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lundi 23 septembre 2024

T. Guénolé, ce « résistant » qui veut faire interdire le RN…


Par Arnaud Florac le 22 septembre 2024

Boulevard Voltaire

Quand André Malraux prononça le célèbre « Entre ici, Jean Moulin » devant le Panthéon, il n’imaginait probablement pas qu’il faudrait laisser de la place dans la tombe du cher grand homme pour qu’il puisse s’y retourner. De fait, ceux qui se proclament résistants, en 2024, n’ont rien à voir avec ceux de 40, quoi qu’ils en pensent, et leurs positions salissent même sans vergogne l’engagement patriotique des héros de la France libre.

Prenons, aujourd’hui, l’exemple de Thomas Guénolé, politologue d’extrême gauche. Ce brave homme, malgré une culture universitaire que l’on suppose remarquable, n’a pas peur du tragique - ni du ridicule, qui est souvent son proche voisin. En juin dernier, il s’est fendu d’une vidéo en noir et blanc, publiée sur YouTube, dans laquelle il énumérait les nombreuses mesures qui attendaient les Français d’origine maghrébine en cas de victoire du Rassemblement national. Ce goût d’en faire des caisses, tout de même, chez les gauchistes… 

Dans la foulée de ce bel acte de résistance citoyenne, ce Jean Moulin d’entrée de gamme a fondé, en juillet 2024 - attention, tenez-vous bien -, un réseau de résistance secret (mais dont la pub est sur son site) : le Réseau de résistance à l’extrême droite. 

Laissons la parole à notre pourfendeur du nazisme : « Le 1er juillet 2024, sept jours avant l’arrivée probable du RN au pouvoir en France, Thomas Guénolé a annoncé la création d’une organisation de résistance non violente : le Réseau de résistance à l’extrême droite (RRED). Le RRED a pour but d’agir pour résister au gouvernement d’extrême droite. Ses principales méthodes sont le refus par les fonctionnaires d’exécuter certains ordres, la désobéissance civile et l’activisme judiciaire. Le RRED est ouvert aux résistants anti-extrême droite de tous métiers, milieux, âges, genres et de toutes sensibilités politiques. L’identité des membres du RRED est strictement confidentielle. Pour rejoindre le réseau, contactez Thomas Guénolé sur Signal uniquement (voir la rubrique "Contact" de ce site). Indiquez dans votre message votre profession et la ville où vous êtes en poste. »

Bref, venons-en au fait. Thomas Guénolé vient de proposer d’interdire le RN. Rien que ça. 

Invité sur France Info pour parler de son livre Manuel de résistance à l’extrême droite, il a été sans ambages : « Je pense qu'il faut interdire le Rassemblement national. C'est prévu par l'article L212-1 du Code de sécurité intérieure. Motif d'interdiction : provocation à la discrimination et à la haine. En l'occurrence envers la population d'origine maghrébine. » Voili, voilou. Onze millions de Français auraient été aveuglés. Il suffirait d’interdire le vilain parti qui est à l’origine de tous les maux.

Interdire un parti politique pour défendre la liberté. On n’y avait pas pensé. Ce que c’est, tout de même, que d’être de gauche : ça vous donne des idées qu’un autre positionnement politique vous inciterait probablement à trouver stupides. 

Ils sont vraiment excellents. En tout cas, on souhaite bien du courage à M. Guénolé, car il semble, au contraire, que la bonne fortune du RN n’en soit qu’à ses débuts.

lundi 5 août 2024

R.-U. : répression sévère des manifestants anti-immigration



Il y a quelques jours, souvenez-vous, un jeune homme de 17 ans est entré dans une école de danse de Southport avec un couteau et a massacré trois petites filles et une femme. Plusieurs autres personnes ont été gravement blessées. L'auteur a été arrêté et l'affaire aurait pu en rester là. Peut-être les autorités considéraient-elles d'ailleurs que l'affaire aurait dû en rester là. C'était un fait divers, voilà, c'était bien triste, mais on n'y pouvait rien. Dormez, bonnes gens : l'origine rwandaise du meurtrier et l'utilisation d'un couteau n'avaient rien de significatif.

Il semble, cependant, que nombre de nos voisins britanniques en aient assez, cette fois. 

Des manifestations monstres éclatent un peu partout, de l'autre côté de la Manche, pour demander une chose : l'arrêt immédiat de l'immigration de masse. Ce n'est pas beaucoup demander, mais c'est déjà trop. Les « bobbies » ont été mobilisés pour réprimer ces manifestations, évidemment imputées à l'extrême droite. Comme toutes les polices du monde, leur travail consiste à rétablir l'ordre, et quand on peut rattacher le désordre à l'extrême droite, c'est open bar

Les coups pleuvent et les arrestations sont massives. 

Le Premier ministre travailliste Keir Starmer, nouvellement investi, a promis à la télévision une répression très dure et il est en train de tenir parole. Le ministre chargé de la police, Diana Johnson, a assuré sur la BBC que les forces de l’ordre « ont toutes les ressources nécessaires », ajoutant même que les tribunaux pourraient être amenés à siéger la nuit pour que la justice soit rendue plus rapidement...

Face à ces manifestations, des cortèges de musulmans, hurlant Allah Akbar, parfois cagoulés et, visiblement, pas vraiment animés d'intentions pacifiques, se sont organisés. Eux, semble-t-il, on les laisse passer, probablement de peur d'être islamophobe. Difficile de savoir si les choses vont se calmer : ça n'en prend pas le chemin mais, comme pour les gilets jaunes chez nous, peut-être que quelques centaines d'yeux crevés rétabliront un calme précaire. Jusqu'à la prochaine tuerie qui n'aura rien à voir avec l'immigration ni avec l'islam.

Allez voir les images de cette révolte, amis lecteurs. Malgré un black-out presque total dans les médias français, on les trouve très facilement. Les propos de la classe politique britannique soulèvent le cœur. Certaines images, elles, émeuvent parce qu'elles semblent signaler le réveil d'un peuple malgré les sédatifs du politiquement correct : ainsi de cette marche, en Irlande du Nord, qui a réuni des protestants et des catholiques dans les rues de Belfast, contre les conséquences funestes de l'immigration de masse. Ce n'est peut-être pas à cela que Michel Sardou pensait dans Les Lacs du Connemara, quand il disait que les Irlandais feraient « la paix autour de la croix », mais ce n'était jamais arrivé auparavant. Il va falloir déployer des trésors de mauvaise foi pour mettre cela sur le dos d'une quelconque extrême droite.

Le communautarisme à la britannique arrive, visiblement, à ses limites.

Par Arnaud Florac le 4 août 2024

Boulevard Voltaire

vendredi 2 août 2024

Baisse historique des naissances en 2024 : vers un déclassement démographique ?



L'année 2024 entre dans sa dernière phase, et, à la faveur du mois d'août, on commence à faire certains comptes. L'INSEE a ainsi publié, le 1er août, le bilan des naissances du premier semestre de cette année. Ainsi, seulement 326.131 bébés ont vu le jour en France entre le 1er janvier et le 1er juillet: c'est le plus bas niveau historique, pire encore que l'année 2023, qui était déjà bien triste. Si le taux de fécondité moyen se maintient autour de 1,68 enfants par femme, faisant de la démographie de notre pays l'une des plus dynamiques des pays développés, ce n'est tout de même pas terrible.

On peut chercher les causes de ce déclin démographique dans de nombreuses directions : crise économique, mariages tardifs, manque de confiance dans l'avenir… On peut aussi avancer le chiffre (stable, quant à lui) de 200.000 avortements par an, qui promet un sinistre croisement des courbes dans quelques décennies, au train où vont les choses. Les conséquences de cette pénurie de naissances risquent, elles aussi, d'être multiples. Le démographe Gérard-François Dumont, interrogé par Les Échos, anticipe une fragilisation mécanique de notre modèle social. Il ne parle pas du régime des retraites, mais tout le monde a compris. Pour pouvoir continuer avec un régime par répartition, c'est-à-dire pour que les jeunes paient les retraites des anciens, il faut des naissances.

Le réarmement démographique a tourné court

Emmanuel Macron, lui aussi, a bien compris qu'il allait y avoir un problème. Aussi avait-il lancé un plan de réarmement démographique, qui prévoyait un congé de naissance mieux rémunéré que le congé parental, pour les deux parents. Il prévoyait aussi de s'attaquer à l'infertilité, qui n'est peut-être pas la cause principale de cette baisse - mais le geste allait dans le bon sens. La dissolution de l'Assemblée nationale a rebattu les cartes. Le projet est pour l'instant en stand-by. Peut-être sera-t-il définitivement enterré à la rentrée. Le tempo médiatique n'est pas celui de la survie du peuple.

Pour sauver ce qui peut l'être, Gérard-François Dumont préconise d'en revenir à l'universalité des allocations familiales et de déplafonner le quotient familial. Là aussi, l'idée va dans le bon sens, mais… les causes de cette baisse de la natalité ne sont-elles pas plus profondes ? La société tend à flatter les égoïsmes. Les mariages sont tardifs et fragiles. Les enfants sont considérés comme des poids, des entraves à la carrière. On regarde les familles nombreuses comme des productrices de carbone. C'est peut-être d'un changement de mentalité qu'il s'agit.

Le mauvais exemple japonais

Il y a enfin une dernière question, en embuscade derrière ce triste constat: nous prépare-t-on une nouvelle vague d'immigration massive pour « combler » le déficit de naissances françaises ? Ce n'est pas du tout impossible, et des politiciens cyniques pourraient fort bien renvoyer la balle aux Français mécontents : « Vous ne voulez pas d'immigrés, vous ne voulez pas d'enfants, mais vous voulez des retraites, comment voulez-vous qu'on fasse? »

Les Japonais, dont la population vieillit dans des proportions encore plus dramatiques, ont fait un autre choix: celui de préserver leur peuple et de robotiser ce qui peut l'être. Eux-mêmes sont en train d'ouvrir un peu plus les vannes de l'immigration car ils ne s'en sortent pas. C'est d’élan vital qu'il s'agit, en somme, et il est douteux qu'une poignée de mesures incitatives produise son effet dans l'intimité d'un peuple qui ne semble plus avoir envie de vivre. Gardons l'espérance - et l'oeil sur les chiffres.

Par Arnaud Florac le 2 août 2024

Boulevard Voltaire

vendredi 28 juin 2024

RN au pouvoir : assassinats, Titanic, attentats, et pluie de sauterelles ?



Le succès du Rassemblement National n'en finit pas d'affoler une gauche qui, à force de chercher à se faire peur, risque bien de finir par y arriver. 

On promet aux gens qui votent RN aujourd'hui, comme à ceux qui votaient FN hier, mille tourments. On ne peut plus vraiment leur cracher dessus, car ils représentent presque 40 % des votants (quoique certains médias et certaines belles âmes autoproclamées ne s'en privent pas). Alors on est obligé, si on veut jeter l'opprobre sur ce vote, d'avoir recours à d'autres stratagèmes un peu plus retors. On ne traite plus les électeurs de cons, car ils sont nombreux. On ne critique même plus vraiment le programme du RN, car beaucoup de gens le jugent raisonnable. 

Il ne reste qu'une option : la prospective catastrophiste sur les conséquences.

Dans ce registre-là, les vannes sont ouvertes. On peut y aller, on peut raconter n'importe quoi, puisque c'est pour lutter contre la haine. 

Prenez le cas d’Arié Alimi, avocat de Jean-Luc Mélenchon et Taha Bouhafs. Pour lui, c'est clair: « beaucoup de juifs, des arabes, des musulmans et des noirs seront assassinés après l'élection du RN ». Pas mal. 

On avait cru comprendre que l'assassinat des Juifs était plutôt la spécialité du Hamas, et que le soutien au Hamas était plutôt la spécialité des gauchistes. On avait tort. Quant aux assassinats massifs de représentants de la diversité, malgré des dizaines de séries et de documentaires consacrés à la mort de Malik Oussekine, la gauche n'a jamais réussi à convaincre personne (et pour cause !) que le RN était un parti intrinsèquement porté sur la ratonnade.

Il y a encore mieux que ces affabulations ridicules. Si, si. Un article du Monde, notre Pravda à nous, qui paraît le soir avec la date du lendemain pour mieux prendre de court le réel, s'intéresse au risque de recrudescence des attentats djihadistes en cas d'arrivée au pouvoir du parti de Jordan Bardella. C'est un certain Christophe Ayad qui s'y colle : pour lui, la polarisation induite par la victoire du RN favoriserait la radicalisation des Français de confession musulmane. 

Ça alors. On croyait que l'islam était une religion de paix et ne posait pas de problème particulier. Du coup, les Français musulmans radicaux que le RN n'aurait pas assassinés (voir ci-dessus) tueraient des Français laïcs pour des raisons politiques? Pour lutter contre l'extrême-droite à leur manière, en quelque sorte? C'est un tout petit peu tiré par les cheveux…

En parlant de cheveux, la palme de la métaphore, en matière de critique du RN, revient sans doute à Bernard-Henri Lévy. Le philosophe multi casquettes a comparé la montée du RN ces vingt dernières années à un « Titanic long »-comme il existe un Covid long, sans doute. Il ferait bien de se demander si la coque ce Titanic (qu'est la France dans son esprit) n'a pas plutôt pris de furieux coups de hache, ces dernières décennies, de sa part à lui comme de la part de ses amis.

À ce tableau grotesque, il ne manque que la pluie de sauterelles ou les fleuves changés en sang. Patience. Nos prophètes de grande surface regorgent d'idées. Qu'ils se dépêchent toutefois car le premier tour est dimanche…

Par Arnaud Florac le 27 juin 2024

Boulevard Voltaire

mardi 2 avril 2024

Affaire Mahaut Drama : appeler à l’insurrection armée contre le RN, pas grave du tout ?



Ce que l’on appelle « l’affaire Mahaut Drama » aurait pu n’être qu’une saillie de mauvais goût, mais elle est devenue un fait grave et symbolique. Il faut commencer par reconnaître que personne ne connaissait, jusqu’à présent, cette trentenaire, d’abord journaliste à LCI puis humoriste, dont les thèmes de prédilection sont, entre autres, le féminisme et les LBGTQI+. Elle a su joindre ses deux passions (l’exposition médiatique et l’humour de gauche) en étant, depuis 2023, chroniqueuse sur France Inter, avec nos impôts évidemment. Avec une telle collection de brevets en respectabilité, il était bien normal que la caste médiatique s’intéresse d’un peu plus près à Mahaut Drama (le nom de scène de Mahaut di Sciullo, emprunté à l’expression américaine drama queen pour désigner quelqu’un qui en fait des tonnes et prend tout au tragique d’une manière exubérante).

Cibles habituelles et ton subversif

Dès lors, qu’y avait-il de plus respectable que d’inviter cette humoriste tellement postmoderne sur une estrade de Mediapart, le 16 mars dernier ? Pas pour du stand-up, cette fois : pour réfléchir aux dangers de la montée de l’extrême droite. C’est ça, qui est bien, avec les humoristes de gauche : ils ont un côté rigolo, pour dégommer les cibles habituelles en se donnant un genre subversif, et un côté sérieux, pour s’ériger en procureurs. Pile, la dérision ; face, le catéchisme : l’un répond à l’autre, dans un mouvement perpétuel qu’un Guy Bedos hier, un Yann Barthès aujourd’hui, ont très bien compris. Et alors, donc, elle en pense quoi, Mahaut, de la montée de l’extrême droite ? Écoutons ce verbatim, tiré de la captation vidéo de l’événement, en ligne sur le site de Mediapart depuis le 28 mars : « Comment faire pour lutter contre l’extrême droite ? Est-ce que, nous aussi, on a des factions armées, on se prépare à leur répondre ? Est-ce qu'on doit être radicaux jusqu'à ce point-là ? Est-ce qu'on doit faire la Révolution ? Encore une fois, je ne pose que des questions, mais je pense qu'elles se posent vraiment […] Dans trois ans, s'il y a l'accession au pouvoir de Marine Le Pen, c’est sûr qu’on ne pourra plus juste continuer à mettre des affiches "Patriarcaca". Il faudra qu'on leur réponde autrement. […] Moi, je ne sais pas me battre, je ne suis pas courageuse à ce point-là, mais si des gens le sont, je ne peux que les encourager. » OK. Alors reprenons, parce qu’il y a pas mal d’éléments intéressants.

« Nous aussi, on a des factions armées ? » : on est directement dans le fantasme des hordes de SS. « Radicaux jusqu’à ce point-là » : on l’est déjà beaucoup, mais là, on franchit un cap… On ajoute l’encouragement à se battre, le sous-entendu d’une réponse par les armes, avec le champ sémantique de la « Révolution »… Bref, on a compris : si le peuple vote mal, si les gens donnent un avis de fachos, la seule solution, pour défendre la liberté, c’est l’insurrection armée. Ces gens n’en sont pas à une contradiction près.

Légalement répréhensible

Pour l’instant, malgré une plainte déposée par le RN et malgré - c’est à souligner - une condamnation par Aurore Bergé, on attend encore la dépêche de l’AFP qui résumera ces propos et osera peut-être dire, dans un improbable souvenir de l’objectivité journalistique, que ces propos sont a minima polémiques, et même légalement répréhensibles. 

Imaginez que Zemmour ou Le Pen suggèrent de prendre le maquis et de sortir les kalachnikov de la paille en cas de victoire de La France insoumise. On hurlerait, à raison. Décidément, la gauche n’en finit pas de mourir, et elle a l’agonie bruyante. Mais gardons espoir…

Par Arnaud Florac le 1er avril 2024

Boulevard Voltaire

lundi 26 février 2024

D’extrême droite, le journal d’extrême gauche La Marseillaise : rien ne les arrête !



On aura beau dire, malgré toutes les choses qui ne vont pas, et malgré la haine pré-révolutionnaire qui entourait Emmanuel Macron lors de son arrivée au Salon de l’agriculture, il y aura toujours, grâce aux macronistes, des occasions de rigoler. Cette semaine, c’est Nadia Hai qui s’y colle. Vous ne la connaissez pas ? C’est bien dommage, car son parcours est en quelque sorte exemplaire. Originaire de Trappes, conseillère en patrimoine, elle s’est lancée en politique en 2017 en créant le mouvement « Femmes en marche avec Macron ». Élue députée dans la foulée, elle a été nommée ministre délégué sous Jean Castex. Précisons qu’elle avait été obligée de démissionner de son mandat en 2019 - et donc de provoquer une élection partielle -, car son suppléant avait été mis en examen pour trafic de stupéfiants, afin que ce dernier ne siège pas à l'Assemblée.

Nadia Hai, donc, maintenant que les présentations sont faites, a été choquée par la malveillance de ceux qui  prêtent à Emmanuel Macron des propos qu'il n'aurait jamais tenus. Une phrase malheureuse qu'il aurait prononcée devant les représentants d'un petit syndicat agricole (le Mouvement de défense des exploitations familiales, MODEF) et reprise dans le journal La Marseillaise. L’entretien avec le MODEF date du 19 février, mais les propos ont été rendus publics le 24 février 2024, alors même que le président de la République était en train de trottiner dans les allées du Salon de l’agriculture pour échapper aux paysans - l’image est en train de faire le tour du monde. Emmanuel Macron aurait donc prononcé une phrase « choc », qui se retrouve en couverture : « Les smicards préfèrent des abonnements VOD à une alimentation plus saine. » Cette phrase figure sur le compte rendu de l’audience présidentielle qu’ont rédigé les quatre représentants du MODEF qui y ont assisté. Tous persistent et signent.


Comment rattraper cette énième marque de mépris de classe ? Avec le recours aux vilains pas beaux d’extrême droite, bien sûr ! Nadia Hai n’hésite pas à en faire des caisses : « Jamais le Président Emmanuel Macron n’a prononcé les propos sur les "smicards" qui lui ont été attribués par le journal la Marseillaise. Méfiez-vous des fake news car l’escroquerie intellectuelle de l’extrême droite atteint son paroxysme. » D'abord, elle en sait quoi, la dame, qu'il a jamais dit ça : elle était là, dans un coin de la pièce ? Ensuite, d’extrême droite, La Marseillaise ? C’est un peu léger. 

Fondé par des communistes en 1943, le quotidien provençal est demeuré exclusivement d’extrême gauche jusqu’en 1997, date à laquelle il a ouvert ses colonnes à d’autres opinions politiques. Parmi ses auteurs phares, on peut citer l’excellent Jean-Claude Izzo, auteur de la trilogie policière Total Khéops (et créateur du héros Fabio Montale), qui fut objecteur de conscience et poète communiste. D’extrême droite, La Marseillaise !

Rien ne les arrête !

L’Élysée, évidemment, a dû sortir les rames. Après avoir affirmé que personne n’avait invité les gauchistes des Soulèvements de la Terre à débattre avec le Président, les conseillers doivent désormais redoubler de fourberie pour expliquer, avec le même aplomb, que jamais Emmanuel Macron n’a eu ces propos sur les smicards. Il n’est pas sûr du tout que cela suffise. Et, même si ces propos sont possiblement vrais, quand on est président de la République, on ne dit pas ça en parlant d’une bonne partie du peuple que l’on dirige.

On dit qu’Emmanuel Macron préfère tout faire lui-même. C’est sûr que, si on était entouré d’une équipe de bras cassés de cet acabit, on ne serait pas loin de l’approuver. L’inculture (voire la bêtise) étend son ombre sur tout le pays : à l’heure où la ville de Carcassonne se trompe dans l'orthographe de ses noms de rues (« Pierre Curry » pour Pierre Curie !), un ex-ministre assimile un journal de gauche à la « mauvaise foi » de « l’extrême droite ». Ils sont épuisants… mais au moins, comme on l’a dit, ils nous font encore rigoler.

Par Arnaud Florac le 25 février 2024

Boulevard Voltaire

mardi 5 décembre 2023

Stupeur pour les JO 2024 : Hidalgo annonce qu’on ne sera pas prêts !



Les jeux olympiques et paralypmiques, les JOP en forme courte, promettaient d’être un grand événement. Le monde entier allait voir ce qu’était la France. Eh bien, le monde entier est en train de le voir, et ce n’est pas exactement ce qu’il attendait : Anne Hidalgo a avoué sur le plateau de « Quotidien » le 22 novembre, que les transports et la « mise à l’abri » des SDF ne seraient pas « prêts » pour les Jeux.

On s’en doutait : les étrangers auraient dû nous le demander. C’est un peu comme si tous nos futurs hôtes étaient en train de vivre ce tristement célèbre « syndrome de Paris », cette confusion mentale profonde qui saisit, paraît-il, certains touristes japonais. Ils attendaient de la splendeur photogénique, et se retrouvent face aux vendeurs de tour Eiffel, aux violeurs du Champ de Mars, aux Uruk-Hai de la colline du crack - tout cela dans une neige de papiers gras et un entêtant fumet de poubelles mûres. Ajoutons à cela le métro, les grèves et les travaux : on imagine l’ampleur du choc.

Anne Hidalgo a touché juste

Face à ce surgissement inattendu de la vérité, la Macronie a sorti une force de réaction rapide en la personne de Clément Beaune, ministre délégué chargé des Transports. Ce 5 décembre dans la matinale de CNEWS-Europe1 face à Sonia Mabrouk, il a déploré que le maire de Paris préfère faire le buzz que de participer aux comités stratégiques. Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, a ironisé de son côté : « Merci à elle de résoudre le problème des embouteillages dans Paris pour permettre la circulation des bus ! ». Ces réactions, toutefois, peinent à masquer le fait qu’Anne Hidalgo a touché juste. 

La Seine devait être baignable, les travaux terminés, la ville nettoyée comme pour une visite de Catherine II en Crimée (les célèbres villages Potemkine) –ou de Xi Jinping à San Francisco…

Las ! Il suffit de se promener un peu dans ce prétentieux cloaque qu’est Paris pour constater qu’effectivement, rien n’est encore prêt, et que les transports comme les SDF ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Les crackeux de la porte de la Chapelle seront probablement répartis dans les villages de France, mais comment va-t-on faire pour les attentats terroristes, pour les « supporters anglais », pour les vols avec violence sur l’autoroute A1 ? Comment va-t-on expliquer aux touristes que le Coca-Cola coûte 12 euros en terrasse sur les Champs, mais que pour ce prix-là, vous aurez, en guise de paysage, des troupeaux de « Lacoste-TN » agressifs, des mobylettes et des barrières de chantier ?

Au fond, pour une fois, Anne Hidalgo a eu un vrai mérite : celui de dire la vérité. En disant que Paris ne sera pas vraiment en mesure d’accueillir les JO, elle révèle évidemment qu’elle est incompétente (ce dont personne ne doutait), mais également que cette faillite est collective : Beaune, Pécresse et beaucoup d’autres n’y sont pas pour rien. Rappelons tout de même qu’Anne Hidalgo a porté les couleurs du PS à la présidentielle de 2022, et Valérie Pécresse celles de LR. Qui arrêtera cette emprise de l’incompétence ? Et qui fera un jour, à nouveau, de Paris, la capitale jadis enviée du monde, aujourd’hui à mi-chemin entre le musée pour touristes obèses, le refuge pour privilégiés aveugles et le campement de migrants clandestins ? Sacré mélange. 

Cela ferait une belle cérémonie d’ouverture...

Par Arnaud Florac le 5 décembre 2023

Boulevard Voltaire