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dimanche 10 novembre 2024

Les porcs d’Amsterdam



L’ONU est très perturbée. C’est un porte-parole du HCR qui a fait cet aveu, avant de noyer le poisson dans des considérations antiracistes évitant soigneusement les mots « antisémitisme » ou « juif ».[1] 

Les événements d’Amsterdam ont en effet de quoi perturber la vision du monde qui a cours au bord de l’Hudson, selon laquelle les juifs (et leur avant-garde israélienne) sont les nouveaux nazis. Jeudi soir, dans la ville d’Anne Frank, ce sont des juifs qu’on a pourchassés, tabassés, humiliés dans un déferlement de violence haineuse et rageuse. Alors, si on cherche vraiment des nazis, on sait où les trouver.

Hamasterdam

Je vous vois venir, en particulier tous ceux qui croisent Hitler tous les quatre matins et qui ont soudainement des pudeurs de gazelle. Le président israélien ayant parlé de pogrome antisémite (ce n’est pas un pléonasme ?), vous prenez vos distances, faites les scrupuleux. Ce n’est pas un pogrom et encore moins la nuit de Cristal, souligne Laurent Joffrin dans un éditorial empreint par ailleurs, d’une grande lucidité[2].

D’accord, Amsterdam 2024 n’est pas Berlin 1938. Pour Joffrin, les agressions de l’autre soir « ne sauraient être comparées, même de loin (…) à la vaste opération de terreur lancée par les nazis en 1938 contre les Juifs d’Allemagne, prélude à leur déportation et à leur extermination ». À Amsterdam on n’a pas brûlé de synagogue ou de magasins, ni même tué des juifs – même si c’était peut-être au programme. 

La police n’a pas prêté main-forte aux fanatiques, même si elle a été incapable de les arrêter. Le maire de Berlin, dans les années 30, ne proclamait pas sa honte des violences anti-juives survenues dans sa ville. Ajoutons que, dans les années 30, les juifs ne se déplaçaient pas en horde, qu’ils ne braillaient pas des chansons racistes en hébreu, qu’ils n’arrachaient pas de drapeau, comme l’ont fait le jour du match les supporters du Maccabi Tel-Aviv, un bel exemple de la normalisation israélienne puisqu’ils ressemblent à tous les supporters abrutis du monde. 

Dans les années 30, il n’y avait pas d’Israël pour les rapatrier. Et aujourd’hui, il n’y a pas d’Hitler au pouvoir, même si les candidats à sa succession ne manquent pas.

Tout le monde sait désormais ce que signifie « Free Palestine »

Donc, évidemment, ce n’est pas pareil. 

N’empêche, ça ressemble trop au nazisme pré-génocidaire, pour qu’on se contente de regarder ailleurs. Ce juif paniqué nageant dans un canal sous les rires gras de ses tortionnaires qui l’obligent à crier des slogans pro-Hamas (tout le monde sait désormais ce que signifie Free Palestine, pour les malcomprenants, la carte est fournie), évoque ces rabbins qu’on faisait danser sur les rouleaux de la Torah. Alain Finkielkraut rappelle souvent que les nazis riaient tout le temps. S’il n’y a pas d’Hitler, il y a dans nos villes beaucoup de ces « hommes ordinaires » transformés en brutes qui, avant même son accession au pouvoir, faisaient régner la terreur dans les rues allemandes, terrorisant, molestant, arrêtant les opposants, les communistes, les juifs. 

Aujourd’hui, sous les traits d’islamo-racailles fanatisées, ils sont à l’œuvre à Amsterdam comme dans les rangs de Daech. Ils règnent sur les territoires perdus. En Europe, et singulièrement en France, ils ont tué des professeurs, des journalistes, des policiers, des chrétiens, des passants par centaines et des juifs. Les nazis prétendaient rendre justice au peuple allemand en asservissant l’humanité au Reich millénaire, les islamo-djihadistes prétendent défendre leurs frères palestiniens et faire advenir la victoire planétaire de l’islam. Alors ce n’est pas pareil, sans doute, mais contrairement à ce qu’écrit Laurent Joffrin, on a le droit de comparer.

Islam conquérant

L’autre ressemblance entre hier et aujourd’hui, c’est l’inconscience des sociétés libérales. Les démocrates mous du genou regardent ailleurs, espérant qu’une absence de solution (et des palabres) finiront par résoudre le problème. Quant à la gauche, elle s’est sabordée face à l’islamisme comme hier face au nazisme. Toutes ces années, elle a traqué le dérapage, scruté la résurgence, dénoncé le moindre écart de langage des partis « d’extrême droite », ignorant ou minimisant la montée d’un islam politique conquérant, criminel et volontiers totalitaire quand elle ne l’encourageait pas en dénonçant à grands cris l’islamophobie.

Certes, pas toute la gauche. Les mélenchonistes, qui ont lié leurs intérêts de boutique à la progression de l’islam radical, persistent dans l’aveuglement jusqu’au comique. Pour Aymeric Caron, rien ne prouve que les agressions d’Amsterdam étaient de nature antisémite. Sa collègue Marie Mesmeur n’est pas loin (et même très près) d’approuver les nervis islamo-hollandais (on suppose qu’ils sont hollandais) : « Ces gens-là n’ont pas été lynchés parce qu’ils étaient juifs mais parce qu’ils étaient racistes et soutenaient un génocide. »

À force de prendre des coups de réel, beaucoup d’autres doivent bien admettre qu’il y a un problème. En général, ils nient obstinément que celui-ci ait quoi que ce soit à voir avec l’islam et encore moins avec l’immigration, mais on les entend moins proclamer que tout ça, c’est des fantasmes d’extrême droite. La lucidité progresse. Il faut saluer Fabien Roussel, irréprochable ces derniers jours: « Des supporters ont été chassés, menacés, lynchés, dans les rues d’une ville européenne, parce qu’ils sont juifs. » Et aussi Sandrine Rousseau qui, quand elle lit que « des supporters israéliens ont provoqué », réplique « ça ne va pas de justifier la violence comme ça ! » 

Si la ratonnade anti-juive d’Amsterdam était une réponse légitime aux slogans débiles et haineux de supporters, il serait aussi légitime de tabasser Imzalene, Soudais ou Caron. Or cela serait une faute impardonnable.

Il faut aussi saluer la clairvoyance de Laurent Joffrin qui observe qu’une bonne « partie de l’opinion propalestinienne en Europe se laisse glisser dans un antisémitisme terrifiant ». Propalestinienne, qu’en termes galants, mais passons. À la différence de Bernard Kouchner, aussi terrible soit la guerre là-bas, Joffrin ne comprend pas les antisémites d’ici: « Il est clair que la poursuite indéfinie des opérations israéliennes à Gaza et au Liban, avec leur cortège de pertes civiles déchirantes, est propre à échauffer les esprits. Mais on sent bien, aussi, qu’il y a là un terreau local nuisible, alimenté, entre autres, par les courants islamistes, qu’il convient d’évaluer à sa juste mesure et de réprimer sans faiblesse. » 

Pour l’évaluation et plus encore pour la répression, on risque d’attendre longtemps. Bruno Retailleau ne peut pas mener seul toutes les guerres. Or, il est bien tard. Laurent Joffrin est bien seul. La chasse aux juifs d’Amsterdam n’a pas fait les gros titres de la presse, elle n’a pas stimulé la verve des éditorialistes (qui à leur décharge étaient sans doute en week-end). On s’habitue. 

Ça non plus, ça ne vous rappelle rien ?

Par Elisabeth Lévy le 9 novembre 2024

Causeur


[1] Quelques heures plus tard, le secrétaire général lui-même se dit choqué et dénonce d’un même élan l’antisémitisme et l’islamophobie.

[2] « La chasse aux juifs », Laurent Joffrin LeJournal.info, 9 novembre 2024.

jeudi 24 octobre 2024

La laïcité résistera-t-elle aux nouveaux assauts du wokisme?



Consacré par l’article 1er de la Constitution, le principe de laïcité est inscrit en filigrane à l’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Il trouve ses premières expressions législatives en 1882 et 1886 sur l’enseignement primaire, et passe à la postérité avec la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat. Elle institue un régime de neutralité dont l’acception est offerte à la controverse alors même qu’elle consiste moins en la neutralité religieuse de l’Etat qu’à une neutralisation des religions dans la sphère publique (Ph. Raynaud, La Laïcité. Histoire d’une singularité française, Gallimard, 2019). 

L’enquête d’opinion sur « l’état des lieux de la laïcité en France » réalisée en 2020 par l’institut Viavoice, montre que la laïcité constitue pour les Français un principe républicain essentiel (70%) qui fait partie de l’identité de la France (78%). Cependant, les jeunes adultes adoptent dans leur majorité une conception favorable à l’expression publique des identités religieuses (sondage d’opinion réalisé du 14 au 16 juin 2023 par l’institut Kantar-Sofres), et 78% des musulmans considèrent que la laïcité française est islamophobe (sondage Ifop du 7 décembre 2023). Le principe de laïcité signe donc une singularité française, dont la fortune est en déclin malgré la réaffirmation périodique du principe. Il subit l’offensive multiculturaliste et ne peut, seul, résister au défi lancé à notre modèle civilisationnel.

L’offensive multiculturaliste

La crise de la transmission (Jean-Paul Brighelli, La fabrique du crétinL’apocalypse scolaire, L’Archipel 2022) s’inscrit dans le contexte de l’envahissement de l’espace public par les dictats religieux qui ciblent particulièrement l’école. L’affaire bien connue des collégiennes de Creil en 1989 fait penser à cette fable de La Fontaine Conseil tenu par les rats : « Ne faut-il que délibérer, La Cour en conseillers foisonne, Est-il besoin d’exécuter, L’on ne rencontre plus personne »

Aux termes de leur manifeste : « Profs ne capitulons pas ! », Elisabeth Badinter, Régis Debray, Alain Finkielkraut, Elisabeth de Fontenay et Catherine Kintzler dénonçaient déjà un « Munich de l’école républicaine ». Ils identifient dans le voilement des femmes le signe de leur soumission et refusent la mise en balance du principe de laïcité avec la liberté d’expression des élèves. Pénétrer dans les établissements scolaires avec ses certitudes, croyances familiales en bandoulière, et insanités véhiculées par les réseaux sociaux oppose une fin de non-recevoir à la transmission des savoirs. La loi 15 mars 2004 interdit le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse, codifiée à l’article L141-5-1 du Code de l’éducation. Cette loi, qui anéantit la jurisprudence Kherouaa et la circulaire Jospin du 12 décembre 1989, est intervenue à la suite du rapport Obin, et des préconisations de la commission Stasi, dont les membres se sont convertis à la nécessité de l’interdiction au fil des auditions, à l’exception de Jean Baubérot. 

L’auteur des 7 laïcités françaises (Maison des sciences et de l’Homme, 2015) regrette le glissement de la neutralité de l’Etat vers la neutralité imposée à la société civile, au motif que la loi de 1905 n’établirait pas de distinction entre les espaces publics et privés. Prétendument importée de cultures dites d’origines, la « vêture » religieuse des laïques dans l’enceinte scolaire fait montre d’un art consommé de la provocation qui dégénère en violence et intimidation, au point qu’une élève du lycée Sévigné de Tourcoing, gifla le 7 octobre 2024, une professeure qui lui intimait l’ordre d’ôter son voile, et que le proviseur de lycée Maurice Ravel à Paris fut, quant à lui, menacé de mort (« Faut le brûler vif, ce chien »), pour le même motif.

Numéro 123 de « Causeur »

La question des accompagnateurs scolaires s’est à nouveau posée au moment de l’adoption de la loi confortant le respect des principes de la République du 24 août 2021 qui confirme, malgré la position du Sénat, le statu quo ante, défini par le Conseil d’Etat. Si les parents accompagnateurs sont des usagers, la loi de 2004, circonscrit l’interdiction aux seuls élèves, et ne s’applique donc pas aux parents.

La loi du 11 octobre 2010 dispose que « nul ne peut, dans l’espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage ».

Fille aînée de la liberté, la laïcité émancipe les esprits de l’endoctrinement ; sœur jumelle de l’égalité, elle affranchit le corps des femmes de l’embrigadement. Dorine contre Tartuffe en quelque sorte. Tartuffe : Couvrez ce sein que je ne saurais voir : Par de pareille objets les âmes sont blessées, Et cela fait venir de coupables pensées. Dorine : Vous êtes donc bien tendre à la tentation, Et la chair sur vos sens fait grande impression !

Ce féminisme qui défend le port du voile islamique

Les « écoféministes » luttent contre le « patriarcat blanc », défendent en France la liberté des femmes de porter le voile, et détournent le regard de l’oppression intracommunautaire. L’ambivalence de ce cénacle d’idéologues hybrides devant le courage des femmes iraniennes est consternante. Considèrent-ils l’interdiction d’ici et l’obligation de là-bas comme équivalentes, pour juger que les Françaises et les Iraniennes subissent la même oppression ?! Femmes de Paris, femmes de Téhéran ou de Kaboul, même combat ! Guerre des sexes et guerre des races contre l’universalisme, jusque et y compris, pour les plus radicaux, sur la question de l’excision assimilée à une circoncision féminine ! (Fatiha Agag-Boudjahlat, Le grand détournement, Lexio 2019). La propagande wokiste emporte tout dans un maelström d’impostures morales et de terrorisme intellectuel (Jean-François Braunstein, La religion woke, Grasset 2022). La recherche en sciences sociales et humaines est phagocytée par le militantisme académique (Nathalie Heinich, Ce que le militantisme fait à la recherche, Tracts Gallimard, n°29 mai 2021), autant que le « frérisme d’atmosphère » œuvre à rendre la société « charia compatible » (Florence Bergeaud-Blackler, Le frérisme et ses réseaux, l’enquête, Odile Jacob, 2023).

Statuant pour la première fois sur requête du nouveau déféré-laïcité, instauré par la loi du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République, le Conseil d’Etat a confirmé la suspension du règlement intérieur des piscines municipales de Grenoble autorisant le port du « burkini ». Il estime à juste titre que la dérogation très ciblée apportée, pour satisfaire une revendication religieuse, aux règles de droit commun de port de tenues de bain près du corps édictées pour un motif d’hygiène et de sécurité, est de nature à affecter le bon fonctionnement du service public et l’égalité de traitement des usagers dans des conditions portant atteinte au principe de neutralité des services publics (CE ord. 21 juin 2022). Mais, l’ordonnance doit également être lue comme la confirmation d’une jurisprudence favorable aux aménagements pour un motif religieux à condition qu’ils ne soient pas excessifs… 

De même, la haute juridiction, en rejetant le recours des « hijabeuses », a jugé que l’interdiction du « port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, religieuse ou syndicale » prévue par les statuts de la FFF, pouvait légalement être prise puisqu’elle est limitée aux temps et lieux des matchs de football et qu’elle apparaît nécessaire pour assurer leur bon déroulement en prévenant notamment les affrontements ou confrontations sans lien avec le sport. La mesure est donc adaptée et proportionnée (CE 29 juin 2023). Ces pressions revendicatrices interrogent sur le défi lancé à notre modèle civilisationnel.

Le défi civilisationnel

Au XVIIIème siècle, l’exécution du chevalier de la Barre et l’affaire Calas, ouvraient un front contre le fanatisme religieux. Voltaire rendait un réquisitoire contre les superstitions qui colonisent les religions (Traité sur la tolérance, 1763). Désormais, la diffusion du salafisme dans la société civile arme idéologiquement les bourreaux d’une nouvelle ère.

L’écrivain américain, né au Canada, prix Nobel de littérature en1976, Saul Bellow écrit : « Peu de choses sont plus agréables, plus civilisées qu’une terrasse tranquille au crépuscule ». Il baptisait Paris, « ville sainte de la laïcité ». C’est elle qui a été frappée par les attentats du 13 novembre ; le Paris des terrasses de café et des salles de concert. Le principe de laïcité est à un poste avancé. Son abaissement fragilise la liberté d’expression et l’égalité des sexes, et installe « l’insécurité culturelle » (Laurent Bouvet, L’insécurité culturelle. Sortir du malaise identitaire français, Fayard, 2015). Comme un système de vases communicants, à mesure que se réduit le champ de ces droits et principes, s’étend celui de l’intégrisme islamiste qui resserre son étreinte, tel un serpent autour de sa proie. Il impose ses dogmes : l’antisémitisme ; désigne ses cibles : la haine de l’Occident (judéo-chrétien) et de la République (laïque).

Parce qu’ils étaient enseignants, Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie, Dominique Bernard, professeur de français, ont été assassinés. Ces attentats perpétrés pour le premier le 16 octobre 2020 devant le collège de Conflans-Sainte-Honorine, et pour le second dans l’enceinte du lycée Gambetta à Arras le 13 octobre 2023, rappellent la guerre asymétrique livrée contre la liberté d’expression qui, frappant les humanités en plein cœur, visent à réduire au silence et à anéantir le modèle culturel que l’école est censée transmettre.

Funérailles de Dominique Bernard, Arras, 19 octobre 2023 © FRANCOIS GREUEZ/SIPA

La laïcité témoigne d’un processus à l’œuvre qui travaille notre inconscient collectif. Cette singularité française est toutefois en péril, particulièrement à l’école devenue une cible, où la contestation se propage, jusqu’au contenu des enseignements, et par l’autocensure des professeurs confrontés la veulerie administrative du « pas de vague ». Face à la recrudescence des tenues islamiques avec l’apparition des abayas et l’incitation à la prière dans les établissements, le ministre de l’Education nationale Gabriel Attal, après les tergiversations de son prédécesseur, a par la note de service du 27 août 2023 interdit ce type de tenues vestimentaires dans les établissements scolaires publics. Le Conseil d’Etat a par deux ordonnances, rejeté les requêtes en référé liberté et en référé suspension en considérant pour la première, que l’interdiction ne porte pas atteinte à une liberté fondamentale (CE réf. 7 sept. 2023), et pour la seconde, en raison de l’absence de doute sérieux quant à sa légalité (CE réf. 25 sept. 2023). Statuant au fond par un seul et même arrêt, il confirme la légalité de l’interdiction de l’abaya dans ces enceintes (CE 27 sept. 2024).

La réaffirmation périodique du principe de laïcité n’aura pas l’effet escompté sans une maîtrise de l’immigration : « On peut intégrer des individus […] On n’intègre pas des peuples, avec leur passé, leurs traditions…» (Ch. de Gaulle, Propos rapportés par Alain Peyrefitte dans “C’était De Gaulle” éditions de Fallois, Fayard, 1994, tome 1 page 56). Attribut de la souveraineté, la politique migratoire doit être définie en fonction des capacités d’accueil (travail, logement…) et des facultés d’assimilation de la langue et du système de valeurs. Le Danemark et la Suède, pour les pays scandinaves rompus au consensualisme politique, ont su dresser le diagnostic et trouver leurs remèdes. La France serait bien inspirée, plutôt que de sombrer dans le palliatif, d’expérimenter sa propre méthode prophylactique et curative pour enfin offrir ce qu’elle a de meilleur à qui pourra en suivre le destin dans sa continuité historique. 

Le Général de Gaulle débute ces mémoires d’espoirs (Le renouveau 1958-1962) par cette formule restée célèbre « la France vient du fond des âges… Elle demeure elle-même le long du temps… Aussi l’Etat, qui répond de la France, est-il en charge, à la fois de son héritage d’hier, de ses intérêts d’aujourd’hui et de ses espoirs de demain ». Le principe de laïcité participe de ce mouvement que les chantres de la société inclusive abhorrent.

Par Wilfried Koepfer le 21 octobre 2024

Causeur


dimanche 13 octobre 2024

Que nous est-il arrivé?



Il y a deux jours Georges Malbrunot, journaliste reconnu pour son expertise du Proche-Orient écrivait sur X: « Mme la présidente de l’Assemblée nationale fait mine également d’ignorer que la France, loin de « désarmer Israël », continue de participer au « Dôme de fer » qui permet à Israël d’intercepter des missiles iraniens, par exemple. »

Ainsi pour un certain courant de pensée français favorable aux Palestiniens dont Malbrunot est un représentant éminent, il est convenu de penser et d’écrire qu’Israël n’aurait même pas le droit de se défendre, via le Dôme de fer, des missiles iraniens qui sont régulièrement envoyés en masse sur son territoire. Et il serait honteux que la France ne contribue pas au désarmement d’Israël et fournisse à l’Etat hébreu des composants pour son système de défense aérienne.

Hostilité croissante

Pour ce courant de pensée, donc, Israël n’a plus le droit de se défendre. Quelle est la prochaine étape ? Faudra-t-il interdire aussi aux forces de l’ordre en France de porter assistance aux juifs victimes d’actes antisémites ? J’avoue que ce soir, en découvrant ce tweet, j’ai été bouleversé. Je connaissais les opinions de Malbrunot, mais je ne pensais pas qu’on puisse, en France, en arriver à énoncer des choses pareilles, à l’abri de la pensée dominante. J’en ai pleuré pour mon pays, qui de toute évidence voit s’étendre comme un feu de savane l’hostilité à l’égard d’Israël, mais aussi des juifs.

De culture politique gaulliste, j’ai toujours fait mienne la philosophie politique concernant Israël telle que l’avait exprimée le général de Gaulle en 1967, bien que j’aie toujours regretté qu’il y glissât cette saillie qui peut sembler un peu antisémite, en tout cas injuste et inutile, en parlant du « peuple dominateur ». J’ai regretté aussi que les gouvernements israéliens successifs autorisent l’implantation de colonies juives en Cisjordanie. J’ai longtemps fait mienne, pour les mêmes raisons, la fameuse « solution à deux Etats » dont les chancelleries occidentales font la promotion depuis 40 ans.

Pourtant, bien des choses sont advenues depuis que Rabin et Arafat ont envisagé de faire la paix. Israël a commis des erreurs manifestes, en implantant des colonies, ou en favorisant le Hamas au détriment du Fatah et de l’OLP. Mais peut-on, au nom des erreurs passées, ne pas prendre en compte la nouvelle situation qui est advenue, même si elle résulte de ces erreurs ? Ainsi, beaucoup d’historiens remettent en cause les erreurs de la France dans la gestion du traité de Versailles et sa responsabilité indirecte dans la montée du nazisme. Fallait-il pour autant ne pas déclarer la guerre à l’Allemagne en 1939 ? De même, les occidentaux ont commis des erreurs manifestes vis-à-vis des Russes et les Ukrainiens, dans la gestion de la crise au Donbass depuis 2014. Fallait-il pour autant renoncer à aider l’Ukraine à se défendre contre l’invasion russe ? A l’évidence, non. Les situations créées par les erreurs passées sont là, et il faut les affronter pour les dangers qu’elles représentent aujourd’hui.

A l’évidence, Israël est aujourd’hui, et plus que jamais depuis le 7 octobre 2023, entourée d’activistes, de miliciens, de terroristes, d’armées, qui lui sont profondément hostiles et qui veulent sa destruction. Au nord avec le Hezbollah, au sud avec le Hamas, au grand est avec l’Iran et dans une moindre mesure la Syrie. Peut-on imaginer dans le cadre de la « solution à deux États » que s’installe au cœur même de son territoire, en Cisjordanie, un État profondément hostile à Israël qui consacrerait toute son énergie et son économie à constituer des stocks de roquettes et de missiles, comme l’a fait depuis 20 ans le Hamas à Gaza redevenue indépendante ? La France accepterait-elle que s’installe en Seine-Saint-Denis un État inféodé à Daech qui enverrait tous les soirs une salve de missiles sur Notre-Dame ?

Les victimes devenues bourreaux

Peut-on faire comme si rien n’avait changé dans la ligne politique palestinienne depuis 2001, ne pas prendre en compte sa mutation d’un mouvement nationaliste arabe vers une idéologie islamiste irréductible pilotée et inspirée par des mollahs qui sèment la terreur au Moyen-Orient depuis 50 ans ? Peut-on demander à Israël de prendre le risque d’être totalement encerclé par des forces qui veulent sa destruction ? Tout honnête homme répondra non, et reconnaîtra à Israël le droit à se défendre et à desserrer l’étau qui l’oppresse. La solution à deux Etats est morte, et ne sert plus que d’élément de langage prêt à l’emploi au Quai d’Orsay ou au Département d’État américain. Un diplomate suisse évoquait récemment une confédération sur le modèle helvétique, dans laquelle deux peuples cohabiteraient dans un même État… C’est peut-être une piste à suivre, en tout cas elle n’est pas encore d’actualité.

Mais revenons à la France. J’ai dit que « tout honnête homme reconnaîtra à Israël le droit à se défendre »… En est-on certain ? Il n’a pas fallu une semaine après le 7 octobre 2023 pour faire des victimes les bourreaux. Et depuis un an monte comme une vague que rien ne semble arrêter l’hostilité à l’encontre d’Israël. Il suffit de parcourir les médias et les réseaux sociaux pour se rendre compte que cette hostilité s’étend aux « sionistes », nom de code pour désigner les juifs. Il serait naïf de penser que cette hostilité ne serait le fait que de la population musulmane qui réside en France. Elle s’implante dans plusieurs secteurs de la population. Chez les musulmans, on l’a dit, et ils sont nombreux. Dans l’extrême gauche, aussi, chez LFI notamment. Mais l’hostilité irradie largement chez ses alliés du PS. Elle fait aussi ressurgir l’antisémitisme de la droite conservatrice, j’en ai été témoin très récemment, en faisant remonter de vieux griefs sur la disparition des chrétiens orientaux. Et surtout, c’est là la masse la plus importante, elle s’implante dans le centre, ce qu’on appelait autrefois le marais, où politiques, médias, intellectuels ou universitaires cherchent des accommodements (ir)raisonnables avec les musulmans, parce qu’ils sont là « et qu’il faut bien faire avec eux » ; les juifs pourraient tout à fait jouer à nouveau ce rôle de bouc-émissaires, surtout dans la jeunesse qui n’a pas connu la Seconde Guerre mondiale et ses répercussions dans la vie politique des Trente glorieuses. Il naît aujourd’hui 23% de musulmans en France et moins de 1% de juifs… Ces chiffres cyniques emportent les calculs de ceux qui ne veulent pas de problèmes avec les banlieues. Les choix sont faits et se feront dans ce sens. 

Caroline Fourest révélait ainsi lundi 7 octobre sur LCI que Yassine Bellatar, l’activiste musulman bien connu, avait été reçu deux fois à l’Élysée dans la semaine précédant la grande manifestation contre l’antisémitisme en 2023. Il aurait convaincu Emmanuel Macron de ne pas s’y rendre « pour ne pas mécontenter les banlieues ». Le conflit au Proche-Orient a été de facto importé en France quand on a laissé entrer une masse de plus en plus importante et incontrôlée d’orientaux sur notre territoire. 

C’est une évidence. Mais plus encore ce conflit est révélateur des fractures qui traversent notre société. La culpabilité qui nous ronge (« les sanglots de l’homme blanc » comme l’écrivait Pascal Bruckner) nous divise en profondeur. Il n’est qu’à écouter le Pape qui vient d’inventer sept nouveaux péchés (!) dont « le péché contre les migrants » pour se rendre compte que nous n’avons plus rien à opposer d’autre que notre faiblesse à ceux qui nous stigmatisent à longueur de temps. Nous n’avons plus assez de joues à tendre aux coups de nos ennemis. Israël, lui, répond coup pour coup et révèle la force que nous avons perdue. 

Il nous reste la honte.

Par Xavier Théry le 10 octobre 2024

Causeur

mardi 10 septembre 2024

Intifadas?

 


Par Charles Rojzman le 10 septembre 2024

Causeur

Dimanche 8 septembre, place de la Nation, à Paris. Lors d’une manifestation propalestinienne intitulée « 11 mois de génocide… stop !», organisée par le collectif « Urgence Palestine », l’un des intervenants s’est fait remarquer à la suite de propos incitant les Parisiens à mener l’« intifada » dans la capitale 

Incendiaire

Il s’agit d’Elias d’Imzalène, fondateur du site « Islam et Info ». Ce militant islamiste apparait comme l’un des leaders du mouvement Urgence Palestine. Il est également cité dans une note des renseignements ayant motivé la fermeture de la mosquée de Torcy en 2017. Cette mosquée était considérée comme un foyer extrémiste, enseignant le combat contre « les mécréants » et encourageant le djihad.

Elias Imzalène a donc appelé les manifestants à mener une intifada à Paris. « Est-ce qu’on est prêts à mener l’intifada dans Paris ? Dans nos banlieues ? Dans nos quartiers ? » a-t-il demandé lors de son discours, devant une foule en liesse qui acquiesçait en chœur. « La voie de la libération… démarre de Paris » a-t-il hurlé, avant d’annoncer que « bientôt, Jérusalem sera libérée et nous pourrons prier au masjid al-Aqsa (la mosquée al-Aqsa, à Jérusalem) ». Et de poursuivre : « Le génocide a des complices. Ils s’appellent Biden, ils s’appellent Macron, Macron le voleur d’élections, n’est-ce pas ? On les connaît les voleurs, qui habitent à l’Élysée et à Matignon. On les connaît. Et est-ce qu’on est prêts à les virer, eux aussi ? », a-t-il demandé aux manifestants.

Ressentiment post-colonial

De nombreux enfants de l’immigration du Maghreb et d’Afrique subsaharienne ont été élevés dans leur famille et ailleurs, y compris dans certaines mosquées, dans le ressentiment post-colonial. Souvent inconscients de ce qu’ils portent en eux, ils traduisent un esprit de revanche, aggravé et renforcé par la violence qu’ils voient dans le cercle familial et dans le quartier. Les parents ont entendu depuis plusieurs dizaines d’années la litanie d’une France raciste et excluante et qui, de plus, a colonisé le pays d’origine. Ils se voient victimes de discriminations de la part de ce peuple qui a colonisé leurs grands-parents. La guerre d’Algérie et la lutte des indépendances ne sont pas terminées. Le combat pour la Palestine sert de prétexte et de support à ces ressentiments.

Plus encore, il se passe dans notre pays, toutes proportions gardées, à peu près ce qui a lieu au Proche-Orient. Israël également est considérée par la jeunesse des pays arabes comme une puissance colonisatrice qui a volé une terre qui ne lui appartient pas. Cet apartheid qu’on impute à Israël, c’est celui que ressent cette jeunesse de nos quartiers en France-même. Ici comme là-bas, c’est le même ressentiment, la même plainte, la même envie à l’égard de ceux qui ont tout et qui les privent de tout. Là-bas comme ici, la réalité est ignorée au profit d’une propagande victimaire et revancharde. « La police qui tue », c’est l’équivalent de Tsahal dans les territoires « occupés », comme le sont pour beaucoup de ces jeunes leurs quartiers également occupés par les institutions d’un État illégitime.

Comment ne pas voir cette ressemblance inquiétante dans les motivations de ces jeunes qui n’hésitent pas à affronter les forces de l’ordre d’un pays qu’ils ne veulent pas respecter, dans beaucoup des vingt-quatre mille refus d’obtempérer par an ? 

Comment ne pas voir dans ce terrorisme qui a frappé au Bataclan, à Nice et ailleurs, dans ces attaques au couteau qui se multiplient, dans ces agressions pour un regard, une cigarette refusée, une expression de cette haine et de cet esprit de revanche qui ont longtemps couvé et qui éclatent désormais au grand jour ?

mercredi 28 août 2024

Quand le vote communautaire commence à se retourner contre les partis traditionnels à Bruxelles



L’irruption sur la scène politico-médiatique de Fouad Ahidar, autrefois socialiste flamand, pourrait être un tournant politique majeur en Belgique. Aux dernières élections de juin, son parti a obtenu trois députés bruxellois (et un élu au Parlement flamand) après une campagne menée à destination de la communauté arabo-musulmane. L’homme, qui est l’objet d’une plainte après avoir qualifié les juifs de « psychopathes » et qui a décrit les événements du 7 octobre comme une « petite réponse d’une partie du Hamas », est le nouvel étendard du vote communautaire. À terme, il pourrait s’accaparer une part grandissante des suffrages dans une capitale où se côtoient toutes les nuances d’un islamo-gauchisme plus que jamais soudé par les événements au Proche-Orient.

Inquiétant contexte

Remettons-nous dans le contexte bruxellois. Plus que nulle part ailleurs, l’antisionisme et la dénonciation d’Israël y sont souvent le cache-sexe de sentiments bien plus fangeux. La recrudescence de l’antisémitisme dans la capitale belge a ainsi été clairement mise au jour par un récent sondage à l’occasion duquel 22 % des « Bruxellois » ont déclaré leur aversion pour les Juifs ; 41 % que ceux-ci contrôlent la finance et 40 % qu’ils dirigent les médias – pourtant plutôt complaisants à l’égard la cause palestinienne, sans oublier le boycott par la chaîne publique flamande de la chanteuse israélienne à l’eurovision.

Tel un symbole, le professeur israélien Elie Barnavi, partisan de la création d’un Etat palestinien et peu suspect de sympathies politiques à droite, fut empêché, peu avant la trêve des confiseurs, de tenir une conférence à l’Université libre de Bruxelles : lui, l’allié de la cause palestinienne, était donc déclaré persona non grata, en raison de sa nationalité et de ses origines, soit la définition même du racisme. S’il n’y avait pas eu ça et là quelques drapeaux LGBT, on pourrait écrire que le campus de l’ULB fut alors devenu, pendant plusieurs semaines, une mini-bande de Gaza : les drapeaux palestiniens pendirent aux fenêtres de bâtiments dégradés par les activistes ; le keffieh fut porté avec ostentation ; les slogans, jusqu’aux plus nauséabonds, fusèrent comme autrefois les chants estudiantins ; on y utilisa davantage le terme « génocide » que l’expression « libération des otages » ; la violence n’était jamais loin, jusqu’à l’agression de deux étudiants portant le drapeau israélien ; le rectorat mit fin aux accords de recherche avec les universités israéliennes et les professeurs se mirent au diapason : pour soutenir « la cause », certains ont déclaré vouloir faire la « grève de la surveillance » lors des examens (« étudiants, trichez, c’est pour la bonne cause ! »). 

La lutte des races supplante la lutte des classes

Il n’est dès lors pas étonnant de constater que l’islamo-gauchisme se transforme toujours plus clairement en gaucho-islamisme ; autrement dit, la lutte des classes passe au second rang, derrière l’affirmation religieuse. Bruxelles avait été la pionnière en faisant élire, il y a quinze ans, la première femme voilée dans un Parlement en Europe : Mahinur Özdemir, représentante du Centre démocrate humaniste (aujourd’hui Les Engagé-e-s) et présentée alors comme parangon de la diversité heureuse, a depuis été écartée de la vie politique en raison de son abnégation à refuser de reconnaître le génocide arménien et a rejoint le gouvernement… turc de Recep Tayyip Erdogan. À la même époque, les Loups gris turcs faisaient déjà de l’entrisme sur les listes, et certains députés militaient pour la libération d’Oussama Attar qui deviendrait plus tard le cerveau des attentats de Paris.

Mahinur Ozdemir, en 2006, à Bruxelles © CLAVIERES VIRGINIE/SIPA Numéro de reportage: 00581309_000003

Entretemps, de nouvelles figures, toujours plus nombreuses, ont émergé. C’est le cas notamment de Ridouane Chahid, bourgmestre (= maire) socialiste d’Evere, une des dix-neuf communes bruxelloises, à la Tabaâ tamponnée sur le front (marque indiquant une grande assiduité religieuse), qui a fait hisser un drapeau palestinien au fronton de sa maison communale. Mais on n’est plus à cela près : l’ancienne co-présidente d’Ecolo fut maintenue en place après avoir relayé sur ses réseaux sociaux une comptine appelant à « tuer les fils de Sion » ; elle ne fut poussée que récemment vers la sortie en raison des… mauvais résultats de sa formation politique (dus entre autres à un wokisme délirant et une politique de mobilité désastreuse).

Complaisances

Les autres élus ne semblent pas s’en alarmer outre mesure et se complaisent dans le rôle d’idiots utiles. Ainsi en est-il, par exemple, de l’écologiste Alain Maron : dans une interview surréaliste, celui qui était encore ministre a déclaré, sans nuance, que l’ « islam est pour l’égalité hommes-femmes et le droit à l’avortement ». Et que dire de Défi, parti ouvertement laïc qui, pour rester dans le précédent gouvernement, ferma les yeux sur une affaire de port du hijab dans une société publique ? Tout ce petit monde tente aujourd’hui de former un gouvernement régional bruxellois : face au blocage, il se murmure que les socialistes flamands pourraient vouloir y intégrer la formation de Fouad Ahidar. Ce dernier sait que le temps, à court et à long terme, joue en sa faveur. Dans tous les cas, il a déjà annoncé vouloir présenter des listes aux élections communales qui se tiendront en octobre. Il reste à voir si celles-ci connaîtront la voie de l’éphémère parti Islam qui avait eu pour vocation d’instaurer la charia en Belgique ou celle de leurs homologues qui, au Royaume-Uni commencent à faire de l’ombre aux travaillistes. Quoi qu’il en advienne, les partis « du système » commenceront peut-être alors à se mordre les doigts d’avoir longtemps joué une carte communautaire qui commence à leur échapper.

Par Gregory Vanden Bruel le 27 août 2024

Causeur

lundi 5 août 2024

Macron/JO: et après la “parenthèse enchantée”?



Le président de la République n’en revient pas du succès de « ses » Jeux olympiques, à tel point qu’il a quitté Brégançon pour venir les voir de plus près. Sans doute pour ne pas laisser au seul Gabriel Attal le bonheur d’être omniprésent…

Il continue, dans une même effusion, à confondre les formidables victoires françaises avec une cérémonie d’ouverture dont il persiste à défendre les promoteurs, vantant son « audace » qui aurait beaucoup appris à la France et au monde. On aurait attendu de lui plus de compréhension pour les tenants d’une autre France. À choisir, j’aurais préféré avoir celle d’Alain Finkielkraut plus que celle d’Edwy Plenel ou de Patrick Boucheron – pour qui les crimes odieux de janvier 2015 constituaient « des assassinats politiques » !

La nomination d’un Premier ministre attendu d’ici une dizaine de jours

Il paraît que malgré ses postures « sportives » à Brégançon, Emmanuel Macron réfléchit au futur politique qui devrait prendre forme vers la mi-août. Ce qu’il montre cependant à l’heure actuelle relève plus d’une désinvolture affectée que d’une gravité certaine. Ce ne sont pas nos horloges qui l’intéressent mais les siennes. Une étrange sensation règne dans le pays depuis le double échec du macronisme aux élections européennes et au premier tour des législatives. 

Puis la déconfiture artificiellement provoquée du RN au second tour et surtout la dissolution. Alors que le président apparaissait comme un bourreau de travail, le jour, la nuit – une légende abondamment exploitée -, on a l’impression que nous sommes actuellement dans une mi-temps qui dure beaucoup trop : Emmanuel Macron paraît lui-même perdu à la suite de sa décision qui a bouleversé pour le pire le climat démocratique. 

Il nous fait attendre, mais connaît-il lui-même la réponse aux questions qu’on lui pose ? Quand notre pays sera-t-il à nouveau gouverné ?

La France Insoumise indigne encore

Car pendant cet intermède la gauche et l’extrême gauche continuent à faire de la politique pour le pire. La France Insoumise ne se passionne pas du tout pour les JO : euphémisme ! Sophia Chikirou ne désarme pas et se fait « la porte-parole de la haine des Juifs dans le monde ». Plusieurs membres du PS se sont désolidarisés d’elle. Une enquête a été ouverte d’ailleurs à la suite de cette dernière et odieuse provocation.
Lucie Castets, imperturbable, se prend pour la Première ministre qu’elle n’est pas et ne sera pas. 

Sa haute opinion d’elle-même ne compensera pas sa faible assise politique reconnue même par Mediapart, c’est dire ! Elle « cherche la clé pour gouverner » mais heureusement ne la trouve pas !

Ces éléments démontrent que, le président s’amusant, ses adversaires s’activent et qu’il serait temps d’offrir une perspective au pays autre que sportive. Les JO terminés, Antoine Dupont, Léon Marchand et Teddy Riner resteront dans nos mémoires mais la France sera telle qu’avant : en recherche d’un vrai président, d’un Premier ministre efficace et d’une politique cohérente !

Par Philippe Bilger le 5 aôut 2024

Causeur