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jeudi 16 mai 2024

Trafic de drogues : les zones rurales ne sont plus épargnées



Tribune d'Aurélia Beigneux, député RN au Parlement UE du 13 mai 2024

La consommation et la vente de drogue dans les zones rurales ont longtemps été taboues, mais les ravages de la petite délinquance ne connaissent aucune limite géographique. Des études récentes ont mis en lumière une augmentation du trafic de drogue dans nos campagnes, soulignant ainsi un déplacement du phénomène en dehors des centres urbains et des banlieues.

L'exemple de l'Ain est particulièrement révélateur, où l’on constate non seulement des affaires de trafic liées à la ville de Lyon mais également des points de deals locaux, avec une multitude d’affaires recensées ne représentant qu'une fraction de la réalité sur le terrain. Pour 680 000 habitants, l'Ain dispose seulement de quatre compagnies de gendarmerie et quatre brigades de recherche, avec une trentaine d'officiers de police judiciaire, dont aucun n'est spécialisé en stupéfiants : le manque de moyens et d'investigation spécifiques en zone rurale rend difficile la lutte contre ce phénomène.

Autre zone frappée par ce fléau : le Pays basque. Ce grand axe de pénétration du cannabis en France, avec environ dix tonnes en transit par an, attire les trafiquants qui tirent parti de la proximité avec l’Espagne. Ils s'approvisionnent en quantités réduites, rendant laborieux l'évaluation de l'ampleur du trafic. Dans l'Ain, certains délinquants admettent même qu'il est plus facile de faire du trafic dans un village que dans les zones urbaines où la présence policière est plus marquée.

Face à cette réalité, il est impératif de repenser les stratégies de lutte contre la drogue, en reconnaissant la nécessité d'adapter les moyens d'intervention aux spécificités des zones rurales. Ceci inclut une meilleure formation des forces de l'ordre, le développement de techniques d'enquête modernes capables de s'adapter aux nouveaux modes de communication des trafiquants, et une approche globale qui tient compte des particularités sociétales et économiques des communautés rurales.

Nos campagnes souffrent déjà de la crise agricole, du désintérêt de l’État et de la fermeture de services publics mais restaient des zones de paix : n’y ajoutons pas le fléau de la délinquance ! Ne gaspillons plus les deniers publics pour acheter une paix sociale inatteignable dans les quartiers : sauvons nos campagnes.

RN

jeudi 21 décembre 2023

Loi sur l’immigration : le jeu du « qui perd perd »



La comédie à laquelle nous assistons depuis quelques jours autour de la loi immigration nous montre une seule chose : malgré la foule innombrable de ceux qui revendiquent la victoire, tout le monde a perdu.

On peut faire beaucoup de reproches à la gauche, mais il faut lui reconnaître cette vertu, unique en l’espèce. Elle est la seule à reconnaître qu’elle a été défaite. La virulence avec laquelle elle le dit est significative. Son long hurlement à la mort indique qu’elle a perdu, au moins sur ce point, le magistère moral qu’elle exerçait sans concurrence depuis 40 ans. On passera sur les délires type « retour du IIIeme Reich » et le déni de réalité qui sous-tendent cet aveu de débâcle.

Le Rassemblement national prétend qu’il a gagné la partie. En fait, il l’a perdue lui aussi. D’abord parce qu’il a voté un texte légalisant des situations qu’il avait lui-même fixé comme des lignes rouges infranchissables : la régularisation des travailleurs clandestins. Ensuite, un vote contre du groupe du RN aurait entraîné le rejet du texte, et donc des conséquences politiques lourdes. Au moins la démission d’Élisabeth Borne, au plus une dissolution de l’Assemblée nationale. Seraient-ce de si mauvaises nouvelles ? Le RN a fait le choix de soutenir l’exécutif, ainsi renforcé dans sa capacité à continuer de détruire la France pour les quarante deux mois à venir. En tous cas, il sera désormais plus difficile de s’opposer au gouvernement, sur ce sujet à tout le moins.

Les Républicains ont perdu. Le texte qu’ils ont présenté et voulu soutenir du le Sénat à l’Assemblée nationale présente, au dire même du gouvernement, de lourdes difficultés constitutionnelles. Que restera-t-il de ce texte une fois que les « sages » du conseil constitutionnel, puis les instances européennes l’auront passé à la moulinette, sinon, un formidable coup de main au Président de la république et son Premier ministre, une fois de plus ? Sans doute pas grand-chose. À la fin du compte, ce texte ne changera rien à notre politique migratoire, alors qu’elle devrait être revue en profondeur. Qu’auront gagné Les Républicains dans cette affaire ? Quelques jours passés au centre de l’échiquier et politique, dont, plus personne ne se souviendra à la Chandeleur.

Le ministre de l’intérieur, le premier ministre et le président de la république prétendent qu’ils ont gagné. Ils ont perdu. Même si la macronie presque entière se félicite du résultat, on ne fait pas avaler des chapeaux, des couleuvres, des rubans, et je ne sais quoi d’autre à sa majorité sans conséquences. En fait, l’exécutif avait besoin d’une attitude bienveillante des oppositions de droite pour que ce texte vide soit adopté et rester tranquillement aux affaires. La brutalité du résultat oblige à reconnaître qu’il a obtenu cette bienveillance, et donc qu’il a réussi. Cela étant dit, cette réussite est trompeuse : il n’est pas dit que la majorité présidentielle puisse survivre à l’overdose de moraline qu’elle s’est injectée à répétition dans le bras gauche depuis quelques jours, et qui provoque chez les Français le renforcement d’une exaspération déjà vive.

À la fin du compte, le peuple français est encore le grand perdant de cette histoire. Il réclame à cor et à cris non pas la contention de l’immigration illégale, mais l’arrêt de l’immigration légale. Et plus largement la fin de cette complaisance paresseuse avec laquelle on autorise les étrangers à séjourner sur notre sol, où à acquérir la nationalité française, sans aucune espèce de précaution, ni d’efforts, ni de contrepartie ni de limite. Rien qui aille dans ce sens ne figure dans la loi, dont les plus modestes aspects de fermeté ne manqueront pas d’être annulés par le gouvernement des juges.

Pendant que le peuple français, assiste, désabusé, à cet effrayant concours de celui qui urinera le plus loin, la commission de Bruxelles impose ces jours-ci aux pays de l’Union européenne une politique migratoire qui rend à peu près inutile toute disposition ou toute posture qui ne nous débarrasserait pas de la tutelle de l’Europe sur la France. Une fois de plus, le parlement français s’est trompé de combat, et notre exécutif a déserté le vrai champ de bataille. Tout le monde a effectivement perdu.

Par Jean-Frédéric Poisson Président de VIA - La Voie du Peuple, le 21 décembre 2023

Boulevard Voltaire

vendredi 13 octobre 2023

Marion Maréchal: «L'État ne doit plus laisser les Frères musulmans, les cousins du Hamas, prospérer et grandir en France»



Depuis une semaine, le monde entier est plongé dans la sidération face à l'effroyable attaque terroriste menée en Israël par le Hamas.

Dans notre pays, qui compte la première communauté juive d'Europe, la troisième du monde, l'émotion est d'autant plus grande que ces crimes font écho aux drames qui ont déjà endeuillé la France. Alors que le procès du meurtre des policiers de Magnanville se termine, alors que nous rendrons hommage aux 130 morts et 413 blessés du Bataclan dans un mois jour pour jour, chaque nouvelle image qui nous parvient ne fait que réveiller les cauchemars d'hier et laisse présager ceux de demain.

Quel est ce mal qui s'est abattu sur ces victimes innocentes ?

Le Hamas n'est pas un parti nationaliste, mais un mouvement islamiste. Contrairement à ce que certains feignent encore de croire, son objectif n'est pas la création d'un État palestinien, mais le Califat mondial.

Le Hamas est issu, en droite ligne, des Frères musulmans. Leur devise est d'ailleurs similaire : «Allah est notre objectif, le Prophète notre chef, le Coran notre Loi, le Djihad notre voie, la mort sur la voie d'Allah notre plus cher espoir». Seule diffère la méthode : les armes au Moyen-Orient, l'infiltration en costume cravate en Europe.

C'est le fils du fondateur des Frères musulmans, l'Égyptien Hassan Al-Bannah, qui implanta la confrérie en Palestine. Le créateur du Hamas, le Cheikh Yassine, présentait à l'origine le mouvement comme «l'aile paramilitaire» des Frères musulmans, et la charte du Hamas publiée peu après sa création en faisait une branche de la confrérie.

En France, le sujet des Frères musulmans ne nous est malheureusement pas étranger.

Depuis désormais 40 ans (l'UOIF – Union des organisations islamiques de France – a été créée en 1983), on a laissé prospérer, grandir, s'organiser cette mouvance islamiste en France. Durant ces décennies, l'immigration, principalement arabo-musulmane, a nourri l'enfermement communautaire dans lequel l'islamisme a trouvé son vivier de partisans, de militants et de terroristes.

Dans son dernier communiqué, «Musulmans de France» (ex-UOIF) ment grossièrement en rejetant tout lien avec les Frères musulmans. Pourtant, à l'occasion du changement de nom de l'organisation, en avril 2017, leur président de l'époque, Amar Lasfar, déclarait : «Nous ne faisons pas partie des Frères musulmans. En revanche, nous nous inscrivons dans leur courant de pensée». Des contorsions parfaitement décryptées par Franck Frégosi, chercheur au CNRS dans un article de L'Express en 2005 : «L'UOIF est incontestablement le représentant des Frères musulmans en France. Elle incarne le canal historique de cette mouvance, même si, aujourd'hui, ses dirigeants veulent faire oublier cette filiation embarrassante.»

De fait, pendant des années, l'UOIF a accueilli des prédicateurs radicaux issus de la Confrérie et les représentants de ses branches étrangères à l'occasion de son grand Rassemblement annuel ainsi que dans les mosquées contrôlées par ses 285 associations. Nombre d'entre-deux, de Youssef al-Qaradâwî (connu pour ses diatribes antisémites et sa justification des attentats suicides) à Hassan Iquioussen en passant par Hani Ramadan, ont progressivement – et tardivement ! – été interdits de territoire français. Leurs enseignements, à travers ouvrages et vidéos, continuent de circuler largement.

Dans les mosquées radicales, ce ne sont pas seulement les imams extrémistes qui ont défilé, mais aussi, malheureusement, des élus. Gérald Darmanin, lui-même, est allé, en 2022, visiter la mosquée frériste de Bussy Saint Georges et en féliciter les responsables.

Les Frères musulmans se sont imposés peu à peu comme un interlocuteur de nombreuses collectivités locales – de droite comme de gauche – mais aussi de l'État. En parallèle, leur principal soutien et sponsor, le Qatar, s'est vu octroyer des avantages fiscaux considérables dans notre pays. C'est pourtant bien depuis son refuge de Doha que le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a lancé un appel au djihad mondial et à «un jour de colère» ce 13 octobre.

De Gaza aux mosquées implantées dans notre pays, la doctrine est la même, les livres de chevet sont les mêmes, la haine contre les «mécréants» est la même. Le chef du Hamas ne s'y trompe pas, s'adressant à «tous les enfants de l'Oumma»«où qu'ils soient».

Alors que l'endoctrinement des jeunes musulmans est de plus en plus puissant dans notre pays, ce que confirme chaque enquête d'opinion et comme l'illustre depuis la rentrée l'offensive islamique dans nos écoles à travers l'abaya, il est plus que temps de réagir. L'État ne peut plus se contenter de demi-mesures face à la menace d'une cinquième colonne islamiste dans notre pays. Il en va de la sécurité des Français et de la préservation de la cohésion nationale.

Comme l'a fait l'Autriche en juillet 2021, il est grand temps d'interdire la Confrérie des Frères Musulmans.

La détention ou la propagation de ses slogans, de ses penseurs et de sa littérature, tout comme l'apologie de ce courant doit être poursuivie et condamnée. Il faut procéder à la dissolution et à la fermeture de toutes les organisations liées, affiliées, ou alliées, à commencer bien sûr par l'organisation «Musulmans de France» et ses satellites, qu'ils s'agissent de mosquées, d'écoles coraniques, de librairies, de clubs sportifs ou sociaux-culturels.

Les subventions à tous les organismes, syndicats ou groupes politiques ayant manifesté leur soutien au Hamas doivent être coupées. Les personnes ayant publiquement manifesté leur joie devant leurs crimes doivent être poursuivies et condamnées pour apologie du terrorisme. Les sanctions disciplinaires doivent être prises, notamment dans les universités, face à l'indécente défense des meurtres et enlèvements du Hamas par certaines organisations étudiantes d'extrême gauche.

Par Marion Maréchal, Vice-Présidente Exécutive de R!,  le 13 octobre 2023

Le Figaro


lundi 27 février 2023

Lettre aux Français de Marine Le Pen - La France doit prendre l'initiative d'une conférence sur la paix



Madame, monsieur, Mes chers compatriotes,
Il y a un an, jour pour jour, un conflit qui couvait depuis de longues années aux confins de notre continent a ramené la guerre dans une Europe qui s’en croyait à jamais préservée. Aux premières heures de l’agression militaire de l’Ukraine par la Russie, j’avais écrit : « qu’aucune raison ne peut justifier le lancement d’une opération militaire contre l’Ukraine par la Russie qui rompt l’équilibre de la paix en Europe ».
Constituant une violation manifeste de tous les principes du droit, une faute politique et morale, cette agression a également fait l’objet d’une condamnation, tout à fait justifiée, de la part d’une grande partie de la communauté internationale.
La férocité du conflit aggravé par la sophistication des armes modernes, rend cette guerre particulièrement meurtrière et inhumaine. Les populations civiles ukrainiennes vivent une véritable tragédie. Les jeunes gens, pris dans ce tourbillon de fer et de feu, sacrifient chaque jour leur vie par centaines.
Si des sanctions étaient légitimes contre la Russie, certaines précipitées et quelque peu irréfléchies, comme celles sur l’énergie, ont plongé nos économies dans des difficultés majeures au moment même où nous avons besoin de toutes nos capacités financières et politiques.
Plus grave, l’absence de sang-froid de certains de nos dirigeants et les émotions peu maîtrisées ont laissé s’exprimer des voix d’un bellicisme irresponsable qui, loin d’apaiser la situation, font courir à l’Europe et au monde un risque d’embrasement.
Il est parfois plus difficile de faire la paix que de se laisser entrainer dans le flot des évènements, les logiques de blocs ou les passions irraisonnées.  C’est le propre des grandes puissances de savoir s’en extraire pour rechercher, avec une sereine autorité, les moyens de la diplomatie. C’est la vocation historique et morale de la France, dans une position indépendante, de faire entendre la voix d’un pays dont le sacrifice dans les guerres donne crédit à sa volonté sincère de paix, une Nation qui a fait du respect des peuples et des gens son engagement devant l’histoire.
Jamais, ces dernières années, le monde n’a eu autant besoin de la France, de sa voix, de la bienveillante autorité de sa diplomatie, de ses capacités d’influence sur les grandes puissances.
À l’occasion de ce tragique anniversaire, la France doit prendre l’initiative d’une conférence sur la paix qui permettrait de donner aux belligérants, à leurs malheureuses populations et au monde, la perspective d’une sortie pacifique et rapide du conflit.
Œuvrer à la paix n’est pas un acte d’allégeance si ce n’est à l’intérêt du monde et à la considération des hommes.
Nos dirigeants s’honoreraient à porter une initiative, certes courageuse mais nécessaire, que le cœur et la raison commandent.
En ce qui me concerne, sachez chers compatriotes que je continuerai à porter inlassablement le message d’indépendance et de paix qui fut et, je le crois, reste l’honneur de notre Patrie.
Avec tout mon dévouement à la cause de la paix.
Marine Le Pen

samedi 11 février 2023

Confession d’un futur embastillé. In memoriam Didier Patte (1941-2023)



Les points de vue exposés n’engagent que l’auteur de ce texte et nullement notre rédaction.  Les Onironautes sont avant tout attaché à la liberté d’expression. Ce qui implique tout naturellement que des opinions diverses, voire opposées, puissent y trouver leur place.

Amoureux des patries charnelles, et d’abord de la sienne, à la tête du Mouvement normand près d’un demi-siècle durant, Didier Patte nous a quittés. Journaliste, militant, syndicaliste, il aura œuvré toute sa vie à la réunification de la Normandie. Proche du Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne (GRECE), il participa à son 34e colloque, en 2001, consacré à « L’Europe et les régions ». Normand de choc, il présida un temps, de 2001 à 2007, l’association des amis de Jean Mabire. En hommage à sa personne et à son combat, nous publions une tribune qu’il avait donnée à notre revue (« Éléments », n° 12, septembre-novembre 1975) sur la question normande.

En cette année 1975, m’est-il encore possible d’être et de me dire NORMAND et FRANÇAIS ?

J’avoue que, jusqu’à une époque récente, je ne me posais même plus la question. Cela coulait de source : j’étais français parce que normand…

Évidemment, je n’étais pas un Français indéfinissable, interchangeable de Dunkerque à … Perpignan. J’étais un Français d’une complexion et d’un pelage particuliers qui, en se mêlant aux autres Français des autres régions, contribuait à former la population de la France, si variée, si riche, dans sa diversité ; qu’avec fatuité chauvine, j’en conviens, j’en venais à croire qu’elle pût être un microcosme des peuples de l’Europe occidentale.

Certes, j’avais ricané, jadis, lorsqu’au lycée, nos chers maîtres avaient essayé de nous faire croire que la France, fille aînée de la latinité – ou de l’Église (les professeurs laïcs oubliaient alors leurs phobies anticléricales) –, faisaient de nous, descendants de Vikings, des Méditerranéens de mentalité, à la logique cartésienne… J’en voulais à Corneille, d’ailleurs, le plus romain des Normands, de voler au secours de nos écolâtres et je me consolais en me disant qu’il s’agissait, là, de la victoire posthume du martégal Maurras, chez qui le génie français n’avait pu et ne pouvait être que latin.

La Normandie suspecte

Heureusement, au sortir de ces années d’obscurantisme de la nouvelle scolastique lycéenne, j’avais eu l’impression de redevenir moi-même et, sans complexes, jetant par-dessus les moulins le bonnet de la latinité, je retrouvais avec enthousiasme mes racines nordico-germaniques, composantes indiscutables de l’arbre français… Dans le même temps, je prenais conscience du fait celtique – dont personne ne m’avait jamais parlé – et faisant la part des domaines de chacune des ethnies françaises, je commençais à appréhender le miracle français…

Hélas, ce n’était qu’une illusion… Tout comme un général-président, je m’étais fait « une certaine idée-de la France » et la réalité était autre… J’avais poursuivi une chimère : la découverte de la France et la France n’existait pas !

Car la France n’existe pas ! Il y a bien une expression géographique de ce nom (elle a d’ailleurs évolué au cours des siècles), mais rien d’autre. Il y a bien un État Français dont il paraît que je suis citoyen, mais de France, point !

Je ne me sens pas à l’aise dans ma défroque de citoyen français : je ne suis pas parisien et, par suite, je ne puis prétendre jouir pleinement des lueurs de ce phare de la Civilisation qu’est Paris. Plus grave, je dois être un très mauvais citoyen français puisque je n’accepte pas les privilèges exorbitants de la capitale, qui tire toute sa substance de la province asservie… mais, ce faisant (le préfet Doublet en a bien prévenu les lecteurs du journal Le Monde), je remets en cause l’unité nationale.

Car il faut me rendre à l’évidence : en refusant de m’abandonner aux délices frelatés de la vie parisienne, je deviens suspect à l’État parisien ; en demeurant normand (latin ne suis, parisien ne daigne), je suis coupable du crime inexpiable d’originalité et les jacobins massificateurs ne sont pas prêts à me reconnaître le droit à la différence.

Décolonisons nos provinces !

Marginal, je le suis puisque je n’accepte pas sans mot dire que ma terre, mon peuple soient traités selon le « droit commun » (quelle belle expression pour désigner l’ensemble des lois de la République destinées à être appliquées à toutes les régions de France !) ; hors-la­loi, je vais le devenir lorsque je vais refuser d’enseigner plus longtemps à mes élèves normands le respect dû à des institutions qui étouffent à ce point nos particularismes ; révolté, je le deviendrais si, contre tout bon sens, le gouvernement français n’accordait pas aux Normands le droit de vivre et de travailler en Normandie… Depuis cent-cinquante ans – et le phénomène va s’accélérant –, une déportation massive, bien qu’insidieuse, de mon peuple, vide la Normandie de sa substance, de ses élites…

La poussée démographique de la Basse Seine n’est due qu’à des non-Normands, qui sont « encadrés » par des techniciens étrangers à notre région, alors que les cadres normands ne trouvent pas de travail chez eux ! Quant à la partie occidentale de la Normandie, elle se dépeuple à une vitesse que le dernier recensement fait apparaître avec la rigueur d’une condamnation à brève échéance.

Bientôt, mon pays n’existera plus en tant que pays des Normands ; déjà, il n’est plus capable de réagir devant le gaspillage de ses ressources humaines et naturelles, devant la transformation de son fleuve royal, la Seine, en égout, de ses rivages marins, en cloaques, de son donjon cotentinais en poubelle atomique de l’Europe… Oui, en face de l’ethnocide dont se rend coupable l’État français à l’égard de la Normandie, je sens une immense révolte sourdre en moi… Me conduira-t-elle dans les geôles du pouvoir central ? Y retrouverais-je, là, tous ceux dont le crime impardonnable aura été de trop aimer leur solage, le passé de leur peuple et la solidarité de leur race ? Y rencontrerais-je, à côté du doyen des embastillés, le Dr. Siméoni, un gars du Limousin ayant trop voulu la décolonisation de sa région, un Occitan ayant trop rêvé du temps des troubadours, un Alsacien s’étant trop obstiné à se vouloir rhénan, un Flamand du Westhoek ayant milité pour les Pays-Bas français, un Savoyard n’ayant pas accepté d’être «rhonalpin», un Breton, suspect dès l’instant où « on » l’aura vu jouer du biniou (tout comme en 1945), un Champenois, qui en aura eu assez d’être exploité par un technocrate parisien, et, même, un Français d’Île-de-France, incarcéré comme bête curieuse parce que seul habitant d’une petite commune du Valois depuis longtemps désertifiée au profit de la Métropole parisienne ? Y trouverais-je tout ce monde ? C’est bien possible : en tout cas, ce serait là que je re-découvrirais… la France.

Extrait d’Éléments n°12, paru en septembre 1975

Tribune reprise de Revue-elements.com

Novopress

vendredi 10 février 2023

Réforme des retraites : dessous des cartes et agenda caché


Tribune libre de Jean-Lin Lacapelle, député RN au Parlement UE du 10 février 2023

Parmi les âpres discussions et débats ardents qui ont lieu à l’occasion du projet de réforme des retraites, certains enjeux, certains projets, sous-tendus par les perspectives du gouvernement, sont mis en sourdine.

Il s’agit ici de mettre en lumière des éléments du débat que le gouvernement a cherché à éluder de façon systématique.

En premier lieu, il est impératif de dresser un état des responsabilités.

En effet, Emmanuel Macron ne cache pas que, selon lui, la réforme des retraites devrait s’inscrire dans une logique plus générale de réduction des dépenses publiques ; mais il oublie qu’il est en bonne partie à l’origine du problème.

Depuis 2017, le prétendu « Mozart de la finance » a surtout montré qu’il était un véritable cancre en matière de gestion publique.

En 2022, il a ainsi augmenté la dette de plus de 600 milliards d’euros, dont les deux-tiers, soit plus de 400 milliards, ne proviennent pas du coronavirus.

Le déficit du budget de l’État s’élèvera vraisemblablement, pour 2023, à plus de 160 milliards d’euros, soit près du tiers de ses recettes.

Que dire également du déficit catastrophique du commerce extérieur – record de 156 milliards d’euros pour 2022 – qui par nature engendre les plus grands déséquilibres macroéconomiques, à commencer par l’inflation importée ?

Mais Emmanuel Macron, loin de faire son mea culpa, tente une fois de plus de faire porter aux Français le poids de ses turpitudes.

Il considère que les montants des retraites qui sont annuellement versées aux Français (350 milliards d’euros) est excessif, et qu’il faudra les baisser, ce qui forcera les Français à travailler plus longtemps pour conserver leur niveau de vie.

Une fois de plus, l’escroquerie est mise en marche.

Le tour, sinistre, est joué.

Avec la complice de toujours : la Commission européenne.

En effet, celle-ci, lors de la mise en œuvre du Plan de relance, accordé aux États après le suicide économique des confinements sanitaires, a exigé, en contrepartie des versements de fonds à la France (qui, que cela soit dit au passage, en sera pour sa poche d’au moins 35 milliards d’euros...), qu’elle « réforme durablement son système de retraite ».

Pour réduire l’endettement public, ce sont une nouvelle fois les Français, et en premier lieu ceux issus de la classe moyenne et des classes populaires, qui seront mis à contribution.

C’est la première étape de l’entourloupe.

L’illusionniste Macron veut faire croire que la croissance sera toujours soutenue, ce qui compensera les pertes théoriques engendrées par la réforme pour les particuliers, or les prévisions de croissance de l’État sont systématiquement surestimées : les paramètres initiaux de la réforme sont donc totalement erronés.

De la même façon que, pour justifier la « transition énergétique », il prétend, de façon insensée, que la consommation de biens énergétiques sera réduite de 40 % à l’horizon 2050...

Gouverner, c’est prévoir ; et Macron et les siens semblent l’ignorer.

En effet, de même qu’ils trompent les Français sur les perspectives économiques entourant la réforme, ils les trompent sur le prétendu « déficit » qui la motive.

Ils font visiblement semblant de ne pas savoir que le Fonds de réserve des retraites est actuellement doté de 26 milliards d’euros.

De même, les régimes complémentaires A.G.I.R.C. et A.R.R.C.O. ont mis au total en réserve près de 86 milliards d’euros.

Les fameux régimes spéciaux, pour leur part, sont loin d’être à l’image de celui de la S.N.C.F., si volontiers mis en avant. Nombre d’entre eux, particulièrement bien gérés, sont excédentaires. Sait-on ainsi que la C.R.P.C.E.N., des salariés du notariat, dégage un bénéfice annuel régulier de plus de 2 milliards d’euros ? Et que celui de la Banque de France a constitué une réserve de près de 15 milliards d’euros ?

Ainsi, le Conseil d’Orientation des Retraites, dans son rapport annuel présenté en septembre 2022, estimait que les caisses de retraite précitées avaient à leur disposition plus de 180 milliards d’euros de réserves. En ajoutant les 26 milliards du Fonds de réserve, la somme de 200 milliards d’euros est dépassée. De quoi voir venir, et, en tout cas, de quoi faire la preuve que cette réforme ne souffre d’aucune forme d’urgence, contrairement aux dires du gouvernement.

Nombre de pistes ont été volontairement éludées.

L’emploi des seniors est trop négligé en France.

Pourtant, au nombre croissant de cadres, notamment supérieurs, retraités de fraîche date mais continuant à travailler comme consultants auprès de leurs anciens employeurs, l’on devrait y regarder de plus près.

La possibilité de départs gradués, progressifs en retraite n’est pas sérieusement étudiée. Non plus que celle, parallèlement, du développement du tutorat, véritable pont et lien de solidarité entre les générations.

Surtout, chacun sait que le maintien d’un système de retraite par répartition exige une démographie vigoureuse, signe d’une politique familiale à la fois généreuse et ambitieuse.

Mais on connaît l’hostilité viscérale de Macron à toute politique familiale, qui pourtant résoudrait tant de problèmes, on connaît ses agressions contre une telle politique, notamment en matière fiscale. Aveugle à toute idée de renouvellement des forces de la France, il préfère le recours éternel à l’immigration, qui fait tant de mal à notre pays.

Enfin, et surtout, Emmanuel Macron prépare une révolution copernicienne en matière de retraite.

Est récemment passée inaperçue la réforme de l’épargne-retraite, qui a fusionné l’ensemble des dispositifs jusqu’ici en vigueur (plans d’épargne retraite, contrats Madelin...) en un dispositif unique par capitalisation.

Parce que ce dernier, dans l’esprit d’Emmanuel Macron, est appelé à se substituer – progressivement ou pas – au système par répartition.

Macron est depuis l’origine, et sera toujours, le garant des intérêts de la finance internationale.

En faisant exploser la dette française, il lui envoie un message clair.

Cette finance « sans nom ni visage », depuis la crise de 2008, doit en bonne partie sa survie au fait qu’elle ait jeté son dévolu sur les dettes souveraines.

Mais il lui en faudra toujours plus.

Il lui faut des fonds de pension massifs, alimentés par un système de retraite essentiellement assis sur un système par capitalisation. C’est ce principe qui prévaut, notamment, aux États-Unis, pays par excellence de l’ultralibéralisme.

Or le principe de la capitalisation est que notre épargne-retraite se trouve – bien sûr ! – placée sur les marchés financiers. Et, contrairement au système par répartition, aucune garantie n’y est attachée. À plus forte raison lorsqu’on sait que de forts risques de nouvelles secousses financières internationales se profilent.

Faire entrer de l’argent – celui des cotisations et de l’épargne – dans ce système permet de reculer le moment de sa crise, sans pouvoir l’éviter. Jusqu’à parler de pyramide de Ponzi devant ce mécanisme, il n’y a qu’un pas.

Soyons clairs. Les plans d’investissement capitalisée de l’épargne boursière sont parfaitement convenables, pourvu qu’ils demeurent accessoires et soient assortis de garanties certaines (notamment d’être placés sur des fonds en euros). Mais ils ne sauraient se substituer au régime par répartition.

Macron, par la réforme des retraites, montre une fois de plus qu’il se soucie comme d’une guigne du sort des Français, de la solidarité nationale, de la cohésion du pays.

Mais il aura adressé un signal à ses sponsors originaux et permanents. Là est le dessous des cartes de la réforme des retraites. Là se trouve son agenda caché.

RN