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mercredi 14 décembre 2022

RN : le sondage qui effraie le « camp du Bien »



Quarante pour cent des Français estiment que le Rassemblement National (RN) a « la capacité de participer à un gouvernement », un niveau jamais atteint, selon le baromètre annuel de l'image du RN réalisé par Kantar Public-Epoka pour France Info et Le Monde, dévoilé mardi 13 décembre. Un coup de tonnerre réel ou des émanations d’un système jouant à se faire peur et à faire peur à l’opinion ? « On a bien la confirmation de l’émergence d’une force d’alternance », se félicite Jérome Sainte-Marie. Le sondeur, proche conseiller du RN et instigateur principal de l’école des cadres du RN voulue par le président du parti Jordan Bardella, ne cache pas sa satisfaction. Car, en plus de reconnaître l’incontestable et régulier progrès du parti à la flamme, ce sondage démontre que « "l’échec" de la présidentielle et des élections législatives d’avril et juin dernier n’a pas été ressenti comme tel ». « Évidemment, multiplier son nombre de députés par dix, c’est un échec encourageant » ironise Sainte-Marie.

Plafond de verre repoussé mais pas encore brisé ?

C’est un autre motif de satisfaction pour le RN. La proportion des Français qui considèrent que le RN représente « un danger pour la démocratie » poursuit sa baisse amorcée depuis cinq ans : 46 % en décembre 2022, contre 58 % en février 2017. Plus de quatre Français sur dix considèrent également que le Rassemblement National s'est « modéré » ces dernières années, et notamment par rapport au Front National. Un jugement que les accusations de Gerald Darmanin à l’encontre de Marine Le Pen l’accusant de mollesse et l’émergence du phénomène Zemmour auront sans doute concouru à cet adoucissement. « Bien davantage que ses chats », ironise un fidèle du Z. En tout cas, il suffit de voir les autres sondages pour trouver un début d’explication au succès du RN. Ainsi, le 6 décembre, sondage paraissait un sondage de l’Institut CSA pour CNews, et révélait que 7 Français sur 10 (70 %) jugent que la France doit durcir sa politique d’immigration. Donc quasi un électeur sur deux de gauche.

Le ripolinage à l’extérieur, le jeu de l’Hémicycle à l’intérieur

Il faut le dire. Les 89 députés du RN étaient scrutés, épiés, moqués. Tout était compté jusqu’à la cravate. Pourtant, si l’on excepte l’affaire Fournas qui s’est bien vite révélée comme une pantalonnade bruyante de la NUPES, le RN propose un visage lisse, soigneux, une image de bon élève bosseur. Assidus dans l’Hémicycle et dirigés, presque couvés, par une Marine Le Pen pas émoussée qui, de l’aveu même de ses proches, prend très au sérieux son travail de parlementaire. Un job qui aura l’avantage d’une part d’achever l’institutionnalisation du parti, mais qui a aussi pour objectif de faire taire définitivement les accusations d’amateurisme.

Ses adversaires pris au piège

C’est une donnée du fameux sondage qui ne manquera pas de faire sourire les stratèges du groupe RN à l’Assemblée nationale : « 56 % des sympathisants de la NUPES considèrent que les députés de la coalition devraient voter avec ceux du RN s'ils présentent un texte avec lequel ils sont d'accord », nous apprend France Info. Comme en écho à la proposition de loi de la députée insoumise Caroline Fiat souhaitant réintégrer les soignants non vaccinés, reprise par le RN puis abandonnée par la NUPES pour ne pas donner l’impression de faire le fameux jeu de l’extrême droite. Une position aux antipodes de celle du groupe de Marine Le Pen qui assume de voter pour tous les textes présentés qui seraient dans le sens de l’intérêt général sans discrimination de groupe. « J’ai personnellement voté plusieurs textes de députés insoumis sans me boucher le nez », nous confie le député des Bouches-du-Rhône Emmanuel Taché de La Pagerie. Au fond, le RN applique la ligne de conduite que les sympathisants de la NUPES voudraient faire accepter à cette dernière. « Pour autant, est-ce que ce sondage annonce une défaite ou une victoire de Marine Le Pen dans quatre ans ? Bien évidemment que non », tempère le sondeur Sainte-Marie. Disons que les étoiles s’alignent.

Par Marc Eynaud le 14 décembre 2022

Boulevard Voltaire