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dimanche 10 novembre 2024

IN MEMORIAM – Général DE GAULLE (décédé le 9 novembre 1970)


Lundi 9 novembre 1970, le général Charles de Gaulle est décède dans sa propriété de Colombey-les-Deux-Eglises, terrassé par une rupture d’anévrisme, à quelques jours de ses 80 ans.


Avec son épouse Yvonne, l’homme du 18 juin vivait retiré à La Boisserie depuis qu’il a démissionné, 18 mois plus tôt, de la présidence de la République, au lendemain de l’échec du référendum sur la régionalisation et la réforme du Sénat, après 11 années passées à l’Elysée.

Ce lundi 9 novembre 1970 est une journée ordinaire et pluvieuse d’automne dans la résidence acquise en 1934 par le couple. Le chef de la France libre travaille à ses « Mémoires d’espoir », déjeune avec sa femme, se promène, entre deux averses, dans le jardin, écrit à quelques « Compagnons » et à son fils Philippe.

Il vient de gagner la bibliothèque où un feu de bois se consume dans la cheminée. Il s’assoit devant la table de bridge, où chaque soir avant le journal télévisé et le dîner, il s’adonne à ce qu’il appelle sa « discipline d’oisiveté » : une réussite. « J’ai mal, là, dans le dos », murmure le général. Puis il s’affaisse dans son fauteuil, la tête dans une main, sous les yeux d’Yvonne, en train d’écrire, installée à son secrétaire. Il a déjà perdu connaissance.

Aussitôt appelés par son épouse, le père Jaugey, curé de Colombey, et le docteur Lacheny arrivent ensemble. Il est trop tard. Rupture d’anévrisme abdominal, diagnostique le médecin. Le fondateur de la Ve République expire alors que le prêtre lui administre les derniers sacrements.

Par Jean-Baptiste Tomachevsky le 9 novembre 2024



mercredi 31 mai 2023

Pour en finir avec Pétain, le RN et les gros sabots d’Élisabeth Borne



« Je vais lui lancer un de ces traits », annonçait le vicomte de Valvert au Cyrano de Bergerac de Rostand. « Vous avez un nez, euh, un nez… très grand. » « Très », répondait le héros préféré du théâtre français. Il y a du Valvert dans l’assaut d’Élisabeth Borne contre le RN, « héritier de Pétain » qui fait couler de l'encre. Pour la créativité, l’originalité, la mise en forme, l’inspiration inédite de cette attaque, on repassera. On est dans le massif, le brutal, le recyclage de crise à portée de main, le prêt-à-penser bas de gamme, le réflexe panique.

En réalité, Élisabeth Borne fait moins d’histoire que de (basse) politique. « C’est un moyen de resserrer la gauche de la majorité au moment où elle a besoin d’elle pour voter sa loi immigration », décrypte Arnaud Benedetti, le rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire, par ailleurs professeur associé à l'université Paris-Sorbonne. Le Premier ministre aura sauté sur l’occasion de se refaire une virginité à l’extrême gauche. Pour Benedetti, en revenant à Pétain, Borne est surtout à côté de la plaque. C’est, du reste, ce que lui reproche Macron, sans la citer nommément. Il aurait fustigé les propos de son Premier ministre : « Le combat contre l’extrême droite ne passe plus par des arguments moraux. » Selon Macron, « il faut décrédibiliser » le RN « par le fond et les incohérences » plutôt que par des « mots des années 1990 qui ne fonctionnent plus ».

Archéologie

Arnaud Benedetti rabat sur la terre ferme les envolées de Borne : « C’est un réflexe pavlovien qui méconnaît l’Histoire, dit-il. Pétain ne correspond pas au logiciel du RN, qui est en réalité celui du RPR de la fin des années 1970 et du début des années 1980. »

Les difficultés sont grandes pour Élisabeth Borne, nommée à contrecœur à Matignon, considérablement affaiblie politiquement par la contestation de la réforme des retraites, moins soutenue que tenue à bout de gaffe par le président de la République, en butte à une majorité de plus en plus relative dans une Assemblée nationale hostile. Rien ne va plus, comme on dit au casino. Est-ce une raison pour raconter des balivernes, soutenues par Le Maire ? Le ministre de l'Économie et des Finances n’est jamais en retard d’une peau de banane à glisser au RN. Vous reprendrez bien une gorgée de reductio ad hitlerum ?

Alors, Borne fait dans l’archéologie. Depuis quinze ans, Marine Le Pen s’est débarrassée du passé du FN, excluant même son père et la vieille garde qui l’entourait. Quant à Philippe Pétain, maréchal de France et chef de l’État français sous Vichy, il est mort le 23 juillet 1951 sur l’île d'Yeu, six ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale et son départ du pouvoir, voilà près de 72 ans ! Le Front national, ancêtre du Rassemblement national, est né en 1972, donc 27 ans après le départ du maréchal Pétain. Ce parti n’a jamais revendiqué l’héritage moral de l’État français. Il a, certes, compté parmi ses membres fondateurs des personnalités passées par la collaboration comme Bousquet, Duprat ou Brigneau. D’autres, nombreuses, sont passées par la Résistance, comme Georges Bidault, successeur de Jean Moulin à la tête du CNR, Rolande Birgy (Réseau Vallette d'Osia), croix du combattant volontaire de la Résistance, Jean-Maurice Demarquet, ancien membre de la 1re division française libre, croix de guerre 1939-1945, Serge Jeanneret (réseau Alliance), Pierre Sergent (réseau Velite-Thermopyles) ou encore Michel de Camaret, compagnon de la Libération. On a beau écouter les radios publiques, on n'entend jamais ce versant de la réalité. Curieusement ! Le Pen lui-même a brièvement résisté. Conclusion : le passé de l’équipe fondatrice du FN est tout, sauf politiquement homogène.

Racines gaulliennes

Mais, plus que sur l’équipe qui a fondé le FN, la polémique porte sur son programme. Y a-t-il un lien entre le programme de Marine Le Pen et la politique de Vichy ? « Le FN est l’héritier de multiples écoles de l’extrême droite, rassemblées autour d’un jeune activiste nationaliste, Jean-Marie Le Pen, explique Olivier Milza, docteur en histoire et agrégé, historien et enseignant en classes préparatoires, auteur de nombreux livres (Clés pour le temps présent). Au RN, je ne vois rien qui soit dans la lignée de Pétain, sauf si l’on considère que défendre l’identité de la France relève du pétainisme. »

Lorsqu’on sort des noms d’oiseaux, il faut bien constater que la politique de Vichy a des racines et des modalités complexes. « L’étatisme moderniste de De Gaulle est héritière de la technocratie de Vichy, qui prolonge elle-même celle de Pierre Mendès France, poursuit Olivier Milza. L’État stratège sous Vichy, l’interventionnisme étatique, une forme de keynesianisme de droite empruntée au Parti radical d’avant-guerre et aux idées de Tardieu. » Et aujourd’hui ? « Les premiers programmes de Marine Le Pen étaient gaulliens : l’autorité, la souveraineté, c’est gaullien. »

Borne aura servi un gros mensonge, un de plus, et une belle tentative de manipulation des masses, méchante, butée, aveugle et bête. Une de plus.

Par Marc Baudriller le 31 mai 2023

Boulevard Voltaire

vendredi 17 juin 2022

Charles de Gaulle : 82 ans, l'appel du 18 Juin


« Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement. Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat.

Certes, nous avons été, nous sommes submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne de l'ennemi.

Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd’hui.

Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !

Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n’est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.

Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie des Etats-Unis.

Cette guerre n'est pas limitée au territoire de notre malheureux pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.

Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialisés des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi.

Quoi qu'il arrive, la Flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas.

Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la radio de Londres. »

Charles de Gaulle, le 18 juin 1940

dimanche 12 juin 2022

Des leçons à apprendre pour certains !



"Alors il faut prendre les choses comme elles sont, car on ne fait pas de politique autrement que sur des réalités. Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri, en disant : l’Europe ! l’Europe ! l’Europe !… mais ça n’aboutit à rien et ça ne signifie rien. Je répète : il faut prendre les choses comme elles sont."

Charles de Gaulle le 14 décembre 1965



dimanche 8 mai 2022

Complotiste, populiste ? Non ! Démocrate et lucide ! (II)



En ce jour de commémoration de la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie, un coup d’oeil sur le rétroviseur de l’histoire est nécessaire. En 1940, une des grandes puissances mondiales dotée, paraît-il, de la meilleure armée du monde s’effondre. La France est submergée, envahie, humiliée, occupée partiellement puis entièrement, livrée à la honte de la collaboration active ou passive, mais sauvée d’abord par un homme, puis par une poignée d’hommes et de femmes qui n’acceptent pas le déshonneur et refusent la défaite. Commence alors l’épopée de la Résistance qui grossira avec le temps, lorsque “l’espoir changea de camp et le combat, d’âme” ! Malheureusement, cette citation de Victor Hugo est tirée de “L’expiation” et évoque Waterloo, non une victoire. Si l’espoir passa dans le camp allié en 1942, “le changement d’âme” chez les Français ne fut pas positif. Au lieu de l’appel d'”honneur et patrie” qui avait soulevé les premiers résistants, ce fut avec le courage et l’esprit de sacrifice qui animaient beaucoup de ceux qui les rejoignirent, le retour d’un passé coupable de la défaite et dont les acteurs croyaient s’être rachetés. 

Les communistes qui avaient trahi en 1940 formaient le premier parti en France, la gauche qui avait affaibli notre pays face à l’Allemagne avec le Front populaire, et qui, pour une large part avait collaboré était requinquée. La droite opportuniste recroquevillée sur ses intérêts se faisait discrète avec des “indépendants” et des “républicains populaires” d’inspiration démocrate-chrétienne, la tendance préférée des Américains qui s’imposerait dans les deux pays vaincus. On croyait avoir libéré la France, on avait seulement rétabli la République, ses partis, sa médiocrité, ses compromis. 

La chute reprit donc et c’est l’homme du 18 Juin qui tenta une fois de plus de l’arrêter à deux reprises, la première fois avec la création du RPF, en 1947, et la seconde en 1958 lorsqu’il dota la France d’une constitution solide.

Le gaullisme ne fut qu’une parenthèse finalement assez courte. De Gaulle n’imaginait pas la France sans la grandeur. Avec des résultats économiques portés par les “trente glorieuses” et une politique enfin volontaire et cohérente, mais aussi par une présence internationale fondée sur le siège au Conseil de Sécurité de l’ONU, la puissance nucléaire et la personnalité du Chef de l’Etat, cette vision suscitait l’adhésion de beaucoup de Français et leur faisait oublier l’abandon de l’Empire, celui qui avait permis à la France de reprendre vie après la défaite. La parenthèse se referma avec la fièvre hédoniste de 1968, la coalition des médiocres l’année suivante, et enfin la mort de Pompidou qui prolongea le gaullisme jusqu’en 1974 sous une forme plus prosaïque qui rassurait davantage les Français. 

Depuis, la France tombe : elle est en déficit budgétaire constant d’année en année, avec un Etat obèse et inefficace, une industrie en voie de disparition, un commerce extérieur en capilotade, un peuple menacé dans son identité, une insécurité grandissante, une éducation nationale à la dérive, et une place dans le monde qui se réduit à la vassalité de l’Amérique par le biais de l’Europe.

De Gaulle qui avait sauvé la France n’a dirigé le pays que durant une dizaine d’années. Macron est entré à l’Elysée dans les bagages socialistes de Hollande en 2012 et n’en sortira donc qu’au bout de quinze ans, dont dix comme président doté d’un pouvoir que le Général n’a pas connu. Certes la France n’est plus souveraine et le rayonnement international du pays n’est plus ce qu’il était, dans le monde où les Anglo-saxons l’ont humiliée, au Moyen-Orient où elle a cessé de compter, en Afrique où elle est de plus en plus rejetée, en Europe où l’Allemagne l’a distancée et où son déclin économique, ses records de dette et de déficits, la condamnent à la modestie. Par un incroyable paradoxe, un homme à qui le pays ne devait rien avant de l’élire, un homme issu du parti et des cercles socialistes est pour la première fois reconduit à la présidence par le suffrage universel, sans l’épreuve de la cohabitation. Est-ce la juste récompense d’une politique couronnée par des succès ? Non ! 

Le bilan est calamiteux : “Le vrai Etat de la France” d’Agnès Verdier Molinier en égrène les chiffres. Le tableau pourrait être présenté en deux colonnes : d’abord les résultats négatifs sur pratiquement tous les plans de l’économie à la sécurité, puis ceux que les macronistes ont brandis durant la campagne étonnamment courte et superficielle que les Français ont subie avec une incroyable passivité, le chômage masqué par la formation, la croissance dopée artificiellement par l’enflure de la dette. L’argent magique, l’argent factice de la planche à billets, l’argent du “quoiqu’il en coûte”, et ses petits cadeaux, ses chèques divers et variés distribués avec une démagogie typiquement socialiste, ont trompé beaucoup de Français, et ce qui est étonnant, beaucoup de ceux qui votaient “à droite” et semblent hypnotisés.

Un vote sociologique, faute de véritable campagne réduite à un débat trop long avant le second tour, a permis à la France des métropoles et des cités, celle aussi des retraités et des immigrés, d’écraser la France périphérique des Français actifs qui craignent le déclassement et le remplacement, le déclin et la décadence. Outre la minorité de ceux qui envisagent la mondialisation en conquérants, l’addition des peurs a créé la majorité illusoire sur laquelle s’appuiera le régime : peur des gilets jaunes, peur du covid, peur de la guerre. Ces crises ont à chaque fois fait apparaître les insuffisances du président élu, et à chaque fois, il en a tiré parti. Comment expliquer ce paradoxe ? 

Deux raisons convergent : d’une part, le soutien d’une immense majorité des médias qui appartient au noyau de la macronie, d’autre part, la faiblesse de l’opposition de droite. ( à suivre)

Par Christian Vanneste le 8 mai 2022