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mercredi 20 mars 2024

Y’a pas moyen Aya!



Elle avance en majesté, toute drapée de tricolore. Elle fait vibrer les cœurs et les âmes sur cette place de la Concorde où la foule s’est pressée pour célébrer son Histoire et sa gloire. Elle est noire, elle n’est même pas française et pourtant, ce soir, cette nuit, pour l’éternité, c’est elle qui incarne la France avec éclat, élégance et panache. Le 14 juillet 1989, la chanteuse d’opéra américaine, Jessye Norman, clôture par une Marseillaise théâtrale, l’extraordinaire défilé-spectacle organisé pour le bicentenaire de la Révolution.

Jessye Norman est l’anti Aya Nakamura !

Fin février 2024, la presse révélait le souhait du président de la République de voir Aya Nakamura chanter Edith Piaf le temps de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris. Depuis cette annonce, la polémique ne cesse d’enfler et met en opposition deux visions de la France, de la chanson française, de notre langue et de notre culture.

Aya Nakamura – de son vrai nom Aya Danioko – est née à Bamako au Mali en 1995. Elle a immigré en France lorsqu’elle était enfant et a été naturalisée française en mai 2021. Incontestablement, elle est devenue en l’espace de quelques années l’une des artistes francophones les plus écoutées dans le monde.

Mais représente-t-elle la France pour autant ? Je ne le crois pas.

Que chacun prenne le temps d’écouter ou de lire et, dans la mesure du possible, de comprendre les paroles d’Aya Nakamura. Entre argot de banlieue, dialectes étrangers et mots inventés, nombreux sont ceux qui ne se reconnaissent aucunement dans cette nouvelle ère musicale et qui refusent, à raison, d’en faire partie.

Il ne s’agit pas de juger et de condamner son style et ses choix musicaux qui, après tout, n’engagent que les amateurs et les spectateurs. Aya Nakamura a bien évidemment le droit de gagner sa vie et de mener sa carrière comme elle l’entend, à l’instar des Bratisla Boys et de l’invraisemblable « Stach Stach » en 2002.

Le problème réside dans le symbole et le message politique qui accompagnent cette sélection pour représenter la France à l’ouverture de ses Jeux.

Aya Nakamura n’est pas seulement une « artiste ». Elle a été érigée en modèle par une partie de la nouvelle génération que j’ose qualifier d’apatride. Pour les pourfendeurs de la France, elle est l’ambassadrice de la lutte intersectionnelle par excellence, en tant que « femme noire revendicatrice », qui occupe désormais l’espace médiatique.

Sans jeter l’opprobre (et pas l’eau propre[1]) sur le profil et le parcours d’Aya Nakamura, chacun devrait avoir le droit d’émettre une critique et un doute sur la pertinence du caprice macroniste sans être qualifié de « raciste ».

Aya Nakamura ne serait ni la première ni la dernière artiste d’origine étrangère à représenter la France. Mais quelle légitimité lui accorder tant elle maltraite avec boulimie notre langue et notre culture ?

Dans une interview accordée à l’émission bobo-gaucho Quotidien le 12 mars dernier, la chanteuse expliquait qu’il y a « beaucoup de chansons d’amour, parce que j’aime l’amour ». On ose à peine imaginer à quoi ressembleraient ses morceaux si elle parlait de la guerre… Avant d’ajouter qu’un « tas de personnes parlent comme moi ». Le public acquiesce. Peut-être qu’il est là, le vrai problème.  

Pourquoi devrait-on s’infliger de mettre en avant une apôtre de la décadence linguistique et culturelle ? Pourquoi les Français devraient-ils accepter d’être représentés par une femme qui fait l’éloge de la vulgarité ?

Plus inquiétant encore, certains ministres se prêtent au jeu de la médiocrité. L’inénarrable Amélie Oudéa-Castera n’a pas raté l’occasion d’enfiler une nouvelle perle à son collier en chantant sa passion pour Aya. Interrogée sur la polémique au Sénat le 13 mars, la ministre de la culture, Rachida Dati, déplorait, elle, des « prétextes pour s’attaquer à quelqu’un par pur racisme ».

Notons qu’il y a quelques semaines, la ministre participait fièrement à l’émission DVM Show qui invite régulièrement le rappeur antisémite Freeze Corleone, actuellement sous le coup d’une enquête pour apologie du terrorisme.

En plus de ses chansons, Aya Nakamura enchaîne aussi sur ses réseaux sociaux les publications offensives et provocatrices, truffées de fautes d’orthographe. Quand on sait que près d’un élève sur trois ne sait pas lire correctement à l’entrée de la sixième, c’est un drame que d’encourager les jeunes à se convertir au « nakamurisme ». Dans l’une de ses saillies numériques, la chanteuse ose même la comparaison avec Edith Piaf qui se serait « réincarnée » en elle. 

La montgolfière est sur orbite !

Oui, la culture du vide s’est substituée à la culture tout court. Cette nouvelle génération n’aura pas eu la chance de grandir avec Mylène Farmer ou avec Dalida. Pour autant, ils sont nombreux encore à rejeter la folie déconstructrice en s’attachant à préserver notre héritage culturel.

Comme déclarait l’amiral Philippe de Gaulle le 1er novembre 2003 : « Il ne faut pas se laisser aller au déclin ». Précisément, plus de vingt ans après, il faut le combattre.

Par Julien Odoul, Député RN de l'Yonne, le 15 mars 2024

Causeur

mercredi 13 mars 2024

Le curieux et soudain bellicisme d’Emmanuel Macron



Emmanuel Macron brûle d’affronter Vladimir Poutine les armes à la main – ou du moins s’attache-t-il à en donner l’impression. Mais pourquoi alors ne montre-t-il pas une telle ardeur dans d’autres cas, qui pourtant le justifieraient au moins autant, et pour certains nettement plus ?

À entendre le chef de l’Etat, quiconque ne partage pas cette ferveur est animé par « l’esprit de défaite »… y compris la Maison Blanche, dont un porte-parole, le contre-amiral John Kirby, s’est empressé de désavouer notre président ? Y compris le ministre de la Défense, qui a expliqué qu’il n’était « pas question d’envoyer des troupes combattantes » le lendemain du jour où le président, lui, affirmait qu’il n’y avait « aucune limite » à notre soutien à l’Ukraine ? Qu’importe la confusion entretenue, Emmanuel Macron dit vouloir « bousculer » les alliés de l’Ukraine, appelle les Européens à « ne pas être lâches », et quand on lui demande si ce propos vise l’Allemagne il répond sans hésiter : « pas seulement l’Allemagne, tout le monde ! » Et à en croire nombre de macronistes, toute personne réticente devant ce soudain bellicisme est pire que lâche, elle fait partie des « troupes de Poutine ». Qu’on se le dise : oser douter des décisions du président, c’est forcément être coupable d’intelligence avec l’ennemi !

On verra qui est pour Zelensky et qui est pour Poutine… 

On pourrait croire à une stratégie « gentil flic, méchant flic », Emmanuel Macron jouant le rôle d’un va-t-en-guerre forcené pour permettre à Olaf Scholz de négocier en coulisses en disant à Poutine : « Vladimir, il faut vraiment que tu retires tes troupes d’Ukraine, sinon je ne vais plus pouvoir retenir ce fou de Français et il va déclencher la Troisième Guerre mondiale ». Mais la France à elle seule ne serait pas une menace suffisante aux yeux de la Russie pour que cela fonctionne.

Alors on prend l’excitation martiale du président au premier degré, et on tombe dans le piège qu’il a lui-même avoué : « on verra qui est pour Zelensky et qui est pour Poutine », comme si cette ligne de démarcation caricaturale était l’alpha et l’omega de toute chose. Et on oublie l’essentiel.

Cet essentiel, le voici : le plus important n’est pas le bellicisme d’Emmanuel Macron face à la Russie, mais le contraste entre ce bellicisme et sa pusillanimité face aux Comores, au Qatar, à la Turquie, à l’Algérie, à l’Arabie Saoudite, à l’Iran. Ce contraste interroge.

Ce sont là des pays qui ne respectent pas les Droits de l’Homme plus que ne les respecte le régime de Poutine – ils les respectent même généralement moins. Et si la mort d’Alexeï Navalny est une ligne rouge, on ne voit pas pourquoi celle de Jamal Khashoggi n’en serait pas une également.

Ce sont des pays qui piétinent volontiers le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et multiplient les exactions, au Kurdistan comme au Yémen, sans même parler du fait que le Qatar finance, protège et héberge toujours le Hamas malgré le pogrom/razzia du 7 octobre.

Les drôles d’exigences de la realpolitik

Et ce sont des pays qui nous agressent bien plus que ne le fait la Russie, par la violence, la déstabilisation, la corruption, l’influence toxique. Les Comores – avec d’ailleurs le soutien affiché de la Russie – organisent l’invasion et la mise à sac de Mayotte, c’est-à-dire du territoire français. Le Qatar use de son influence pour déstabiliser le pays (que l’on se souvienne de la propagande d’AJ+ lors des émeutes du début de l’été 2023), répandre la corruption (pas seulement au Parlement Européen), soutenir l’islamisme, attiser les flammes de la haine anti-israélienne et de l’antisémitisme, et appuyer les Frères Musulmans dans leur entrisme systémique au sein de nos institutions. L’Algérie cultive la haine anti-France dans sa population et sa diaspora, dont le poids dans la délinquance sur notre sol est démesuré. L’Arabie Saoudite et sa Ligue Islamique Mondiale veulent interdire toute critique sérieuse de l’islam en œuvrant à l’instauration planétaire d’un délit de blasphème. On pourrait poursuivre longuement l’énumération, qui n’a rigoureusement rien à envier à la liste des torts de Vladimir Poutine.

Bien sûr, les fautes du Qatar n’effacent pas celles de la Russie, mais la réciproque est vraie, les fautes de la Russie n’effacent pas celles du Qatar. Bien sûr, la Russie nous est désormais hostile, et débattre à l’infini des responsabilités des uns et des autres dans cette hostilité ne changera pas la situation présente, mais les Comores et l’Algérie le sont au moins autant. Bien sûr, la realpolitik a ses exigences, encore faut-il que ses défenseurs aient la décence de l’assumer au lieu de se draper dans des postures morales hypocrites : on peut considérer que l’appui de l’aviation qatarie au désengagement de Barkhane ou notre présence sur la base d’Al-Udeid justifient que nous acceptions la contribution du Qatar aux réseaux islamistes qui attisent partout en Europe l’avidité des fous d’Allah et la haine antisémite, mais il me semble que l’on aurait aussi d’excellentes raisons d’estimer que le prix à payer pour « l’amitié » de l’émirat est bien trop élevé ! Bien sûr aussi, il faut choisir ses combats, la France ne peut pas voler au secours de tous les peuples envahis ni combattre tous les tyrans de la planète, et l’Ukraine est pour ainsi dire notre voisin. Mais il y a une différence de taille entre ne pas combattre un tyran, et le courtiser en encourageant sa propagande. Il y en a une autre, énorme, entre ne pas intervenir partout pour privilégier notre voisinage proche, et préférer défendre l’Ukraine plutôt que la France elle-même, vouloir sauver Kiev des troupes russes tout en abandonnant Mamoudzou aux bandes comoriennes. Et laisser le champ libre à AJ+ quand on interdit RT France est une incohérence qui en dit long.

Si les raisons invoquées par Emmanuel Macron pour expliquer son attitude contre la Russie étaient vraies, s’il s’agissait bel et bien de défendre les principes qu’il dit professer, l’Europe et les intérêts vitaux de la France, alors a fortiori il se montrerait déterminé et martial contre les Comores pour protéger notre territoire et nos concitoyens à Mayotte. Il ne ferait pas de courbettes au Qatar, et ne lui vendrait pas des éléments stratégiques de notre économie. Il ne tolérerait pas la servilité de l’ONU envers la dictature abjecte des mollahs.

Voilà ce dont devrait se préoccuper toute la classe politique, et plus encore ceux qui pensent qu’il serait bon d’intensifier notre soutien à Kiev, y compris par un engagement militaire : de toute évidence, les motivations d’Emmanuel Macron dans cette affaire ne sont pas celles qu’il déclare. Quelles sont-elles ? Je ne peux que hasarder diverses hypothèses : une diversion après son fiasco au Salon de l’agriculture ; une manœuvre pour essayer de rediaboliser le RN à l’approche des élections européennes ; un prétexte pour transférer toujours plus de pouvoir aux institutions non-élues de l’UE au détriment de la démocratie, et sans doute renforcer le contrôle de l’information ; l’appétit pour les opportunités qu’une « économie de guerre » offrirait à Bercy ; une tentative de se donner une stature de meneur au sein de la dynamique otanienne….

Dans tous les cas, l’essentiel demeure : même si l’on croit que notre participation à la guerre en Ukraine est juste et nécessaire, pouvons-nous réellement l’envisager avec un chef des armées dont nous ignorons les véritables objectifs ? Il faudrait au minimum des garanties extrêmement solides, mais comment accorder la moindre confiance aux garanties que donnerait Emmanuel Macron, alors qu’il n’a eu aucun scrupule à escroquer jusqu’au Sénat au sujet de la Loi immigration, saisissant lui-même le Conseil Constitutionnel pour faire censurer tout ce que son gouvernement avait fait mine de concéder à la représentation nationale ?

Telle est la question que personne ne pose, alors qu’elle est celle dont nous devrions tous débattre.

Par Aurélien Marq le 12 mars 2024

Causeur

lundi 19 février 2024

Immigration, « arc républicain »: mettez-vous d’accord!



Si Emmanuel Macron justifie néanmoins, devant le quotidien communiste, son opposition de principe à l’immigration clandestine, il dédaigne les inquiétudes populaires sur les entrées massives, soutenues également par ses intervieweurs. «Je n’ai jamais considéré que le RN ou Reconquête s’inscrivaient dans l’arc républicain», précise-t-il en rappelant, à propos du RN: «J’ai toujours considéré, comme avec la loi immigration, que les textes importants ne devaient pas passer grâce à leurs voix». Pour une fois, le propos est clair. Il consiste, d’une part, en la négation des difficultés nées d’une immigration légale qui fait venir près de 500 000 personnes chaque année, et, d’autre part, en la diabolisation de ceux qui alertent sur la fragmentation en cours de la société.

Toutefois, cet abus de pouvoir n’est pas propre au président. Il est l’expression d’un système défendu par une oligarchie protégée par ses juges. Tous cherchent à étouffer les craintes des Français qui vivent une dépossession. C’est le président de la Cour des Comptes, l’ancien socialiste Pierre Moscovici, qui a reporté d’autorité au 4 janvier dernier un rapport sur l’immigration qui aurait pu éclairer le débat parlementaire. C’est le président du Conseil Constitutionnel, l’ancien socialiste Laurent Fabius, qui a présidé à la décision du 25 janvier de rejeter les amendements déposés par la droite pour durcir la timide loi immigration. Le peuple, premier concerné par les bouleversements qui accablent son pays, est tenu à l’écart des décisions prises par d’autres.

Dans ce contexte, le témoignage de Fabrice Leggeri, ancien patron de Frontex, le gendarme théorique des frontières de l’Union européenne, vient compléter le descriptif idéologique du mécanisme immigationniste qui s’est généralisé au niveau européen. Ce haut fonctionnaire, qui a rejoint ce week-end Jordan Bardella (RN) sur sa liste aux européennes comme numéro 3, a dirigé durant sept ans la structure de contrôle des entrées en Europe. 

Il avait été nommé à ce poste sur proposition du socialiste Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur. Leggeri explique pourquoi il a dû démissionner en 2022 sous les pressions du gouvernement, de la Commission européenne et de multiples ONG lui reprochant sa trop grande fermeté. Il cite une conversation de 2019 avec la nouvelle commissaire européenne, Ylva Johansson. Elle lui explique : « Votre job, c’est de faire rentrer les migrants et de les accueillir parce qu’ils viennent par amour. Et que ça vous plaise ou non, nous sommes un continent vieillissant et donc vous devez les laissez entrer »

Depuis, le Pacte sur l‘immigration et l’asile a décidé de répartir les migrants dans l’UE sous couvert d’une amende de 20 000 euros par migrant refusé par un pays.

Par Ivan Rioufol le 19 février 2024

Causeur

dimanche 14 janvier 2024

Rachida Dati au sein du gouvernement Attal: Paris vaut bien une messe républicaine


« Tout ça pour ça ! » ne manqueront sans doute pas, et non sans raison peut-être aussi, de dire les détracteurs de la macronie et, en particulier, de son tout nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, à l’occasion de la formation de son premier gouvernement.

Et, de fait, quatre des principaux ministres, des « poids lourds » manifestement indéboulonnables, à la tête d’importants ministères au sein du précédent gouvernement, celui d’Elisabeth Borne, sont restés, occupant exactement les mêmes fonctions, dans celui, fraîchement nommé depuis ce 11 janvier 2024, de Gabriel Attal : Gérald Darmanin à l’Intérieur, Bruno Le Maire à l’Economie et aux Finances, Eric Dupond-Moretti à la Justice et Sébastien Lecornu à la Défense.

Quant à trois des « entrants » au sein de non moins importants ministères, Stéphane Séjourné aux Affaires Etrangères (et à l’Europe), Amélie Oudéa-Castéra à l’Éducation Nationale (et aux Sports) et Catherine Vautrin au Travail, à la Santé et aux Solidarités, c’est peu dire qu’ils sont d’illustres inconnus, par-delà leurs compétences, supposées ou avérées qu’elles soient, par le grand public, celui-là même qui détient, comme en tout système démocratique digne de ce nom, le vote national et populaire.

Championne de tennis et star médiatique

Du reste, je ne savais pas qu’une ancienne joueuse de tennis, pour talentueuse qu’elle fût dans son domaine de prédilection et comme l’est effectivement la toute nouvelle ministre de l’Éducation Nationale, pouvait considérer ses médailles, coupes et autres breloques, comme autant de gages de savoir intellectuel pour présider au destin, précieux entre tous, de l’enseignement au sein de l’école française !

Mais, voilà, dans ce tout nouveau casting ministériel, qu’il soit critiquable ou pas, il y a surtout la surprise du chef, Emmanuel Macron en personne, deux fois démocratiquement élu, fût-ce par défaut en ce qui concerne la seconde, à la tête de la République française : la nomination de Rachida Dati, star médiatique par son incontestable sens de la repartie politique, à l’éminent poste de Ministre de la Culture !

Du reste, je ne savais pas, là non plus, qu’une magistrate de profession et ancienne avocate, Ministre de la Justice (sous la présidence, en 2007, de Nicolas Sarkozy) avant d’être l’actuelle Maire de l’un des arrondissements (le VIIe) les plus élégants de Paris, pouvait honnêtement croire que ses indéniables connaissances, en matière de droit juridique ou de code pénal, pussent être synonymes, là aussi, de compétences dans la maîtrise de dossiers plus spécifiquement culturels.

Je ne sache pas, de fait, que, par exemple, la maîtrise de procédures judiciaires, quelles qu’elles soient et aussi respectables soient-elles, puisse être perçue a priori comme la garantie d’un savoir, même s’il n’est certes pas exclu en l’occurrence, quant à la correcte et profonde compréhension d’un texte de Descartes, de Chateaubriand ou de Robbe-Grillet, d’un tableau de Soulages ou d’une sculpture de Duchamp, d’une partition de Messiaen, de Duruflé ou de Boulez, ou d’un film de Godard, Renais ou Rohmer, pour ne s’en tenir ici, sans même vouloir forcer le trait, qu’à quelques-uns des noms les plus célèbres au sein de la culture (littérature, philosophie, art, cinéma…) française !

Paris vaut bien une messe républicaine

D’où, nécessaire, cette question ! Quel ultime mais autoritaire argument a donc bien pu convaincre Gabriel Attal, et son incontournable mentor surtout, Emmanuel Macron, pour nommer à ce prestigieux poste de ministre de la Culture, précisément, une femme politique qui, il n’y a guère si longtemps encore, en juin 2021, ne se privait pas de traiter publiquement de « traîtres », en direct sur les plateaux de télévision les plus courus de la capitale, ceux qui abandonnèrent leur camp, de gauche ou de droite qu’ils fussent, pour rejoindre le parti, « La République en Marche » à l’époque, de ce même président ?

Je n’y vois pour ma modeste part, chez cette femme venue de la droite républicaine, sous l’égide de Nicolas Sarkozy lui-même, qu’une incompressible ambition politique : celle-là même qui fit dire jadis au très opportuniste mais surtout futur roi Henri IV, protestant à l’origine, que, pour accéder au sommet du pouvoir au sein de la très catholique monarchie de droit divin, « Paris valait bien une messe ! »

Du reste, c’est bien la mairie de Paris, ici aussi, que Rachida Dati, dont l’opportunisme politique n’a jamais été un mystère pour les plus avisés des observateurs de la vie politique française, ambitionne véritablement, en dernière analyse, à travers cette légitimité, sinon crédibilité, qu’est censée lui conférer, désormais, cet enviable et tout nouveau poste, précisément, de ministre de la Culture…

Une redoutable maîtresse en punchlines

Et puis, qu’à cela ne tienne : cette femme fortement engagée et au caractère bien trempé, au franc parler aussi bien qu’à l’inépuisable logorrhée, qu’est la très énergique Rachida Dati, redoutable maîtresse en matière de punchline, phrases chocs et autres débats assassins (c’est peut-être là, paradoxalement, sa plus grande qualité professionnelle), ne peut certes être pire, dans cette fonction quasi régalienne, que l’inexistante, plus encore qu’inconsistante, Rima Abdul-Malak, dont on s’est par ailleurs toujours demandé ce qu’elle faisait, à ce poste, jusqu’à hier encore !

Le couple Attal-Dati : calcul idéologique et ravalement de façade du dispositif anti-RN

Morale, toute en finesse et nuances, de l’histoire ? C’est un véritable quoique artificiel, certes démagogique mais néanmoins habile, dispositif anti Rassemblement national, par l’intermédiaire de ce séduisant couple Attal-Dati, qu’Emmanuel Macron, dont on ne peut à l’évidence contester l’ingéniosité du sens politique, a ainsi mis efficacement (du moins en théorie) en place, avec un gouvernement à la sensibilité majoritairement de « droite » (si tant est que ce clivage idéologique « gauche/droite » ait encore une quelconque pertinence conceptuelle aujourd’hui), afin de battre en définitive, espère-t-il légitimement, ses deux leaders, Jordan Bardella et Marine Le Pen, lors des prochaines élections européennes, en cette année 2024, et surtout, en 2027, lors des très attendues élections présidentielles françaises ! 

Reste à savoir, bien évidemment, si ce calcul politique – car ce nouveau gouvernement est, c’est là le seul quoique important changement, dans la réalité des faits, à ce sujet, de nature essentiellement politique, et non plus seulement technocratique, par-delà son adroit, audacieux sinon téméraire, ravalement de façade – parviendra à ses fins…

L’exclusion de Rachida Dati des « Républicains » : une monumentale erreur politique

Dernier point, enfin : il est fort à parier, sans prendre le risque de trop se tromper, que « Les Républicains » eux-mêmes, par la voix de leur président, Eric Ciotti, regretteront bientôt amèrement d’avoir exclu aussi précipitamment de leurs rangs, pourtant déjà bien affaiblis tant ils sont disséminés depuis un certain temps, cette même Rachida Dati quelques minutes, à peine, après sa fracassante intronisation à la tête de ce sacro-saint ministère de la Culture.

L’erreur politique est monumentale : ce parti, déjà moribond, va ainsi, par cette énième mais cruciale défection, probablement imploser de manière décisive.

De Gaulle et son ministre de la Culture, André Malraux : une autre étoffe intellectuelle !

Le général de Gaulle doit se retourner aujourd’hui, face à cette désolante parodie de la Comédie humaine, dans son historique tombe… A propos, n’est-ce pas lui justement, le premier président de la Ve République, qui, le 8 janvier 1959 pour l’exactitude, il y a donc 65 ans presque jour pour jour, nomma un certain André Malraux, intellectuel majeur de la seconde moitié du XXe siècle et mémorable auteur d’une richissime œuvre littéraire, Ministre, lui aussi, de la Culture ?

Cet immense esprit repose, du reste, aujourd’hui en paix, depuis le 23 novembre 1996, au Panthéon, laïque sanctuaire sur le fronton duquel est inscrit en lettres majuscules que la « patrie reconnaissante » rend ainsi solennellement, et méritoirement, hommage aux « grands hommes ». C’est dire si Malraux, notable incarnation de la culture en sa plus haute et noble expression, pouvait se prévaloir, en effet, d’une autre étoffe spirituelle, sinon dimension philosophique !

Par Daniel Salvatore Schiffer le 12 janvier 2024

Causeur

lundi 8 janvier 2024

Mon pote le dealer



C’est dans ce but que demain soir, mardi 9 janvier, la mairie verte convie les Grenoblois à un spectacle vivant d’un genre nouveau « entre théâtre et récit conté, lissé de mots et de musique » joyeusement intitulé : « Les copains d’en bas ». Sur le site de la Ville de Grenoble, la municipalité a ajouté un bandeau sous l’affiche qui annonce le show. Y est posée cette étonnante question : « Comment vivre au quotidien à proximité d’un point de deal ? » Voici donc les Grenoblois invités à cohabiter avec les dealers. C’est fichtrement malin ! Que n’y avions-nous pas déjà pensé ! Sympathise avec le dealer qui pourrit ta vie et ta cage d’escalier tout comme tu as déjà sympathisé avec les punaises de lit et les surmulots ; ta vie en sera changée. Les épreuves de Kho-Lanta, c’est du pipi de chat à côté de celles qu’exige le vivre-ensemble tel qu’il va falloir le pratiquer à Grenoble. 

Sus à la peau de phoque, aux piolets et autres crampons.

Suivi d’un temps d’échange

Depuis quelques jours déjà, des affiches aux couleurs criardes, racoleuses et bariolées, ont été généreusement placardées sur les façades des immeubles du quartier Chorier- Berriat. Il ne s’agirait pas de rater cette représentation qu’on attend avec impatience. Ce spectacle bien rôdé n’a pourtant rien d’inédit. Créé en 2018 par la Compagnie Artiflette, il a déjà été représenté dans plusieurs communes de France. 

Suivi « d’un temps d’échange » invitant à « mieux se connaître pour mieux vivre ensemble », cette manifestation se veut didactique et vise à promouvoir « l’insertion sociale », « l’interculturalité » et « le bonheur de vivre dans les quartiers ». C’est pour partager une expérience choisie et comme il se doit enrichissante, qu’Ignace Fabiani et Claire Devienne ont co-écrit cette pièce dont ils sont aussi les acteurs. Ils campent Ben et Charlotte, aventuriers des temps modernes, qui ont décidé, de leur propre chef, d’aller expérimenter la mixité sociale dans une cité HLM. On voit nos audacieux conquérants se frotter alors, en vrai, à l’altérité. 

Que de belles rencontres ! D’après le dossier de présentation du spectacle, on fait connaissance avec « Assia, la voisine marocaine qui apporte à nos bobos des couscous fumants, Bachir, l’épicier d’en face qui leur fait crédit, Casquette et Barbichette des jeunes qui s’installent dans leur cage d’escalier, Kenny, une maman Malgache pleine de rêves, Djamel, le rappeur, Idriss, un éducateur épris de liberté et de justice avec qui ils vont collaborer… » Pas un ne manque, ils sont tous là ! 

« Jour après jour, entre doutes et convictions profondes, Ben et Charlotte sont ballottés entre magnifiques moments porteurs de sens et l’immersion de la violence dans le quotidien de la cité », est-il précisé. Fichtre ! j’en ai la larme à l’œil. « Le récit de ces rencontres dessine une vérité autre que celle souvent entendue dans les médias. », conclut le descriptif. Pour le coup, on n’en doute pas une seconde.

Si la mairie d’Éric Piolle n’avait pas ainsi audacieusement sous-titré l’affiche du spectacle, cette représentation de la Compagnie Artiflette, dévolue à l’habituelle propagande pour le vivre-ensemble, serait passée sous les radars. Mais, quand on y regarde de plus près, on s’aperçoit que le show, véritable couteau suisse qui sévit déjà dans les collèges et les lycées, peut servir idéalement les desseins inclusifs d’Éric Piolle ; ce qui justifie largement ce choix.  Il « permet aux élèves de découvrir certaines réalités méconnues concernant la vie dans les quartiers dits « difficiles »(…) d’élargir les horizons desdits élèves, de rentrer dans la complexité des situations, de changer de regard (…) » Cette prestation à visée hautement édificatrice est aussi couramment proposée comme « support pour des ateliers de médiation culturelle » et peut en servir d’autres « sur des thématiques liées au spectacle, à la déconstruction des stéréotypes et des préjugés, à  la découverte de l’altérité. » 

Dans le cochon, tout est bon.

Des agneaux méprisés

Notons que la démarche s’inscrit, pour la municipalité, dans le cadre d’une farouche volonté d’éradiquer les nuisances générées par le trafic de drogue. Sur les réseaux sociaux de la ville, le maire-pastèque avait déjà diffusé deux très courts-métrages montrant les conséquences du deal pour les habitants voisins d’un point de vente. Il s’agissait alors de dissuader de consommer des substances illicites. L’édile, qui cherche décidément à explorer tous les possibles, propose maintenant, par le truchement d’une réflexion fructueuse qu’initierait la représentation du spectacle de la Cie Artiflette, à instaurer une cohabitation harmonieuse des Grenoblois avec les dealers. 

Tout se tente. Du reste, Claire Devienne, pendant la tournée de la pièce dans le Var, en janvier 2023, avait déjà expliqué qu’en tout dealer, il y a aussi un homme. « Le plus grand dealer est aussi un grand frère, mais les difficultés de la vie l’ont parfois enfermé dans des mécanismes qui le poussent à être violent. » L’écrivain Christian Bobin s’est, lui aussi, exprimé à propos de la pièce : « J’ai lu ce texte sur les gens dans l’entrée de l’immeuble et j’ai beaucoup aimé. On dirait que parfois – les tigres ne sont que des agneaux qu’on a maltraités et méprisés. »

En attendant, la démarche d’Éric Piolle ne fait pas l’unanimité dans une ville où les habitants sont terrorisés par des bandes qui tiennent le trafic de stupéfiants et règlent leurs comptes à coup de rafales de Kalachnikov : sur X, les réactions indignées se sont multipliées.  

Face à la drogue, les Grenoblois espèrent une réponse autre que l’administration d’une cuillérée de sirupeux vivre-ensemble. Ce, d’autant plus que les élus rouges/verts rechignent à importuner les dealers installés dans les logements sociaux d’ACTIS et de Grenoble-Habitat. La mairie refuse en effet de contrôler les attributions… alors qu’elle est à la tête de ces deux bailleurs. C’est en vain que, depuis le début du mandat écologiste, l’opposition demande un contrôle strict et une expulsion des dealers condamnés pour éviter qu’ils ne transforment des quartiers entiers en zone de non-droit. En attendant, la représentation des Copains d’en bas a lieu demain. 

En présence d’Éric Piolle.

Par Isabelle Larmat le 8 janvier 2024

Causeur

mercredi 3 janvier 2024

Affaire Depardieu: la bourgeoisie de farces et attrapes dans tous ses états



« N’effacez pas Gérard Depardieu ». Ils avaient signé la pétition qui visait à fustiger la chasse à l’homme menée contre Gérard Depardieu. Il s’agissait principalement de cela, et non, si on a bien compris, d’encenser ou de cautionner sans réserves les propos d’ailleurs indéfendables tenus par cet acteur, remarquable également, de mon point de vue, par l’état permanent – ou quasi permanent – d’ébriété mentale dans lequel il évolue. (À cet égard, peut-être la prescription d’un peu de thérapie pourrait-elle opportunément précéder celle du bûcher ?)

Mais voilà bien que l’initiateur de la tribune ne convient pas à certains signataires. Trop marqué mauvais camp. Trop encanaillé peste brune et bien trop empestant le souffre.

C’est que la caste des signeurs cultive ses interdits, ses coquetteries et ses travers, dont un fort bien connu : plutôt avoir tort avec Sartre que raison avec Aron. Tel aura été, tel est, et tel sera probablement à jamais le mantra de cette étrange tribu. Nous avons donc ici un énième remake très bas-de-gamme de cette somptueuse imposture.

Certains des signataires, regrettant un bon sens précipité, font machine arrière. Retirent leur nom. Rentrent dans le rang, la plume honteuse et la queue basse. C’est qu’il serait terriblement irresponsable, n’est-ce pas, d’hypothéquer sa réputation salonnarde ainsi que ses espérances de carrière en se mélangeant si inconsidérément.

Ceux, plus nombreux et moins regardants, qui ont apposé leur signature à côté de celle de Médine, rappeur cumulant les beautés intellectuelles de l’antisémitisme et du sexisme le plus rance, ne sont pas travaillés par de tels scrupules. Pourquoi, d’ailleurs, le seraient-ils ? La contre-tribune va dans le sens du vent et l’on s’y expose en excellente compagnie. 

Voilà le lieu parfait où la bourgeoisie de farces et attrapes peut parader tranquille, faire mine de mener la lutte d’une vie, et ceindre par anticipation l’auréole de la sainteté idéologique. C’est ce qui explique évidemment la longueur de la liste de ces courageux contempteurs des mauvaises mœurs, des pitoyables façons du mis en cause. On se bouscule. Normal. Les hallalis sans risque ont toujours eu la faveur du brave bourgeois, qu’il soit d’estrade, de rente ou de cour.

Par Dominique Labarrière le 3 janvier 2024

Causeur

jeudi 7 décembre 2023

Les JO valent bien un QR code



Après la grande opération de nettoyage avec le transfert en province de SDF, migrants, camés et autres zombies qui peuplent les rues de Paris… 

Après l’ostracisme des bouquinistes des quais de Seine – pourtant ô combien essentiels à l’âme parisienne – qui ont été sacrifiés sur l’autel de la sécurité au motif qu’une bombe pouvait être cachée dans leurs boites…  

Après l’interdiction de la vente d’alcool dans les stades sauf dans les tribunes VIP où seuls les riches pourront descendre cul sec leur Corona et singer le chef de l’État – car c’est bien connu, seuls les riches savent rester sobres contrairement au populo « qui fume des clopes et roule en diesel »… 

Après le doublement du prix du ticket de métro qui coutera 4 euros au lieu de 2, envoyant valser la promesse de la gratuité des transports… Après toutes ces mesures qui écornent déjà l’image de JO populaires, une nouvelle restriction affectant la liberté fondamentale d’aller et venir de tout un chacun (protégée par la Constitution) est venue s’ajouter à ce beau panel de contraintes !

Après le passe vaccinal, le passe olympique

Le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, a en effet dévoilé, la semaine dernière1, les contours du dispositif de sécurité pour limiter et contrôler la circulation aux abords des sites olympiques. En tout, quatre zones de sécurité seront mises en place. « Le principe sera l’interdiction de la circulation et l’exception, la dérogation », apprend-on. Voilà qui va faire plaisir à la pourchasseuse de voitures Anne Hidalgo !

Pour accéder en voiture ou en deux-roues à ces zones, il faudra présenter une raison valable pour obtenir une dérogation. Les salariés qui y travaillent, les résidents qui y vivent mais aussi ceux qui portent secours, les pompiers ou le Samu, devront s’enregistrer sur une plateforme numérique (elle serait accessible au péquin fin mars-début avril), y renseigner tout un tas de données personnelles pour obtenir le fameux QR Code, sésame à présenter à chaque checkpoint.

Mauvais souvenirs

Devoir justifier ses allers et venues et prouver son identité numérique en montrant un QR code, cela rappelle bigrement la politique sanitaire du gouvernement. Après le passe vaccinal, voilà venu le passe olympique ! Sous couvert de sécurité, l’exécutif applique la même logique de surveillance et de contrôle que pendant le Covid.

On a aussi vu cette logique à l’œuvre l’an dernier avec la crise de l’énergie ; les injonctions énergétiques (« je baisse, je décale, j’éteins ») ont alors pris le relais des injonctions sanitaires (« je teste, j’alerte, je m’isole »), et l’appli « écowat » avait remplacé l’appli « Tous anticovid ». Pendant des mois, le pic de la consommation énergétique a été l’alpha et l’oméga justifiant des restrictions, comme l’avait été le pic épidémique pour légitimer l’instauration des couvre-feux, des confinements et du passe vaccinal discriminatoire séparant les mauvais citoyens non vaccinés des bons citoyens vaccinés. 

La capitale Orange mécanique

Critiquer ce passe olympique ne revient pas à nier le risque d’attentats terroristes, très élevé dans notre pays, mais seulement à dire que la prévention du pire ne devrait pas passer par le sacrifice de nos libertés fondamentales. Il est tout de même frappant de constater que l’on brandit à tout bout de champ l’État de droit ou la Cour Européenne des Droits de l’Homme quand il s’agit d’expulser des dangereux terroristes et autres criminels étrangers, mais que l’État de droit disparait soudainement des argumentaires lorsqu’il s’agit de bafouer nos libertés fondamentales dont la liberté de mouvement !

Alors, plutôt que d’enquiquiner les Français, Laurent Nunes ferait mieux de surveiller ou d’interpeller les délinquants étrangers responsables de 70% des vols avec violence dans les transports en commun, les 20 120 personnes qui sont inscrites au FSPRT – fichier qui recense tous les profils à caractère terroriste – et de redoubler d’efforts pour lutter contre la banalisation de l’hyper violence qui règne à Paris, passée en quelques années de Ville lumière à capitale orange mécanique. Qu’on se le dise, un QR Code n’aurait pas empêché le meurtrier et ses acolytes de se rendre au bal tragique de Crépol, d’y planter au couteau des jeunes et de tuer le jeune Thomas, ni le meurtrier fiché S et islamisé qui a assassiné un touriste allemand samedi soir devant la Dame de fer.

« Rien n’est plus durable qu’un programme gouvernemental temporaire », nous avait prévenu avec raison le père du libéralisme américain Milton Friedman. Lors de l’instauration du passe vaccinal, des esprits avertis prévoyaient l’avènement d’une nouvelle société qui disciplinerait le comportement des citoyens à travers une politique de contrôle des corps, des déplacements, des interactions sociales. 

Comment ne pas voir dans l’instauration de cet abracadabrantesque QR Code olympique un argument de plus offert à tous ces dangereux « complotistes » ?

  1. https://www.leparisien.fr/jo-paris-2024/jo-paris-2024-circulation-restrictions-decouvrez-nos-10-cartes-du-perimetre-de-securite-30-11-2023-IYOFCHPMWZA7ZB5FQXEQ7OAXSY.php ↩︎
Par Blanche de Mérimée le 6 décembre 2023

mercredi 22 novembre 2023

CRS, SS! Étudiants, diants diants!



Il fut un temps où le monde était binaire : il y avait le jour et la nuit, les hommes et les femmes, les professeurs et les élèves, les innocents et les coupables : le jour, le soleil éclairait l’activité humaine, la nuit, la lune baignait les dormeurs de sa veilleuse ; les hommes plantaient la petite graine et les femmes la transformaient en bébés ; les professeurs enseignaient et les élèves apprenaient ; les innocents étaient protégés et les coupables punis. Mais ça, c’était avant le progrès.

À l’ère woke, les progressistes cassent la nuit ce que les contribuables fabriquent le jour, les hommes prétendent faire pousser les bébés dans un organe qu’ils n’ont pas, les femmes peuvent exiger que l’on rende la langue incompréhensible pour ajouter une quéquette alphabétique aux adjectifs qui les décrivent, les étudiants enseignent aux professeurs leurs délires quotidiens, que ceux-ci récitent les mains jointes et les yeux baissés et les coupables de pogromes sont qualifiés de résistants, pendant que leurs victimes sont soupçonnées de fake news.

Le niveau des études baisse, mais l’éveil des étudiants s’élève proportionnellement

Plus le classement PISA de la France s’effondre, plus la conscience révolutionnaire atteint des hauteurs stratosphériques parmi les étudiants. Et plus l’école ou l’université est prestigieuse, plus la distance avec le réel s’accroît.

C’est ainsi que Sciences-Po Lyon n’autorise les « débats » qu’entre débatteurs du même avis, c’est-à-dire le leur. Sciences-Po Paris supprime les cours de danse de salon au motif que le professeur indique les pas de danse aux « hommes » et aux « femmes », qui sont des notions obsolètes. Science-Po Menton met des piquets de grève devant sa fac pour lutter contre « la censure de la Direction sur la Palestine » au nom de la « liberté d’expression ». 

Soyons précis, plus précis que la Direction de l’école et que les syndicalistes pro-palestiniens : il s’agit, pour ces incultes, de défendre « les victimes » du « colonisateur[1]», alias Israël qui, à la méconnaissance de ces étudiants, est le seul « colonisateur » de la planète. 

Du côté de la réalité

Ladite colonisation n’a jamais répondu à la définition d’une colonie, qui est la mainmise d’un État par un autre État ultramarin plus puissant, qui exploite la population et les matières premières du plus faible.

Bien sûr, utiliser les mots en fonction de leur sens est un conformisme qui sent son privilège blanc à plein nez. Les étudiants dûment woke n’ont pas ce travers. Eux attribuent aux mots leurs propres qualités. Il existe donc des mots non binaires et d’autres qui ont transitionné de leur définition originelle à un sens contraire, ou flou, voire à aucun sens, mais qui sont quand même utilisés pour leur sonorité agréable.

Seuls, les intégristes qui attribuent aux mots le sens que leur donne l’Académie française, peuvent comprendre pourquoi « Juifs » (synonyme : « israélites ») et « colonisateurs d’Israël » sont incompatibles. Pour commencer, les Juifs n’ont jamais possédé d’autre État que les royaumes juifs d’Israël, aussi prétendre que cet État a lancé depuis l’outre-mer une opération de « colonisation » sur un autre pays, plus faible, est absurde, faute de colonisateur. Que cet État plus puissant, dont la seule matière première est la matière grise de ses citoyens, ait exploité les « ressources en matières premières » du second est une hypothèse que les étudiants seraient bien en peine de démontrer. 

D’autre part, en 1967, Israël avait pris Gaza à l’Égypte, qui a refusé de récupérer ce territoire lors de la signature du traité de paix entre les deux ex-adversaires, en 1979. De plus et c’est fondamental, il n’a jamais existé, sur la planète Terre, un État palestinien qui eût pu prétendre être colonisé. D’où la chute du deuxième terme de l’équation, faute de combattus.

Enfin, et c’eût été de nature à justifier un non-lieu, cette « colonisation » s’est terminée quand les Israéliens se sont retirés sans contrepartie de Gaza en juillet 2005, avant la naissance des ignorants mentonnais qui se haussent du col. L’embargo militaire, lui, existe depuis 2007, quand le Hamas a renversé l’Autorité palestinienne, tuant des centaines de Palestiniens membres du Fatah-frère-ennemi et transformant la Bande en base militaire.

Croire ou savoir, il faut choisir

Pourquoi la Direction de Science-Po Menton a-t-elle dû préciser que « aucun slogan antisémite ne sera toléré ». Assimile-t-elle l’antisionisme à l’antisémitisme ? De fait, l’antisémitisme a fait 6 millions de morts en 1939-45 et le programme de l’antisionisme est d’en faire 7 millions de plus « du fleuve à la mer », c’est-à-dire en éradiquant l’État juif qui s’y trouve.

Le programme des grévistes, pour l’instant, se réduit à« Nous devons continuer à boycotter, à démunir et à sanctionner Israël ». Leur spécialité étant les sciences politiques, ils déploient le sens des nuances que demandent ces études pour expliquer leur action : « l’attaque récente est une conséquence directe de la violence qu’Israël inflige quotidiennement aux Palestinien·nes en Cisjordanie et à GazaLes peuples opprimés recherchent toujours la liberté et lorsque tout le reste échoue, ils se tournent vers la violence. Nous devons soutenir la Palestine.[2] »

La Direction de l’établissement possédant, apparemment, le cerveau qui fait défaut à ses élèves, comprend bien qu’un tel programme est justifié concernant l’agresseur, mais qu’il cumule bêtise et méchanceté s’il vise l’agressé. Les étudiants qui ont inversé les rôles ont le choix entre le déshonneur d’avouer qu’ils l’ont fait exprès et la guerre contre les profs pour avoir la moyenne. Ils auront les deux. On remarque au passage qu’ils ne sont pas meilleurs en maths, puisque les factions pro-palestiniennes accusent sempiternellement Israël de génocide, confondant la division et la multiplication : la population « palestinienne » a été multipliée par près de dix depuis 1948, pas divisée par un génocide ! Mais qu’importe le réel, quand on a l’ivresse de l’antisémitisme multipliée par le fla-con de l’ignorance !

[1] www.lefigaro.fr/nice/des-etudiants-de-sciences-po-menton-organisent-un-blocage-contre-la-censure-de-la-direction-sur-la-palestine-20231116

[2] https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/alpes-maritimes/menton/guerre-entre-le-hamas-et-israel-le-campus-de-sciences-po-menton-ebranle-par-les-publications-d-une-organisation-pro-palestinienne-2853872.html

Par Lilianne Messika le 20 novembre 2023

Causeur