Affichage des articles dont le libellé est Charles III. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Charles III. Afficher tous les articles

jeudi 28 septembre 2023

La fête sans le peuple (« The feast without the people »)



Le Monde: « Mercredi soir, les monarques britanniques ont rejoint le château de Versailles pour participer à un dîner d’Etat. Ils y ont été accueillis [par le couple présidentiel] avant d’entrer tous les quatre dans le château. Le dîner d’Etat à Versailles – autre temps fort de la visite – est un clin d’œil à la mère du roi, Elizabeth II, qui fut invitée à déjeuner dans le même décor somptueux en 1957 et revint à Versailles en 1972. 

Dans les personnalités du monde de la culture, on attend notamment le chanteur des Rolling Stones Mick Jagger, les acteurs Hugh Grant, Charlotte Gainsbourg et Emma Mackey, les écrivains Ken Follett, Kate Elliott et Christopher Hampton, les photographes Bettina Rheims ou Yann Arthus-Bertrand. Parmi les représentants du monde sportif figurent l’ancien manager d’Arsenal Arsène Wenger, les ex-footballeurs Didier Drogba et Patrick Viera qui ont beaucoup joué en Angleterre, l’ancienne joueuse de tennis Amélie Mauresmo (gagnante de Wimbledon en 2008) ou encore le président du comité d’organisation de Paris 2024, Tony Estanguet. 

Les grandes entreprises françaises seront fortement représentées avec le PDG du groupe LVMH, Bernard Arnault (LVMH), le dirigeant d’Iliad, Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde), la dirigeante de Chanel, Leena Nair, ou encore la directrice générale d’Engie, Catherine MacGregor. La liste d’invités comprend aussi des responsables d’institutions franco-britanniques ainsi qu’une quinzaine de politiques, dont cinq membres du gouvernement. »

On voudrait ne pas rouspéter tout le temps, apparaître comme le ronchon de service. Mais quand même, ce genre de festivité a l’inconvénient de faire quelque peu entre-soi, entre célébrités, vedettes du star system, la clique des puissants, des richissimes et des célébrités. Un peu plus tard a eu lieu la descente des Champs-Elysées, mais l’avenue était déserte, le peuple absent, cela n’intéressait personne. 

Pendant qu’un tiers des Français ne parviennent plus à boucler les fins de mois dans un contexte d’inflation vertigineuse, 5 à 6 millions de chômeurs nonobstant les mensonges, 2 millions de RSA, 10 millions de pauvres selon l’INSEE, des familles qui ne mangent plus de légumes à cause de la cherté, les jeunes parisiens et banlieusards sont dans l’impossibilité de se loger à cause du prix des loyers et de la montée des taux d’intérêt, ou les Français souffrent devant les images tragiques de Lampeduza et du Haut-Karabagh, ces Mesdames Messieurs très importants, célèbres et très fortunés font la fête. 

Au menu: un « tourteau de casier et homard bleu, voile d’amandes fraîches », assaisonné d’un gel de menthe chartreuse et d’une sauce au saké. Le plat, sera une volaille de Bresse marinée au champagne, avec une extraction de maïs rôti et un gratin de cèpes. Le plateau de fromages sera composé d’appellations françaises et anglaises. Pour le dessert, sera servi l’Ispahan, un entremets à la rose, aux litchis et framboises sur une base de macaron, selon les informations de Paris-Match et du Point

Le tout pour 160 invités de marque. Franchement, ce n’est pas de la jalousie car j’ai horreur des mondanités et des dîners au-delà de six personnes. 

Mais pas sûr que le signal envoyé à l’opinion par un tel spectacle hors sol soit très positif… Et ce qui me surprend le plus, finalement, c’est le consentement politique, l’approbation médiatique, l’absence de regard critique sur tout cela, y compris de la presse de gauche, bref la déconnexion, la soumission.

Par Maxime Tandonnet le 21 septembre 2023

Le blog de Maxime Tandonnet



dimanche 23 octobre 2022

Crise politique au Royaume-Uni : « La faute au Brexit » !



Le Brexit est le plus cuisant échec politique de l’Union européenne depuis sa création. C’est peu dire qu’il n’a pas été digéré par l’eurocratie européenne. Que le Royaume-Uni qui, seul au monde entre 1940 et juin 1941, a résisté à l’Allemagne nazie, alliée à l’Union soviétique à cette époque, ait claqué la porte de l’Union européenne était un symbole dévastateur pour la machinerie bruxelloise. Au Berlaymont (siège de la Commission européenne), on espérait et prédisait un destin funeste pour ce royaume indocile. L’empire de la norme en construction ne pouvait tolérer une telle rébellion. À Bruxelles, on avait même espéré, selon la bonne vieille habitude, pouvoir faire revoter le peuple britannique. Mais justement, ce peuple, qui a inventé la démocratie moderne, ne rigole pas avec celle-ci. Le peuple avait voté. On respecterait donc la volonté du peuple. Le Royaume-Uni n’est pas la République de Sarkozy.

Les présentes difficultés britanniques réjouissent donc fort les europhiles de tout poil. La cause des problèmes du gouvernement et du parti conservateurs : « Le Brexit, le Brexit, vous dis-je ! » On jurerait la scène du poumon du Malade imaginaire. Une seule cause à tous vos maux, infortunés insulaires : le Brexit !

Sérieusement, examinons les choses. Après 45 jours au pouvoir, Mme Liz Truss a présenté sa démission au roi Charles III. En cause, un mini-budget qui prévoyait d’importantes baisses d’impôts, ce qui a provoqué des réactions négatives de la Bourse de Londres et des réserves de la Banque d’ en raison de l’état des finances publiques britanniques. Domaine dans lequel la France n’a guère de leçons à donner (dette française 2.916,8 milliards d'euros, source INSEE ; dette britannique 2.427,4 milliards de livres soit 2.781,5 milliards d'euros, source Trading Economics). Le Premier ministre britannique a réagi à ces critiques de façon si confuse qu’elle a été contrainte à la démission. Un nouveau Premier ministre sera rapidement élu par le Parti conservateur et proposé au roi qui assure, comme de juste, la permanence de l’État.

Les difficultés que rencontre le Royaume-Uni tiennent principalement à la vague d’inflation qui le frappe durement. Comme l’Europe continentale. Quelle est donc la situation. Selon l’Office for National Statistics, l’inflation atteignait 10,1 % en septembre au Royaume-Uni. À la même période, elle atteignait, selon Eurostat, 10,1 % pour l’ensemble de l’UE et 9,1 % pour la zone euro. Le Brexit aurait-il « déteint » sur l’UE ?

Si l’on s’arrête à l’inflation alimentaire, toujours selon Eurostat, elle atteignait 15,8 % pour l’ensemble de l’UE en septembre, 14,8 % au Royaume-Uni (Office for National Statistics). Là encore, l’affirmation des euro-béats ne paraît guère démontrée par les chiffres.

Seul le domaine de l’énergie, selon les mêmes sources, montre une nette différence. Pour l’UE, l’augmentation des prix de l’énergie atteignait + 38,6 % en août et + 51,8 % pour le Royaume-Uni. Cette inflation particulièrement forte des prix de l’énergie est due à la structure du « panier énergétique » britannique dans lequel les énergies fossiles sont prédominantes (77 %), et le gaz notamment (29,1 %). L’augmentation des prix débutée dès la fin du confinement dû au Covid a explosé avec la guerre en Ukraine, notamment pour le gaz, en dépit du fait que le Royaume-Uni ne dépende qu’à hauteur de 4 % du gaz russe. On notera que l’énergie nucléaire ne représente que 8,6 % des ressources en énergie électrique du pays. Là encore, l’affirmation que les problèmes viennent du Brexit est plus que hasardeuse. Sur le plan social, ils résultent plus du fait qu’il n’existe pas de bouclier tarifaire chez nos voisins d’outre-Manche. Pas plus qu’en Belgique, au demeurant.

Dans un récent entretien, le président de la fondation Robert-Schuman affirmait que le Brexit avait été très nocif pour la position diplomatique du Royaume-Uni. C’est aller vite en besogne. Dès l’annonce de la démission de Liz Truss, le président Biden a réaffirmé la « fermeté de l’alliance entre les deux pays » et chacun connaît l’étroitesse des liens entre la « maison mère » et son rejeton qui l’a supplantée dans la puissance impériale. La malheureuse affaire des sous-marins français destinés à l’Australie a démontré, si besoin était, la force des liens historiques du monde anglo-saxon. Tout comme l’attitude du royaume dans la guerre en Ukraine. Winston Churchill l’avait clairement dit à  en 1944 : « Chaque fois qu’il nous faudra choisir entre l’Europe et le grand large, nous choisirons toujours le grand large. » Au Berlaymont, on devrait s’en faire une raison plutôt que d’espérer une revanche.

La ritournelle sur le Brexit cause de tous les mots évoque encore Molière : « Toute l’excellence de leur art consiste en un pompeux galimatias et un spécieux babil, qui vous donne des mots pour des raisons, et des promesses pour des effets » (Le Malade imaginaire).

Par Stéphane Buffetaut le 23 octobre 2022

Boulevard Voltaire

vendredi 9 septembre 2022

Mort d’Élisabeth II : la classe politique salue une « amie de la France »



Depuis l’annonce de la mort de la reine d’Élisabeth II, ce 8 septembre, les hommages affluent du monde entier. En France, la classe politique, de la droite jusqu’à La France insoumise, partage son émoi et s’incline avec respect devant les 70 ans de règne d’une souveraine hors du commun.

La France en berne

« La reine Élisabeth II vient de s’éteindre. Une ère élisabéthaine s’achève. » Peu après l’annonce du décès de la souveraine britannique, Emmanuel Macron salue la mémoire « d’une amie de la France ». Dans un communiqué publié quelques heures plus tard, le chef de l’État rend une nouvelle fois hommage à « celle qui aura marqué l’histoire de son pays, de notre continent et de son siècle ». À l’instar du président de la République, beaucoup la pensaient éternelle. « Elle incarnait un peuple, un territoire, […] une stabilité aussi : à travers les fluctuations et les remous de la politique, une permanence au parfum d’éternité », écrit-il. Mais à l’âge de 96 ans, la souveraine « qui côtoya les géants du XXe siècle sur les chemins de l’Histoire s’en est allée les rejoindre », conclut Emmanuel Macron. En signe de recueillement, le drapeau britannique a été placé sur le perron de l’Élysée et tous les drapeaux seront en berne, ce 9 septembre.

Nicolas Sarkozy, invité de la reine Élisabeth au château de Windsor en 2008, a également tenu à saluer celle qui « était une figure familière, l'une des plus attachantes et des plus respectées ». Soulignant l’humour « si délicieusement britannique » de la souveraine, il rappelle que « par son intelligence, son courage et sa simplicité, elle incarnait le meilleur des valeurs de la monarchie britannique ». François Hollande, pour sa part, décrit « une personnalité exceptionnelle […] grande et respectée amie de la France ».

De droite comme de gauche, les éloges unanimes

Au-delà des chefs d’État, c’est toute la classe politique française qui rend un dernier hommage à la reine Élisabeth II. À droite, les élus s’inclinent devant celle qui venait de célébrer son jubilé de platine et qui incarnait la stabilité et l’ d’une nation. « Son souci du temps long, son patriotisme, son respect des traditions et de l'identité britannique sont un modèle », pour Éric Zemmour. Marine Le Pen, de son côté, adresse ses « plus affectueuses pensées » au peuple britannique après la mort de « l’une des figures les plus emblématiques et les plus aimées de l’histoire de son pays et de notre continent ». Chez les Républicains, François-Xavier Bellamy se dit profondément reconnaissant envers la souveraine. « À travers les épreuves comme les victoires, la reine Élisabeth II aura témoigné, avec la même force morale, de cette exigence essentielle : un peuple ne vit que de ce qu’il reçoit et transmet », souligne le philosophe sur son compte Twitter. Au Parti socialiste, Jack Lang, qui a eu l’honneur de rencontrer la souveraine britannique en 1992, brosse le portrait d’une « reine de légende »« C’était une femme qui forçait le respect », écrit l’ancien ministre de l’Éducation nationale et de la Culture. Et d’ajouter : « Reine courage et exigeante, elle s’imposait en modèle pour des millions de personnes. Désormais, elle devient un mythe universel. »

Plus étonnant, chez les Insoumis, si certains élus farouchement hostiles à la monarchie préfèrent garder le silence, d’autres tiennent à saluer avec élégance le règne d’Élisabeth II. Alexis Corbière, député de La France insoumise, écrit ainsi : « Comme beaucoup de mes compatriotes qui aiment la République, je reste à bonne distance des commentaires béats sur la monarchie. Mais elle a connu Churchill, de Gaulle, Kennedy etc., comme après un livre d'histoire qui se ferme, on se dit : quelle vie ! »


Son acolyte, Raquel Garrido, souligne, pour sa part, « son remarquable sens du devoir et son amour patriotique ». Du côté des écologistes, Sandrine Rousseau reconnaît que « Élisabeth II a marqué notre époque ». L’élue féministe ajoute : « Sans être monarchiste, je suis respectueuse du talent et du sens politique. Elle en a eu beaucoup. »

Tous partagent le même sentiment : avec le décès de la reine Élisabeth II, une page d’Histoire se tourne.

Par Clémence de Longraye le 9 septembre 2022

Boulevard Voltaire