Le 6 octobre, la gauche et les écologistes européens, avec la complicité plus discrète du centre « progressiste », ont choisi de répondre par l’injure et l’indécence à la mort de Mahsa Amini, assassinée parce qu’elle refusait le hijab et voulait la liberté. Elle avait 22 ans. De Hadis Najafi, assassinée parce qu’elle refusait le hijab et voulait la liberté. Elle avait 20 ans. De Nika Shakarami, torturée et assassinée parce qu’elle refusait le hijab et voulait la liberté. Elle avait 17 ans. De Sarina Esmaeilzadeh, assassinée parce qu’elle refusait le hijab et voulait la liberté. Elle avait 16 ans.Face à ces jeunes filles, ces jeunes femmes, ces héroïnes, ces martyres, la gauche, les écologistes et le centre « progressiste » ont choisi de répondre qu’il faut continuer à promouvoir le hijab, à pouvoir affirmer au nom de l’Europe que « la liberté est dans le hijab », « apportez de la joie, acceptez le hijab ». Complicité affichée, immonde, avec l’islamisme le plus sauvage (voir le discours au Parlement européen de François-Xavier Bellamy). Explications.
Depuis des jours, on le sait, des femmes et des hommes se révoltent en Iran avec un courage admirable contre le voile islamique et l’obligation de le porter, contre le régime brutal qui l’impose, et contre l’idéologie théocratique totalitaire dont il est l’étendard.
Le hijab : plus un symbole qu’un habit
Pendant ce temps, en France, certains tentent d’instrumentaliser ce combat pour défendre ce qu’ils appellent « le droit pour les femmes de s’habiller comme elles le veulent », c’est-à-dire en réalité la banalisation ici du symbole d’oppression qui est combattu là-bas, et hurlent à l’islamophobie dans l’espoir de faire taire quiconque se permet de dire la vérité. Tout à leur hypocrisie, à leur lâcheté ou à leur clientélisme, ils feignent d’oublier que si des femmes sont prêtes à mourir pour ne pas porter le hijab, si des tyrans sont prêts à les tuer parce qu’elles refusent de le porter, c’est bien qu’il n’est pas qu’un habit. Aucun autre « habit » au monde n’est imposé de la sorte, aucun autre symbole religieux au monde n’est imposé de la sorte, aucune autre religion au monde ne conduit à ce que l’on impose de la sorte le port d’un de ses symboles. Et aucune autre divinité (ou soi-disant divinité) au monde ne se sent menacée par la beauté des reflets qu’un rayon de soleil dessine dans les cheveux d’une femme, et leur danse sous la caresse du vent.
Défendrait-on le droit pour les femmes (ou les hommes) de porter publiquement des emblèmes nazis, une tenue du KKK, ou un t-shirt « Vive Staline! », sous prétexte qu’il serait patriarcal ou matriarcal ou liberticide ou je ne sais quoi de le leur interdire ? Le hijab n’est pas un vêtement mais une proclamation, l’affichage d’une adhésion au corpus idéologique qui, avec des variations finalement secondaires, inspire aussi bien la dictature iranienne que la dictature saoudienne ou celle d’Erdogan.
Et en Europe, les instances de l’UE ne cessent de manifester leur soutien à l’islamisation du continent en faisant l’éloge de ce voile qui, peu importent les motivations individuelles de celles qui le portent, est le drapeau que les islamistes plantent dans un territoire pour y manifester leur influence.
Heureusement, des voix se font entendre pour s’opposer à cette compromission. Ainsi, le député européen François-Xavier Bellamy a déposé pour les travaux du Parlement de Strasbourg deux textes très courts, mais fondamentaux. Le premier a hélas été refusé, mais il aura au moins obligé les complices des islamistes à se dévoiler, et pour peu qu’ils prennent la peine de se renseigner, les peuples européens peuvent maintenant voir clairement dans quel camp chacun se situe. Le second, s’il est adopté, sera pour l’Europe une victoire majeure contre les ennemis de la dignité humaine.
La complicité du centre
Le premier texte, donc, était un paragraphe à ajouter à la résolution commune que le Parlement européen a pris jeudi 6 octobre au sujet de l’Iran, et dont le contenu a été négocié entre les représentants de chaque groupe politique au Parlement. Il rappelait les campagnes de l’UE ayant visé à banaliser (« trivializing ») le hijab (celle-ci, notamment), soulignait qu’elles sont susceptibles de contribuer à faire pression sur les femmes musulmanes pour qu’elles se sentent obligées de le porter, et s’opposait à ce qu’à l’avenir l’UE finance ou co-finance de telles campagnes : « Any future campaign that may promote the Islamic hijab or put pressure of any kind for Muslim women and girls to feel obliged to wear it. » Proposé par François-Xavier Bellamy avec l’appui d’Arnaud Danjean, ce paragraphe avait reçu le soutien du groupe PPE (Parti Populaire Européen, au sein duquel siègent les parlementaires LR) et des autres groupes de droite, ECR (European Conservatives and Reformists) et ID (Identité et Démocratie, dont font partie les députés du RN). Malheureusement, il a été bloqué en commission restreinte par les représentants des groupes de gauche, notamment les Verts (EELV), The Left (LFI) et S&D (socialistes), auxquels s’est joint le représentant du groupe Renew (LREM/Renaissance) qui, ainsi que l’explique un conseiller ayant suivi de près les discussions, aurait pourtant pu faire la différence s’il avait soutenu la proposition. Mais au fond, fallait-il vraiment espérer autre chose du groupe auquel appartient le parti d’Emmanuel Macron, lui qui, le 12 avril dernier, disait « c’est ça qui est beau » d’une soi-disant féministe déclarant avoir choisi de porter le voile ?
Toujours soutenu par les groupes parlementaires de droite, François-Xavier Bellamy a alors proposé oralement, en session, une version plus courte de ce paragraphe. Point technique : si un quorum de 38 députés se lève pour protester contre un amendement oral, celui-ci ne peut pas être mis au vote. Cette fois, Renew (LREM/Renaissance) s’est fait discret, mais l’immense majorité des groupes parlementaires de gauche (y compris les Verts) s’est levée, bloquant cet amendement. Que l’on comprenne bien : il n’était pas proposé d’interdire le voile, seulement le financement de sa promotion par les fonds de l’UE. Autrement dit, ce que les groupes de gauche et écologistes (et dans une moindre mesure le groupe Renew) ont montré, c’est leur volonté de pouvoir continuer à faire financer par les institutions européennes, avec de l’argent public, la promotion active du hijab.
Le texte de la deuxième chance
Le second texte, qui sera peut-être voté, qui aura d’autant plus de chances d’être voté que nous serons nombreux à essayer de le relayer et de le soutenir, de montrer aux députés européens l’importance qu’il a pour nous, est un amendement au rapport budgétaire 2023, pour lequel le vote en commission budgétaire aura lieu le 10 octobre, et celui en commission plénière la semaine du 17.
Il vise nommément les Frères Musulmans, et demande à la Commission Européenne de garantir que les fonds européens ne financent que des organisations respectant strictement toutes les valeurs européennes, y compris la liberté de pensée et de conscience, la liberté d’expression, et l’égalité entre hommes et femmes : « …calls on the Commission to guarantee that European funds finance only organizations that strictly respect all European values, including freedom of thought, freedom of speech and equality between men and women ». On notera, et c’est très important, que ce texte parle de la liberté de pensée et non de la liberté de religion. La différence est cruciale, la liberté de pensée impliquant le droit à l’apostasie et le droit à l’athéisme, alors que la liberté de religion n’est le plus souvent invoquée aujourd’hui que pour tenter de rendre les religions intouchables, les placer au-dessus des lois, et concrètement, surtout, permettre à l’islam de donner libre cours à son refus de la liberté de pensée.
On notera également la mention de la liberté d’expression, point fondamental puisque nombre d’associations proches des Frères Musulmans se sont explicitement donné pour objectif l’interdiction du blasphème (et en réalité de toute critique de l’islam) sous prétexte de promouvoir le « respect » envers les religions. On notera enfin, pour qualifier l’égalité entre les sexes, l’usage de « equality » à opposer au « equity » que le wokisme s’est approprié et dont il a perverti le sens, et plus précisément encore « equality between men and women » et non « equity between genders » (« égalité entre les hommes et les femmes » et non « équité entre les genres ») – ce n’est pas ici le cœur du sujet, mais c’est important aussi.
Chacun doit choisir son camp
Il y a là de quoi porter un coup décisif à l’hydre islamiste et à ses soutiens, et pourquoi pas ouvrir la voie à l’adoption de règles similaires dans tous les pays de l’UE.
Deux textes parfaits, et parfaitement justes au double sens de la justice et de la justesse. Ils obligent chacun à choisir son camp, exactement comme l’affaire Mila : il n’y a pas de « en même temps » qui tienne, pas de « oui mais », pas d’abstention ni de neutralité possibles sans trahir ce que nous ont transmis trois millénaires de civilisation.
Jadis, des philosophes profondément religieux et des prêtres épris de vérité, dans la ville d’Athéna et le sanctuaire d’Apollon, ont pensé la liberté et proclamé la liberté de pensée. Aujourd’hui, c’est un philosophe chrétien qui choisit de la raviver au cœur des institutions de notre continent. Synthèse européenne, que l’on ferait bien de méditer. De Socrate à François-Xavier Bellamy en passant par Plutarque, on dirait bien que la dignité de la conscience humaine n’est jamais aussi bien défendue que par des hommes de foi qui croient en des Dieux qui croient en l’Homme. Veillons, dès lors, à ne pas mettre toutes les religions (ou prétendues telles) dans le même sac, et à faire l’effort élémentaire de distinguer les honneurs rendus à Zeus de la soumission servile à Typhon – ou pour revenir à la référence iranienne, de distinguer la vénération d’Ahura Mazda de la soumission à Azhi Dahaka. Osons comprendre que l’héroïsme de cette révolte et de ses martyres torturées et assassinées n’est pas qu’un événement lointain à regarder sur nos écrans et à liker avant de passer à autre chose, mais un appel auquel nous devons répondre, une mobilisation face à un ennemi commun, et un exemple qui nous oblige. Il est plus que temps pour nous aussi de renouer avec ce qui fit notre grandeur, et de refuser toute compromission avec l’obscurantisme. Partout où nous sommes, chacun d’entre nous, chacun avec les moyens dont il dispose, chaque jour, faisons entendre cette exigence.
Par Aurélien Marcq le 8 octobre 2022
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