En France, les « résistants » en chaise longue plastronnent. Mais ils affrontent des ombres, en alertant sur un fascisme fantasmé. Le ridicule leur est promis. N’est pas Alexeï Navalny qui veut. Qu’on l’apprécie ou pas, l’opposant russe a laissé sa vie, dans sa prison-goulag, pour s’opposer à Vladimir Poutine et à sa dérive autocratique. Le courage de Navalny ne peut lui être enlevé. Son épouse, Ioulia Navalnaïa, est également remarquable. Elle s’est engagée à poursuivre le combat de son mari en rappelant ses mots : « Ce n’est pas honteux de faire peu. C’est honteux de ne rien faire, ou de vous laisser intimider ». Le lanceur d’alerte Julian Assange, incarcéré en Grande-Bretagne, fait partie de ces personnalités dont on devine qu’elles ne reculeront pas face aux pressions et à l’adversité.
En comparaison, les guignolades de ceux qui, en France, hurlent en meute au retour de l’extrême droite et de la bête immonde révèlent l’effondrement de l’esprit critique. La presse de gauche se garde, majoritairement, de barrer la route au totalitarisme islamiste et à son entreprise de conquête. Elle est en revanche intarissable contre la droite, quand elle se rend coupable de dire des vérités interdites. Pour s’être cru dépositaire d’une vigilance démocratique appliquée à l’audiovisuel, Christophe Deloire, patron de Reporters sans Frontières, s’est transformé, sous les applaudissements de la caste, en dénonciateur de la liberté d’expression sur CNews et en valet des intérêts d’Emmanuel Macron dans l’organisation des futurs états-généraux de l’information, voulus par le président.
Ce dernier s’inquiète notamment de la « commoditisation » (sic) (entendre : banalisation) du journalisme. Tout est bidon chez ces résistants d’opérette.
Le chef de l’Etat fait partie de ces poseurs, bras ballants devant les vrais dangers. Son choix d’exclure le RN et Reconquête de « l’arc républicain » (L’Humanité, lundi) relève du procédé stalinien de la diabolisation. Son appel à la « décence », pour dissuader (en vain) Marine Le Pen d’assister ce mercredi à la panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian, est une autre manière de traquer des fantômes pour faire passer le RN pour un mouvement fascistoïde. Ces manipulations disent la petitesse du pouvoir.
Les trucages invitent à relativiser la résistance du Parti communiste, qui pactisa avec l’Allemagne nazie de 1939 à 1941. Faut-il rappeler à L’Humanité, qui se rengorge de l’hommage rendu ainsi aux résistants communistes et étrangers, la démarche initiée par Jacques Duclos en juin 1940 auprès d’Otto Abetz, proche d’Hitler, pour refaire paraître le journal, au nom notamment de la lutte contre le « juif Mandel » ? Faut-il rappeler ses dithyrambes après la mort de Staline ? Et les dizaines de millions de morts jamais expiés, aucun équivalent du procès de Nuremberg n’étant venu demander des comptes à cette idéologie totalitaire ?
Ce mercredi dans Le Figaro, l’historien du communisme, Stéphane Courtois, rappelle que Manouchian fut un « modeste résistant » dont « la vraie patrie était l’URSS ». Reste la question : les vrais résistants, s’il en reste, sauront-ils enfin se faire entendre ?
Par Ivan Rioufol le 21 février 2024