’instar d’Aymeric Caron ou encore Raphaël Arnault et Manon Aubry, tentent une analyse du scrutin et expliquent la défaite de Kamala Harris notamment par son manque de soutien à la cause ukrainienne ou palestinienne

Côté socialiste, on ronge son frein en silence. A la surenchère des Insoumis, des élus du Parti socialiste préfèrent l'absence de commentaires ou la prise de recul. Pierre Moscovici, ancien ministre sous François Hollande, choisit quant à lui, l'option pseudo-poétique avec un commentaire laconique : « Nuit blanche, nuit sombre ». Histoire, peut-être, donner l'illusion qu'il reste dans sa réserve de Premier président de la Cour des comptes.

Plutôt que de se fourvoyer dans la dénonciation (facile) d'un fascisme qui n'existe pas, la gauche française devrait plutôt écouter les conseils de l'un des ses siens, Julien Dray, ancien député socialiste : « Quand le peuple vote, on commence d’abord par le comprendre, et donc qu’une partie de la gauche bien pensante  prenne enfin le temps de réfléchir et se garde de voir le fascisme partout lui fera le plus grand bien… ».

Par Clémence de Longraye le 6 novembre 2024

Boulevard Voltaire

mercredi 2 octobre 2024

Après le discours de politique générale : ça va pas être simple !


La liturgie s’est donc déroulée impeccablement. Conformément à la tradition. Michel Barnier, 26
e Premier ministre de cette Ve République bien malade, pour ne pas dire agonisante, a donc prononcé son discours de politique générale à l’Assemblée nationale. 

Puis les présidents des groupes parlementaires sont montés à leur tour à la tribune pour jouer leur partition. Selon la tradition. La liturgie est toujours la même, le faste des dorures de cette cathédrale de la représentation nationale qu’est l’Hémicycle est toujours là, avec ses roulements de tambour, ses gardes républicains, ses appariteurs en jaquette, les effets de manche de certains députés qui doivent, un instant, se prendre pour Blum ou Jaurès. Enlevez le son de cette séance et comparez en visionnant, toujours sans le son, les discours de Debré, Pompidou, Chaban, Chirac, Mauroy, Rocard, Juppé, Jospin, Fillon, Philippe - et on en passe, et des meilleurs et des moins bons - et vous aurez l’impression que c’est du pareil au même. 

Que rien ne change, finalement.

Une extrême gauche vociférante

Et pourtant... Cette séance était une première, dans la vie de la Ve : la première fois qu’un nouveau Premier ministre montait à la tribune dans un hémicycle dont aucun des groupes parlementaires lui faisant face n’est disposé à lui accorder un soutien inconditionnel. Et cela, par la grâce et la magie d’Emmanuel Macron qui décida, sur un coup de tête, de chaud ou de baguette magique, un beau soir de juin, de dissoudre l’Assemblée nationale. Et c’est à un homme de 73 ans, portant sur son dos le poids – et l’expérience - d'un demi-siècle de politique locale, nationale et internationale, que revenait la lourde tâche d’affronter cette chambre improbable.

Avec, à son extrême gauche, les héritiers des sans-culottes de 93, vociférant à tout va, représentés par une Mathilde Panot très en verve, tout de noir vêtue, qui n’hésite pas à comparer Macron à Caligula et, par voie de conséquence, Barnier au cheval que l’empereur romain fit consul. Un Barnier relégué au rang de « larbin »« rampant devant l’extrême droite ». Un Barnier qui a pris dans son gouvernement Bruno Retailleau (accrochez-vous), « figure abjecte du macrono-lepénisme ». Le sens de la mesure de cette dame force le respect. Retailleau qui, visiblement, devient la tête de Turc, non seulement de la gauche, mais de la Macronie : Gabriel Attal, fielleux, parle d’« hystérisation » du débat en faisant allusion à la sortie de Retailleau, sans le nommer, sur l'État de droit qui « n'est pas intangible ni sacré ». Un Retailleau pourtant collègue de gouvernement des petits copains et copines macronistes d'Attal. Ça promet d’être sportif… Mais le montagnard Barnier est un sportif !

 

Marine Le Pen : « Qu'allez-vous faire de sérieux ? »

Barnier, un sportif qui, sur sa droite, doit faire face à une autre athlète de la politique française : Marine Le Pen. Une Marine Le Pen qui a rappelé que nous étions dans un véritable « bourbier » et souligné que pendant ces trois mois de « pantalonnade » orchestrés par Macron, la vie avait continué pour les Français, avec des finances publiques qui se dégradent, une insécurité inquiétante et une immigration incontrôlée. Marine Le Pen qui refuse d’entraîner le pays dans plus de chaos, et c’est pourquoi son groupe ne censurera pas le gouvernement. Tout en saluant la courtoisie, le respect dont fait preuve Michel Barnier, « qualité qui vous honore et qui se raréfie », l’ancienne présidente du RN n’en interpelle pas moins le Premier ministre : « Qu’allez-vous faire de sérieux contre l’effondrement des services publics, l’immigration… Vraiment ? » Car le souhait de sortir du « en même temps » est, selon elle, « timide ».

 

Wauquiez : « total soutien » à Bruno Retailleau

Barnier, en tout cas, peut donc compter, si l’on a bien compris, sur les très minoritaires LR. Laurent Wauquiez, pour justifier la participation de son parti au gouvernement, qui, pourtant, il y a à peine trois mois, était dans l’opposition, estime que « la France danse sur un volcan » et qu'au lieu de bloquer le pays, il faut agir, apportant au passage son « total soutien » à Bruno Retailleau, ce qui ne fait peut-être pas tout à fait l'affaire de Barnier...

Mais avec ça, nous n’avons pas parlé du discours. Plutôt que de tenter de résumer les 53.894 signes (espaces compris) d'un discours, certes timide, pour reprendre l’adjectif de Marine Le Pen, mais de bonne tenue et globalement lucide sur l’état de la France (sauf sur la question migratoire : « Nous ne maîtrisons plus de manière satisfaisante notre politique migratoire » - le doux euphémisme !), tenons-nous-en à son introduction. « À cet instant, j’ai en mémoire l’ordre de mission que le général de Gaulle écrivait de sa main à son aide de camp Pierre de Chevigné en l’envoyant à Washington pour fonder l’antenne de la France libre, en mai 1942. "Je vous demande de faire beaucoup avec peu, en partant de presque rien". » 

Peu, pour Barnier, c’est évidemment l’état de nos finances publiques. Peu, c’est aussi ses troupes : peu nombreuses. La liturgie s’est déroulée impeccablement, selon la tradition. Michel Barnier, ce soir, a devant lui un destin, au pire de syndic de faillite, au mieux d'administrateur apostolique, et son onction tout ecclésiastique va devoir faire des miracles. 

Mais ça va pas être simple...

Par Georges Michel le 1er octobre 2024

Boulevard Voltaire


lundi 9 septembre 2024

Mélenchon n’a pas eu les plumes du pouvoir, il lui reste le goudron


Par Marc Baudriller le 8 septembre 2024

Elle avait pourtant des raisons. Et des mots d’ordre. L’extrême-gauche n’aura donc pas réuni plus de 25 000 manifestants ce samedi, entre drapeaux palestiniens et symboles antifas, pour protester contre le nouveau Premier ministre issu de la droite. La gauche est-elle fatiguée des mobilisations inutiles ? Lassée des appels quasi quotidiens à l’insurrection lancés par ses leaders ? A-t-elle touché du doigt le chapelet de mensonges professé en hurlant par les Mélenchonistes depuis les législatives ? 

Non, personne n’était contraint de nommer Lucie Castets à Matignon : la preuve, cette nomination n’a pas eu lieu. Non, la France ne devait rien à Jean-Luc Mélenchon et surtout pas un Premier ministre qui n’aurait pas passé le cap des trois jours. 

Non, la vie politique française ne tourne pas autour du NFP, minoritaire en France, encore moins des Insoumis, minoritaires au sein du NFP. On peut mentir une fois à une personne mais non pas tous les jours à tous les Français. Le réel a ainsi eu la peau de la fiction mélenchoniste et une erreur répétée tout l’été par Lucie Castets ne fait pas une vérité à l’automne.

Mari trompé

Avec l’échec patent de cette manifestation, la gauche mélenchoniste et ses alliés démarrent ce lundi une séquence « gueule de bois ». « Ce n’est pas la girouette qui tourne, disait Edgar Faure, c’est le vent ». Le vent a tourné. Lundi dernier, Mélenchon se voyait en faiseur de roi. Une semaine plus tard, le voilà relégué au rang de spectateur inutile. Et impuissant. En s’assurant du soutien des LR et de la neutralité bienveillante, au moins temporaire, de Marine Le Pen, Macron a cantonné Mélenchon dans le rôle du mari trompé. Il a apporté ses voix aux candidats macronistes dans de nombreuses circonscriptions. Macron l’a remercié comme il avait remercié son Pygmalion François Hollande, revenu lui aussi parmi les troupes du NFP, en l’évacuant du paysage.

La descente est difficile. C’est comme si les électeurs de gauche avaient enfin compris ce week-end que la réalité s’imposait. Que la victoire n’en était pas une. Et que le paysage politique avait basculé non pas à gauche mais au profit du RN, ce que personne ne leur a dit jusqu’ici. C’est quand la mer se retire qu’on voit ceux qui se baignaient nus. Mélenchon était nu. 

Un RN aux portes du pouvoir, devenu pour la première fois indispensable à la stabilité d’un gouvernement, un Premier ministre qui proposa voilà trois ans (lors des primaires LR de 2021) un moratoire sur l’immigration, nommé avec le feu vert du RN, pas de Premier ministre NFP et une démonstration de force devenue une preuve de faiblesse dans la rue : Mélenchon n‘a pas eu les plumes du pouvoir, il lui reste le goudron.

On va pouvoir peut-être enfin oublier un peu LFI et penser à la France, ça nous fera du bien.

Boulevard Voltaire

jeudi 29 août 2024

Face aux flics de la pensée, refuser d’obtempérer !



La dérive illibérale du macronisme signe son échec. 

La fin politique d’Emmanuel Macron est liée au chaos qu’il a créé, croyant en sortir vainqueur. Ce mercredi, il était toujours en recherche d’un premier ministre suffisamment aimable pour accepter de lui sauver provisoirement la mise. Toutefois, la démission du chef de l’Etat devient une hypothèse crédible, tant son régime recroquevillé offense la république. 

En effet, non content de vouloir exclure le RN, parti qui fédère 80% des votes de droite, mais aussi le NFP et ses 7 millions d’électeurs (soit, au total, 18 millions d’indésirables !), Macron a avalisé de surcroit la généralisation d’une mise en surveillance des opinions. Dès lors, apparaît un pouvoir en rupture avec la démocratie. 

L’arrestation, le 24 août à l’aéroport du Bourget, du fondateur de la messagerie cryptée Telegram, le franco-russe Pavel Durov, au prétexte d’un manque de modération sur sa plate-forme, est venue ajouter un voile noir sur la liberté d’expression, qui n’est plus qu’une expression. 

Mardi, le président a voulu s’exonérer de cet acte de police judiciaire en assurant : « La France est plus que tout attachée à la liberté d’expression et de communication (…) Dans un État de droit (…), les libertés sont exercées dans un cadre établi par la loi pour protéger les citoyens et respecter leurs droits fondamentaux. C’est à la justice, en totale indépendance, qu’il revient de faire respecter la loi. L’arrestation du président de Telegram sur le territoire français a eu lieu dans le cadre d’une enquête judiciaire en cours. Ce n’est en rien une décision politique. Il revient aux juges de statuer ». En réalité, la législation qui a permis l’arrestation de Durov est la traduction fidèle de la volonté élysienne de trier les idées et de faire taire.

En choisissant, le 27 juin, de reconduire le commissaire Thierry Breton dans ses fonctions, Macron a avalisé le combat mené par l’Union européenne pour contrôler les réseaux sociaux, au nom de la lutte contre la haine et le racisme. Or ces deux termes ne répondent à aucune définition juridique et permettent toutes les censures morales. 

La mise en garde à vue de Durov préfigure-t-elle celle d’Elon Musk, le patron de (ex-Twitter), lors d’un prochain passage en France ? En sommant, en vain, le milliardaire de se soumettre à la modération de l’UE, Breton a ouvert la voie à une généralisation de la répression des patrons de réseaux sociaux. Dans le même temps, Mark Zuckerberg (patron de Facebook et Instagram) a reconnu, lundi, avoir dû censurer, sous la pression de l’administration Biden, des informations liées au Covid ou à l’affaire Hunter Biden, officiellement présentée à l’époque comme une fake-news russe. 

Cette dérive totalitaire contre les opinions dissidentes ne s’arrête pas à l’internet. L’acharnement du système macronien a encouragé l’Arcom, gendarme de l’audiovisuel, à priver NRJ 12 et C8 de leur diffusion et à mettre sous surveillance la trop libre CNews. Précédemment, c’était la chaîne russe RT France qui avait été interdite. Des journaux d’opposition comme France Soir, L’Incorrect, Causeur, Valeurs Actuelles, etc., sont eux aussi les cibles de mécanismes d’étouffement qui, s’ils ne répondent pas directement aux ordres de l’Elysée, ne sont en rien contrariants pour la macronie et sa quête hygiéniste, y compris dans le lavage de cerveau et l’opinion propre. 

A la France des Lumières a succédé la France des petits flics de la pensée officielle. Face à eux, le refus d’obtempérer devient un devoir.

Par Ivan Rioufol le 28 août 2024

Le Blog d'Ivan Rioufol

"Macron est un président de la République très affaibli !" - Arnaud Benedetti sur Radio Courtoisie le 229 août 2024

mercredi 7 août 2024

LFI déprime ? Normal, les JO sont aux antipodes de ses « valeurs » !



Ces JO semblaient, pour les membres de La France insoumise, commencer sous les meilleurs auspices. 

La cérémonie d’ouverture, wokiste à souhait - à un petit bémol près du côté de Jean-Luc Mélenchon -, les avait ravis. Las, ils déchantent aujourd’hui. On les sent moroses, déprimés, pour ne pas dire dépressifs. Il y a tout d’abord l'omniprésent triomphalisme cocardier : le sport, on le sait, est le dernier refuge du patriotisme, le seul endroit où il a, en principe, encore le droit de s’exprimer. Mais pour La France insoumise, c’est encore trop. Pour le député LFI de Seine-et-Marne Arnaud Saint-Martin, « la couverture chauviniste des JO sur le service public audiovisuel est pénible ». Selon lui, « tout est cadré en fonction des performances espérées des sportifs français ». Bref, conclut-il : « l’heure est à la régression nationaliste ». Rien que ça.

Il est vrai que l’excellence sportive est aux antipodes des « valeurs » de LFI et de la gauche en général. Les mots clés des JO sont la rigueur, l’émulation, le mérite, l’exigence, le fair-play, le respect des règles imposées et l'acceptation des arbitrages du jury. Chacun cultive ses talents, qui ne sont pas les mêmes pour tous. 

Parfois, comme Léon Marchand, ce sont même des « héritiers », horresco referens, au sens bourdieusien du terme, ayant profité d’un terreau familial et de la transmission parentale. Les épreuves ont lieu en temps limité, tous sur la même ligne de départ. Les médailles ne sont pas décernées sur dossier, entretien, test de personnalité ou contrôle continu. Et les vainqueurs - drapés dans le drapeau tricolore - sont ovationnés comme des héros. Or, pour LFI, seules les victimes autoproclamées ont droit à la considération.

Et si ces JO peuvent se dérouler dans un climat serein, propre à la concentration des sportifs et à la liesse du public, c’est que Paris est sécurisé, quadrillé, surveillé par des forces de l’ordre en nombre, qui contrôlent et mettent hors d’état de nuire les délinquants de tout poil. Sans parler des militaires de Sentinelle. Preuve que quand on veut, on peut. « Les Parisiens sont en train de vivre dans une municipalité "d’extrême droite" sans le savoir », s’amuse l’influenceur Damieu Rieu, « fin des vendeurs à la sauvette, sécurité, absence de hordes de migrants… c’est possible. Ce n’est pas une dictature. C’est même plutôt agréable, apparemment. »

On comprend que cela en défrise plus d’un, du côté de la gauche : ne l’appelez plus Anne Hidalgo mais Anne Hidalliot, maire de Parignan. Qui l’eût cru ? Que les députés LFI se rassurent : cette parenthèse enchantée, comme son nom l’indique, ne durera qu’un court moment. Parce qu’en France, il est convenu - et c'est aussi absurde que désolant - de dénigrer, diaboliser, repousser avec horreur ces recettes éprouvées de réussite dès lors qu’elles ne concernent plus le sport.

Par Gabrielle Cluzel le 6 août 2024

Boulevard Voltaire

lundi 5 août 2024

Macron/JO: et après la “parenthèse enchantée”?



Le président de la République n’en revient pas du succès de « ses » Jeux olympiques, à tel point qu’il a quitté Brégançon pour venir les voir de plus près. Sans doute pour ne pas laisser au seul Gabriel Attal le bonheur d’être omniprésent…

Il continue, dans une même effusion, à confondre les formidables victoires françaises avec une cérémonie d’ouverture dont il persiste à défendre les promoteurs, vantant son « audace » qui aurait beaucoup appris à la France et au monde. On aurait attendu de lui plus de compréhension pour les tenants d’une autre France. À choisir, j’aurais préféré avoir celle d’Alain Finkielkraut plus que celle d’Edwy Plenel ou de Patrick Boucheron – pour qui les crimes odieux de janvier 2015 constituaient « des assassinats politiques » !

La nomination d’un Premier ministre attendu d’ici une dizaine de jours

Il paraît que malgré ses postures « sportives » à Brégançon, Emmanuel Macron réfléchit au futur politique qui devrait prendre forme vers la mi-août. Ce qu’il montre cependant à l’heure actuelle relève plus d’une désinvolture affectée que d’une gravité certaine. Ce ne sont pas nos horloges qui l’intéressent mais les siennes. Une étrange sensation règne dans le pays depuis le double échec du macronisme aux élections européennes et au premier tour des législatives. 

Puis la déconfiture artificiellement provoquée du RN au second tour et surtout la dissolution. Alors que le président apparaissait comme un bourreau de travail, le jour, la nuit – une légende abondamment exploitée -, on a l’impression que nous sommes actuellement dans une mi-temps qui dure beaucoup trop : Emmanuel Macron paraît lui-même perdu à la suite de sa décision qui a bouleversé pour le pire le climat démocratique. 

Il nous fait attendre, mais connaît-il lui-même la réponse aux questions qu’on lui pose ? Quand notre pays sera-t-il à nouveau gouverné ?

La France Insoumise indigne encore

Car pendant cet intermède la gauche et l’extrême gauche continuent à faire de la politique pour le pire. La France Insoumise ne se passionne pas du tout pour les JO : euphémisme ! Sophia Chikirou ne désarme pas et se fait « la porte-parole de la haine des Juifs dans le monde ». Plusieurs membres du PS se sont désolidarisés d’elle. Une enquête a été ouverte d’ailleurs à la suite de cette dernière et odieuse provocation.
Lucie Castets, imperturbable, se prend pour la Première ministre qu’elle n’est pas et ne sera pas. 

Sa haute opinion d’elle-même ne compensera pas sa faible assise politique reconnue même par Mediapart, c’est dire ! Elle « cherche la clé pour gouverner » mais heureusement ne la trouve pas !

Ces éléments démontrent que, le président s’amusant, ses adversaires s’activent et qu’il serait temps d’offrir une perspective au pays autre que sportive. Les JO terminés, Antoine Dupont, Léon Marchand et Teddy Riner resteront dans nos mémoires mais la France sera telle qu’avant : en recherche d’un vrai président, d’un Premier ministre efficace et d’une politique cohérente !

Par Philippe Bilger le 5 aôut 2024

Causeur

 

mercredi 24 juillet 2024

Le NFP veut imposer Lucie Castets à Matignon, mais rien n’oblige E. Macron


Un « non » qui ne passe pas. 

Ce 23 juillet, peu après 20 heures, Emmanuel Macron semble avoir fermé la porte à la nomination d’un Premier ministre issu des rangs du Nouveau Front populaire. « Il serait faux de dire que le NFP a un majorité quelle qu’elle soit » a ainsi rappelé le chef de l’Etat. Avant d’ajouter : « Le sujet n’est pas un nom donné par une formation politique. La question, c’est quelle majorité peut se dégager à l’Assemblée pour qu’un gouvernement de la France puisse passer des réformes et un budget ». Tollé à gauche alors que les membres du Nouveau Front populaire venaient enfin de se mettre d’accord, au terme de quinze jours de négociations, sur un nom - celui de Lucie Castets, une haut-fonctionnaire inconnue du grand public à la tête des finances et des achats de la ville de Paris - pour Matignon. 

« Que d’efforts d’Emmanuel Macron pour nier que le NFP est le bloc arrivé premier ! […] Cette négation du suffrage universel l’amènera dans l’impasse » s’est ainsi agacé Eric Coquerel, député LFI réélu à la tête de la Commission des finances. Un sentiment partagé par Jean-Luc Mélenchon qui dénonce un « Président qui refuse le résultat de l’élection ». 

Chez les Verts, Marine Tondelier appelle « Emmanuel Macron [à] sortir du déni ». « Nous avons gagné, nous avons un programme, nous avons une Première ministre » clame-t-elle sur ses réseaux sociaux

Et Fabien Roussel, pour qui ce refus de nommer Lucie Castets au poste de Premier ministre représente une « violence extrême pour notre démocratie ».

Seul le Président décide

Mais n’en déplaise à Jean-Luc Mélenchon et ses alliés du NFP qui, depuis le soir du second tour des élections législatives anticipées revendiquent la victoire et réclament la nomination d’un Premier ministre de gauche, rien n’oblige constitutionnellement le Président de la République à choisir un Premier ministre issu ou proche du NFP. L’article 8 de la Constitution est clair à ce sujet. « Le Président de la République (et lui seul, NDLR) nomme le Premier ministre. » Aucun délai n’est par ailleurs imposé. Autrement dit, le choix du locataire de Matignon est uniquement entre les mains d’Emmanuel Macron. Ce n’est pas parce que François Mitterrand et Jacques Chirac, lors des précédentes périodes de cohabitation, avaient choisi un Premier ministre issu des rangs du parti arrivé premier au soir des élections législatives que cette pratique prévaut sur le droit.

D’autant plus que si le RPR en 1986 et 1993 et le Parti socialiste en 1997 avaient, en leur temps, obtenu une majorité absolue à l’Assemblée nationale qui pouvait justifier la nomination d’un Premier ministre issu de leurs rangs, aujourd’hui, il n’en est rien. Alors que le NFP tente de faire croire qu’il a gagné les élections législatives et que lui seul peut prétendre à Matignon, la réalité arithmétique du Palais Bourbon rappelle qu’aucun parti, ni aucune coalition n’est majoritaire. Le NFP est certes arrivé en tête en nombre de sièges (182 sièges) mais reste loin - très loin - de la majorité absolue (289 sièges) nécessaire pour gouverner et appliquer son programme.

Un Premier ministre gestionnaire ?

Ainsi, si rien n’oblige, d’un point de vue strictement juridique et constitutionnel, le Président à nommer Lucie Castets à Matignon, la réalité politique de l’Assemblée nationale le contraint tout de même. Comme Emmanuel Macron l’a lui-même souligné lors de son intervention télévisée ce 23 juillet, il doit nommer un Premier ministre capable de faire adopter « des réformes et un budget ». Le Premier ministre doit donc pouvoir rassembler autour de sa personne une coalition assez large pour obtenir la confiance du Parlement - procédure non obligatoire - mais surtout pour éviter d’être renversé par la première motion de censure. Le Premier ministre, quel que soit son parti d'origine s'exposerait ainsi à une motion de censure, un texte déposé par au moins un dixième des députés qui doit être adopté à la majorité absolue. Si adopté, ce texte entraine d'une part la démission du gouvernement en place et le rejet du texte sur lequel cette motion a été engagée. Il y a fort à parier, faute de majorité relative ou absolue que les oppositions se coaliserait pour renverser n'importe quel gouvernement en place, notamment si celui-ci est dirigé par la France Insoumise, parti qui cristallise les critiques.

En son temps, le général de Gaulle préconisait donc en cas de fragmentation de l’Assemblée nationale, de nommer un « Premier ministre gestionnaire » et un gouvernement de « techniciens ». « Cette Constitution a été faite pour gouverner sans majorité. Je ferais appel, comme en 1958, à des hommes nouveaux, des techniciens, des spécialistes qui ne se soient pas compromis dans les luttes politiques, mais qui soient respectés pour leur compétence. Des commis de l'Etat. Des gestionnaires » confiait-il à Alain Peyrefitte. De Gaulle ajoutait tout de même : « Un raz de marée de l'opposition apparaîtrait fatalement comme un désaveu à mon égard. J'en tirerais aussitôt les conséquences. » 

Une dernière option qu’Emmanuel Macron semble avoir d'ores et déjà écartée…

Par Clémence de Longraye le 24 juillet 2024

Boulevard Voltaire


vendredi 12 juillet 2024

La lettre de Macron : l’art de se moquer du monde



Difficile de rester poli lorsqu’on lit la lettre qu’Emmanuel Macron a adressée aux Français ce 10 juillet 2024. Au mieux, cet homme nous écrit d’une planète qui n’est pas la nôtre. Ce qui un peu le cas puisque, a priori, ce courrier a été envoyé depuis l’avion présidentiel alors que le chef de l’État se rendait au sommet de l’Alliance atlantique à Washington. Au pire, Macron se moque totalement, pour ne pas dire plus, de ses « chères Françaises, chers Français ». 

Personnellement, nous penchons pour la deuxième hypothèse. De la première à la dernière ligne, tout sonne faux dans cette missive : de la formule d’appel « Chères Françaises, chers Français » à ce « En confiance » qui conclut ce petit chef-d’œuvre de « foutage de gueule ». 

Effectivement, il fallait oser écrire « En confiance », alors que les Français, par trois fois, en moins d’un mois, on dit très clairement qu’ils n’ont plus confiance en lui. On touche là les sommets du déni ou du cynisme, voire des deux à la fois. A-t-il souri lorsqu’il a écrit cette petite phrase conclusive ? On l’ignore.

Macron, mauvais perdant

Passons sur la façon d’enjamber les résultats de ces élections législatives. « Si l’extrême droite est arrivée en tête au premier tout avec près de 11 millions de voix, vous avez clairement refusé qu’elle accède au gouvernement », affirme le Président qui se garde bien d’évoquer le fait que le Rassemblement National est aussi arrivé en tête au second tour en nombre de voix : 8,7 millions contre 7,5 millions au Nouveau Front populaire et seulement 7 millions au camp présidentiel. 

En pourcentage, cela parlera mieux : plus de 36 % pour le RN, 25 % pour la gauche et 23 % seulement pour la Macronie. Il est donc faux de dire, comme le fait Macron, que les Français ont clairement refusé que le RN et ses alliés accèdent au pouvoir. Tout sonne faux dans cette lettre, disions-nous. « Personne ne l’a emporté », ajoute-t-il. Pour le coup, ce n’est pas faux ; c’est même plutôt vrai. En creux, pour être plus clair, cela veut dire que Macron a été défait. Quand on perd plus de 100 députés par rapport à la dernière législature, on ne dit pas qu’on ne l’a pas emporté, on dit qu’on a perdu. Mais l’on sait que Macron est mauvais perdant.

Monsieur pose ses conditions

Mais, visiblement, ces millions d’électeurs et leurs aspirations à plus de sécurité, de souveraineté, à moins d’immigration, à conserver l’identité de notre pays, comptent pour peu de chose pour Emmanuel Macron. En effet, Monsieur, dans son avion présidentiel, se permet de dire qui est républicain et qui ne l’est pas. « Je demande à l’ensemble des forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines, l’État de droit, le parlementarisme [Faut quand même être gonflé d’écrire ça quand on sait comment Macron a maltraité le Parlement à coups de 49-3 !], une orientation européenne [Peut pas s’en empêcher] et la défense de l’indépendance française [Là aussi, quel culot !] d’engager un dialogue sincère et loyal [On se pince] pour bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle [Comme la gauche de jadis ?] pour le pays ». Mais de qui se moque-t-il ? En gros, j’ai semé le chaos et maintenant débrouillez-vous ! 


Mais – attention ! - en respectant strictement mon cahier des charges. Car, on aura lu entre les lignes, LFI – on s’en réjouira – est exclu du dispositif ainsi que le Rassemblement National qui, pourtant, n’a jamais appelé à marcher sur Matignon et a toujours respecté les institutions républicaines depuis qu’il existe. Et donc, Monsieur explique tranquillement, aux Français, qui, à plus de 75 %, ont voté contre les candidats de son camp, que « c’est à la lumière de ces principes » qu’il décidera de la nomination du Premier ministre. Royal.

On n’a pas de conseils à donner au Président, mais il ne devrait peut-être pas trop mépriser les deux bouts de l’échiquier politique, notamment à droite, car, si à Dieu ne plaise, il réussit à nommer un Premier ministre qui remplisse ce joli cahier des charges, ce mouton à cinq pattes sera à la merci de la moindre motion de censure de la gauche et de l'extrême gauche, convaincues qu'elles ont gagné les élections. 

Qui dit que demain, ce Premier ministre ne devra son maintien à Matignon qu’à la seule faveur, par exemple du Rassemblement National et des amis de M. Ciotti qui ne voteraient pas cette motion de censure ? Faut-il rappeler à Macron que la corde peut parfois soutenir le pendu. Mais nous n’y sommes pas encore…

En principe, une lettre appelle une réponse. On l'appellera « la lettre à l'Élysée » !

Par Georges Michel le 11 juillet 2024

Boulevard Voltaire

Les héritiers des Lumières volent bas et pensent creux



La « clarification » obscure, cette coquecigrue produite par Emmanuel Macron en dissolvant l’Assemblée nationale, reflète la confusion intellectuelle qui s’est installée au cœur du Système qui s’effondre. 

Le pouvoir se comporte comme un canard sans tête. Une bêtise collective s’est emparée des élites en chaises longues. Celles-ci ont unanimement réduit le débat politique à des postures irréfléchies contre le RN, rendant infertile le champ des idées. Rien ne pousse sous les tas de pierres lancées depuis des lustres par des Jean Moulin d’opérette contre le fascisme que représenterait Marine Le Pen. Mais si Le Pen est le fascisme, le fascisme n’était-t-il donc que cela ?  Les résistants du nouveau « No pasaran ! » se flattent, derrière le chef de l’Etat, d’avoir écarté « l’extrême droite » de Matignon en la personne de Jordan Bardella

Ce faisant, ces promoteurs moutonniers du front républicain découvrent aujourd’hui, avec une extrême gauche revivifiée, le monstre « humaniste » qu’ils ont sottement couvé dans un combat commun contre la « lèpre ». Les macronistes feignent de s’étonner du vrai visage de ce partenaire sectaire et violent, qui a rendu l’antisémitisme tolérable aux yeux de la gauche « antiraciste ». Hier, Adrien Quatennens (LFI) a même appelé à « une grande marche populaire » sur Matignon afin de faire « céder » le président dans son choix d’un insoumis comme premier ministre. L’abêtissement a réduit le théâtre politique à des affrontements puérils, avec vociférations et mises à l’index. Le

Les héritiers de la France des Lumières, gagnés par la rhinocérite, volent bas et pensent creux.Il est vain d’appeler à une « coalition d’idées », comme l’a fait ce mercredi Gérald Darmanin sur Europe 1, sans jeter préalablement les œillères du prêt-à-penser qui forcent au pilotage automatique. Le ministre de l’Intérieur a beau reconnaître que son camp a « perdu les élections », il persiste à raisonner en vase clos quand, par exemple, il déclare, après la révélation d’un dîner entre Edouard Philippe et Marine Le Pen : « Moi je n’aurais pas dîné avec Marine Le Pen ». 

Or, comme le rappelle Dominique Reynié dans Le Figaro de ce jour, « le RN, c’est la droite », puisqu’il en représente 80 % de ses votes. Refuser de rencontre Le Pen, c’est refuser la démocratie. La macronie reste incapable de se défaire de son grotesque sentiment de supériorité, qui lui fait rejeter, avec le RN, un parti qui s’efforce d’être au plus près d’une société oubliée qui n’en peut plus d’être méprisée pour son enracinement et son sentiment de dépossession.

Alors qu’à droite une jeune génération d’intellectuels et de journalistes bouillonne d’idées neuves (Causeur leur rend hommage dans son dernier numéro), le conformisme reste la pesanteur du vieux monde politico-médiatique dont la grille de lecture manichéenne (les gentils, les méchants) l’éloigne de la vie des gens ordinaires. Rien n’est plus urgent pour les « élites » à la ramasse que d’oser réfléchir enfin, au-delà des anathèmes, aux questions liées à l’immigration, à la nation, à la cohésion nationale, etc. Le RN et les LR doivent eux-mêmes consolider leurs doctrines en s’ouvrant aux confrontations intelligentes. Ils s’apercevraient alors qu’ils pensent, en fait, la même chose sur presque tout.

Par Ivan Rioufol le 10 juillet 2024

Le Blog d'Ivan Rioufol