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jeudi 29 septembre 2022

Nord Stream : de l’eau dans le gaz



Dans l’affaire des énormes fuites apparues sur la conduite du gazoduc sous-marin Nord Stream 1 et 2, le journaliste marche avec la précaution d’un mineur nocturne éclairé à la bougie dans une nappe de grisou. Car, encore plus explosif que les fuites en mer Baltique, le bilan des responsabilités, lorsqu'elles seront connues, risque de peser dans un contexte international tendu comme une corde.

Un institut sismique suédois a décelé deux explosions sous-marines « très probablement dues à des détonations » près des gazoducs Nord Stream 1 et 2 peu avant le constat de la fuite. Si c’est un accident, il devra être expliqué, mais cette hypothèse n’est pas la plus plausible, ce 28 septembre. « Souvent, les fuites ont lieu aux soudures entre les tronçons de 30 mètres qui composent le gazoduc, explique à Boulevard Voltaire l’expert en énergie de l’Institut Sapiens Philippe Charlez. Si ce sont des fuites dues à l’usage, il faut les ferPresmer, ce sont de gros travaux. Mais je crois plus à des fuites organisées », avance prudemment Philippe Charlez, qui en est réduit, comme tous, à des hypothèses. Mais l'hypothèse d'un sabotage semble s'imposer. Alors, qui a fait le coup ?

Si les Russes ont eux-mêmes saboté les moyens d’acheminer leur gaz vers l’Europe, c’est qu’ils ont décidé de couper les ponts, au moins le temps de la réparation qui peut prendre plusieurs années. Pas de réaction russe à l’heure où nous publions mais une réaction ukrainienne. « La fuite de gaz à grande échelle de Nord Stream 1 n'est rien de plus qu'une attaque terroriste planifiée par la  et un acte d'agression contre l'Union européenne », affirme, sur Twitter, le conseiller de la présidence ukrainienne Mykhaïlo Podoliak. Sans apporter le début de commencement d’une preuve. Car la fuite est proche des côtes danoises et suédoises. « Je vois mal comment Poutine aurait pu provoquer des fuites à cet endroit-là », avance Philippe Charlez. Troisième hypothèse : si preuve est apportée que les Américains ont déchiré le gazoduc qui alimente l’Europe en gaz, leur responsabilité dans l’intensification du conflit avec la  en Europe risque de faire des vagues. Les Européens auront du mal à accepter de payer le prix de cette ingérence. Mais pour l’instant, pas de preuve non plus… « Nos partenaires européens mènent l'enquête. Nous sommes prêts à soutenir leurs efforts », a déclaré, mardi, un porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche qui refuse de « spéculer » sur les causes de ces fuites. « Cela illustre l'importance de nos efforts conjoints pour trouver des approvisionnements de gaz alternatifs pour l'Europe », ajoute tout de même notre Américain...

Enfin, si c’est un pays tiers, que cherche-t-il ? Déstabilisation, montée des cours ?

Les Français et leurs voisins attendent désormais une explication claire et crédible, assortie de preuves irréfutables et de garanties. Car il y a désormais de l'eau dans le gaz. La situation se tend jour après jour en Europe, bousculée par la guerre en Ukraine. Qui dit vrai ? Clemenceau disait : « On ne ment jamais tant qu'avant les élections, pendant la guerre et après la chasse. » 

Élections, guerre, chasse aux mal-pensants : les trois circonstances de prolifération des mensonges sont réunies en Europe.

Par Marc Baudriller le 28 septembre 2022

Boulevard Voltaire

Nord Stream 1 et 2 : "Les gazoducs ne sont peut-être plus réutilisables", Ludovic Leroy(ingénieur à l 'IFP Énergies nouvelles) sur Sud Radio le 29 septembre 2022

lundi 11 juillet 2022

Électricité, gaz: le niveau d’alerte monte d’un cran



L’exécutif ajuste son discours sur la situation de crise énergétique et le risque qui pèse sur la sécurité d’approvisionnement en gaz et en électricité. La menace immédiate d’une fermeture des vannes par Vladimir Poutine est désormais publiquement considérée comme le «scénario central», selon les termes d’un responsable gouvernemental.

Lors des Rencontres du Cercle des économistes organisées pendant le week-end à Aix-en-Provence, la première ministre Élisabeth Borne a été claire: «Il ne faut pas se cacher la réalité, la gravité de la situation: l’hypothèse d’une rupture des livraisons de gaz par la Russie est crédible.» «Préparons-nous à la coupure totale. C’est aujourd’hui l’option la plus probable», a insisté le ministre de l’Économie Bruno Le Maire dimanche 10 juillet.*Ce lundi 11 juillet, le plus gros gazoduc qui alimente l’Europe de l’Ouest en gaz russe, NordStream 1, s’arrête de fonctionner pour dix jours de maintenance. L’Europe redoute que sous divers prétextes, Vladimir Poutine n’autorise pas sa remise en service le 21 juillet. Le gaz russe ne représente que 17 % de la consommation française. Notre pays devrait donc pouvoir surmonter une coupure des approvisionnements à la faveur de sa politique de stockage et d’efforts de sobriété. Mais le problème gazier s’inscrit dans un contexte plus large de «grande tension de tout le système énergétique», relève un dirigeant du secteur.

Un climat anxyogène

L’hypothèque poutinienne aggrave le risque qui pèse sur le passage de l’hiver sur le front électrique. Schématiquement, le plan de travaux sur le parc nucléaire prévu par EDF, qui doit encore être validé par l’Autorité de sûreté nucléaire, doit permettre, au mieux, d’assurer la même capacité de production de l’hiver dernier. Il n’y a donc pas de marge de sécurité. Or les aléas sont nombreux, de la bonne exécution du plan de travaux à la météo. Surtout, la pénurie de gaz organisée par le Kremlin va rendre incertaine, voire nulle, la possibilité de recourir aux importations, depuis l’Allemagne notamment.

Dans ces circonstances, les dirigeants d’entreprise sont nombreux à considérer que la communication gouvernementale est trop timide et déjà trop tardive. «Alerter à la rentrée, c’est trop tard», dit l’un d’eux. L’exécutif campe pour sa part sur sa stratégie de mobilisation progressive, qui commence par le plan de sobriété de l’État, des collectivités et des entreprises, pour devenir une campagne grand public à l’automne. Ainsi organisés, les efforts d’économies et de sobriété permettront-ils d’éviter les délestages, c’est-à-dire les coupures ciblées et tournantes? Beaucoup d’experts en doutent.

Des mécanismes ciblés

Ce climat anxiogène pousse les entreprises vers des plans B, notamment face à l’incertitude sur les livraisons de gaz. Sur le marché de l’occasion, les chaudières industrielles au fuel s’arrachent. Un grand groupe «rétrofite» ses unités de production qui venaient de passer du fuel ou du charbon au gaz.

Parallèlement à ce parfum d’économie de guerre qui s’installe, le gouvernement précise ses intentions en matière de soutien au pouvoir d’achat. «Il faut passer de mécanismes généraux à des mécanismes plus ciblés», a affirmé Élisabeth Borne. Le gouvernement a annoncé, jeudi, que la remise de 18 centimes par litre sur les carburants diminuerait progressivement à compter du 1er octobre pour s’éteindre fin décembre. Elle sera remplacée à partir du 1er octobre par une aide ciblée sur les personnes aux revenus modestes et moyens, qui prennent leur voiture pour aller travailler.

Par Bertille Bayart et Cécile Crozet le 11 juillet 2022

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mercredi 29 juin 2022

Tocsin



C’est un scénario qui semble aujourd’hui inimaginable en France en plein été. L’Allemagne pourrait manquer de gaz cet hiver. Notre voisin dépend pour 35 % de sa consommation du gaz russe. Or Vladimir Poutine a ordonné de réduire drastiquement les livraisons. Impossible de compenser avec d’autres pays producteurs ou avec d’autres énergies. Si les importations russes baissaient encore, l’Allemagne risque d’être à sec de gaz cet automne pour faire tourner son économie et chauffer sa population. Berlin n’exclut pas de fermer des usines avec les conséquences sociales qu’on imagine. « Ce serait catastrophique. Nous ne parlons pas de deux jours ou de deux semaines, mais d’une longue période », expliquait le ministre de l’Économie Robert Habeck la semaine dernière.

La crise qui menace est d’une gravité exceptionnelle. 

On en a peu parlé parce que les Français avaient la tête ailleurs avec les législatives. Notre situation est aussi moins critique grâce au nucléaire. Mais l’inquiétude monte sur nos ressources. D’abord, parce que la moitié de nos centrales sont en ce moment à l’arrêt pour révision. Ensuite, parce que la sécheresse complique la production d’électricité des barrages hydrauliques. Enfin, parce que nous sommes très en retard sur le renouvelable : nous produisons quatre fois moins d’énergie solaire éolienne que l’Allemagne. 

Élisabeth Borne a bien demandé aux administrations et aux entreprises de réduire leur consommation de 10 % il y a quelques jours. Mais ce sont bien les dirigeants des trois énergéticiens français TotalEnergies, EDF et Engie qui ont déclenché une prise de conscience en sonnant le tocsin. Ils se font pressants quand ils demandent aux Français de réduire leur consommation : « L’effort doit être immédiat, collectif et massif. Chaque geste compte », insistent ces trois responsables qui sont en temps normal de redoutables concurrents. Faut-il que la situation soit préoccupante. 

Pour faire face, la France comme d’autres pays européens (l’Allemagne, l’Autriche et les Pays-Bas) vont rouvrir provisoirement leurs centrales à charbon dont le bilan carbone est exécrable. Une décision sacrilège. Mais a-t-on le choix ?

Source : édito du Parisien ( Jean-Michel Salvator ) du 28/6/2022

Le 29 juin 2022

Synthèse nationale

mardi 21 juin 2022

Faute de gaz russe, l’Europe brûle plus de charbon



Après l’Allemagne qui a annoncé un recours accru au charbon pour compenser les baisses de livraisons de gaz russe, c’est au tour des Pays-Bas de faire une pause dans leur trajectoire de sortie du combustible fossile le plus polluant.

Le ministre néerlandais de l’Énergie et de l’Environnement, Rob Jetten, a annoncé lundi que son gouvernement avait «décidé de lever immédiatement les restrictions de production pour les centrales électriques au charbon de 2022 à 2024». Cela signifie, a-t-il précisé, que «les centrales peuvent à nouveau fonctionner à pleine capacité au lieu du maximum de 35 %». Les Pays-Bas étaient parvenus à réduire la part du charbon comme source de production de l’électricité de 40 %, en 2015, à 10 % en 2020, selon l’Agence internationale de l’énergie.

Dimanche, c’est l’Allemagne qui a annoncé un retour au charbon pour faire tourner ses centrales. Son ministère de l’Économie et du Climat assure qu’il maintient son objectif d’abandonner totalement le charbon en 2030. Cette échéance figure parmi les points clés du contrat de coalition négocié l’an dernier entre le social-démocrate Olaf Scholz et ses partenaires libéraux et écologistes. Le géant russe Gazprom a réduit ses livraisons de gaz à l’Allemagne la semaine dernière, invoquant des raisons techniques, juste au moment où le chancelier Scholz se rendait à Kiev.

Par Fabrice Nodé-Langlois le 20 juin 2022

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