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mercredi 20 décembre 2023

Immigration : un beau numéro de jongleur offert par RFI



« Les migrants africains sont moins nombreux que les migrants européens » : c’est le titre d’un article publié par RFI. C’est donc du sérieux et on est prié de prendre ça pour argent comptant offert par le service public, c’est-à-dire par nous. Et il faut avouer que ce titre jeté comme une bouée à la mer en plein débat sur la loi Immigration amène drôlement et au bon moment de l’eau au moulin de tous ceux qui nous disent qu’il n’y a pas de crise migratoire, qu’il n’y a pas lieu de légiférer, et tout ça. « L’occasion de casser quelques idées reçues… », comme l’écrit RFI.

Histoire de « casser quelques idées reçues… »

Donc, les migrants africains sont moins nombreux que les migrants européens. Explications. C’est ce que nous apprend une certaine Flore Gubert, directrice de recherche à l’Institut de recherche pour le développement et directrice adjoint de l’Institut Convergences Migrations. Pour mémoire - mais cela vaut le coup de s’y arrêter quelques instants pour bien comprendre l’esprit -, cet institut, en novembre 2021 à l’occasion de la campagne présidentielle, avait offert un formidable numéro de jonglerie de chiffres à LCI afin de contrecarrer les propos de Valérie Pécresse qui faisait le lien entre immigration et délinquance.

Pour résumer : certes, les étrangers sont surreprésentés dans les condamnations pénales, mais il faut bien voir que « les immigrés (dont les étrangers) et leurs descendants sont surtout présents dans les types de délinquances qui sont typiquement celles des milieux populaires [ces fameuses « classes dangereuses », comme on disait au XIXe siècle, NDLR], mais qui sont également les formes de délinquances les plus visibles, les plus simples et donc les plus réprimées par la police et la justice ». La question est donc « sociale » et non sociétale. Toujours histoire de « casser quelques idées reçues »...

Une migration peut en cacher une autre...

Donc, pour revenir à notre sujet, on apprend que sur les 280 millions de migrants internationaux à travers le monde, 40 millions sont africains. « Même si le nombre de migrants africains, 40 millions aujourd’hui, a augmenté de 30 % depuis 2010, les migrants européens sont plus nombreux en valeur absolue et par rapport à leur poids démographique. » Rien, dans l’article de RFI, pour souligner que cette augmentation de 30 % en moins de 15 ans est considérable, surtout si à l’avenir cette augmentation devait suivre cette courbe exponentielle.

Mais là où l’on ne peut qu’admirer la dextérité à jouer avec les chiffres, c’est lorsque Flore Gubert explique que « l’Afrique, c’est 16 % de la population mondiale mais c’est 14 % des migrants ». Et d’ajouter que « si on prend l’Europe, c’est 10 % de la population mondiale mais c’est presque 24 % de la migration internationale ». Un train peut en cacher un autre, une migration peut en occulter une autre. Vu comme ça, on ne peut qu'en redemander.

Les Africains de l'Ouest, certes. Mais le Maghreb ?

Mais là où l’on atteint les sommets du grand art, c’est lorsque cet article nous dit que « les Africains migrent avant tout vers le reste de l’Afrique ». C’est probablement vrai, il n'y a pas de raison d'en douter. Flore Gubert nous donne d'ailleurs les chiffres. Des chiffres qui, de prime abord, devraient nous rassurer et permettre de « casser nos idées reçues »« Si vous prenez 100 Africains qui quittent leur pays en provenance d’Afrique de l’Ouest, il y en a 70 qui vont rester en Afrique », nous dit Flore Gubert, qui ajoute : « Et sur ces 70, la grande majorité va privilégier un pays de la sous-région. Il y en a 15 qui vont se diriger vers l’Europe et six vers l’Amérique du Nord. » En clair, 15 % seulement des migrants africains de l'Ouest émigrent vers l’Europe. C’est rien, non ? On ne nous dit pas combien sont ces Africains de l'Ouest sur les 40 millions cités plus haut, mais si l'on prend ce pourcentage de 15 % et qu'on l'applique à l'Afrique tout entière, ça ferait tout de même au minimum 6 millions de migrants. Ce qui est déjà pas mal.

Au minimum 6 millions, car parmi les autres régions d’Afrique, il y a le Maghreb et l'on peut supposer que le nombre de Maghrébins rejoignant l'Europe, et notamment la France, est plus important que celui partant pour les Amériques. Nous semble-t-il...

Par Georges Michel le 19 décembre 2023

Boulevard Voltaire


vendredi 22 septembre 2023

Niger : mémoire en défense de la France et de ses armées



Les critiques vont bon train au sujet des choix politiques de la France au Niger. La crise ne s’est pas apaisée. Les forces françaises stationnées sur place n’auraient, selon certains hommes politiques, dont Eric Zemmour, plus que des rations de combat à manger. L’ambassadeur lui-même, nous apprenait le Canard Enchaîné de cette semaine, serait prisonnier dans sa propre ambassade, par le fait du Prince, alors qu’un simple rappel à Paris pour consultation aurait suffi à le sortir de ce mauvais pas. On n’en finit pas de gloser, à gauche comme à droite, dans les journaux ou sur les plateaux : il aurait fallu faire ceci ou cela, décidément on est mauvais, etc.

Outre que cette auto-flagellation collective ne rend pas vraiment service à la perception de notre pays hors de ses frontières, ce n’est pas très intelligent –ni productif - de mettre dans le même panier le niveau politique et l’appareil d’Etat. La France possède le deuxième réseau diplomatique du monde, et, même s’il lui arrive de s’en servir pour des causes discutables (comme la nomination polémique, souvenez-vous, d’un ambassadeur des droits LGBT), la qualité de ses diplomates et de ses relais d’influence est unanimement reconnue. Peut-être cela ne durera-t-il pas : Emmanuel Macron a supprimé le corps diplomatique en 2022, ouvrant la voie à des nominations népotiques, à l’américaine. Mais pour le moment, la France est loin d’être mauvaise dans ce domaine. Ce ne sont pas les analyses de ses experts qui sont en cause : ce sont les biais idéologiques de ses dirigeants.

De même, si les militaires français sont actuellement enfermés dans leurs bases nigériennes, ce n’est pas à cause d’une hypothétique incapacité à décider. En cette circonstance, les forces françaises ressemblent un peu, dans leur fidélité immobile, aux gardes suisses de Louis XVI, qui se firent massacrer faute d’avoir reçu l’ordre de charger. Notre armée est intervenue au Mali à la demande d’un Etat souverain, elle a repris cet immense pays en une poignée de semaines et l’échec stratégique de ses opérations de rétablissement de la paix (Serval puis Barkhane) ne devrait pas masquer, aux yeux des observateurs objectifs, ses succès tactiques de très haute volée.

Quid des Russes et des Américains?

Les Russes disaient autrefois du tsar que son appareil étatique était défaillant, écrasant, malveillant, mais que « notre petit père le Tsar » n’était pas au courant de tout cela, et que ce n’était pas de sa faute. Staline se servit habilement de ce biais, en faisant assassiner l’immonde Iejov, artisan des grandes purges, qui agissait précisément sur ordre du chef de l’Etat soviétique. Le « petit père des peuples » ne pouvait pas, dans l’esprit de ce peuple meurtri, avoir ordonné de telles horreurs. C’est un peu l’inverse en France : les grands corps du système sont performants, mais on voit bien que le niveau de la décision politique, autant par médiocrité intrinsèque que par aveuglement universaliste, est tragiquement défaillant. Il ne faudrait pas pour autant associer la Macronie à de grands serviteurs de l’Etat qui lui survivront.

Les pays présentés comme modèles à cet égard ne le sont pas toujours. On présente beaucoup, ces temps-ci les Américains comme des petits malins, qui ont toute liberté pour circuler au Niger, parce qu’eux, à notre différence, sont moins frontaux et, en quelque sorte, ont tout compris. On se bornera à rappeler que les Américains, passagers clandestins de l’Occident en Afrique, jouent, malgré leurs protestations d’amitié, une partition totalement égoïste en Afrique sahélienne. Ceux qui fustigent le comportement de la France, pourtant totalement débarrassée de son lourd héritage « françafricain », feraient bien de se souvenir, entre autres choses, que 59 de ses soldats sont morts au Sahel pour la stabilité de pays avec lesquels ils n’avaient aucun lien – tandis que les Maliens ou les Nigériens de France restaient sur notre sol au lieu d’aller se battre pour un pays dont ils se disent si fiers. Cet esprit de sacrifice n’est plus tellement commun. La nullité de certains atermoiements politiques ne doit pas le faire oublier.

Par Arnaud Florac le 22 septembre 2023

Boulevard Voltaire

jeudi 13 avril 2023

Pyramides électriques et chevaliers noirs : bienvenue au Wakanda de Gims !



Certaines descentes aux enfers sont plus amusantes à regarder que d’autres. Après avoir prôné un islam des plus intégristes, le rappeur Gims revient pour nous parler histoire de l’Afrique dans un entretien donné au média panafricain Oui Hustle. « L’Afrique, c'est [le] Wakanda bordel, c'est le futur normalement chez nous », dit-il à propos d’un projet de construction de métro à Yamoussoukro, capitale de la Côte d’Ivoire, dont il se félicite. Il poursuit son propos par une démonstration implacable : « À l'époque de l'empire de Koush, il y avait l'électricité. Les pyramides qu'on voit là, au sommet, il y a de l'or. L’or, c'est le meilleur conducteur pour l'électricité, c'étaient des foutues antennes, les gens avaient l'électricité. Les gens n'arrivent pas à comprendre. Les Égyptiens, la science qu'ils avaient, ça dépasse l'entendement. Les historiens le savent. »

Mais oui, c’est clair ! Tout cela fait sens, l’électricité au sommet des pyramides, les petits hommes verts venus les construire, l’Atlantide, tout se rejoint ! Cher professeur Gims, dites-nous-en davantage, par pitié, éclairez-nous de votre si lumineux savoir ! « L’Afrique a peuplé l’Europe avant les Européens, on les appelait les Afropéens. Ils ont été décimés par les vrais Européens qui venaient d’Asie. On les appelait les Yamnayas, 50.000 ans avant les Européens », ajoute-t-il sans se démonter. Quel aplomb ! Ce n’est plus un enseignement mais une performance artistique.

Le cours du professeur Gims s’achève par une rigoureuse démonstration : « Tu retrouves aujourd’hui des tableaux qui sont classés, cachés dans des catacombes, c’est des renois qui sont en mode chevalier, Sir Lancelot, tout ça. Il faut connaître notre Histoire. On veut nous faire croire que notre Histoire a commencé sur un négrier. » Le chevalier Bayard était noir, quelle découverte ! Gims a enchaîné, sans aucun sourcillement ni rire étouffé, les poncifs complotistes les plus en vogue au sein de certaines sociétés africaines francophones.

Le péril panafricain

Le ver est depuis longtemps dans le fruit. L’un des premiers porte-étendard de cette réécriture de l'histoire générale de l’Afrique est sans conteste le Sénégalais Cheikh Anta Diop. Recalé à la Sorbonne, ce dernier affirmait que les sphinx égyptiens avaient le nez sectionné à cause des Européens blancs qui voulurent dissimuler la nature « négroïde » de leurs traits. Le génie sénégalais affirmait également que la plupart des pharaons étaient noirs, que Cléopâtre elle-même l’était ; dire l’inverse relevait du colonialisme. Enfin, le grand égyptologue autoproclamé ne savait pas lire les hiéroglyphes mais affirmait, avec un aplomb « gimsien », que le wolof (langue majoritaire au Sénégal) et l’égyptien ancien présentaient des similitudes, ce que tout historien sérieux réfute.

Les idées de Cheikh Anta Diop ont pu tranquillement se diffuser et infuser chez de jeunes intellectuels africains des années 80 et 90. Largement promu par le service public français, peu d’historiens ou de journalistes se sont véritablement attelés à déconstruire le mythe diopien. Pourtant, ce discours conspirationniste fait des ravages auprès de toute une jeunesse africaine en quête de sens et de repères identitaires, à l’image de Gims.

Un fantasme permanent

La création d’une mythologie historique n’est en soi pas néfaste pour les peuples. Comme dit le grand Régis Debray, « l’Histoire, c’est la correspondance entre la mémoire et le projet ». Mais il faut savoir de quelle mémoire l’on parle. Nombreux sont les « afro-descendants » tels que Kémi Seba ou les membres de la Ligue de défense noire africaine qui cherchent à glorifier une Afrique victime éternelle d’une Europe ayant toujours conspiré pour la falsification de son Histoire et le maintien des peuples dans le mensonge. L’Occident a de quoi s’inquiéter de ce genre de thèses qui feront bientôt de lui l’ennemi numéro en Afrique et sur lesquelles surfent la Russie et la Chine.

Sur Internet, une cohorte de médias panafricanistes et complotistes diffusent les pires théories complotistes au sein même des diasporas et des populations locales. L’homme blanc y est essentialisé, l’Histoire déformée. Ainsi, on en vient aux mythes de la tour Eiffel faite d’acier algérien, de Napoléon l’inventeur des premières chambres à gaz, du général de Gaulle génocidaire de millions d’Africains ou d’une Égypte antique électrifiée grâce à l’or des pyramides… « L’Afrique n’est pas le Wakanda, arrêtez de rêver », dénonce la courageuse Stella Kamnga, qui se bat contre les mensonges des panafricains. Une mince raison d’espérer la fin de ce cirque ?

Par Julien Tellier le 11 avril 2023

Boulevard Voltaire


jeudi 30 mars 2023

Quand la haine hanti française embrase l'Afrique



Communiqué de Dominique Bilde, Député RN au Parlement européen du 28 mars 2023
Ils tombent tous comme des dominos : un par un, les pays du Sahel semblent gagnés par une étrange fièvre antifrançaise, avec, en toile de fond, des réseaux sociaux colportant les théories du complot les plus farfelues.
Dernier en date : le Niger, où la France a redéployé sa présence militaire dans la foulée de la fin de l’opération Barkhane. Encore nous précisait-on en juin qu’elle prendrait ses quartiers de préférence en dehors de la capitale, afin de garder « désamorcée » la « bombe » du sentiment antifrançais.[1] Rassurant !
Des précautions manifestement superflues, puisque le 18 février 2023, quatre centrales syndicales nigériennes exigeaient le démantèlement des bases militaires étrangères.[2] Récemment, on apprenait d’ailleurs que le pays aurait essuyé une « vague de désinformation », charriant dans son sillage son lot d’« infox » virales, avec la France comme cible de choix.
Passons sur les rivalités entre grandes puissances étrangères, dans une Afrique objet de toutes les convoitises. Le plus déconcertant est l’absence d’une riposte bien rodée, dans des pays où Paris n’a, après tout, lésiné ni sur l’aide au développement ni sur l’engagement humain - 58 de nos soldats sont tombés au Sahel contre le terrorisme islamiste.
Jusqu’à quand accepterons-nous de voir la France ainsi ravalée au rang de paria et réduite à déployer ses soldats en catimini au sein de populations hostiles ?
Sur ce point, la récente tournée africaine d’Emmanuel Macron, placée sous le signe de la repentance, n’augure rien de bon. Pas davantage que la réserve de certains diplomates, « qui pensent que ce n'est pas leur métier de faire le marketing de l'action de la France » ou celle d’une presse, incarnée notamment par RFI, qui estimerait « être dans son rôle en posant un regard perpétuellement critique », selon l’analyse très juste du reporter Patrick Robert.[3]
En clair : il est difficile de lutter contre le sentiment antifrançais quand on est pétri d’une obsessionnelle haine de soi. Cela va sans dire - mais c’est sans doute mieux en le disant !
[1] Niger : entre la France et le Mali, le pari risqué de Mohamed Bazoum, Jeune Afrique, 13 juin 2022.
[2] La France partie pour rester au Sahel, Le Monde Diplomatique, Mars 2023.
[3] Patrick Robert : «Par-delà le cas du Mali, pourquoi le sentiment anti-français augmente en Afrique», Le Figaro, 22 août 2022.

samedi 11 mars 2023

Un Président ne devrait pas faire ça



Petit à petit, la France se fait expulser du continent africain. Dans de nombreux pays, le ressentiment à notre égard s’accroît et l’on ne sent pas le gouvernement français capable d’inverser cette lourde tendance.

Chacun peut facilement voir l’importance des enjeux que représente le continent africain pour les années à venir, et s’inquiéter de voir la Russie, la Chine et, dans une moindre mesure, les États-Unis y prendre de solides positions à notre détriment – alors que nous sommes de moins en moins capables d’y faire face.

Les causes sont nombreuses et le constat quasi unanime. L’accroissement spectaculaire – prévisible, en tout cas – de sa population, une stabilité politique et économique qui tarde à s’affirmer dans beaucoup d’endroits, la présence de l’ conquérant qui gangrène l’Afrique noire, le cancer de la corruption, le pillage plus ou moins ouvert des ressources, les migrations qui privent de nombreux pays africains de leurs forces les plus vives : tout cela prive l’immense majorité des peuples africains des moyens indispensables à leur développement et à leur prospérité.

Se pose alors la question de savoir à qui en revient la responsabilité. Une forme de facilité gauchère et très française continue d’entretenir cette idée simple selon laquelle le colonialisme est responsable de tous les maux, même encore aujourd’hui soixante ans après que les dernières colonies françaises sont devenues indépendantes. C’est cette idée qu’ a essayé de combattre lors de la désormais fameuse conférence de presse commune avec le président de la République démocratique du Congo en l’invitant à ne pas chercher sans cesse des responsables à l’extérieur de ses propres frontières. En passant, on aurait aimé un discours équivalent à l’égard de l’Algérie, mais il est vrai que Brazzaville est plus loin de Paris qu’Alger.

Pour une fois, le problème posé par la déclaration d’ n’est pas le fond. Que la France ait des torts, y compris depuis que les pays africains sont indépendants, c’est un fait. Si nous étions un pays adulte, nous serions capables de regarder en face ces responsabilités sans pour autant, jusqu’à la fin des temps, nous couvrir la tête de cendres et n’avoir que honte de l’histoire de notre présence sur ce continent. C’est la forme du discours d’, à ce moment de cette visite officielle, qui est inacceptable. Aucun chef d’État ne peut tolérer de recevoir la leçon publique sur la façon dont il conduit les affaires de son propre pays. Emmanuel Macron s’est fait rabrouer, comme un adolescent mal élevé qui met les pieds sur la table où il est invité à dîner. Quelques jours auparavant, le roi du Maroc lui-même avait tenu à préciser que, contrairement à ce qu’affirmait le Président français, les relations entre le Maroc et la France n’étaient ni bonnes ni amicales ! On cherchera en vain des précédents dans l’histoire des relations entre nos deux pays.

Après l’épisode de Kinshasa, si humiliant pour notre peuple, plutôt que de se faire discret et de revenir tranquillement en France, le président de la République a été filmé en fête et en sueur, une bière à la main dans une boîte de nuit à la mode, comme un vulgaire ministre de l’Intérieur de son gouvernement, un soir de manifestations de gilets jaunes !

De tels épisodes montrent que ce qui se joue en ce moment sur le continent africain n’est pas seulement la fin de la «  » mais le début de la fin de la présence de la France en Afrique, et de son influence. Inutile, dans ces conditions, d’expliquer que la vivacité du ressentiment anti-France est due à la déloyauté et à la brutalité des Russes, aux mauvaises manières d’on ne sait qui. Un jour viendra, sans doute, où les chefs d’État africains qui ont expulsé la France pour accueillir à bras ouverts d’autres grandes puissances le regretteront. Ce ne serait, de toute façon, pas réjouissant. Mais il reste notre incapacité à entendre les aspirations profondes des peuples africains, à aider les forces vives des peuples plutôt que soutenir des dirigeants profiteurs, à inventer de réelles politiques de codéveloppement plutôt que de soutenir, volens nolens, des pratiques ploutocratiques.

Tout cela signe notre faillite, faute que la France ait un chef d’État qui la dirige, parce qu’il a visiblement la tête ailleurs. Il en est de notre relation avec l’Afrique comme de la puissance maritime française, de l’outre-mer, de notre souveraineté, de notre Défense et de tant d’autres choses qui détruisent la réputation de notre pays dans le monde : un fiasco supplémentaire. Non, décidément, un Président ne devrait pas faire tout ça.

Par Jean-Frédéric Poisson ( Via) le 11 mars 2023

Boulevard Voltaire

samedi 4 mars 2023

La déroute africaine de la France



En déplacement jusqu’au 5 mars sur le continent africain,  tente d’y poser les nouvelles lignes d’un partenariat « rénové » afin de diversifier des relations jusque-là essentiellement tournées vers l’Afrique subsaharienne. Il est vrai que, fortement décriée au cours de ces derniers mois, notamment par la jeunesse, la politique africaine de la France n’a jamais été aussi peu lisible et compréhensible.

En 2017, à Ouagadougou, au Burkina Faso, celui qui venait d’être fraîchement élu à la tête de l’État avait déjà annoncé sa volonté de « tourner la page de la  »Il s'est répété à Libreville, le 2 mars. En d’autres termes, de mettre fin aux relations privilégiées que la France entretenait, pour le meilleur et parfois pour le pire, avec ses anciennes colonies depuis les indépendances. Six ans plus tard,  reconnaît lui-même que ce changement de politique vis-à-vis de nos anciens partenaires n’a pas « encore pleinement donné ses résultats ».

Aveuglement ou parti pris, les conséquences de cette réorientation de nos relations avec certains pays africains ont pourtant été à la une de l’actualité, au cours de ces derniers mois. Ainsi, l’éviction de la France du , lequel figurait pourtant dans notre liste des pays prioritaires en matière d’aide publique au développement (145 millions d’euros de l'APD en 2019), ou bien encore, plus récemment, notre renvoi du Burkina Faso, qui recevait cette même année, toujours au titre de l’APD [aide publique au développement, NDLR], 137 millions d’euros, prouvent bien les effets délétères de ce revirement politique majeur.

Malgré une aide au développement qui a atteint un pic en 2020, avec un budget de 12,4 milliards d’euros, dont 72 % sous forme de dons, la politique africaine lancée par  s’avère donc être un échec cuisant. Incapable d’initier une politique cohérente et forte avec les États africains, englué dans de nombreuses et coûteuses difficultés intérieures, dans l’impossibilité désormais de conduire une quelconque politique à l’international en dehors de ses « mentors » de l’Union européenne et des USA, le chef de l’État choisit de se retirer par la petite porte.

À cet effet, quelle meilleure stratégie que celle qui consiste à se poser en novateur et à proposer le passage « d’une logique d’aide à celle de l’investissement ». Ou bien encore de promouvoir une « nouvelle relation équilibrée, réciproque et responsable ». Des mots creux, parfaitement conjoncturels et, surtout, qui signent l’impuissance d’un homme face à une situation (une autre) qui lui échappe définitivement.

Sur le plan économique, les parts de marché à l’exportation de la France en Afrique ont été divisées par deux depuis 2000, passant de 11 % à 5,5 % en 2017. À noter que ce recul, en dehors de l’aéronautique, concerne tous les secteurs.

Sur le plan militaire, le président de la République annonce également une diminution des effectifs et un effort à venir dans la formation et les équipements. Là encore, signe de faiblesse, c’est tout un pan de la géopolitique et de la géostratégie françaises qui est remis en question. Incapable de résister à la pression de certaines puissances ayant mieux anticipé les événements planétaires actuels, c’est à une abdication sans conditions que nous assistons.

Ce voyage africain présidentiel, au sujet duquel six Français sur dix pensent qu’il n’améliorera en rien les relations de notre pays avec nos partenaires africains, tout comme les seize autres déplacements effectués en terre africaine depuis le début de son premier mandat, restera donc probablement sans effets notables. La France finira de perdre toute influence sur un continent auquel elle était historiquement liée, ce qui n’empêchera pas les Français de voir, sans aucune contrepartie, croître et multiplier une immigration africaine que l’on sait désormais hors de contrôle.

Par Olivier Damien, Conseiller Régional RN de Bourgogne-Franche-Comté le 4 mars 2023

Boulevard Voltaire

Ukraine, Otan, Afrique : la France en déclin – François Asselineau sur TV Libertés le 4 mars 2023

dimanche 29 janvier 2023

Ukraine : attention, danger !

Combien de fois faudra-t-il dire que la guerre qui oppose l’Ukraine à la Russie ne nous concerne pas, nous les Français ? Nous n’avons aucune frontière commune, aucun litige de quelque sorte qu’il soit. De plus, aucun traité ne nous lie et l’Ukraine n’appartient ni à l’Union Européenne, ni à l’OTAN. Alors, nous dire que nous devons soutenir l’Ukraine au nom de la Liberté et de la Démocratie, c’est un peu court.

Vers un monde régionalisé

Les mouvements « tectoniques » montrent que le monde monopolaire projeté par les États-Unis va s’estomper au profit d’un monde « multipolaire » dont les pôles seront probablement les continents. Ces continents chercheront, et c’est normal, à préserver et défendre leurs intérêts. Dans ce monde géopolitique nouveau, l’Europe devra, en tant que continent, trouver sa place et défendre également les intérêts des peuples européens.

Trois continents au moins cherchent à retrouver une certaine indépendance, notamment par rapport au système financier du dollar qui, et c’est important, les a maintenuS dans une dépendance marquée des États-Unis, voire même dans certains cas, dans un état proche de la vassalité.

Ces continents sont l’Asie, l’Afrique et l’Amérique du Sud.

Qu’en est-il de l’Europe et en particulier de la France ?

On aurait pu croire que l’un des objectifs de la « construction européenne » était justement d’atteindre une sorte de « masse critique » qui lui permettrait de pouvoir s’affranchir de toute ingérence extérieure et s’imposer comme « puissance d’équilibre ». Cette vision, que de Gaulle a essayé de promouvoir n’a, hélas, pu prospérer et dans de nombreux domaines, la tutelle américaine a présidé à notre destinée.

Aujourd’hui, cette tutelle, exercée au travers de l’OTAN, nous précipite dans le conflit qui oppose l’Ukraine et la Russie. A y regarder sous l’angle de l’Histoire, ce conflit tient plus de la « guerre civile » que d’autre chose. De ce point de vue, les États-Unis ne veulent pas s’engager directement dans ce qui deviendrait un affrontement entre eux et la Russie. D’un autre côté, l’Ukraine seule face à cette dernière n’a pratiquement aucune chance d’être victorieuse.

Le rééquilibrage doit donc se faire, du point de vue américain, grâce aux pays de l’Europe de l’Ouest. Peu importe la querelle sémantique sur l’état de cobelligérance ou pas, nous constatons que cet engagement est croissant dans le temps et risque de nous conduire à un affrontement avec la Russie. Quoiqu’en disent certains commentateurs, la Russie n’a jamais représenté et ne représente pas une menace pour la France.

Pourtant, nous avons mis le doigt dans un engrenage qui peut s’avérer fatal pour notre économie en appliquant les sanctions dont nous sommes, de toute évidence, les premières victimes. Globalement analysé, c’est l’Europe, et en particulier l’Europe de l’Ouest, qui va payer le plus lourd tribut.

Sur le plan énergétique, se priver du gaz et du pétrole russe pour lui substituer du pétrole et du gaz provenant de l’exploitation des schistes, exploitation que nous avons choisie de nous interdire, et payer beaucoup plus cher, revient à « se tirer une balle dans le pied »

Sur le plan du commerce international, nombre d’entreprises françaises, qui s’étaient implantées en Russie, ont dû fermer leurs établissement dans ce pays, alors qu’elles s’avéraient très rentables et participaient à rétablir la balance d’un commerce extérieur devenue « comateuse ».

Et tout ceci pour quel bénéfice ?

On peut se demander si le jeu des États-Unis, et en particulier de l’État-profond américain qui dirige depuis des décennies sa politique étrangère, n’est pas justement de nous pousser à ce choc frontal avec la Russie ? La Russie et l’Europe s’affaibliraient mutuellement, ce dont ils seraient largement bénéficiaires. Leur hantise a toujours été, depuis Bismarck, d’empêcher tout rapprochement entre l’Europe de l’Ouest (et particulièrement l’Allemagne) et la Russie et cette stratégie a toujours été une pièce maîtresse de leur politique européenne. Ainsi, vue depuis Washington, le rôle de l’OTAN est de « contenir l’extérieur et d’occuper l’intérieur » de l’Europe.

Le pire risque d’être devant nous

La réorganisation mondiale risque de ramener à l’isolationnisme la nation-continent que sont les Etats-Unis. En 1963, de Gaulle avait convaincu Adenauer du peu de crédit qu’on pouvait apporter à la parole américaine en cas de risque de conflit nucléaire en Europe. Ce point était un pivot du traité de l’Élysée signé en janvier 1963, dans lequel la France proposait à l’Allemagne de lui étendre son « bouclier nucléaire » et que cette garantie était beaucoup plus solide que celle, très hypothétique selon de Gaulle, apportée par l’OTAN.

Malheureusement, les Allemands se sont « aplatis » (dixit de Gaulle) devant les États-Unis et ont préféré l’OTAN pour assurer leur défense.

Est-on plus sûrs aujourd’hui qu’en cas de conflit entre l’Europe et une autre puissance nucléaire, les  États-Unis seraient prêts à engager leur propre survie ?

Sommes-nous également sûrs que si, comme il est prévisible, les États-Unis défendent avant tout leurs propres intérêts, cela ne se retourne pas contre nous ? Leur intérêt commande-t-il de laisser se redresser une Europe très affaiblie par leur propre politique ?

La conclusion s’impose d’elle-même : nous pouvons bien sûr aider l’Ukraine sur un plan humanitaire, mais nous avons tout à perdre en la soutenant sur le plan militaire, y compris un éloignement irréversible de la Russie vers l’Asie, ce qui pourrait faire de l’Eurasie le continent potentiellement le plus puissant de la planète, rompant ainsi définitivement un éventuel équilibre « Westphalien ».

Par Jean Goychman le 28 janvier 2023

Breizh-info