jeudi 17 octobre 2024
samedi 12 octobre 2024
Marseille : les enfants tueurs défient l’Etat désarmé
Dans le séparatisme qui vient, Marseille a juste une longueur d’avance. La ville fétiche d’Emmanuel Macron, qui veut en faire avec la Seine-Saint-Denis le symbole de la diversité heureuse, n’en finit pas de sombrer dans le communautarisme criminalisé. Cette fois, ce sont des enfants tueurs, à la solde de narco-trafiquants, qui sèment l’horreur. Leur dernière victime était un paisible chauffeur VTC, Nessim Ramdame : il a été exécuté d’une balle dans la tête par un adolescent de 14 ans.
L’assassin avait été recruté par un dealer, de sa prison grâce à l’un de ses quatre téléphones portables, pour liquider un concurrent en échange de 50.000 euros. Le jeune sicaire n’a pas supporté que son conducteur, étranger au trafic de drogue, ait refusé de l’attendre, le temps qu’il aille tuer comme il irait livrer une pizza. La génération des mineurs isolés, venus du Maghreb, est devenue le vivier des cartels, installés sous la protection des banlieues islamisées. Une ubérisation du crime s’y développe, sans rencontrer l’obstacle de la République désarmé. Ces bombes inhumaines, dénuées de toute empathie, pourraient aussi bien prendre les armes, demain, pour affronter les forces de l’ordre ou les gêneurs. Si une partie de Marseille est prisée pour ce qu’elle est encore dans sa diversité chaleureuse, force est de constater qu’une autre moitié de la ville s’est perdue dans une immigration de masse devenue incontrôlable.
Deux mondes s’y affrontent désormais. Non seulement s’observe une libanisation de Marseille, mais la cité prend bien des aspects qui se retrouvent dans les pires narcos-Etats d’Amérique du Sud.
Ce naufrage marseillais préfigure celui de la France. Il ne peut être évité que si l’Etat décide d’entrer en guerre contre ses ennemis intérieurs. Un désarmement est assurément nécessaire. Mais c’est dans les cités qu’il devrait s’appliquer. La loi des truands s’accorde avec celle de l’islam subversif. Au Liban, le Hezbollah pratique ce même mélange des genres.
Le gangsterrorisme en est le produit. Ce qui arrive à Marseille, avec ces démons recrutables sur l’internet, se retrouvera dans d’autres villes atteintes par la même gangrène de la lâcheté, qui affaiblit les autorités publiques. Mais ce naufrage marseillais est également celui du chef de l’Etat. Macron a échoué à faire de sa « ville de cœur » la pointe avancée et exemplaire de sa France de demain. Les envolées du président sur « Marseille en grand » et ses promesses de « Place nette XXL » sont restées des mots creux. Idem pour les engagements de Gérald Darmanin à « tuer la pieuvre » (voir mon blog du 21 mars 2024).
Ici comme ailleurs, le récit officiel, qui voudrait faire croire en une cohabitation harmonieuse des cultures, est contredit par les réalités. La fracture identitaire du pays, que votre serviteur décrivait en 2007 (1), a pris des proportions dramatiques. C’est à Tourcoing, fief de Darmanin, qui se flattait de son action contre le séparatisme islamiste, qu’une élève voilée à frappé une enseignante qui lui demandait d’ôter son signe d’appartenance à l’islam. C’est à Sciences-Po Paris et dans certaines universités cornaquées par LFI que sont lancés des appels à l’intifada en France, c’est-à-dire à la guerre civile. Pour l’instant, rien n’arrête la dislocation de la nation. Le monde politique, qui s’empoigne actuellement sur le prix de l’électricité, n’est pas à la hauteur.
(1) La fracture identitaire, Fayard
Par Ivan Rioufol le 9 octobre 2024
mardi 24 septembre 2024
Gouvernement Barnier : élections, piège à cons !
« Elections, piège à cons » : l’impertinence soixante-huitarde va comme un gant à la farce démocratique produite par la classe politique naufragée. En juin 1968 les contestataires de mai entendaient, par ce slogan, dénoncer le choix de Charles De Gaulle de dissoudre l’Assemblée nationale ; les élections allaient malgré tout lui offrir une majorité absolue.
Cette fois, ce sont les perdants des législatives qui se partagent les 39 postes du gouvernement de Michel Barnier, constitué samedi soir. Non seulement le nouveau Premier ministre n’a su concrétiser ses promesses du 5 septembre de « tourner la page » et d’apporter « des ruptures », mais la Macronie, désavouée par les urnes, se taille la part du lion (seize ministres, dont sept reconduits).
Les Républicains de Laurent Wauquiez, faibles de leurs 47 députés, se partageront 15 maroquins avec les Divers droite. Les miettes n’ont pas été proposées aux indésirables vainqueurs du 7 juillet, le Nouveau Front Populaire et le RN allié à Eric Ciotti. Parler de coup d’Etat ou de putsch pour qualifier ce jeu de bonneteau serait certes excessif : la mascarade s’est déroulée sans violence, avec l’assentiment de partis soucieux de leur survie et d’hommes politiques ambitieux n’oubliant pas de remercier leurs « mamans » (Attal, Barnier) sur le perron de l’Hôtel de Matignon. Le mot qui vient, devant ce déni démocratique, est celui d’usurpation. Un monde politique prend fin pour n’avoir jamais su représenter la vraie France.
La santé mentale, annoncée hier soir sur France 2 comme « grande cause nationale » par le Premier ministre, est d’abord un fléau qui frappe ces élites refusant le réel.
Bruno Retailleau (LR), nommé à l’Intérieur par Barnier, saura-t-il néanmoins corriger les premières impuissances du Premier ministre, confronté aux blessures ardentes de l’égo présidentiel et à ses pièges de braconnier ? Le sénateur de la Vendée, qui fut proche de Philippe de Villiers et du courant souverainiste, a comme atout d’avoir les idées claires sur les sujets interdits (immigration de peuplement, libanisation de la nation, infiltration islamiste, etc.). Il fait partie de ces rares élus qui ont pensé l’effondrement du vieux monde claquemuré. Mais lui comme d’autres à droite n’ont pas été au bout de leurs réflexions. Retailleau ne semble pas vouloir admettre que le nouveau monde s’élabore en dehors du système dépassé dont il reste un acteur.
L’alternative se construit au cœur du peuple abandonné, que le RN en mutation s’emploie à fédérer. Or, pour avoir choisi de collaborer avec la Macronie récusée, Retailleau et ses amis ont pris le risque de sombrer avec le Titanic. Ainsi, le ministre de l’Intérieur devra composer avec le socialiste Didier Migaud, imposé par le chef de l’Etat au ministère de la Justice : un choix qui fera inutilement perdurer l’opposition entre la police et la justice, au plus grand profit des délinquants. Il est trop tôt bien sûr pour juger le gouvernement, sous surveillance de Marine Le Pen.
Contraint au pointillisme des compromis, Barnier s’oblige à la modestie. Mais les Français, déjà trahis après leur vain refus de la constitution européenne en 2005, ne supporteront pas longtemps le mauvais spectacle de leur cocufiage, probables impôts supplémentaires en plus.
Gare au cave qui se rebiffe !
Par Ivan Rioufol le 23 septembre 2024
samedi 21 septembre 2024
La crise de la démocratie, prélude au grand effondrement
La crise de la démocratie n’affecte pas seulement la France, qui n’a plus de gouvernement depuis plus de cent jours. Elle s’incruste au cœur de L’Europe coupée des peuples. Le limogeage de Thierry Breton par Ursula von der Leyen rappelle la dérive soviétoïde de l’UE.
Le commissaire européen, qui voulait mettre sous surveillance des réseaux sociaux dont celui d’Elon Musk (X), s’est fait débarquer lundi alors qu’Emmanuel Macron l’avait renouvelé à son poste en juillet. Le proscrit a été remplacé par le ministre des affaires étrangères Stéphane Séjourné, un proche du chef de l’Etat français, qui s’est vu confier le ronflant secteur de « la Prospérité et de la Stratégie industrielle ». Or ces purges au sommet s’opèrent, sous la férule de la présidente de la Commission, dans l’opacité de l’entre-soi. En cela, ces pratiques oligarchiques de cooptations et d’allégeances se rapprochent de celles qui avaient cours dans l’ex-Union soviétique.
Ces tambouilles confirment l’analogie que le dissident soviétique Vladimir Boukovsky avait dressée en 2005 (1) entre l’URSS et l’UE. Il constatait que si « ses deux ennemis irréductibles » (l’Union soviétique et son système soviétique) avaient disparu, il voyait « renaître le Léviathan » derrière l’Union européenne « employant les mêmes vieux trucs » pour « s’attirer le soutien populaire et paralyser ses adversaires ». Ainsi, écrivait-il, l’UE « se pare des atours de la paix et du progrès, de l’avenir forcément radieux et de l’abondance toujours promise », comme l’URSS promettait le bonheur à l’humanité.
De fait, rien ne ressemble plus au Politburo d’hier que la Commission européenne d’aujourd’hui. D’un côté, comme le rappelait Boukovsky parlant de la structure communiste, « une quinzaine de personnes non élues qui se cooptaient selon des règles incompréhensibles au commun des mortels mais selon des critères de fidélité à la direction et au « cher Parti communiste » ». De l’autre, avec la Commission, 27 personnes également non élues, désignées selon des critères flous pour des missions peu claires issues de travaux largement confidentiels. Lisons une nouvelle fois Boukovsky (cité par Ludovic Greiling dans « Le monde qu’ils veulent ») : « La Commission seule dispose de la prérogative de proposer des textes législatifs que l’on appelle directives. Ces dernières, élaborées par les technocrates européens, sont entérinées avec autant d’efficacité que l’étaient au Soviet suprême celles concoctées par les technocrates du Comité central du Parti ».
L’UE despotique connaîtra-t-elle le sort de l’URSS dictatoriale ?
A l’évidence, le réveil des peuples oubliés oblige les élites, européennes et françaises, à s’ouvrir au monde ordinaire. La colère qui s’y répand est portée par une demande pressante de liberté; celle-là même qui a fait s’effondrer l’Union soviétique. Le procès en destitution de Macron, que vient d’ouvrir LFI, n’a certes aucune chance d’aller à son terme. Cependant, l’ouverture de la procédure illustre la débâcle démocratique en cours.
Michel Barnier, issu d’un parti minoritaire et qui peine à constituer un gouvernement, en est également le produit. « La situation budgétaire est très grave », a-t-il annoncé de surcroit ce mercredi matin. Tout annonce l’effondrement d’un système à bout de souffle, qui n’a plus prise sur le réel.
(1) L’Union européenne, une nouvelle URSS ? Editions du Rocher
Par Ivan Rioufol le 18 septembre 2024
lundi 9 septembre 2024
Michel Barnier doit en finir avec le macronisme
Et le vainqueur est…l’indésirable RN.
Le monde politique finissant voulait écarter ce parti trop populaire, en abusant de petits arrangements entre amis. Mais les réalités électorales sont têtues : elles viennent de le consacrer dans son rôle le plus confortable : celui d’arbitre suprême. Le RN n’aura pas même à se colleter avec la situation budgétaire calamiteuse créée par Emmanuel Macron, sinon pour abaisser le pouce quand il lui plaira. La nomination de Michel Barnier comme premier ministre, jeudi, n’a été rendue possible qu’après l’agrément du premier parti de France et l’échec de la tentative de putsch du Nouveau Front Populaire.
Cette dernière formation – assemblage brinquebalant de mélenchonistes, communistes, socialistes, écologistes – se disait partout victorieuse des législatives en dépit des 3 millions de voix qui la séparent du RN.
Samedi, à Paris, cette extrême gauche tonitruante n’a rassemblé que 26.000 manifestants pour protester contre la « trahison démocratique » représentée par la désignation de Barnier. Certes, ce dernier est assurément le produit d’une crise démocratique : son parti, les LR, n’aligne de 47 députés et n’avait pas atteint 5% lors de la dernière présidentielle. C’est un couple d’éclopés qui s’est formé in extremis entre Macron et Barnier, dont le nom était en réserve depuis juillet au moins. Mais cette nomination, fragile dans sa durée, amène à tirer deux premiers constats de décès : celui du macronisme, et celui du front républicain.
En effet, c’est en rupture avec le « nouveau monde » promu par Macron que Barnier s’est inscrit dès ses premiers mots, jeudi face à l’impétueux Gabriel Attal. Quant au cordon sanitaire, il s’est vite retourné contre LFI, son principal promoteur, aujourd’hui considéré comme « dangereux pour la démocratie » par 69% des sondés, soit une hausse de 12 points (Le Monde, 30 août).
Dans la cohabitation qui se dessine, il est un tabou qui pourrait aussi sauter : celui de l’impossible rapprochement entre Les Républicains de Laurent Wauquiez et le RN de Marine Le Pen. Si Barnier veut s’inscrire dans le temps et différer ainsi la possible démission du chef de l’Etat (mon blog du 4 septembre), il doit non seulement tourner la page du macronisme, mais mener une politique en adéquation avec les attentes de la vraie droite, dont 80% des électeurs ont rejoint le RN.
Les LR ont accepté in fine, en avalisant la nomination de Barnier, de revoir leur doctrine qui refusait toute collaboration avec Macron. Ils se sont ralliés au conseil de Nicolas Sarkozy, favorable à une participation gouvernementale. Mais LR se fourvoieraient s’ils devaient devenir la bouée de sauvetage d’un président dont les Français ne veulent plus. S’ils veulent continuer d’exister, les LR vont être contraints de se rapprocher du RN, afin de mener une politique qui lui soit acceptable et le dissuade d’utiliser la censure comme un couperet.
Les sujets liés à l’immigration, à l’insécurité, au poids bureaucratique, à l’endettement, à la proportionnelle sont autant de thèmes qui peuvent devenir des terrains d’entente entre les droites et préparer leurs dirigeants, prisonniers de leurs dogmes, à s’unir contre un système en faillite. Barnier, homme prudent, aura-t-il l’audace d’affronter le politiquement correct macronien, ses médias et leurs grands clercs ?
Samedi, il a consacré son premier déplacement à une visite de l’hôpital Necker, à Paris. L’occasion pour lui de placer la santé parmi ses priorités. Ce terrain est assurément consensuel. Mais c’est la France, malade de sa classe politique démissionnaire, qu’il s’agit de soigner.
jeudi 29 août 2024
Face aux flics de la pensée, refuser d’obtempérer !
La dérive illibérale du macronisme signe son échec.
La fin politique d’Emmanuel Macron est liée au chaos qu’il a créé, croyant en sortir vainqueur. Ce mercredi, il était toujours en recherche d’un premier ministre suffisamment aimable pour accepter de lui sauver provisoirement la mise. Toutefois, la démission du chef de l’Etat devient une hypothèse crédible, tant son régime recroquevillé offense la république.
En effet, non content de vouloir exclure le RN, parti qui fédère 80% des votes de droite, mais aussi le NFP et ses 7 millions d’électeurs (soit, au total, 18 millions d’indésirables !), Macron a avalisé de surcroit la généralisation d’une mise en surveillance des opinions. Dès lors, apparaît un pouvoir en rupture avec la démocratie.
L’arrestation, le 24 août à l’aéroport du Bourget, du fondateur de la messagerie cryptée Telegram, le franco-russe Pavel Durov, au prétexte d’un manque de modération sur sa plate-forme, est venue ajouter un voile noir sur la liberté d’expression, qui n’est plus qu’une expression.
Mardi, le président a voulu s’exonérer de cet acte de police judiciaire en assurant : « La France est plus que tout attachée à la liberté d’expression et de communication (…) Dans un État de droit (…), les libertés sont exercées dans un cadre établi par la loi pour protéger les citoyens et respecter leurs droits fondamentaux. C’est à la justice, en totale indépendance, qu’il revient de faire respecter la loi. L’arrestation du président de Telegram sur le territoire français a eu lieu dans le cadre d’une enquête judiciaire en cours. Ce n’est en rien une décision politique. Il revient aux juges de statuer ». En réalité, la législation qui a permis l’arrestation de Durov est la traduction fidèle de la volonté élysienne de trier les idées et de faire taire.
En choisissant, le 27 juin, de reconduire le commissaire Thierry Breton dans ses fonctions, Macron a avalisé le combat mené par l’Union européenne pour contrôler les réseaux sociaux, au nom de la lutte contre la haine et le racisme. Or ces deux termes ne répondent à aucune définition juridique et permettent toutes les censures morales.
La mise en garde à vue de Durov préfigure-t-elle celle d’Elon Musk, le patron de X (ex-Twitter), lors d’un prochain passage en France ? En sommant, en vain, le milliardaire de se soumettre à la modération de l’UE, Breton a ouvert la voie à une généralisation de la répression des patrons de réseaux sociaux. Dans le même temps, Mark Zuckerberg (patron de Facebook et Instagram) a reconnu, lundi, avoir dû censurer, sous la pression de l’administration Biden, des informations liées au Covid ou à l’affaire Hunter Biden, officiellement présentée à l’époque comme une fake-news russe.
Cette dérive totalitaire contre les opinions dissidentes ne s’arrête pas à l’internet. L’acharnement du système macronien a encouragé l’Arcom, gendarme de l’audiovisuel, à priver NRJ 12 et C8 de leur diffusion et à mettre sous surveillance la trop libre CNews. Précédemment, c’était la chaîne russe RT France qui avait été interdite. Des journaux d’opposition comme France Soir, L’Incorrect, Causeur, Valeurs Actuelles, etc., sont eux aussi les cibles de mécanismes d’étouffement qui, s’ils ne répondent pas directement aux ordres de l’Elysée, ne sont en rien contrariants pour la macronie et sa quête hygiéniste, y compris dans le lavage de cerveau et l’opinion propre.
A la France des Lumières a succédé la France des petits flics de la pensée officielle. Face à eux, le refus d’obtempérer devient un devoir.
Par Ivan Rioufol le 28 août 2024
lundi 26 août 2024
Ubu roi à l’Elysée, ou la farce démocratique
Ubu roi loge à l’Elysée. Emmanuel Macron y a arrêté les horloges, croyant ainsi figer le temps. Esseulé en son palais, il vomit les esprits tristes qui ne se contentent pas de ses JO réussis. L’adversité le pousse à l’immobilité : il s’est juré de tenir encore trois ans, terme de son mandat. Quitte à tordre la démocratie et à ignorer les grondements du peuple. Ce lundi matin, Macron sait-il quel premier ministre il va désigner ?
Le château a fait savoir, selon Libération, que le vote des Français ne l’engageait pas. Depuis vendredi, il a reçu tour à tour les formations parlementaires, pour clore aujourd’hui ses consultations avec Marine Le Pen et Eric Ciotti. Cela fait plus de 40 jours – un record jadis détenu par la IVe République (38 jours) – que la France n’a plus de gouvernement et que le chef de l’Etat n’a toujours pas pris la mesure de son propre rejet par des législatives qu’il croyait gagnables. Personne ne se précipite pour camper si précairement à Matignon, hormis Xavier Bertrand pour la droite, Lucie Castets pour la gauche et quelques intermittents prêts à se dévouer.
Pourquoi pas François Baroin, devenu banquier plan-plan ? En attendant, chacun se ment à lui-même en s’attribuant l’échec du RN comme un trophée. Relatant l’entrevue avec le NFP, Le Monde de samedi raconte : « Devant ses hôtes, Emmanuel Macron a reconnu la victoire du Nouveau Front Populaire dans les urnes et il a admis que, avec ce vote, les Français avaient exprimé la volonté d’un changement d’orientation politique ». Or, si le NFP a décroché une majorité de députés (193), il n’a totalisé que 7 millions de voix, contre près de 11 millions pour le RN allié à Ciotti (126 députés). Ce ne sont pas les urnes qui lui ont donné la victoire, mais une logique de répartition des sièges dont a pâti le RN. Macron a banalisé l’absurde. La démocratie est une farce.
Sous le règne d’Ubu, tout est ubuesque. A commencer par les agitations loufoques de Jean-Luc Mélenchon et de ses apôtres. Ils ont réussi à faire croire aux médias envoutés que LFI était le gagnant des législatives avec…73 sièges ! Mais désormais, malgré sa participation active au front républicain contre le RN, La France Insoumise se retrouve à son tour, ces jours-ci, rejetée par ses alliés macronistes d’hier : ils feignent de découvrir son jeu incendiaire, dont les juifs deviennent la cible. Dans la confusion intellectuelle illustrée par le chef de l’Etat, de prétendus démocrates inclusifs, récusés par les électeurs, en viennent à soutenir que le pays devrait être gouverné en excluant LFI et le RN, soit une bonne partie des citoyens en colère.
C’est cette position anti-démocratique qu’a tranquillement défendue Gabriel Attal le 13 août en appelant à un « pacte d’action » écartant ces deux formations. Le 18 juillet, le même premier ministre démissionnaire et 16 autres membres du gouvernement avaient fait réélire Yaël Braun-Pivet à la présidence de l’Assemblée en violation de la séparation des pouvoirs qui aurait dû interdire aux ministres-députés de participer aux votes. Mais que vaut la démocratie pour ces « élites » accrochées à leurs rentes ?
Samedi, les obsèques d’Alain Delon ont respecté son choix de ne pas recevoir d’hommage national au profit d’une cérémonie intimiste. Cette défiance vis-à-vis de la classe politique est largement partagée.
La France pleure Delon, symbole d’une virilité devenue suspecte. Elle ne versera pas une larme pour ce vieux monde agonisant, conduit par un monarque capricieux qui s’amuse à dégoupiller des grenades pour voir l’effet produit.
dimanche 18 août 2024
JO : le prix caché de la réussite
Accordons à Emmanuel Macron, au-delà de la propagande woke de la cérémonie d’ouverture (blog du 31 juillet), le droit de se réjouir bruyamment du bilan des jeux Olympiques de Paris. Tout s’est bien passé durant ces quinze jours.
C’est un fait. Dès lors, le chef de l’Etat a beau jeu de rappeler les doutes et les critiques d’hier sur la sécurité et l’organisation des événements. Se laissant aller à l’autosatisfaction, il a expliqué à L’Équipe, dimanche à l’issue de la clôture que « le perdant », de ces Jeux, « c’est l’esprit de défaite ». En détaillant la liste des objections émises par les experts les plus sceptiques : « La cérémonie d’ouverture sur la Seine était une inconscience sécuritaire, on n’aurait jamais assez de médailles, ce serait un gouffre financier, on n’arriverait pas à se baigner dans la Seine… Et, à la fin, on a réussi, on l’a fait ! (…) »
Hier, il a poursuivi, sans pudeur ni modestie excessives, son autocongratulation : « On peut être en même temps complètement fou et très bien organisé ». Bien organisé, oui, y compris avec un gouvernement démissionnaire, ce qui tendrait à démontrer le génie intact de la société civile et de ses propres élites, dès lors qu’elles ne sont pas entravées inutilement. Les médias se sont tous accordés également à reconnaître, dans les foules rassemblées, une même joie palpable. Libération, envouté par l’ambiance, a même titré le 10 août : « Paris, capitale de la douceur », en oubliant le prix de ce retour nostalgique à la « doulce France » : 45.000 policiers armés, 13.000 déplacements de clandestins, 44.000 grillages et barrières, des QRCodes ou des accès payants aux fans zones, un nettoyage social brutal, le remplacement des Parisiens par des spectateurs à pouvoir d’achat (4 euros le ticket de métro), etc. Le vivre-ensemble est un luxe.
Il n’est pas sûr cependant que la gauche inclusive, emballée à juste titre par cette fraternité des jeux, prenne la peine d’analyser les ressorts si peu humanistes de cette réussite, liés pour beaucoup à l’exclusion des plus déshérités et des immigrés indésirables, et à la surveillance étroite des islamistes revendicatifs. Il est également très improbable que les mondialistes et autres idéologues postnationaux, qui hurlent au retour du fascisme à la moindre expression d’une fierté nationale, acceptent de creuser leurs propres contradictions, pour ceux qui ont partagé l’engouement nationaliste, cocardier, d’un peuple uni derrière son drapeau au-delà de la couleur des peaux.
Or ces Jeux ont démontré, dans leur authentique ferveur nationale, que rien n’était plus faux que cette idée récitée par les perroquets qui voudrait, depuis François Mitterrand, que « le nationalisme, c’est la guerre ». La Grande-Bretagne a illustré, dans le même temps, que la guerre civile se dissimulait au contraire dans les plis du multiculturalisme, cheval de Troie de l’islamisme.
La dénonciation convenue de « l’extrême droite » dans les révoltes anti-immigration, notamment à Southport, a occulté l’infiltration islamiste et propalestinienne des mouvements « antiracistes », et la subversion par la charia de la société anglaise.
Pour la France en tout cas, le conte de fées s’achève : le carrosse est redevenu citrouille.
Par Ivan Rioufol le 13 Août 2024
vendredi 2 août 2024
Comment une poignée d’idéologues a fait main basse sur la cérémonie des JO
La France d’Emmanuel Macron n’est pas la mienne.
Je ne l’ai pas non plus reconnue dans la cérémonie des JO, emplie de stéréotypes sexués et de flatteries à l’air du temps. J’ai vu, dans la mise en scène de Thomas Jolly, une opération politique pour valoriser la nouvelle France diversitaire promue par le chef de l’Etat. 80% des investissements publics ont d’ailleurs bénéficié à la Seine-Saint-Denis, selon Amélie Oudéa-Castera (Europe 1, lundi).
Alors que l’article 50-02 de la charte olympique du CIO stipule : « Aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale n’est autorisée dans un lieu, site ou autre emplacement olympique », le pouvoir, désavoué depuis par les urnes, a choisi de passer outre cette interdiction en imposant d’autorité sa vision contestée d’une société post-nationale et post-française.
L’historien Patrick Boucheron, un des organisateurs de l’évènement, n’a rien caché de ses desseins consistant à « affirmer crânement, énergiquement que c’est comme ça qu’on va vivre ensemble (…) On a restauré, pour nous, intimement, une fierté pour ce pays. Pas pour son identité, mais pour son projet politique (…) ».
De ce point de vue, un parallèle peut être fait entre Leni Riefenstahl, qui filma pour Hitler les JO de Berlin de 1936, et Jolly et ses amis qui ont scénarisé pour Macron les JO 2024. Dans les deux cas, on retrouve une même propagande au service de l’Homme nouveau (aryen ou métissé), une même obsession de la race, un même mépris du catholicisme, un même enthousiasme obligatoire. Ceux qui ont eu l’audace d’avouer n’avoir pas apprécié les génuflexions wokistes face aux minorités sexuelles ou raciales ont été traités d’ « extrême droite ». Ainsi font les nouveaux fascistes grimés en antifascistes.
La nouvelle France de Macron, multiculturelle, n’est pas non plus celle de nombreux compatriotes indigènes. Certes, un sondage a montré que 85% des téléspectateurs avaient estimé la cérémonie réussie. Je ne mésestime pas la technique subversive des déconstructeurs : leur savoir-faire peut amener à ce genre de plébiscite mou. « Quand on sait comment arnaquer les esprits, il n’est pas difficile de devenir le maître du monde », écrit le philosophe Bertrand Vergely (1), qui ajoute : « Quand on sait comment rétablir la vérité et l’honnêteté, on devient un libérateur ».
Je remarque d’ailleurs que le spectacle a également emballé Edwy Plenel qui a tweeté : « Superbe cérémonie qui a sublimé la France de l’émancipation, celle de l’égalité des droits sans distinction d’origine, de condition, d’apparence, de sexe, de genre. La France née en 1789. « Ah ! Ça ira, Ah ! Ça ira… » (…) ». Or Je doute que Plenel, symbole de l’islamo-gauchiste et du déracinement, se reconnaisse lui-même dans cette autre France méprisée, enracinée et périphérique, qui n’a jamais d’autre droit que celui de se taire.
Je défends cette France au nom de l’injustice qui lui est faite. Les organisateurs n’ont cessé de dire qu’ils voulaient faire un « anti-Puy-du Fou » en tournant le dos à la classe moyenne des oubliés, coupables de mal voter. Mais de quel droit une poignée de militants sans légitimité ont-ils détourné la vocation olympique de la cérémonie des Jeux, imitant en cela ce que furent les JO de Berlin de 36 ? Le CIO a présenté ses excuses.
Les squatteurs propagandistes plastronnent.
(1) Main basse sur la pensée , Salvator
Par Ivan Rioufol le 31 juillet 2024
vendredi 12 juillet 2024
Les héritiers des Lumières volent bas et pensent creux
La « clarification » obscure, cette coquecigrue produite par Emmanuel Macron en dissolvant l’Assemblée nationale, reflète la confusion intellectuelle qui s’est installée au cœur du Système qui s’effondre.
Le pouvoir se comporte comme un canard sans tête. Une bêtise collective s’est emparée des élites en chaises longues. Celles-ci ont unanimement réduit le débat politique à des postures irréfléchies contre le RN, rendant infertile le champ des idées. Rien ne pousse sous les tas de pierres lancées depuis des lustres par des Jean Moulin d’opérette contre le fascisme que représenterait Marine Le Pen. Mais si Le Pen est le fascisme, le fascisme n’était-t-il donc que cela ? Les résistants du nouveau « No pasaran ! » se flattent, derrière le chef de l’Etat, d’avoir écarté « l’extrême droite » de Matignon en la personne de Jordan Bardella.
Ce faisant, ces promoteurs moutonniers du front républicain découvrent aujourd’hui, avec une extrême gauche revivifiée, le monstre « humaniste » qu’ils ont sottement couvé dans un combat commun contre la « lèpre ». Les macronistes feignent de s’étonner du vrai visage de ce partenaire sectaire et violent, qui a rendu l’antisémitisme tolérable aux yeux de la gauche « antiraciste ». Hier, Adrien Quatennens (LFI) a même appelé à « une grande marche populaire » sur Matignon afin de faire « céder » le président dans son choix d’un insoumis comme premier ministre. L’abêtissement a réduit le théâtre politique à des affrontements puérils, avec vociférations et mises à l’index. Le
Les héritiers de la France des Lumières, gagnés par la rhinocérite, volent bas et pensent creux.Il est vain d’appeler à une « coalition d’idées », comme l’a fait ce mercredi Gérald Darmanin sur Europe 1, sans jeter préalablement les œillères du prêt-à-penser qui forcent au pilotage automatique. Le ministre de l’Intérieur a beau reconnaître que son camp a « perdu les élections », il persiste à raisonner en vase clos quand, par exemple, il déclare, après la révélation d’un dîner entre Edouard Philippe et Marine Le Pen : « Moi je n’aurais pas dîné avec Marine Le Pen ».
Or, comme le rappelle Dominique Reynié dans Le Figaro de ce jour, « le RN, c’est la droite », puisqu’il en représente 80 % de ses votes. Refuser de rencontre Le Pen, c’est refuser la démocratie. La macronie reste incapable de se défaire de son grotesque sentiment de supériorité, qui lui fait rejeter, avec le RN, un parti qui s’efforce d’être au plus près d’une société oubliée qui n’en peut plus d’être méprisée pour son enracinement et son sentiment de dépossession.
Alors qu’à droite une jeune génération d’intellectuels et de journalistes bouillonne d’idées neuves (Causeur leur rend hommage dans son dernier numéro), le conformisme reste la pesanteur du vieux monde politico-médiatique dont la grille de lecture manichéenne (les gentils, les méchants) l’éloigne de la vie des gens ordinaires. Rien n’est plus urgent pour les « élites » à la ramasse que d’oser réfléchir enfin, au-delà des anathèmes, aux questions liées à l’immigration, à la nation, à la cohésion nationale, etc. Le RN et les LR doivent eux-mêmes consolider leurs doctrines en s’ouvrant aux confrontations intelligentes. Ils s’apercevraient alors qu’ils pensent, en fait, la même chose sur presque tout.
Par Ivan Rioufol le 10 juillet 2024
mardi 2 juillet 2024
Législatives : "Emmanuel Macron ne comprend rien à la France !" - Ivan Rioufol
mercredi 26 juin 2024
Les Français humiliés, portés par le vent de l’histoire
Bis repetita : la colère française, que j’annonçais sans grand risque de me tromper dans les européennes du 9 juin (voir mon blog du 4 juin), mettra à nouveau les points sur les i, ce dimanche.
Et encore le 7 juillet, pour le second tour des législatives. La raison en est simple : les Français excédés ont de la suite dans les idées. Les intimidations morales des médias ne fonctionnent plus. D’autant que la « gauche divine » des années 80 a muté en un Front de la honte mêlant des courants sectaires, violents, antisémites, anti-Français. Le parti présidentiel risque de laisser d’autres plumes, singulièrement face au bloc national RN-Ciotti. « Je ne suis pas aveugle », assure Emmanuel Macron dans une Lettre aux Français diffusée dimanche. En réalité, son narcissisme le détourne des réalités. Il se persuade encore de pouvoir susciter le « sursaut » autour de sa personne. Les historiens auront d’ailleurs à se pencher sur son cercle si médiocre (« des cloportes », a dit Bruno le Maire) qui, dit-on, l’a encouragé à dissoudre l’Assemblée dès l’échec du 9 juin pour son camp.
Le chef de l’Etat va, très probablement, perdre dimanche de n’avoir su admettre, depuis la révolte des Gilets jaunes, que le pays fâché lui échappe et que la démocratie n’est pas la tyrannie des minorités mais l’expression du plus grand nombre. Cette déconnexion, souvent dénoncée ici, explique la crise politique que Macron a accélérée par dépit, à la veille de l’ouverture des Jeux Olympiques de Paris. Le pire qui pourrait advenir serait, en cas de large victoire de Jordan Bardella, de voir la gauche insurrectionnelle, soutenue par des sociaux-démocrates à la ramasse, contester la démocratie dans une guerre des rues.
Le vent de l’histoire a quitté le camp du Bien.
Il paie d’avoir trop longtemps méprisé les gens ordinaires au nom de ses utopies. Gérald Darmanin, ce lundi sur RTL, a rappelé sa sympathie pour « le bon peuple ». Mais, pour la macronie, il est trop tard pour s’amender auprès de lui. La dynamique porte la droite pragmatique et ses anciens parias. « Une vogue philosophique s’impose comme une vogue gastronomique : on ne réfute pas plus une idée qu’une sauce », remarquait Cioran. De fait, les alertes du Système unanime sur le retour d’une « l’extrême droite » qui porterait la moustache d’Hitler sont pathétiques.
Ces peurs agitées ne sont plus comprises, majoritairement, que comme un procédé de la gauche paniquée pour tenter de sauver un peu de son hégémonie perdue. Le doute s’est d’ailleurs installé dans les rangs des plus lucides des « progressistes ». Samedi, sur LCI, l’acteur-réalisateur de gauche Mathieu Kassovitz a dérogé à l’esprit moutonnier de son camp en déclarant que le RN avait « peut-être sa place en France » et que « c’est peut-être une expérience à essayer ».
Le 15 juin, dans Libération, Ariane Mouchkine, créatrice du Théâtre du Soleil, a notamment reconnu, au nom de la gauche culturelle : « On a lâché le peuple (…) Quand les gens disaient ce qu’ils voyaient, on leur disait qu’ils se trompaient, qu’ils ne voyaient pas ce qu’ils voyaient (…) Puis comme ils insistaient on leur a dit qu’ils étaient des imbéciles, puis (…) on les a traités de salauds. On a insulté un gros tiers de la France par manque d’imagination (…) ». C’est cette France humiliée, que la gauche persiste à traiter de fasciste alors qu’elle-même s’abîme dans l’intolérance, qui va encore faire parler d’elle dimanche.
Ce n’est pas fini.
Par Ivan Rioufol le 25 juin 2024